La formation de Besançon n’élude pas la violence sur son premier album, mais elle le fait avec beaucoup de finesse à travers son post-Metal, et en fait même un terrain de jeu tourmenté et souvent aérien. Très organique dans le son, HØLLS avance sur un line-up costaud : basse, batterie, deux guitares et une frontwoman habitée par des textes forts et sensibles. Avec « Ill », le combo explore les consciences et dépeint une époque trouble et incertaine avec beaucoup de conviction et d’aplomb. Le début d’une belle aventure.

HØLLS
« Ill »
(Independant)
Avec tout juste deux ans d’existence, HØLLS se présente avec un premier opus plutôt audacieux. Sombre et jouant sur un clair-obscur bien maîtrisé, le quintet nous propulse dans un post-Metal aux multiples facettes, qui nous parcourt de sensibilité Screamo et même Sludge, dès lors que sa rythmique accélère la cadence. A la tête du combo, on retrouve la chanteuse Sandra Chatelain dont la palette vocale navigue entre chant clair et saturé, ce qui libère véritablement l’empreinte musicale des Francs-Comtois, dont l’originalité est palpable et souvent insaisissable.
Car, si ce Metal tout en nuances passe d’atmosphères très progressives à des coups de massue explosifs, c’est bel et bien la frontwoman qui donne le ton et sert de marqueur à un registre chaloupé, véloce et mélodique. Cela dit, HØLLS prend le soin de ne pas se perdre, et nous avec, dans ces méandres noirs et mélancoliques dans lesquels il se meut avec une fluidité autant musicale que vocale. Les thèmes abordés ici semblent coller à cette génération, qui raconte sans far de légitimes inquiétudes sur la santé mentale, qui se détériore à travers toute une société.
Entre colère et détresse, il émane beaucoup de force des six morceaux, qui s’enchaînent après une intro délicate. Et comme pour mieux porter son propos, HØLLS prend le soin d’éviter tout formatage. Sur « Ill », les titres sont d’une longueur qui prend justement le temps d’installer des ambiances travaillées, souvent progressives, qui ne manquent pas de nous emporter et où détresse et souffrance côtoient un espoir souvent caché, mais bien réel. Le groupe affirme une identité solide que l’on retrouve sur des compositions bien structurées et envoûtantes (« Fall Into Decay », « Thorns », « Upsetters », « Endless Night »).

Photo : Guillaume Vidal