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Americana Blues International Soul / Funk

Laura Evans : le scintillement d’une étoile [Interview]   

« Out Of The Dark » est un album qui emporte par ses mélodies soignées, cette voix aussi proche qu’attachante et une osmose de chaque instant sur des compositions aux arrangements très soignés. Entre Americana et Blues Rock, LAURA EVANS glisse quelques touches vocales Pop malicieuses et sensuelles. L’univers de la Galloise est aussi vaste qu’authentique et si ce n’est pas la précision et le feeling des guitares qui vous saisissent, ce sera à coup sûr ce chant aussi puissant que familier et troublant. La frontwoman et compositrice affiche aujourd’hui un style très personnel, qui vient se nourrir de vécu et de musiques aux horizons variés. Entretient avec une artiste, qui a façonné un disque où elle va à l’essentiel dans une liberté totale.

– Beaucoup de gens vont te découvrir avec ce nouvel album, « Out Of The Dark », dont tu as déjà sorti quelques singles. Pourtant, l’aventure a commencé en 2014 avec ton premier EP « Remember When ». Le style était plus épuré et très acoustique. Quel regard portes-tu aujourd’hui sur tes débuts ?

Je repense à cette époque avec beaucoup d’émotion. « Remember When » a été mon premier véritable pas dans le partage de ma musique avec les gens. A l’époque, le son acoustique et épuré me semblait la manière la plus authentique de m’exprimer. Je n’avais ni de grande équipe, ni une production élaborée. J’étais seule avec les histoires que je voulais raconter. Ces débuts étaient purs et bruts, et ils ont véritablement posé les bases de tout ce que j’ai fait depuis.

– Tu as ensuite sorti deux singles en 2020 avant ton premier album « State Of Mind » deux ans plus tard. C’est à ce moment que tu as rencontré le producteur et multi-instrumentiste Josiah J. Manning du Kris Karras Band. Sachant que tu es aussi auteure et compositrice, qu’est-ce qui a changé à ce moment-là dans ta manière de concevoir ta propre musique ?

Ma rencontre avec Josiah a été un tournant pour moi. J’avais écrit tellement de chansons pour l’album suivant, et Josiah m’a encouragé à oser mes arrangements et à me tourner vers des textures plus naturelles et organiques, qui me plaisaient naturellement. Cela a insufflé une nouvelle énergie à mon écriture et m’a aidé à façonner « State of Mind » en quelque chose d’authentique mais de plus vaste.

– D’ailleurs, de toutes tes réalisations, « State Of Mind » est celle qui possède le son le plus brut et le plus roots. L’album t’a aussi distingué du reste de la scène féminine de l’époque. Etais-tu guidée par le désir d’une sorte de retour aux racines sans fioritures de l’Americana, du Blues et du Rock ?

Absolument. A ce moment-là, je voulais me débarrasser de tout artifice superflu et me concentrer sur l’essentiel des chansons : l’émotion, la narration et la musicalité. Je voulais aussi me démarquer en tant qu’artiste. Avec « State of Mind », je pense que j’ai pu apporter ma touche personnelle au son Blues Rock, et je pense que c’est cette honnêteté qui le distingue.

– On te retrouve donc aujourd’hui avec « Out Of The Dark », qui porte d’ailleurs très bien son nom, puisque ce deuxième album est très lumineux et propose aussi une production plus claire et moderne. L’idée première était-elle de faire sonner un registre intemporel avec un aspect très actuel ?

Oui, c’était vraiment l’objectif. Je voulais créer quelque chose qui conserve la chaleur et la sincérité de mes premiers travaux, mais en les transposant dans un espace plus contemporain. « Out Of The Dark » marque un nouveau chapitre, tant sur le plan personnel que musical. Il était donc naturel de viser un son à la fois intemporel et frais, capable de trouver un écho auprès des auditeurs de longue date comme auprès du nouveau public. Je voulais aussi faire quelque chose de différent pour moi-même : j’ai été profondément inspiré par de nombreuses musiques et sonorités nouvelles, et c’était tellement excitant de créer et de me dépasser avec cet album.

– Cette fois, c’est avec le producteur Ian Barter (Amy Winehouse, Paloma Faith) que tu as travaillé et on te découvre aussi dans d’autres tonalités. Ton talent de conteuse est intact et ta musique offre une autre dynamique et un nouvel élan. Avais-tu besoin d’un nouveau collaborateur pour faire évoluer un peu plus tes chansons ?

Absolument. Je pense qu’il est important d’évoluer et de se remettre en question sur le plan créatif. Travailler avec Ian a apporté une perspective différente à ma musique. Il a une excellente oreille pour mélanger des éléments organiques et modernes, et il m’a vraiment poussé à explorer de nouvelles textures et dynamiques. C’était rafraîchissant d’entrer en studio avec quelqu’un qui avait un parcours musical et une vision différents. Cela a permis aux chansons de se développer de manière inattendue et magnifique.

– La première chose que l’on remarque sur « Out Of The Dark » est ton incroyable performance vocale. Il y a beaucoup plus de liberté et de puissance dans ta voix. Comment as-tu travaillé cet aspect et est-ce que Ian Barter est pour quelque chose dans ce qui ressemble à une véritable éclosion ?

Merci, ça me touche beaucoup. Vocalement, j’ai abordé cet album avec plus d’assurance. Ces dernières années, j’ai beaucoup progressé en tant qu’interprète et j’ai appris à vraiment faire confiance à ma voix. Ian a grandement contribué à créer un environnement, où je me sentais libre d’expérimenter et de repousser mes limites. Il m’a encouragé à abandonner mes idées préconçues et à chanter, et cette liberté transparaît vraiment dans les enregistrements.

– D’ailleurs, « Out Of The Dark » rassemble plusieurs couleurs musicales qui vont du Blues Americana aux ballades plus Soul, en passant par des ambiances plus Pop, Rock, Funky, ainsi que Country et Southern. C’est dans l’assemblage de tous ces styles que tu trouves ta véritable identité artistique et que tu te révèles vraiment ?

Oui, à 100 %. Je ne me suis jamais sentie confinée à un seul genre, et « Out Of The Dark » m’a donné l’occasion de m’y immerger pleinement. Tous ces styles font partie intégrante de mon ADN musical, et les mélanger m’a semblé naturel plutôt que forcé. Pour moi, le fil conducteur est la narration. Quel que soit le style, les chansons sont authentiques. Cet album m’a permis de révéler d’autres facettes de moi-même et, d’une certaine manière, de révéler ma véritable identité artistique.

– On l’a dit, tu écris toutes tes chansons et notamment les textes. Est-ce que tu as voulu installer uns sorte de fil conducteur sur « Out Of The Dark », car il y a une réelle unité dans l’aspect musicale et dans les paroles, et tout s’enchaîne parfaitement ?

Oui, il y a clairement un fil conducteur. « Out Of The Dark » parle de croissance, de résilience et de retrouver la lumière après des moments difficiles. Même si les styles musicaux varient, les thèmes ont tous un lien entre eux : c’est un voyage, tant au niveau des paroles que de la sonorité. J’ai voulu créer un album cohérent, où chaque chanson participe à un récit plus vaste.

– Ce deuxième album est très fédérateur et complet. Est-ce l’objectif que tu t’étais fixé dès le départ, et est-il aussi le plus personnel des deux ?

C’est vrai. Dès le départ, je voulais que cet album soit une œuvre complète, un reflet de qui je suis aujourd’hui, en tant qu’artiste et en tant que personne. Il est clairement plus personnel. Beaucoup de chansons sont nées d’expériences réelles et de moments de découverte personnelle. Je pense que c’est ce qui le rend si rassembleur. Il est sincère du début à la fin.

– Enfin, tu es aussi actrice, même si la musique semble passer aujourd’hui au premier plan. Qu’en est-il de ce côté-là ? Accordes-tu définitivement la priorité à ton activité actuelle, au-delà de la sortie de l’album, ou tu ne fermes aucune porte ?

La musique est sans aucun doute ma principale préoccupation en ce moment, surtout avec la sortie de « Out Of The Dark » et tout ce qui va avec. Mais le métier d’acteur a toujours fait partie de moi, et je ne le considère pas comme quelque chose que je vais abandonner. J’aime garder les portes ouvertes et suivre mon énergie créative. Pour l’instant, cette énergie est principalement centrée sur la musique, mais qui sait ce que l’avenir nous réserve ! (Sourires)

Le nouvel album de LAURA EVANS, « Out Of The Dark », est disponible sur le site de l’artiste : https://thelauraevans.com/shop

Photos : Rob Blackham

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Hard Rock

Malvada : Rock do Brazil

La scène brésilienne est plutôt foisonnante et si le Metal extrême domine toujours, le Rock et le Hard Rock commencent à pointer le bout du nez avec des formations qui sortent du lot. C’est le cas avec MALVADA, quatuor entièrement féminin qui livre son deuxième opus avec plein de certitudes et une assurance désormais acquise. Avec « Malvada », le ton est ferme et tendre à la fois et montre que le groupe est capable d’alterner les ambiances avec force et de manière très fluide.

MALVADA

« Malvada »

(Frontiers Music)

Les quatre musiciennes ne manquent pas de tempérament. Pour preuve, elles ont fondé MALVALDA à l’aube de la pandémie en mars 2020. L’année suivante, elles enchaînent avec deux singles, « Mais Um Gole » et « Cada Escolha Uma Renúncia», d’ailleurs tous deux chantés en portugais. Logiquement, « A Noite Vai Ferver », leur premier album sort dans la foulée et celui-ci va leur ouvrir de nombreuses portes, notamment celles des plus grands festivals brésiliens dans lesquels elles partagent l’affichent avec des stars internationales de gros calibre.

Ces deux années à écumer leur pays sont parvenues jusqu’aux oreilles du label italien Frontiers Music, qui les signe fin 2023. Dès lors, MALVADA va peaufiner ses compos et y mettre du volume. Un peu à la manière des Mexicaines de The Warning, son registre se muscle et son Rock des débuts flirte sans ambigüité avec un Hard Rock à la fois solide et mélodique. Et l’autre particularité du combo est aussi de continuer d’alterner le chant entre sa langue maternelle et l’anglais sur ce nouvel effort éponyme. Et il n’y a absolument rien de déroutant à son écoute, bien au contraire.

D’entrée de jeu, MALVADA balance du gros riff et un refrain entêtant sur un « Down The Wall » assuré et costaud. Indira Castillo (chant), Bruna Tsuruda (guitare), Juliana Salgado (batterie) et Rafaela Reoli (basse) ont su développer un style bien à elles à travers des morceaux où elles soufflent le chaud et le froid, alternant des titres bien rentre-dedans (« After », « Bulletproof ») avec des ballades et power-ballades plutôt bien senties (« Como Se Fosse Hoje », « So Sweet », « I’m Sorry »). « Malvada » est une deuxième réalisation franchement séduisante et convaincante.

Photo : Caike Scheffer

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Alternative Metal

Days Of Jupiter : l’alignement des planètes

C’est en montrant beaucoup de caractère que les Scandinaves font un retour fracassant six ans après « Panoptical », qui leur avait valu une  belle reconnaissance. Un changement de label et une direction musicale qui sonne plus européenne plus tard, et revoici DAYS OF JUPITER renforcé dans ses certitudes et affichant avec « The World Was Nerver Enough » une belle force de frappe. Sans négliger une identité artistique basée sur les émotions, le combo nordique se montre vif et solide sur un disque dense et très soigné.

DAYS OF JUPITER

« The World Was Never Enough »

(Reigning Phoenix Music)

En 15 ans d’existence, DAYS OF JUPITER peut se targuer de mener un parcours sans faute et qui mériterait même une reconnaissance à l’international plus conséquente. Depuis « Secrets Brought To Life », son premier opus sorti en 2012, le groupe a fait évoluer son Hard Rock moderne vers un Alternative Metal très actuel et pêchu. Pour son cinquième album, il a confié la production à Peo Hedin, lequel a réalisé un travail précis pour mettre en valeur des compositions abouties qui naviguent dans des ambiances variées.

Comme souvent, les Suédois soufflent le chaud et le froid entre titres puissants et massifs et ballades plus mélancoliques. DAYS OF JUPITER parvient à maintenir l’équilibre et donne surtout une forte impression de vélocité. Très en verve, les deux guitaristes donnent le ton sur des riffs racés et tranchants et apportent beaucoup d’explosivité aux morceaux (« Original Sin », « Machine »). L’énergie brute qui se dégage de « The World Was Never Enough » doit énormément à leur complicité et leur talent.  

Egalement irréprochable, la rythmique prend littéralement d’assaut des nouveaux morceaux et donne encore un peu plus d’envergure à l’ensemble. De son côté, Jan Hilli offre une prestation vocale implacable. Accrocheur et fédérateur, DAYS OF JUPITER ne fait pas dans la demi-mesure, ce qui devrait se sentir prochainement sur scène. Intense, ce cinquième effort est aussi technique qu’entêtant et aussi Metal que Rock (« The Fix », « Parazite », « My Heaven My Hell », « Ignite » et le morceau-titre). Enthousiasmant !

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Americana Country Southern Southern Blues

Michelle Malone : classy neighborhood

Lorsqu’on dispose d’un tel voisinage, il serait dommage de ne pas lui proposer de venir poser quelques notes, et même un peu plus, sur son nouvel album. Et même si elle s’en sort toujours très bien toute seule, c’est ce qu’a fait MICHELLE MALONE en invitant quelques amis musiciens appartenant, par un heureux hasard, au gratin de son Sud natal. Entre Country-Soul, Americana Rock et Roots Rock, la chanteuse passe en revue des chansons dynamiques et positives comme des moments plus poignants avec une grande classe.

MICHELLE MALONE

« Southern Comfort »

(SBS Records)

Musicienne accomplie et indépendante, MICHELLE MALONE livre son seizième album en trois décennies de carrière au service d’une vision très personnelle de la musique américaine. Originaire d’Atlanta en Georgie, elle a forgé son style dans un Americana authentique, où se fondent naturellement le Blues, la Country et le Rock. Forte de caractère, elle a même créé à l’aube des années 2000 son propre label, SBS Records, qui lui offre une totale liberté artistique épanouissante et très perceptible.

MICHELLE MALONE ne manque pas de soutien et ses amis sont aussi nombreux que prestigieux. Assurant bien sûr le chant, les guitares (électriques et acoustiques), la mandoline et l’harmonica, elle a écrit, ou co-écrit, la moitié de « Southern Comfort ». Ce sont Dean Dillon, Eliot Bronson et Gary Stier qui apportent leur talent aux autres morceaux. Pour autant, l’ensemble est très homogène et identifiable entre des titres bien relevés et très Rock et de belles ballades avec une approche vocale Country irrésistible.

Entourée de la crème des musiciens du Sud américain, on retrouve Charly Starr et Paul Jackson de Blackberry Smoke, Rick Richards des Georgia Satellites, Will Kimbrough et Buddy Miller de Spy Boy d’Emmylou Harris et quelques autres encore. « Southern Comfort » est éclatant dans le songwriting et MICHELLE MALONE enchaîne les chansons avec la passion et la sensibilité qu’on lui connait (« Like Mother Like Daughter », « One Track Mind », « Wine And Regret » et le morceau-titre). Brillant… encore une fois !

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Heavy metal

Metal queen

Dorothee Pesh, plus connu sous le nom de DORO, est une hyperactive. Entre la préparation de son nouvel album à paraître l’an prochain, plusieurs collaborations artistiques et même un parfum (!), elle a récupéré les droits sur la musique de sa longue carrière et sort un triple-album entre hymnes Heavy Metal, ballades, duos et reprises. Et l’Allemande, comme toujours, tient son rang !

DORO

Magic Diamonds – Best of Rock, Ballads & Rare Treasures

(Rare Diamonds Productions)

C’est vrai que je n’ai pas pour habitude de chroniquer les Best Of, mais celui-ci n’en est presque pas un ! En effet, la chanteuse propose certes ses classiques, et il y en a, mais aussi des versions live, plus rares, de morceaux tombés aux oubliettes ou plus simplement plus disponibles. Et puis, à l’heure où le Metal est envahi par les chanteuses d’opérette, DORO vient rappeler non seulement qu’elle est une précurseure, mais qu’elle reste la seule et unique Metal Queen à ce jour et une frontwoman exceptionnelle. 

De Warlock et ses hymnes Heavy à sa longue carrière en solo, l’Allemande propose un Best Of regroupant pas moins de trois CD et va jusqu’à avouer que le choix fut cornélien et qu’il lui en reste des cartons plein ! L’occasion pour les plus jeunes de se jeter dans la belle discographie de la frontwoman, qui a aussi le mérite de remettre quelques pendules à l’heure. Entre les incontournables de DORO se glissent des versions live toutes aussi pêchues à l’image de ses prestations explosives.

On ne va pas entrer dans le détail des 56 morceaux présentés, mais entre de belles ballades studio ou extraites de concerts, de très bons duos avec Lemmy bien sûr, Slash, UDO, Tarja Turunen ou encore Pete Steele de Type O Negative, des versions live ardentes des immanquables de son grand répertoire, c’est un retour aux belles heures du Heavy Metal auquel nous convie DORO. Plein de surprises, on découvre également « Egypt » en hommage au grand Ronnie James Dio. Bref, un indispensable pour tous les amoureux de Heavy Metal !