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Soul

Texas : religieusement groovy

Il y a beaucoup de grâce et de malice dans ce « The Muscle Shoals Sessions » que se sont offerts Sharleen Spiteri et le maître de la Soul qu’est le grand Spooner Oldham. Car il s’agit bel et bien d’un cadeau mutuel que partagent les deux artistes. D’ordinaire basé sur une Pop/Rock entraînante, voire Hip-Hop avec le Wu Tang Clan, c’est dans un style très gospélien que les classiques de TEXAS prennent ce magnifique reflet, pas si étonnant quand on y pense, d’une beauté renversante. La rencontre des deux mythes était inéluctable et elle est prodigieuse. 

TEXAS & Spooner Oldham

« The Muscle Shoals Sessions »

(PIAS)

Lorsque l’on connait la discographie de TEXAS et surtout la sublime voix de sa chanteuse, il n’y a finalement pas de réelle surprise à voir sortir un album tel que ce brillant « The Muscle Shoals Sessions ». La surprise viendrait même plutôt du nombre d’années à avoir du patienter pour qu’une telle réalisation voit enfin le jour. Car en 35 ans de carrière et du haut de ses 40 millions d’albums vendus avec son groupe, Sharleen Spiteri n’a vraiment plus rien à prouver, alors elle cherche évidemment à se faire plaisir. Et c’est le cas ici avec ce grand Monsieur qu’est Spooner Oldham, pianiste et surtout organiste de génie.

Dès les premières notes de « Halo », la complicité est flagrante et ce n’est qu’un début. Né en Alabama il y a 81 ans, non loin des fameux studios où a eu lieu la rencontre, le musicien américain a joué avec les plus grands de JJ Cale à Neil Young, de Bob Dylan à Linda Ronstadt ou les Everly Brothers. Songwriter reconnu et intronisé au légendaire ‘Rock And Roll Hall Of Fame’, Spooner Oldham incarne le groove avec son jeu à la fois Soul, Bluesy et Gospel. Sur ce fond de Northern Soul, et même si nous sommes dans le Sud, cette collaboration est un petit miracle et le résultat tient de la magie, tant les hits de TEXAS rayonnent.

Photo : Clide Gates

Enregistré à l’été 2022, ce nouvel album, car c’est beaucoup plus qu’une compilation, résonne de ce son si particulier propre aux Studios de Muscle Shoals et notamment le fameux ‘Fame’, que Spooner Oldham connait bien et dont la réputation remonte aux années 60/70, puisqu’il était la source de la Southern Soul américaine. Autour de douze titres emblématiques et deux reprises, Sharleen Spiteri semble guidée par l’orgue, soutenue à l’occasion par des chœurs aussi discrets qu’envoûtants, une basse légère et quelques cordes. Il est étonnant de voir la métamorphose des morceaux de TEXAS dans un style si épuré.  

De « Summer Son » à « Say What You Want », « The Conversation », « Black Eyed Boy », « Everyday Now » et l’incontournable « I Don’t Want A Lover », on redécouvre ces chansons si populaires presque mises à nu sous le prisme d’arrangements d’une subtilité inouïe, dans une atmosphère intimiste comme suspendue à la voix enchanteresse, délicate et puissante de la Britannique. Si vocalement, elle sait absolument tout faire, que dire de la prestation pleine de classe de Spooner Oldham que le clavier fait chavirer ? Sa faculté à s’approprier les chansons de TEXAS est fascinante, instinctive et d’une déconcertante élégance. Bravo !

Photo : Clide Gates
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folk Musique celtique

Loreena McKennitt : une élégante simplicité

Harpiste, accordéoniste, pianiste et bien sûr chanteuse, LOREENA McKENNITT renoue avec ses premières amours, celles de la communauté Folk dans laquelle elle a commencé à se produire avant de diffuser sa musique aux quatre coins du monde. Entouré d’un groupe de chez elle, ainsi que de son amie de longue date, la violoncelliste Caroline Lavelle, la musicienne apparaît dans un registre très personnel, toujours celtique évidemment, et joue avec une proximité très acoustique et captivante.

LOREENA McKENNITT

« The Road Back Home »

(Quinlan Road/Outhere Music)

La plus irlandaise (et écossaise !) des Canadiennes fait son retour avec un album enregistré en public. Une chose pas complètement anodine pour la grande LOREENA McKENNITT, dont la discographie compte presqu’autant d’albums live que de studio. Il faut aussi reconnaître que sa musique prend réellement toute sa dimension en concert et chacun est d’ailleurs un voyage inoubliable, une expérience à vivre. Et du haut de 14 millions de disques vendus, c’est bel et bien sur scène qu’elle rayonne. Les dix morceaux de « The Road Back Home » ont été captés lors de quatre festivals Folk en Ontario, autour de Stratford où elle est installée.

LOREENA McKENNITT est ici accompagnée d’un groupe de musiciens celtiques, ‘The Bookends’, rencontré dans sa ville et qui la suivit l’été dernier dans ces quelques rassemblements. L’occasion aussi pour la chanteuse de jouer quelques titres encore jamais gravés sur aucune de ses nombreuses réalisations. Tout en simplicité, « The Road Back Home » se veut comme un hommage à ses premiers pas dans la musique, et on la retrouve dans une forme d’intimité où elle interprète d’anciennes chansons de ses débuts. Epurées et très Folk, elles sont d’autant plus touchantes qu’elles sont peu arrangées.

Avec ce huitième album live, l’auteure, compositrice et interprète remonte aux sources de sa brillante carrière dans une ambiance pleine d’énergie et de chaleur, ce qui peut d’ailleurs trancher avec les atmosphères pleines de mystère, dont elle s’entoure souvent. LOREENA McKENNITT a souhaité donner et partager sa version musicale du ‘chez-soi’, un lieu chaleureux et familier. Toujours aussi spontanée, on se laisse porter par sa voix étincelante, qui semble figée dans le temps, tant elle est cristalline. Alors qu’elle célèbre les 30 ans de son mythique « The Visit », toujours sur les planches, sa douceur reste toujours palpable.    

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Progressif Rock

Lucid Sins : une tradition enchanteresse et ravivée

Si le noyau dur de LUCID SINS est constitué des deux musiciens Andreas Jonsson et Ruaraidh Sanachan, le duo de Glasgow ouvre facilement les portes du groupe et accueille en son sein des musiciens écossais qui viennent donner un relief saisissant à son Rock Progressif à la fois occulte, marqué par les 70’s et très novateur.

LUCID SINS

« Cursed ! »

(Totem Cat Records)

Nouvelle sortie du label brestois et beau retour de LUCID SINS, sept ans après le somptueux « Oscillation » qui avait marqué les esprits. Toujours composé d’Andreas Jonsson (guitare, chant) et de Ruaraidh Sanachan (guitare, basse, claviers et batterie), le torturé et presqu’occulte duo écossais signe avec « Cursed ! », un nouvel album plein de surprises et toujours dans une même veine Rock Progressif estampillé 70’s.

Pourtant héritier direct des Blue Öyster Cult, Wishbone Ash ou encore des Doors, tout en étant moins ésotérique et plus hédoniste dans son jeu, le groupe de Glasgow avait surpris et scotché tout le monde avec une étonnante reprise de Medusa (« Black Wizard ») sur son premier album. Plus chaleureux et toujours aussi débridé, LUCID SINS a encore étoffé son style et nourri son jeu d’harmonies et d’arrangements trois soignés et irrésistibles.

Sombre et envoûtant, « Cursed ! » voit aussi se joindre plusieurs musiciens locaux venus prêter main forte au duo. Guitare, claviers et violons viennent apporter du coffre et de bonnes vibrations aux titres de LUCID SINS. Enchanteur et enflammé dans le style, ce deuxième album des Ecossais s’inscrit parfaitement dans un registre Rock Progressif occulte, mais bienveillant, des 70’s. Un bond dans le temps obsédant.

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Rock

Mason Hill : une brûlante douche écossaise

Grâce à un songwriting terriblement efficace, des refrains accrocheurs, des guitares explosives et percutantes et un chanteur rappelant très clairement un Chad Kroeger au meilleur de sa forme, MASON HILL se pose avec une évidence comme le renouveau du Rock britannique, version alternative et fortement marquée US. « Against The Wall » s’impose de lui-même et pour un premier album, va propulser les Ecossais sur le devant de la scène.

MASON HILL

« Against The Wall »

(7Hz Recordings – ADA/Warner)

S’inscrivant dans la lignée de Nickelback, Three Days Grave, 3 Doors Down ou Seether, MASON HILL fait son apparition sur la scène Rock Alternative avec un premier album, qui donne un sacré coup de pied dans la sphère Rock britannique. Il faut aussi dire que le quintet écossais n’est pas complètement inconnu, puisqu’il compte plus de 850 concerts à travers toute l’Europe avec l’émergence dans la foulée d’un solide following.

Autant dire que ce premier opus était très attendu. Et dès la première écoute, « Against The Wall » ne déçoit pas. Fougueux et mélodiques, les deux guitaristes du combo assènent autant de gros riffs que des parties instrumentales plus délicates. Avec un virevoltant et imposant Scott Taylor au chant, MASON HILL a tout pour séduire un jeune public en mal de Rock fédérateur que les plus aguerris qui apprécieront le côté impertinent de la formation.  

Enregistré il y a plus d’un an chez eux à Glasgow, puis à New-York pour les parties vocales, les Ecossais ont confié le mix de l’album à l’expérimenté Chris Sheldon (Biffy Clyro, Foo Fighters, …) qui a su en extraire une bonne dizaine de hits potentiels. En témoignent les trois premiers singles (« Against The Wall », « Find My Way », « D.N.A. »), qui ne sont que le prélude de la déferlante MASON HILL qui s’annonce.