Déjà nominée aux fameux Americana Music Association Honors & Awards cette année, la nouvelle sensation féminine guitaristique a aussi partagé la scène avec Slash, The Red Clay Strays et The Osbourne Brothers en livrant à chaque fois des prestations époustouflantes. C’est dire si son arrivée sous le feu des projecteurs est tout sauf un hasard. Solidement épaulée par un redoutable combo, THE HODGE PODGE, GRACE BOWERS dégage une énergie incroyable et passe du Blues à la Funk, comme du R’n B à la Soul et au Rock avec une facilité déconcertante. Dire qu’elle a de l’or au bout des doigts est un doux euphémisme.
GRACE BOWERS & THE HODGE PODGE
« Wine On Venus »
(Independant)
Ne vous fiez surtout pas à son âge car, à 18 ans tout juste, la jeune musicienne originaire de Nashville et de la Bay Area a déjà tout d’une grande. Sorti dans la torpeur de l’été, début août, son album est tout simplement exceptionnel et il aurait été dommage de ne pas en dire quelques mots. Gorgé de Soul et dans un esprit revival Funk 70’s, ce premier effort de GRACE BOWERS avec son groupe THE HODGE PODGE est tellement abouti, tant au niveau de la composition que de la production, qu’il laisse présager, sans trop prendre de risque, d’un bel avenir. Car, sur « Wine On Venus », tout y est… rien ne manque !
Très collégial dans l’approche, l’unité musicale affichée par l’Américaine semble se fondre dans une jam sans fin, où l’équilibre entre le chant, les parties instrumentales guidées par l’hyper-groovy section de cuivres et la sautillante rythmique, laisse à GRACE BOWERS tout le loisir de faire parler sa guitare. De ce côté-là aussi, elle fait preuve d’une audace et d’une virtuosité très mature. Pourtant d’une autre génération, elle maîtrise déjà tous les codes à la perfection, et sans trop en faire non plus, elle s’inscrit dans un style qui semble véritablement fait pour elle, grâce à un jeu flamboyant et sauvage.
Aérienne et percutante, une voix plane aussi au-dessus de « Wine On Venus » avec grâce et dans une réelle alchimie portée par des HODGE PODGE survitaminés et chevronnés, affichant le double de l’âge de la jeune artiste. Car, contrairement à ce que l’on pourrait penser en voyant la pochette, ce n’est pas GRACE BOWERS qui s’illustre derrière le micro, mais la chanteuse Soul Esther Okai-Tetteh. Et sa puissance vocale renvoie à une interprétation délicate et savoureuse poussant vers des tessitures profondes (« Lucy », « Tell Me Why You Do That », « Wom No Teg », « Get On Now »). Un disque déjà incontournable !
Ancien membre du Dickey Betts Band, puis guitariste au sein du mythique Allman Brothers Band, WARREN HAYNES guide depuis une trentaine d’années maintenant Gov’t Mule. Réputé pour son jeu identifiable entre tous et une générosité musicale incroyable (la durée de ses concerts en témoigne !), le natif d’Asheville en Caroline du Nord mène en parallèle une carrière solo, qui lui offre la liberté de se détacher un temps de son groupe. Avec « Million Voices Whisper », le Southern Blues Rock de l’Américain prend des couleurs Soul, également jazzy et funky, et le line-up affiché a de quoi laissé rêveur… Entretien avec un musicien attachant, généreux et d’une rare authenticité.
– Dix ans après « Ashes And Dust », on te retrouve enfin avec un nouvel album solo. Cela dit, tu as aussi été très actif avec Gov’t Mule autant sur disque que sur scène. Lorsque tu t’es mis à la composition de « Million Voices Whisper », quel était l’intention de départ, car il est assez différent de ce que tu as déjà fait en solo et même en groupe ?
En fait, je ne ressens le besoin d’enregistrer un album solo que si j’ai écrit suffisamment de chansons différentes de Gov’t Mule, et qui me semblent fonctionner ensemble. La plupart de ces morceaux ont été écrits au cours des deux ou trois dernières années. Mais certaines remontent à la période du confinement dû au Covid, lorsque j’ai écrit la plupart des chansons de « Heavy Load Blues »et de« Peace…Like A River ». Bien que je reconnaisse que cet album est très différent de mon dernier album solo « Ashes And Dust », je pense qu’il est un peu dans la lignée de « Man In Motion », dans le sens où ils sont tous deux inspirés et influencés par la musique Soul.
– Le premier sentiment qui émane très clairement de l’album est une notion de partage qu’on retrouve justement dans cette approche plus Soul et une atmosphère générale peut-être plus douce aussi. C’est pour obtenir ce son et cette sensation que tu as souhaité produire toi-même « Million Voices Whisper » ?
L’album a commencé sur une sorte d’ambiance façon ‘Muscle Shoals’, basée sur les premières chansons que j’avais écrites pour le projet. Mais au fur et à mesure que j’écrivais de plus en plus de morceaux, il semblait évoluer dans plusieurs directions différentes, ce que j’adore. Il y a donc des influences Jazz et Funk et, évidemment, une partie de mon côté songwriter et chanteur de Southern Rock et de Blues est également représentée ici.
– Pour obtenir cette touche Southern Blues Rock très ‘soulful’, tu t’es aussi entouré d’amis à savoir John Medeski aux claviers, le batteur Terence Higgins et Kevin Scott à la basse. A vous entendre, on a l’impression qu’un autre line-up n’aurait pas pu atteindre une telle complicité et une harmonie aussi limpide. La clef était-elle aussi dans la proximité entre vous ?
C’est le groupe que j’avais imaginé pour cette musique et il s’est avéré que tout le monde était disponible à ce moment-là. J’avais joué avec chacun d’entre eux individuellement, mais nous n’avions jamais joué ensemble avant de faire ce disque. Nous avons tout de suite senti que l’alchimie était excellente. Et puis, je préfère toujours enregistrer avec tout le monde dans la même pièce jouant en live. Pour ce genre de musique, c’est la meilleure solution et la meilleure façon de faire.
– L’album contient également plusieurs clins d’œil à quelques unes de tes références que les connaisseurs retrouveront sans mal. Il y en a une qui s’étend presque sur tout le disque, c’est celle de Dickey Betts, à qui « Million Voices Whisper » est d’ailleurs dédié. Que représente-t-il en quelques mots pour toi ? Un modèle de musicalité ? Un mentor ? Un son unique aussi peut-être ?
Dickey a eu une énorme influence sur moi avant même que je le rencontre. Nous nous connaissions depuis mes 20 ou 21 ans. Il m’a soutenu dès le début et m’a finalement donné la plus grande chance de ma carrière en m’intégrant dans le Allman Brothers Band. Dickey a créé son propre style de jeu de guitare, ce qui est probablement la plus grande réussite qu’un musicien puisse atteindre. Et, en effet, je rends hommage à son style sur plusieurs chansons de l’album.
– Et puis, il y a « Real Real Love », une chanson initialement coécrite avec Gregg Allman que tu as terminée en respectant l’esprit de départ. Comment as-tu abordé cette nouvelle écriture, et que tenais-tu absolument à restituer ?
Gregg avait commencé « Real Real Love » il y a longtemps et me l’avait montré à un moment donné, mais ce n’était qu’un brouillon. Après son décès, j’ai retrouvé une copie des paroles qui n’étaient pas achevées et j’ai été suffisamment inspiré pour les terminer et ajouter la musique. Cela s’est fait très rapidement finalement. Et j’ai pu honorer son esprit et son style d’écriture et de chant d’une manière que je n’avais jamais fait auparavant à ce point. Et la présence de Derek (Trucks – NDR) dans le studio pour l’enregistrement a contribué à donner vie à la chanson. C’était magnifique.
– Justement, celui qui occupe une place de choix, c’est bien sûr Derek Trucks avec qui tu as une complicité de longue date. Au-delà de l’aspect strictement musical, les chansons où il est à tes côté donnent l’impression qu’elles n’auraient pas eu la même saveur dans lui. En quoi son rôle est-il ici si important, au-delà des morceaux joués ensemble et de la co-production de ceux-ci ?
Nous avons tous les deux une alchimie musicale unique, qui existe depuis longtemps et qui ne fait que s’améliorer avec le temps. C’est presque comme si nous étions capables de finir les pensées de l’autre, musicalement parlant. La plupart de nos échanges sur scène et en studio sont tacites et c’est très spécial. Je suis vraiment très enthousiaste par la tournure prise par les chansons sur l’album.
– Il y a une autre émotion globale qui émane de l’album, c’est son aspect très positif avec une sérénité presqu’apaisante. « Million Voices Whisper » est à la fois posé, mais alerte, et aussi tonique que terriblement vivant. C’est ce que tu as voulu dire avec ce titre ? S’éloigner de toute résignation ?
Le titre vient de la chanson « Day of Reckoning ». La première ligne du refrain est « Des millions de voix murmurent, de plus en plus fort quand elles chantent. Des millions d’esprits attendent le jour du jugement ». Je pense que cela résume en quelque sorte le sentiment général de l’album. Il s’agit avant tout de parler de changement positif.
– Les plus chanceux peuvent aussi profiter de quatre morceaux supplémentaires sur l’Edition Deluxe où l’on retrouve aussi tes compagnons Lukas Nelson et Jamey Johnson sur le phénoménal « Find The Cost Of Freedom », où s’enchaine « Day Of Reckoning » très naturellement. C’est la même configuration que l’on retrouve sur l’un des moments forts de l’album « Lies, Lies, Lies > Monkey Dance > Lies, Lies, Lies ». Tu vois ces chansons comme une continuité l’une de l’autre, ou es-tu guidé à ce moment-là par cet esprit jam que tu adores ?
C’est vrai que j’aime toujours aborder les chansons avec une configuration et une approche live, ce qui signifie parfois passer d’une chanson à une autre, puis revenir à la chanson initiale. C’est quelque chose qui arrive plus souvent sur scène, mais je pense que c’est intéressant même dans un environnement de studio. Cela renforce le concept de liens entre les chansons.
Le nouvel album solo de WARREN HAYNES, « Million Voices Whisper », est disponible chez Fantasy Records.
Retrouvez aussi la chronique de ce nouvel l’album…
Pilier et pionnier du Stoner Rock aux saveurs largement Desert et Space Jam dans l’esprit, FU MANCHU mène une carrière exemplaire, parvenant sans cesse à rester très prolifique au sein-même du groupe comme en dehors. Avec « The Return Of Tomorow », le quatuor du sud de la Californie est parvenu à une synthèse parfaite de l’évolution musicale qui les caractérise depuis toutes ces années. Lourd, aérien, délicat et accrocheur, ce nouvel opus s’apprête à déferler sur scène et c’est encore son guitariste, Bob Balch, qui en parle mieux.
– L’an prochain, FU MANCHU célèbrera ses 40 ans d’existence et un très beau parcours. Vous avez commencé en jouant un Punk Hard-Core avant de côtoyer ses sonorités plus Hard Rock pour enfin donner naissance au Stoner et au Desert Rock. Que retiens-tu de cette évolution ? Te paraît-elle assez naturelle avec des étapes finalement nécessaires ?
J’ai rejoint FU MANCHU en 1997, donc le son était déjà plutôt bien établi à ce moment-là. Tu sais, je connais des tonnes de musiciens, qui sont passés du Punk Hard-Core au Heavy Rock des années 70. Pour ma part, j’ai commencé avec des groupes de Heavy Metal de la fin des années 70, puis j’ai découvert le Punk Rock, donc c’est un peu l’inverse me concernant, mais mélanger les deux styles fonctionne totalement !
– Ca, c’est pour l’aspect musical de FU MANCHU, mais qu’en est-il des textes et des thématiques que vous abordez ? Est-ce que, de ce côté-là aussi, il y a eu de profonds changements et peut-être des remises en questions à un certain moment ?
En ce qui concerne les textes, ce serait plutôt une question à poser à Scott Hill. D’après ce que j’en comprends, il s’agit principalement d’inspiration de films de série B et de blagues internes, des sortes de ‘private jokes’. Mais je pense que cela va bien plus loin que cela.
– Est-ce que lorsqu’on fait parti du processus de création du Stoner/Desert Rock, comme c’est le cas pour FU MANCHU et quelques autres, on se sent un peu le gardien du temple ? Ou du moins le garant d’un style qu’il faut peut-être préserver, mais également faire évoluer ?
Pas vraiment, en fait. Au départ, nous n’avions pas vraiment l’intention de créer un son Stoner Rock. Le terme ‘Stoner Rock’ nous est même venu plus tard. Et puis, je pense que chaque style doit également évoluer. Je suis super content quand j’entends un groupe qui pense et qui joue en dehors de son genre d’origine en allant toujours de l’avant.
– Il a fallu attendre six ans pour que vous livriez ce 14ème album, « The Return Of Tomorrow ». Pourtant, FU MANCHU a été très actif avec un album live, des rééditions, trois Eps et même la bande originale d’un documentaire, sans compter vos tournées. Vous êtes vraiment un groupe d’hyperactifs, et on reviendra aussi sur tes projets personnels plus tard. Est-ce qu’avec toutes ces activités, il vous fallu trouver le bon moment pour vous poser et composer ces 13 nouveaux titres ? Attendre l’accalmie en quelque sorte…
Tu sais, nous nous réunissons pendant environ trois heures tous les jeudis. Ce sont trois heures vraiment très productives. Nous repartons généralement avec un morceau complet, ou au moins la moitié d’une chanson. Nous écrivons ensemble depuis si longtemps que c’est devenu une machine bien huilée à ce stade de notre carrière.
– FU MANCHU est aussi réputé pour être un groupe qui va sans cesse de l’avant. C’est ce que vous avez voulu signifier avec ce titre « The Return Of Tomorrow » ? Que rien n’est figé et vous êtes résolument tournés vers l’avenir ?
Carrément ! Et puis, tu sais, je reste vraiment conscient de notre incroyable longévité et je suis très reconnaissant à tous nos fans.
– Parlons plus précisément de ce nouvel et très bon album. Il est la quintessence parfaite du style FU MANCHU avec encore et toujours des nouveautés dans les compositions et bien sûr dans le son, qui ne cesse d’évoluer lui aussi. Il y a un énorme travail sur le ‘Fuzz’ comme souvent chez vous. Est-ce que, finalement, ce n’est pas la chose qui vous importe le plus ? Le faire grossir et lui faire prendre des directions différentes et nouvelles ?
Nous cherchons toujours à nous améliorer, c’est un fait établi. Ce sont les chansons qui comptent le plus, bien sûr. Mais si nous pouvons obtenir les meilleurs sons possibles, en tout cas pour nous et à nos oreilles, c’est ce qui compte le plus ! Par ailleurs, c’est très important pour nous dans le groupe que notre bassiste, Brad Davis, fabrique et conçoive ses fameuses pédales fuzz ‘Creepy Fingers’.
– « The Return Of Tomorrow » est aussi très particulier dans sa construction, puisqu’il est scindé en deux parties. La première est très Heavy et Fuzz et la seconde est plus Desert avec aussi un côté Space Jam. C’était l’ambition de départ ? De livrer des atmosphères opposées et aussi de pouvoir vous exprimer le plus largement possible ?
Oui, nous en avons discuté dès le départ. Quand nous avons commencé à écrire, nous avons essayé des chansons très lourdes, puis plus douces pour voir quel style servait le mieux les chansons. C’était d’ailleurs très amusant pour nous d’aborder ce disque avec l’idée que nous allions ensuite le diviser en deux.
– Est-ce que, dans le cas de FU MANCHU, cela demande d’être dans un certain esprit pour aborder au mieux ces ambiances très différentes ?
Pas vraiment, finalement. Personnellement, si je me sens inspiré, je vais en tirer le meilleur parti à ce moment précis et je vais composer autant que possible. Mais chaque semaine quand nous nous réunissons, c’est toujours dans l’idée de nous déchaîner et de nous défouler au maximum !
– D’ailleurs, comment allez-vous composer vos setlists pour les concerts à venir ? Elles seront plutôt axées sur le côté Heavy du groupe, et allez-vous intégrer ces nouveaux morceaux plus ‘légers’ comme des interludes, par exemple ?
Probablement, un peu des deux et le plus possible. C’est vrai que nous pourrions aussi en changer soir après soir. Et puis, cela dépend également s’il s’agit d’un concert spécifique de FU MANCHU ou d’une configuration en festival. Si c’est notre propre show, nous jouerons davantage le nouvel album, c’est certain.
– Justement, parlons des concerts, vous serez en tournée en Europe à l’automne, mais d’abord en juin avec un passage au Hellfest, votre deuxième, je crois. Votre dernière venue date de 2019. C’est un festival que vous appréciez particulièrement ?
Oui, le Hellfest est super fun ! La première fois que nous avons joué là-bas, je n’ai regardé ni la scène, ni le public jusqu’à ce que nous montions sur scène. Je me détendais tranquillement dans les coulisses en regardant l’émission « Showdown ». Et quelques minutes plus tard, nous jouions devant des milliers de personnes. C’est un contraste saisissant et jubilatoire !
– Enfin, Bob, j’aimerais que l’on parle aussi de tes multiples side-projets. Il y a Big Scenic Nowhere dans un registre Desert/post-Rock Progressif, Yawning Balch dans un registre assez proche et plus Psych et enfin Slower, qui est un album de reprises de Slayer dans des versions Doom étonnantes. C’est très varié et assez éloigné de FU MANCHU. Tu as besoin de te lancer ce genre de défi, ou c’est plus simplement un désir d’explorer d’autres styles, dont tu es aussi fan ?
Tu sais, mes influences sont très diverses. De plus, j’ai acheté une ‘Universal Audio OxBox’, qui me permet d’enregistrer très facilement mes guitares avec la qualité d’un album à la maison. Cela m’a aussi aidé à devenir plus prolifique. Big Scenic Nowhere et Yawning Balch sont un peu arrivés par hasard, et je n’ai pas su refuser. Je suis un grand fan du jeu de guitare de Yawning Man et de Gary Arce. J’ai secrètement toujours voulu collaborer avec eux. Je suis ravi que cela se soit produit et que cela continue d’exister. Yawning Balch va d’ailleurs bientôt sortir deux albums. L’idée que je m’en fais est plus posée et je me suis aussi bien amusé à faire le premier disque. Et nous avons presque terminé le deuxième. J’ai des tonnes de morceaux originaux cette fois-ci, et c’est génial.
– Enfin, et puisque l’on parle de tes projets annexes, est-ce que tu te consacres déjà à d’autres choses, ou es-tu essentiellement focalisé sur FU MANCHU et ce nouvel album pour le moment ?
FU MANCHU est mon activité principale. Nous tournons énormément pour soutenir « The Return Of Tomorrow » et j’en suis franchement ravi ! J’ai vraiment hâte que les gens l’entendent. Je pense que nous nous sommes vraiment surpassés sur celui-là !
Le nouvel album de FU MANCHU, « The Return Of Tomorrow », sera disponible le 14 juin sur le propre label du groupe, At The Dojo Records.
Si vous avez déjà vu KOMODRAG & THE MOUNODOR sur scène, vous pouvez aisément imaginer combien interviewer les sept musiciens en même temps aurait vite tourné au casse-tête. C’est donc un entretien croisé, et séparé, de la dynamique formation bretonne estampillée ‘super-band’ que je vous propose pour parler de ce premier et très bon album « Green Fields Of Armorica ». Il y est question pour les deux groupes de communier leur amour pour le Rock 70’s dans un esprit forcément psychédélique… et joyeux ! Et sans aucune concertation, le septet montre une osmose totale jusque dans ses réponses. Entretien paimpolo-douarneniste avec une formation, qui va très vite devenir incontournable bien au-delà des frontières bretonnes.
– Votre rencontre et votre coup de foudre réciproque ont eu lieu en 2019 et quelques jams ont eu lieu dans la foulée. Quel a été le véritable déclic pour fonder KOMODRAG & THE MOUNODOR, car une aventure pareille ne se fait pas sur un coup de tête, si ?
Komodor : Et si, ça s’est exactement passé sur un coup de tête. Quand nous avons rencontré pour la première fois Camille et Colin, ça a tout de suite été un coup de foudre amical et musical. Le feeling a pris directement pendant qu’on faisait notre première jam ensemble et c’est à ce moment-là qu’on s’est dit qu’il y avait moyen de bien rigoler et de faire du bon gros Rock ensemble.
Moundrag : On avait l’habitude de jammer après nos concerts avec Komodor et l’élément déclencheur a été quand on nous avait proposé d’enregistrer et de filmer une live session. Comme nous venions de sortir une vidéo sur KEXP, nous avons plutôt proposé notre nouveau projet : KOMODRAG & THE MOUNODOR. Le truc marrant, c’est qu’on avait composé les trois morceaux de la live session le week-end précédent !
– Votre premier ‘gros’ concert a eu lieu aux Trans Musicales de Rennes en 2021. Quels souvenirs en gardez-vous, notamment par rapport à vos rôles respectifs sur scène, vos positionnements aussi et le relais et l’échange entre vous et le public ?
Moundrag : Ce premier concert restera gravé dans nos mémoires ! Le public était chaud bouillant et nous étions possédés par les démons du Rock’n’Roll : sept mercenaires au service de vos soirées d’ivresse !
Komodor : C’était un gros challenge et on en garde des souvenirs gravés à jamais : une ambiance de fou, notre première grosse scène devant autant de monde et, surtout, le tout premier concert du groupe. Nous avions eu la chance de travailler en résidence et d’être accompagné par une superbe team afin que tout se passe au mieux.
Le positionnement sur scène s’est fait assez naturellement. Nous sommes sept, donc pour occuper le plateau, ce n’est pas un problème. On était remontés comme jamais avant de jouer. C’était un vrai moment de partage avec le public qui était chaud bouillant et qui avait soif de faire la fête avec nous.
– Vous sortez aujourd’hui « Green Fields Of Armorica », qui dispose d’une production très organique que l’on retrouve d’ailleurs aussi sur vos albums respectifs. Avez-vous eu envie de travailler un son particulier ? Et comment le travail d’enregistrement s’est-il effectué, car gérer sept musiciens peut vite devenir compliqué ?
Komodor : Ce n’était pas une mince affaire, surtout pour trouver de l’espace pour tout le monde. Nous avons pris parti de retranscrire au mieux le son que nous avons en live, mais avec tous les avantages du studio en termes de production et d’effets.
Les deux batteries, l’orgue et la basse ont été enregistrés live dans une pièce de 15m². On a joué le plus fort possible pour ressentir cet effet organique. Les guitares et les voix ont été enregistrées séparément après toute la base rythmique. Ce qui a permis de travailler au mieux la spatialisation dans la stéréo et d’avoir un son punchy et aérien au mixage.
Moundrag : Nous avons voulu avoir un son qui se rapproche le plus de notre performance scénique. Nous avons enregistré les deux batteries, la basse et l’orgue Hammond en live, tous les quatre dans une petite pièce. Puis, nous avons rajouté les guitares/overdubs et enfin les voix. Le plus dur a été de trouver une place pour chacun dans le mix. Bravo Goudzou !
– Est-ce qu’au moment de composer justement, n’avez-vous pas été tentés les uns et les autres d’imposer votre patte en utilisant peut-être des morceaux ou des mélodies que vous aviez déjà chacun de votre côté ?
Moundrag : Tout a été composé pour le groupe. Pour notre part, on est vraiment sorti du Heavy Psych Prog pour proposer des riffs et des chansons plus ‘Pop’. Nous avons vraiment à coeur de différencier les répertoires pour éviter que les auditeurs ne mélangent tout… Même si c’est déjà les cas avec le nom du groupe ! (Rires)
Komodor : On a justement mis les riffs, qui ne correspondaient pas à nos projets respectifs, mais qui nous plaisaient ! (Rires) On s’est quand même donné une ligne directrice en termes d’esthétique musicale, ce qui a permis d’élaborer le set autour de cet univers. L’ensemble des membres a apporté ses influences dans cet album, ce qui a créé une identité indépendante de Komodor et de Moundrag.
– A l’écoute de ce premier album, ce qui est assez étonnant, c’est que l’on ne perçoit pas forcément l’empreinte directe de Komodor, ni de Moundrag de manière significative. Il s’agit véritablement d’un autre groupe. Est-ce que ça a été difficile de vous imposer ça ? Fusionner deux groupes ne débouche pas forcément sur un style aussi personnel…
Komodor : Au contraire, c’est hyper excitant, nous avons tout de suite voulu créer un projet à part entière et qui soit dans une esthétique différente ! Ce n’est pas dans la même veine que nos projets respectifs. Etant à sept dans cette formation, cela nous a permis d’expérimenter de nouvelles méthodes de travail et composition !
Notre volonté était clairement de recréer un show énergique au plus proche de ce qui pouvait exister à l’époque avec un univers bien ciblé et identifié ! Cela nous permet d’aller creuser encore plus loin dans notre recherche et de comprendre au mieux comment cette époque a marqué toute une génération et un mouvement artistique qui perdure encore.
Moundrag : C’était un choix nécessaire. Nous sommes sorties de nos zones de confort pour proposer un répertoire qui n’empiète pas sur nos projets respectifs. KOMODRAG & MOUNODOR a un répertoire Southern Rock, qui s’est imposé de lui-même. Cela nous permet de faire vivre à côté Moundrag et Komodor sans redite.
– Est-ce que vous voyez KOMODRAG & THE MOUNODOR comme une sorte de récréation, un side-project qui vous permet de franchir et d’explorer des frontières qui vont au-delà de vos groupes respectifs ? Et lui voyez-vous d’ailleurs un avenir après « Green Fields Of Armorica », en dehors des concerts, bien sûr ?
Moundrag : Au début, on voyait ça comme un side-project, une jam entre copains à la fin des concerts. Mais plus ça va et plus ce groupe prend de l’importance ! On a beaucoup de chance de pouvoir jouer en live ce projet qui demande beaucoup d’investissement avec sept musiciens sur scène. On va déjà défendre en live cet album et on verra ensuite pour un deuxième…
Komodor : C’est une vraie récréation, qui a maintenant pris une tournure ‘plus sérieuse’. Nous vivons tellement de moments incroyables que nous voulons vraiment que cette histoire perdure ! On veut s’exporter, jouer et s’amuser autant que possible ! Dès que nous aurons fini la tournée de cet album, nous avons pour projet de nous pencher sur l’écriture du second opus.
– D’ailleurs, ce projet est assez étonnant dans la mesure où vous avez tous les deux un premier album à votre actif, donc un parcours jusqu’ici assez court. Et cela ne vous a pas empêché, bien au contraire, de vous lancer dans cette nouvelle aventure. Alors aujourd’hui, et respectivement, où est votre priorité ? Komodor, Moundrag ou KOMODRAG & THE MOUNODOR ?
Moundrag : Tous les projets ont autant d’importance à nos yeux. Nous aimons de tout notre coeur le Hard Prog Heavy Psych, donc nous continuerons à défendre ce style, même si KOMODRAG & THE MOUNODOR prend de plus en plus de temps sur l’agenda.
Komodor : Les trois, mon capitaine ! On ne va pas abandonner un seul des trois projets. Chaque groupe se construit avec un public différent. Ça nous tient à cœur de les développer, car nous ne sommes qu’au début de l’aventure pour chacun d’entre eux et la route est encore longue.
– J’imagine qu’une tournée va aussi arriver et elle va mettre en stand-by vos formations respectives. Est-ce qu’en parallèle, vous travaillez déjà les uns et les autres sur vos futures réalisations ? Et quand pensez-vous avoir le temps de souffler un peu ?
Komodor : La tournée de cet album ne va pas nous empêcher de tourner avec Komodor, bien au contraire. S’il y a un trou dans l’agenda, on le remplira. D’ailleurs, il y a déjà des dates de programmées pour la saison prochaine ! On veut bouffer du bitume et nous avons encore beaucoup d’endroits à découvrir ! En ce qui concerne Komodor, nous avons déjà entamé le travail de pré-production du prochain album ! Nous voulons battre le fer tant qu’il est encore chaud, et nous avons de belles surprises à annoncer dans les temps à venir.
Moundrag : Effectivement nous travaillons sur le deuxième opus de Moundrag. Pas l’temps d’souffler, quand la tempête arrive ! On se reposera quand on sera mort. D’ailleurs, il nous reste des dates à booker pour cet été.
– Enfin, car on peut tout se dire maintenant : qui tient la culotte dans KOMODRAG & THE MOUNODOR ? Moundrag ou Komodor ?
Moundrag : Ah Désolé, ce sont les Komodor qui portent des culottes, nous on est plutôt caleçons !
Komodor : On sait que les Moundrag vont dire que ce sont eux. On va donc humblement leur donner les codes de la boîte mail, et on va se la couler douce dans le Morbihan !
L’album de KOMODRAG & THE MOUNODOR, « Green Fields Of Armorica », est disponible chez Dionysiac Records/Modulor.
Retrouvez les interviews accordées par les deux groupes lors de la sortie de leur premier album respectif :
Avec le Rock Psychédélique, les possibilités sont multiples et le spectre musical est particulièrement vaste. Et si vous y injectez une tonalité bluesy, des influences progressives et Stoner et un faible pour l’improvisation, c’est une autoroute artistique qui s’offre à vous. FUZZY GRASS l’a bien compris et sa deuxième réalisation, « The Revenge Of The Blue Nut », est un océan de liberté et de créativité mis en fusion par quatre musiciens aux aspirations audacieuses et solaires.
FUZZY GRASS
« The Revenge Of The Blue Nut »
(Independant)
Il y a cinq ans, le quatuor sortait son premier album, « 1971 », et envoyait un signal fort et une indication claire quant à la démarche entreprise et l’époque qui l’inspire. Et FUZZY GRASS n’a pas modifié sa trajectoire d’un iota et enfonce même le clou avec « The Revenge Of The Blue Nut ». Toujours animé par un esprit old school et une grosse dose de bonne humeur, ce nouvel opus brille par ses ambiances souvent lourdes, mais délicieusement Psych et Blues. Et sous ces cieux très zeppeliniens, on est très vite envoûté.
Levons immédiatement le voile, car le suspense ne tiendra pas longtemps de toute façon, pour affirmer que l’ombre du grand dirigeable plane sur les six morceaux. Et on ne s’en plaindra pas, bien au contraire ! Mais FUZZY GRASS ne donne pas dans la pâle copie, il entretient la légende et continue l’aventure avec un regard neuf et très personnel. Très jam dans l’esprit, le groupe présente pourtant des titres très bien ciselés, jouant sur les contrastes et les couleurs musicales.
Et quel studio plus approprié que celui de La Trappe près de Toulouse, d’où est originaire la formation, avec son matériel vintage et bien sûr analogique pouvait mieux capter l’énergie électrisante de « The Revenge Of The Blue Nut » ? Les titres de FUZZY GRASS prennent un relief saisissant et on remonte le temps le sourire aux lèvres. Dès les premières notes de « Living In Time », le groove percute sur un ton progressif. Intense et Heavy sur « The Dreamer » et « Insight », c’est l’ultime « Moonlight Shades » qui finit de nous scotcher !
Pionnier du Desert Rock, YAWNING MAN se fait cependant assez discret depuis 1986 avec une discographie assez clairsemée, mais des sessions live qui ont forge sa réputation. Jammant comme nuls autres, les Américains sont devenus incontournables, leurs prestations inoubliables et un modèle pour beaucoup. Et « Long Walk Of The Navajo » vient confirmer et conforter leur légende.
YAWNING MAN
« Long Walk Of The Navajo »
(Heavy Psych Sounds Records)
Dans l’imaginaire collectif, on doit les bases du Desert Rock à Kyuss. Pourtant, YAWNING MAN a lui aussi apporté une contribution non-négligeable à un registre qui n’aurait sans doute pas évolué de la même manière. Car, un an avant leurs voisins, le désormais trio de Palm Springs avait déjà fait de leurs jams hypnotiques et endiablées les fondations de ce style aride et envoûtant. Et ça continue !
Après une escapade avec les Anglais de Sons Of Alpha Centauri le temps de deux albums restés dans les esprits (« Ceremony To The Sunset » en 2099 et « Sky Island » en 2021), YAWNING MAN est enfin de retour avec une sixième production, « Long Walk Of The Navajo ». Si le format est assez étonnant, trois morceaux oscillant entre 9 et 15 minutes, le contenu est toujours aussi fascinant et la performance du trio est unique.
Aujourd’hui composé de Gary Ace (guitare), Billy Cordell (basse) et Bill Stinson (batterie), le combo californien se livre à travers trois titres toujours instrumentaux, bien sûr, mais nettement plus sombres et Heavy. Secoué par la tempête qui s’est abattu sur le désert de Joshua Tree il y a peu, c’est dans une ambiance presqu’apocalyptique que YAWNING MAN nous guide et où l’aspect Psych de son jeu est plus présent que jamais.
A l’instar d’un boxeur désireux de passer dans la catégorie supérieure, BIRDS OF NAZCA a pris du volume et affiche une colossale force de frappe. Sur un groove toujours aussi obsédant, le tandem avance dans un Heavy Stoner très solide et une saveur Psych dans laquelle le Doom s’invite avec puissance sur ce vivifiant « Héliolite ».
BIRDS OF NAZCA
« Héliolite »
(Independant)
Cela fait maintenant quatre ans que BIRDS OF NAZCA a pris son envol et se déploie sur la scène Stoner Heavy Psych hexagonale. Fort d’un très bon premier album éponyme sorti en 2020, le duo composé de Guillaume (guitare) et de Romu (batterie) est de retour, mais cette fois dans un format court, « Héliolite », dont les titres des morceaux ont un côté mystérieux alors que le son, quant à lui, n’a jamais été aussi massif.
A la première écoute, on pourrait se dire que les Nantais ont recruté un nouveau membre. Ce n’est pas le cas. A côté des deux amplis de guitares, BIRDS OF NAZCA en a simplement ajouté un troisième, mais de basse. Et la différence et l’impact sonore sautent directement aux oreilles. Tremblements et vibrations sont au rendez-vous et le binôme a clairement pris de l’épaisseur et se rapproche de plus en plus d’un Doom ravageur.
Toujours aussi complices, les deux musiciens semblent avoir pris beaucoup d’assurance car, passé l’intro, on plonge dans 20 minutes d’une sorte de jam enfumée, hyper-Rock et toujours instrumentale. « Inti Raymi » donne le ton, immédiatement suivi de « Spheniscus » qu’on avait pu découvrir lors d’un Live des ‘Smoky Van Sessions’. Puis, « Gucumatz », véritable pièce maîtresse de l’EP avec ses 9 minutes 34, vient diaboliquement clore cette nouvelle, mais bien trop courte, réalisation de BIRDS OF NAZCA.
Imprévisibles et insaisissables, les Suisses de DIRTY SOUND MAGNET prennent un malin plaisir, album après album, à brouiller les pistes, à surgir là où on en les attend pas pour développer un Psych Rock très Blues et 70’s tout en nuances, et où la richesse de leur écriture est aussi déconcertante que déroutante. Et « DSM – III » est un modèle du genre.
DIRTY SOUND MAGNET
« DMS – III »
(Hummus Records)
Très prolifique, le trio suisse de Psych Rock 70’s mêlé à un Blues Rock endiablé fait déjà son retour. Depuis 2017, DIRTY SOUND MAGNET s’en finit plus d’étonner par son inspiration, sa dextérité et sa façon de livrer un style au centre duquel le psychédélisme tient une place de choix, et où l’ombre des Doors surtout et de Led Zeppelin un peu, plane sur un groove imparable.
Dans la lignée d’une nouvelle génération portée par des formations comme Kadavar notamment, DIRTY SOUND MAGNET se détache grâce à un sens de l’improvisation et un esprit jam quasi-instinctif et d’une incroyable effervescence. Les Helvètes nous guident à travers des styles où le Rock côtoie le Blues et où le Stoner Psych n’est jamais bien loin. Une vision très live et dense.
Furieusement addictif, « DSM – III » nous plonge dans les méandres d’une musique aussi pointue que pointilleuse autour d’une douce folie très maîtrisée. Rock et Funk (« Pandora’s Dream »), Heavy Blues ou Boogie (« Heavy Hours ») et intensément Psych (« Toxic Monkeys », « Body In My Mind »), le trio se montre d’une grande et étonnante créativité (« Sunday Drama »). DIRTY SOUND MAGNET est d’une richesse inépuisable.
EARTHLESS a toujours eu une place à part dans le monde du Stoner Rock. Et pour cause, son positionnement mariant Psych, Acid Rock et envolées instrumentales n’est pas commun. Spécialiste des prestations live trippantes, le trio renoue avec un album entièrement instrumental, une fois encore assez unique. « Night Parade Of One Hundred Demons » va mettre tout le monde d’accord.
EARTHLESS
« Night Parade Of One Hundred Demons »
(Nuclear Blast Records)
Après la sortie d’un live majestueux dans le désert de Mojave en Californie au printemps dernier paru chez Heavy Psych Sounds Records, on retrouve EARTHLESS cette fois chez Nuclear Blast pour un nouvel album studio tout aussi étonnant. Avec « Night Parade Of One Hundred Demons », le trio renoue avec ses bonnes habitudes, à savoir un Stoner Heavy Psych entièrement instrumental et saisissant.
Le trio hors-norme formé il y a 20 ans à San Diego a la particularité de n’avoir jamais connu de changement de line-up, et c’est aussi probablement ce qui permet aux Américains d’évoluer dans un registre qui n’appartient qu’à eux. Grand spécialiste des morceaux à rallonge qui évoquent irrémédiablement de longues jams endiablées, EARTHLESS se fait encore remarquer de très belle manière.
C’est bien sûr au Rancho De La Luna à Joshua Tree qu’Isaiah Mitchell (guitare), Mike Eginton (basse) et Mario Rubalcada (batterie) ont enregistré ce sixième album studio où le Psych côtoie l’Acid Rock dans un Stoner très progressif et Desert. Composé de trois morceaux de vingt minutes, le voyage initié par EARTHLESS sur ce nouvel opus est aussi captivant que renversant. Le summum du genre !
SNAKE MOUNTAIN REVIVAL semble être né sous une bonne étoile, tant les vibrations qui émanent de « Everything In Sight » sont lumineuses et invitent au rêve. L’univers psychédélique du trio américain se fond dans un Stoner Rock souvent Heavy et positif. Très créatif, le groupe avance dans des atmosphères planantes et vertigineuses sur un premier album de haute volée.
SNAKE MOUNTAIN REVIVAL
« Everything In Sight »
(Rebel Waves Records)
L’ombre de Randy Holden plane sur ce premier très bon premier album de SNAKE MOUNTAIN REVIVAL. Précurseur de l’Acid Rock et même du Doom, le guitariste américain a laissé une empreinte gigantesque sur la scène Heavy Stoner Psych actuelle et le trio de la côte est des Etats-Unis en est adepte. Sans pour autant en être trop influencé, le sceau du musicien des années 70 est manifeste sur « Everything In Sight ».
Ryan Chandler (basse, chant), Zack Trowbridge (guitare) et Josh Woodhouse (batterie) ont beau venir d’horizons musicaux différents, ils ont en commun un sens du groove, une même vision du psychédélisme et un goût certain pour les jams. De fait, SNAKE MOUNTAIN REVIVAL s’aventure dans de nombreux registres, passant du Rock au Heavy et du Blues au Doom avec une grande facilité.
Sur des chardons ardents, alternant les fulgurances explosives et les atmosphères planantes, le trio enchaine les riffs savoureux avec des solos endiablés sur des titres à la fois techniques et plein de feeling (« Satellite Ritual », « Graveyard Grove », « Pheremone », « Water Moccasin »). Très accrocheur, SNAKE MOUNTAIN REVIVAL enflamme ses morceaux brillamment (« Moon Baron », « Valley Of Madness »). Rayonnant !