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Southern Metal Southern Rock

Mark Morton : south side

Décidemment, il semblerait que tout le monde se tourne vers la scène du Sud et peu importe le style. Certes, dans le Blues, il paraît assez normal et évident d’aller vers des origines avérées. Quand les musiciens issus du milieu du Metal, et pas des plus tranquilles, s’y mettent, on y regarde tout de même à deux fois… et en scrutant le pédigrée de l’aventurier. MARK MORTON, six-cordiste en chef de Lamb Of God, fait mieux de s’immiscer dans un genre pourtant loin de ses (bonnes) habitudes. Grâce à un jeu brut et direct, son côté roots fait même de son album une belle surprise. « Without the Pain » est un disque bien exécuté et convaincant. 

MARK MORTON

« Without The Pain »

(Independant)

Tout d’abord, je tiens à rassurer les fans de Lamb Of God et ceux de Country Music aussi car, contrairement à ce que j’ai pu lire dans un très, très fameux magazine rocailleux français, MARK MORTON n’a pas sorti d’album de Country. Enfin, pas encore à ce jour, il me semble… Donc, histoire de rectifier un peu le tir hasardeux plein de graviers de notre belle presse nationale, le guitariste et chanteur s’est essayé (et plutôt bien !) au Rock Sudiste, c’est-à-dire au Southern Rock pour être le plus politiquement correct possible. Désolé, mais comme je sais que l’heure est aux fake news, je tenais à apporter quelques précisions. Direction donc le Sud des Etats-Unis avec ce « Without The Pain » de très bonne facture.

Alors, c’est vrai que notre tendre métalleux s’est fait plaisir en invitant quelques jolis noms plutôt associés au genre, comme le leader de Cadillac Tree, Jaren Ray Johnston, la chanteuse Country Nikki Lane, le rugueux Texan Matt James des Blacktop Mojo, le jeune Travis Denning de Georgie, ainsi que Charlie Starr et Jason Isbell de Blackberry Smoke, le très Outlaw Cody Jinkx, la jeune et talentueuse guitariste Grace Browers déjà chroniqué ici, ‘Mr Larkin Poe’ Tyler Bryant, le frontman de Clutch, Neil Fallon, le guitariste de Blues Rock Jared James Nichols et enfin le bassiste et chanteur de Mastodon Troy, Jayson Sanders… Il manque donc Dolly Parton à cette grand-messe de la Country orchestrée par MARK MORTON !

Assez éloigné donc des Miranda Lambert, Lainey Wilson et autres Carrie Underwood, on est plutôt ici dans les pas du Pride & Glory de Zakk Wylde, voire plus récemment de Cory Marks. Ne nous y trompons pas, le musicien originaire de Virginie, a mis le cap au Sud en sortant les muscles, et on n’en attendait pas moins de lui. Il prend à bras le corps le Southern Rock avec l’héritage très Metal qu’on lui connaît. Et ça sonne ! Les riffs épais et tranchants, un songwriting aux petits oignons et des solos de grande classe font de ce deuxième effort en solo de MARK MORTON un moment bien pensé et agréable. Proche des standards du genre, il lui manque cependant encore un peu d’identité franchement Southern. Propre et soutenu.

Photo : Travis Shinn

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Southern Metal Southern Rock

Texas Hippie Coalition : wild South

Avec un humour décapant et une force de frappe conséquente, TEXAS HIPPIE COALITION rempile déjà avec son huitième opus sur lequel il renoue avec le son massif, chaud et généreux de ses débuts. Fortement imprégné de son sud natal, le quintet se montre toujours aussi sincère que ce soit sur des titres costauds et accrocheurs que dans des instants plus roots teintés d’émotions viriles et brutes. Et avec une figure de proue comme ‘Big Dad Ritch’, il reste robuste et tenace sur ce très vivifiant « Gunsmoke ».

TEXAS HIPPIE COALITION

« Gunsmoke »

(MNRK Records)

Alors qu’il avait sorti le très bon « The Name Lives On » l’an dernier, il y a fort à parier que TEXAS HIPPIE COALITION se soit ardemment remis à l’ouvrage pour sortir en temps et en heure ce furieux « Gunsmoke », qui vient célébrer les 20 ans du groupe. Et en termes de coup de boost, le moins que l’on puisse dire est que les Texans savent y faire. Leur mix entre Hard Rock et Heavy Metal, sous la bannière Southern, est l’un des plus musclés du genre et remue avec beaucoup de fougue l’actuelle scène pourtant si fertile.

Mené de main de maître par ses fondateurs Richard Earl Anderson, aka ‘Big Bad Ritch’, au chant et Cord Pool à la guitare, et dont les solos rayonnent sur tout l’album, TEXAS HIPPIE COALITION peut aussi compter sur les frères Romo (Nevada à la six-cordes et Larado à la basse) et sur son cogneur en chef Joey Mandigo derrière les fûts pour guider ce groove épais et ravageur. Cela dit, c’est un aspect légèrement plus Rock et résolument sudiste qui est mis en avant ici, comme un retour à ses origines musicales.

L’entame de « Gunsmoke » est rugueuse et cash. Les trois premiers morceaux (« Deadman », « Baptized In The Mud » et « Bones Jones ») sont bruts et mélodiques et les riffs lourds et puissants se libèrent sur un rythme d’enfer. Pour autant, TEXAS HIPPIE COALITION sait aussi se montrer plus délicat (« She’s Like A Song », « I’m Gettin’ High ») grâce, notamment, à son incroyable et irremplaçable frontman, qui incarne littéralement l’âme du combo (« Eat Crow », « Droppin’ Bombs » et l’irrésistible chanson-titre). Une saveur authentique.

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Southern Stoner Stoner Metal

Vermilion Whiskey : Louisiana sludge

Gras et costaud, le style de VERMILION WHISKEY génère une énergie très Rock’n’Roll dans l’attitude et résolument Metal dans le son. Malgré une approche très brute et sans détour, la formation du sud des Etats-Unis est particulièrement accrocheuse et libère un tsunami Southern baigné de Stoner. « Crimson & Stone » dégage une amplitude entraînante et harmonique.

VERMILION WHYSKEY

« Crimson & Stone »

(Independant)

Originaire de Lafayette dans la bouillonnante Louisiane, VERMILION WHISKEY concentre à lui seul tous les ingrédients qui font l’explosivité et la chaleur sudiste, dans le sens très musclé du terme. Fidèle à une tradition Southern Metal et Rock, le groupe conjugue avec talent des sonorités Hard Rock et Stoner, tout en maintenant les mélodies comme ligne directrice de son jeu. Imparable.  

Bien sûr, l’épaisseur et l’aspect massif des riffs font penser à Zakk Wylde, mais l’univers de VERMILION WHISKEY ne manque pas d’originalité. Bien au contraire, le quatuor peaufine son Southern Stoner Metal et l’évolution depuis « 10 South », son premier album sorti il y a dix ans, est manifeste. Les Américains s’imposent avec puissance sans pour autant manquer de finesse et de créativité.

Là où VERMILION WHISKEY brouille un peu les pistes, c’est qu’il parvient habillement à injecter quelques touches d’Alternative Metal dans son solide registre, ce qui lui apporte un côté accessible et très fédérateur. Pour le reste, le combo se montre frontal grâce à des morceaux très bien structurés (« Down To You », « The Get Down », « Dissonance », « Atrophy »). Une belle et forte performance.

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Groove Metal Hard Rock Southern

I’ll Be Damned : incendaire

Ils seront damnés et ça ne fait aucun doute ! Peu importe, les Danois prennent le taureau par les cornes pour asséner un album très nerveux, où la fièvre du propos s’étend sur des morceaux d’une totale liberté et d’une explosivité de chaque instant. Sur un Hard Rock massif, percutant et aux éclats de Metal, I’LL BE DAMNED livre l’un des meilleurs albums dans ce registre depuis bien longtemps ! La machine est lancée…

I’LL BE DAMNED

« Culture »

(Mighty Music/Target Group)

Présenté comme un groupe de Groove Metal, c’est pourtant bel et bien dans un registre très Hard Rock bien gras et surpuissant, d’où s’échappent des solos bien Heavy, qu’évolue I’LL BE DAMNED. Alors pour ce qui est des références, allez plutôt chercher du coté de Clutch que de Down. Résolument Rock’n’Roll dans l’attitude, mais pas seulement, les Danois livrent un troisième album survolté, hargneux et vindicatif.

Que ce soit la politique, la religion, les médias et plus largement la société dans son ensemble, tout le monde en prend pour son grade. Et pas à moitié ! Avec l’arrivée d’Anders Gyldenøhr derrière les fûts et surtout de Mark Damgaard au chant, le quintet se montre incisif dans les riffs, massif dans la rythmique et très rugueux, tout en restant mélodique dans la voix. I’LL BE DAMNED n’est pas de retour pour trier les lentilles.

Les neuf morceaux de « Culture » sont autant de grosses claques en pleine face. Avec un côté Southern marqué, les Scandinaves avancent sur un groove épais et rageur entre colère et désespoir avec un cynisme et une ironie de chaque instant. Parfaitement structurés et remarquablement bien produits, les morceaux de I’LL BE DAMNED sont autant d’uppercuts (« FuckYourMoney », « Hell Come », « Through The Walls », « Forever, Right »). Jouissif !