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Heavy metal International

Motorjesus : God’n’Roll [Interview]

En 25 ans, les Allemands se sont forgé une solide réputation, tout en restant à leur place, une volonté affirmée. Après un « Hellbreaker » resté dans les mémoires, le quintet surgit avec « Streets Of  Fire », un disque toujours aussi Rock’n’Roll dans l’esprit et l’attitude et terriblement Heavy Metal dans le son. Basé sur une énergie constante, des riffs racés et une rythmique qui ne lève jamais le pied, MOTORJESUS régale avec une septième réalisation, qui s’annonce déjà comme l’un des albums phares de l’année. L’occasion d’en parler avec son fougueux frontman, Chris Birx, heureux lui aussi de remettre le feu.

– Quatre ans près « Hellbreaker », vous êtes de retour avec « Street Of Fire », un nouvel album nerveux, qui dégage une certaine urgence. Vous étiez impatients de présenter ces nouveaux morceaux, dont on peut sentir la pleine puissance ?

Oui, un peu, comme c’est le cas à chaque album d’ailleurs. On a déjà présenté plusieurs singles : « Somewhere From Beyond », « New Messiah Of Steel », « Streets Of Fire » et « Return To The Badlands », mais nous étions impatients que l’album sorte enfin ! Tu sais, on l’a mixé en octobre dernier et il est prêt depuis un bon moment maintenant, plus de six mois. Oui, c’est cool qu’il soit enfin là, car ça commence à faire long pour nous aussi.

– Vous avez à nouveau travaillé avec Dan Swanö (Opeth, Edge Of Sanity) pour la production. J’ai l’impression qu’avec lui, vous avez trouvé le son qui correspond le mieux à MOTORJESUS. Comment travaillez-vous ensemble ? Lui laissez-vous carte blanche sur certaines choses ?

Oui, sur plusieurs parties. Nos échanges pour le mix et le mastering se sont faits par email. Je lui ai d’abord envoyé les morceaux et il m’a proposé de changer certaines choses et d’en améliorer d’autres. Tout s’est passé de manière très simple, dans une bonne ambiance et le contact entre nous a vraiment été facile, très fluide et réactif. On a eu de bonnes vibrations, car c’est quelqu’un de très agréable et aussi l’un de mes musiciens préférés. C’est toujours génial de le rencontrer, car j’ai tellement d’albums de lui des années 90 avec Edge Of Sanity et Opeth notamment. Il en a fait tellement ! C’est un mec super ! Je pense que, maintenant, nous avons vraiment trouvé notre façon de travailler ensemble, on a la bonne recette. On sait très bien de quoi il est capable et c’est un honneur de travailler avec lui. C’est une icône en plus d’être humainement très agréable ! (Sourires)

– Un mot aussi sur la pochette de « Street Of Fire », qui est signée Sebastian Jerke. C’est la troisième fois que vous travaillez avec lui. Comme pour Dan Swanö, ce sont des collaborations de longue date. Y a-t-il une sorte d’esprit de famille chez MOTORJESUS, qui se traduit par cette grande fidélité ?

Oui, c’est vrai. Tu sais, si cela fonctionne aussi bien, pourquoi devrions-nous changer d’équipe ? Sebastian est un mec super, qui est aussi très connu en Allemagne. Il a réalisé beaucoup d’autres pochettes d’albums pour des groupes ici, comme Orden Organ par exemple. Quand nous nous sommes rencontrés pour la première fois, c’était pour travailler sur le visuel d’un t-shirt. C’est cool de continuer à travailler avec lui, car il est devenu célèbre chez nous. Il a parfaitement saisi l’esprit ‘Comics’ de MOTORJESUS sur nos trois derniers albums. C’est devenu une marque pour nous et c’est génial d’avoir quelque chose d’unique pour le groupe. C’est un style qui nous est propre maintenant et qui nous appartient en quelque sorte.

– L’une des principales particularités de « Street Of Fire » par rapport à « Hellbreaker », c’est que vous êtes revenus à un style nettement plus Heavy Metal, comme un retour aux sources, peut-être moins Rock’n’Roll dans l’intention en tout cas. C’était l’objectif ?

En fait, l’objectif avec « Streets Of Fire » était de faire un disque dans la continuité de « Hellbreaker », qui a vraiment bien marché en Allemagne et s’est même hissé dans le Top 20 des charts. Cela a été une sorte d’accomplissement pour nous. L’accueil a été incroyable. On a eu le sentiment d’avoir fait quelque chose de bien avec « Hellbreaker », et nous avons essayé de retrouvé cette même vibration et j’espère que c’est le cas avec « Streets Of Fire ». Nous nous sommes amusés à faire des chansons rapides, avec un esprit punk assez fun et aussi plus agressif dans le jeu. Pour moi, il n’y a pas de grande différence entre les deux albums, c’est plutôt une continuité.

– Vous terminez ce nouvel album avec une outro et le début de « Somewhere From Beyond » fait aussi penser à une intro. Il y a un petit côté Old School très agréable qui était souvent utilisé dans les albums-concepts notamment. Même si on devine une thématique globale, y a-t-il un lien direct entre tous les morceaux de l’album ?

L’intro et l’outro sont assez similaires en termes de composition, car nous avons utilisé les mêmes vibrations assez synthétiques d’un esprit proche des 80’s et du Synth Wave. C’est quelque chose d’assez populaire en ce moment et surtout, cela correspond parfaitement à l’atmosphère de l’album. On a juste essayé d’envelopper le disque dans cette ambiance qui nous plait beaucoup et de placer les morceaux entre les deux. Et puis, l’objectif de « Streets Of Fire » était de transporter l’auditeur dans les années 80, que ce soit un peu Cyberpunk et S-F dans l’esprit. En ce sens, l’intro et l’outro correspondent parfaitement à l’atmosphère qu’on souhaitait développer.

– Comme toujours, il n’y a ni ballades, ni morceaux mid-tempo. On en revient à cette impression d’urgence avec ce rythme très soutenu et les titres sont très accrocheurs et intenses. Est-ce qu’au moment de la composition, vous aviez en tête leur rendu et leur impact sur scène ? Car l’album est très fédérateur…

En fait, nous composons sans trop y réfléchir, c’est un peu un jeu pour nous. Les ambiances des morceaux ne sont pas forcément une priorité consciente pour nous. Le principal reste le travail sur le riff, qu’il soit accrocheur, que le rythme soit soutenu, et que le groove soit très présent : c’est l’essence-même de MOTORJESUS. Ensuite, les arrangements ont une part importante et, pour ma part, j’essaie aussi d’être le plus concis dans les textes et d’élever aussi mon niveau de chant. Si ce n’est pas le cas, je jette. On veut toujours écrire avec la plus grande liberté d’esprit possible et sans calcul. Juste laisser agir le flow… (Sourires)

– Justement à propos de scène, vous avez déjà commencé les concerts et en plus des salles et des festivals, vous serez aussi dans des plus petits clubs. C’est important pour vous de garder cette proximité avec vos fans ?

Oh oui, vraiment ! On adore jouer dans ces petits endroits, car je pense que MOTORJESUS est définitivement un groupe de club ! On a tout essayé, on a joué dans beaucoup de festivals majeurs comme dans des toutes petites salles. Pour nous, une jauge entre 150 et 250 personnes est la dimension parfaite pour MOTORJESUS. Sur les grosses scènes ou les grands festivals, c’est plus stressant. On a juste une heure pour jouer, il faut se préparer rapidement et remballer aussitôt. Il y a toujours un facteur stress dans ces conditions. Dans les clubs, c’est plus intime et plus calme. Tu as le temps de bien te préparer, les gens sont beaucoup plus proches de la scène et tu peux proposer un set plus long aussi. Il y a une bonne pression et c’est tellement plus Rock’n’Roll surtout ! Oui, c’est la bonne taille pour MOTORJESUS, c’est plus adapté à ce que nous voulons offrir.

– A propos de ce nouvel album, il y a aussi votre changement de label avec un passage d’AFM Records à Reaper Entertainment. Vous aviez besoin de changer d’air ?

Tout d’abord, il y a eu des changements majeurs chez AFM Records en interne et beaucoup de groupes ont quitté le label. Nous avons été de ceux-là et nous avons rapidement trouvé un nouveau point de chute chez Reaper Entertainment. Cela a d’ailleurs été cool que cela se fasse aussi vite. On savait aussi que c’était des gens très impliqués, d’autant que la partie financière n’est pas la plus importante à nos yeux. Nous ne faisons pas ça pour l’argent. On le fait pour le fun, pour l’amour du Rock’n’Roll et du Heavy Metal ! Certes, c’est un bon deal pour nous, mais ce n’était pas la priorité. Le plus important est que les gars de Reaper sont très expérimentés, ils sont vraiment cool et ils ont tous travaillés chez Nuclear Blast en Allemagne. Ils savent donc ce qu’ils font et c’est agréable de se savoir entre de bonnes mains.

– L’année prochaine, MOTORJESUS fêtera ses 20 ans d’existence, fort de sept albums studio, un live et un EP. Quel regard portes-tu sur ce beau parcours?

C’est vrai que le groupe existe depuis 25 ans maintenant. Avant MOTORJESUS, on s’appelait The Shitheads et nous avions sorti un album éponyme en 2006. Donc, l’aventure date de 25 ans environ. On a toujours essayé de faire de bons concerts, de rester proches de nos fans, de parler avec eux après les concerts et de rester connecter. Et c’est quelque chose que l’on tient à continuer à faire. L’objectif est de faire encore des disques et de rester en bonne santé. C’est vraiment ce que nous souhaitons pour les années à venir. 

– Et qu’en est-il de la nouvelle génération du Metal allemand ? Est-ce que, selon toi, la relève est assurée ?

En fait, en Allemagne, il y a toujours beaucoup de flux, ça va et ça vient. Globalement, la scène est constante et elle reste très bonne et les gens viennent toujours aux concerts. Depuis la pandémie, il y a aussi un nouveau public, plus jeune aussi qui vient. Tu sais, les parents ici amènent leurs enfants aux concerts et il y a donc un certain renouvellement. C’est vraiment cool, il se passe toujours quelque chose ! Il y a pas mal de gens qui n’avaient jamais entendu parler de nous et qui viennent maintenant nous voir. Ils aiment le côté ‘Comics’ du groupe. Et puis, il y a le gars qui joue Jesus sur scène avec nous et cela amuse vraiment les gens ! Ça marque un peu les esprits ! (Sourires

– Une question beaucoup plus légère pour terminer : quand on s’appelle MOTORJESUS, on a forcément dû avoir un œil sur le récent conclave au Vatican (l’interview a été réalisée début mai). Que penses-tu du nouveau Pape ? A-t-il l’esprit suffisamment Rock’n’Roll à ton avis ?

(Rires) Je ne sais pas ! Je suis très septique que le fait qu’il soit américain ! Ça me paraît vraiment très étrange, même super étrange ! (Rires) Avec ce nouvel ordre mondial venu des Etats-Unis et de la Russie, c’est vraiment bizarre d’avoir un Pape américain ! Mais, si tu veux tout savoir, je ne m’intéresse pas vraiment aux questions religieuses ! (Rires)

– Mais il faut quand même lui envoyer ce nouvel album !

(Rires) Oui, peut-être ! On va voir ça ! (Rires)

Le nouvel album de MOTORJESUS, « Streets Of Fire », est disponible chez Reaper Entertainment.

Retrouvez la chronique de « Hellbreaker» :

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Heavy metal Old School

Voodoo Kiss : feel the revival

Un peu plus de deux ans après sa remise sur de bons rails, VOODOO KISS a retrouvé de la régularité et la flamme des débuts. Très Heavy avec quelques touches de Hard Rock, le style vintage des Allemands est un brin nostalgique, mais l’envie affichée fait plutôt plaisir à entendre. Avec derrière les fûts, le fondateur de l’un des plus grands rassemblements Metal annuel de Bavière, la formation dispose d’une belle visibilité et montre sur « Feel The Curse » beaucoup d’ardeur et de volonté.

VOODOO KISS

« Feel The Curse »

(Reaper Entertainment)

Avec son étonnant parcours, VOODOO KISS continue d’écrire son histoire près de 30 ans après sa création. Fondé par le batteur Achim Ostertag en 1995, le groupe lui doit son existence, bien sûr, et sa renommée par la même occasion. Car, faute de concert, le musicien avait dans la foulée mis sur pied le légendaire festival ‘Summer Breeze’ pour pouvoir y jouer. On connait la suite… Seulement, le combo retomba dans l’oubli jusqu’en 2022 après une très longue hibernation.

Aux côtés des autres fondateurs, Martin Beuther (guitare) et Klaus Wieland (basse), Gerrit Hutz (Sacred Steel) et Steffi Stuber (Mission In Black) vont venus compléter le line-up tous les deux au chant. Suivront un premier opus éponyme et « Conquer The World ! », un split-album avec leurs compatriotes de Tankard. La machine VOODOO KISS avait ainsi retrouvé un second souffle, et avec « Feel The Curse », son Heavy Metal très teuton est de nouveau en fusion.

Clairement estampillé 80’s, le quintet distille un Heavy classique et le fait de se présenter avec deux vocalistes distinctifs, femme et homme, donne du coffre à « Feel The Curse » et une certaine originalité aussi. Enregistré au printemps et sorti à l’été, VOODOO KISS n’a donc pas traîné, mais il aurait peut-être du s’arrêter un plus longuement sur la production qui manque cruellement de puissance. Cela dit, cette deuxième réalisation ravive de bons souvenirs et tient plutôt bien la route.

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Alternative Metal Alternative Rock International

Moon Shot : a giant step [Interview]

Les Finlandais risquent de devenir la nouvelle attraction Rock de ce printemps avec leur deuxième album, « The Power ». Un mois, presque jour pour jour, avant sa sortie chez Reaper Entertainment, MOON SHOT a déjà laissé échapper les singles « Yes », « Shadow Boxer » « Blackened Spiral » et « The Power », qui mettent le feu aux poudres dans les charts scandinaves et allemands depuis quelques semaines. L’occasion était belle de discuter avec Jussi Ylikoski (guitare/production) et Ville Malja (chant) de ce nouvel opus tout en puissance et en mélodie, qui vient sonner le renouveau de l’Alternative Rock européen.

– Avant l’interview, j’ai réécouté votre premier album « Confession » et la différence avec « The Power » est assez saisissante. Outre la production qui est nettement plus massive, l’intention n’est pas non plus la même. MOON SHOT a surpassé une certaine naïveté à l’œuvre sur le précédent. C’est également votre sentiment ?

Jussi : Tout d’abord, merci pour ta perspicacité. Je pense la même chose. A mon avis, l’écriture des chansons est plus riche et la production est plus sophistiquée sur « The Power ». Nous avons eu la chance de commencer à construire ce nouvel album en nous appuyant sur les acquis du précédent, donc le son et la production sont beaucoup plus délibérés, et cela donne le sentiment d’être moins naïf, c’est vrai.

Ville : Waouh, merci ! C’est bon à entendre ! Je pense que nous avons grandi ensemble en tant que groupe entre « Confession » et « The Power ». La période d’écriture des chansons a été aussi plus longue et très intensive. Nous avons travaillé avec Jussi pendant plus de deux ans sur les chansons de l’album. Et puis, il y a eu le Covid et l’invasion russe en Ukraine en même temps. Tous ces éléments ont un impact direct sur le processus. « The Power » est comme un journal très conséquent, qui raconte ce qui s’est passé au cours des 800 jours environ pendant lesquels nous avons travaillé sur le disque.

– Entre les deux albums, MOON SHOT a beaucoup grandi musicalement, tant dans la composition comme dans le son et l’approche. Quel a été le déclic ?

Jussi : Simplement l’envie d’évoluer et de faire un grand album de Rock, je suppose. En pratique, nous avons travaillé de la même manière et avec les mêmes personnes. Je pense que cela a vraiment payé. De cette façon, nous n’avons pas eu besoin de perdre de temps à chercher une autre manière de faire ou à changer nos habitudes avec un nouveau producteur, etc… J’avais largement le temps pour créer et produire suffisamment de bonnes chansons et vraiment d’en extraire toute la substance.

– Votre Alternative Rock montre une énergie incroyable et il y a même une certaine urgence dans de nombreux morceaux, comme si vous étiez pressés. Et de cette dynamique, il ressort beaucoup de sincérité et l’envie de propager un message très positif. Est-ce que c’est aussi une façon d’affronter l’état actuel de notre société ?

Jussi : C’est bien dit. Je pense qu’une bonne chanson Rock doit accélérer les battements du cœur et vous faire respirer plus vite aussi. Et la sincérité est au centre de MOON SHOT. Cela n’aurait eu aucun sens de faire cela sans être sincère. Nous n’avons pas la volonté, ou le désir, de nous cacher derrière quoi que ce soit, mais tout simplement de laisser les choses se dérouler d’elles-mêmes.

Ville : Bien sûr, et tout le monde peut aussi se cacher derrière un voile d’ironie. Tout le monde peut prendre la pose et crier ‘Fuck You !’. Mais avoir le courage de s’exprimer, d’ouvrir un dialogue et de se tenir sincèrement là où l’on est, et peu importe que cela soit effrayant, inconfortable et dérangeant, c’est ça la vérité. MOON SHOT n’est pas un groupe avec un message politique, mais nous pensons néanmoins que les plus grandes décisions ne peuvent être prises qu’en écoutant notre cœur. Il y a une boussole morale incorruptible en chacun de nous. Nous devons juste être assez courageux pour la regarder en face.

– J’aimerais aussi que l’on parle du son de MOON SHOT. Vous êtes les dignes héritiers des groupes scandinaves qui ont forgé une identité musicale très distincte que l’on retrouve en Finlande, mais aussi chez vos voisins et dans les mélodies surtout. Comment est-ce que la définiriez ? Ça n’a rien d’américain, par exemple…

Jussi : Il y a un fil directeur en matière de mélodies et de progressions d’accords, qui me touche vraiment. Ce décor musical est une combinaison de mélancolie, d’héritage slave avec également une touche moderne.

Ville : Nous essayons toujours de garder les choses simples. Avec Jussi, on a ce dicton : ‘ce n’est pas prêt si on ne peut plus rien ajouter, mais c’est prêt quand on ne peut plus rien enlever’. C’est en quelque sorte notre leitmotiv et la réponse à tous ceux qui s’interrogent sur les chansons de MOON SHOT.

– Toujours au niveau du son, vos morceaux contiennent des riffs puissants et amples, c’est vrai. Et plutôt (peut-être aussi ?) que d’utiliser des claviers ou des samples, il y a beaucoup de gimmicks à la guitare, qui rappellent un peu le jeu de Tom Morello, notamment. Est-ce que, justement, l’objectif est de conserver le son le plus brut et organique possible ?

Jussi : Oui, dans tous les cas. Mais la sensation brute et organique ne sert pas toujours les chansons de MOON SHOT. Il y a donc du temps et de la place pour une production plus scénique avec beaucoup plus de hauteur. Je pense que dans les riffs et les solos de guitare, le brut et l’organique fonctionnent. En tout cas, le style de Tom Morello me tient toujours à cœur.

– On parlait tout à l’heure d’urgence dans le jeu, mais vous avez aussi commencé la composition de « The Power » très peu de temps après « Confession » et les tournées qui ont suivi. C’est dû à la période de pandémie, ou à une créativité débordante amorcée dès le premier album ?

Jussi : Les deux. J’ai dû reporter la sortie de « Confession », car je sentais que j’étais sur une bonne lancée, alors j’ai décidé de profiter de ce temps d’arrêt pour commencer immédiatement à écrire de nouvelles chansons. C’était à l’été 2020.

– Il y a aussi une grande évolution dans l’écriture, qui se veut très fédératrice avec un esprit très ‘Stadium’, comme le veut l’expression consacrée. Si ça peut apporter une certaine intemporalité aux morceaux, cela les inscrit aussi dans une époque précise, non ? Dans un laps de temps défini… C’est assez paradoxal, finalement ?

Jussi : (Rires) oui ! Je suis un enfant de la scène Rock alternative et Punk/Hard-Core des 90’s et du début des années 2000. Cet héritage est profondément ancré en moi. Je pense que cela s’entend dans les chansons que j’écris, aussi ‘intemporelles’, soient-elles.

Ville : Je crois que l’intemporalité est quelque chose que l’on ne peut pas atteindre. Il n’y a pas de recette pour que les choses durent. La seule façon d’y parvenir est de faire de notre mieux et toujours un peu plus. La composition et les paroles impérissables sont toujours réalisées avec la plus haute qualité, et elle vient de l’aspect le plus sincère et le plus fidèle de l’artiste. On ne peut pas trop le concevoir ou le diriger, il suffit de s’y mettre et de respirer à travers les chansons et les paroles. Et avec un peu de chance, le résultat sera un jour de cette qualité.

– Pour « The Power », vous avez été particulièrement investi dans la production, surtout toi Jussi. L’objectif était d’obtenir le son que tu voulais dès le départ, ou est-ce que tu as découvert des possibilités qui t’ont permis de donner encore plus d’ampleur aux  morceaux avec ce côté très live également ?

Jussi : Il y a eu beaucoup d’apprentissage et de découverte de nouvelles possibilités musicales et de production tout au long du processus de création de « The Power ». Ma vision globale du son était déjà assez claire au début, mais nous avons découvert de nouvelles et de meilleures façons de mettre cela en pratique au fur et à mesure que les choses avançaient. Dans la phase de post-production, nous avons répété les chansons plusieurs fois et nous avons trouvé des choses à améliorer à chaque fois. Chanson par chanson et petit à petit.

– Jussi, tu as déclaré que la composition de « The Power » était le fruit d’un long travail de deux ans, depuis l’écriture jusqu’à l’ultime touche finale de la production. Quelles ont été les étapes marquantes de ce long processus pour vous ?

Jussi : La première étape à la fin de la deuxième session à l’E-Studio à Sipoo, en Finlande. A ce moment-là, nous nous sommes concentrés uniquement sur l’enregistrement de la batterie. Et nous avons fini par apporter des changements assez importants aux structures des chansons. En sortant de là, j’ai senti que nous avions pris de bonnes décisions en matière d’écriture et que nous avions de superbes prises de batterie enregistrées. Je sentais que tout allait très bien fonctionner, donc c’était une grande victoire.

La deuxième étape a été lorsque Juppu (Julius Mauranen, qui a mixé et coproduit l’album – NDR) et moi avons terminé le mixage final du premier morceau. C’était après une longue et exigeante période de post-production et d’enregistrements de guitare. Même si nous avions encore un long chemin à parcourir, je savais que j’avais la recette d’un mix Rock de classe mondiale pour MOON SHOT.

Enfin, la troisième étape a été celle où nous avons terminé les mixages finaux des 15 chansons.

– Enfin, vous êtes tous les quatre des musiciens expérimentés qui avez joué au sein de Children Of Bodom, Disco Ensemble et Lapko. Est-ce qu’avec MOON SHOT, vous êtes parvenu à accomplir ce que vous attendiez d’un groupe en votre for intérieur et de votre vision du Rock en particulier ?

Jussi : Je pense que c’est un miracle en soi que ce groupe existe et que j’ai la deuxième chance de vivre le moment de créer quelque chose à partir de zéro, de ressentir et de partager cette excitation. Pour moi, le véritable accomplissement est de trouver du sens et de la passion dans la création, la lecture de la musique et de rester inspiré. Le reste suit, quoi qu’il en soit.

Ville : Quand j’étais adolescent, je rêvais de partir en tournée à l’étranger, de me réveiller dans le bus et de rire beaucoup. C’est exactement ce que nous faisons en ce moment. D’une certaine manière, MOON SHOT est un miracle. Aucun de nous n’a vu venir ce groupe, mais nous y sommes. Il est un parfait exemple de la façon dont les plus belles choses arrivent par accident. Mais après ces moments miraculeux, il reste encore beaucoup de travail à faire. En ce qui concerne ce que nous pourrions encore réaliser. Je crois honnêtement que nous n’en sommes encore qu’au tout début. Cette fusée est sur le point de s’envoler encore bien plus haut bientôt ! (Sourires)

MOON SHOT sortira son deuxième album, « The Power », le 26 avril chez  Reaper Entertainment.

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Heavy metal Old School

Metal Church : heavy faith

Figure incontournable du Heavy Thrash californien, METAL CHRCH n’aura pas été épargné par les épreuves au fil de sa carrière. Mais c’est sans compter sur la ténacité de ses membres fondateurs, qui ne comptent pas abandonner l’institution de sitôt. Avec Marc Lopes au chant, « Congregation OF Annihilation » affiche un Heavy Metal classique, efficace et direct.

METAL CHURCH

« Congregation Of Annihilation »

(Reaper Entertainment /Warner)

Comment ne pas éprouver de la tristesse et de la mélancolie à l’écoute de ce nouvel opus de METAL CHURCH ? L’histoire des Américains est émaillée de pertes tragiques. Si ce treizième album est le premier depuis le décès de son leader emblématique, Mike Howe, en juillet 2021, il sort aussi quelques jours après la mort de son ancien batteur Kirk Arrington, qui avait quitté le groupe en 2006 pour raison de santé. De quoi porter ombrage à ce nouveau chapitre qui s’ouvre, alors qu’il se dessine de très belle manière.

Produit par son guitariste Kurdt Vanderhoof, « Congregation Of Annihilation » renoue avec le passé du combo et un son massif et organique et surtout un retour à un Heavy Metal instinctif et véloce. La rythmique est solide et aérée, tandis que les deux six-cordistes se font vraiment plaisir en alternant avec des sonorités chères à leur côte ouest d’origine et quelques clins d’œil à la scène européenne des années 80 et 90. METAL CHURCH remonte à l’âge d’or d’un style auquel il a grandement contribué.  

Et cette nouvelle ère pour la formation de San Francisco s’effectue avec la présence derrière le micro de Marc Lopes (Ross The Boss, Let Us Prey), qui fait plus que tenir son rang. Après plus de quatre décennies au service du Metal, le quintet se montre toujours aussi affûté et racé, et son nouveau frontman se permet même de belles envolées vocales (« Another Judgement Day », « Pick A God And Prey », « Me The Nothing », « Making Monsters »). METAL CHURCH est bel et bien de retour pour un nouveau cycle très Heavy.