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Warren Haynes : soulman

Comme pour mieux mener à bien sa nouvelle réalisation en dehors de Gov’t Mule et peut-être aussi pour bien distinguer les choses, le songwriter de Caroline du Nord s’est occupé de la production de « Million Voices Whisper », où il explore plus en profondeur ses racines Soul, toujours dans un Southern Blues Rock d’une précision et d’un feeling de chaque instant. Et s’il donne cette impression intime de proximité, WARREN HAYNES n’est pas pour autant seul et il donne même tout son sens à la notion de partage qu’il a toujours entretenu.   

WARREN HAYNES

« Million Voices Whisper »

(Fantasy Records)

L’emblématique leader de Gov’t Mule s’offre une escapade en solo presque dix ans après « Ashes & Dust » (2015) et dans la foulée des deux récentes sorties de son  groupe (« Heavy Loud Blues » en 2021 et « Peace… Like A River » l’année dernière). Autant dire que le musicien d’Asheville est très inspiré. Assez éloigné de ce qu’il propose habituellement avec sa formation et même de ce qu’il a pu faire avant avec le Allman Brothers Band ou avec le Dickey Betts Band qu’il dédie à son fondateur, « Million Voices Whisper » est probablement l’album le plus personnel de WARREN HAYNES à bien des égards.

Toujours aussi bien entouré, les effluves sudistes sont ici distillés par John Medeski, impérial aux claviers, Terence Higgins, hyper-groovy à la batterie, et son compagnon de Gov’t Mule, Kevin Scott à la basse. Et comme le chanteur et guitariste est très accueillant, son ami Derek Trucks l’accompagne sur le titre d’ouverture « These Changes », ainsi que sur « Real, Real Love » et le génial « Hall Of Future Saint », qui clôt « Million Voices Whisper ». Le toucher de WARREN HAYNES et celui de son ancien compagnon de route font littéralement des merveilles sur ce titre, qui semble tellement hors du temps par sa beauté.

S’il reste Rock dans l’ensemble, ce quatrième effort est beaucoup axé sur la Soul, ce qui donne un Blues plus langoureux, plein d’émotion et où chacun prend le temps de poser la bonne note au bon moment (« This Life As We Know It », « Lies, Lies, Lies – Monkey Dance », « Till The Sun Comes Shining Through », « Terrified »). On retrouve également Lukas Nelson and Jamey Johnson, qui l’accompagnent en tournée, sur le somptueux « Day Of Reckoning ». En renouant avec ses premières amours musicales, WARREN HAYNES paraît s’offrir un petit bain de jouvence, en se rappelant à son influence majeure : la Soul. Un grand Monsieur !

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Tab Benoit : bayou fever

Après plus de trois décennies au service d’un Blues toujours étincelant, le guitariste, chanteur, songwriter et producteur de Baton Rouge a toujours du feu dans les doigts et une créativité qui ne faiblit pas. Suite à une longue parenthèse qu’il a passé à prendre soin de sa région tout en se donnant les moyens de travailler dans les meilleures conditions, TAB BENOIT effectue un superbe retour avec « I Hear Thunder », composé avec Anders Osborne et George Porter Jr. Une réalisation pleine de vie et aussi bien écrite qu’interprétée.

TAB BENOIT

« I Hear Thunder »

(Whiskey Bayou Records)

Si TAB BENOIT est resté discographiquement muet durant 13 longues années, c’est qu’il s’est attelé à des activités qui lui tiennent à coeur. A commencer par la préservation des zones humides de sa Louisiane et l’érosion côtière de celle-ci, et le musicien a également créé son propre studio et son label. Et c’est donc lui qui a produit, mixé et masterisé « I Hear Thunder », le digne successeur de « Box Of Pictures – Voice Of The Wetlands Allstars » et « Medicine » parus la même année. Ainsi s’ouvre un nouveau chapitre.

Pour mener à bien son entreprise, c’est de son groupe de tournée qu’il s’est entouré et on retrouve avec plaisir Terence Higgins (batterie), Corey Duplechin (basse) et bien sûr le guitariste Anders Osborne. Ce dernier a d’ailleurs co-écrit la plupart des morceaux de « I Hear Thunder » avec le bassiste George Porter Jr. Une équipe de choc s’il en est qui contribue à faire de ce nouvel opus l’un des meilleurs de la carrière de TAB BENOIT, ce qui n’est pas rien lorsque l’on s’y penche un peu.

Dès le morceau-titre qui ouvre l’album, il y a de l’électricité dans l’air et le jeu stratosphérique des deux guitaristes promet une bien belle suite. Le bayou tient bien sûr le rôle principal dans les textes, le chanteur continuant ainsi en musique son combat écologique. Entraînant, parfois déchirant et techniquement exceptionnel, « I Hear Thunder » montre que le Blues Rock de TAB BENOIT est l’un des plus attractifs du moment (« The Ghost Of Gatemouth Brown », « Still Gray », « Overdue », « Bayou Man »). On en redemande !