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Proto-Metal Stoner Doom

Margarita Witch Cult : breuvage maléfique

S’il ne fait pas dans le détail, le Stoner Doom du trio britannique se meut pourtant dans une harmonie toute personnelle, malgré des déflagrations aussi soudaines que régulières. Avec « Strung Out In Hell », MARGARITA WITCH CULT impose son style et ne manque pas d’imagination. Ecorché et enflammé, le combo sort des ténèbres pour se montrer intraitable. Stoner, Doom et attaché au Heavy Metal originel, il fracasse méticuleusement tout sur son passage.

MARGARITA WITCH CULT

« Strung Out In Hell »

(Heavy Psych Sounds)

Deux ans après un premier album remarqué, le trio de Birmingham vient enfoncer le clou avec « Strung Out In Hell », brûlot explosif et démoniaque. Et forcément, lorsqu’on est originaire de la ‘Sabbath City’, berceau du Metal, il est difficile de ne pas y trouver quelques références que MARGARITA WITCH CULT semble parfaitement assumer. Pas franchement Heavy Metal malgré des embardées rappelant ponctuellement la NWOBHM, le Stoner Doom des Anglais se veut surtout épais, massif et teinté de proto-Metal.

Avec un héritage revendiqué, Scott Abbott (guitare, chant), George Casual (batterie) et Jim Thing (basse) s’ouvrent les portes de l’enfer de la manière la plus débridée qui soit dans un maelstrom décibélique au groove épique et dans une ambiance maléfique. Très 70’s dans l’esprit, on retrouve chez MARGARITA WITCH CULT quelques éclairs que n’auraient pas renié Alice Cooper, Deep Purple et bien sûr Black Sabbath. Et, passé à la moulinette Stoner, l’ensemble prend une dimension grasse et écrasante.

La tempête commence dès les premières notes de « Scream Bloody Murder » et ne faiblit pas un instant sur « Conqueror Worm » et « Witches Candle ». L’entame est lourde et fulgurante. Mais c’est sans compter sur le sens de l’humour de MARGARITA WITCH CULT qui nous balance une reprise façon bulldozer et bardée de riffs taillés à la hache de « White Wedding » de Billy Idol. Une petite douceur avant l’agressif « Dig Your Way Out », puis « The Fool » et son dantesque solo de saxo. Un retournement de cerveau dans les règles !

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Hard Rock

The Dead Daisies : une fontaine de jouvence

Un Anglais, un Australien et deux Américains avec du talent à revendre, telle est la recette et l’alchimie de THE DEAD DAISIES. Plus qu’une réunion de stars, le groupe, qui livre son sixième album, n’entre pas dans cette catégorie des ‘all-stars-band’, qui font étalage de leur virtuosité. Non ici, il est surtout question de feeling et d’une unité dans l’écriture, comme dans l’interprétation, qui force le respect. Et « Radiance », vient rappeler ô combien le Hard Rock a de beaux jours devant lui.  

THE DEAD DAISIES

« Radiance »

(SPV/Steamhammer)

Malgré le tumulte des changements de line-up dont THE DEAD DAISIES s’impose en spécialiste, c’est déjà le deuxième album avec la même formation et le sixième d’une réjouissante discographie. Preuve que le groupe s’inscrit dans la durée ? A l’écoute de « Radiance », c’est vraiment ce que l’on souhaite tant le Hard Rock de ces musiciens hors-norme, et aujourd’hui presqu’iconiques, est limpide, inspiré, d’une fraîcheur et d’une ardeur sans faille. Ces quatre-là n’ont pas dit leur dernier mot, bien au contraire.

Autour de Glenn Hugues (ex-Deep Purple) à l’éternel jeunesse au chant et à la basse, de Doug Aldrich (ex-Whitesnake) héroïque à la guitare aux côtés de l’aviateur acrobate David Lowy et du batteur Brian Tichy (Whitesnake, Billy Idol, Ozzy, …), THE DEAD DAISIES flambe dans un registre immédiatement identifiable où, curieusement, personne ne tire la couverture à soi, mais se met plutôt au service de morceaux énergiques et interprétés par des passionnés comme on en rencontre peu.

Preuve de l’intemporalité du quatuor, le septuagénaire Glenn Hugues se montre aussi performant qu’à ses débuts avec une voix à la fois puissante et tellement Soul. Son groove associé à la frappe délicate de Brian Tichy est ravageur et tellement naturel. Chez THE DEAD DAISIES, tout semble couler de source. C’est tellement évident qu’on se laisse prendre au jeu sans résistance. Le mur du son bâtit par les riffs appuyés et spontanés de David Lowy laisse les mains libres à Doug Aldrich, dont le feeling et la dextérité sont d’une émotion rare.

Sans donner la leçon (car il le pourrait !), le groupe se fait surtout plaisir sur ce « Radiance », bien trop court, mais si bon. Heavy sur le morceau-titre et « Shine On », un  brin vintage sur « Born To Fly », presque Southern sur « Courageous », mordant sur « Not Human », sabbathien sur « Cascade », THE DEAD DAISIES ne s’interdit rien, pas même ce clin d’œil à Richie Sambora sur l’intro de « Kiss The Sun ». Et la production de l’immense Ben Grosse ne fait que mettre en lumière la qualité des mélodies et la précision des arrangements.

Savoir tout faire est une force et lorsque le souffle de la créativité bat son plein, il suffit de le canaliser. Et pour ça, on peut compter sur ces quatre musiciens aux parcours uniques et qui semblent loin d’être rassasiés. L’enthousiasme et l’exaltation sont intactes (« Face Your Fear », « Hypnotize Yourself ») et THE DEAD DAISIES joue des mélodies avec tellement d’habileté et de maestria qu’il entraîne tout sur son passage et clôt ce bel album avec un splendide « Roll On », scintillant de classe. In-con-tour-na-ble !