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Hard-Core Post-Metal

Parlor : like or die !

Incisif et frontal, le HardCore de PARLOR semble avoir franchi un palier grâce à des nouveaux titres acérés et imposants, magnifiquement servis par une production aux petits oignons où rien n’est laissé au hasard. « Comments » montre un quatuor parisien très combatif et l’ensemble mérite bien un gros Like… ou un rapide commentaire !

PARLOR

« Comments »

(Source Atone Records)

Que la récente panne géante et mondiale de Facebook et de ses réseaux annexes a dû bien faire rigoler les membres de PARLOR ! Car sur « Comments », le quatuor passe au vitriol les addictions aux commentaires et autres Likes que beaucoup déversent au quotidien. Satirique et plein d’humour, ce nouvel EP pose un regard brutal, HardCore et décalé sur ce phénomène ambiant.

Après une démo (2017) et un album (« Softly » en 2019), c’est donc avec un EP six-titres de 20 minutes intenses que PARLOR refait surface. Si le combo revendique un Chaotic HardCore, ce sont surtout des morceaux bien ficelés, massifs et très structurés qui composent « Comments » (« Dive In Motion », « Fighting The Blue »). Le songwriting s’avère ici redoutable.

En se frottant au Punk HardCore et au post-Metal, PARLOR élargit encore un peu plus son spectre et s’ouvre bien des horizons (« Pervitine »). Grâce à un chant hargneux et volontaire, les morceaux du quatuor prennent un volume conséquent et la massive rythmique, ainsi que les riffs tranchants développent parfaitement l’ensemble (« Instacat », « Comments », « Q & A »). Moins chaotique, certes, mais plus mordant !

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Hard-Core Thrash Metal

Alma : à bras le Core

Déterminés, ALMA, originaire de Tours, livre « Time’s Running Out », un premier album fruit d’une expérience scénique conséquente. Son Hard-Core aux contours Metal, notamment Thrash, est direct et frontal et sa chanteuse rend encore un peu plus originale cette entrée en matière. Le quatuor avance avec une énergie débordante et un groove agressif.

ALMA

« Time’s Running Out »

(Independant)

Six ans après sa formation, dont quatre à écumer les scènes, auront été nécessaires à ALMA avant d’entrer en studio pour y enregistrer son premier album. Malgré quelques déboires dus à la pandémie, le quatuor a finalement pu sortir son premier effort entièrement autoproduit, qui sent bon la fureur du Metal Hard-Core.

Véloce et musclé, le jeu des Tourangeaux s’inscrit dans la tradition HxC américaine, avec toutefois de solides références aux courants Metal et plus particulièrement au Thrash estampillé 90’s. ALMA se fait brut et efficace, libérant une belle énergie sur des riffs tranchants et une rythmique puissante sur l’ensemble  de « Time’s Running Out ».

L’autre atout de choc d’ALMA est sa frontwoman, Giny, dont le chant pour le moins rugueux électrise les morceaux de l’album. Avec un engagement totale et radical, elle apporte une touche de fraîcheur très pertinente (« Misdtrust », « Crypt », « Lasting Memories », « Mind Cell »). Avec « Time’s Running Out »), le combo de Tours livre une bonne première réalisation.  

L’album est libre et disponible sur le Bandcamp du groupe :

https://almahxc.bandcamp.com/releases

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Hard-Core Metal Rock

No One Is Innocent : le poing levé

Une fois de plus, NO ONE IS INNOCENT monte à l’assaut avec une colère à peine contenue, livrée sur un dixième album, « Ennemis », qui sent la poudre. Militant et féroce, le quintet enrobe de riffs appuyés et assassins des textes cinglants et un discours responsable. Très live dans le son et la production, le groupe scande des vérités et rappelle que « Nous sommes des centaines et des milliers ».

NO ONE IS INNOCENT

« Ennemis »

(Verycords)

Dès la première écoute, ça saute aux oreilles : Kemar et sa bande se sont encore surpassés. Même si j’ai tendance à le dire à chaque nouvel album de NO ONE IS INNOCENT, il faut bien avouer qu’ « Ennemis » percute, fédère et donne des envies de grands changements, si ce n’est même un peu plus… Après 30 ans d’existence, ce dixième album confirme la rage intacte du groupe face à une oppression grandissante et un système qui se dérègle totalement (« Force Du Désordre »).

Ce qui tient toujours aux tripes du quintet, c’est ce combat Rock très Metal, incisif et engagé. Co-produit par son guitariste Shanka et Charles de Schutter, qui avait déjà officié sur l’excellent « Drugstore » en 2011, ce nouvel opus désigne sur dix morceaux (et un interlude « Armistice ») les « Ennemis » d’une société, d’une époque aussi, en montrant du doigt des responsables qui ne se cachent pas. Mais pas de leçon de morale ici, NO ONE s’implique juste généreusement (« J’ai fait De Toi Mon Collabo »).

Comme à l’habitude, les Parisiens cognent et giflent sur des textes précis et convaincants, où les phrases fortes sont légions et résonnent comme des slogans (« Dobermann », « Humiliation », « La Caste », « Bulldozer »). Dans une période très incertaine, NO ONE livre son album le plus politique, dénonce et appelle clairement au réveil et au sursaut (« We Are Big Brother », « Polit Blitzkrieg », « Les Hyènes De L’Info »). Puissant et très organique, « Ennemis » est la claque qu’on attendait et les concerts s’annoncent torrides (« Aux Armes, Aux Décibels »).

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Hard-Core Thrash Metal

Fishing With Guns : feu à volonté

Frontal et musclé, ce nouvel EP de FISHING WITH GUNS tient toutes ses promesses avec un concerté de Thrash-Core livré sur cinq nouveaux titres. Certes, « Under The Silver Lake » nous laisse un peu sur notre faim, mais son contenu tranchant et survolté montre le gros potentiel du combo parisien. De la dynamite !

FISHING WITH GUNS

« Under The Silver Lake »

(M&O Music)

Faisant suite à « Blood On The Ropes » (2017), « Under The Silver Lake » est donc le deuxième EP d’affilée de FISHING WITH GUNS. Après deux albums, c’est avec des formats courts que le quintet parisien affine et peaufine son jeu. Ces cinq nouveaux titres libèrent un style très compact et agressif, mais très bien structuré et redoutablement efficace.

Entre Thrash et Hard-Core, growl et chant plus clair, le registre de FISHING WITH GUNS est aussi original qu’il semble évident. L’univers qui se dégage de « Under The Silver Lake » reste sombre, mais développe une énergie très positive et particulièrement dense. Très bien produit, ce nouvel EP emporte tout sur son passage et montre une belle diversité.

L’intensité est déjà manifeste sur « Beware The Dog Killer » et ses grosses guitares, qui monte encore en tension sur « Owl’s Kiss » aux riffs acérés. Plus lourd, « Homeless Ghost » montre un côté massif plus conséquent. FISHING WITH GUNS ne s’arrête pas en si bon chemin et libère une approche presque Punk sur le morceau-titre avant de conclure avec un  « I Am Your Rebellion » explosif. Radical !

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Hard-Core Metal

Nobody’s Straight : HxC reality

Solide et massif, ce troisième album de NOBODY’S STRAIGHT laisse à peine respirer tant ces nouveaux titres sont denses et compacts. Chanté en français, le Hard-Core teinté de Metal du quatuor est aussi enragé que communicatif et engagé. « Transition » recadre notre époque et nos comportements avec conviction et ardeur. Une bonne grosse claque !

NOBODY’S STRAIGHT

« Transition »

(M&O Music)

NOBODY’S STRAIGHT ne décolère pas, c’est le moins que l’on puisse dire. Incisif et rageur, le Hard-Core très Metal du combo (pas de méprise, ce n’est pas du Metalcore… c’est beaucoup plus sérieux !) prend de l’épaisseur au fil des albums et « Transition » vient mettre les points sur les ‘i’ avec exemplarité. De plus, le quatuor d’Alençon s’est une fois encore bien entouré pour faire sonner ce nouvel opus comme il se doit.

Après « Bicéphale » (2012) et « Utopique » (2014), « Transition » vient confirmer le fort potentiel du groupe toujours composé de Tom (chant), Lea (basse), Chris (batterie) et Antoine (guitare). Les nouveaux morceaux ne manquent pas d’impact et le mix confié à Jake Skog (Clawfinger), ainsi que le mastering signé Logan Mader (Machine Head, Gojira) viennent mettre en évidence la force grandissante de NOBODY’S STRAIGHT.

Sur un chant enragé et presque déclamé, le frontman harangue littéralement l’auditoire à travers des textes où une fiction très réaliste côtoie un regard lucide et acide sur la société (« Tu Succomberas », « Conviction », « Garde Le Contrôle »). Emmené par une grosse rythmique percutante et des riffs acérés, NOBODY’S STRAIGHT fait preuve d’une efficacité et d’un tranchant redoutable (« La Violence Des Mots », « Jamais »).

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Extrême France Hard-Core Metal

Primal Age : l’essence du Metal HxC [Interview]

Dernier représentant de la scène Metal HxC française, PRIMAL AGE est toujours debout, et semble même plus virulent et motivé que jamais. Avec « Masked Enemy », le quintet s’inscrit dans son temps avec des compos très rentre-dedans aux textes acidifiés. Dimitri, bassiste et fondateur du groupe, revient sur le parcours du combo, ses convictions et ce très bon nouvel album.

– Pour vous suivre depuis le début des 90’s, la première chose que j’ai notée en écoutant « Masked Enemy », c’est que votre jeu semble beaucoup plus complexe, tout en restant très direct. C’était votre intention première ?

La seule intention a été de faire un album brutal, genre uppercut au foie. La complexité vient si elle doit venir, mais sans calcul. Ce qui ressort quand on lit les chroniques, c’est ce côté rouleau compresseur. 

– PRIMAL AGE a toujours évolué dans un registre Punk HardCore teinté de Metal, et vous n’avez pas changé. Pourtant votre son et vos compos ont une résonnance et une production très actuelles. Finalement, votre évolution a été permanente toutes ces années ?

En 28 ans, bien sûr et heureusement que le dernier disque ne sonne pas comme le premier. (Rires) La prod’ est forcément plus grosse, car ça a beaucoup évolué dans ce domaine. Quand tu écoutes certaines productions de HardCore il y a 25 ans, il y avait franchement peu de moyen et la qualité pouvait être très limite. En revanche, on a trouvé dès les débuts notre identité musicale et on s’y tient, car c’est exactement le son qu’on veut faire. On a réussi à évoluer dans la continuité et faire notre meilleur album au bout de 28 ans, comme quoi…

– « Masked Enemy » est un album très varié et il aborde plusieurs styles musicaux, mais sans porter dans la Fusion pour autant. Il est aussi très homogène et montre un registre assez peu répandu et toujours underground. PRIMAL AGE semble se jouer des modes et des courants. C’est le cas ?

Clairement, les modes on s’en cogne. Quand tu t’inscris dans la durée et que tu veux suivre le dernier truc qui marche, ça fait du n’importe quoi, t’imagines la discographie qu’on aurait ? Cela dit, Flo et moi, qui avons composé les morceaux sur cet album, écoutons des styles variés et ça ressort. En même temps il est impératif que le tout reste cohérant et je pense qu’on a bien réussi à se compléter et à apporter un max de relief et de richesse.

– Vous faites partie des vétérans, ou précurseurs, de la scène Metal HardCore française, et pourtant vous êtes sûrement les plus discrets et les moins exposés. C’est un choix de votre part ou un concours de circonstance ?

C’est un choix dans le sens où on a toujours voulu rester amateurs et que, par conséquent, nous ne sommes pas appuyés par de grosses structures. La différence se fait là et il faut l’assumer, même si on sent bien qu’on aurait pu faire de plus belles choses encore si on était plus soutenus et donc mis en évidence. On souffre clairement d’un déficit d’image, mais ça ce n’est pas de notre ressort. C’est comme ça que fonctionne le milieu de la musique. Cela dit, dans ce style et de cette époque, il n’y a plus que nous en France.

– Pionniers, vous l’êtes aussi en ayant adopté une philosophie straight edge dès vos débuts, alors que personne n’en parlait. Quel regard portez-vous aujourd’hui sur ce mouvement, dont on ne parle qu’épisodiquement, et êtes vous toujours dans cette démarche ?

Il n’y a plus que Didier au chant et moi comme membres d’origine. Nous sommes toujours straight edge. Par la suite, si on voulait continuer à jouer, on a dû s’ouvrir, car on n’aurait pas pu faire une formation complète. Ce n’est pas très répandu dans la scène Metal, mais tant pis, ça nous permet de rester en forme à nos âges, ce choix est le nôtre et chacun fait comme il le sent. 

– Au niveau des textes de ce nouvel album, on vous sent toujours engagés et revendicatifs. Contrairement à beaucoup d’autres, vous ne faites pas que dresser des constats, votre propos est plus incisif et protestataire. Votre démarche est toujours très politique finalement ?

Beaucoup de sujets sont politiques finalement, mais on n’a jamais eu de carte pour autant. Ca ne veut pas dire qu’on est indifférent. Il n’est pas question de laisser la politique à ceux dont c’est le métier et l’écologie être représentée par des guignols avec lesquels on n’a rien à voir. Ces sujets m’inspirent et reviennent dans chaque album quand je me mets à écrire. Mais comme pour la musique, l’idée est d’avoir de la variété dans les sujets traités.

– Vous qui êtes issus de la mouvance Metal HardCore, quel est votre sentiment sur le phénomène MetalCore, très Pop, que l’on subit depuis quelques années ? Vous êtes plutôt amusés, intéressés, tentés par l’expérience ou carrément indifférents ?

Je crois qu’on s’en fout un peu. Encore fois, quand on compose, on sort la musique qu’on a envie de faire sans se préoccuper de ce qui marche. On fait ça par passion et avec authenticité, le reste importe peu. 

– Pour conclure, le line-up de PRIMAL AGE semble stabilisé avec l’arrivée de Miguel derrière les fûts. Les batteurs et vous, c’est une longue histoire. Cette fois, c’est le bon ?

Oui, on espère et il nous donne de bonnes garanties pour le peu qu’on a eu d’occasions de jouer ensemble. C’est un vrai musicien. La batterie est un élément très important pour la musique qu’on fait. Hormis le tout premier « MCD » sorti en 1999 avec Stéphane, et ce dernier pour lequel on a eu l’aide providentielle de Rudy d’Explicit Silence, il a toujours fallu expliquer aux batteurs comment jouer de leur instrument. Les phases de compo ont toujours été compliquées à ce niveau. Quand on écoute le résultat final, on est sûr d’avoir fait les bons choix. Avec Rudy, nous n’avons rien eu à lui dire, il comprend notre musique et est un excellent musicien. Miguel semble avoir cette fibre. 

« Masked Enemy » de PRIMAL AGE est disponible depuis le 11 juin chez WTF Records.