Catégories
France Psych Rock 70's

Komodrag & The Mounodor : chimère psychédélique [Interview]

Si vous avez déjà vu KOMODRAG & THE MOUNODOR sur scène, vous pouvez aisément imaginer combien interviewer les sept musiciens en même temps aurait vite tourné au casse-tête. C’est donc un entretien croisé, et séparé, de la dynamique formation bretonne estampillée ‘super-band’ que je vous propose pour parler de ce premier et très bon album « Green Fields Of Armorica ». Il y est question pour les deux groupes de communier leur amour pour le Rock 70’s dans un esprit forcément psychédélique… et joyeux ! Et sans aucune concertation, le septet montre une osmose totale jusque dans ses réponses. Entretien paimpolo-douarneniste avec une formation, qui va très vite devenir incontournable bien au-delà des frontières bretonnes.

– Votre rencontre et votre coup de foudre réciproque ont eu lieu en 2019 et quelques jams ont eu lieu dans la foulée. Quel a été le véritable déclic pour fonder KOMODRAG & THE MOUNODOR, car une aventure pareille ne se fait pas sur un coup de tête, si ?

Komodor : Et si, ça s’est exactement passé sur un coup de tête. Quand nous avons rencontré pour la première fois Camille et Colin, ça a tout de suite été un coup de foudre amical et musical. Le feeling a pris directement pendant qu’on faisait notre première jam ensemble et c’est à ce moment-là qu’on s’est dit qu’il y avait moyen de bien rigoler et de faire du bon gros Rock ensemble.

Moundrag : On avait l’habitude de jammer après nos concerts avec Komodor et l’élément déclencheur a été quand on nous avait proposé d’enregistrer et de filmer une live session. Comme nous venions de sortir une vidéo sur KEXP, nous avons plutôt proposé notre nouveau projet : KOMODRAG & THE MOUNODOR. Le truc marrant, c’est qu’on avait composé les trois morceaux de la live session le week-end précédent !

– Votre premier ‘gros’ concert a eu lieu aux Trans Musicales de Rennes en 2021. Quels souvenirs en gardez-vous, notamment par rapport à vos rôles respectifs sur scène, vos positionnements aussi et le relais et l’échange entre vous et le public ?

Moundrag : Ce premier concert restera gravé dans nos mémoires ! Le public était chaud bouillant et nous étions possédés par les démons du Rock’n’Roll : sept mercenaires au service de vos soirées d’ivresse !

Komodor : C’était un gros challenge et on en garde des souvenirs gravés à jamais : une ambiance de fou, notre première grosse scène devant autant de monde et, surtout, le tout premier concert du groupe. Nous avions eu la chance de travailler en résidence et d’être accompagné par une superbe team afin que tout se passe au mieux.

Le positionnement sur scène s’est fait assez naturellement. Nous sommes sept, donc pour occuper le plateau, ce n’est pas un problème. On était remontés comme jamais avant de jouer. C’était un vrai moment de partage avec le public qui était chaud bouillant et qui avait soif de faire la fête avec nous.

Photo : Erwan Larzul

– Vous sortez aujourd’hui « Green Fields Of Armorica », qui dispose d’une production très organique que l’on retrouve d’ailleurs aussi sur vos albums respectifs. Avez-vous eu envie de travailler un son particulier ? Et comment le travail d’enregistrement s’est-il effectué, car gérer sept musiciens peut vite devenir compliqué ?

Komodor : Ce n’était pas une mince affaire, surtout pour trouver de l’espace pour tout le monde. Nous avons pris parti de retranscrire au mieux le son que nous avons en live, mais avec tous les avantages du studio en termes de production et d’effets.

Les deux batteries, l’orgue et la basse ont été enregistrés live dans une pièce de 15m². On a  joué le plus fort possible pour ressentir cet effet organique. Les guitares et les voix ont été enregistrées séparément après toute la base rythmique. Ce qui a permis de travailler au mieux la spatialisation dans la stéréo et d’avoir un son punchy et aérien au mixage.

Moundrag : Nous avons voulu avoir un son qui se rapproche le plus de notre performance scénique. Nous avons enregistré les deux batteries, la basse et l’orgue Hammond en live, tous les quatre dans une petite pièce. Puis, nous avons rajouté les guitares/overdubs et enfin les voix. Le plus dur a été de trouver une place pour chacun dans le mix. Bravo Goudzou !

Photo : Erwan Larzul

– Est-ce qu’au moment de composer justement, n’avez-vous pas été tentés les uns et les autres d’imposer votre patte en utilisant peut-être des morceaux ou des mélodies que vous aviez déjà chacun de votre côté ?

Moundrag : Tout a été composé pour le groupe. Pour notre part, on est vraiment sorti du Heavy Psych Prog pour proposer des riffs et des chansons plus ‘Pop’. Nous avons vraiment à coeur de différencier les répertoires pour éviter que les auditeurs ne mélangent tout… Même si c’est déjà les cas avec le nom du groupe ! (Rires)

Komodor : On a justement mis les riffs, qui ne correspondaient pas à nos projets respectifs, mais qui nous plaisaient ! (Rires) On s’est quand même donné une ligne directrice en termes d’esthétique musicale, ce qui a permis d’élaborer le set autour de cet univers. L’ensemble des membres a apporté ses influences dans cet album, ce qui a créé une identité indépendante de Komodor et de Moundrag.

– A l’écoute de ce premier album, ce qui est assez étonnant, c’est que l’on ne perçoit pas forcément l’empreinte directe de Komodor, ni de Moundrag de manière significative. Il s’agit véritablement d’un autre groupe. Est-ce que ça a été difficile de vous imposer ça ? Fusionner deux groupes ne débouche pas forcément sur un style aussi personnel…

Komodor : Au contraire, c’est hyper excitant, nous avons tout de suite voulu créer un projet à part entière et qui soit dans une esthétique différente ! Ce n’est pas dans la même veine que nos projets respectifs. Etant à sept dans cette formation, cela nous a permis d’expérimenter de nouvelles méthodes de travail et composition !

Notre volonté était clairement de recréer un show énergique au plus proche de ce qui pouvait exister à l’époque avec un univers bien ciblé et identifié ! Cela nous permet d’aller creuser encore plus loin dans notre recherche et de comprendre au mieux comment cette époque a marqué toute une génération et un mouvement artistique qui perdure encore.

Moundrag : C’était un choix nécessaire. Nous sommes sorties de nos zones de confort pour proposer un répertoire qui n’empiète pas sur nos projets respectifs. KOMODRAG & MOUNODOR a un répertoire Southern Rock, qui s’est imposé de lui-même. Cela nous permet de faire vivre à côté Moundrag et Komodor sans redite.

Photo : Erwan Larzul

– Est-ce que vous voyez KOMODRAG & THE MOUNODOR comme une sorte de récréation, un side-project qui vous permet de franchir et d’explorer des frontières qui vont au-delà de vos groupes respectifs ? Et lui voyez-vous d’ailleurs un avenir après « Green Fields Of Armorica », en dehors des concerts, bien sûr ?

Moundrag : Au début, on voyait ça comme un side-project, une jam entre copains à la fin des concerts. Mais plus ça va et plus ce groupe prend de l’importance ! On a beaucoup de chance de pouvoir jouer en live ce projet qui demande beaucoup d’investissement avec sept musiciens sur scène. On va déjà défendre en live cet album et on verra ensuite pour un deuxième…

Komodor : C’est une vraie récréation, qui a maintenant pris une tournure ‘plus sérieuse’. Nous vivons tellement de moments incroyables que nous voulons vraiment que cette histoire perdure ! On veut s’exporter, jouer et s’amuser autant que possible ! Dès que nous aurons fini la tournée de cet album, nous avons pour projet de nous pencher sur l’écriture du second opus.

– D’ailleurs, ce projet est assez étonnant dans la mesure où vous avez tous les deux un premier album à votre actif, donc un parcours jusqu’ici assez court. Et cela ne vous a pas empêché, bien au contraire, de vous lancer dans cette nouvelle aventure. Alors aujourd’hui, et respectivement, où est votre priorité ? Komodor, Moundrag ou KOMODRAG & THE MOUNODOR ?

Moundrag : Tous les projets ont autant d’importance à nos yeux. Nous aimons de tout notre coeur le Hard Prog Heavy Psych, donc nous continuerons à défendre ce style, même si KOMODRAG & THE MOUNODOR prend de plus en plus de temps sur l’agenda.

Komodor : Les trois, mon capitaine ! On ne va pas abandonner un seul des trois projets. Chaque groupe se construit avec un public différent. Ça nous tient à cœur de les développer, car nous ne sommes qu’au début de l’aventure pour chacun d’entre eux et la route est encore longue.

Photo : Erwan Larzul

– J’imagine qu’une tournée va aussi arriver et elle va mettre en stand-by vos formations  respectives. Est-ce qu’en parallèle, vous travaillez déjà les uns et les autres sur vos futures réalisations ? Et quand pensez-vous avoir le temps de souffler un peu ?

Komodor : La tournée de cet album ne va pas nous empêcher de tourner avec Komodor, bien au contraire. S’il y a un trou dans l’agenda, on le remplira. D’ailleurs, il y a déjà des dates de programmées pour la saison prochaine ! On veut bouffer du bitume et nous avons encore beaucoup d’endroits à découvrir ! En ce qui concerne Komodor, nous avons déjà entamé le travail de pré-production du prochain album ! Nous voulons battre le fer tant qu’il est encore chaud, et nous avons de belles surprises à annoncer dans les temps à venir.

Moundrag : Effectivement nous travaillons sur le deuxième opus de Moundrag. Pas l’temps d’souffler, quand la tempête arrive ! On se reposera quand on sera mort. D’ailleurs, il nous reste des dates à booker pour cet été.

– Enfin, car on peut tout se dire maintenant : qui tient la culotte dans KOMODRAG & THE MOUNODOR ? Moundrag ou Komodor ?

Moundrag : Ah Désolé, ce sont les Komodor qui portent des culottes, nous on est plutôt caleçons !

Komodor : On sait que les Moundrag vont dire que ce sont eux. On va donc humblement leur donner les codes de la boîte mail, et on va se la couler douce dans le Morbihan !

L’album de KOMODRAG & THE MOUNODOR, « Green Fields Of Armorica », est disponible chez Dionysiac Records/Modulor.

Retrouvez les interviews accordées par les deux groupes lors de la sortie de leur premier album respectif :

Moundrag…

… et Komodor

Catégories
Hard 70's Heavy Psych Rock Stoner Blues

Fuzzy Grass : psychedelic garden

Avec le Rock Psychédélique, les possibilités sont multiples et le spectre musical est particulièrement vaste. Et si vous y injectez une tonalité bluesy, des influences progressives et Stoner et un faible pour l’improvisation, c’est une autoroute artistique qui s’offre à vous. FUZZY GRASS l’a bien compris et sa deuxième réalisation, « The Revenge Of The Blue Nut », est un océan de liberté et de créativité mis en fusion par quatre musiciens aux aspirations audacieuses et solaires.

FUZZY GRASS

« The Revenge Of The Blue Nut »

(Independant)

Il y a cinq ans, le quatuor sortait son premier album, « 1971 », et envoyait un signal fort et une indication claire quant à la démarche entreprise et l’époque qui l’inspire. Et FUZZY GRASS n’a pas modifié sa trajectoire d’un iota et enfonce même le clou avec « The Revenge Of The Blue Nut ». Toujours animé par un esprit old school et une grosse dose de bonne humeur, ce nouvel opus brille par ses ambiances souvent lourdes, mais délicieusement Psych et Blues. Et sous ces cieux très zeppeliniens, on est très vite envoûté.

Levons immédiatement le voile, car le suspense ne tiendra pas longtemps de toute façon, pour affirmer que l’ombre du grand dirigeable plane sur les six morceaux. Et on ne s’en plaindra pas, bien au contraire ! Mais FUZZY GRASS ne donne pas dans la pâle copie, il entretient la légende et continue l’aventure avec un regard neuf et très personnel. Très jam dans l’esprit, le groupe présente pourtant des titres très bien ciselés, jouant sur les contrastes et les couleurs musicales.

Et quel studio plus approprié que celui de La Trappe près de Toulouse, d’où est originaire la formation, avec son matériel vintage et bien sûr analogique pouvait mieux capter l’énergie électrisante de « The Revenge Of The Blue Nut » ? Les titres de FUZZY GRASS prennent un relief saisissant et on remonte le temps le sourire aux lèvres. Dès les premières notes de « Living In Time », le groove percute sur un ton progressif. Intense et Heavy sur « The Dreamer » et « Insight », c’est l’ultime « Moonlight Shades » qui finit de nous scotcher !

Photo : Fuzzy Grass
Catégories
Desert Rock Heavy Psych Rock

Yawning Man : maître du desert

Pionnier du Desert Rock, YAWNING MAN se fait cependant assez discret depuis 1986 avec une discographie assez clairsemée, mais des sessions live qui ont forge sa réputation. Jammant comme nuls autres, les Américains sont devenus incontournables, leurs prestations inoubliables et un modèle pour beaucoup. Et « Long Walk Of The Navajo » vient confirmer et conforter leur légende.

YAWNING MAN

« Long Walk Of The Navajo »

(Heavy Psych Sounds Records)

Dans l’imaginaire collectif, on doit les bases du Desert Rock à Kyuss. Pourtant, YAWNING MAN a lui aussi apporté une contribution non-négligeable à un registre qui n’aurait sans doute pas évolué de la même manière. Car, un an avant leurs voisins, le désormais trio de Palm Springs avait déjà fait de leurs jams hypnotiques et endiablées les fondations de ce style aride et envoûtant. Et ça continue !

Après une escapade avec les Anglais de Sons Of Alpha Centauri le temps de deux albums restés dans les esprits (« Ceremony To The Sunset » en 2099 et « Sky Island » en 2021), YAWNING MAN est enfin de retour avec une sixième production, « Long Walk Of The Navajo ». Si le format est assez étonnant, trois morceaux oscillant entre 9 et 15 minutes, le contenu est toujours aussi fascinant et la performance du trio est unique.

Aujourd’hui composé de Gary Ace (guitare), Billy Cordell (basse) et Bill Stinson (batterie), le combo californien se livre à travers trois titres toujours instrumentaux, bien sûr, mais nettement plus sombres et Heavy. Secoué par la tempête qui s’est abattu sur le désert de Joshua Tree il y a peu, c’est dans une ambiance presqu’apocalyptique que YAWNING MAN nous guide et où l’aspect Psych de son jeu est plus présent que jamais.

Catégories
Heavy Stoner Rock Stoner Doom

Birds Of Nazca : des ailes d’acier

A l’instar d’un boxeur désireux de passer dans la catégorie supérieure, BIRDS OF NAZCA a pris du volume et affiche une colossale force de frappe. Sur un groove toujours aussi obsédant, le tandem avance dans un Heavy Stoner très solide et une saveur Psych dans laquelle le Doom s’invite avec puissance sur ce vivifiant « Héliolite ».   

BIRDS OF NAZCA

« Héliolite »

(Independant)

Cela fait maintenant quatre ans que BIRDS OF NAZCA a pris son envol et se déploie sur la scène Stoner Heavy Psych hexagonale. Fort d’un très bon premier album éponyme sorti en 2020, le duo composé de Guillaume (guitare) et de Romu (batterie) est de retour, mais cette fois dans un format court, « Héliolite », dont les titres des morceaux ont un côté mystérieux alors que le son, quant à lui, n’a jamais été aussi massif.

A la première écoute, on pourrait se dire que les Nantais ont recruté un nouveau membre. Ce n’est pas le cas. A côté des deux amplis de guitares, BIRDS OF NAZCA en a simplement ajouté un troisième, mais de basse. Et la différence et l’impact sonore sautent directement aux oreilles. Tremblements et vibrations sont au rendez-vous et le binôme a clairement pris de l’épaisseur et se rapproche de plus en plus d’un Doom ravageur.

Toujours aussi complices, les deux musiciens semblent avoir pris beaucoup d’assurance car, passé l’intro, on plonge dans 20 minutes d’une sorte de jam enfumée, hyper-Rock et toujours instrumentale. « Inti Raymi » donne le ton, immédiatement suivi de « Spheniscus » qu’on avait pu découvrir lors d’un Live des ‘Smoky Van Sessions’. Puis, « Gucumatz », véritable pièce maîtresse de l’EP avec ses 9 minutes 34, vient diaboliquement clore cette nouvelle, mais bien trop courte, réalisation de BIRDS OF NAZCA.

Photo : Christian Trujilo
Catégories
Blues Rock Psych Rock Stoner/Desert

Dirty Sound Magnet : le psychédélisme à son paroxysme

Imprévisibles et insaisissables, les Suisses de DIRTY SOUND MAGNET prennent un malin plaisir, album après album, à brouiller les pistes, à surgir là où on en les attend pas pour développer un Psych Rock très Blues et 70’s tout en nuances, et où la richesse de leur écriture est aussi déconcertante que déroutante. Et « DSM – III » est un modèle du genre.

DIRTY SOUND MAGNET

« DMS – III »

(Hummus Records)

Très prolifique, le trio suisse de Psych Rock 70’s mêlé à un Blues Rock endiablé fait déjà son retour. Depuis 2017, DIRTY SOUND MAGNET s’en finit plus d’étonner par son inspiration, sa dextérité et sa façon de livrer un style au centre duquel le psychédélisme tient une place de choix, et où l’ombre des Doors surtout et de Led Zeppelin un peu, plane sur un groove imparable.

Dans la lignée d’une nouvelle génération portée par des formations comme Kadavar notamment, DIRTY SOUND MAGNET se détache grâce à un sens de l’improvisation et un esprit jam quasi-instinctif et d’une incroyable effervescence. Les Helvètes nous guident à travers des styles où le Rock côtoie le Blues et où le Stoner Psych n’est jamais bien loin. Une vision très live et dense.

Furieusement addictif, « DSM – III » nous plonge dans les méandres d’une musique aussi pointue que pointilleuse autour d’une douce folie très maîtrisée. Rock et Funk (« Pandora’s Dream »), Heavy Blues ou Boogie (« Heavy Hours ») et intensément Psych (« Toxic Monkeys », « Body In My Mind »), le trio se montre d’une grande et étonnante créativité (« Sunday Drama »). DIRTY SOUND MAGNET est d’une richesse inépuisable. 

Catégories
Psych Stoner/Desert

Earthless : dans l’immensité de Joshua Tree

EARTHLESS a toujours eu une place à part dans le monde du Stoner Rock. Et pour cause, son positionnement mariant Psych, Acid Rock et envolées instrumentales n’est pas commun. Spécialiste des prestations live trippantes, le trio renoue avec un album entièrement instrumental, une fois encore assez unique. « Night Parade Of One Hundred Demons » va mettre tout le monde d’accord.

EARTHLESS

« Night Parade Of One Hundred Demons »

(Nuclear Blast Records)

Après la sortie d’un live majestueux dans le désert de Mojave en Californie au printemps dernier paru chez Heavy Psych Sounds Records, on retrouve EARTHLESS cette fois chez Nuclear Blast pour un nouvel album studio tout aussi étonnant. Avec « Night Parade Of One Hundred Demons », le trio renoue avec ses bonnes habitudes, à savoir un Stoner Heavy Psych entièrement instrumental et saisissant.  

Le trio hors-norme formé il y a 20 ans à San Diego a la particularité de n’avoir jamais connu de changement de line-up, et c’est aussi probablement ce qui permet aux Américains d’évoluer dans un registre qui n’appartient qu’à eux. Grand spécialiste des morceaux à rallonge qui évoquent irrémédiablement de longues jams endiablées, EARTHLESS se fait encore remarquer de très belle manière.  

C’est bien sûr au Rancho De La Luna à Joshua Tree qu’Isaiah Mitchell (guitare), Mike Eginton (basse) et Mario Rubalcada (batterie) ont enregistré ce sixième album studio où le Psych côtoie l’Acid Rock dans un Stoner très progressif et Desert. Composé de trois morceaux de vingt minutes, le voyage initié par EARTHLESS sur ce nouvel opus est aussi captivant que renversant. Le summum du genre !

Catégories
Psych Stoner/Desert

Snake Mountain Revival : variations intemporelles

SNAKE MOUNTAIN REVIVAL semble être né sous une bonne étoile, tant les vibrations qui émanent de « Everything In Sight » sont lumineuses et invitent au rêve. L’univers psychédélique du trio américain se fond dans un Stoner Rock souvent Heavy et positif. Très créatif, le groupe avance dans des atmosphères planantes et vertigineuses sur un premier album de haute volée.

SNAKE MOUNTAIN REVIVAL

« Everything In Sight »

(Rebel Waves Records)

L’ombre de Randy Holden plane sur ce premier très bon premier album de SNAKE MOUNTAIN REVIVAL. Précurseur de l’Acid Rock et même du Doom, le guitariste américain a laissé une empreinte gigantesque sur la scène Heavy Stoner Psych actuelle et le trio de la côte est des Etats-Unis en est adepte. Sans pour autant en être trop influencé, le sceau du musicien des années 70 est manifeste sur « Everything In Sight ».

Ryan Chandler (basse, chant), Zack Trowbridge (guitare) et Josh Woodhouse (batterie) ont beau venir d’horizons musicaux différents, ils ont en commun un sens du groove, une même vision du psychédélisme et un goût certain pour les jams. De fait, SNAKE MOUNTAIN REVIVAL s’aventure dans de nombreux registres, passant du Rock au Heavy et du Blues au Doom avec une grande facilité.

Sur des chardons ardents, alternant les fulgurances explosives et les atmosphères planantes, le trio enchaine les riffs savoureux avec des solos endiablés sur des titres à la fois techniques et plein de feeling (« Satellite Ritual », « Graveyard Grove », « Pheremone », « Water Moccasin »). Très accrocheur, SNAKE MOUNTAIN REVIVAL enflamme ses morceaux brillamment (« Moon Baron », « Valley Of Madness »). Rayonnant !  

Catégories
Psych Rock Progressif Space Rock

Eldovar : rencontre du troisième type

Les Allemands de KADAVAR et les Américains d’ELDER se sont retrouvés en studio à Berlin en mars dernier pour de longues jams qui ont finalement débouché sur un album à l’écriture minutieuse et envoûtante. ELDOVAR et ce précieux « A Story Of Darkness & Light » ont éclos dans un Rock Progressif et psychédélique aux saveurs 70’s. Aérienne, soignée et envoûtante, la rencontre entre les deux formations tient presque de la magie… musicale en tout cas.

ELDOVAR

« A Story Of Darkness & Light »

(Robotor Records)

Si « The Isolation Tapes » sorti l’an dernier était déjà la conséquence directe de la pandémie, KADAVAR est resté actif et a enregistré au printemps dernier des jams avec différents partenaires de jeu et en l’occurrence, c’est le groupe de Rock Progressif ELDER qui s’est rendu aux Robotor Studios de Berlin pour finalement donner naissance à ELDOVAR. Très instinctif, « A Story Of Darkness & Light » n’est pas seulement un album échappatoire, mais le fruit de compositions très réfléchies. 

En dehors de Jack Donovan, bassiste d’ELDER coincé aux Etats-Unis, l’ensemble des musiciens des deux formations se sont retrouvés autour de morceaux toujours progressifs, bien sûr, mais d’où une ambiance très 70’s et Psychédélique émane de façon sauvage et très spontanée. Tout en respectant l’identité des deux groupes, ELDOVAR se pose comme un OVNI musical enthousiasmant, très créatif et « A Story Of Darkness & Light » un acte d’amour au style fondateur des sept musiciens.  

Entre Rock atmosphérique (« From Deep Within »), Folk psychédélique (« In The Way ») ou le très éthéré « El Matador », ELDOVAR combine et fait preuve d’une grande inspiration. La rencontre entre les deux semblait inévitable, car tellement évidente. L’instrumental « Rebirth Of The Twins », le Floydiens « Cherry Tree » et le monumental « Blood Moon Night » montrent une spontanéité et une dynamique intimes et saisissantes.

Catégories
Extrême

Philm : avant-gardiste et instinctif

Psychédélique et vertigineuse, la musique de PHILM se balade entre plusieurs styles dans lesquels les Californiens excellent et affichent une grande maîtrise. Avant-gardiste et expérimental, son leader Gerry Nestler a su créer un univers étonnant où règne une liberté absolue. « Time Burner » est aussi inclassable que subtil.

PHILM

« Time Burner »

(Metalville Records)

C’est d’abord avec son groupe Civil Defiance que le génial multi-instrumentiste Gerry Nestler a fait son apparition sur la scène Metal américaine du côté de Los Angeles. Ce n’est qu’en 2010 qu’il fonde PHILM avec un certain Dave Lombardo derrière les fûts, qui partira assez vite chez Slayer. Devenu une référence de l’expérimental underground, c’est en trio que le musicien fait son retour.

Le leader et fondateur de PHILM n’aime pas être coincé dans un registre et c’est ce que l’on comprend vite à l’écoute de « Time Burner ». Metal, Stoner, Blues et même Jazz, ce nouvel album se veut avant-gardiste. Particulièrement libres dans l’interprétation, les Américains donneraient presque l’impression de faire une grosse jam, si l’ensemble n’était pas aussi bien ficelé et précis.

Après « Harmonic » et « Fire From The Evening Sun », PHILM livre un troisième album dans une atmosphère sombre et mélancolique d’où émane aussi une grande colère. L’incroyable complicité entre les trois musiciens est évidente, et Gerry Nestler a composé des morceaux d’une rare profondeur (« Cries Of The Century », « 1942 », « Spanish Flowers » et le morceau-titre long de 14 minutes). Un gouffre sans fond !