Les Australiens ont toujours eu d’excellents représentants dans le vaste monde du Rock brut et instantané avec un petit côté vintage savoureux, une petite madelaine qu’on déguste sans sourciller. Et c’est exactement ce qui se produit avec STARCRAZY qui, malgré sa jeunesse, a opté pour un Glam Rock réoxygéné, mélodique et percutant. Après deux formats courts, c’est avec un dix titres complet qu’il donne sa vision très neuve et clinquante du genre. Et c’est une réussite.
STARCRAZY
« Starcrazy »
(Independant)
Fondé il y a seulement quatre ans à Sydney, STARCRAZY fait déjà beaucoup parler sur son île-continent et les concerts à guichets fermés attestent de l’élan pris par le groupe. Après deux EPs, « Played For Suckers » (2021) et « Another Day, Another Squalor » (2023), place enfin à ce premier album éponyme, véritable concentré d’énergie positive. En s’engouffrant dans un Glam Rock coloré et punchy, le quatuor avance un pied dans les années 70/80 et l’autre solidement ancré dans son époque avec une approche très actuelle.
Si on pense, par réflexe, à T-Rex et Alice Cooper, voire Cream et Poison, il faut bien reconnaître que STARCRAZY s’en démarque aussi habillement grâce à une dynamique et surtout un son très moderne. Irrévérencieux à souhait, il se présente avec une réalisation très mature, très bien produite et qui libère une fraîcheur pleine de vigueur et d’une douce sauvagerie. Le petit côté rétro planant sur « Starcrazy » va même plus loin qu’un simple effet revival. Le style ici ne manque pas d’originalité et encore moins d’impact.
A la fois glamour et déjà charismatique, STARCRAZY offre une explosion de riffs aiguisés et des refrains entêtants à des morceaux qui accrochent immédiatement. Dès les premières notes de « The Fire », on entre dans le vif du sujet, puis « I Feel Free », « What’s Worth », « Nighttime », « Ain’t That Crazy ? », « Fanzine » » et « Jar Of Dirt » valident l’ensemble. En marge, le combo n’élude pas quelques belles ballades, preuve qu’il maîtrise son propos avec beaucoup de personnalité. Un premier effort très concluant et pour le moins audacieux.
La sortie d’un nouvel album de THE DEAD DAISIES est déjà un plaisir en soi, alors lorsqu’il s’agit en plus d’y retrouver la voix chaude et rocailleuse du frontman John Corabi, il n’en est que décuplé. Et pour leur septième réalisation studio, les désormais australo-américains se montrent redoutables, terriblement Rock’n’Roll et délicieusement addictifs. « Light’Em Up » nous fait presque remonter le temps, grâce à une magie intacte qui doit beaucoup à son époustouflant duo de guitaristes et surtout à de nouvelles compos plus intemporelles que jamais.
THE DEAD DAISIES
«Light’Em Up »
(The Dead Daisies Pty Ltd./SPV)
L’ambition de THE DEAD DAISIES, depuis un peu plus de 10 ans maintenant, a toujours été de perpétuer une belle et très honorable tradition et surtout une certaine idée d’un Classic Hard Rock vivifiant et fougueux. Et bien au-delà de faire du neuf avec du vieux, le groupe a trouvé sa patte, élaboré un son identifiable et surtout vu défiler dans ses rangs parmi les meilleurs musiciens du genre. Toujours autour de son guitariste et fondateur, l’Australien David Lowy, sorte de gardien du temple, « Light’Em Up » apporte son lot de nouveauté, qui se traduit par quelques changements de line-up et une fois encore : on est très bien servi !
Rien n’est donc figé, ce qui n’est pas pour me déplaire, puisque John Corabi fait enfin son retour au bercail, et le quintet acte aussi l’arrivée de Michael Devin (ex-Whitesnake), tous deux en lieu et place de Glenn Hugues pour qui j’ai le plus grand respect, mais bon… THE DEAD DAISIES affiche donc l’une de ses meilleures formations depuis quelques années et, après un « Best Of » pour marquer sa première décennie l’an dernier, repart sur les chapeaux de roues avec dans ses rangs l’incontournable et indispensable Doug Aldrich à la guitare et l’excellent Brian Tichy derrière les fûts. Difficile de rêver mieux !
Composé et enregistré entre Muscle Shoals et Nashville, c’est le producteur Marti Frederiksen qui a mis en lumière les dix titres, dont une très bonne reprise de The Angels, « Take A Long Line », chère à leur compatriote Lowy. Puissant et mélodique, THE DEAD DAISIES livre un Hard Rock aux teintes parfois bluesy sur lequel son chanteur se révèle vraiment être l’homme de la situation. Heavy et accrocheur, « High’Em Up » resplendit de toutes parts et s’avère être le meilleur opus du groupe depuis longtemps (« I’m Gonna Ride », « Times Are Changing », « I Wanna Be Your Bitch », « Back To Zero »). Well done !
Sur une rythmique d’enfer, deux guitares en fusion et un frontman survitaminé, THE SOUTHERN RIVER BAND fait parler la poudre dans un registre intemporel, fruit de la collision entre un Hard Rock authentique aux saveurs bluesy et forcément un peu sudiste et un Rock sans concession. Réputée pour ses prestations enflammées, la formation australienne joue sur une spontanéité débridée, qui fait de « D.I.Y » une réalisation dont l’énergie est plus que communicative.
THE SOUTHERN RIVER BAND
« D.I.Y »
(Independent)
THE SOUTHERN RIVER BAND est un véritable groupe de scène et cela s’entend. Il transpire le Rock’n’Roll à grosses gouttes ! Et ce n’est sans doute pas un hasard si son premier album, « Live At The Pleasure Dome » (2016), a été enregistré en concert. Depuis, il a fait le tour des salles et des clubs de sa grande île, avant d’entrer en studio en 2019 pour y concocter « Rumors And Innuendo ». Addicts au live, les Australiens ont sorti « Live From Rada Studios » il y a deux ans, puis se sont posés pour cet excellent « D.I.Y ».
Le titre de ce quatrième effort parle de lui-même et résume parfaitement l’état d’esprit du combo. Il est peut-être fait-maison, mais il est aussi et surtout très bien réalisé. Originaire de la ville de Thornlie en périphérie de Perth, le quatuor combine un Hard Rock assez classique, et dans la veine de sa scène nationale, avec le côté brut du fameux Pub Rock incontournable là-bas. Et THE SOUTHERN RIVER BAND séduit aussi par cette fougue un brin Sleaze, qui émane de ce « D.I.Y » explosif et entêtant à bien des égards.
C’est « Vice City » qui ouvre les festivités, un morceau que les quatre musiciens déclinent depuis « Live From Rada Studios » et dont ils nous livrent ici les deux dernières (?) parties. L’émotion féroce déployée tout au long de ce nouvel opus est franchement stratosphérique, si l’on tient compte du parcours effectué (« Second Best », « Do You Miss Me When I’m Gone », « Cigarette (Ain’t Helping Me None) », « Chimney » et le fracassant « Stan Qualen ». THE SOUTHERN RIVER BAND entre dans la cour des grands et l’avenir s’annonce radieux.
Pas sûr que ce deuxième album de SHOTGUN MISTRESS soit si révolutionnaire que ça, mais en tout cas, il a le mérite de libérer un Hard Rock pur jus et bien rentre-dedans. « Kings Of The Revolution » nous renvoie de belles saveurs 80’s et 90’s savamment actualisées et est surtout remarquablement interprété et très bien produit. Avec un chanteur et un guitariste de ce calibre, le quatuor peut envisager l’avenir avec sérénité et un grand sourire.
SHOTGUN MISTRESS
« Kings Of The Revolution »
(Independant)
Il y a de l’effervescence sur la scène (très) Rock australienne et le nouvel opus de SHOTGUN MISTRESS tombe à point nommé pour entretenir ce bel élan. Depuis 2020 seulement et après le très convaincant album éponyme qui a fait sensation sur leur grande île natale, les quatre rockeurs récidivent de belle manière avec l’électrisant « Kings Of The Revolution ». Avec une sincérité sans faille, ils s’inscrivent dans les pas des Rose Tattoo, Airbourne et The Poor dans l’intension comme dans l’intensité.
Aux côtés de l’excellent Matt Willcock, véritable machine à riffs et délivreur d’implacables solos, on retrouve Dave Lee à la batterie, Ben Curnow à la basse et le survolté frontman Glenn Patric, qui galvanise et magnétise littéralement ces nouveaux titres. SHOTGUN MISTRESS est en ordre de bataille et n’a pas à rougir face aux formations Hard Rock actuelles. Les références fondatrices sont immédiatement perceptibles elle aussi, mais n’enlèvent absolument rien à la pertinence du propos.
Puissant et accrocheur, « Kings Of Revolution » envoie du bois, même si certains hommages, ou clins d’œil, passent aussi pour des clichés. Ainsi, « Welcome To The Fight » rappelle furieusement « Patience » de G N’R et surtout il y a « Mary Jane » de leurs compatriotes d’Electric Mary. Même si la version est meilleure que l’originale et accueille son chanteur Rusty Brown, sa présence est loin d’être indispensable. Cela dit, SHOTGUN MISTRESS nous régale avec « Sweet Woman », « Shot Down », « Jude Judas », « Headspace » et « Down ».
Tout vient à point à qui sait attendre. Tel pourrait être le mantra d’EMERGENCY RULE, qui a patienté plus d’une décennie avant de sortir « The King Of Ithaca ». Et cette première réalisation est une bombe qui nous plonge dans la fureur et l’efficacité primale et palpitante du Rock véritable. Apre et mélodique, véloce et écrasant, fédérateur et musclé, le combo est à découvrir de toute urgence… et à écouter très fort !
EMERGENCY RULE
« The King of Ithaca »
(Wormholedeath Records)
Si les Australiens sortent aujourd’hui leur premier album, ce n’est pas pour autant des nouveaux venus sur la scène Metal et Rock. Depuis 2012, EMERCENCY RULE distille des singles au compte-goutte (« Snakes Eyes », « Blind », « Flag And A Medal », « The Zealot »). Composé de musiciens plus qu’aguerris ayant œuvré aux côtés d’Universum, Bruce Kulick et Mike Tramp, le quatuor balance un énorme pavé de Hard Rock avec « The King Of Ithaca », dont le contenu est d’une rare explosivité.
Si la puissance paraît être l’un des principaux arguments du groupe, c’est sans compter sur la richesse des genres présents sur ce très vigoureux opus. Le groove épais et gras des deux guitaristes, Chris George et Cal Wegener, mène la danse sur des riffs massifs et incendiaires, qui deviennent inévitablement contagieux au fil du disque. Il y a du Zakk Wylde dans l’air. Et EMERGENCY RULE s’appuie sur les martèlements de son cogneur de batteur, tout autant que sur les lignes de basse de Doug Clark, également chanteur.
Rugueux et brut, le style de la formation océanique puise dans les origines du Heavy, du Hard Rock, ainsi que du Southern et du Stoner. Difficile de résister à cet ouragan de décibels et à la voix rauque et enveloppante de son frontman. L’approche résolument live d’EMERGENCY RULE le rend irrésistible et très vite addictif (« Garden », « Bartender », « Abuse », « Ulysses », « Corporation », « From The Grave »). Et comme chez beaucoup de ses compatriotes, on retrouve cette touche si identifiable de son île-continent.
Quand la délicatesse guide la robustesse du Metal avec autant de savoir-faire et d’inspiration, il est très difficile d’y résister. S’affirmant au fil de ses réalisations avec une créativité qui conjugue des moments éthérés avec d’autres résolument fracassants, CALIGULA’S HORSE n’a plus à chercher ou courir après une identité musicale, qui est devenue tellement évidente. « Charcoal Grace » élève encore le niveau dans des sphères où le Metal Progressif proposé n’a que très peu d’égal actuellement dans le monde.
CALIGULA’S HORSE
« Charcoal Grace »
(InsideOut Music)
Les Australiens peuvent maudire la période du Covid. Un cinquième album, « Rise Radiant », aussi lumineux que puissant presque passé à la trappe, puis le départ du guitariste Adrian Goleby dans la foulée, ont réduit à néant les efforts dans ce (long) moment. Pas, puis très peu de scènes, CALIGULA’S HORSE s’est donc remis à l’ouvrage et même si le contenu de l’album traite du sujet qui a occupé et pollué l’esprit du quatuor, « Charcoal Grace » est de loin la production la plus ambitieuse et audacieuse du groupe depuis ses débuts. En prenant des risques, il se hisse avec force au sommet du Metal Progressif actuel… avec Soen !
Ni le changement de line-up, ni la frustration engendrée par des mois incertains n’ont remis en cause ou en question cette faculté incroyable à composer une musique dont la technique et la technicité se mettent au service de l’émotion. On reconnaît CALIGULA’S HORSE dès l’entame de « Charcoal Grace » et il ne cherche pas à révolutionner le genre, ce qui serait peine perdue. Cependant, s’il est presqu’impossible de réinventer un style déjà très riche, certains parviennent pourtant à renouveler la seule chose qui puisse l’être encore : sa beauté. Et ce sixième opus vient le démontrer avec brio sur une heure intense.
« Charcoal Grace » est un disque assez particulier puisqu’il s’articule autour de sa pièce maîtresse : le morceau-titre courant sur 24 minutes et scindé en quatre parties. Sans pour autant livrer un album-concept, CALIGULA’S HORSE impose un lien entre les morceaux, qui naviguent entre instants suspendus, charges Heavy et massives et une poésie qui croise le fer avec une énergie souvent colossale (le torturé « Golem », le rêveur « Sails », l’accrocheur « The Stormchaser », ou « Mute » et sa flûte enchanteresse). Malgré la longueur des titres, on ne s’y perd jamais, tant l’originalité du combo est unique en son genre.
Certes, si elle les distille au compte goutte, l’Australie a l’habitude depuis longtemps de nous présenter de belles pépites très Rock’n’Roll. Et même si on n’en profite que très peu sur le circuit européen, certaines ont le don pour marquer les esprits. C’est très précisément le cas avec PALACE OF THE KING, dont le style vif, nerveux, mélodique et addictif vient se coincer dans le crâne pour ne plus en sortir. Avec « Friends In Low Places », les Wallabies frappent encore très fort.
PALACE OF THE KING
« Friends In Low Places »
(Reckless Records)
Cinquième album pour les Australiens, auquel il faut ajouter trois EP dont un live enregistré en Espagne. « Friends in Low Places » vient confirmer l’énergie débordante du quintet et le panache dont il fait preuve depuis ses débuts. Durant cette dernière décennie, PALACE OF THE KING a passé une grande partie de son temps en tournée en tête d’affiche chez lui et en partageant la scène avec leurs compatriotes d’Airbourne, Rose Tattoo, The Angels, The Screaming Jets, Baby Animals et quelques autres. Le temps de se faire une place, en somme.
Avec un line-up inchangé depuis sa création, le groupe est un concentré de ce qui se fait de mieux en matière de Rock sur sa grande et lointaine île. Mixant Hard Rock, Pub Rock et Classic Rock avec des saveurs bluesy et southern, PALACE OF THE KING a une incroyable proportion à mettre le sourire et la patate instantanément. Explosif et insaisissable, « Friends Of Low Places » combine cet ensemble bouillonnant à travers une production chaleureuse et équilibrée, qui met parfaitement en valeur des titres flamboyants.
Taillé pour le live, les dix morceaux de cette nouvelle réalisation ne laissent pas un instant de répits. Même lorsque le combo se fait plus tendre et émouvant, il s’en dégage une étonnante puissance aussi musicale qu’émotionnelle (« Down On Your Luck »). Bastonnant à tout va, PALACE OF THE KING balance ses riffs sur un groove d’exception, des refrains entêtants et une façon d’envoyer un fuzz continue (« Children Of The Revolution », « Run For Your Money », « Tear It Down », « I’m Sorry Blues », « Friends Of Low Places »). Robuste !
Avec « New Sensation », la jeune Australienne se présente comme faisant partie de la nouvelle génération du Rock au féminin. Fraîchement signée sur le label italien Frontiers Music, CASSIDY PARIS a parfaitement su s’entourer pour passer le cap toujours délicat du premier effort. Avec un Heavy Rock personnel et solide, la chanteuse et guitariste laisse déjà une belle impression, grâce à une performance toute en maîtrise et des compos accrocheuses et dynamiques, et loin d’être mielleuses. Actuellement en Europe pour une tournée au Royaume-Uni, elle s’est livrée sur son album, les musiciens qui l’entourent et sa vision de la musique.
– Avant de parler de ton premier album, tu étais dernièrement en tournée au Royaume-Uni. Comment « New Sensation » a-t-il été accueilli, car tu as aussi de nombreux fans là-bas ?
J’ai vraiment été bouleversée et touchée par la réaction suscitée pour l’accueil de « New Sensation ». J’avais six cartons remplis de CD qui se sont tous vendus lors de la tournée. C’était une expérience tellement surréaliste. C’est vraiment un rêve devenu réalité d’avoir cette connexion avec les gens. Ce disque représente beaucoup de travail, toute ma sueur et mes larmes de ces six dernières années.
– Pour cette venue en Europe, tu étais entourée de ton groupe habituel, ou par les musiciens qui jouent sur ton album, comme Alessandro Del Vecchio que l’on connait bien chez Frontiers Music, ton label ?
De tous nouveaux membres ont rejoint le groupe. Deux frères, Alex et Tom Rogowski, qui sont des musiciens très talentueux et ils ont été incroyables en apprenant mes chansons. Ils sont maintenant permanents et ils sont impatients de continuer la tournée et de participer à l’écriture et à l’enregistrement de nouveaux morceaux avec moi. Nous avons une vision commune et je suis incroyablement reconnaissante d’avoir autour de moi des gens qui croient en moi comme mon père aussi, Steve Janevski, qui a toujours joué à mes côtés, et Dave Graham à la guitare. La chose la plus importante lorsque je travaille avec des musiciens, c’est qu’ils soient de bonnes personnes qu’ils me soutiennent dans mon parcours, même s’ils jouent aussi dans d’autres groupes. Et j’adorerais bien sûr jouer un jour avec un musicien aussi expérimenté et génial qu’Alessandro.
– D’ailleurs, comment as-tu choisi les musiciens qui t’accompagnent sur « New Sensation », car ce ne sont pas ceux avec lesquels tu joues habituellement. Pourquoi ces changements ? L’album n’a pas enregistré chez toi, en Australie ?
Comme je n’avais pas de membres permanents dans le groupe à l’époque, mon label a fait en sorte que des musiciens enregistrent la basse et la batterie. Alessandro, par exemple, fait partie de ces personnes. Il a produit et joué sur l’album et je suis vraiment contente du résultat final. J’ai été tellement honorée qu’il soit si impliqué. Mirko DeMaio joue également de la batterie sur l’album et il a fait un travail brillant. Pour être honnête, je n’aurais pas pu rêver d’un meilleur groupe avec qui travailler en studio et en live.
Alessandro Del Vecchio a été remarquable dans les différents rôles qu’il a assumé, c’est-à-dire comme producteur, bassiste, pour les chœurs et sur quelques parties de guitare. Ce fut un plaisir absolu de travailler avec lui. Je ne le remercierai jamais assez. Nous avons eu la même vision pour l’album. En fait, l’enregistrer a été un processus très simple, même si j’étais à l’autre bout du monde. J’ai suggéré à mon père et à Dave Graham d’enregistrer les guitares. Il était absolument ouvert à cela. Alessandro leur a fait confiance pour les jouer et je pense que le produit final témoigne véritablement de la musicalité exemplaire de l’album.
– A tout juste 21 ans et avec déjà deux EP à ton actif (« Broken Hearted » et « Flirt »), tu sors ton premier album, qui est d’ailleurs très réussi. Tu avais un peu plus de pression, ou c’était dans l’ordre naturel des choses ?
De la pression ? Pas vraiment, non. J’aime la musique et c’est dans mon ADN. Je joue du Rock’n’Roll, car c’est amusant et que c’est ma passion. Je me sens à l’aise dans ce que je fais et cela me permet de m’exprimer. J’ai évolué à mon rythme et je continue d’apprendre et de me développer dans toutes les facettes de la musique, que ce soit le chant, l’écriture, l’enregistrement et les tournées. J’ai un solide réseau de soutien autour de moi. Cela a été la clef pour devenir l’artiste que je suis aujourd’hui. C’est vrai que, parfois, cela peut être écrasant, surtout quand vous êtes en tournée. J’adore jouer en live, mais en tant que chanteuse, cela peut devenir très exigeant quand on est malade, par exemple. Du coup, la pression que l’on ressent en montant sur scène, si sa voix n’est pas à 100%, peut être forte. Mais c’est la même chose pour tous les artistes. Je suis une artiste Rock et j’adore ça ! Certains disent que je suis trop Pop, mais regardez des groupes comme Def Leppard, Bon Jovi, Poison, Warrant et Vixen. Tous avaient un côté Pop à l’époque. Alors, je fais ce que j’aime et si les gens aiment ça, tant mieux !
– Sur « New Sensation », on retrouve aussi ton mentor Paul Laine (ex-Danger Danger, The Defiants) qui est présent sur les chœurs et aussi comme compositeur. C’était important pour toi qu’il soit présent sur ton premier album ?
Oui et je lui suis très reconnaissante. Il a été une grande source d’inspiration pour moi en tant qu’artiste et aussi en tant que personne. J’ai toujours été fan de Danger Danger et maintenant de The Defiants. Paul fait partie de ces personnes qui sont phénoménales et si naturelles. Je me sens vraiment chanceuse de pouvoir l’avoir comme mentor et ami. Quand nous nous sommes rencontrés, j’avais 11 ou 12 ans. J’en ai maintenant 21 ans et il m’a vu grandir. Il m’a beaucoup appris au niveau du chant et de la composition, et il m’a aussi donné quelques leçons de vie. Paul a eu un impact énorme, non seulement sur ma croissance en tant qu’artiste, mais aussi sur ma vie en général.
– Tu t’es toujours présentée sous ton nom et en tant qu’artiste solo. Tu n’as jamais été tentée de faire partie d’un groupe et d’appartenir à un collectif sous une autre appellation ?
En fait, j’ai toujours eu l’impression que CASSIDY PARIS était un groupe. J’ai trouvé les bonnes personnes avec les frères Rogowski. Ils partagent ma vision et ma passion pour ce type de musique. Dans le même sens et à un moindre niveau, Ils font autant partie de mon groupe que Ritchie Sambora et Tico Torres faisaient partie de Bon Jovi. C’était le nom de Jon, mais ils faisaient tous partie intégrante du groupe. C’est ce que je cherchais aussi de mon côté. Je suis reconnaissante envers tous les musiciens qui ont fait partie de mon voyage. Parfois, il faut juste plus de temps pour les trouver.
– Par ailleurs, tu as déjà beaucoup voyagé et tu as constitué une solide fan-base aux quatre coins de la planète. Toi qui es née avec les réseaux sociaux, est-ce que tu penses que cette nouvelle donne aide beaucoup les artistes émergeants comme toi ?
Les réseaux sociaux ont leurs avantages et leurs inconvénients. Je pense que cela permet aux artistes de promouvoir très largement leur musique. Cela m’a permis d’atteindre un public beaucoup plus large que chez moi en Australie. Cependant, cela présente également des désagréments, comme par exemple les ‘haters’ qui prennent plaisir à s’asseoir derrière leur clavier et être négatifs. J’ai été élevée pour être toujours positive. Si vous n’avez rien de gentil à dire, ne dites rien. C’est juste une question de décence. Pourquoi essayer de démoraliser les gens qui ont des rêves et des aspirations ? Donc, personnellement, je trouve assez alarmant que les gens pensent qu’ils ont le droit de tout critiquer en permanence.
– « New Sensation » est très Rock avec des sonorités tirant aussi sur le Hard Rock avec toujours un côté très mélodique. Y compris dans certaines attitudes, on te sent très proche du monde du Metal. C’est le cas ?
J’ai grandi avec la musique Rock et avec l’aide de mon label, je suis plus qu’heureuse de hisser le drapeau du Rock’n’Roll de la prochaine génération. Je suis une artiste Rock et j’adore ça. J’ai été élevée dans le Classic Rock et le Heavy Metal. On m’a toujours appris à reconnaître une bonne chanson quel que soit le genre. Heureusement, il n’y a que quelques personnes bornées qui ne comprennent pas que ma musique est liée au Hard Rock. Dans le monde du Rock, il existe de nombreux sous-genres. Par exemple, regardez la liste des groupes présents dans un festival majeur comme le ‘Hellfest’. Cela va de Metallica à Foo Fighters, The Offspring et Simple Plan. Tous sont très différents, mais partagent la même scène lors d’un festival. Il y a de la place pour tous styles de groupes.
– Tu es aussi guitariste, et même ambassadrice de la marque Fender, et pourtant sur « New Sensation », Steve Janevski et Dave Graham jouent les guitares. Tu souhaitais te concentrer sur le chant, où est-ce que tu as aussi participé aux rythmiques et aux solos, car trois guitaristes sur un album, ça commence à compter…
Oui, chanter est mon premier amour. Je joue de la guitare en live et j’adore ça. Je suis surtout guitariste rythmique. Mais j’aime les gens brillants et impliqués et je voulais leur donner l’opportunité de montrer leur sens musical sur l’album.
– Pour conclure, nous n’avons pas parlé de composition. Est-ce que tu écris les paroles et la musique de tous tes morceaux, ou est-ce que tu apprécies aussi de collaborer avec d’autres musiciens ?
C’est un mix des deux. J’ai l’impression d’être encore en apprentissage en tant qu’auteure-compositrice. J’ai beaucoup appris, mais j’ai encore tellement à apprendre. Ensuite, certaines chansons sont des collaborations, d’autres sont celles que j’ai écrites moi-même et il y en a quelques-unes écrites par d’autres. Des gens m’envoient aussi parfois des chansons, donc si je peux me connecter à eux, et que je pense que c’est une bonne chanson, je vais l’essayer.
L’album de CASSIDY PARIS, « New Sensation », est disponible chez Frontiers Music.
C’est une réalisation hantée que proposent les Australiens de ROCKY’S PRIDE & JOY avec « All The Colours Of Darkness », sorte de plongeon dans les ténèbres sur un son imposant où se croisent le Doom Metal et le Stoner Psych dans une harmonie morbide, mais tout sauf repoussante. Au contraire, le groove méchamment puissant vient habillement faire contraste avec une voix lointaine, des riffs agressifs et des rythmes organiques et très nuancés. Une belle découverte.
ROCKY’S PRIDE & JOY
« All the Colours of Darkness »
(Electric Valley Records)
Il semblerait que cette maison de chemin de fer maudite en photo sur la pochette, nichée dans la banlieue ouest d’Adélaïde, soit le point de départ de l’inquiétante aventure de ROCKY’S PRIDE & JOY. S’y sont passés des évènements morbides, des rencontres paranormales, des rites occultes, des actions violentes et c’est ce qui a inspiré Brenton Wilson (guitare, chant), Jessi Tilbrook (batterie) et Dominic Ventra (basse). Et ces trois-là sont tellement soudés que l’onde de choc qui secoue ce premier album est assommante, particulièrement vibratoire et dotée d’une interprétation musclée.
En place depuis 2020 et après de nombreux concerts dans son Australie natale, le trio est fin prêt pour se livrer sur huit titres où son Stoner Doom pose une empreinte singulière et originale. Déjà perçue sur les singles « Time’s Up » et « Future Sell » à ses débuts, la démarche de ROCKY’S PRIDE & JOY ne consiste pas seulement à tout écraser sur son passage, elle se révèle bien plus fine et complexe que ça. Certes, les riffs saturés de Fuzz ne manquent pas d’épaisseur, la rythmique est d’une lourdeur absolue, mais le groupe laisse parfois entrer la lumière.
Simple de prime abord, la musique du combo ne brille pas seulement par son efficacité, mais aussi par les détails qui donnent beaucoup de relief aux arrangements de « All The Colours Of Darkness ». ROCKY’S PRIDE & JOY déploie soigneusement sa noirceur avec une dynamique infaillible (« Red Altar », « Revenge », « Crawl », « Tunnel Vision », « Your Hell », « Pure Evil »). La batteuse/cogneuse mène la formation avec force pour nous embarquer dans un univers presque désertique, où l’acoustique « Lucifer’s Lullaby » vient apporter un peu de douceur (!) sur ce très bon premier opus.
La musique d’INNESSA ne manque pas de charme et l’Alternative Folk proposée par la chanteuse, guitariste et compositrice s’ouvre à bien des horizons. Avec « Golden Wreath », la Russe installée en Australie partage un univers assez singulier à la fois slave et celtique, Pop et acoustique… Un moment suspendu.
INNESSA
« Golden Wreath »
(Independant)
Variée et lumineuse, la Folk d’INNESSA montre autant de finesse et de délicatesse que de caractère. Arrivée en Australie depuis sa Russie Natale il y a quelques années maintenant, la chanteuse a déjà sorti trois albums et s’affirme au fil de ses productions. Avec « Golden Wreath », elle présente de multiples visages grâce à une voix limpide, douce et tout en poésie.
Si l’âme slave de la songwriter plane sur « Golden Wreath », d’autres sonorités plus étonnantes viennent alimenter la belle diversité de ce quatrième opus. Très personnel sur le morceau-titre, le style d’INNESSA sait aussi se faire acoustique (« Hollow »), Pop (« Wild Horses », « We », « Strange World »), cinématographique (« Wings ») et très envoûtant (« Wave »).
Autofinancé et très bien produit, l’artiste a apporté un soin tout particulier aux arrangements qui restent sobres et épurés, mais non sans beaucoup de richesse, comme les interventions de violon notamment. D’une belle naïveté sur « Beneath The Azure Skies », INNESSA nous entraîne aussi dans des ambiances celtiques (« Shallop »), avec une flûte enchanteresse. Très réussi !