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Blues

Bjørn Berge : steel got the Blues

Entre compos et covers, c’est avec un « Introducing SteelFinger Slim » un peu spécial et inattendu dans son contenu que BJØRN BERGE fait courir ses doigts d’acier sur son instrument. Si la voix inimitable et la liberté absolue dont il a fait sa réputation sont bel et bien intactes, on aurait peut-être apprécié un peu plus de titres originaux, même si sa manière de défourailler les morceaux des autres conserve toujours quelque chose d’assez mystique et de jouissif.      

BJØRN BERGE

« Introducing SteelFinger Slim »

(Blue Mood)

Fidèle à lui-même c’est seul que le Norvégien revient avec un nouvel album, son treizième, et le solitaire bluesman fait de nouveau des étincelles parant son jeu de ses plus beaux atouts. L’acier de son dobro vibre sous son toucher si singulier, passant du picking à la slide avec la dextérité qu’on lui connait et venant se joindre à cette voix profonde et unique avec laquelle BJØRN BERGE nous berce et nous envoûte depuis tant d’années. Et c’est toujours le cas avec « Introducing SteelFinger Man ».

Voix, guitare et stompbox, il n’en faut pas plus au ténébreux Scandinave pour livrer un Blues mâtiné de Rock dans une formule acoustique et métallique si particulière par sa froideur sonore. Pour autant, il se dégage beaucoup de chaleur de ce nouvel opus grâce à des morceaux simples en apparence, mais toujours très bien sentis et d’une personnalité qui fait de BJØRN BERGE l’un des rares artistes de Blues à savoir, et pouvoir, capter l’attention et captiver à chacun de ses disques.

Son timbre guttural nous embraque cette fois sur dix titres qu’il a tenu à enregistrer en une seule journée, une façon d’aller l’essentiel avec autant de spontanéité que de justesse possible. Et BJØRN BERGE sait y faire. Cependant, et même si c’est toujours aussi bien réalisé et arrangé, le fait de reprendre « Get It On » de T. Rex, « Like A King » de Ben Harper, « Spoonful » de Willie Dixon et « Black Night » de Deep Purple dans des versions certes revisitées parait un peu beaucoup sur une production studio.

Photo : Tor Nilssen
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Livre Metal

Furie Arménienne : le combat par le Metal [Livre]

3.000 ans d’Histoire et pourtant la scène Metal arménienne est parmi les plus discrètes au monde. La petite taille du pays explique bien des choses, mais on doit surtout cette faible exposition aux chaotiques évènements endurés par son peuple. Maxence Smaniotto et François Martin se sont penchés sur ce carrefour des cultures et cette « Furie Arménienne » n’est pas une légende, comme l’explique ce nouvel ouvrage aux Editions des Flammes Noires.

FURIE ARMENIENNE

La scène Metal d’Arménie et de sa diaspora

Maxence Smaniotto & François Martin

(Editions des Flammes Noires)

Pour beaucoup, le monde musical de l’Arménie se limite à Charles Aznavour et à d’autres artistes (plus musclés) de sa diaspora comme Serj Tankian de System Of The Down et même la chanteuse Cher pour les plus érudits. Et pourtant, ce petit pays, régulièrement mis à mal par de nombreux conflits géopolitiques, résiste tant bien que mal en s’efforçant aussi de faire vivre sa scène Metal. Enclavés entre la Turquie, l’Azerbaïzan, la Georgie et l’Iran, les musiciens font même mieux que résister.

Maxence Smaniotto et François Martin entreprennent ici, et de bien belle manière, de dresser une sorte d’état des lieux des forces en présence. Et leur récif regorge d’anecdotes bien sûr, mais revient aussi sur la situation du pays à travers son Histoire, son évolution, le tout complété par de nombreux témoignages recueillis auprès des groupes en activité dont le courage, la détermination et l’abnégation sont exemplaires et passionnés. « Furie Arménienne » honore son titre.

L’Arménie fait toujours face à des luttes contre lesquelles elles s’élèvent avec ténacité. Forcément, ce combat est aussi mené artistiquement à travers le Metal et le Rock… point de Reggae à l’horizon, donc ! Les acteurs ne manquent pas et d’autres comme Sakis Tolis de Rotting Christ, Gauthier Serre d’Igorrr ou Tommy Talamanca de Sadist livrent leurs commentaires sur un vécu marquant. D’autres, plus illustres encore, se sont aussi immergés dans le pays… et pas des moindres.

De l’époque soviétique à aujourd’hui, le Metal arménien a évidemment changé et s’est beaucoup émancipé, même s’il reste toujours très confidentiel sur la scène mondiale et même européenne. « Furie Arménienne » nous plonge dans un univers, parfois irréaliste, d’une nation qui ne manque ni de ressource et encore moins de volonté. D’ailleurs, l’interview de Ian Gillian de Deep Purple offre un regard plein d’espoir aussi pour la suite. Captivant et très bien documenté.

Retrouvez tous les livres des Editions des Flammes Noires sur son site : www.edt-flammes-noires.com

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Heavy metal

Joe Lynn Turner : face aux démons

On n’est pas prêt d’enterrer le fringant septuagénaire qu’est aujourd’hui JOE LYNN TURNER. Avec un CV long comme plusieurs bras et un parcours artistique qui force le respect, le natif du New Jersey est plus combatif et robuste que jamais sur ce très bon « Belly Of The Beast », où il présente une sérénité incroyable doublée d’une puissance vocale phénoménale. Et le frontman ne se montre toujours pas rassasié.

JOE LYNN TURNER

« Belly Of The Beast »

(Music Theories Recordings/Mascot Label Group)

En s’associant avec le multi-instrumentiste et producteur Peter Tägtgren (Hypocrisy, Pain, Lindemann), le grand JOE LYNN TURNER livre sûrement l’un de ses meilleurs albums solos. L’Américain et le Suédois font des étincelles et le frontman affiche son incroyable registre vocal qu’il déploie avec force et qui semble même se bonifier avec le temps. Et l’addition de ces deux talents est d’une créativité qui crève les yeux.

Celui a officié avec Deep Purple, Rainbow, Yngwie J. Malmsteen, Sunstorm et sur un grand nombre de projets retrouve une seconde jeunesse avec « Belly Of The Beast », un album musclé, mélodique et très inspiré. Par ailleurs, en faisant état de sa maladie (une alopécie dont il souffre depuis ses trois ans), JOE LYNN TURNER paraît totalement libéré et, même s’il n’a plus rien à prouver depuis très longtemps, on le sent tout de même plus entreprenant.

Pour ce qui est du contenu de cette douzième réalisation personnelle, le chanteur œuvre sur des morceaux taillés sur mesure où il expose pleinement ses capacités vocales… et elles sont vastes ! Passé le morceau-titre qui ouvre les débats, JOE LYNN TURNER continue avec une aisance naturelle à porter littéralement l’album, grâce aussi à des guitares de grande classe (« Tortured Soul », « Rise Up », « Tears Of Blood »). Une belle réussite en tout point !

Photo : Agata Nigrovskaya
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Classic Hard Rock

Snakecharmer : enchanteur

Formé par des musiciens faisant partie du gratin du Hard Rock anglais, SNAKECHARMER est l’un des rares All-Stars band présentant une réelle légitimé. Bien plus qu’une simple accumulation de talents, le groupe rassemble des musiciens évoluant dans le même registre et surtout désireux d’apporter un nouvel éclat à un style parfaitement maîtrisé et hors du temps. Cette « Anthology » est un must !

SNAKECHARMER

« Anthology »

(Cherry Red Records)

En l’espace de dix ans, SNAKECHARMER n’a sorti que deux albums studio, un premier éponyme en 2013, puis « Second Skin » en 2017. Et pourtant, le supergroupe britannique s’était rapidement constitué une solide fan-base, soutenu par des critiques plus qu’élogieuses. Et pour cause, le sextet n’est pas un simple All-Stars band, mais d’abord la rencontre entre des musiciens passionnés et motivés à l’idée de proposer un Classic Hard Rock très personnel aux irrésistibles touches bluesy et aux mélodies accrocheuses.

Fondé par Chris Ousey au chant (Heartland), Laurie Wisefield à la guitare (Wishbone Ash), Harris James à la batterie (Thunder), Neil Murray à la basse (Whitesnake), Adam Wakeman aux claviers (Ozzy Osbourne) et Micky Moody à la guitare (Whitesnake), remplacé depuis par Simon McBride (Deep Purple), SNAKECHARMER possède des atouts plus qu’évidents. De fait, les deux albums sont d’une insolente fraicheur, grâce à des artistes qui sont parvenus à se détacher de l’empreinte de leur groupe d’origine.

Dans un coffret de quatre CD, « Anthology » contient l’ensemble des morceaux des Britanniques, plus trois inédits, remasterisés par l’excellent Tony Dixon, offrant ainsi une belle homogénéité à leur brillant Hard Rock. SNAKECHARMER s’est constitué un répertoire malgré tout assez conséquent. Et quant aux deux autres CD, il s’agit de deux concerts complets enregistrés à Milton Keynes en Angleterre, où l’on peut saisir toute l’intensité et le feeling du groupe sur scène. Indispensable !

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Classic Rock Hard 70's Hard Rock

Purpendicular : la mécanique du groove

En dehors de Deep Purple, Ian Paice sait comment passer du bon temps. Aux côtés de l’excellent Robbie Thomas Walsh, irrésistible au chant, le batteur a rejoint PURPENDICULAR, qui sort aujourd’hui un très bon « Human Mechanic », troisième album du quintet britannique constitué de musiciens d’expérience et surtout au feeling explosif.

PURPENDICULAR

« Human Mechanic »

(Metalville)

Ca n’aura échappé à personne, PURPENDICULAR tire son nom du quinzième album de Deep Purple, qui est aussi le premier de l’ère Steve Morse en remplacement de l’inégalable Richie Blackmore. Mais même s’il s’en inspire librement, et son line-up le rend assez légitime, le groupe suit sa propre voie à travers un Classic Rock qui tire aussi sur le Hard Rock… forcément. Et « Human Mechanic » est une belle respiration, doublée d’une petite parenthèse nostalgique plutôt agréable.

Fondé en 2007 par le chanteur irlandais Robby Thomas Walsh, PURPENDICULAR avait dû renoncer à sortir son troisième album en raison de la pandémie. Avec Ian Paice derrière les fûts et dernier membre originel de Deep Purple, le frontman dublinois ne s’est pas laissé abattre et le groupe, composé de musiciens au feeling débordant, à savoir Nick Fyffe (basse), Christoph Kogler (claviers et orgue) et Herbert Bucher (guitare), est reparti de l’avant. Et entre gros riffs, solos aériens et refrains imparables, ça ronronne.

Très impliqué sur ce nouvel opus, Ian Paice fait parler son groove en totale harmonie avec des lignes de basse rondes et enveloppantes. Il semble réellement s’amuser et le plaisir qu’il prend est vraiment palpable (« The Nothing Box », « Ghost », « Something Magical »). Enfin, une grande partie de la magie de PURPENDICULAR agit aussi grâce à un incroyable orfèvre de l’orgue Hammond et un chanteur impressionnant (« Human Mechanic », « Four Stone Walls », « Soul To Soul »). Magistral !

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Hard Rock

The Dead Daisies : une fontaine de jouvence

Un Anglais, un Australien et deux Américains avec du talent à revendre, telle est la recette et l’alchimie de THE DEAD DAISIES. Plus qu’une réunion de stars, le groupe, qui livre son sixième album, n’entre pas dans cette catégorie des ‘all-stars-band’, qui font étalage de leur virtuosité. Non ici, il est surtout question de feeling et d’une unité dans l’écriture, comme dans l’interprétation, qui force le respect. Et « Radiance », vient rappeler ô combien le Hard Rock a de beaux jours devant lui.  

THE DEAD DAISIES

« Radiance »

(SPV/Steamhammer)

Malgré le tumulte des changements de line-up dont THE DEAD DAISIES s’impose en spécialiste, c’est déjà le deuxième album avec la même formation et le sixième d’une réjouissante discographie. Preuve que le groupe s’inscrit dans la durée ? A l’écoute de « Radiance », c’est vraiment ce que l’on souhaite tant le Hard Rock de ces musiciens hors-norme, et aujourd’hui presqu’iconiques, est limpide, inspiré, d’une fraîcheur et d’une ardeur sans faille. Ces quatre-là n’ont pas dit leur dernier mot, bien au contraire.

Autour de Glenn Hugues (ex-Deep Purple) à l’éternel jeunesse au chant et à la basse, de Doug Aldrich (ex-Whitesnake) héroïque à la guitare aux côtés de l’aviateur acrobate David Lowy et du batteur Brian Tichy (Whitesnake, Billy Idol, Ozzy, …), THE DEAD DAISIES flambe dans un registre immédiatement identifiable où, curieusement, personne ne tire la couverture à soi, mais se met plutôt au service de morceaux énergiques et interprétés par des passionnés comme on en rencontre peu.

Preuve de l’intemporalité du quatuor, le septuagénaire Glenn Hugues se montre aussi performant qu’à ses débuts avec une voix à la fois puissante et tellement Soul. Son groove associé à la frappe délicate de Brian Tichy est ravageur et tellement naturel. Chez THE DEAD DAISIES, tout semble couler de source. C’est tellement évident qu’on se laisse prendre au jeu sans résistance. Le mur du son bâtit par les riffs appuyés et spontanés de David Lowy laisse les mains libres à Doug Aldrich, dont le feeling et la dextérité sont d’une émotion rare.

Sans donner la leçon (car il le pourrait !), le groupe se fait surtout plaisir sur ce « Radiance », bien trop court, mais si bon. Heavy sur le morceau-titre et « Shine On », un  brin vintage sur « Born To Fly », presque Southern sur « Courageous », mordant sur « Not Human », sabbathien sur « Cascade », THE DEAD DAISIES ne s’interdit rien, pas même ce clin d’œil à Richie Sambora sur l’intro de « Kiss The Sun ». Et la production de l’immense Ben Grosse ne fait que mettre en lumière la qualité des mélodies et la précision des arrangements.

Savoir tout faire est une force et lorsque le souffle de la créativité bat son plein, il suffit de le canaliser. Et pour ça, on peut compter sur ces quatre musiciens aux parcours uniques et qui semblent loin d’être rassasiés. L’enthousiasme et l’exaltation sont intactes (« Face Your Fear », « Hypnotize Yourself ») et THE DEAD DAISIES joue des mélodies avec tellement d’habileté et de maestria qu’il entraîne tout sur son passage et clôt ce bel album avec un splendide « Roll On », scintillant de classe. In-con-tour-na-ble !

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Blues Rock Classic Rock Hard Rock

Simon McBride : instinctif

Après avoir évolué auprès des plus grands et récemment au sein de Deep Purple, SIMON MCBRIDE s’offre un nouvel album solo, le quatrième en studio, où il peut enfin s’exprimer pleinement. « The Fighter » est un concentré de haut vol de Rock et de Blues, qui se fond dans un Classic Rock parfois Hard aux saveurs très actuelles et aux guitares acérées.

SIMON MCBRIDE

« The Fighter »

(earMUSIC)

Originaire de Belfast, SIMON MCBRIDE est un musicien plus qu’aguerri qui a fait les beaux jours sur scène d’artistes comme Don Airey et Ian Gillian pour ne citer qu’eux. D’ailleurs, le guitariste remplacera ponctuellement Steve Morse au sein de Deep Purple aux côtés de ses deux complices cette année. Mais aujourd’hui, c’est avec un nouvel album solo, sur lequel il assure aussi le chant, qu’il se présente.

Souvent remplaçant de luxe dans des formations comme Sweet Savage et Snakecharmer, SIMON MCBRIDE a sorti une poignée d’albums solos et « The Fighter » s’avère d’ailleurs le plus personnel d’entre eux. Le six-cordiste y fait notamment la démonstration qu’en plus d’être un très bon chanteur, il est également un songwriter de grand talent. Ses nouveaux titres sont très narratifs dans la forme, tout en restant très Rock.

Redoutable créateur de riffs et distillant des solos millimétrés avec un feeling incroyable, l’Irlandais livre une copie très Rock, voire Hard Rock, et souvent aux frontières du Blues sur ce très bon « The Fighter ». Ancré dans un registre traditionnel, mais jamais passéiste, SIMON MCBRIDE respire un Classic Rock hors d’âge et régale de son toucher si précis (« High Stakes », « Don’t Dare », « The Fighter », « Trouble »).  

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Hard Rock

The Dead Daisies : la formule gagnante

Enregistré à La Fabrique dans le sud de la France, ce cinquième album de THE DEAD DAISIES est probablement son meilleur. Redevenu quatuor, le groupe a gagné en efficacité, ce qui rend son Hard/Heavy Rock irrésistible… Tout comme la prestation hors-norme de Glenn Hugues qui fait son arrivée sur « Holy Ground ».

THE DEAD DAISIES

« Holy Ground »

(SPV/Steamhammer)

L’instigateur de THE DEAD DAISIES, David Lowy, tiendrait-il enfin le line-up idéal de son projet ? Cette nouvelle version du groupe a tout pour elle et la renaissance du combo est bel et bien visible. L’arrivée de Glenn Hugues (basse, chant), en lieu de place de John Corabi et Marco Mendoza pourtant excellents, y est pour beaucoup. Entouré de Doug Aldrich et David Lowy aux guitares et de Deen Castronovo derrière les fûts, l’Anglais offre une prestation vocale époustouflante. 

Entre Hard et Heavy Rock, « Holy Ground » montre un quatuor affûté et dont le talent de ses membres rayonnent vraiment. La basse terriblement groove de Glenn Hugues (« Like No Other ») combinée aux solos millimétrés et tout en feeling de Doug Aldrich (« My Fate ») font ressortir ce qu’il y a de meilleur chez THE DEAD DAISIES. Les riffs acérés de David Lowy et l’énorme travail de Deen Castronovo à la batterie garantissent la bonne marche du groupe.

A la frontière du mid-tempo sur certains titres (« Unspoken », « Holy Ground »), le quatuor garde le même état d’esprit sur tout l’album avec quelques passages Funk et d’autres nettement plus Heavy. Pêchu et assez 70’s (« Chosen And Justified », « Bustle And Flow »), THE DEAD DAISIES s’en donne à cœur-joie sur une belle production signée Ben Grosse (Dream Theater, Sevendust). Sous oublier l’excellent « Far Away » qui clôt l’album et la très bonne reprise de Humble Pie (« 30 Days In The Hole »). Superbe album !