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Grunge Rock

Pearl Jam : un lustre étincelant

Eddie Vedder et ses compagnons sont l’un des très rares combos à ne décevoir que très rarement, tant la classe qui émane de leur musique est incontestable. Et le plus étonnant est de voir que, si cela pourrait être un poids pour certains, elle semble même les pousser à aller encore de l’avant, à faire toujours mieux. Et avec une telle réunion de talents, il semble même que PEARL JAM s’en amuse. Et il y a de quoi à en juger par ce « Dark Matter », pas si sombre que ça, mais plutôt engagé, dynamique et solaire. La formation de Seattle n’a franchement plus rien à prouver à qui que ce soit, sauf peut-être encore à elle-même… et elle y parvient sans mal !

PEARL JAM

« Dark Matter »

(Monkeywrench Records/Republic Records/Polydor)

En livrant en amont trois singles de son douzième album studio, PEARL JAM l’a finalement joue très finement. Car en y regardant de plus près, « Dark Matter », l’anecdotique « Running » et « Wreckage » sorti il y a quelques jours ne sont pas très représentatifs de l’ensemble du disque, même s’ils découvrent quelques unes de ses saveurs. Encore différent de son prédécesseur « Gigaton », ce nouvel opus vient démontrer que le quintet est littéralement hors-norme au regard des formations Rock estampillées ‘Grunge’, presque toutes mortes dans l’œuf. Il est l’un des rares à continuer à explorer, et à pouvoir le faire surtout, son propre style en réussissant le tour de force de surprendre et de séduire à chaque fois.

Attaché à ce son éternellement identifiable entre tous, c’est aux fameux studios Shangri-La de Malibu en Californie et sous la houlette du producteur Andrew Watt, un fidèle, que PEARL JAM est allé immortaliser les onze chansons de « Dark Matter ». Avec un Eddie Vedder lumineux, capable de se faire aussi brutal que d’une extrême douceur, les cinq musiciens font ce qu’ils savent faire de mieux : livrer un Rock direct, tout en nuances et surtout en élevant leur niveau de jeu à chaque fois. Certes, les Américains font parler l’expérience, mais pas seulement, ils creusent aussi dans leurs propres entrailles pour en sortir des refrains, des mélodies et des riffs qui n’en finissent plus d’envoûter. La marque des très grands !   

Et si la première partie de « Dark Matter » semble presque facile, il ne faut pas attendre longtemps pour que les morceaux et l’atmosphère prennent une toute autre tournure sur la seconde moitié de l’album. « Upper Hand » amorce le virage, suivi du très bon « Waiting For Stevie » et un peu plus loin par « Something Special ». PEARL JAM alterne avec des titres qui sortent directement de son ADN avec une écriture qui rappelle souvent celle de son chanteur en solo. Le mix entre les deux est parfait et ne souffre d’aucun défaut, ni de baisse de régime (« Got To Give »). Mâtinés d’une poésie très personnelle, les textes sont toujours aussi cinglants, gorgés de vérités et d’appels à la réflexion (« Scared To Fear », « React, Respond »,  « Setting Sun »). Magique !

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Grunge Heavy Stoner Psych Stoner Rock

Disastroid : sauvagerie urbaine

Avec ce quatrième album, les trois Américains risquent de marquer les esprits, tant la lourdeur vibratoire qui enveloppe et s’étend sur l’ensemble de « Garden Creatures » a de quoi faire trembler la faille de San Andreas. Massifs et percutants, les morceaux de ce nouvel opus de DISASTROID prennent tous les chemins de traverse, via un flux où s’entrechoquent Stoner, Noise, Grunge et un soupçon de Psych. Une synthèse palpitante et insaisissable.   

DISASTROID

« Garden Creatures »

(Heavy Psych Sounds)

A en croire le groupe, les recoins des maisons résidentielles de San Francisco ne sont pas si sûrs que ça et il s’y passe même des choses sinon terrifiantes, tout au moins lugubres. Au sein des jardins envahis de végétation, dans les caves pleines de secrets et au hasard des crimes et dans une solitude pesante, DISASTROID a imaginé et conçu un album assez obsessionnel, à l’épaisseur trouble et dans un registre où le Grunge et le Noise se fondent dans un Stoner Rock vrombissant et sérieusement Heavy.

Et l’un des grands artisans de l’atmosphère si spéciale de « Garden Creatures » est aussi Billy Anderson, connu pour ses collaborations avec Sleep, Melvins et Neurosis entre autres, qui a réalisé une incroyable production, que ce soit dans l’ambiance globale du disque que dans chaque détail. Si DISASTROID se sert du Stoner Rock comme socle principal et aussi comme fil conducteur, c’est pour mieux distiller un Grunge 90’s hyper-fuzz, d’où la voix d’Enver Koneya, également guitariste, s’envole dans une forme de songe vaporeux, mais appuyé.  

Entre Noise et Heavy Rock, le power trio nous présente probablement la facette la moins glamour de San Francisco. De leur côté, Travis Williams (basse) et Braden McGaw (batterie) procèdent à un broyage en règle sur un groove dévastateur, flirtant même avec certains aspects Doom. Décidemment, DISASTROID n’est jamais à court d’idées, n’hésitant à mêler le son de la scène de Seattle du siècle dernier avec un Stoner moderne et pachydermique (« Garden Creatures », « Figurative Object », « 24 », « Light’Em Up, « Jack Londonin’ »). Une baffe !

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Grunge Power Rock Rock

BikiniMood : Rockalissimo

Parce qu’ils sont italiens et que leur langue est intimement liée à l’art, les membres de BIKINIMOOD ont naturellement opté pour leur mode d’expression maternel et l’entreprise est plus que réussie, puisqu’on est embraqué dans ce Rock savoureux où les couleurs sont nombreuses et s’entrechoquent avec une spontané attractive. Ce cocktail à l’œuvre sur « Ti Fidi Di Me? » se déguste sans modération au gré des accélérations, des instants plus doux et d’un feeling permanent. Une très belle entrée en matière.

BIKINIMOOD

« Ti Fidi Di Me? »

(Independant)

Ils sont quatre amis, tous originaires de Turin, et c’est en février 2022 qu’ils décident de se lancer dans l’aventure BIKINIMOOD. Ayant pris un peu de bouteille, l’idée est de créer un Rock rassemblant leurs goûts musicaux, regroupés et puisés pour l’essentiel dans les années 90, une décennie tellement vaste artistiquement et d’une richesse qu’on peine à retrouver aujourd’hui. Direct et efficace, le style du groupe est un bon condensé de tous ces styles, où l’on retrouve des saveurs Grunge, Alternative à la Deftones avec même quelques touches Stoner plus appuyées.  

Sans prétention, mais avec beaucoup sérieux, le quatuor a fait naître en studio un premier album entièrement autoproduit en mai dernier. Et le résultat est plus que convaincant. Solide et mélodique, « Ti Fidi Di Me? » ne manque pas de consistance, bien au contraire, et c’est sur un chant en italien que BIKINIMOOD livre des compositions très équilibrées avec une liberté directement liée à la poésie et à l’aspect romantique de la langue de Dante. En tout cas, le pari est réussi et les textes se fondent avec beaucoup d’élégance dans un Rock souvent rugueux, mais toujours agréable.   

Davide Bruno (chant), Stefano Sungia (basse), Roberto Spiga (batterie) et Dry (guitare) savent très bien où ils vont et ce qu’ils présentent montre d’abord une passion commune, mais aussi et surtout une belle énergie. Bien enregistrés, les morceaux libèrent beaucoup de fluidité, ce qui offre à BIKINIMOOD une grande latitude dans les tempos et les ambiances abordées. Très varié, « Ti Fidi Di Me? » montre l’envie des Transalpins de vraiment se faire plaisir et d’embarquer avec eux les fans de Rock authentique et costaud interprété dans cette langue si musicale et séduisante.   

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Grunge Metal Electro Metal Indus Nu Metal

Saint Agnes : un magnétisme subversif

Transgressive, addictive et terriblement intense, la musique de SAINT AGNES est un alliage magnétique, supersonique et ténébreux qui pioche autant dans l’Electro, le Metal que le Rock brut et l’Indus. Sur des textes crus d’une rare authenticité et d’une force chaotique, « Bloodsuckers » se joue des styles, se moque des courants musicaux et se livre avec minutie à un consciencieux travail de démolition, d’où surgit une identité très personnelle et vivante.

SAINT AGNES

« Bloodsuckers »

(Spinefarm Records)

Sorti en plein cœur de la fraîcheur estivale bretonne, le deuxième album des Anglais était passé sous mes radars, entre les mailles de mes filets. La sortie de l’édition Deluxe de « Bloodsuckers » est donc une agréable piqûre de rappel et l’occasion de se plonger dans une réalisation hors-norme portée par un trio qui l’est tout autant. Kitty Arabella Austen (chant, basse, guitare, claviers), Andy Head (batterie) et Jon Tufnell (guitare, basse) ont fait de SAINT AGNES un monstre de créativité.

Très loin du Blues Punk Rock débridé de « Welcome To Silvertown » (2019), les Britanniques ont fait leur mue et opté pour une esthétique musicale très Electro, mais aussi très Metal. Imaginez un instant la rencontre entre Prodigy au meilleur de sa forme, Junkie XL à ses débuts avec un Zack de la Rocha au féminin ou une Pink sous acide, et vous obtenez SAINT AGNES, un furieux et décomplexé combo, qui serait même très largement adoubé par Trent Reznor. Mais « Bloodsuckers » ne se limite pas à ça, loin de là.

Si ce nouvel opus des Londoniens bouscule, c’est en partie dû à la performance d’une frontwoman écorchée vive qui transmet ses émotions et sa colère avec une sincérité totale. Très organique malgré les machines, « Bloodsuckers » transgresse les codes, intègre des notes de Grunge, de Nu Metal sur des phrasés et avec un flow parfois parlés  entre rage et férocité (« Animal », « At War With Myself », « Follow You », « Outsider » et bien sûr « Bloodsuckers »). Percutant, puissant et massif, SAINT AGNES lance tout juste les hostilités. 

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France Grunge Heavy Rock Stoner Rock

7 Weeks : d’une ardente authenticité [Interview]

Le malheureux timing subi par l’excellent « Sisyphus » il y a deux ans est loin d’avoir refroidi 7 WEEKS. Bien au contraire, le trio fait de nouveau sensation avec « Fade Into Blurred Lines », un album certes moins solaire que le précédent, mais qui livre une vérité musicale comme on n’en voit peu. Le Heavy Rock teinté de Stoner et un brin Grunge des Français dévoile beaucoup de fragilité dans un sens, mais elle vient renforcer une puissance émotionnelle sincère et intense, qui se fond dans des sonorités Blues très personnelles. Julien Bernard, chanteur et bassiste, revient sur le récent parcours du groupe et l’élaboration de ce sixième opus. Entretien.

Photo : Marie d’Emm

– Il y a trois ans vous commenciez la série « Sisyphus » avec un très bon album, suivi de l’EP « What’s Next ? » l’année suivante. Avec le recul, qu’en retiens-tu ? La période a été pénible et malgré tout, 7 WEEKS sort deux très belles productions…

Ca a été une période très productive, on a compensé le fait de ne pouvoir jouer l’album sur scène par des projets annexes, c’est-à-dire l’EP, des sessions live acoustiques, des livestreams, etc… On ne pouvait pas tout laisser s’arrêter, on a tenu bon et notre structuration en label indépendant autogéré nous a permis de faire ça, là où tout le monde était en ‘sommeil’. Si on avait été sur un autre label, ou une major, jamais on aurait pu le faire. Ca montre aussi qu’en cas de crise, les petits arrivent à survivre là où les grosses productions s’arrêtent. Le problème est quand ça repart, les ‘gros’ trustent tout ! (Sourires)

– Est-ce qu’après la pandémie, vous avez pu reprendre le chemin des concerts normalement et enfin défendre votre album dans les meilleures conditions ?

Oui, on a réattaqué les dates dès juillet 2021 et on a fait une belle tournée sur l’automne, puis une nouvelle série de concerts jusqu’à l’été 2022, avant de s’attaquer au nouvel album.

Photo : Jérémie Noël

– Vous revenez aujourd’hui avec « Fade Into Blurred Lines » sur lequel vous vous affirmez encore plus. Quand avez-vous commencé sa composition, car on le sent très spontané ?

Les premières idées datent de début 2021, mais le travail réel sur l’album s’est fait à partir de janvier 2022. Puis à la fin août, notre clavier a décidé de ne pas repartir sur un nouvel album. On s’est donc retrouvé à trois et nous avons tout repensé et composé dans cette dynamique de trio. C’est effectivement assez spontané dans le sens où on a voulu faire ça de manière très organique, très live.

– Malgré la puissance qu’il dégage, ce nouvel album a aussi un côté encore plus personnel et aussi très intimiste. Comment combinez-vous ces deux aspects, car on vous sent aussi très libérés dans le jeu ? Et il y a l’importance accordée aux textes également…

Exactement, pour la première fois, j’ai pu déléguer la guitare, que je faisais jusque-là sur quasiment tous les albums. J’ai donc vraiment pu me concentrer sur l’écriture dans sa globalité avec mes instruments de prédilection, à savoir le chant et la basse. J’ai travaillé les textes avec une amie anglaise (Katy du groupe Lizzard) et on a été assez loin. On a pris le temps de comprendre ce que je voulais exprimer et trouver la bonne formulation, celle qui sonnerait le mieux avec la musique. Les textes sont écrits de manière à vraiment se livrer en les chantant, d’où le côté intimiste sur des morceaux comme « Mute » ou « Shimmering Blue ». De manière générale, chacun a pu se concentrer sur son instrument et sur la manière d’exprimer au mieux l’état d’esprit ou l’émotion du morceau. Et le fait de se retrouver à trois pour bosser en profondeur sur les titres a permis une musicalité qui est très expressive.

Photo : Romain Mouneix

– Pour « Fade Into Blurred Lines », vous avez enregistré l’album en condition live, ce qui lui confère un son très organique, et d’ailleurs la sincérité et l’authenticité qui s’en dégagent sont éclatantes. En quoi cela était-il important pour vous, car la production et les arrangements sont également très soignés ?

On tenait à capturer des prises live très brutes dans le jeu et le feeling pour ensuite ajouter les arrangements, sans se soucier de savoir si on pourrait les jouer sur scène. Si les prises brutes fonctionnent, les arrangements ne sont que la cerise sur le gâteau et non un cache-misère.

– Votre Heavy Rock est toujours teinté de Stoner, légèrement de Grunge et cette fois, il y a également des éléments bluesy qui viennent se greffer. Ca va dans le sens et dans le propos général de l’album ? Ou est-ce juste une volonté artistique et sonore ?

Il me semble qu’on a toujours eu cette fibre Blues, dès « Carnivora » en 2013 sur un morceau comme « Shadow Rider », par exemple. Peut-être était-elle moins ressentie, car la production des disques qui était moins organique. Cette influence-là est logique vu la musique que l’on fait. Mais c’est vrai que cet album s’y prête beaucoup. Le Blues est une forme d’expression, c’est chanter et jouer ce qu’on ressent ou ce qu’on vit de manière très crue. En ce sens-là, nous faisons du Blues sur ce disque. Simplement, nous ne sommes pas du Mississipi ou de Chicago. La forme est différente, mais pas le fond.

Photo : Jérémie Noël

– J’aimerais que tu nous dises un mot sur cette très belle pochette, ce qui est d’ailleurs une habitude chez vous. Quelle est ton interprétation de cette statue étonnante et très expressive de Don Quichotte ? Elle est d’ailleurs présente dans le clip de « Gorgo ». Et de qui est-elle l’œuvre ?

Nous avons effectivement la chance de travailler avec Gilles Estines, qui est un ami et qui fait quasiment tous nos visuels. Il nous sort toujours des choses magnifiques. Pour cet album, on lui avait donné plusieurs pistes, dont celle d’un Don Quichotte, qui en en rapport avec le morceau « Windmills ». Après plusieurs propositions, il nous a semblé que ce visuel très fort conviendrait parfaitement au sentiment général du disque et à son titre. Pour le titre « Gorgo », on a eu cette idée de créer la statue en vrai pour la filmer dans le sable pour mieux coller au texte. Puis, on a demandé à une connaissance, Loïc Delage de Hom’ort, de s’inspirer de la pochette et il a crée ce personnage. C’est un sculpteur sur métal très doué. On adore sa statue et elle trône dorénavant dans mon jardin !

– Depuis vos débuts, vous avez produit six albums et deux EP via votre label F2M Planet, et vous gérez également vous-mêmes vos tournées. On comprend facilement votre désir d’indépendance et de liberté, mais est-ce que ce n’est pas trop contraignant dans la mesure où cela pourrait empiéter sur la création musicale ?

Ca empiète surtout sur nos vies personnelles ! (Sourires) C’est une somme de travail considérable, mais ça nous permet de faire les choses comme on l’entend. On respecte les gens qui font ça et on est respecté aussi pour ça. On ne lâche rien et on est honnête dans notre démarche.

– La sortie de « Fade Into Blurred Lines » correspond au démarrage de la première partie de votre tournée. C’est important de le livrer en live, tant qu’il est encore ‘chaud’ ?

Oui, on a hâte de rejouer. Le premier concert était un vrai soulagement après tous ces mois de travail et d’attente. Le trio fonctionne très bien en live et les nouveaux morceaux sont super à jouer.

Le nouvel album de 7 WEEKS, « Fade Into Blurred Lines » est disponible chez F2M Planet.

Retrouvez la chronique du précédent EP du groupe :

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Grunge Stoner Doom

Clegane/Fatima : association de malfaiteurs

S’ils ont en commun leur amour pour le Grunge et une grande dévotion au Doom dans sa forme la plus Stoner, les Franciliens de CLEGANE et de FATIMA n’embrassent pourtant pas tout à fait les mêmes références. Plus sombres et rugueux pour les premiers et jouant plus sur les mélodiques en s’appuyant sur des refrains plus évidents pour les seconds, les deux entités se complètent plutôt bien et c’est finalement assez normal de les retrouver ensemble pour cette première collaboration.    

CLEGANE / FATIMA

« Twin-Monster Split »

(Almost Famous)

C’est en bons camarades que CLEGANE et FATIMA se partagent ce nouveau split-EP en y allant chacun de deux morceaux inédits et en se présentant même avec deux artworks différents, qui offrent une vision personnelle de ce « Twin-Monster » décapant. Si dans les deux cas, on est dans un Doom aux accents Stoner et surtout Grunge, l’approche des deux formations est très différente… mais loin d’être opposée. La complémentarité à l’œuvre ici est limpide et coule même de source.

Le premier artwork version CLEGANE…

Et par ordre d’apparition, c’est CLEGANE qui donne le coup d’envoi. Deuxième split pour les Parisiens, qui compte également trois albums et un EP à leur actif. Les deux titres livrés ici sont dans la droite lignée de leur dernier effort, « White Of The Eye », à savoir dépositaire d’un son âpre et massif que seule la voix plus clair et très Grunge vient apporter un peu de lumière. Direct avec « Lifeless Barks », le trio se fait plus aérien et profond sur « The War You Never Fail », dont les envolées sont aussi vibratoires que chargées d’un instinct très brut.

… Et le second en mode FATIMA

Puis, c’est l’autre trio de la capitale, FATIMA, qui emboîte le pas dans un registre cette fois clairement Grunge dans le chant notamment et plus Stoner aussi. Avec également trois opus et quelques participations au compteur, notamment avec Seum, le groupe évolue sur ces deux titres dans des atmosphères Doom plus épurées, plus mélodiques mais toutes aussi nerveuses (« Gorgon »). Et le combo sait aussi jouer sur les changements d’atmosphères à grand renfort de Fuzz et sur une voix éraillée et solide (« Siamese Ogre »).

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Alternative Metal Alternative Rock Grunge

DeadBlondeStars : émotions fortes

Basé dans le South Yorkshire en Angleterre, DEADBLONDESTARS n’en est pas à son premier coup d’essai et ce deuxième album du quintet submerge par les émotions qu’il procure. L’Alternative Metal/Rock savamment gorgé de Grunge dégage une énergie dense et pleine de contrastes. Mastodonte et tout en finesse, « Metamorphosis » est un modèle du genre, une réussite totale.

DEADBLONDESTARS

« Metamorphosis »

(Independant)

Rock, Grunge, Alternative Metal ou post-Rock, peu importe finalement, puisque les Anglais de DEADBLONDESTARS sont parvenus à élaborer un style très personnel. Forcément, les noms de Pearl Jam, Soundgarden, Audioslave ou Alice In Chains vous viendront à l’esprit, car le groupe est directement issu de cette mouvance et il a réussi à y insuffler beaucoup de modernité, tant dans ses compositions que dans le son.

Après deux EP et un album éponyme en 2020, DEADBLONDESTARS a décidé de reprendre sa liberté et de sortir « Metamorphosis » en indépendant. Conséquence directe ou pas, le quintet de Sheffield est animé d’une grande liberté et s’est montré particulièrement inspiré durant la pandémie, puisque sur une trentaine de titres composés, les Britanniques n’en ont conservé que douze. Et le choix est plus que judicieux.

Profond et intense, « Metamorphosis » s’accompagne aussi d’une grande mélancolie incarnée par la voix puissante et touchante de Gary Walker. Le frontman a un impact incroyable tout au long du disque et ses variations sont incroyables (« Shine Any Light », « Bow To The Bend », « This Tree », « Alaska »). Des riffs  imparables, une rythmique massive et une production  irréprochable font entrer DEADBLONDESTARS dans la cour des grands.

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Alternative Metal Alternative Rock Grunge Nu Metal

Little Pig : so big

Grosses guitares, solide rythmique et refrains entêtants, le recette de LITTLE PIG est simple et a fait ses preuves depuis les années 90 du côté de Seattle. Vous l’aurez compris, le trio italien, dans un Alternative Rock/Metal massif et addictif, distille un Grunge puissant et très actuel, qui ne fait pas dans la demi-mesure. Pour un peu, on prendrait un sacré coup de jeune !

LITTLE PIG

« Little Pig »

(Wormholedeath Records)

Ne croyez surtout pas qu’avec un tel patronyme, LITTLE PIG est là uniquement pour la rigolade ou encore moins pour faire les choses à moitié. Loin de là, le trio développe avec la plus grande fermeté un Alternative Metal/Rock nourri au Grunge des 90’s et franchement costaud. Après s’être aguerris au sein de plusieurs formations, les Italiens ont décidé de prendre les devants ensemble et bien leur en a pris.

Avec ce premier album éponyme, LITTLE PIG montre les crocs et livre à travers sept morceaux un style bien à lui et qui se veut bien plus original que la plupart des combos actuels du même genre. Alessio Suzzi (chant, basse), Davide Maghini (batterie) et Agostini Marino (guitare, chant) ne sont pas là pour faire de la figuration comme en témoigne la cascade de riffs acérés et de mélodies exaltantes.

Très efficaces dans leur composition et bien produits, les titres de « Little Pig » laissent apparaître un enthousiasme communicatif (« 27 », « Cameo ») et une fougue peu contenue. LITTLE PIG a pris le soin d’apporter beaucoup de modernité à son jeu avec quelques touches de Nu Metal qui se fondent parfaitement dans un esprit originel du genre très présent (« Hardened Soul », « Uncle Jack » et le morceau-titre). Réjouissant !

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Grunge

Grey Daze : still alive

Avec GREY DAZE, beaucoup ont découvert le tout premier groupe de Chester Bennington, devenu par la suite l’emblématique frontman de Linkin Park. Après un très bon « Amends », les Américains font revivre leur chanteur disparu avec ce tonique « The Phoenix », concentré de Rock Grunge efficace et toujours estampillé 90’s.

GREY DAZE

« The Phoenix »

(Loma Vista Recordings)

Avant d’œuvrer chez Linkin Park, Chester Bennington avait monté GREY DAZE qu’il a mené de 1993 à 1998, puis de nouveau en 2017 avant sa disparition. Deux ans après « Amends » qui contient des morceaux de la première période, « The Phoenix » revient avec des titres sur lesquels le défunt chanteur travaillait au moment de la reformation du groupe et qui, par la force des choses, n’ont pas pu être achevés à l’époque.

Les fondateurs Sean Dowdell (batterie), Mace Beyers (basse) et Cristin Davis (guitare), recruté en 2017, se sont donc remis au travail soutenus par leur entourage et la famille de Chester Bennington. Et « The Phoenix », en plus de bien porter son nom, est plus que convaincant. L’album sonne très actuel et le Rock Grunge de GREY DAZE n’a pas pris une ride, loin de là !

Moins dans l’émotion que sur « Amends », GREY DAZE donne dans le costaud avec des compos très homogènes, fraîches et percutantes (« Saturation (Strange Love) », « Anything Anything », « Starting To Fly », « Drag », « Hole »). Une chose est sûre, « The Phoenix » est loin d’être un album constitué de chutes de studio. Il est construit, très bien produit et surtout il évite bien des clichés.