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International Stoner Rock

Greenleaf : indestructible foundation [Interview]

A la tête de deux institutions, qui sont autant de locomotives du Stoner européen, Tommi Holappa mène de front les groupes Dozer et GREENLEAF. Alors que le premier a sorti « Drifting in the Endless Void » l’an dernier, c’est avec le très bon « The Head & The Habit » qu’il réapparait aujourd’hui, toujours animé d’une passion inébranlable et d’une bonne humeur contagieuse. Très prolifique, le guitariste et ses trois camarades de jeu livrent un nouvel album riche et compact, tout en restant véloces et accrocheurs. Ce neuvième opus est l’un des meilleurs des Suédois et il s’accompagne aussi d’un changement de label. Entretien avec un musicien toujours aussi créatif.  

– La première sensation qui ressort de l’écoute de « The Head & The Habit » est une impression d’aboutissement, une sorte d’apogée du style de GREENLEAF. C’est aussi ton sentiment, celui d’être aller au bout d’un processus de création fort ?

Je peux te dire qu’après avoir eu le mixage final de l’album pendant presque cinq mois avant sa sortie, j’aime toujours beaucoup l’écouter ! Habituellement, bien sûr, j’apprécie chaque nouveau disque que nous faisons, mais avec le temps, on finit par avoir quelques favoris et aussi des chansons qui ne se sont peut-être pas révélées aussi bonnes qu’on l’aurait souhaité. Cela peut, par exemple, être de petits détails dus au mixage, comme le son de la guitare qui n’est pas parfait sur un solo. Des choses comme ça peuvent parfois m’énerver, donc je ne peux plus supporter certains morceaux ! (Rires)

Mais cet album, je peux l’écouter du début à la fin et j’en suis très satisfait ! L’écriture des chansons est forte, la production est excellente, il y a beaucoup d’énergie et on a l’impression que tout le travail acharné que nous avons prodigué a payé ! Alors oui, pour le moment, j’ai l’impression que c’est probablement notre album le plus fort à ce jour. Redemande-moi dans un an et on verra s’il aura résisté à l’épreuve du temps ! (Rires)

– Vos précédents albums gardaient toujours un petit côté imprévisible, tandis que celui-ci est assez direct avec un songwriting plus resserré aussi. L’objectif de « The Head & The Habit » était d’aller à l’essentiel, de gagner en efficacité ?

Quand nous avons commencé à écrire des chansons, nous savions que nous voulions faire un album un peu plus ‘joyeux’. « Echoes From A Mass » était un album assez sombre, parce qu’Arvid était en instance de divorce et il se sentait déprimé pendant la composition. Cette fois-ci, il n’y a pas eu de divorce et tout le monde était dans une bonne situation de vie personnelle. Donc, il s’est agit de passer un bon moment, de profiter de la compagnie de chacun et de composer le meilleur album possible. Bien sûr, les textes sont toujours aussi sombres, car Arvid ne peut pas écrire de paroles joyeuses ! (Rires) Mais la musique est plus énergique et un peu plus entraînante.

– On retrouve bien sûr l’ADN de GREENLEAF avec ce savant mélange de Fuzz, de Desert Rock et de Blues enrobé d’un Stoner Rock véloce et percutant. Et l’album est aussi très bien équilibré. Justement, comment avez-vous travaillé cette fois-ci, et est-ce que vous avez œuvré, dès le départ, pour trouver la manière de rendre l’ensemble le plus homogène et complet possible ?

Lorsque nous commençons à travailler sur du matériel pour un nouvel album, cela prend toujours du temps avant d’entrer véritablement dans le flow. Nous pouvons avoir deux ou trois bonnes idées, mais qui ne nous semblent pas géniales pour autant. Cela peut prendre des semaines, ou parfois des mois, avant d’avoir cette idée de chanson qui nous fait vraiment dire ‘Wow !’. Pour cet album, « Avalanche » a été la chanson qui a tout déclenché. Cela devient plus facile d’écrire tranquillement quand on a une idée de morceaux qui nous inspirent vraiment. Ensuite, le reste arrive naturellement et après un certain temps, on a en quelque sorte un fil rouge qui traverse tout cela, et on commence à entendre ce qui manque à l’album. Les deux dernières chansons écrites ont été « That Obsidian Grin » et « An Alabastrine Smile », parce que nous avions déjà des titres très rythmés et on voulait ralentir un peu les choses. Et la tracklist de cet album a été décidée avec l’idée du vinyle en tête, car nous voulions deux faces, qui se terminent toutes les deux par un titre plus doux. C’est vrai que nous consacrons beaucoup de temps à essayer de trouver l’ordre parfait des morceaux, car un bon album doit être comme un bon film : avoir des hauts et des bas, ainsi que te tenir en haleine et te captiver jusqu’à la fin.

– Comme pour « Echoes From The Mass » et depuis très longtemps maintenant, vous avez travaillé avec Karl Daniel Lidén, qui vous connait très bien. Pourtant, le son paraît plus clair sur « The Head & The Habit » et la production plus accessible et accrocheuse aussi. Est-ce que cela tient tout simplement au contenu de l’album et des textes, ou c’est le son que vous cherchiez à obtenir depuis un moment déjà ?

Oui, Karl Daniel est en quelque sorte le cinquième membre du groupe et il sait exactement ce dont les chansons ont besoin. Habituellement, lorsque nous arrivons à la moitié d’un album, nous faisons un enregistrement merdique des chansons en répétition et en direct avec nos téléphones, puis nous l’envoyons à Karl Daniel. C’est à ce moment-là qu’il élabore généralement un plan sur la façon dont l’album devrait sonner. Il écoute les chansons et commence alors à entendre dans sa tête comment devrait être la production. Il fait vraiment ressortir le meilleur de nous !

– Un mot aussi au sujet des textes qui sont très introspectifs et qu’Arvid Hällagård a écrit en se servant de son expérience personnelle avec des personnes en souffrance. Et c’est vrai que l’album a un aspect très narratif dans son déroulé. On a l’impression que vous avez voulu apporter plus de profondeur et d’émotion en explorant ces thématiques. Pourtant, l’ensemble est étonnamment lumineux. Votre envie était-elle de jouer sur ces contrastes ?

Comme je te le disais, Arvid a du mal à écrire des paroles ‘joyeuses’ sur les voitures rapides, les filles et l’alcool ! (Rires) Nous laissons ça à d’autres groupes, qui le font mieux que nous. Sur cet album, les textes parlent principalement de problèmes de santé mentale et de dépendance et nous avons pensé qu’il était intéressant d’avoir des contrastes entre la musique et les paroles. La chanson peut être entraînante et dansante, mais ensuite les mots peuvent te transporter dans un endroit totalement différent.

– Ces dernières années, tu avais pu te consacrer uniquement à GREENLEAF et l’an dernier Dozer a aussi fait son retour (et quel retour !) avec le très bon « Drifting In The Endless Void ». De quelle manière mènes-tu les deux groupes de front ? Je pense surtout à la composition, à ton jeu de guitare et à ton son ? C’est facile de passer de l’un à l’autre ? Et est-ce que ta configuration personnelle est différente sur ton instrument et sa sonorité ?

En fin de compte, c’est facile car Fredrik (Nordin – NDR) et Arvid travaillent tous les deux de manière différente et ce sont des chanteurs très distincts aussi. Si je soumettais une idée de riff à Fredrik, puis la même à Arvid, cela donnerait deux chansons totalement différentes. Mais bien sûr, il y a des parties de guitare dans GREENLEAF, qui pourraient être celles de Dozer et inversement. Les trucs les plus Blues que je propose vont toujours à GREENLEAF et les trucs plus durs à Dozer. Et par ailleurs, je ne travaille pas sur des chansons pour les deux groupes en même temps, ça prêterait à confusion, je pense. Un album à la fois et avec un seul groupe. Et puis, j’ai la chance de travailler et de faire de la musique avec deux grands chanteurs.

– D’ailleurs, les albums de GREENLEAF et de Dozer sont assez proches dans leur sortie respective. Comme allez-vous défendre « The Head & The Habit » sur scène, est-ce que l’on pourrait rêver à une affiche regroupant les deux groupes, comme on a déjà pu le voir avec d’autres musiciens ?

C’est une bonne idée ! Mais je pense que Sebastian (Olsson – NDR), qui est aussi le batteur des deux groupes, et moi mourrions sur scène si nous faisions deux sets d’affilée ! (Rires) Et ce ne serait pas juste envers le groupe qui joue en dernier d’avoir Sebastian et moi après deux ou trois heures de scène dans les pattes ! (Rires)

– Tu es à la tête de deux groupes majeurs de la scène Stoner européenne, qui se distinguent dans des approches différentes et créatives. Même si les journées ne font que 24h, est-ce que tu pourrais avoir l’envie, ou juste l’idée, de créer une autre entité dans une nouvelle déclinaison Stoner ?

On m’a demandé de rejoindre différents projets, mais pour le moment, je n’ai pas le temps. Jouer dans ces deux groupes, avoir un travail quotidien, puis une famille et une fille m’occupent 24 heures. Mais un jour, je monterai un groupe avec Karl Daniel et Peder de Lowrider. Nous en parlons depuis des années. Nous sommes tous des gens très occupés, mais dans le futur, cela arrivera. C’est sûr !

– Enfin j’aimerais qu’on dise aussi un mot sur votre changement de label. Vous avez quitté Napalm Records pour Magnetic Eye Records. Pour quelle raison et est-ce un label qui répond plus et mieux à vos attentes et qui s’éparpillent aussi peut-être moins dans son catalogue ?

Nous avons changé de label, parce que nous avions fait trois albums avec Napalm. Ils ont fait du bon travail, mais il était temps d’essayer autre chose. Nous voulions revenir à un label un peu plus petit, où nous serions l’un des plus grands groupes au lieu d’être un petit groupe de Stoner parmi beaucoup de groupes de Power Metal. Jusqu’à présent, tout se passe très bien avec Magnetic Eye Records ! Nous sommes heureux et eux ont l’air de l’être aussi… C’est un accord parfait !

Le nouvel album de GREENLEAF, « The Head & The Habit », est disponible chez Magnetic Eye Records.

Retrouvez la chronique de l’album précédent de GREENLEAF…

…Et les deux interviews de Tommi pour DOZER :

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Stoner Rock

Sons Of Arrakis : flux et reflux

Le voyage proposé par SONS OF ARRAKIS sur son deuxième opus est captivant à bien des égards. Derrière l’épaisseur des guitares, une paire basse/batterie redoutable et un chant très aérien, les Canadiens parviennent à rendre leur Stoner Rock très accessible en nous plongeant subtilement dans l’aspect conceptuel de leur propos. Véloce et accrocheur, « Volume II » montre une étonnante diversité, très rassembleuse, tant elle parcourt des couleurs musicales très changeantes.

SONS OF ARRAKIS

« Volume II »

(Black Throne Productions)

Avec ce « Volume II », SONS OF ARRAKIS passe à la vitesse supérieure et laisse exploser tout le potentiel aperçu sur le premier volet. L’univers Sci-Fi du groupe s’inspire toujours de paysages musicaux variés, mais aussi de littératures diverses. Cette fois, c’est le livre ‘Dune’ de Frank Herbert qui sert de fil rouge et c’est vrai que vu les récentes sorties cinématographiques couronnées de succès, le choix est plutôt judicieux d’autant que l’œuvre en question est vaste et le champ d’investigation ouvre bien des portes.

Bien produit, ce deuxième album présente un Stoner Rock multi-facette et sur une même thématique, les Québécois se montrent autant à leur aise dans des sonorités Psych, Desert et Prog que Doom et carrément Classic Rock. SONS OF ARRAKIS ne s’interdit rien et des twin-guitares galopantes à des riffs plus lourds et des solos hyper-Heavy, le quatuor s’amuse le plus sérieusement du monde. La dynamique du jeu de faiblit pas un seul instant et on se laisse agréablement guider dans cette épopée ambitieuse.

Avec beaucoup d’efficacité dans l’écriture, le combo de Montréal ne néglige pas pour autant une certaine complexité dans la structure de ses morceaux, bâtis pourtant sur un modèle de chansons. Mélodique, le groove n’en est pas moins costaud et la puissance affichée par la rythmique notamment libère une sorte d’euphorie captivante. SONS OF ARRAKIS se montre original dans l’approche, mariant des effets très actuels avec des passages presque vintage soigneusement élaborés. Un bel album rétro-futuriste et une belle vision du Stoner.

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Heavy Blues Heavy Rock

Birdstone : impulsions existentielles

Entre mysticisme et atmosphère vintage, le Heavy Blues Rock de BIRDSTONE se déploie avec toujours autant de résolution et de modernité dans le son. Rugueux, mais aussi aérien, le registre de la formation de Poitiers se renouvelle au fil des réalisations et « The Great Anticipation », sa troisième, atteint même des sommets en termes de créativité et de finesse dans l’interprétation. Près d’une décennie après ses débuts, le combo s’est forgé une identité artistique comme nul autre dans l’hexagone.

BIRDSTONE

« The Great Anticipation »

(La Cage)

Le trio approche les dix ans d’existence et livre un troisième album toujours aussi original et personnel dans un registre, qui voit s’entrechoquer un Heavy Rock fiévreux et un Blues très brut dans des couleurs Stoner. Au fil des productions, BIRDSTONE affine son style, ce qui le rend assez unique en son genre. D’ailleurs, c’est dans cet esprit qu’a été conçu « The Great Anticipation » qui vient en quelque sorte compiler les singles sortis depuis « Loss », précédent opus sorti en 2022 et qui était déjà lui aussi particulièrement massif.

Avançant en toute indépendance depuis sa création, BIRDSTONE s’est aussi résolu à fonder sa propre structure, La Cage, titre de son premier EP paru en 2017. Les temps ont changé donc, et les trois musiciens ont décidé de s’adapter à la nouvelle donne pour diffuser leur musique. Une chose ne change cependant pas, c’est le line-up composé d’Edwige Thirion (basse), de Basile Chevalier-Coudrain (guitare, chant) et de Benjamin Rousseau (batterie). Ces deux derniers évoluant également avec The Necromancers.

Etant donné que plusieurs titres ont déjà été dévoilés au fil de ces derniers mois, la surprise n’est donc pas totale concernant le contenu, même s’il reste quelques agréables découvertes. Et ce qui est aussi remarquable, c’est l’homogénéité de « The Great Anticipation », qui n’apparaît pas comme un empilement de morceaux. La cohésion est évidente et BIRDSTONE parvient sans mal à nous imprégner de son univers (« Eyes On The Calling », « Alcyon », « Cinnamon Creek » et « Méandres »).

Photo : Lise Lefebvre

Retrouvez la chronique de « Loss » :

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Desert Rock International Space Rock Stoner Rock

Fu Manchu : un mythe intact [Interview]

Pilier et pionnier du Stoner Rock aux saveurs largement Desert et Space Jam dans l’esprit, FU MANCHU mène une carrière exemplaire, parvenant sans cesse à rester très prolifique au sein-même du groupe comme en dehors. Avec « The Return Of Tomorow », le quatuor du sud de la Californie est parvenu à une synthèse parfaite de l’évolution musicale qui les caractérise depuis toutes ces années. Lourd, aérien, délicat et accrocheur, ce nouvel opus s’apprête à déferler sur scène et c’est encore son guitariste, Bob Balch, qui en parle mieux.

Photo : Thom Cooper

– L’an prochain, FU MANCHU célèbrera ses 40 ans d’existence et un très beau parcours. Vous avez commencé en jouant un Punk Hard-Core avant de côtoyer ses sonorités plus Hard Rock pour enfin donner naissance au Stoner et au Desert Rock. Que retiens-tu de cette évolution ? Te paraît-elle assez naturelle avec des étapes finalement nécessaires ?

J’ai rejoint FU MANCHU en 1997, donc le son était déjà plutôt bien établi à ce moment-là. Tu sais, je connais des tonnes de musiciens, qui sont passés du Punk Hard-Core au Heavy Rock des années 70. Pour ma part, j’ai commencé avec des groupes de Heavy Metal de la fin des années 70, puis j’ai découvert le Punk Rock, donc c’est un peu l’inverse me concernant, mais mélanger les deux styles fonctionne totalement !

– Ca, c’est pour l’aspect musical de FU MANCHU, mais qu’en est-il des textes et des thématiques que vous abordez ? Est-ce que, de ce côté-là aussi, il y a eu de profonds changements et peut-être des remises en questions à un certain moment ?

En ce qui concerne les textes, ce serait plutôt une question à poser à Scott Hill. D’après ce que j’en comprends, il s’agit principalement d’inspiration de films de série B et de blagues internes, des sortes de ‘private jokes’. Mais je pense que cela va bien plus loin que cela.

Bob Balch – Photo Visions In Pixels

– Est-ce que lorsqu’on fait parti du processus de création du Stoner/Desert Rock, comme c’est le cas pour FU MANCHU et quelques autres, on se sent un peu le gardien du temple ? Ou du moins le garant d’un style qu’il faut peut-être préserver, mais également faire évoluer ? 

Pas vraiment, en fait. Au départ, nous n’avions pas vraiment l’intention de créer un son Stoner Rock. Le terme ‘Stoner Rock’ nous est même venu plus tard. Et puis, je pense que chaque style doit également évoluer. Je suis super content quand j’entends un groupe qui pense et qui joue en dehors de son genre d’origine en allant toujours de l’avant.

– Il a fallu attendre six ans pour que vous livriez ce 14ème album, « The Return Of Tomorrow ». Pourtant, FU MANCHU a été très actif avec un album live, des rééditions, trois Eps et même la bande originale d’un documentaire, sans compter vos tournées. Vous êtes vraiment un groupe d’hyperactifs, et on reviendra aussi sur tes projets personnels plus tard. Est-ce qu’avec toutes ces activités, il vous fallu trouver le bon moment pour vous poser et composer ces 13 nouveaux titres ? Attendre l’accalmie en quelque sorte…     

Tu sais, nous nous réunissons pendant environ trois heures tous les jeudis. Ce sont trois heures vraiment très productives. Nous repartons généralement avec un morceau complet, ou au moins la moitié d’une chanson. Nous écrivons ensemble depuis si longtemps que c’est devenu une machine bien huilée à ce stade de notre carrière.

Photo : Visions In Pixels

– FU MANCHU est aussi réputé pour être un groupe qui va sans cesse de l’avant. C’est ce que vous avez voulu signifier avec ce titre « The Return Of Tomorrow » ? Que rien n’est figé et vous êtes résolument tournés vers l’avenir ?

Carrément ! Et puis, tu sais, je reste vraiment conscient de notre incroyable longévité et je suis très reconnaissant à tous nos fans.

– Parlons plus précisément de ce nouvel et très bon album. Il est la quintessence parfaite du style FU MANCHU avec encore et toujours des nouveautés dans les compositions et bien sûr dans le son, qui ne cesse d’évoluer lui aussi. Il y a un énorme travail sur le ‘Fuzz’ comme souvent chez vous. Est-ce que, finalement, ce n’est pas la chose qui vous importe le plus ? Le faire grossir et lui faire prendre des directions différentes et nouvelles ?

Nous cherchons toujours à nous améliorer, c’est un fait établi. Ce sont les chansons qui comptent le plus, bien sûr. Mais si nous pouvons obtenir les meilleurs sons possibles, en tout cas pour nous et à nos oreilles, c’est ce qui compte le plus ! Par ailleurs, c’est très important pour nous dans le groupe que notre bassiste, Brad Davis, fabrique et conçoive ses fameuses pédales fuzz ‘Creepy Fingers’.

Scott Hill – Photo Visions In Pixels

– « The Return Of Tomorrow » est aussi très particulier dans sa construction, puisqu’il est scindé en deux parties. La première est très Heavy et Fuzz et la seconde est plus Desert avec aussi un côté Space Jam. C’était l’ambition de départ ? De livrer des atmosphères opposées et aussi de pouvoir vous exprimer le plus largement possible ?

Oui, nous en avons discuté dès le départ. Quand nous avons commencé à écrire, nous avons essayé des chansons très lourdes, puis plus douces pour voir quel style servait le mieux les chansons. C’était d’ailleurs très amusant pour nous d’aborder ce disque avec l’idée que nous allions ensuite le diviser en deux.

– Est-ce que, dans le cas de FU MANCHU, cela demande d’être dans un certain esprit pour aborder au mieux ces ambiances très différentes ?

Pas vraiment, finalement. Personnellement, si je me sens inspiré, je vais en tirer le meilleur parti à ce moment précis et je vais composer autant que possible. Mais chaque semaine quand nous nous réunissons, c’est toujours dans l’idée de nous déchaîner et de nous défouler au maximum !

Photo : D.R.

– D’ailleurs, comment allez-vous composer vos setlists pour les concerts à venir ? Elles seront plutôt axées sur le côté Heavy du groupe, et allez-vous intégrer ces nouveaux morceaux plus ‘légers’ comme des interludes, par exemple ?

Probablement, un peu des deux et le plus possible. C’est vrai que nous pourrions aussi en changer soir après soir. Et puis, cela dépend également s’il s’agit d’un concert spécifique de FU MANCHU ou d’une configuration en festival. Si c’est notre propre show, nous jouerons davantage le nouvel album, c’est certain.

– Justement, parlons des concerts, vous serez en tournée en Europe à l’automne, mais d’abord en juin avec un passage au Hellfest, votre deuxième, je crois. Votre dernière venue date de 2019. C’est un festival que vous appréciez particulièrement ?

Oui, le Hellfest est super fun ! La première fois que nous avons joué là-bas, je n’ai regardé ni la scène, ni le public jusqu’à ce que nous montions sur scène. Je me détendais tranquillement dans les coulisses en regardant l’émission « Showdown ». Et quelques minutes plus tard, nous jouions devant des milliers de personnes. C’est un contraste saisissant et jubilatoire !

Photo : Thom Cooper

– Enfin, Bob, j’aimerais que l’on parle aussi de tes multiples side-projets. Il y a Big Scenic Nowhere dans un registre Desert/post-Rock Progressif, Yawning Balch dans un registre assez proche et plus Psych et enfin Slower, qui est un album de reprises de Slayer dans des versions Doom étonnantes. C’est très varié et assez éloigné de FU MANCHU. Tu as besoin de te lancer ce genre de défi, ou c’est plus simplement un désir d’explorer d’autres styles, dont tu es aussi fan ?

Tu sais, mes influences sont très diverses. De plus, j’ai acheté une ‘Universal Audio OxBox’, qui me permet d’enregistrer très facilement mes guitares avec la qualité d’un album à la maison. Cela m’a aussi aidé à devenir plus prolifique. Big Scenic Nowhere et Yawning Balch sont un peu arrivés par hasard, et je n’ai pas su refuser. Je suis un grand fan du jeu de guitare de Yawning Man et de Gary Arce. J’ai secrètement toujours voulu collaborer avec eux. Je suis ravi que cela se soit produit et que cela continue d’exister. Yawning Balch va d’ailleurs bientôt sortir deux albums. L’idée que je m’en fais est plus posée et je me suis aussi bien amusé à faire le premier disque. Et nous avons presque terminé le deuxième. J’ai des tonnes de morceaux originaux cette fois-ci, et c’est génial.

– Enfin, et puisque l’on parle de tes projets annexes, est-ce que tu te consacres déjà à d’autres choses, ou es-tu essentiellement focalisé sur FU MANCHU et ce nouvel album pour le moment ?

FU MANCHU est mon activité principale. Nous tournons énormément pour soutenir « The Return Of Tomorrow » et j’en suis franchement ravi ! J’ai vraiment hâte que les gens l’entendent. Je pense que nous nous sommes vraiment surpassés sur celui-là !

Le nouvel album de FU MANCHU, « The Return Of Tomorrow », sera disponible le 14 juin sur le propre label du groupe, At The Dojo Records.

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Desert Rock Psych Stoner Rock

Drive By Wire : into the forest

Brumeuse et intimiste mais aussi explosive et massive, cette nouvelle production de DRIVE BY WIRE va mettre une fois encore tout le monde d’accord. Si la chanteuse de la formation des Pays-Bas se surpasse à nouveau pour livrer une très belle prestation, ses camarades de jeu ne sont pas en reste. Epais et incisif, le Stoner Rock du combo côtoie le Psych et le Desert Rock pour se faire lumineux. « Time Horizon » est vibrant, onirique et parfois même sonique et fascinant. Un moment très fort.

DRIVE BY WIRE

« Time Horizon »

(Argonauta Records)

C’est le temps de la majorité pour DRIVE BY WIRE, qui célèbre cette année ses 18 ans d’existence, tout comme la sortie de son premier album éponyme. Depuis, autour de sa fondatrice et charismatique frontwoman et guitariste Simone Holsbeek, l’autre pilier Alwin Wubben (guitare) tient le lead. Il est brillamment accompagné par Marcel Zerb (basse) et Ingmar Regeling (batterie), qui forment à eux deux une rythmique qui rend imparables les compos du groupe en leur permettant de créer des pics sonores et un relief très changeant.

Six ans déjà après le très bon « Spellbound », DRIVE BY WIRE est enfin de retour avec « Time Horizon », qui se trouve être largement à la hauteur de son prédécesseur. A noter que les Hollandais ont profité de la pandémie pour s’essayer à la musique de film, voyant même quelques morceaux apparaître dans les séries ‘Batwoman’ et ‘Riverdale’ (vous me direz !). Et c’est l’an dernier qu’ils ont décidé de s’isoler pour composer leur cinquième album, qui se veut particulièrement brut et spontané, aidé par une production très organique.

Les jams sessions réalisées en pleine forêt ont un caractère très direct et compact et invitent à une escapade psychédélique entre un Stoner solide et un Desert Rock plus aride et hypnotique. Aussitôt indentifiable sur « Northern Lights », DRIVE BY WIRE impose sa signature et apporte aussi une évolution dans son jeu. Le quatuor avance tout en contraste en multipliant les ambiances avec classe (« Shape Shifting », « Elements », « Dustfader », « Black Sails »). « Time Horizon » ouvre de nouvelles portes en restant insaisissable.

Photo : Marta Ros
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Heavy Stoner Psych Space Rock Stoner Metal

Kayleth : galactique

La bonne santé de la scène Stoner en Italie n’est plus à démontrer et avec une quatrième réalisation compacte et véloce comme « New Babylon », KAYLETH vient confirmer et alimenter cette belle énergie. Psych et Space Rock, les Transalpins naviguent entre Rock et Metal et, sans complexe, ils assènent de nouveaux titres robustes et intenses. Sans détour, le quintet multiplie les univers, joue sur les variations de genre et se montre infaillible.

KAYLETH

« New Babylon »

(Argonauta Records)

Fondé il y a une petite vingtaine d’années à Vérone, KAYLETH a pris le temps de mûrir son Stoner et a procédé étape par étape. Un parcours à l’ancienne qui manque d’ailleurs cruellement aujourd’hui. En effet, après trois démos et un EP, c’est en 2015 que le groupe a sorti « Space Muffin », puis « Colossus » (2018) et « 2020 Back To Earth » il y a quatre ans. L’évolution est manifeste et le style s’affine et s’affirme très nettement sur ce solide « New Babylon », particulièrement massif.   

Dans une atmosphère SF tourmentée, KAYLETH propose une épopée galactique où il parvient à rassembler toutes ses influences, les courants qu’il traverse et surtout pose un style devenu immédiatement identifiable. Très Psych, le Stoner des Italiens emprunte autant au Metal qu’au Rock et l’apport du synthétiser offre une dimension 80’s très Space Rock. Cela dit, le quintet est toujours aussi rugueux et épais, même si le travail sur les mélodies de « New Babylon » est remarquable.

L’aventure spatiale commence avec « The Throne », qui donne la pleine mesure de la suite bien musclée de ce quatrième opus. Efficace et puissant, le combo enchaîne les morceaux avec une vigueur souvent sauvage et même épique (« Giants March »). S’autorisant quelques passages Doom, ce sont surtout les riffs serrés, les solos savamment distillés et la rythmique de plomb que l’on retient sur « New Babylon » (« Megalodon », « We Are Aliens », « Pyramids »). KAYLETH ne réinvente rien, mais fracasse dans les règles !

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Desert Rock Heavy Psych Rock

Mooch : l’odyssée de l’âme

Entre Heavy Psych et Desert Rock, les Québécois de MOOCH semblent avoir cerné leur terrain de jeu, et les atmosphères présentes sur « Visions », viennent confirmer la belle créativité du combo. Avec un côté brut soigné, on se laisse porter par des morceaux aux climats à la fois apaisants et aussi propres à la réflexion. Costaud ou plus léger, le voyage proposé par la formation de Montréal combine des références évidentes avec une personnalité affirmée.

MOOCH

« Visions »

(Black Throne Productions)

Non seulement MOOCH possède une identité musicale singulière, mais en proposant un regard philosophique très pertinent à travers ses textes,  il parvient à se réinventer à chaque album. Avec « Visions », son troisième, il nous transporte dans un Heavy Psych Rock qui va puiser dans la scène de Seattle de la belle époque, tout comme dans l’univers psychédélique des 70’s. Mais s’il y a une agréable touche vintage dans le jeu des Canadiens, on la doit aussi à l’unité et la complémentarité qui règnent au sein du trio.

Car l’une des forces de MOOCH est d’être composé de trois chanteurs, tous multi-instrumentistes. Les configurations sont donc aussi nombreuses que les paysages sonores explorés. Et « Visions » donne cette fois encore une autre facette que celle perçue sur « Wherever It Goes ». Ben Cornel, Julien Lac et Alex Segreti jouent aussi sur les émotions à travers des plages instrumentales captivantes et si l’ombre des Doors plane sur ce nouvel opus, le groupe s’en détache habillement avec beaucoup d’originalité.

Grâce à une production très organique, probablement analogique, il émane énormément de chaleur de ces nouvelles compositions, où les ambiances acoustiques rayonnent au côté d’autres plus Rock, Desert et Stoner. Vocalement, l’empreinte du grand Jim Morrison habite littéralement « Visions », ce qui le rend très attachant. Non sans d’émotion, MOOCH étend son univers unique avec une profondeur pleine d’optimisme (« Hangtime », « Vision », « Together », « Intention, « Morning Prayer »). L’odyssée est belle et envoûtante.  

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Heavy Stoner Rock Psych

King Of None : irrésistible

Avec un son clair et puissant, KING OF NONE déroule son Stoner Rock avec détermination. « In The Realm », deuxième album des Scandinaves, vient confirmer un travail de longue haleine mené depuis une bonne décennie maintenant. Très varié et parfois même surprenant, on se laisse embarquer dans un univers, où le Metal vient faire cause commune avec des passages très progressifs, le tout dans une harmonie convaincante. Spatial et charnu, le combo ouvre un nouveau chapitre avec brio.

KING OF NONE

« In The Realm »

(Argonauta Records)

Cinq ans après son premier opus, « Weightless Waters », qui faisait lui-même suite à trois EP, la formation d’Helsinki est de retour avec un deuxième effort, qui vient définitivement imposer une touche très personnelle. KING OF NONE avait déjà laissé entrevoir avec les singles « Speeder Approaching », « Lizards For Brains » et « Low’n’Slow » que ce « In The Realm » serait costaud et doté d’une bien belle production. Et c’est le cas, puisque les neuf titres qui s’étalent d’ailleurs sur près d’une heure, montrent autant d’énergie que de diversité et avec un souci de la mélodie omniprésent.

Est-ce parce qu’ils ont gardé le même line-up depuis leur création en 2013, mais KING OF NONE montre une belle unité, qui fait sa force. Derrière son frontman, Miiro Kärki, les deux guitaristes Aleksi Kärkkäinen et Juha Pääkkö et la rythmique gonflée à bloc par Juho Aarnio à la basse et Patrick Enckell derrière les fûts, le quintet a presque fait de son Stoner Rock un laboratoire, où se croisent des ambiances Desert Rock, Psych, Grunge, clairement Hard Rock et Heavy aussi et même alternatives.

Mais loin de se disperser, le groupe se montre au contraire très complet en réussissant à intégrer tous ces éléments dans un même élan, faisant de son Stoner Rock une machine aussi captivante que véloce et percutante. KING OF NONE cultive son art du riff sur des morceaux relevés, où le combo prend soin de ne jamais en faire trop (« DPD », « For The Ride », « Snail Train », « The Man… », « Crab Nebula »). Compacts et efficaces, les Finlandais livrent un très bon album et mettre le doigt dedans, c’est ne plus le lâcher !    

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Stoner Prog Stoner Rock

Guenna : magistral

Avant de lire cette chronique de GUENNA, mettez-vous dans les oreilles les morceaux « Bongsai », « Dimension X », « Dark Descent » chanté par Elin Pålsson, « Ordric Major » et « Weedwacker ». L’intelligence à l’œuvre ici est assez unique et si on y ajoute une production excellente, on obtient un album plus que singulier. Les Suédois offrent un travail sur les voix incroyable, tout comme celui sur les guitares. Leur Stoner Rock, teinté de Prog, reflète tout ce que l’on peut attendre du registre. « Peak Of Jin’Arrah » frôle la perfection !

GUENNA

« Peak Of Jin’Arrah »

(The Sign Records)

Il y a de longues années maintenant, un premier album servait souvent de référence dans la carrière d’un groupe et il devenait même par la suite souvent le préféré des fans. De nos jours, la donne a changé et ceux-ci ont plutôt tendance à s’améliorer au fil du temps. C’est très bonne chose en soi, mais les coups d’éclats se font dorénavant très rares. Cela dit, GUENNA renverse la table dès son arrivée en signant son éclosion avec panache et aussi beaucoup de la maturité dans le jeu et la composition. Le feeling et la réflexion font ici cause commune.  

Formé en 2019, le jeune quatuor avait déjà sorti un EP éponyme l’année suivante, avant de se faire remarquer part le label suédois The Sign Records, jamais avare de belles découvertes. Et GUENNA en est une très belle ! Il faut reconnaître que « Peak Of Jin’Arrah » démontre de manière éclatante tout le talent et l’inventivité de ces quatre anciens étudiants en musique. Et lorsque Nick Oliveri (Kyuss, QOTSA) va jusqu’à s’enflammer après un concert en première partie de Stöner, il y a de quoi se sentir pousser des ailes. Et c’est le sentiment qui domine ici.

L’originalité des Scandinaves, basés à Malmö, réside aussi dans le processus de leur approche de la musique. En effet, plusieurs morceaux sont directement nés sous forme de concept avant même la moindre note. Dès lors, on comprend mieux pourquoi les structures sont si élaborées et évidentes à la fois. Rien de superflu, tout est en place. Les riffs, les breaks, les solos, les incroyables harmonies vocales et quelques touches de folklores local : GUENNA a de quoi faire pâlir les vieux de la vieille. Sauf incident majeur, le quatuor est l’avenir du Stoner !

Catégories
Psych Stoner/Desert

Karkara : lust in dust

Formé il y a seulement cinq ans, à l’aube d’une pandémie qui leur a peut-être donné des idées, KARKARA poursuit sa route, chemine dans les antres du psychédélisme et se frotte au shamanisme musical avec de plus en plus de grâce et d’habileté. Plus inspirée encore, « All Is Dust » est une réalisation pertinente, obsédante et surtout interprétée et composée sans bride, ce qui lui offre et libère un sentiment de totale liberté. Alors, on se laisse aller, on se laisse prendre dans ce flux fantasmagorique et enchanteur… et le voyage est beau, bien que mouvementé ! Il y a même une certaine magie.

KARKARA

« All Is Dust »

(Le Cèpe Records/Exag Records/Stolen Body Records)

« All Is Dust » est typiquement le genre d’album (le troisième du groupe), qui fait plaisir à écouter et à savourer, car il va si bien à l’encontre des préceptes actuels et de cette frénésie à vouloir découper systématiquement un disque en singles, comme pour mieux en supprimer la substantielle moelle. KARKARA m’a donc rendu le sourire. En effet, pour qui déciderait d’en écouter quelques bribes en le parcourant nonchalamment, il passerait complètement à côté, car la démarche entreprise ici relate une quête quasi-survivaliste entre poésie et rage (« Monoliths », « On Edge », « Moonshiner » et ses oiseaux).

Il fait aussi et d’abord préciser que le style du trio s’y prête également très bien. Dans un Psych Rock oscillant entre Stoner et Desert Rock, il nous raconte une histoire, nous guide dans les pas d’un personnage dont l’épopée se comprend, se ressent et se vit justement en écoutant l’ensemble des six morceaux… dans leur entier et dans l’ordre. Ses étapes, ses rencontres et ses combats sont saisissants. Et je ne vous raconterai évidemment pas la fin de cette aventure aux multiples rebondissements narrée par KARKARA, mais la chute est aussi hallucinatoire que radicale et magnifique.  

Plutôt que vintage, c’est une saveur rétro-futuriste qui englobe « All Is Dust » à travers de longs morceaux, qui sont nécessaires au déploiement de cette ambiance épique et hypnotique, ainsi que galopante et nerveuse. Très organique dans le son, tout comme dans son jeu, KARKARA jour sur les effets de basse et de guitare, ponctue ses titres de notes de synthés d’un autre temps et avance sur un chant aérien et désespéré aussi. Il se permet même l’incursion d’un saxophone démoniaque (« The Chase ») et d’une trompette solaire qui vient presque sonner le glas (« All Is Dust »). Terriblement humain, bravo !

Photo : Guthio