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Heavy metal Old School Thrash Metal

Category 7 : apocalyptique

La côte ouest des Etats-Unis et sa fameuse Bay Area continuent de faire trembler le monde du Metal grâce à un son unique et surtout une créativité et une technique incontestables. En termes de formations, on ne compte plus celles qui ont influencé, et le font encore, une grande partie de la scène actuelle une quarantaine d’année après son éclosion, voire son explosion. CATEGORY 7 regroupe en son sein des musiciens parmi les plus aguerris et chevronnés du genre, et surtout dont l’envie de repousser les limites est intacte.

CATEGORY 7

« Category 7 »

(Metal Blade Records)

La catégorie 7 est le niveau le plus élevé en termes de catastrophe, notamment nucléaire. Alors, autant dire que lorsqu’un groupe, un temps soit peu sérieux, prend ce nom, ce n’est pas vraiment un hasard même s’il faut l’assumer. Et CATEGORTY 7 n’a rien non plus de très ordinaire. Ses musiciens se connaissent tous de longue date, figurent parmi les plus grands noms du Metal et leur réunion est somme toute presque naturelle. Un tel line-up étant quasi-inespéré, on peut donc ici sans se tromper parler de ‘supergroupe’.

Ce genre de formation est souvent un assemblage de talents et de grands techniciens, dont l’objectif est habituellement d’en mettre plein la vue en jouant les virtuoses. Certes, les membres de CATEGORY 7 affichent des CV hors-normes, mais ils sont surtout unis par la même passion pour un Metal musclé qui tabasse. A la manœuvre, à la composition, et à la production, on retrouve Mike Orlando (Adrenaline Mob, Sonic Universe) et sa guitare, aux côtés de celle de Phil Demmel (Machine Head, Vio-Lence, Kerry King).

Au chant, c’est John Bush (Armored Saint, ex-Anthrax) qui s’y colle, tandis que Jack Gibson (Exodus) à la basse et le foudroyant de Jason Bittner (Overkill) derrière les fûts offrent une prestation ultra-rugueuse. CATEGORY 7 n’est pas là pour trier les lentilles et son Thrash très Heavy, teinté de NWOBHM, bastonne dans un ensemble convaincant (« In Stitches », « Land I Used To Love », « Exhausted », « Through Pink Eyes », « Etter Stormen »). Ce premier album est la quintessence d’un Metal qui a fait ses preuves et qui est joué ici par des cadors.

(Photo : Rob Shotwell)

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Heavy metal Old School

Sunbomb  : back to the roots

Parfois les side-projets permettent aux artistes de s’échapper un temps de leur chapelle musicale et même à l’occasion de revenir à leurs premières amours en se faisant tout simplement plaisir. Cela semble être le cas avec ces deux monuments du Hard Rock américain, Tracii Guns et Michael Sweet. Loin des L.A. Guns et de Stryper, c’est sur un Heavy sombre et massif qu’ils ont jeté leur dévolu et il faut bien avouer que ça leur va bien et qu’ils sont plus qu’à la hauteur de cette nouvelle entreprise. « Light Up The Sky » ravive toute une époque.

SUNBOMB

« Light Up The Sky »

(Frontiers Music)

Avec SUNBOMB, la mention ‘toute ressemblance avec des groupes déjà existants ou ayant existés’ n’a rien de fortuite et prend même tout son sens. Sous l’impulsion du patron de Frontiers Music, Tracii Guns et Michael Sweet se sont réunis il y a quelques années autour d’un projet de Heavy Metal traditionnel pour prolonger, à leur manière, l’héritage laissé par Black Sabbath, Dio, Ozzy ou Judas Priest pour ne citer qu’eux. Et après le très bon «  Evil And Divine » (2021), le duo récidive avec un « Light Up The Sky », tout aussi convaincant.

C’est vrai qu’avec ce groupe, le leader de L.A. Guns et le frontman de Stryper s’éloignent de leur registre habituel respectif, mais ils démontrent avec beaucoup de vigueur et avec le talent qu’on leur connait qu’ils sont bel et bien des guerriers et, si certains en doutaient encore, « Light Up The Sky » est une réponse franchement éclatante. SUNBOMB propose un répertoire très dark et nous propulse directement dans les années 80/90 sur une production actuelle et puissante. Et le plaisir des deux musiciens est palpable.

Tandis que Tracii signe toutes les guitares et la basse, soutenu à la batterie par l’ex-L.A. Guns Adam Hamilton, Michael Sweet donne de la voix et offre un beau contraste avec son groupe, qui vient d’ailleurs de sortir un nouveau single (« End Of Days »). Il y a même un petit côté fétichiste chez SUNBOMB dans sa recherche de l’aspect intemporel du Heavy Metal des origines. De « Unbreakable » à « In Grace We’ll Find Our Name », « Steel Hearts », « Rewind » ou « Scream Out » et « Setting The Sail », cet opus est marqué au fer rouge.

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France Heavy metal Old School Speed Metal

ADX : inoxydable et affûté [Interview]

Dans quelques jours maintenant sortira « L’Empire Du Crépuscule », le douzième album d’ADX. Véritable légende du Metal hexagonal, le quintet se réinvente depuis quelques années, tout en préservant un son un brin vintage sur des productions très modernes. Un mix qui fait toujours son effet et qui permet au quintet d’envisager sereinement l’avenir. Entre Speed et Heavy Metal, cette nouvelle réalisation se veut véloce et accrocheuse, preuve que le combo reste une locomotive du registre en France. Batteur et membre fondateur, Didier ‘Dog’ Bouchard nous parle de la conception de « L’Empire Du Crépuscule ».  

– La dernière fois que nous nous sommes parlé, c’était il y a trois ans pour la sortie d’« Etranges Visions ». Tout d’abord, comment l’album avait-il été accueilli par vos fans et comment les concerts qui ont suivi se sont-ils déroulés ?

« Etranges Visions » a eu un accueil excellent. Depuis le temps que les fans attendaient cet album en français, on devait répondre présent et surtout faire un produit qui redonne un nouveau souffle à « Weird Visions ». Concernant le retour lors des concerts, on peut dire que la sauce a redonné du goût à ce projet. Ce n’était pas gagné, mais on l’a fait.

– Pour rappel, « Etranges Visions » est la version française de « Weird Visions », votre seul album en anglais sorti en 1991. Beaucoup l’attendait donc avec impatience. Alors, est-ce que justice a été rendue ? 

« Weird Visions » a toujours été un sujet de polémique. Il faut, il ne faut pas, c’est le moment, ce n’est pas le moment, bref, il y avait quand même une grosse attente des fans, qui n’avaient pas apprécié notre approche de la langue anglaise. La période Covid nous a permis de bosser sur cette nouvelle version et justice est faite.

– Donc si votre précédent album avait quelque chose de spécial, celui-ci est entièrement original. Comment avez-vous abordé sa composition, au niveau de la musique comme des textes, puisqu’ils ne sont pas des adaptations cette fois ?

En ce qui concerne les compos du nouvel album, on a procédé comme d’habitude. J’adore composer et proposer aux autres membres ce qui me passe par la tête, mais attention si c’est de la merde c’est poubelle. Disons que j’amène l’esquisse et les autres mettent les couleurs, c’est identique pour les textes, mais là, le boulot se fait souvent avec Phil (Philippe Grelaud, chant – NDR). Malgré les changements de line-up, nous avons toujours dans ADX des musiciens de talent et à l’écoute de « L’empire Du Crépuscule », on sent que la magie est toujours là.

– Comme toujours, « L’Empire Du Crépuscule » est musclé et toujours aussi moderne dans le son, malgré une touche Old School qui reste votre marque de fabrique. Et à ce sujet, c’est à nouveau Francis Caste qui a mis en forme votre puissance sonore. C’est le cinquième album que vous faites ensemble et on a vraiment le sentiment qu’il ne saurait désormais en être autrement. C’est aussi votre conviction ? Il fait partie de la famille ?

Francis a compris avec nos albums la direction à prendre. Il est facile, intelligent et le mélange entre le Old School et l’actuel donne une couleur très punchy. Il fait partie de la division, c’est un pilote.

Didier ‘Dog’ Bouchard, batteur et fondateur d’ADX

– Ce douzième album est très fluide et véloce. Vos deux guitaristes s’en donnent à coeur-joie et la rythmique bastonne. On a le sentiment qu’ADX est véritablement ancré dans une nouvelle phase avec une évolution qui conserve aussi son ADN. C’est toujours un challenge pour vous de rester actuel, tout en gardant cette saveur 80’s/90’s, ou plus du tout ?

ADX ne veut pas être largué. Il y a tellement de groupe talentueux qu’il faut être fort et toujours dans le coup. Même si nous avons cette griffe des années 80/90, nous essayons d’évoluer et de faire un mélange des saveurs, qui peut donner un bon album sans que l’on s’emmerde. Nous avons notre style, mais il faut également le peaufiner.

– J’aimerais qu’on dise aussi un mot de cette très belle pochette, signée Stan W Decker. Derrière cette ambiance très ‘historique’, on peut aussi y déceler beaucoup de symboles très contemporains. Quel a été le ‘cahier des charges’ et surtout qu’elles étaient vos intentions ?

Pour la cover de l’album, l’échange avec Stan Decker s’est fait simplement. Nous lui envoyons les idées et lui rajoute ses délires. C’est un artiste doté d’une grande simplicité et quel plaisir d’échanger avec lui. Pour « L’Empire Du Crépuscule », nous voulions montrer un pouvoir qui s’accroche, mais qui s’écroule. Il y a sans cesse des mouvements, des révolutions dans l’Histoire de France et malheureusement, nous sommes en plein dedans.

– D’ailleurs, c’est un peu la même chose au niveau des textes. Les titres des morceaux ont un reflet très XVIIIème siècle et ils le sont sous certains aspects. Cependant, si on lit entre les lignes, le contenu est très actuel et on a presque l’impression que vous dépeignez le climat actuel. Ce double-langage a quel objectif ? Rester toujours aussi engagé et revendicatif, tout en racontant des histoires ? 

ADX a toujours eu dans les textes ce coté ‘historico-fantastique’. Nous aimons raconter des choses sur l’Histoire, qui ne sont pas dévoilé à l’école, parce que trop dérangeantes. Et si nos paroles actuelles se rapprochent de ce que l’on vit en ce moment, c’est effectivement questionnant.

– Au-delà du message, « L’Empire Du Crépuscule » est véritablement taillé pour la scène avec des refrains fédérateurs et efficaces. C’est quelque chose de constant chez ADX. C’est une sorte de leitmotiv depuis toutes ces années ? Quelque chose que vous avez toujours dans un coin de la tête ?

Pour nous, les concerts restent un échange avec le public. C’est une fête que nous devons partager ensemble, nous cherchons toujours dans de nos compositions le refrain qui restera en tête. C’est très important, car entendre chanter tes chansons te donne toujours ce frisson qui te dit : voilà ça fonctionne.

– Pour « Etranges Visions », vous étiez toujours autoproduits avec une distribution par Season Of Mist. Cette fois, vous êtes sur un label, Verycords, qui compte aussi de nombreux groupes français à son catalogue. En plus du soulagement que cela doit procurer, j’imagine que c’est ce que vous attendiez pour peut-être aussi franchir un palier dans cet océan de sorties de disques que l’on voit, et subit, aujourd’hui, non ?

Nous avions déjà bossé avec Verycords et certaines personnes à l’époque avaient eu l’idée que nous pouvions rouler tout seul sans l’apport d’une maison de disques. Nous avons fait quelques albums en autoproduction, mais c’est un boulot énorme. Il faut une équipe pour faire tourner tout ça et nous sommes avant tout des musiciens. Tout n’était pas gagné quand nous avons tapé à la porte de Verycords. Franchement, c’est un soulagement, après toutes ces années, de pouvoir enfin se consacrer à faire de la musique et laisser faire les pros.

– Enfin, un petit mot au sujet des concerts à venir et de cette époque des festivals qui arrive aussi. Quel est le programme ? Avec un tel album, vous devez être sacrément motivés et impatients, non ?

Nous sommes très impatients de monter sur les planches pour balancer notre setlist. Des choses se mettent en place. Nous avons Metallian Productions qui s’occupe de nos affaires et une tournée est en préparation, mais pour l’instant ça se met en place. Et nous avons hâte, vraiment hâte…

« L’Empire Du Crépuscule » d’ADX est disponible chez Verycords.

Retrouvez l’interview du groupe à l’occasion de la sortie d’« Etranges Visions » :

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Heavy metal International Occult Rock Old School

The Wizards : magie et ésotérisme [Interview]

Ancré dans un esprit 70’s, THE WIZARDS se meut dans un concept et des sonorités occultes dilués dans un son organique soigneusement élaboré. Originaires de Bilbao, les Basques combinent Hard Rock, Heavy Metal et Rock et avec « The Exit Garden », le quatrième album du quintet, on plonge dans un univers à l’imagerie sombre et ténébreuse où les longues plages instrumentales souvent épiques font corps avec un chant captivant. Entretien avec Jorge, aka George Dee, lead-guitariste du combo, dont le registre rappelle les belles heures des fondations du genre.

– Vous avez formé THE WIZARDS il y a un peu plus de dix ans et votre parcours est exemplaire avec ce quatrième album qui vient juste de sortir. Est-ce que c’est ce que vous avez déjà en tête au printemps 2013 quand vous avez publié votre première démo ?

Notre première démo est sortie en janvier ou février 2014 et à l’époque, le groupe s’est formé sans objectif clair en tête. Nous avions tous joué dans d’autres groupes et nous avons commencé ce projet juste pour nous amuser et jouer quelque chose de différent. Nous ne pouvions pas imaginer que THE WIZARDS allait être le tournant Rock’n’Roll de nos vies.

– Avant de parler de « The Exit Garden », j’aimerais qu’on évoque de cette sorte de concept autour de THE WIZARDS. Il règne chez vous une ambiance occulte et une imagerie pleine de mystères. Est-ce que l’objectif est de développer un univers bien spécifique autour de chaque album, ou c’est plus global et cela inclue la démarche complète groupe ?

Le concept derrière le groupe a été clair, dès que nous avons choisi le nom en fait. Il reflète la magie liée à la musique. Nous nous inspirons des connaissances ésotériques, ainsi que des livres, des bandes dessinées, de nos expériences personnelles et bien d’autres choses. Chaque album montre une approche différente et rien n’est vraiment planifié, car les choses se produisent finalement lorsque nous écrivons et composons les chansons.

Photo : Raquel Garcia

– Après votre premier album éponyme en 2015, vous avez enchainé avec « Full Moon In Scorpion » et « Rise Of The Serpent », presque coup sur coup en 2017 et 2018. Que s’est-il passé ? Vous aviez un double-album en tête dès le départ, ou il s’agit juste d’un surplus de créativité ?

En fait, c’est juste quelque chose de normal, car nous avions enregistré « Full Moon in Scorpio » en avril 2016 et il n’est paru qu’en mai 2017. Au début, personne ne voulait le sortir et après quelques mois, nous avons finalement conclu un accord avec Fighter Records. Et puis, il y a eu des critiques et des ventes incroyables, donc nous avons beaucoup joué. Ensuite, en avril 2018, nous avons commencé à enregistrer « Rise of the Serpent ». Finalement, il y a eu une pause de deux ans entre la conception et l’enregistrement des deux disques.

– Puis, il s’est passé six ans entre vos deux derniers albums. C’est long et même s’il y a eu la pandémie, est-ce une période où vous avez aussi plus tourné ?

Malheureusement non, nous n’avons pas pu faire de concert pendant deux ans et demi et ce fut un désastre total pour nous. Mais nous nous en sommes remis en selle et nous sommes revenus il y a deux ans et nous sommes là aujourd’hui : prêts pour l’action et plus forts que jamais.

– A propos de concerts, on entend assez peu parler de la scène Metal espagnole. Est-il facile d’y organiser des tournées et est-ce que votre situation au pays Basque vous offre aussi des opportunités en raison de la proximité avec la France, notamment ?

Il y a une scène intéressante dans notre pays et nous avons joué presque partout. Ce n’est pas difficile pour nous de tourner ici. Et comme nous sommes aussi proches de la France, notre premier concert a eu lieu à Rennes en Bretagne. Nous adorons jouer dans d’autres pays. J’espère que nous pourrons bientôt retourner à Rennes et dans d’autres villes également.

– D’ailleurs, la culture basque est aussi riche en légendes. Est-ce qu’elle vous inspire ?

Pas énormément au niveau des paroles. Je pense que nous sommes peut-être plus davantage liés à cette présence par la seule puissance de son essence-même.

– Il y a trois ans, vous aviez aussi sorti un single, « Sign Of The Wolf (Pentagram) ». C’était une façon de garder le contact avec vos fans, alors que les concerts étaient à l’arrêt ?

Oui, exactement. Nous nous sommes souvenus qu’il y avait cette chanson que nous avions gardée pour une sortie spéciale. Et nous avons pensé que c’était le bon moment. On la jouait d’ailleurs en live depuis longtemps.

– « The Exit Garden » paraît plus sombre que vos albums précédents avec des aspects Doom qui rappellent Skyclad et Trouble. Et puis, vous avez également produit votre album. C’est une manière de gérer entièrement votre musique ou, plus simplement, c’est parce que vous aviez une vision précise et claire du son que vous voulez obtenir ?

Nos deux précédents disques avaient été produits par Dean Rispler et il nous a montré de nombreuses astuces importantes concernant la production. C’était donc le moment idéal pour le faire nous-mêmes. Nous n’avons pas beaucoup réfléchi au son global, mais nous avons beaucoup travaillé sur les arrangements, les structures et le jeu. Je pense que nous avons réalisé ce que nous avions en tête, donc nous sommes vraiment heureux de l’avoir produit nous-mêmes.

– L’une des premières choses qui attire l’attention chez THE WIZARDS est l’énorme travail effectué sur les guitares, entre les riffs, les twin-guitares et les solos. Les morceaux ont structures solides. Vous composez plutôt autour d’un thème de départ, du chant ou des parties de guitares justement ?

Merci, c’est peut-être parce que les principaux auteurs sont Felipe (Phil The Pain – NDR) et moi, les deux guitaristes du groupe. Nous aimons écrire les chansons ensemble, et c’est génial, car nous nous complétons vraiment. Habituellement, nous travaillons sur quelques riffs qui deviennent la structure principale, puis nous ajoutons les paroles et d’autres arrangements. Mais la majeure partie du travail est accomplie lorsque nous répétons tous les cinq ensembles. Cela a d’ailleurs toujours été notre façon de faire depuis le début.

– D’ailleurs, comment se partagent les parties de guitares entre le lead et la rythmique ? Et est-ce que le fait d’avoir le même line-up depuis vos débuts est important pour l’harmonie du groupe et l’équilibre de vos morceaux ?

C’est assez simple, je joue le lead et Felipe joue la rythmique en concert. En studio, nous enregistrons tous les deux les parties rythmiques, et ensuite je fais les solos. C’est vrai que nous sommes ensemble depuis 2013 et c’est véritablement la clé du son serré que nous aimons offrir. Ecrire, répéter et jouer en live avec les mêmes personnes pendant dix ans est quelque chose qui crée une réelle connexion et une belle synchronicité au niveau des guitares dans les morceaux.

– Enfin, THE WIZARDS aurait très bien pu exister et évoluer dans les années 70/80. Comment vous êtes-vous plongé dans ce courant du Heavy Metal, qui rappelle ses belles heures ?

Nous aimons les groupes classiques tels que Judas Priest et Blue Öyster Cult, c’est vrai. Les albums que ces groupes ont réalisés dans les années 70/80 sont de grande classe. Mais nous essayons surtout simplement de créer quelque chose de personnel en s’inspirant de tous ces grands maîtres. Et puis, rien ne nous intéresse plus qu’un ampli Marshall et une guitare Gibson : c’est du Rock’n’Roll et c’est donc toujours très organique.

Le nouvel album de THE WIZARDS, « The Exit Garden », est disponible chez High Roller Records.

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Heavy metal Old School Speed Metal

Scavenger : un Heavy aussi Metal qu’authentique

Originaire d’Antwerp (Anvers pour nous autres), SCAVENGER ressuscite avec panache d’une hibernation de quelques décennies et fait même son retour sous une formation entièrement remaniée. Avec une chanteuse à la fois fédératrice et captivante, le combo continue de marier avec la manière le Heavy de la NWOBHM, et donc des 80’s, avec un Hard Rock du même cru et quelques passages Speed Metal. Autant dire un vrai bain de jouvence pour certains et une belle initiation pour la jeune génération. Avec « Beyond The Bells », les Diables Rouges sonnent le tocsin avec force !  

SCAVENGER

« Beyond The Bells »

(No Remorse Records)

Depuis la pochette de l’album jusqu’au look des musiciens et forcément à travers la production, SCAVENGER fait plus que jouer la carte du Old School et du vintage : il le vit totalement. Avec une histoire chaotique due surtout à l’arrêt des activités de son premier label, Mausoleum Records, les Belges se sont éclipsés de 1986 à 2018. Une très, très longue pause, qui se traduit par une nouveau line-up, mais aussi par un souffle nouveau, qui redonne une vigueur pleine de fraîcheur à un style d’une éternité incontestable. Pas d’accélération Power Metal, pas de lignes de violons symphoniques : juste du vrai Metal !

Malgré un retour aux affaires pourtant impulsé par les membres originels Marc Herremans à la guitare et le batteur Luc Ebinger, ceux-ci quittent le groupe juste après la sortie du single « Backslider » en 2020. Place nette donc pour ce deuxième effort de SCAVENGER, où l’on retrouve tout de même les bases posées en 1985 sur « Battlefields ». Depuis quatre ans, c’est donc un quintet entièrement refondé, qui a repris le flambeau et de très belle manière. Il est toujours question d’hymnes à la NWOBHM, de fulgurances Speed Metal et de refrains Hard Rock entêtants et accrocheurs. Et « Beyond The Bells » claque avec classe !

Sur une intro de près de deux minutes, SCAVENGER annonce la couleur : elle sera puissante et mélodique. Mené de main, et surtout de voix, de maître(sse) par sa frontwoman Tine ’Lucifera’ Callebaut, on y retrouve quelques clins d’œil à sa compatriote d’Acid, ainsi que du côté de Warlock, ce qui fait toujours très plaisir. Le nouveau duo de guitaristes réalise un travail de dingue, entre riffs tendus et solos millimétrés (« Black Witchery », « Watchout ! », « Streetfighter », « Hellfire », « Crystal Light »). Nos amis du ‘Plat Pays’ nous régalent, se font plaisir et, finalement, n’est-ce pas ce que l’on attend d’un bon album de Heavy Metal ?  

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Doom Heavy metal Old School

The Obsessed : le cinquième monument

Depuis sa création il y a près de cinq décennies, THE OBSESSED n’a jamais trahi la cause : elle sera Heavy et Doom, ou ne sera pas ! Et l’inflexible Wino, père fondateur de l’institution, veille au grain. « Gilded Sorrow » s’inscrit donc dans cette tradition, cette patte qui a fait des Américains l’un des précurseurs du genre, mais aussi l’un de ses plus fidèles représentants. Sur une production ténébreuse, on se laisse porter par ce chant si particulier, ses guitares imposantes et cette rythmique lourde et massive…. avec la même délectation.

THE OBSESSED

« Gilded Sorrow »

(Ripple Music)

C’est en 1976 à Potomac, Maryland, que Scott ‘Wino’ Weinrich a posé les fondations de THE OBSESSED, encore baptisé Warhorse. Quatre ans plus tard, le groupe fait sa mue et s’apprête à marquer les esprits, malgré un parcours pour le moins atypique. Un EP en 1983, « Sodden Jackal », puis un premier album éponyme, qui ne sortira finalement qu’en 1990, suffiront à façonner le mythe. Deux autres disques suivront en 1991 et en 1994 avant la séparation. Mais le trio était déjà entré dans la légende et il se pose alors dans l’inconscient Metal collectif.

Après avoir rejoint la Californie pour Saint Vitus, Wino fonde Spirit Caravan, puis Shine. C’est en 2017 que THE OBSESSED renaît de ses cendres et dans une formule en quatuor. « Sacred » remet le groupe sur de solides rails plus de 20 ans après « The Church Within » et s’impose sur la scène Metal underground américaine. Basé sur un Heavy Metal radical et des ambiances Doom écrasantes, ces réalisations sont devenues des classiques et c’est dans cette même veine que se déploie « Gilded Sorrow », le cinquième monument. Le morceau-titre est d’ailleurs un modèle du genre et presqu’une signature.

La recette est restée identique. Old School et hargneux, le Heavy Metal de THE OBSESSED évite le superflu pour aller à l’essentiel sur des riffs acérés et bruts dont l’objectif est une efficacité de chaque instant. Epais, groovy et sombre, « Gilded Sorrow » garde toujours cet esprit vintage, mais avec beaucoup de fraîcheur dans le jeu. Rugueux et massifs, les neuf titres nous propulsent sans ménage dans des atmosphères saisissantes et obscures (« Daughter Of An Echo », « The Obsessed », « Stone Back To The Bomb Age », «  Wellspring-Dark Sunshine », « Jailine »). Déjà essentiel !

Photo : Jessy Lotti
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Heavy metal Old School

Satan’s Fall : sur un rythme d’enfer

Costaud et efficace, le groupe nordique fait son retour avec une nouvelle réalisation qui, espérons-le, ne subira pas le même sort que la première passée inaperçue à cause de la pandémie. Entre Speed et Heavy Metal, SATAN’S FALL perpétue la tradition avec une vigueur qui l’honore et à l’ancienne, ce qui ne signifie pas qu’il regarde dans le rétroviseur, loin de là. « Destination Destruction » emboîte le pas des pionniers du genre avec beaucoup de modernité et sur un rythme d’enfer.

SATAN’S FALL

« Destination Destruction »

(Steamhammer/SPV)

Depuis « Seven Nights », sa première démo sortie en 2016, les Finlandais n’ont pas ménagé leurs efforts at après un EP, quelques singles, ils avaient même sorti un premier album, « Final Day », il y a trois ans en même temps qu’une compilation retraçant leurs débuts (« Past Of »). Cependant, comme beaucoup d’autres, c’est au pire moment que SATAN’S FALL avait décidé de prendre son envol. Entre temps, il a quitté son ancien label et a aujourd’hui toute la confiance de Steamhammer pour son deuxième opus. Une très bonne chose !

Et « Destination Destruction » ne manque pas d’intérêt. Les deux pieds dans les années 80, les Scandinaves s’inscrivent dans la mouvance NWOBHM à laquelle ils ont ajouté d’autres sonorités, passant par le Speed Metal et le Hard Rock notamment. Et SATAN’S FALL n’a rien de passéiste, bien au contraire, et offre à son registre beaucoup de puissance et de vélocité, ce qui rend cette nouvelle galette irrésistiblement actuelle d’autant que la production présente de l’impact, de la volonté et montre une belle assurance.

Mené par son inamovible frontman Mikka Kokko, on note les arrivées de Ville Koskinen comme lead-guitariste et Artu Hankosaari à la batterie, aux côtés de Tomi Mäenpää à la six-corde et Joni Pentander à la basse. Ainsi consolidé, SATAN’S FALL dispose de belles ressources et livre un « Destination Destruction » musclé et mélodique, qui nous renvoie aux fondamentaux du Heavy Metal en version réoxygénée et très accrocheuse (« Lead The Way », « Swines For Slaughter », « Kill The Machine », « Dark Star »). Punchy !

Photo : Toni Salminen
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Heavy metal Old School

Wings Of Steel : enfin déployées

Il y avait bien longtemps que l’underground américain n’avait pas révélé de nouvelles pépites, notamment du côté de L.A. et surtout en termes de Heavy Metal. C’est chose faite avec WINGS OF STEEL et son premier opus, « Gates Of Twilight », dont le style très Old School vient pourtant réoxygéner la scène actuelle. Produit par le Français Damien Rainaud (Dragonforce, Angra), le mix est cristallin, les titres solides et mélodiques, le chant puissant et les parties de guitares ébouriffantes. Une belle réalisation.

WINGS OF STEEL

« Gates of Twilight »

(Independant)

Certaines rencontres s’avèrent explosives et l’addition des talents fait ensuite le reste et parfois la différence. Et si on prend en compte le fait que tout cela se déroule à Los Angeles, il y a de quoi y voir un signe, tant la Cité des Anges a vu éclore il y a quelques décennies, certes, de très nombreux talents. Les astres sont donc peut-être alignés pour le chanteur suédois Leo Unnermark et le guitariste californien Parker Halud, dont le groupe WINGS OF STEEL commence à faire parler de lui au-delà de la côté ouest américaine.

Musicalement, le duo fait des étincelles, tant la complicité entre ces deux-là est évidente. Grâce à des goûts communs pour la culture Metal et un fort désir de renouer avec un style un brin vintage, l’association est plus que séduisante et tient vraiment la route. C’est vrai aussi qu’avec un tel patronyme, WINGS OF STEEL n’est pas là pour révolutionner le genre, mais la fraîcheur et la détermination affichées sur « Gates Of Twilight » suffisent à conforter et confirmer toute la créativité à l’œuvre ici.

Après un premier EP éponyme convaincant l’an dernier, le groupe, accompagné de Mike Mayhem à la batterie (Halud tenant aussi la basse), distille un Heavy Metal super efficace, très accrocheur et entraînant (« Liar In Love », « Fall In Line », « Lady Of Lost », « Leather And Lace », « Slave Of Sorrow » et le génial « Into The Sun »). Si WINGS OF STEEL laisse transpirer son affection pour Dio, Whitesnake, Queensrÿche, TNT et même Crimson Glory, on est emporté par ce très bon « Gates Of Twilight ».

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Heavy metal Old School

Metal Church : heavy faith

Figure incontournable du Heavy Thrash californien, METAL CHRCH n’aura pas été épargné par les épreuves au fil de sa carrière. Mais c’est sans compter sur la ténacité de ses membres fondateurs, qui ne comptent pas abandonner l’institution de sitôt. Avec Marc Lopes au chant, « Congregation OF Annihilation » affiche un Heavy Metal classique, efficace et direct.

METAL CHURCH

« Congregation Of Annihilation »

(Reaper Entertainment /Warner)

Comment ne pas éprouver de la tristesse et de la mélancolie à l’écoute de ce nouvel opus de METAL CHURCH ? L’histoire des Américains est émaillée de pertes tragiques. Si ce treizième album est le premier depuis le décès de son leader emblématique, Mike Howe, en juillet 2021, il sort aussi quelques jours après la mort de son ancien batteur Kirk Arrington, qui avait quitté le groupe en 2006 pour raison de santé. De quoi porter ombrage à ce nouveau chapitre qui s’ouvre, alors qu’il se dessine de très belle manière.

Produit par son guitariste Kurdt Vanderhoof, « Congregation Of Annihilation » renoue avec le passé du combo et un son massif et organique et surtout un retour à un Heavy Metal instinctif et véloce. La rythmique est solide et aérée, tandis que les deux six-cordistes se font vraiment plaisir en alternant avec des sonorités chères à leur côte ouest d’origine et quelques clins d’œil à la scène européenne des années 80 et 90. METAL CHURCH remonte à l’âge d’or d’un style auquel il a grandement contribué.  

Et cette nouvelle ère pour la formation de San Francisco s’effectue avec la présence derrière le micro de Marc Lopes (Ross The Boss, Let Us Prey), qui fait plus que tenir son rang. Après plus de quatre décennies au service du Metal, le quintet se montre toujours aussi affûté et racé, et son nouveau frontman se permet même de belles envolées vocales (« Another Judgement Day », « Pick A God And Prey », « Me The Nothing », « Making Monsters »). METAL CHURCH est bel et bien de retour pour un nouveau cycle très Heavy.

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Heavy metal Old School

Enforcer : old school is timeless

Très accrocheur et tout en puissance, cette sixième réalisation d’ENFORCER va agir sur beaucoup comme une Madelaine de Proust que l’on souhaiterait interminable. Les Suédois ont décidé délibérément de jeter un œil dans le rétro et de donner leur version d’une époque qu’ils ont d’ailleurs à peine connu, mais pour laquelle ils semblent vouer un véritable culte. « Nostalgia », quand tu nous tiens !

ENFORCER

« Nostalgia »

(Nuclear Blast Records)

15 ans après « Into The Night » qui vit les premiers pas d’ENFORCER sur la scène Heavy Metal, Olof Wikstrand, fondateur et multi-instrumentiste, fait son retour avec ses hommes. Car il faut rappeler qu’il s’agit au départ d’un projet personnel et solo du Suédois. Depuis cinq albums, six dorénavant, il entretient la mémoire de son registre de prédilection de belle manière et c’est encore le cas avec « Nostalgia ».

C’est donc un retour aux sources qu’effectue ENFORCER et le moins que l’on puisse dire, c’est que les Scandinaves sont en grande forme et plus affûtés que jamais. Cap sur les années 80 avec des sonorités préservées et un respect total pour le style et l’esprit des pionniers. Et la première chose qui vient confirmer la démarche du groupe, c’est cette avalanche de riffs racés et tendus et de solos gigantesques.

Pied au plancher, ENFORCER multiple les assauts avec des accents Heavy Speed très Old School, qui ne sont pas sans rappeler les belles heures de la NWOBHM (« Kiss Of Death », « When The Thunder Roars », Metal Supremacia », « Demon »). Bien sûr, le combo n’est pas là pour renouveler le genre, mais plutôt pour se faire plaisir et faire remonter de beaux souvenirs (« White Lights In The USA », « The Lonely Man »).