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Psych Stoner Doom

Rocky’s Pride & Joy : le bal des fantômes

C’est une réalisation hantée que proposent les Australiens de ROCKY’S PRIDE & JOY avec « All The Colours Of Darkness », sorte de plongeon dans les ténèbres sur un son imposant où se croisent le Doom Metal et le Stoner Psych dans une harmonie morbide, mais tout sauf repoussante. Au contraire, le groove méchamment puissant vient habillement faire contraste avec une voix lointaine, des riffs agressifs et des rythmes organiques et très nuancés. Une belle découverte.

ROCKY’S PRIDE & JOY

« All the Colours of Darkness »

(Electric Valley Records)

Il semblerait que cette maison de chemin de fer maudite en photo sur la pochette, nichée dans la banlieue ouest d’Adélaïde, soit le point de départ de l’inquiétante aventure de ROCKY’S PRIDE & JOY. S’y sont passés des évènements morbides, des rencontres paranormales, des rites occultes, des actions violentes et c’est ce qui a inspiré Brenton Wilson (guitare, chant), Jessi Tilbrook (batterie) et Dominic Ventra (basse). Et ces trois-là sont tellement soudés que l’onde de choc qui secoue ce premier album est assommante, particulièrement vibratoire et dotée d’une interprétation musclée.

En place depuis 2020 et après de nombreux concerts dans son Australie natale, le trio est fin prêt pour se livrer sur huit titres où son Stoner Doom pose une empreinte singulière et originale. Déjà perçue sur les singles « Time’s Up » et « Future Sell » à ses débuts, la démarche de ROCKY’S PRIDE & JOY ne consiste pas seulement à tout écraser sur son passage, elle se révèle bien plus fine et complexe que ça. Certes, les riffs saturés de Fuzz ne manquent pas d’épaisseur, la rythmique est d’une lourdeur absolue, mais le groupe laisse parfois entrer la lumière.

Simple de prime abord, la musique du combo ne brille pas seulement par son efficacité, mais aussi par les détails qui donnent beaucoup de relief aux arrangements de « All The Colours Of Darkness ». ROCKY’S PRIDE & JOY déploie soigneusement sa noirceur avec une dynamique infaillible (« Red Altar », « Revenge », « Crawl », « Tunnel Vision », « Your Hell », « Pure Evil »). La batteuse/cogneuse mène la formation avec force pour nous embarquer dans un univers presque désertique, où l’acoustique « Lucifer’s Lullaby » vient apporter un peu de douceur (!) sur ce très bon premier opus.

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Modern Metal

Cyhra : hurricane

En s’éloignant de plus en plus du metal massif de ses débuts, CYHRA est plus que jamais dans l’air du temps avec des combinaisons Electro-Pop, qui ne manqueront pas de séduire le jeune public. Pour autant, « The Vertigo Trigger » n’est pas inintéressant même si les fans des groupes, dont sont issus ses membres, risquent d’être un peu perdus. A écouter sans œillères, donc…

CYHRA

« The Vertigo Trigger »

(Nuclear Blast Records)

Lorsque CYHRA est apparu en 2016 sur la scène Metal européenne, le line-up présenté laissait rêveur et beaucoup l’ont même qualifié de ‘super-groupe’. Avec d’anciens, ou toujours actifs, membres d’Amaranthe, The Halo Effect, Kamelot, In Flame, Mekong Delta, Annihilator et quelques autres, le quintet a d’abord convaincu avec « Letters To Myself » (2017), puis confirmé avec « No Halos In Hell » (2019). Alors, forcément, « The Vertigo Trigger » est très attendu.

Les Suédois concentrent de multiples courants mais, pour faire court, on va dire qu’il s’agit de Modern Metal, compte tenu de l’aspect mélodique qui prédomine sur tout l’album. Malgré tout, les riffs sont acérés et tranchants, la rythmique bastonne comme il faut et Jake E fait toujours des prouesses au chant. Une fois encore, « The Vertigo Trigger » dispose d’un songwriting direct et efficace et, sans prendre de risques, CYHRA se montre décidé et toujours très compact. 

Si le précédent opus proposait déjà quelques sonorités électroniques assez éparses, cette troisième réalisation fait la part belle aux claviers et aux samples. Rien ne gênant en soi, sauf qu’on n’est pas chez Derek Sheridan, mais plutôt au cœur d’une fête foraine qui bat son plein. Cela dit, CYHRA conserve toujours un côté Heavy explosif et évite la caricature de justesse (« Ready To Rumble », « 1.000.000 Fahrenheit », « Too Old For Fairy Takes »). Si « The Vertigo Trigger » est fédérateur, il laisse l’impression d’avoir été un peu bâclé. 

Photo : Linda Florin
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Modern Metal

Edge Of Paradise : Metal Eden

Il y a des groupes dont on sent la progression et la maîtrise au fil des albums, tout en prenant soin de ne pas camper sur leurs acquis. C’est très précisément l’impression que donne EDGE OF PARADISE avec « Hologram ». Le combo de Los Angeles conforte un style original toujours aussi Metal, mélodique, mais où l’aspect orchestral passe dorénavant au second plan, avec des claviers qui servent surtout de nappes qui viennent poser des ambiances très variées.

EDGE OF PARADISE

« Hologram »

(Frontiers Music)

En un peu plus de dix ans de carrière, les Californiens d’EDGE OF PARADISE se sont essayés à plusieurs styles et il semblerait que ce cinquième album soit enfin celui qu’on attendait d’eux, et celui sans doute qu’ils avaient aussi envie de proposer. Moins pompeux musicalement, même si quelques touches symphoniques persistent, le groupe paraît concentrer sur un Modern Metal plus incisif, massif et toujours aussi mélodique, accrocheur et pêchu.

Si, a priori, « Hologram » ne s’inscrit pas dans une trilogie, il s’impose tout de même dans la suite logique de ses deux prédécesseurs : « Univers » (2019) et « The Unknow » (2021). Très bien produit par Howard Benson, ce nouvel opus déploie une incroyable énergie que l’on doit en partie aux deux guitaristes, Dave Bates à la lead et David Ruiz à la rythmique. Mais EDGE OF PARADISE reste un quintet uni et la démonstration est éclatante.

Mené par leur époustouflante frontwoman, Margarita Monet, qui est aussi aux claviers, le groupe est d’une détermination contagieuse, passant de passages puissants à des atmosphères plus calmes. Au chant, l’Américaine use d’un éventail impressionnant, capable soudainement de se faire féroce autant que sensuelle sur des morceaux véritablement taillés pour la scène (« Hologram », « This Is Personal », « The Faceless », « Don’t Give Up On Me », « Basilisk »). EDGE OF PARADISE est au sommet de son art et c’est incontestable.

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Melodic Metal Metal Indus Modern Metal

Endless Exam : une énergie submergeante

Pour son premier opus, le combo finlandais frappe fort et affiche même une belle audace. Loin des clichés habituels, ENDLESS EXAM fait preuve de beaucoup d’aplomb, d’une grande liberté et la pertinence des arrangements de « Voice Of Passion And Agony » conjuguée à une envie plus que palpable, des riffs racés, des solos bien sentis et surtout une chanteuse dont le charisme éclabousse l’album, font de lui une réalisation très réussie.

ENDLESS EXAM

« Voice Of Passion And Agony »

(Inverse Records)

« Voice Of Passion And Agony » est le genre de disque qui fait du bien par les temps qui courent. ENDLESS EXAM, pour son premier album, bouscule les codes du Metal actuel grâce à une modernité et une fougue exacerbée, ainsi qu’un côté théâtral qui ne manque ni d’originalité, ni de fraîcheur. Formé en 2020, le groupe a déjà sorti quatre singles, tous très bien accueillis tant par la presse que par le public et le quatuor ne manque franchement pas d’ambition.

En s’appuyant sur des claviers pour développer les atmosphères et donner du relief à ses morceaux, ENDLESS EXAM s’est créé un univers à la fois décadent et très bien structuré. En frontwoman de choc, Nina Kuronen libère une incroyable énergie et se montre capable de se fondre dans n’importe quel registre, du Heavy à l’Indus. Hyper polyvalente, elle capte l’attention en maniant la douceur et la férocité avec une grande habileté.

Bâtis comme des tableaux, les dix titres de « Voice Of Passion And Agony » sont dotés d’une dynamique qui donne une belle unité à l’ensemble. Sans forcément jouer sur la vélocité, ENDLESS EXAM navigue entre les émotions avec un aspect très fédérateur, notamment dans les refrains qui restent rapidement gravés («  The Voice », « I Ain’t Your Toy », le génial « Wilride », « Consealed Truth », « Mother of Mercy », « Solaced Mind »). Envoûtant !

© 2021 Nina Mönkkönen +358504633473, all rights reserved
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Hard Blues Hard Rock Heavy metal

Phil Manca : un élan plus Metal

Guitariste complet au toucher inimitable et producteur-arrangeur aguerri, PHIL MANCA a multiplié les expériences dans une vie d’artiste bien remplie. Depuis quelques années, c’est en solo qu’il donne librement court à son inspiration, et il s’échappe ici un temps du Blues Rock pour voguer cette fois sous des cieux Hard et Metal avec ce très bon « Layers Of Pain ».

PHIL MANCA

« Layers of Pain »

(Tremolo Prod/Kuroneko)

Après avoir sévi chez TNT, Sortilège, Era et réalisé plusieurs bandes originales de films, le guitariste rentre du Canada où il était parti enregistrer les neufs morceaux de son nouvel album, « Layers Of Pain ». Après « Signs » (2019) et « Dancing Spirits » (2021) qui étaient plutôt dans une veine Blues Rock musclé, PHIL MANCA durcit encore un peu plus le ton et livre un disque de Hard Rock aux tonalités très Heavy.

Entouré d’Eric Lafont à la batterie, de Chris Danetz à la basse et également à la co-production et de Josselin Jobard qui offre une superbe prestation au chant, le musicien, qui assure aussi les claviers et qui a co-produit et arrangé l’ensemble, montre beaucoup de polyvalence. Que ce soit à travers des titres où il passe de riffs bruts en passages assez shred, PHIL MANCA affiche un panel très large.

Si « Layers Of Pain » est costaud, il reste bien sûr quelques lueurs bluesy, dont on se délecte toujours. Grâce à un frontman qui s’adapte très facilement aux multiples ambiances en offrant une vraie couleur au disque, on passe avec fluidité d’un Hard Rock assez classique à un autre plus mélodique et accessible avant de revenir à des compos nettement plus Heavy (« The Race Is On », « Flat Brains », « Night Stalker », « High And Short »). Efficace.  

Photo : Christophe Crenel
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Cinematic Metal Metal Progressif Symphonic Metal

Oryad : explosive lyricism

Avec un tel premier album, ORYAD a placé la barre très haut. Bien qu’autoproduit, « Sacred & Profane » conjugue à la fois le côté symphonique versant dans le lyrique et également l’explosivité du Metal. Mélodique et inspiré, le groupe parvient à marier un grand nombre d’univers avec une facilité déconcertante. Grâce une telle entrée en matière, sa chanteuse vient déjà s’installer aux côtés des plus grandes voix du genre.

ORYAD

« Sacred & Profane »

(Independant)

Depuis son EP, « Hymns Of Exile And Decay » sorti il y a deux ans, ORYAD a pris du coffre et du volume pour lâcher un temps le Folk Metal à l’œuvre sur sa première production. Le duo de Denver dans le Colorado surgit avec « Sacred & Profane », où l’on peut prendre toute la dimension de sa frontwoman Moira Murphy, également aux arrangements et à l’orchestration. Soutenue par Matt Gottin-Sheehan derrière les fûts, et une multitude d’autres musiciens, le tandem se montre très créatif.

Cette fois, le ton est résolument symphonique et la soprano s’en donne à cœur-joie en offrant une prestation hors-norme, où mélodie et puissance se fondent dans des compositions aux paysages saisissants. ORYAD possède une maîtrise totale de son jeu basé sur une grande technicité et des harmonies progressives, sans pour autant sombrer dans le pompeux. Les Américains sont d’une fraîcheur incroyable et nous propulsent d’une ambiance à l’autre comme par magie.

Exigeant et ambitieux, « Sacred & Profane » traverse les styles avec élégance, cheminant de passages très Heavy au Doom, et à des atmosphères cinématiques et des éléments d’opéra. ORYAD raconte des histoires souvent épiques, bien aidé par une richesse orchestrale brillante élaborée avec une grande minutie (« Scorched Earth », « Blood », « Alchemy », « Wayfaring Stranger », « Slice Of Time », « The Path part I & II »). Etonnant et rigoureux, ce premier album est fait de poésie et de rêves.

Photo : Emily Winders
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Melodic Metal Metal Progressif Modern Metal

Disillusive Play : à la croisée des chemins

Techniquement imparable, l’effort de DISILLUSIVE PLAY se porte pourtant sur les mélodies et le côté très fédérateur d’un style qui navigue entre Rock et Metal, Heavy et Hard Rock avec des touches progressives aériennes. Beaucoup de registres et de couleurs musicales se croisent donc et se fondent sur « Songs Of The Non-Existent », un opus très bien réalisé et doté d’un équilibre et d’une structure très travaillée. Les grecs n’ont rien laissé au hasard.

DISILLUSIVE PLAY

« Songs For The Non-Existent »

(Wormholedeath Records)

Fondé en 2014 à Athènes, DISILLUSIVE PLAY possède toutes les marques d’un groupe moderne et particulièrement bien ancré dans son temps, pour peu d’avoir l’esprit ouvert et d’apprécier différents courants du Metal et du Rock. Cinq ans après « Open Arms », son premier album, le quintet livre « Songs For The Non-Existent », un disque à dominante mélodique et progressive guidé par une chanteuse au timbre puissant.

Si sa frontwoman, Antigoni Kalamara, imprime un ton résolument Rock, DISILLUSIVE PLAY évolue dans des sphères Melodic Metal qui viennent justement apporter ce contraste original et dynamique. Grâce à des claviers bien distillés et des riffs acérés et accrocheurs, les Grecs dégagent une belle énergie et les nuances progressives de « Songs For The Non-Existent » donnent du relief et une profondeur musicale efficiente.

Très variée, cette deuxième réalisation offre une production soignée, qui met en valeur les solos rapides et virtuoses de Jim Kuikos (« Sisyphus », « Make Them All Feel Good ») et les refrains entêtants à l’œuvre ici (« Queen Of The Night », « Demons Glove »). DISILLUSIVE PLAY a également convié quelques guests et on retrouve donc Bob Katsionis (ex-Firewind) aux claviers, Iliana (Enemy Of Reality) aux chœurs et le bassiste Panagiotis Bourazanis. Un bel album.

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Alternative Metal Alternative Rock International

Lansdowne : no alternative [Interview]

Même si le style commence à faire quelques émules en Europe, l’Alternative Metal/Rock reste un registre typiquement américain et canadien évidemment. Dans la mouvance des plus grands groupes du genre, LANSDOWNE commence à faire de plus en plus parler de lui en Europe, où le groupe est actuellement en tournée. C’était justement l’occasion de poser quelques questions à Glenn Mungo, batteur du quintet de Boston dans le Massachusetts, sur le dernier album « Medicine », mais pas uniquement…

– Vous jouez de l’Alternative Metal/Rock, qui est un style véritablement propre aux Etats-Unis. Même si quelques groupes parviennent à s’imposer dans le monde entier, ils sont peu nombreux. Est-ce que tu penses aussi que c’est un style typiquement américain ?

Oui, je pense que cela vient effectivement des racines du Rock américain. Même si beaucoup de groupes vont dans des directions différentes, il y a toujours ce côté très roots qui reste assez confortable finalement, en tout cas pour nous. Mais on peut voir aussi beaucoup de très bons groupes du même style en Europe aujourd’hui. Techniquement, c’est sans doute plus simple pour nous et c’est vrai qu’on est en train d’essayer d’importer tout ça chez vous ! (Rires

– Justement, est-ce que votre signature l’an dernier chez AFM Records, un label allemand, a aussi pour objectif de sortir de votre pays plus facilement et peut-être aussi de démocratiser le genre ?

Absolument, notre signature avec AFM Records est une façon pour nous de faire un grand bond en avant pour nous focaliser sur l’Europe. Cela fait maintenant 16 ans que nous jouons notre musique et à chaque fois que nous rentrons chez nous, on s’aperçoit qu’il y a un fort potentiel en Europe, au même titre qu’aux Etats-Unis. On a de plus en plus de fans chez vous et AFM Records peut nous aider à propager notre musique plus largement ici. Oui, je pense qu’on peut aider à démocratiser ce style un peu partout.

– En plus de 15 ans de carrière, vous avez  sorti deux EP, deux albums et plusieurs singles. Il s’est écoulé 12 ans entre « Blue Collar Revolver », votre premier album, et « Medicine » sorti il y a quelques mois. C’est très long, comment l’expliques-tu ?

(Rires) Oui, c’est très long ! C’est vrai qu’on a sorti quelques singles ici et là et on a aussi pris le temps de tourner. Et puis, nous nous sommes mariés, nous avons eu des enfants et nous avons eu moins de temps pour nous poser sur la longueur. Mais on n’a pas arrêté de grandir pour autant, mais nous nous sommes réunis moins qu’auparavant, c’est vrai. Alors quand AFM Records nous a fait cette proposition, cela a été le moment parfait pour vous pour nous y remettre vraiment et surtout de prendre le temps de le faire. C’était le bon timing pour un album, et aussi pour repartir en tournée !

Photo : Jared Sher Photography

– Parlons de « Medicine » justement, qui bénéficie d’une grosse et explosive production avec des arrangements très soignés. Avec la pandémie, beaucoup de choses ont été stoppées, bien sûr. Alors est-ce que, finalement, c’est un album sur lequel vous avez pu travailler plus longtemps ?

Oui, certaines chansons ont été écrites il y a des années. Ensuite, la pandémie nous a offert l’opportunité de plus travailler sur nos morceaux, car nous avons eu beaucoup plus de temps pour nous y consacrer. On a vraiment pu le faire tous ensemble cette fois et tout le monde est resté très uni pour parvenir à obtenir le résultat que nous souhaitions. 

– Vous franchissez souvent la frontière entre le Rock et le Metal. J’imagine que sur scène, cela doit être encore plus massif. Où est-ce que tu situes le groupe musicalement ? Un mélange des deux, un équilibre ?

Je ne sais pas si c’est vraiment un équilibre entre le Metal et le Rock. Je pense que nous déployons beaucoup d’énergie sur scène et c’est vrai que nos concerts sont définitivement beaucoup plus Metal dans notre façon de jouer. C’est plus Heavy, plus dynamique aussi. On a beau être un groupe de Rock, on est beaucoup plus Metal en live ! (Rires)

– Le groupe bénéficie d’une grande exposition sur le Net avec des millions de vues et de streams. C’est quelque chose à laquelle vous êtes très attentifs, ou votre objectif reste finalement la scène ?

Internet offre de nombreuses opportunités, c’est clair. On peut s’adresser à nos fans dans le monde entier. C’est quelque chose qu’on ne pouvait pas faire avant, on ne pouvait pas avoir de réelles discussions avec eux. Et puis, on peut nous suivre dans nos vidéos aussi. Il y a quelques années, on avait MTV, mais aujourd’hui Internet nous permet de réagir presqu’instantanément et directement. Les réseaux sociaux ont vraiment changé la donne, car on peut aussi partager des extraits de nos concerts. Par exemple, on peut nous suivre en tournée partout et les gens découvrent également un peu plus nos personnalités.

Photo : Jared Sher Photography

– Vous êtes actuellement au milieu d’une grande tournée en Europe avec plusieurs passages en France d’ailleurs. Comment cela se passe-t-il et quel accueil vous fait le public, notamment français, jusqu’à présent ?

C’est une très bonne question, car on a pu remarquer plusieurs choses. La première est que l’accueil est formidable, car c’est quelque chose d’assez inédit dans notre carrière de pouvoir jouer autant ici. Et puis, ce qui est fantastique, c’est que notre concert à Paris a été tellement bien reçu que nous avons pu ajouter une date à Bordeaux ! Nous sommes vraiment très heureux, car cela montre aussi que le public est au rendez-vous et qu’on a envie de nous voir sur scène ! (Rires)

– Vous êtes en soutien d’Ice Nine Kills sur cette tournée. LANSDOWNE a toujours fait ses preuves sur scène depuis le début. J’imagine que ces moments sur la route doivent vous combler ?

Honnêtement, être sur la route, rencontrer les gens, donner le meilleur de nous-mêmes en concerts sont les plus belles choses qui puissent nous arriver. Et puis, nous avons une personne qui est avec nous et qui organise tout, Marguerite, qui est vraiment fantastique. Elle fait vraiment partie de la famille maintenant ! L’accueil des gens et de nos fans, ici en France, est absolument incroyable ! 

– Enfin, une fois cette longue tournée terminée, est-ce que vous allez directement commencer à travailler sur le prochain album, ou allez-vous profiter d’un repos bien mérité ? A moins que vous enchainiez sur d’autres concerts ?

Nous avons quelques chansons, qui vont bientôt arriver. Elles seront être très vite terminées après cette tournée. Nous allons peut-être sortir un nouveau single en juin, on espère en finir deux autres durant l’été pour présenter un EP dans la foulée. Et nous prospectons toujours pour tourner également ert pour essayer de revenir en Europe à la fin de l’année.

L’album « Medicine » de LANSDOWNE est disponible depuis février chez AFM Records.

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France Metal Indus

Treponem Pal : groove, Metal & tattoo [Interview]

Identifiable entre mille, les pionniers du Metal Indus français sont enfin de retour avec « Screamers », un nouvel album toujours aussi fracassant et Heavy. Entre samples et riffs tranchants, la voix de Marco Neves s’engouffre et vient sondé les âmes sur des textes percutants. Ce huitième album de TREPONEM PAL reste marqué de cette empreinte groove et Metal, qui fait la force du groupe depuis plus de trois décennies maintenant. Entretien avec le chef de la meute, prêt à en découdre sur une tournée qui s’annonce déjà musclée et envoûtante.   

Photo : Suzanne Brun

– Vous nous avez laissé il y a six ans avec « Rockers Vibes » où vous passiez en revue vos influences à travers des reprises très marquées de l’empreinte TREPONEM PAL. Finalement depuis « Survival Sounds » en 2012, vous n’aviez pas énormément composé. J’imagine que la motivation et l’envie n’ont pas manqué pour « Screamers »…

Oui, la motivation était forte, ainsi que l’envie de revenir aux sources et d’avoir une diversité assez conséquente sur l’album avec trois grosses tendances. Et puis, on a aussi trouvé ce deal avec At(H)ome, car ce n’était pas évident de trouver un bon label. On voulait qu’il soit français et indépendant et on est tombé dans le mille. Pour la France, ça démarre bien et on ne va pas tarder à attaquer l’étranger. Tout le monde est motivé et c’est formidable !

– J’ai pu lire que vous aviez réalisé une première version de l’album et que, mécontents du résultat, vous aviez retravaillé l’ensemble. D’autres s’en seraient sûrement contenter, qu’est-ce qui n’allait pas ?

On a surtout retravailler les voix et les textes, en fait. On a aussi habillé et monter quelques morceaux différemment. On a refait environ 70% de ce qui avait été réalisé.

Photo : Muriel Delepont

– Comme souvent chez TREPONEM PAL, il y a du mouvement au niveau du line-up, mais avant de parler des deux nouveaux musiciens, j’aimerais que tu nous parles du retour de Laurent Bizet à la guitare, qui est un membre historique du groupe. Dans quelles conditions son retour s’est-il effectué ? Il y avait un goût d’inachevé de part et d’autre ?

Ce qu’il faut savoir tout d’abord, c’est que Laurent, Nicki et Bastien, qui nous ont tous rejoint pour « Screamers », n’ont pas travaillé sur l’album. Nous l’avons fait à quatre avec Polak, Didier et Jean-Pierre Mathieu. Je le précise à chaque fois, car c’est la vérité de ce disque. Et en fait, une fois qu’on avait terminé tout ça, nous nous sommes dit qu’il nous fallait un bon bassiste, un bon batteur et pour Laurent, on s’est retrouvé par hasard, en fait. On habitait au même endroit sans le savoir et de fil en aiguille, on s’est revu. On s’est ensuite dit qu’on repartirait bien ensemble pour vivre cette aventure avec le reste de l’équipe de TREPONEM. Pour le moment, il est question de la scène et pour l’avenir, on attaquera ensemble le prochain album.

– « Screamers » voit donc l’arrivée de Nicky Tchernenko à la basse et de Bastien Amy à la batterie. Vous vous connaissiez déjà ou est-ce qu’on auditionne aussi chez TREPONEM PAL ?

Oui, on a fait des sortes d’audition. C’est aussi quelque chose qu’on fait toujours de toute façon. Et ça a été long évidemment.

Photo : Muriel Delepont

– Il y a une impression qui domine encore cette fois, c’’est que peu importe le temps qui passe, on retrouve le son et la patte de TREPONEM PAL au fil des albums. Est-ce que finalement la faculté d’adaptation à chaque époque ne résiderait pas dans de solides fondations ?

Oui bien sûr et les nôtres sont là depuis le début. On a une identité, un truc bien à nous et auquel on tient. Nous, on sait que ce que c’est, même si on ne se l’explique pas. On a les sonorités qu’on veut, les rythmes qu’on veut et des ambiances bien définies.

– Avec Polak et Laurent Bizet, TREPONEM PAL est particulièrement bien pourvu au niveau des guitares et pourtant les samples sont aussi très présents. Sans dévoiler vos secrets de composition, comment l’équilibre se fait-il pour rester aussi Metal ?

Je ne sais pas vraiment. Si tu prends un groupe comme Prodigy, ils ont fait quelques morceaux avec des guitares et ils y arrivent très bien. Sur les anciens Ministry, même s’il y a surtout des samples parlés, il y a ce même savoir-faire. Cela dit, on a essayé des trucs électroniques et ça ne fonctionne pas avec les guitares. C’est vrai qu’on a l’habitude de savoir gérer les samples, les claviers et autres avec un équilibre basé sur des guitares très Heavy.

Photo : Muriel Delepont

– A l’écoute de « Screamers », on a le sentiment que vous avez effectué une fois encore un gros travail sur le groove des morceaux. Est-ce que c’est finalement ça qui vous guide ?

Le groove, on l’a toujours eu. Je n’écoute que ça, que ce soit du Reggae et en parallèle des trucs Indus et Punk que j’ai toujours kiffés. J’adore le Reggae Dub surtout et tout ce qui est expérimental en général. C’est vraiment ce que j’aime avec le HardCore-Punk et l’Anarcho-Punk, qui sont des styles droits dans la tête. J’ai aussi besoin de ça par moment, je navigue entre différentes choses.

– D’ailleurs, toujours à propos de sample, ‘machine’ est un mot qui revient souvent dans tes textes avec également ‘Sound System’. Depuis l’album « Higher », les deux termes sont très présents. C’est inconscient ou c’est plus simplement la marque de TREPONEM PAL ?

Oui, c’est un peu la marque de TREPONEM, c’est vrai. En même temps, c’est aussi quelque chose d’inconscient. Cette obsession à la machine est quelque chose qui revient souvent chez moi. Je ne saurais pas te l’expliquer, j’ai besoin de dire ce mot ! (Rires)

– J’aimerais qu’on dise un mot de la pochette, qui renvoie à celle de « Survival Sounds » avec son graphisme asiatique réalisée par Keuns. Celle de « Screamers » est signée Rafto Dilo, qui est aussi tatoueur. Comment est née cette collaboration ? Est-ce lors d’un tatouage et faut-il y voir l’élaboration d’une trilogie d’albums, par exemple ?

En fait, Rafto Dilo a son salon de tatouage, ‘Utopia Tattoo’, à Poitiers et il travaillait auparavant avec Keuns, avec qui je suis entré en contact par le Net. Je l’avais découvert en interview dans un magazine. Il se trouve qu’il connaissait bien TREPONEM. De là, on s’est vu et il m’a tatoué un baku sur le bras droit (créature folklorique japonaise, qui se nourrit des mauvais rêves – NDR). C’est un éléphant et un chasseur de cauchemar, ce qui m’a m’allait très bien ! Ensuite, j’ai rencontré Rafto Dilo, puisqu’il travaillait ensemble, et de fil en aiguille, je lui ai demandé de faire mon bras gauche. Peu de temps après, Keuns a fait la pochette de « Survival Sounds » et en 2020/21, j’ai branché Rafto pour faire la nouvelle, celle de « Screamers ». Alors une trilogie, pourquoi pas ? Je pense que la pochette du prochain viendra encore d’un tatoueur, mais dans un autre style, je pense.

Photo : Muriel Delepont

– Concernant tes textes, ils sont toujours aussi concis et souvent revendicatifs. Comment les travailles-tu, car on peut prendre certains refrains notamment comme des punchlines ?

Oui, depuis toujours. C’est quelque chose qu’on retrouve aussi dans le Hip-Hop ou dans les groupes Electro HardCore. C’est vrai que les punchlines sont un truc que j’aime bien et qui sort naturellement chez moi.

– Il y a un peu plus de 20 ans, en 2001, tu avais sorti un album monumental avec Elephant System. Est-ce que, par un heureux hasard, on pourrait imaginer une suite ?

Oui, mais pas tout de suite. Mais on y a déjà travaillé un peu. C’est vrai que le premier a un son en béton, c’est Adrian Sherwood, quoi ! 

– Enfin, vous allez fouler en juin prochain pour la troisième fois la scène du Hellfest. Tout d’abord, comment abordes-tu un rendez-vous comme celui-ci qui est devenu depuis majeur et surtout est-ce qu’une tournée plus conséquente est-elle en cours de préparation ?

Oui, on a déjà 5/6 dates avant à Paris, Rouen, Strasbourg, Lyon et Lille et ensuite ce sera le Hellfest. On a aussi des concerts prévus pour l’été et la rentrée et on en fera l’annonce un peu plus tard. Mais pour en revenir au Hellfest, Ben Barbaud a vraiment créé un truc de fou ! Il va falloir qu’on montre au public qu’on est toujours là et on va donner le meilleur !

Le nouvel album de TREPONEM PAL, « Screamers », est disponible depuis le 10 mars chez At(H)ome.

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Groove Metal Nu Metal

Brain For The Masses : furious Esperanto

Le Portugal ne cesse de réserver de bonnes surprises en matière de Metal et BRAIN FOR THE MASSES vient renforcer cette belle scène émergeante au talent indéniable. Solide et massif, le quintet vient se loger quelque part entre Fear Factory, Linkin Park et Meshuggah en assumant pleinement la violence de son jeu et l’aspect très fédérateur de ses compos. Une sorte de Modern Metal en version organique et tout en finesse…

BRAIN FOR THE MASSES

« Monachopsis »

(Independant)

C’est assez rare que je chronique des EP, souvent faute de place et notamment aussi face à une quantité démentielle de sorties. Cependant, l’histoire de ce quintet portugais force le respect et surtout, « Monachopsis » est une très bonne réalisation de cinq titres d’une demi-heure intense où de nombreux courants du Metal viennent se bousculer intelligemment. BRAIN FOR THE MASSES fait une magnifique entrée en matière.

Obstinés, les Lusitaniens ont déjà six ans d’existence et même si ce premier effort ne sort qu’aujourd’hui, il a été enregistré en 2019, puis bloqué par cette satanée pandémie. Pourtant, ils n’ont jamais lâché l’affaire et « Monachopsis » montre beaucoup de dynamisme, de volonté et surtout un Metal virevoltant. Capable de nous transporter dans un Groove Metal massif et lourd, BRAIN FOR THE MASSES affiche bien d’autres envies.

Flirtant avec le Nu Metal, le Groove donc, mais aussi avec le Heavy et le Metal Progressif, le combo ne s’interdit rien et paraît même à l’étroit tant il est difficile à loger. Mélodique et puissant, BRAIN FOR THE MASSES livrent des titres aboutis, très bien structurés et que des arrangements soignés font bien respirer (« Bleak », « Seclusion », To Be Alive », « Stay Afloat »). Soutenu par une telle production, les portes semblent grandes ouvertes.