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Alternative Metal Post-Grunge

Deftones : loin des normes et des modes

C’est un souffle vivifiant que l’on attendait depuis un petit moment et aussi sans doute l’une des sorties la plus scrutée de l’année. Puissant et terriblement bien peaufiné, « Private Music » devrait ravir les fans de Rock comme de Metal et ce malgré cette terne époque. Entre Alternative Metal et post-Grunge, la formation de Sacramento a rarement dégagé autant de force, via de déchirantes mélodies et une identité artistique unique. Incomparable et inégalé, DEFTONES reste indéboulonnable de ce panthéon qu’il s’est lui-même bâti.

DEFTONES

« Private Music »

(Reprise/Warner)

Cinq ans après « Ohms », DEFTONES a cette fois pris son temps pour livrer son dixième effort, un chiffre de ceux qui marque une carrière. Et en la matière, les Américains n’ont pas raté le coche. « Private Music » est probablement leur meilleur album et même si c’est le premier sans leur bassiste Sergio Vega depuis 15 ans, Fred Sablan endosse le rôle avec une maîtrise totale. Et pour retrouver et restituer le son qui a fait leur force et forgé en partie leur singularité, le producteur Nick Raskulinecz est de retour derrière la console.

Et c’est vrai que sur « Diamond Eyes » (2010) et « Koi No Yokan » (2012), le très habile metteur-en-son avait parfaitement su capturer l’esprit libre et cette fougue insaisissable pour la canaliser de la meilleure façon qui soit. Si DEFTONES s’est toujours bien entouré en studio, c’est un plaisir de retrouver ce travail d’orfèvre sur les tessitures et les nuances qui expriment si bien cette férocité si instinctive et cette énergie bouillonnante. En ce sens, « Private Music » est époustouflant de démesure musicale et criant d’authenticité.

Sobre et sombre, Chino Moreno livre une prestation hors-norme que l’on peut sans l’offenser attribuer à une expérience acquise sur une belle carrière de trois décennies. Dès « My Mind Is A Mountain », on comprend que DEFTONES est à son apogée et sera phénoménal. « Private Music » est presque cyclonique et présente le groupe dans ce qu’il a de meilleur, le tout enrobé d’une production très actuelle et organique, qui nous laisse sur le carreau (« Ecdysis », « Souvenir », « Milk Of Madonna », « Metal Dream »). Massif !

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Non classé

Disturbed : passage en force

Résolument moderne, addictive et puissante, cette huitième réalisation de DISTURBED vient assoir un peu plus sa place prédominante sur la scène Metal d’outre-Atlantique. Agressif et pourtant expert en morceaux entêtants, le quatuor est toujours aussi affûté et rentre-dedans. Très resserré, pour ne pas dire formaté, « Divisive » est un modèle du genre, de ceux qui restent en tête un long moment.

DISTURBED

« Divisive »

(Reprise Records/Warner Music)

Souvent traité de vendu par ses détracteurs, DISTURBED est au Metal ce qu’est Nickelback au Rock : le groupe que l’on adore ou que l’on adore détester… surtout depuis que les réseaux sociaux ont élevé la pratique au rang de sport international de masse. Bref, le quatuor de l’Illinois livre son huitième album, quatre ans après « Evolution », et s’il est sans surprise, il n’en demeure moins vivifiant et fédérateur.

Toujours aussi polarisant, l’Alternative Metal de DISTURBED ne manque ni de percussion, ni de refrains accrocheurs. Derrière cette impression de déjà-vu, le groupe de David Draiman reste d’une efficacité redoutable et rien n’est laissé au hasard. Comme d’habitude, « Divisive » est très, très produit et le maître à l’œuvre, Drew Fulk, en a fait un album au packaging sonore très marketé (« Hey You », « Unstoppable »).

La rythmique est implacable, le chant féroce et les riffs acérés : la recette gagnante du gang de Chicago depuis ses débuts reste la même (« Bad Man », « Love To Hate », « Won’t Back Down »). Et sur la power ballade « Don’t Tell Me », Ann Wilson de Heart vient poser un peu de douceur et DISTURBED se prête au jeu pour un peu de diversité. Ne nous y trompons pas, les Américains proposent, sans prendre le moindre risque, un bon album, lourd et mélodique.

Photo : Travis Shinn
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Metal Progressif Rock

Mastodon : précieux et unique

Affronter les épreuves semble magnifier MASTODON et avec « Hushed And Grim », c’est à une véritable épopée musicale que nous convie le quatuor américain. Grâce à deux décennies de stabilité dans son line-up, le groupe évolue dans une dynamique exceptionnelle et livre un double-album monumental et massif avec un aspect très intime et universel : la marque des grands. Progressif, Metal et Rock, ce huitième opus traverse le temps et les styles.

MASTODON

« Hushed and Grim »

(Reprise Records)

Bien malin qui pourrait définir cette nouvelle réalisation de MASTODON, voire en faire une chronique en réussissant à faire le tour de manière précise de ce magistral double-album, qui se pose comme un chef d’œuvre. D’une richesse inouïe et d’une incroyable densité, « Hushed And Grim » brille par la créativité du quatuor qui se propulse avec talent dans des sonorités Metal et Rock, Progressives et Stoner avec un soupçon de Psych savamment dosé.

Avec David Bottrill (Tool, King Crimson, Rush) aux manettes, MASTODON distille 15 morceaux lumineux que la mélancolie et parfois la noirceur ne parviennent pas à atténuer. Certes, « Hushed And Grim » est marqué par la perte du manageur du groupe, Nick John, et pourtant le combo de Georgie a rarement semblé aussi serein et fertile, et dans un style qui englobe habillement une matière Rock et Metal colossale.   

Ce huitième album, s’il nécessite un grand nombre d’écoutes pour en saisir toutes les subtilités et les composantes, est réellement captivant pour vite devenir addictif. Musclé sur « The Crux », « Pushing The Tids » ou « Savage Lands », MASTODON est carrément stellaire sur « Dagger » et « Had It All ». D’une cohérence qui peut s’assimiler à un concept-album, « Hushed And Grim » renferme des perles musicales incroyables (« Gigantium »). Indispensable.

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Hard Rock Rock

Signature sonore retrouvée

Quatre ans après « Gore » qui n’avait ni conquis ni convaincu grand monde, DEFTONES revient avec un album digne de ce nom. « Ohms » est aussi puissant que mélodique et vient confirmer toute la force et l’inspiration du combo californien.

DEFTONES

« Ohms »

(Reprise Records)

« Ohms », c’est d’abord et surtout le retour du son originel de DEFTONES. Pour leur neuvième album, les Californiens ont fait appel à Terry Date, producteur de leurs quatre premiers disques. Et des années plus tard, on retrouve cette même signature sonore (actualisée) qui a rendu le groupe incontournable. 

Avec un mix carré, profond et organique, il ne manquait qu’à Chino Moreno et sa bande de confirmer cette bonne entrée en matière avec de nouvelles compos dignes du DEFTONES de la grande époque. Et c’est chose faite puisque « Ohms » est à classer parmi les grands albums des Américains.

Passant du chant clair au scream avec brio, le frontman semble plus que jamais guidé par les riffs massifs de Stephen Carpenter (« Pompeji », « Urantia », « The Spell of Mathematics »). Entre sonorités mélancoliques et rageuses, le combo déroule avec puissance des compos très pêchues (« This Link is Dead », « Ohms »). DEFTONES est de retour, qu’on se le dise !