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Heavy metal Old School Progressive Heavy Metal

Diamonds Hadder : mystic Metal

Jouant sur une personnalité assez énigmatique, puisqu’il est question de l’ici de l’histoire de son protagoniste ‘Johnathan Hadder’, John Evermore entend bien perpétuer la tradition d’un Heavy Metal tranchant, épique et légèrement cinématographique. Sur des mélodies accrocheuses, des parties de guitares dynamiques et brûlantes et des changements de tempos aussi surprenants que véloces, DIAMONDS HADDER se livre à un voyage musical introspectif entre classicisme à la Dio pour la voix et une profondeur progressive héritée notamment de Fates Warning.

DIAMONDS HADDER

« Beyond The Breakers »

(No Remorse Records)

Je ne suis habituellement pas très adepte des one-man-bands, surtout de nos jours où l’informatique fait déjà la loi et où l’IA commence aussi à augmenter les dégâts. Le progrès à la place de la créativité, c’est ce que subit la musique au quotidien. Mais il reste encore quelques artistes étonnants qui osent d’aventurer sur des sentiers déjà bien balisés pour y apporter un petit quelque chose d’autre, un petit grain de folie. Et c’est exactement ce que propose John Evermore, alias DIAMONDS HADDER, avec « Beyond The Breakers ».

Loin justement de remplir l’espace sonore en empilant les pistes instrumentales pour un résultat d’une exemplaire platitude, comme c’est la norme, ce premier album est au contraire très organique, un brin vintage et interprété de main de maître. Le musicien y joue tous les instruments, et même très bien, s’est aussi occupé de l’enregistrement, du mix et de la production, sans oublier bien sûr l’écriture et la composition. Et surtout, DIAMONDS HADDER nous ramène à des sonorités familières entre Heavy Metal et Hard Rock.

Egalement au chant, l’Américain, basé à Los Angeles, a imaginé et réalisé un opus en forme de conte et doté d’une narration riche et dynamique. Et l’on doit ce son si authentique sans doute au fait que « Beyond The Breakers » ait été enregistré dans une usine abandonnée, ce qui lui confère cette atmosphère si particulière. DIAMONDS HADDER ne manque pas non plus de (bonnes) références et nous fait naviguer du côté de chez Rainbow, Savatage, Queensrÿche, voire Iron Maiden. Une belle odyssée classique et progressive.

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Heavy metal Old School Proto-Metal

The Watcher : l’œil dans le rétro

Porté par des effluves proto-Doom et des fulgurances bien Heavy, le combo de Boston présente beaucoup de détermination sur son premier opus complet. Vif et intense, « Out Of The Dark » libère une puissance brute, un son organique et devrait ravir les amateurs du Metal de la grande époque. Assez sombre et très groovy, l’atmosphère se fait enveloppante et THE WATCHER parvient à faire la jonction entre un registre aux couleurs rétro et une belle fraîcheur. Une réussite.

THE WATCHER

« Out Of The Dark »

(Cruz Del Sur Music)

Après des débuts tonitruants il y a trois ans avec un EP, « You Turn To Die » qui leur a valu d’élogieuses critiques et permis de faire une arrivée marquante sur la scène Metal, les Américains sortent enfin leur premier album. Depuis 2016, THE WATCHER bâtit patiemment un répertoire solidement ancré dans la NWOTHM, où cohabitent un Heavy traditionnel et un Doom sabbathien. Avec son aspect classique, « Out Of The Dark » a des saveurs vintage, certes, mais n’a pas pris la moindre poussière.

Enregistré il y a tout juste un an à New-York, ce premier effort montre déjà beaucoup d’assurance et une incontestable maturité artistique. THE WATCHER n’a rien laissé au hasard et a soigné chaque morceau avec talent. « Out Of The Dark » nous transporte dans une capsule intemporelle à grands coups de riffs racés, de refrains savoureux et de solos bien ciselés. Efficace sans être démonstratif, le power trio du Massachusetts parvient sans mal à sortir son épingle du jeu en présentant un son et un style déjà identifiables.

Même s’ils évoluent dans une configuration assez restreinte (avec l’appui de deux autres six-cordistes sur scène), Max Furst (guitare, basse), Paden Reed (chant, guitare) et Chris Spraker livrent un Heavy dense et musclé marqué au fer rouge par les décennies 70 et 80. Grâce aussi à des twin-guitars enflammées, des lignes vocales assurées et un fort engagement, « Out Of The Dark » regorge de titres accrocheurs (« Strike Back », « Burning World », « The Revelator », « Thy Blade, Thy Blood » et la chanson-titre). THE WATCHER frappe fort !

Photo : Hillarie Jason

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Hard 70's Heavy Rock Old School

Ian Blurton’s Future now : absolute rock

Avec autant d’énergie et de créativité, « Crimes Of The City », deuxième opus des Canadiens, a de quoi séduire les amoureux de Rock direct et sans concession. Outre l’expérience des membres du IAN BLURTON’S FUTURE NOW, c’est une même vision qui est ici distillée avec une intensité sans limite, mélangeant des courants comme le Stoner, le Psych, le Hard Rock 70’s avec une dose de Heavy Metal à l’ancienne. Pourtant pointilleux dans sa conception, cette nouvelle réalisation donne un coup de pied dans la fourmilière Rock, tout en ménageant l’institution. Une saveur assez unique.

IAN BLURTON’S FUTURE NOW

« Crimes Of The City »

(Pajama Party Records)

Bien que né dans l’Illinois, IAN BLURTON est une figure incontournable au Canada, et notamment en Ontario, où il a fait l’essentiel de sa carrière. Guitariste, songwriter et producteur, il a fait les belles heures de son premier groupe, Change Of Heart de 1987 à 1997, avant de se consacrer à la scène Rock indépendante à laquelle il a fortement contribué à poser les fondations. Et c’est il y a un peu plus de deux ans qu’il monte le projet FUTURE NOW, destiné dans un premier temps à des prestations live, qui lui ont forgé une solide réputation et qui l’ont mené à un premier album, « Second Skin », déjà électrisant.

Accompagné par des musiciens chevronnés qui possèdent exactement le même état d’esprit et partagent une vision du Rock commune, IAN BLURTON’S FUTURE NOW compte donc dans ses rangs Glenn Milchem à la batterie et aux chœurs, la bassiste Anna Ruddick et Aaron Goldstein à la guitare. Ici, point de bidouillages, de fioritures, d’overdubs et autres coquetteries, le quatuor ne jure que sur ses amplis à lampe, des riffs percutants, des voix presque solaires et un sens de la mélodie aussi délicat que rugueux, qui le rend addictif.

Pas de faux-semblant, donc. Alors, si « Crimes Of The City » résonne globalement comme du Classic Hard Rock, il ne faudrait surtout pas oublier les touches Stoner et psychédéliques qui viennent compléter ce beau tableau. Les parties de guitares rayonnent, le travail sur les voix est exemplaire et si la production conserve un aspect très brut, elle n’en demeure pas moins soignée. La force du IAN BLURTON’S FUTURE NOW est certainement sa sincérité et sa spontanéité et on se délecte de cet album si humain et authentique. Un régal !

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Hard'n Heavy Old School

Desert Song : intuitif et expérimenté

Face à une industrie musicale et une scène Metal internationale plus formatées que jamais, où tout finit par se ressembler peu à peu, DESERT SONG prend tout le monde à revers pour faire un bond dans le temps. Si renouer avec la créativité du siècle passé n’est pas une mince affaire, recréer l’atmosphère avec un son organique et chaleureux est encore possible. Et le Hard Rock transgénérationnel et cette ambiance Old School dénotent avec brio des réalisations fadasses et bidouillées d’aujourd’hui.

DESERT SONG

« Desert Song »

(Sleaszy Rider Records)

Prenez trois musiciens chevronnés issus d’Ensiferum, Spiritus Mortis, Amoth, Celesty et d’autres encore, mettez-les ensemble en studio et laissez-les se faire plaisir. C’est très précisément ce qu’ont fait Pekka Montin (chant, claviers), Kimmo Perämäki (guitare, chant) et Vesa Vinhavirta (batterie) pour donner naissance à DESERT SONG, power trio affûté, qui a décidé de retrouver la saveur du Hard Rock et du Heavy Metal des années 70 et 80. Et cette couleur très rétro se développe même jusque sur la pochette.

L’ambition première des Finlandais est de faire la musique dont ils ont envie depuis des années et de bien le faire. Pari réussi pour DESERT SONG avec ce premier album éponyme, qui nous renvoie aux belles heures de Blue Öyster Cult, Uhiah Heep et Deep Purple avec une pincée du Michael Schenker des débuts et de Rainbow. Sont injectés aussi quelques passages Doom, progressifs et AOR distillés dans des morceaux très bien écrits, aux structures solides et dont la production-maison est exemplaire et très naturelle.

En marge de leurs groupes respectifs, le combo se rassemble autour d’influences communes et intemporelles. Allant jusqu’à enregistrer sur du matériel vintage, les Scandinaves se partagent aussi le chant et trouvent un parfait équilibre musical. On imagine facilement que DESERT SONG n’a pas souhaité faire dans le clinquant au niveau du son et ce parfum de nostalgie n’en est que plus prégnant (« Desert Flame », « Rain In Paradise », « Another Time », « The Most Terrible Crime », « Cottage »). Un bain de jouvence !

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Heavy metal Old School

Blitzkrieg : indomptable

44 ans d’existence, cinq reformations et une dizaine de disques, le bilan peut paraître chaotique. Et pourtant, BLITZKRIEG n’a pas rendu les armes, bien au contraire. Souvent dans l’ombre d’une scène anglaise effervescente, le combo de Leicester a régulièrement été précurseur et a même inspiré une grande partie de la mouvance Speed/Thrash/Power, qui a suivi. Avec ce nouvel opus éponyme à la production irréprochable, il revient à l’assaut et il serait vraiment dommage de manquer ce renouveau spectaculaire et tellement actuel.

BLITZKRIEG

« Blitzkrieg »

(Mighty Music)

Certains se souviennent peut-être qu’en 1984, un jeune groupe californien nommé Metallica reprenait sur son single « Creeping Death », puis sur « Garage Inc. », le morceau éponyme de BLITZKRIEG, le faisant ainsi et un peu plus tard entrer définitivement dans la légende. C’est vrai qu’en reprenant un titre de ce groupe anglais pas plus âgé que lui, l’impact des Américains allait le faire entrer dans la légende et surtout le propulser au rang d’influence majeure pour beaucoup d’autres. Par la suite, les deux formations n’ont bien sûr pas connu le même destin… Loin de là !

BLITZKRIEG est donc une espèce de mythe que tout le monde semble connaitre sans s’être vraiment plongé dans sa discographie pour autant. Membre (trop) discret de la fameuse NWOBHM, le combo mené par le frontman Brian Ross, dernier rescapé de l’aventure originelle, a pourtant laissé quelques albums, qui ont posé d’épaisses fondations au style (« Court Of The Act », « A Time Of Changes », « Absolute Power », « Theatre Of The Damned » ou encore « Back From Hell » et « Judge Not »). Une petite dizaine de réalisations, qui a pourtant remué les scènes des plus grands festivals.

Composé aujourd’hui du fils de Brian, Alan Ross, de Nick Jennison avec qui il forme un duo explosif et essentiel à la guitare, de Liam Ferguson (basse) et de Matthew Graham (batterie), BLITZKRIEG ne fait franchement pas son âge. Moderne et solidement ancré dans son époque, le Heavy Metal des Britanniques avance avec force et puissance. C’est simple, pour un peu, on a presque l’impression de découvrir un nouveau groupe. Racé et féroce, l’aspect traditionnel du genre n’a pas disparu, mais a subi un époustouflant lifting. Acéré et mélodique, le quintet frappe fort et on souhaite vraiment que ce ne soit qu’un début.

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Heavy metal Old School

Saint : une combativité intacte

De l’énergie, SAINT en a à revendre et ce quarantième anniversaire semble même lui avoir donné un sérieux coup de boost. Son Heavy Metal n’a pas pris une ride, alors qu’il puise son inspiration au siècle dernier. Avec ce très bon « Immortalizer », le quintet affiche beaucoup de puissance, tout en misant sur des titres accrocheurs et entêtants et en restant fidèle à un style dont il ne s’est jamais éloigné. Un très bon opus qui vient couronner une belle et bien trop discrète carrière.

SAINT

« Immortalizer »

(Roxx Records)

Apparu au début des années 80 aux côtés de Stryper et Messiah Prophet notamment, SAINT fait partie de la toute première vague américaine de White Metal. Comme beaucoup d’autres, les changements de line-up ont émaillé le parcours du groupe, mais il se présente aujourd’hui avec le troisième album consécutif avec la même et solide formation. Et « Immortalizer » vient célébrer 40 ans de bons et loyaux services. Une treizième réalisation qui s’avère également être un très bon cru.

Fondé à Salem en Oregon, SAINT suit le même chemin depuis sa création, celui tracé sur un Heavy Metal mélodique qu’il a su actualiser au fil des décennies pour être plus électrisant que jamais. Rangés derrière son bassiste et fondateur Richard Lynch, les Américains peuvent compter sur un Dave Nelson impérial au chant, une talentueuse doublette de guitaristes avec Matt Smith et Jerry Johnson, tandis que Jared Knowland (batterie) est toujours aussi affûté. Ca ronronne et ça envoie du bois !

A l’instar de nombreux groupes de sa génération, SAINT n’a rien perdu de sa vélocité et se montre même beaucoup plus efficace et affiné qu’autrefois. Bien sûr, le frontman donne de l’allant et de la percussion, mais le jeu des deux six-cordistes au niveau des riffs, des solos et des twin-guitars reste sa force principale (« Immortalizer », « Eyes Of Fire », « The Congregation », « Pit Of Sympathy », « Salt In The Wound »). Cette nouvelle production vient donc célébrer quatre décennies exemplaires avec brio.

Photo : Concert Fotos by Chad

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Heavy metal Old School

Voodoo Kiss : feel the revival

Un peu plus de deux ans après sa remise sur de bons rails, VOODOO KISS a retrouvé de la régularité et la flamme des débuts. Très Heavy avec quelques touches de Hard Rock, le style vintage des Allemands est un brin nostalgique, mais l’envie affichée fait plutôt plaisir à entendre. Avec derrière les fûts, le fondateur de l’un des plus grands rassemblements Metal annuel de Bavière, la formation dispose d’une belle visibilité et montre sur « Feel The Curse » beaucoup d’ardeur et de volonté.

VOODOO KISS

« Feel The Curse »

(Reaper Entertainment)

Avec son étonnant parcours, VOODOO KISS continue d’écrire son histoire près de 30 ans après sa création. Fondé par le batteur Achim Ostertag en 1995, le groupe lui doit son existence, bien sûr, et sa renommée par la même occasion. Car, faute de concert, le musicien avait dans la foulée mis sur pied le légendaire festival ‘Summer Breeze’ pour pouvoir y jouer. On connait la suite… Seulement, le combo retomba dans l’oubli jusqu’en 2022 après une très longue hibernation.

Aux côtés des autres fondateurs, Martin Beuther (guitare) et Klaus Wieland (basse), Gerrit Hutz (Sacred Steel) et Steffi Stuber (Mission In Black) vont venus compléter le line-up tous les deux au chant. Suivront un premier opus éponyme et « Conquer The World ! », un split-album avec leurs compatriotes de Tankard. La machine VOODOO KISS avait ainsi retrouvé un second souffle, et avec « Feel The Curse », son Heavy Metal très teuton est de nouveau en fusion.

Clairement estampillé 80’s, le quintet distille un Heavy classique et le fait de se présenter avec deux vocalistes distinctifs, femme et homme, donne du coffre à « Feel The Curse » et une certaine originalité aussi. Enregistré au printemps et sorti à l’été, VOODOO KISS n’a donc pas traîné, mais il aurait peut-être du s’arrêter un plus longuement sur la production qui manque cruellement de puissance. Cela dit, cette deuxième réalisation ravive de bons souvenirs et tient plutôt bien la route.

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Heavy metal Old School Thrash Metal

Category 7 : apocalyptique

La côte ouest des Etats-Unis et sa fameuse Bay Area continuent de faire trembler le monde du Metal grâce à un son unique et surtout une créativité et une technique incontestables. En termes de formations, on ne compte plus celles qui ont influencé, et le font encore, une grande partie de la scène actuelle une quarantaine d’année après son éclosion, voire son explosion. CATEGORY 7 regroupe en son sein des musiciens parmi les plus aguerris et chevronnés du genre, et surtout dont l’envie de repousser les limites est intacte.

CATEGORY 7

« Category 7 »

(Metal Blade Records)

La catégorie 7 est le niveau le plus élevé en termes de catastrophe, notamment nucléaire. Alors, autant dire que lorsqu’un groupe, un temps soit peu sérieux, prend ce nom, ce n’est pas vraiment un hasard même s’il faut l’assumer. Et CATEGORTY 7 n’a rien non plus de très ordinaire. Ses musiciens se connaissent tous de longue date, figurent parmi les plus grands noms du Metal et leur réunion est somme toute presque naturelle. Un tel line-up étant quasi-inespéré, on peut donc ici sans se tromper parler de ‘supergroupe’.

Ce genre de formation est souvent un assemblage de talents et de grands techniciens, dont l’objectif est habituellement d’en mettre plein la vue en jouant les virtuoses. Certes, les membres de CATEGORY 7 affichent des CV hors-normes, mais ils sont surtout unis par la même passion pour un Metal musclé qui tabasse. A la manœuvre, à la composition, et à la production, on retrouve Mike Orlando (Adrenaline Mob, Sonic Universe) et sa guitare, aux côtés de celle de Phil Demmel (Machine Head, Vio-Lence, Kerry King).

Au chant, c’est John Bush (Armored Saint, ex-Anthrax) qui s’y colle, tandis que Jack Gibson (Exodus) à la basse et le foudroyant de Jason Bittner (Overkill) derrière les fûts offrent une prestation ultra-rugueuse. CATEGORY 7 n’est pas là pour trier les lentilles et son Thrash très Heavy, teinté de NWOBHM, bastonne dans un ensemble convaincant (« In Stitches », « Land I Used To Love », « Exhausted », « Through Pink Eyes », « Etter Stormen »). Ce premier album est la quintessence d’un Metal qui a fait ses preuves et qui est joué ici par des cadors.

(Photo : Rob Shotwell)

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Heavy metal Old School

Sunbomb  : back to the roots

Parfois les side-projets permettent aux artistes de s’échapper un temps de leur chapelle musicale et même à l’occasion de revenir à leurs premières amours en se faisant tout simplement plaisir. Cela semble être le cas avec ces deux monuments du Hard Rock américain, Tracii Guns et Michael Sweet. Loin des L.A. Guns et de Stryper, c’est sur un Heavy sombre et massif qu’ils ont jeté leur dévolu et il faut bien avouer que ça leur va bien et qu’ils sont plus qu’à la hauteur de cette nouvelle entreprise. « Light Up The Sky » ravive toute une époque.

SUNBOMB

« Light Up The Sky »

(Frontiers Music)

Avec SUNBOMB, la mention ‘toute ressemblance avec des groupes déjà existants ou ayant existés’ n’a rien de fortuite et prend même tout son sens. Sous l’impulsion du patron de Frontiers Music, Tracii Guns et Michael Sweet se sont réunis il y a quelques années autour d’un projet de Heavy Metal traditionnel pour prolonger, à leur manière, l’héritage laissé par Black Sabbath, Dio, Ozzy ou Judas Priest pour ne citer qu’eux. Et après le très bon «  Evil And Divine » (2021), le duo récidive avec un « Light Up The Sky », tout aussi convaincant.

C’est vrai qu’avec ce groupe, le leader de L.A. Guns et le frontman de Stryper s’éloignent de leur registre habituel respectif, mais ils démontrent avec beaucoup de vigueur et avec le talent qu’on leur connait qu’ils sont bel et bien des guerriers et, si certains en doutaient encore, « Light Up The Sky » est une réponse franchement éclatante. SUNBOMB propose un répertoire très dark et nous propulse directement dans les années 80/90 sur une production actuelle et puissante. Et le plaisir des deux musiciens est palpable.

Tandis que Tracii signe toutes les guitares et la basse, soutenu à la batterie par l’ex-L.A. Guns Adam Hamilton, Michael Sweet donne de la voix et offre un beau contraste avec son groupe, qui vient d’ailleurs de sortir un nouveau single (« End Of Days »). Il y a même un petit côté fétichiste chez SUNBOMB dans sa recherche de l’aspect intemporel du Heavy Metal des origines. De « Unbreakable » à « In Grace We’ll Find Our Name », « Steel Hearts », « Rewind » ou « Scream Out » et « Setting The Sail », cet opus est marqué au fer rouge.

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France Heavy metal Old School Speed Metal

ADX : inoxydable et affûté [Interview]

Dans quelques jours maintenant sortira « L’Empire Du Crépuscule », le douzième album d’ADX. Véritable légende du Metal hexagonal, le quintet se réinvente depuis quelques années, tout en préservant un son un brin vintage sur des productions très modernes. Un mix qui fait toujours son effet et qui permet au quintet d’envisager sereinement l’avenir. Entre Speed et Heavy Metal, cette nouvelle réalisation se veut véloce et accrocheuse, preuve que le combo reste une locomotive du registre en France. Batteur et membre fondateur, Didier ‘Dog’ Bouchard nous parle de la conception de « L’Empire Du Crépuscule ».  

– La dernière fois que nous nous sommes parlé, c’était il y a trois ans pour la sortie d’« Etranges Visions ». Tout d’abord, comment l’album avait-il été accueilli par vos fans et comment les concerts qui ont suivi se sont-ils déroulés ?

« Etranges Visions » a eu un accueil excellent. Depuis le temps que les fans attendaient cet album en français, on devait répondre présent et surtout faire un produit qui redonne un nouveau souffle à « Weird Visions ». Concernant le retour lors des concerts, on peut dire que la sauce a redonné du goût à ce projet. Ce n’était pas gagné, mais on l’a fait.

– Pour rappel, « Etranges Visions » est la version française de « Weird Visions », votre seul album en anglais sorti en 1991. Beaucoup l’attendait donc avec impatience. Alors, est-ce que justice a été rendue ? 

« Weird Visions » a toujours été un sujet de polémique. Il faut, il ne faut pas, c’est le moment, ce n’est pas le moment, bref, il y avait quand même une grosse attente des fans, qui n’avaient pas apprécié notre approche de la langue anglaise. La période Covid nous a permis de bosser sur cette nouvelle version et justice est faite.

– Donc si votre précédent album avait quelque chose de spécial, celui-ci est entièrement original. Comment avez-vous abordé sa composition, au niveau de la musique comme des textes, puisqu’ils ne sont pas des adaptations cette fois ?

En ce qui concerne les compos du nouvel album, on a procédé comme d’habitude. J’adore composer et proposer aux autres membres ce qui me passe par la tête, mais attention si c’est de la merde c’est poubelle. Disons que j’amène l’esquisse et les autres mettent les couleurs, c’est identique pour les textes, mais là, le boulot se fait souvent avec Phil (Philippe Grelaud, chant – NDR). Malgré les changements de line-up, nous avons toujours dans ADX des musiciens de talent et à l’écoute de « L’empire Du Crépuscule », on sent que la magie est toujours là.

– Comme toujours, « L’Empire Du Crépuscule » est musclé et toujours aussi moderne dans le son, malgré une touche Old School qui reste votre marque de fabrique. Et à ce sujet, c’est à nouveau Francis Caste qui a mis en forme votre puissance sonore. C’est le cinquième album que vous faites ensemble et on a vraiment le sentiment qu’il ne saurait désormais en être autrement. C’est aussi votre conviction ? Il fait partie de la famille ?

Francis a compris avec nos albums la direction à prendre. Il est facile, intelligent et le mélange entre le Old School et l’actuel donne une couleur très punchy. Il fait partie de la division, c’est un pilote.

Didier ‘Dog’ Bouchard, batteur et fondateur d’ADX

– Ce douzième album est très fluide et véloce. Vos deux guitaristes s’en donnent à coeur-joie et la rythmique bastonne. On a le sentiment qu’ADX est véritablement ancré dans une nouvelle phase avec une évolution qui conserve aussi son ADN. C’est toujours un challenge pour vous de rester actuel, tout en gardant cette saveur 80’s/90’s, ou plus du tout ?

ADX ne veut pas être largué. Il y a tellement de groupe talentueux qu’il faut être fort et toujours dans le coup. Même si nous avons cette griffe des années 80/90, nous essayons d’évoluer et de faire un mélange des saveurs, qui peut donner un bon album sans que l’on s’emmerde. Nous avons notre style, mais il faut également le peaufiner.

– J’aimerais qu’on dise aussi un mot de cette très belle pochette, signée Stan W Decker. Derrière cette ambiance très ‘historique’, on peut aussi y déceler beaucoup de symboles très contemporains. Quel a été le ‘cahier des charges’ et surtout qu’elles étaient vos intentions ?

Pour la cover de l’album, l’échange avec Stan Decker s’est fait simplement. Nous lui envoyons les idées et lui rajoute ses délires. C’est un artiste doté d’une grande simplicité et quel plaisir d’échanger avec lui. Pour « L’Empire Du Crépuscule », nous voulions montrer un pouvoir qui s’accroche, mais qui s’écroule. Il y a sans cesse des mouvements, des révolutions dans l’Histoire de France et malheureusement, nous sommes en plein dedans.

– D’ailleurs, c’est un peu la même chose au niveau des textes. Les titres des morceaux ont un reflet très XVIIIème siècle et ils le sont sous certains aspects. Cependant, si on lit entre les lignes, le contenu est très actuel et on a presque l’impression que vous dépeignez le climat actuel. Ce double-langage a quel objectif ? Rester toujours aussi engagé et revendicatif, tout en racontant des histoires ? 

ADX a toujours eu dans les textes ce coté ‘historico-fantastique’. Nous aimons raconter des choses sur l’Histoire, qui ne sont pas dévoilé à l’école, parce que trop dérangeantes. Et si nos paroles actuelles se rapprochent de ce que l’on vit en ce moment, c’est effectivement questionnant.

– Au-delà du message, « L’Empire Du Crépuscule » est véritablement taillé pour la scène avec des refrains fédérateurs et efficaces. C’est quelque chose de constant chez ADX. C’est une sorte de leitmotiv depuis toutes ces années ? Quelque chose que vous avez toujours dans un coin de la tête ?

Pour nous, les concerts restent un échange avec le public. C’est une fête que nous devons partager ensemble, nous cherchons toujours dans de nos compositions le refrain qui restera en tête. C’est très important, car entendre chanter tes chansons te donne toujours ce frisson qui te dit : voilà ça fonctionne.

– Pour « Etranges Visions », vous étiez toujours autoproduits avec une distribution par Season Of Mist. Cette fois, vous êtes sur un label, Verycords, qui compte aussi de nombreux groupes français à son catalogue. En plus du soulagement que cela doit procurer, j’imagine que c’est ce que vous attendiez pour peut-être aussi franchir un palier dans cet océan de sorties de disques que l’on voit, et subit, aujourd’hui, non ?

Nous avions déjà bossé avec Verycords et certaines personnes à l’époque avaient eu l’idée que nous pouvions rouler tout seul sans l’apport d’une maison de disques. Nous avons fait quelques albums en autoproduction, mais c’est un boulot énorme. Il faut une équipe pour faire tourner tout ça et nous sommes avant tout des musiciens. Tout n’était pas gagné quand nous avons tapé à la porte de Verycords. Franchement, c’est un soulagement, après toutes ces années, de pouvoir enfin se consacrer à faire de la musique et laisser faire les pros.

– Enfin, un petit mot au sujet des concerts à venir et de cette époque des festivals qui arrive aussi. Quel est le programme ? Avec un tel album, vous devez être sacrément motivés et impatients, non ?

Nous sommes très impatients de monter sur les planches pour balancer notre setlist. Des choses se mettent en place. Nous avons Metallian Productions qui s’occupe de nos affaires et une tournée est en préparation, mais pour l’instant ça se met en place. Et nous avons hâte, vraiment hâte…

« L’Empire Du Crépuscule » d’ADX est disponible chez Verycords.

Retrouvez l’interview du groupe à l’occasion de la sortie d’« Etranges Visions » :