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Grunge Stoner Rock

The Boy That Got Away : une fuite en avant

C’est encore avec une grande discrétion que THE BOY THAT GHOT AWAY présente son quatrième effort, un peu comme s’il voulait s’éviter une trop forte exposition, une lumière aveuglante. Pourtant, le potentiel est énorme, le style racé et costaud et « Peacetime » devient même très vite addictif. Jouant sur la densité du Stoner Rock et l’intensité émotionnelle du Grunge originel, les musiciens évitent pourtant les sonorités trop 90’s et s’inscrivent même parfaitement dans leur temps. Solide, nerveux et accrocheur, il est difficile de ne pas succomber à cette authentique immersion hyper-Rock.

THE BOY THAT GOT AWAY

« Peacetime »

(Independant)

La pochette est ténébreuse, vierge de toute indication sur le nom du groupe et le titre de l’album. Et cela caractérise finalement assez bien la démarche très DIY et indépendante des trois Danois. Pourtant, cela fait maintenant plus de dix ans que THE BOY THAT GOT AWAY œuvre à l’explosion de son Stoner Grunge graveleux et massif. On peine à croire que le reste du monde ne s’en soit pas aperçu un peu plus tôt. Car « Peacetime » est tout de même le quatrième effort du power trio et la maîtrise et l’intelligence des morceaux sont incontestables et captivantes.

Dès « Influx », titre d’introduction instrumental qui vient poser l’ambiance, THE BOY THAT GOT AWAY instaure un climat d’une grande froideur. Enregistré, mixé et produit par Tue Madsen, la production se veut brute et très organique. Pas de superflu donc et encore moins d’effets de manche, le morceau-titre ouvre les hostilités et la puissance affichée montre un combo expérimenté et décidé. L’impression d’un Desert Rock typiquement nordique s’entend peu à peu pour nous envelopper d’une harmonie étonnamment familière et attachante, malgré un propos assez noir.

Sombre et emprunt de mélancolie, il se dégage pourtant une force incroyable de « Peacetime », due à un groove épais oscillant entre colère et quiétude. Bien sûr, THE BOY THAT GOT AWAY rappellera les premiers QOTSA avec des clins d’œil à Soundgarden, mais c’est sans compter sur l’originalité des Scandinaves. Car, quand ils lâchent les chevaux, le ton monte et les décibels grimpent en volume (« Sleepwalker », « The How », « Aesel », « Homecoming »). Et c’est la chanson semi-acoustique chantée en danois, « Boy », qui vient clore cette belle réalisation. Enthousiasmant !

Photo : Morten Rygaard

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Grunge Heavy Stoner Psych Stoner Rock

Disastroid : sauvagerie urbaine

Avec ce quatrième album, les trois Américains risquent de marquer les esprits, tant la lourdeur vibratoire qui enveloppe et s’étend sur l’ensemble de « Garden Creatures » a de quoi faire trembler la faille de San Andreas. Massifs et percutants, les morceaux de ce nouvel opus de DISASTROID prennent tous les chemins de traverse, via un flux où s’entrechoquent Stoner, Noise, Grunge et un soupçon de Psych. Une synthèse palpitante et insaisissable.   

DISASTROID

« Garden Creatures »

(Heavy Psych Sounds)

A en croire le groupe, les recoins des maisons résidentielles de San Francisco ne sont pas si sûrs que ça et il s’y passe même des choses sinon terrifiantes, tout au moins lugubres. Au sein des jardins envahis de végétation, dans les caves pleines de secrets et au hasard des crimes et dans une solitude pesante, DISASTROID a imaginé et conçu un album assez obsessionnel, à l’épaisseur trouble et dans un registre où le Grunge et le Noise se fondent dans un Stoner Rock vrombissant et sérieusement Heavy.

Et l’un des grands artisans de l’atmosphère si spéciale de « Garden Creatures » est aussi Billy Anderson, connu pour ses collaborations avec Sleep, Melvins et Neurosis entre autres, qui a réalisé une incroyable production, que ce soit dans l’ambiance globale du disque que dans chaque détail. Si DISASTROID se sert du Stoner Rock comme socle principal et aussi comme fil conducteur, c’est pour mieux distiller un Grunge 90’s hyper-fuzz, d’où la voix d’Enver Koneya, également guitariste, s’envole dans une forme de songe vaporeux, mais appuyé.  

Entre Noise et Heavy Rock, le power trio nous présente probablement la facette la moins glamour de San Francisco. De leur côté, Travis Williams (basse) et Braden McGaw (batterie) procèdent à un broyage en règle sur un groove dévastateur, flirtant même avec certains aspects Doom. Décidemment, DISASTROID n’est jamais à court d’idées, n’hésitant à mêler le son de la scène de Seattle du siècle dernier avec un Stoner moderne et pachydermique (« Garden Creatures », « Figurative Object », « 24 », « Light’Em Up, « Jack Londonin’ »). Une baffe !

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Heavy Stoner Rock Sludge

Rusty Bonez : inoxydable

Relativement épurés, mais compacts et avec suffisamment d’épaisseur dans les guitares, les morceaux de cette deuxième réalisation de RUSTY BONEZ révèlent une belle inspiration de la part des Grecs. D’ailleurs, « Brainworm » repose sur une rythmique libérée par un souffle Stoner terriblement Heavy, qui flirte parfois avec des sonorités Sludge enthousiasmantes. Solide et entraînant !

RUSTY BONEZ

« Brainworm »

(Vinyl Store Gr.)

RUSTY BONEZ fait partie des très bonnes formations Stoner dont la Grèce a le secret. En un peu moins de dix ans, le quatuor s’est forgé une solide petite réputation, résultat d’un travail acharné depuis son premier album « Wrath », sorti en 2017. Après la parution de celui-ci, le groupe a enchainé les concerts ce qui lui permet aujourd’hui d’afficher des compositions radieuses sur ce nouveau « Brainworm ».

Freiné dans son élan par la pandémie, RUSTY BONEZ a du se résoudre à renouveler la moitié de son line-up, et c’est donc plein de fraîcheur et d’envie qu’il réapparait sur ce deuxième opus. Avec « Brainworm », les Hellènes nous baladent dans un univers très Stoner donc, avec de multiples influences Heavy Rock et même parfois Grunge (en nettement plus musclé). En résumé, on navigue entre Clutch et Black Label Society.

Grâce à son frontman à la voix puissante et accrocheuse, RUSTY BONEZ dégage une énergie très communicative et les mélodies accentuent l’impact des riffs, le tout sur un groove enivrant (« Nowhere », « If », « Pile Of Stones », « Brainworm », « Shadow Of Faith »). La grande variété de l’album est également très bien mise en valeur par le mastering de George Nerantziz (Pain Of Salvation, Gus G). Bref, une bonne grosse claque !