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Hard Rock Heavy metal

Tygers Of Pan Tang : still alive

Ca rugit toujours du côté de l’Angleterre et malgré plus de quatre décennies de bons et loyaux services rendus à la légendaire NWOBHM, TYGERS OF PAN TANG a toujours les crocs et n’a rien perdu de son mordant. Pour preuve, ce « Bloodlines » créatif et racé, livré par Robb Weir et les siens. Un Heavy accrocheur qui se réinvente.

TYGERS OF PAN TANG

« Bloodlines »

(Mighty Music)

S’il y a un groupe qui est passé à côté d’une très belle carrière, c’est bien TYGERS OF TAN PANG. Grand espoir et même un temps fleuron de la NWOBHM au début des années 80, les Britanniques ont surtout joué de malchance et après six albums réussis, ils se sont mis en veille pendant 12 ans avant un retour en 1999 avec un line-up dont il ne reste que l’inoxydable Robb Weir, détenteur de l’âme des tigres.

Depuis, la formation s’est stabilisé et l’on retrouve les très bons Jack Meille au chant, Craig Ellis à la batterie, Francesco Marras à la guitare et Huw Holding à la basse. Et dire que TYGERS OF PAN TANG est désormais sur de bons rails est un doux euphémisme ! Entre Hard Rock et Heavy Metal, les Anglais ont trouvé un nouveau souffle et la belle production de ce nouvel opus par Tue Madsen est au coeur de cette réussite.

Et puis, « Bloodlines », quatorzième album du quintet, réserve de très bonnes surprises. Heavy et mélodique, il s’inscrit parfaitement dans la deuxième vague de la discographie de TYGERS OF PAN TANG, qui vient rappeler qu’il en a encore pas mal sous le pied (« Edge Of The World », « Kiss The Sky », « Believe »). Le combo fait parler l’expérience et parvient également à se renouveler sans perdre de son identité. Bien joué !

Photo : Steve Christie
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Heavy metal

Todd la Torre : acier trempé

Profitant de l’arrêt brutal de la tournée mondiale de Queensrÿche il y a trois ans, TODD LA TORRE avait pu apporter la touche finale à son premier effort solo. Après une sortie initiale passée un peu incognito, « Rejoice The Suffering » retrouve les bacs et les fans qui l’auraient manqué vont pouvoir enfin se régaler du Heavy Metal tranchant et incisif du chanteur… et batteur !

TODD LA TORRE

« Rejoice In The Suffering »

(ROAR! Rock Of Angels Records)

Sorti en catimini en février 2021 chez Rat Pak Records, le premier album de TODD LA TORRE s’offre une nouvelle mise en lumière grâce à ROAR ! Rock Of Angels Records et c’est une très bonne chose compte tenu de sa qualité. L’ex-Crimson Glory et actuel frontman de Queensrÿche s’offre sa première expérience solo et « Rejoice The Suffering » est un intense et incandescent témoignage de pur Heavy Metal.

Avec son complice Craig Blackwell (guitare, basse, claviers), TODD LA TORRE tient le micro bien sûr, mais on le retrouve aussi derrière les fûts où il livre une très belle prestation. L’autre tour de force du natif de Floride est également de nous faire oublier Queensrÿche et la réussite est totale. Si on pense à Judas, Maiden et Annihilator pour les guitares, « Rejoice The Suffering » s’en démarque facilement pour s’imposer de façon très personnelle.

D’une grande variété, le disque de l’Américain brosse un vaste état des lieux en parcourant presque tous les courants du Heavy Metal avec une modernité et une dynamique qui ne faiblissent pas (« Dogmata », « Apology », « Critical Cynic », « Darkened Majesty », « Vanguards Of The Dawn Wall »). TODD LA TORRE se montre brillant, se présente sous un visage nouveau et prend ici une dimension qu’on ne lui connaissait pas forcément.

Photo : Joe Helm of Silly Robot Studios
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Heavy metal International

Night Demon : un classicisme éclatant [Interview]

Passe de trois pour le combo formé en 2011 à Ventura en Californie, qui surgit avec « Outsider », sorte de madeleine de Proust métallique. Conceptuel, l’album des Américains s’inscrit en effet dans la veine de la NWOBHM, soutenue cependant par une production très actuelle. Egalement bassiste du mythique Cirith Ungol depuis 2016, Jarvis Leatherby, frontman du power trio, revient sur la création de ce nouvel opus, l’évolution du groupe et sur son amour de la scène. Entretien.

– Tout d’abord et malgré ces dernières années compliquées pour tout le monde, on sent avec ce nouvel album que NIGHT DEMON est en pleine forme et très créatif. Vous en avez profité pour réfléchir sur le groupe et peut-être aussi lui donner de nouveaux objectifs ?

Oui, c’est vrai que cette pandémie a impacté l’ensemble de la société. Nous l’avons assez mal pris, parce que cela nous a empêché de tourner… et nous adorons tourner ! Depuis 2016, nous avons fait plus de 600 concerts. Cela dit, ça a été une bonne chose d’avoir un peut de temps pour pouvoir travailler sur ce nouvel album, c’est vrai. Mais je suis content que ce soit terminé, même si cela a été intéressant pour plusieurs raisons.

– En un peu plus de dix ans, vous comptez trois albums et même une compilation. Ce qui étonne aussi, c’est la sortie de neuf singles en plus de votre premier EP et d’un Live. Pourquoi autant de singles, c’est pourtant assez rare dans le Heavy Metal traditionnel ?

Oui, c’est vrai qu’on a sorti pas mal de singles. Nos albums sont très différents les uns des autres et finalement, c’était une bonne solution. On a fait ça en 2020 surtout. C’était juste histoire de changer un peu notre fonctionnement et d’essayer autre chose. Mais nous préférons bien sûr sortir des albums complets.

– Vous revenez donc avec « Outsider », qui est sans doute votre album le plus abouti, notamment au niveau de sa composition. En intégrant des passages plus lents et mélodiques, l’objectif était-il de peaufiner votre son et votre style ?

En fait, on ne voulait surtout pas se répéter. Tous nos albums ont toujours été un peu progressifs et on voulait revenir au son et au style beaucoup plus classique du Heavy Metal. On essaie de se renouveler à chaque album et on se pose toujours la question de savoir dans quelle direction nous allons aller. On voulait un son frais. Nous ne sommes pas un groupe comme AC/DC, par exemple, nous sommes incapables de faire ça. On a besoin de changer à chaque fois et c’est précisément ça qui nous intéresse et nous motive. 

– Même si l’on retrouve toujours l’influence de la NWOBHM, on a aussi le sentiment que votre style s’est également beaucoup américanisé. Tu le vois comme une sorte d’émancipation ?

Je ne sais pas trop. Je pense que les choses arrivent naturellement. Ce n’est pas quelque chose de conscient, ni de calculé. On essaie de sonner comme nous le ressentons sans trop prêter d’attention à ce qui nous entoure. C’est une question intéressante, je n’y avais jamais vraiment pensé auparavant. Il y a peut-être plus d’influences américaines sur ce nouvel album, mais je ne pense pas que nous sommes vraiment identifiables comme étant typiquement américain dans le son. Et il y a tellement de très bons groupes de chaque côté de l’Atlantique.

Jarvis Leatherby

– Pour la première fois, NIGHT DEMON se présente avec un album-concept. C’est quelque chose que tu avais en tête depuis longtemps, ou cela s’est finalement imposé assez spontanément ?

Oui, on avait ça en tête depuis un moment, mais c’est très compliqué à réaliser. On a déjà enregistré des albums qui contenaient deux-trois morceaux qui tenaient sur la même histoire. Cette fois, j’avais plus de temps pour me poser et écrire, car l’exercice n’est pas facile. Ecrire une histoire est comme écrire le scripte d’un film. J’ai toujours eu envie de le faire. Et cette fois, j’ai enfin pu le réaliser.

– Il y a un aspect très cinématographique et narratif justement sur « Outsider ». Selon toi, c’est le résultat d’un travail plus pointilleux sur les riffs, ou ce sont plutôt les textes qui ont donné le ton et la dynamique ?

Je pense que c’est surtout le fil de l’histoire qui donne cette dynamique. Il faut ensuite trouver la bonne musique qui va venir se poser dessus. On a vu ça comme un nouveau challenge et on a vraiment trouvé ça très cool à faire.

– La force et la particularité de NIGHT DEMON sont aussi d’évoluer en power trio. Et on a l’impression qu’il ne peut en être autrement. C’est aussi ton avis ?

En fait, on ne l’a pas fait exprès ! (Rires) Nous sommes vraiment très investis dans ce que nous faisons. C’est même assez saisissant ! On pourrait avoir un deuxième guitariste, mais je ne sais pas ce qu’il ferait. Cela apporterait sûrement un plus gros son, mais être à trois est vraiment quelque chose qui nous pousse encore plus et nous sommes heureux du résultat. On a déjà eu un second guitariste, mais bon… C’était un peu le bordel ! (Rires)

– Plusieurs passages plus lents de ce nouvel album débouchent aussi sur des aspects plus progressifs et même Doom par rapport à vos précédentes réalisations. C’est le fait de plus prendre le temps de poser certaines atmosphères qui vous y a conduit ?

En fait, c’est vraiment l’histoire qui nous guide et nous conduit à ces types de sonorités et d’ambiances. L’album s’écoute en entier et il est difficile de prendre les morceaux séparément. Il y a un réel fil conducteur. La partie Doom correspond aux passages plus sombres et pesants de l’histoire, alors que d’autres seront plus dans l’émotion. On a essayé de jouer la musique qui correspondait le mieux aux paroles. Ce sont les textes qui te disent où aller. On ne se pose pas de milites, nous ne sommes ce genre de groupe.

– Comme souvent chez NIGHT DEMON, les moments épiques ne manquent pas sur « Outsider » avec un côté sombre et aussi des passages accrocheurs et très speed. L’album étant assez narratif, votre intention est-elle de le jouer dans son intégralité et chronologiquement sur scène ?

Oui, absolument, à 100% ! Il y a beaucoup de groupes qui composent des morceaux très longs de 20 minutes. « Outsider » dure 35 minutes et nous avons choisi d’écrire des chansons assez courtes. On peut le jouer dans son intégralité, même s’il manquera quelques ‘classiques’ aux fans. (Rires) Mais oui, c’est notre objectif avec ce nouvel album.

– Enfin, si les groupes références sont toujours très nombreux dans le Heavy Metal, ils se font aussi vieillissants. N’est-ce pas l’heure pour NIGHT DEMON de s’imposer enfin, d’autant que vous êtes soutenus par le solide label qu’est Century Media ?

Ce n’est pas à nous de décider de ça, mais bien sûr que c’est notre volonté. Il y a beaucoup de groupes qui sont dans notre position et qui sont très bons. Mais c’est vrai que lorsque tu as déjà cinq ou six albums derrière toi, tu es en droit de te dire que c’est ton tour. C’est aussi la responsabilité des fans, des festivals et de la presse également. C’est aux festivals de mettre de jeunes groupes un peu plus haut sur l’affiche. Si les groupes sont bons, alors c’est leur place ! Et c’est l’occasion de montrer au public à quel point ils sont bons et qu’il faut les soutenir. Et si cela n’arrive pas très vite, il va y avoir un problème, parce que le fossé entre les anciens et les nouveaux va encore plus se creuser. Et si on n’arrête pas tout ça rapidement, ça va être la fin de beaucoup de choses. Il ne restera plus que des vieux groupes et des Tribute bands et donc, au final, la même musique tout le temps !

« Outsider » est disponible depuis le 17 mars chez Century Media Records.

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Heavy metal Heavy Psych Rock International Proto-Metal

Warlung : une question d’équilibre [Interview]

Au croisement entre le Psych et le vintage, WARLUNG présente une Heavy Metal tranchant et mélodique. Bardé de solos enflammés, de chorus très NWOBHM et d’un travail très précis sur les voix, le style des Texans repose sur autant de traditions que sur un aspect visionnaire où l’esprit et le son du Doom a laissé une forte empreinte. Sorti en novembre dernier, le quatrième album du quatuor embrasse les générations avec malice et puissance. Entretien avec un combo ravit de venir poser ses valises en Europe le mois prochain pour quelques dates.  

– Dès 2017 avec « Sleepwalker », vous avez conquis la scène underground Heavy Rock, et moins de six ans après, WARLUNG en est déjà à son quatrième album. Vous imaginiez que les choses iraient aussi vite ?

Eh bien, je ne suis pas sûr que nous ayons encore conquis la scène underground, mais nous y travaillons ! Le projet a commencé par une jam amusante et c’est vrai que nous n’aurions jamais pensé faire quatre albums. Heureusement, nous avons des fans géniaux et avec l’aide de Heavy Psych Sounds Records, nous nous sentons plus inspirés que jamais. L’écriture peut être rapide même si, pour nous, nous sommes toujours impatients de travailler sur de nouveaux morceaux. Et malgré ce nouveau disque tout juste sorti, nous discutons déjà des prochains et de tournées.

– Avec « Optical Delusions », vous aviez déjà placé la barre très haut et sur « Vulture’s Paradise », vous vous surpassez à nouveau. Dans quel état d’esprit étiez-vous au moment de la composition ? Vous sentiez que vous aviez un nouveau challenge à relever ?

Il peut être à la fois effrayant et inspirant de se fixer un objectif. D’un côté, nous nous inquiétons de la façon dont nous sommes censés améliorer les choses, mais de l’autre, nous nous disons : « Qui s’en soucie ? Faisons simplement la musique que nous voulons entendre ! ». À chaque enregistrement, nous regardons en arrière et discutons de ce que nous avons bien fait et de ce que nous pourrions mieux faire. En théorie, tout devrait être plus élaboré. Que cela se produise, ou pas, dépend aussi de nos auditeurs. Mais quand on compose, c’est avant tout pour s’amuser.

– En réécoutant votre précédent album, j’ai trouvé que « Vulture’s Paradise » se présentait comme une suite logique. Vous semblez ne pas avoir tout dit sur « Optical Delusions », c’est le cas ?

Jusqu’à présent, chaque fois que nous répétons, chaque concert que nous faisons et chaque fois que nous sommes allés en studio, c’était génial. On arrêtera de faire de la musique uniquement quand ça cessera d’être amusant. Je ne peux pas parler pour l’avenir, mais à l’heure actuelle, le puits créatif n’a pas fini d’être exploité. Nous avons toujours plus de matériel, donc il reste beaucoup d’idées. Sur « Vulture’s Paradise », par exemple, nous avions environ 60 minutes de musique et nous n’en avons enregistré que 44. Chaque album est un mélange de morceaux plus anciens et retravaillés avec des choses plus récentes, de sorte que les albums ont tendance à ressembler à une transition naturelle.

– Il y a un côté obsédant dans la musique de WARLUNG, qui vient sûrement de l’ambiance et de l’esprit jam qui règnent sur vos albums. Pourtant, tout semble très écrit malgré tout. A quel moment l’improvisation intervient-elle lors de l’écriture ?

Nous apportons tous nos idées. Parfois, l’un d’entre-nous enregistre un brouillon de quelque chose sur lequel il a travaillé ou le joue simplement lorsque nous sommes ensemble. Qu’il s’agisse d’un riff, d’une mélodie ou simplement de paroles, il y a généralement suffisamment de matériel pour concevoir un morceau. Nous voyons tellement de groupes jouer un riff et rester dessus. C’est agréable de temps en temps, mais ça devient vite fatigant d’entendre ça chanson après chanson, disque après disque, groupe après groupe. Nous préférons concevoir notre musique avec un peu plus d’intention pour la garder intéressante et unique. Cependant, nous avons envisagé d’ajouter de l’improvisation dans nos concerts et sur un futur disque également, alors nous verrons !

– J’aimerais que vous nos disiez aussi un mot sur les textes. Ils traitent souvent de la mort et de la destruction. Vos paroles semblent en totale opposition à la luminosité de votre musique. C’est un contraste sur lequel vous aimez jouer ? Ou c’est par ironie ou une sorte de contre-pied ?

Même si nous ne nous considérons pas comme ‘Doom’, nous aimons toujours explorer les thèmes sombres inhérents à ce type de musique. Nous explorons consciemment des concepts et des récits pour que chaque chanson ait sa propre identité. Nos paroles vont d’événements historiques au psychédélisme ou même de la vente d’organes sur le marché noir, par exemple. Mais finalement, les histoires de création et de destruction sont les plus anciennes jamais racontées. La plupart des religions, des films et de la littérature fait aussi très souvent référence à ce concept, parce qu’il est tellement familier avec l’expérience humaine.

– Par ailleurs, WARLUNG combine un registre basé sur l’héritage de la NWOBHM avec des éléments proto-Doom, Psych et Prog 70’s. Et pourtant, la production de vos albums est très actuelle. Alors que beaucoup de groupes s’immergent dans des réalisations entièrement vintage, WARLUNG joue encore sur le contraste entre la modernité et le passé. Vous semblez aimer toutes formes de dualité finalement. C’est un exercice qui vous plait à ce point-là ?

A un moment donné du processus d’enregistrement, nous avons une conversation avec les ingénieurs du son sur ce point précis. Nous nous efforçons de trouver un juste milieu entre le son vintage et moderne. Les groupes qui font un son totalement vintage sont impressionnants, mais nous n’y arriverons probablement pas. Nous ne sommes pas un groupe basé sur le jam ou le psychédélisme, donc notre musique nécessite une touche moderne. De plus, nous apprécions autant les groupes modernes que les classiques. Nous n’avons donc aucune raison de nous en tenir à l’un ou à l’autre. Nous pouvons faire l’équilibre entre ces deux mondes.

– Enfin, un mot sur la tournée européenne qui se profile en février. Comment l’abordez-vous et qu’en attendez-vous par rapport au public américain que vous connaissez bien maintenant ?

Nous avons été signés chez Heavy Psych Sounds Records pendant la pandémie et comme nous n’avons pas encore pu nous déplacer, nous sommes très, très excités à l’idée d’aller à l’étranger ! Malheureusement, notre section rythmique reste chez nous pour s’occuper d’un souci de santé familial. Même s’ils vont nous manquer, nous croyons en la famille d’abord et soutenons leur décision de rester. Heureusement, nos amis Travis et Austin de Houston’s Kill The Lizard vont nous rejoindre à la basse et à la batterie ! En Amérique, nous pouvons jouer devant deux personnes ou 200, donc nous n’avons aucune attente. Nous sommes simplement heureux d’être là. L’opportunité de jouer devant des gens du monde entier et de voir des endroits où nous ne sommes jamais allés est un rêve absolu. Alors si vous nous voyez dans votre ville, venez partager une bière avec nous !

« Vulture’s Paradise » est disponible chez Heavy Psych Sounds Records.

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Hard 70's

The Riven : une joyeuse nostalgie

Depuis quelques années maintenant, on assiste à l’émergence d’une vague Rock et Hard Rock très 70’s interprétée par de jeunes groupes qui, pourtant, n’ont pas connu cette époque de grande liberté artistique qui propageait une sorte d’insouciance bienfaitrice. Et c’est donc le cas avec THE RIVEN, quintet suédois, qui revient avec « Peace And Conflict », un nouvel opus léger dans le ton et musclé dans la forme.

THE RIVEN

« Peace and Conflict »

(The Sign Records)

Six ans d’existence et deuxième album pour les Suédois de THE RIVEN qui se perdent de belle manière dans les années 70 et 80 et un Hard Rock légèrement Heavy et un brin psychédélique. Si de jeunes groupes se retrouvent dans ce revival, ce n’est pas vraiment un hasard, mais plutôt l’envie de délivrer une certaine vérité artistique à la fois roots et authentique.

Sous l’impulsion de sa frontwoman, Totta Ekebergh, THE RIVEN fait preuve d’une douce folie musicale, à l’instar d’ailleurs des Canadiens de The Damn Truth dont le registre est assez proche. Mais les Scandinaves ont d’autres atouts en main, notamment deux bons guitaristes, Arnan Diaz et Joakim Sandgård, formés façon NWOBHM à faire briller les twin-guitars et les solos partagés.

Organique et robuste, ce nouvel opus libère des vibrations tout en nuances avec de belles mélodies, sans négliger la puissance de riffs bien appuyés (« On Time », « The Taker », « On Top Of Evil »). THE RIVEN s’autorise aussi une petite escapade hispanique avec « La Puerta Del Tiempo », une ambiance planante sur l’excellent « Sorceress Of The Sky » et finit en beauté avec le très bluesy « Death ». Complet et solide.

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Heavy metal Speed Metal

Rising Steel : crossover Heavy

Affichant une belle puissance et des morceaux costauds et véloces, RISING STEEL sort un troisième album dans lequel le groupe peaufine son Crossover Heavy, teinté d’éléments Thrash et Speed Metal. En s’éloignant ainsi du son de la MWOBHM, mais on conservant sa structure et ses codes, les Rhodaniens s’inscrivent dans une modernité flagrante en dépoussiérant quelques peu leur registre pour le rendre plus hargneux et massif.

RISING STEEL

« Beyond The Gates Of Hell »

(Frontiers Music)

Depuis son premier EP en 2015 (« Warlord »), RISING STEEL poursuit son chemin avec une régularité remarquable, tant dans le rythme de ses productions que dans leur qualité. Et il faut reconnaître que les Grenoblois affinent leur style depuis quelques années aujourd’hui et le Heavy Metal du combo se précise au fil des albums. Ancré dans un Heavy Metal Old School, qui vaut surtout par les caractéristiques de la voix de son frontman Emmanuelson, d’autres particularités se font plus présentes.

Sans tomber franchement dans un registre Thrash, les guitares notamment ne sont pas sans rappeler dans leurs riffs celles qui firent les belles années de la Bay Area. Cependant, la comparaison est plutôt sonore car, musicalement, on se rapproche nettement plus d’un Speed Metal plus européen. Bref, ce qui importe ici, c’est que RISING STEEL se forge une identité musicale très identifiable, qui vient probablement aussi des nombreuses tournées aux côtés de cadors du genre ces dernières années.

Mais revenons à « Beyond The Gates Of Hell », troisième opus des Français, qui ne manque ni de vigueur, ni d’inspiration. Direct tout en restant mélodique, la maturité affichée sert des morceaux solides et racés. RISING STEEL ne lève pas le pied un seul instant et assène un Metal aux variations très maîtrisées (« Life Awaits », « Infinite Pain », « Skullcrusher », « Beast », et le très bon « We Are Free » qui vient clore l’album). Enregistré chez lui et mixé en Suède, cette nouvelle réalisation marque une assise indiscutable.    

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Heavy metal

Stryper : au nom du riff

Toujours très familier, le Heavy Metal de STRYPER traverse le temps sans perdre de sa saveur et de son enthousiasme, et « The Final Battle » est aussi vigoureux qu’acéré et entraînant. Le quatuor californien reste bien sûr imperturbable et fidèle à son White Metal et l’entendre aussi solide et inspiré est un vrai plaisir. Michael Sweet et sa garde rapprochée sont loin de rendre les armes.

STRYPER

« The Final Battle »

(Frontiers Music)

C’est toujours sous son line-up original, celui de 1983, que STRYPER continue sa croisade et l’emblématique groupe de Metal chrétien tient même avec « The Final Battle », l’une de ses meilleures réalisations. Toujours guidé par un Michael Sweet vocalement en grande forme et qui compte aussi une dizaine d’albums solos à son actif, le quatuor perpétue son Heavy Metal mélodique et musclé.

Comme au premier jour, les Californiens envoient du bois, multipliant les refrains fédérateurs et enchainant les riffs racés et les solos héroïques. Comme déjà perçu sur « Even The Devil Believes » en 2020, la puissance et la force d’attraction de STRYPER sont intactes. Aux guitares, Oz Fox et Michael Sweet se relayent sur des rythmiques galopantes et des chorus endiablés toujours dans cet esprit très 80’s caractéristique.

Très inspirés par la NWOBHM, les Américains ne dévient pas du style qui a fait leur réputation, à savoir véloce et sans doute moins rugueux que le registre européen. Au chant, Michael Sweet reste au sommet depuis toutes ces années et offre vraiment à STRYPER une saveur toute particulière et reconnaissable entre mille (« Transgressor », « Rise To The Call », « No Rest For The Wicked », « Till Death Du Us Part »). Imparable !

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Heavy metal Speed Metal

Raven : rétro-hyperactif

Petite remise en jambe et belle révision des 15 dernières bouillonnantes années de RAVEN, trio pionnier du Speed/Thrash, et fidèle représentant des belles épopées Metal et Heavy britanniques. Fondé par les frères Gallagher, John et Mark, le combo est loin d’être rassasié et demeure toujours débridé et exalté à deux ans de son cinquantième anniversaire, comme le souligne ce « Leave ’Em Bleeding », sorte de piqûre de rappel.

RAVEN

« Leave Em Bleeding »

(SPV/Steamhammer)

Trop souvent relayé au second plan de la fameuse NWOBHM, RAVEN est pourtant l’un des trios les plus explosifs des quatre (presque cinq !) dernières décennies. Il est même fort à penser que sans la contribution plus qu’active des frères Gallagher, le Speed Metal et même la scène Thrash actuelle seraient bien différents. Ce n’est d’ailleurs pas un hasard si le combo anglais est l’un de ceux qui a le plus tourné aux Etats-Unis, trop peu considéré chez lui.

Bref, passé ce rapide condensé historique, RAVEN est déjà de retour deux petites années après le très bon « Metal City ». Cependant, « Leave ’Em Bleeding » tient plutôt d’une sorte de compilation que d’une nouveauté studio. Concentré sur ces sept dernières années, on retrouve trois titres du dernier opus, deux autres du précédent « ExtermiNation » et six inédits dont deux très bonnes reprises de Thin Lizzy, « Bad Reputation », et de Montrose avec « Space Station #5 ».

RAVEN est un modèle du genre de régularité en termes de créativité, d’envie et d’énergie déployée. Le Metal très athlétique du gang de Newcastle continue sa croisade Metal comme viennent le rappeler « Necessary Evil », « Top Of The Mountain », « Rock This Town » et les versions live de « Crash Bang Wallop » et « Stay Hard ». Si vous êtes passés à côté de ce monument de Heavy Speed britannique, il est grand-temps de s’y mettre !

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Thrash Metal

Municipal Waste : crossover party

Cinq ans après le décapant « Slime And Punishment », les Américains de MUNICIPAL WASTE refont surface avec « Electrified Brain » qui, comme son nom l’indique, possède tous les ingrédients pour un bon retournement de cerveau dans les règles. Et malgré le temps qui passe, c’est toujours agréable de constater que le Thrash Crossover du quintet n’a pas pris une ride, ni bougé d’un iota.

MUNICIPAL WASTE

« Electrified Brain »

(Nuclear Blast)

Cela fait plus de 20 ans maintenant que le gang de Richmond, Virginie, propage son Thrash Crossover et avec « Electrified Brain », on ne peut pas dire qu’il ait levé le pied. Ce septième album des Américains est un concentré de Metal de 14 titres rassemblés sur 34 petites minutes. Autant dire que ce nouvel opus est féroce et intense. MUNICIPAL WASTE n’est pas là pour faire le pied de grue.

Le quintet se livre sur un rythme effréné à travers des morceaux racés et frontaux, et ce qui surprend avec « Electrified Brain », c’est que l’esprit ‘déconne’ qui caractérisait le combo semble avoir presque disparu. La Thrash party habituelle a perdu de son entrain et se fait désormais beaucoup plus sérieuse. Par ailleurs, c’est aussi l’occasion de découvrir MUNICIPAL WASTE sous un angle que l’on ne voyait que trop peu.

L’esprit Old School chevillé au corps, le groupe continue d’appliquer une recette gagnante, mêlant des passages très NWOBHM à des composantes carrément Hard-Core (« Ten Cent Beer Night », « Barreled Rage »). A travers un Crossover très efficace, MUNICIPAL WASTE avance façon rouleur-compresseur et en profite pour balancer quelques bonnes claques (« Last Crawl », « The Bite », « Crank The Heat »).

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Heavy metal

Crazy Hammer : un héritage assumé

Très actuel dans le fond comme dans la forme, le Heavy Metal des Français vient ouvrir une brèche dans le paysage hexagonal. Avec « Roll The Dice », on a même l’impression d’écouter un groupe étranger tant la production, l’impact et la réalisation des morceaux sont solides et percutants. CRAZY HAMMER se montre ambitieux et il y a de quoi !

CRAZY HAMMER

« Roll The Dice »

(M&O Music)

Fondé en 1987 à Tarbes dans le sud-ouest, le quintet semble vivre (et pleinement !) une deuxième vie. Après quelques démos jusqu’en 1991, le groupe s’est mis en veille jusqu’en 2015. S’en suivra l’album « Résurrection » cinq ans plus tard, dans lequel CRAZY HAMMER reprend et dépoussière ses titres phares. Aujourd’hui avec un line-up quasi-inchangé, les Gascons font leur retour avec le très bon « Roll The Dice ».

Enregistré dans leur propre studio et masterisé par HK au Vamacara, ce deuxième opus présente des compositions très matures et inspirées. Et si finalement CRAZY HAMMER avait eu besoin de ce long break et de cette renaissance pour revenir avec un niveau de jeu de pareil ? Musicalement aussi, son Heavy Metal se distingue de la scène hexagonale. Ici, pas de ‘French Touch’, mais un style efficace, percutant et personnel.

Influencé par des légendes comme Helloween, Judas Priest, Dio ou Iron Maiden, le combo propose un son moderne dans une veine très british. Les riffs sont racés, les chorus entraînants, la rythmique virevoltante et le chant rivalise avec les meilleurs frontmen étrangers (« Another Way », « Believe A Word », « All For One », « Pray For God »). CRAZY HAMMER se montre incisif, épique et « Roll The Dice » massif et mélodique.