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Hard US Hard'n Heavy Sleaze

Kickin Valentina : a shot of nitro

Mené par un D.K. Revelle impérial au chant, KICKIN VALENTINA remet le Hard US version déjanté et aguicheuse au firmament, où il siégeait il y a encore quelques décennies. Les bases sont épaisses, le sens de l’audace nourrit les chansons avec appétit et les refrains pénètrent le cerveau pour ne plus en sortir. Avec « Star Spangled Fist First », l’exaltation se fond dans une fièvre très Rock, comme on en n’avait plus entendu depuis de longues années. Le quatuor est aussi ravageur qu’accrocheur : une belle prouesse !

KICKIN VALENTINA

« Star Spangled Fist Fight »

(Mighty Music)

Le bouillonnant combo d’Atlanta est de retour, et quel retour ! Depuis ses débuts en 2013 avec un EP éponyme qui avait fait beaucoup de bruit, il poursuit son ascension en étoffant régulièrement son répertoire. Dorénavant, aux côtés de trois formats courts, il faut ajouter un quatrième album, qui ferait presque passer le brûlant « The Revenge Of Rock » (2021) pour une simple mise en jambe. KICKIN VALENTINA a sorti la sulfateuse et ce « Star Spangled Fist Fight » démonte tout sur son passage… et dans les règles.

Et les Américains se sont aussi très bien entourés, puisqu’ils ont confié la production du disque à Andy Reilly (UFO, Bruce Dickinson, Cradle Of Filth) et le résultat est massif, moderne et véloce. Du Hard Rock très Sleaze version 2024 ! Certes, les références à la scène du Los Angeles de la grande époque, les 90’s, sont évidentes, mais KICKIN VALENTINA y a injecté le souffle vivifiant de sa Georgie natale. Mélodiques et musclés, les morceaux de « Star Spangled Fist Fight » transpirent le Rock’n’Roll par tous leurs pores.

Avec irrévérence, le groupe affiche un Hard Rock direct, où se mêlent avec parcimonie des effluves de Glam, de Sleaze et de Hard US dans un élan dénoué de toute fioriture. « Star Spangled Fist First » avance avec un enthousiasme palpable sur un groove irrésistible, bardé de gros riffs, de solos hyper-Heavy et avec un duo basse/batterie plus que complice. KICKIN VALENTINA est précis et joue brillamment avec les clichés sexy du genre (« Gettin Off », « Dirty Rythm », « Died Laughing », « Takin A Ride » et le morceau-titre). Hell Yeah !

Photo : Joe Schaeffer
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Hard Rock

Junkyard Drive : pumped !

Après s’être remise en question et avoir procédé à des changements de line-up conséquents, la formation Hard Rock du Danemark fait son retour avec « Look At Me Now », une galette de dix morceaux à croquer et très bien produite par Soren Andersen (Glenn Hughes, Thundermother). Intense et percutant, JUNKYARD DRIVE montre une belle envie et beaucoup d’assurance, qui se ressentent jusque dans la composition de ses nouveaux titres. Entre modernité et tradition, ce nouvel opus amorce même un nouveau départ plein de promesses.  

JUNKYARD DRIVE

« Look At Me Now »

(Mighty Music/Target Group)

L’air de rien, cela fait déjà dix ans que JUNKYARD DRIVE a pris la route et qu’il impose son Hard Rock musclé méticuleusement mis à jour. Les Danois sont toujours restés ancrés dans leur époque, même s’ils abordent sans détour un style qui a certainement baigné leur adolescence. Avec un œil neuf, ils empruntent le sentier très bien balisé par leurs aînés, à savoir Guns n’Roses, Skid Row et Audioslave entre autres, et ils y ont injecté un grain de folie qui rend leur patte très accrocheuse. Bardé de mélodies entêtantes et d’une fougue constante, « Look At Me Now » est leur quatrième album et il y a du neuf !

La première petite révolution du quintet est d’avoir entièrement renouvelé sa section guitare, ce qui n’est pas rien, notamment dans un style comme celui-ci où il constitue souvent l’identité sonore d’un groupe. Bienvenue donc à Oliver Hartmann et Kristoffer Kristensen, qui font beaucoup de bien à JUNKYARD DRIVE, non que leurs prédécesseurs ne fussent pas à la hauteur, loin de là. Mais il faut bien reconnaître que le sang neuf apporté au combo l’a complètement réoxygéné et revigoré. Les deux artilleurs s’entendent parfaitement et leur complicité est évidente, tant sur les riffs que sur le partage des solos.

Vocalement, Kristian Johansen semble même avoir gagné en vigueur et ose bien plus de choses que sur « Electric Love » (2022), pourtant très bon. Les Scandinaves ont fait le plein d’énergie et leur Hard Rock s’affirme de plus en plus. Très varié dans l’ensemble, « Look at Me Now » montre toute l’étendue musicale dont est capable JUNKYARD DRIVE. Bluesy, véloce, Heavy, épais et plus tendre sur les ballades, ce nouvel opus révèle une belle créativité à l’œuvre et techniquement, c’est irréprochable (« Somewhere To Hide », « Landslide », « Beauty Fool », « Blood Red Sky », « The Tide Is High »). Well done !    

Photo : Klaus Rudbæk
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Speed Metal Thrash Metal

Artillery : sans sommation

Fondé au début des années 80 par Michael Stützer, seul rescapé de la formation originelle, ARTILLERY a laissé une trace sur la scène Thrash Metal européenne et si sa route avait été moins sinueuse, elle serait même aujourd’hui bien plus importante. Qu’importe, en 2022 et après deux ans de pandémie, le combo est remontée sur scène, chez lui dans la capitale danoise, pour ce qui restera pour lui un concert d’anthologie. « Raw Live (In Copenhell) » est autant un hommage qu’il ouvre une nouvelle ère pour le groupe.

ARTILLERY

« Raw Live (In Copenhell) »

(Mighty Music)

Après 40 ans de carrière et un parcours assez chaotique avec une mise en pause assez conséquente au début des années 2000, ARTILLERY n’a pourtant jamais lâché l’affaire. Surmontant également de nombreux changements de line-up, le quintet est toujours d’attaque et ce « Raw Live (In Copenhell) » vient démontrer à quel point les Danois ont laissé une solide empreinte dans le monde du Thrash Metal. Enregistré à domicile il y a deux ans, ce live est aussi un beau témoignage.

Car malheureusement, « Raw Live (In Copenhell) » est aussi le dernier enregistrement avec le batteur Josua Madsen, disparu l’année suivante dans un accident de voiture. Depuis, les thrashers ont aussi remercié Michael Bastholm Dahl, leur frontman au chant très Heavy, et le guitariste Kraen Meier. C’est d’ailleurs Martin Steene (Iron Fire, Force Of Evil) qui se tiendra dorénavant derrière le micro. ARTILLERY se renouvelle en permanence, ce qui doit être un signe de vitalité chez lui.

Porté par un public entièrement acquis à leur cause et aussi sûrement par le fait de partager l’affiche avec le gratin du Metal mondial, les Scandinaves se donnent corps et âme dans une prestation qui frôle le sans-faute, notamment celle du batteur, exalté et rugueux comme jamais. Et ARTILLERY a également peaufiné sa setlist. Onze titres musclés et rageurs qui ne laisseront personne de marbre (« Devil’s Symphony », « The Face Of Fear », « Bomb Food », « In Thrash We Trust », « Legions », « Terror Squad »).

Retrouvez la chronique de leur album précédent :

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Hard FM Hard US

Michael Catton : taille patron

Dans la lignée des grosses locomotives américaines, et même californiennes, des années 90, le Hard Rock musclé et un brin FM de MICHAEL CATTON vient donner beaucoup de fraîcheur à une scène en plein renouveau. Grâce à un line-up expérimenté et des compositions entêtantes, le chanteur présente une copie exemplaire sur laquelle sa voix fait corps avec des rythmiques solides et des solos millimétrés. « Point Of No Return » est un modèle du genre plus que vivifiant.

MICHAEL CATTON

« Point Of No Return »

(Mighty Music)

C’est au moment du split de son groupe Tainted Lady avec qui il a sorti deux albums (« How The Mighty Have Fallen » – 2017 et « Sounds Like Freedom//Feels Like War » – 2019) et qui a connu une belle reconnaissance au Danemark que MICHAEL CATTON a décidé de prendre son envol avec beaucoup de détermination et surtout une idée bien précise du style dans lequel il souhaitait dorénavant évoluer. Après quelques singles à succès, le chanteur anglo-danois sort son premier album solo et il est très réussi.

Et pour réaliser et composer « Point Of No Return », il s’est entouré d’une équipe redoutable. Rapidement approché par le guitariste, compositeur et producteur Soren Andersen, la connexion n’a pas tardé à s’établir. Avec les membres du trio de ce dernier, Guilty Pleasures, à savoir Allan Tschicaja à la batterie (Pretty Maids) et le bassiste Michael Gersdorff (Superfuzz), le quintet est complété par son frère Chris Catton (claviers). MICHAEL CATTON dispose ainsi d’un combo à la hauteur de ses espérances et cela s’entend.

Produit par Andersen dans le temple du Rock danois, les Medley Studios à Copenhague, « Point Of No Return » s’inscrit dans une veine Hard Rock mélodique 90’s avec un son actuel et puissant sur des morceaux très accrocheurs (« Faith », « Livin’ Lovin’ », « Hearts In Danger », « Ready For The Takin’ », « Gas Of The Fire »). La prestation de son six-cordiste n’a d’égale que l’incroyable performance de MICHAEL CATTON et, à eux deux, ils donnent une âme à ce premier opus, qui en appelle déjà d’autres. Du Hard Rock efficace et pêchu !

Photo : Nikola Majkic
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Hard US Heavy Rock International Rock/Hard

Electric Boys : funky voltage [Interview]

Trois décennies de carrière, un long break, des projets annexes et ELECTRIC BOYS nous revient avec un huitième album toujours aussi musclé, festif et dynamique. Avec « Grand Explosivos », les Suédois font toujours vibrer cette corde très Hard 90’s entre Rock US et Glam pêchu. Toujours aussi peu disert et même assez taiseux, son fondateur, chanteur, guitariste et compositeur Conny Bloom revient sur cette nouvelle galette et se rappelle au bon souvenir d’une époque révolue. Entretien.

– Il y a deux ans, vous aviez sorti l’album probablement le plus sombre de votre discographie, « Up!de Down ». Composé en pleine pandémie, on peut comprendre votre état d’esprit d’alors. Qu’est-ce qu’il vous a vous apporté, selon toi ? Peut-être d’avoir abordé des thèmes dont vous n’aviez pas forcément l’habitude ?

Nous ne l’avons jamais considéré comme un album aussi sombre que ça. Cela dit, c’est vrai qu’il a été inspiré par ce qui se passait à l’époque, que ce soit du point de vue des paroles comme de la musique. Je pense qu’il en est ressorti de bons morceaux comme « Upside Down Theme », « Tumblin’ Dominoes », « It’s Not The End », « Twang Em & Kerrang Em »…

– « Grand Explosivos » est votre huitième album. Il y a eu ce long break entre 1994 et 2011 avec des projets solos et l’aventure Hanoi Rocks. Est-ce que, finalement, ELECTRIC BOYS n’est pas le groupe dans lequel tu peux artistiquement le mieux t’exprimer ?

En ce qui concerne la guitare, je dirais que ce sont plutôt mes trucs en solo, qui me donnent le plus de liberté. Mais tous les différents projets, auxquels j’ai participés, m’ont toujours apporté quelque chose de nouveau et d’enrichissant. Et puis, j’ai aussi passé de très bons moments à jouer avec Hanoi Rocks.

– On retrouve beaucoup d’efficacité dans le songwriting, tout en gardant cet esprit très fun et funky, puisque vous êtes acteurs de cette vague 90’s assez insouciante. On a l’impression que ce sont vraiment le plaisir et une certaine légèreté qui guident vos morceaux…

Hummm… Je ne sais pas trop, en fait. Je pense que je suis un peu perdu dans ma propre bulle la plupart du temps ! (Rires) Quand des idées de chansons me viennent, je les enregistre sur cassette, de la même manière dont j’ai travaillé sur « Ups!de Down » et comme tous les disques avant. Mais oui, je suppose que ce disque est assez ‘insouciant’ dans l’esprit. Pour « Grand Explosivos », c’est vrai que nous en avions assez de tout ce qui concernait la pandémie. On avait juste envie de retourner à la vie et de nous amuser.

Photo : Gabrielle Holmberg

– D’ailleurs, sur « Grand Explosivos », vous faites quelque clins d’œil sur « When Life Treats You Funky » aux Beatles et « I’ve Got A Feeling » sonne très Billy Idol, surtout dans la voix. Sans tomber dans la nostalgie, c’est une façon pour vous de retrouver cette folie et ce feeling, qui manquent peut-être un peu aujourd’hui ?

Comme tu le dis, il y a un côté très insouciant dans tout ça, Du coup, il n’y a aucune pensée plus profonde que ça, qui viendrait se cacher derrière ! Pour « I’ve Got A Feeling », j’ai commencé à chanter et quand je l’ai réécouté, j’ai pensé la même chose que toi, que la voix combinée aux guitares sonnait un peu comme Billy Idol. Et j’ai aimé ce son ! Quant au ‘Nanana’ sur « When Life Treats You Funky », ce n’était au départ qu’une blague, qui me faisait penser aux petites mélodies joyeuses de George Clinton notamment.

– Si on regarde de près votre carrière, il y a eu les fastes années 90 avec un premier album (« Funk-O-Metal Carpet Ride ») produit par Bob Rock, une grande présence sur MTV, qui était à l’époque une référence et un réflexe pour toute une génération, dont je fais d’ailleurs partie. Pourtant, depuis 2011, ELECTRIC BOYS renoue avec le succès et votre style semble plus intemporel que jamais. Comment l’expliques-tu? Les modes sont toujours cycliques ?

C’est une question difficile. Je suis très fier et reconnaissant que nous ayons réellement ‘un son’ propre à ELECTRIC BOYS. On peut jouer et varier beaucoup de choses avec mes riffs, ma voix et la batterie/basse qui sonnent comme personne. C’est vraiment ‘nous’ au final. En tant qu’auteur-compositeur, je ne suis jamais les tendances et je déteste l’idée d’être prévisible. Si cela ressemble trop à autre chose, nous le modifions immédiatement et volontairement pour éviter de tomber dans de vieilles habitudes. Et oui, pour te répondre, je crois que tout est plus ou moins cyclique, y compris dans la musique.

Photo : Gabrielle Holmberg

– ELECTRIC BOYS est une institution dans les pays scandinaves comme le Danemark et la Suède bien sûr. Qu’en est-il du marché américain, car en vous écoutant, on pense inévitablement au Los Angeles de la grande époque ? Ca reste un objectif ?

L’Amérique était un grand marché pour nous à une époque, c’est vrai. On a envie d’y retourner, mais cela nécessite une réflexion et une planification minutieuse de notre part. Au final, ce n’est pas une mince affaire !

– Enfin, ELECTRIC BOYS est un groupe très établi depuis des années, quel regard portes-tu sur la multitude, pour ne pas dire l’incompréhensible déferlante de sorties d’albums actuelle ? Sans se poser la question de savoir si elles sont toutes sont légitimes, ne frôle-t-on pas l’overdose ?

Oh que oui ! Il est devenu très difficile de faire entendre sa voix de nos jours. Quand nous avons commencé, il n’y avait que quelques chaînes de télévision comme MTV et la radio KNAC. Si tu passais chez eux, les choses se produisaient et cela avançait bien, car tout le monde était à l’écoute. De nos jours, la musique est vraiment partout. On doit juste continuer à faire ce en quoi nous croyons. J’espère que les gens en parleront autour d’eux et que la musique d’ELECTRIC BOYS pourra circuler normalement et le plus possible.

Le nouvel album d’ELECTRIC BOYS, « Grand Explosivos », est disponible chez Mighty Music.

Retrouvez le chronique de l’album précédent :

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Progressive Heavy Metal

Timechild : à travers l’obscurité

Il est assez rare de voir une jeune formation, même composée de musiciens chevronnés, franchir aussi vite les étapes en proposant un style dont il reste assez peu de représentants. Et pourtant, TIMECHILD, directement venu du Danemark, se pose avec « Blossom & Plague » dans un Heavy Metal, qui se fond dans un Rock Progressif avec une grande habileté.

TIMECHILD

« Blossom & Plague »

(Mighty Music)

Tout va très vite pour TIMECHILD qui, depuis sa formation en 2020, sort déjà son deuxième opus après « And Yet It Moves » il y a deux ans. Il faut dire que même si les Danois évoluent dans un Heavy Metal Progressif que d’autres comme Fates Warning ou Queensrÿche ont brillamment expérimentés avant eux, ils y apportent une approche nouvelle, pas forcément plus moderne, mais tout aussi efficace techniquement comme dans l’écriture.

Toujours aussi ambitieux, TIMECHILD donne une vision très personnelle de ce qu’un savant mélange de Heavy Metal et de Rock Progressif peut offrir. Si « Blossom & Plague » est plus sombre que son prédécesseur, il n’en demeure pas moins créatif et captivant. Et pour mettre en lumière ces nouvelles compos, le quatuor a fait appel à Soren Anderson (Glenn Hugues, Phil Campbell) pour la production. Le résultat est convaincant et séduit rapidement.

TIMECHILD joue sur les atmosphères grâce notamment à son chanteur et six-cordiste Anders Folden Brink, dont la voix très Classic Rock porte l’ensemble. L’autre point fort des Scandinaves est le jeu proposé par les twin-guitares, tantôt bluesy, tantôt épiques (« Call Of The Petrichor », « Hands Of Time », « The Sign » » et « The Dying Tide » décliné en trois parties et qui ouvre l’album). « Blossom & Plague » flirte même avec le Doom et vient confirmer les très bons débuts du groupe.  

Photo : Jakob Harris
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Hard Blues Heavy Blues

Blindstone : intense

Guidé par son excellent guitariste-chanteur, BLINDSTONE se présente avec son dizième effort, un recueil dense de Blues Rock, Heavy à souhait et aux saveurs Hard Rock parfaitement distillées. Les Danois font la jonction entre un jeu musclé et une finesse tout aussi développée. Avec « Scars To Remember », ils rayonnent de toute part et fédèrent de la plus belle des manières.

BLINDSTONE

« Scars To Remember »

(Mighty Music)

Après 20 ans à se faire la main sur les scènes de son Danemark natal et bien au-delà, sortant ses albums sur le très bon label underground Grooveyard Records, le groupe semble avoir pris un léger virage. Et on doit ce déclic à une tournée couronnée de succès dans son pays en support du grand Walter Trout. Depuis, BLINDSTONE a logiquement signé chez Mighty Music et a surtout affiné un style déjà riche et mis en exergue par la formule power trio.

Voilà pour la petite histoire et place à ce nouvel et dizième opus dans lequel les Scandinaves se révèlent comme jamais. La paire basse/batterie déploie un groove imparable, les riffs sont aussi appuyés que les solos sont à la fois percutants et aériens, le tout sur un chant chaleureux très maîtrisé. Il faut savoir que BLINDSTONE puise ses influences dans le Blues autant que dans le Hard Rock, libérant un Heavy Blues Rock passionnant.

Sur une production en béton armé, massive et aérée, le combo livre des morceaux redoutables et addictifs, même lorsqu’il se meut en instrumental (« The Fields Of Bethel »). Puis, il déroule façon bluesy (« Down For The Count », « Waste Your Time » ou « World Weary Blues »), ou plus lourde et sombre (« A Scar To Remember », « Drums Of War », «Drifting Away »). Chaque titre offre ses surprises et BLINDSTONE régale avec une énergie constante (« Embrace the Sky »).

Photo : Lena Angioni
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Hard Rock Heavy metal

Tygers Of Pan Tang : still alive

Ca rugit toujours du côté de l’Angleterre et malgré plus de quatre décennies de bons et loyaux services rendus à la légendaire NWOBHM, TYGERS OF PAN TANG a toujours les crocs et n’a rien perdu de son mordant. Pour preuve, ce « Bloodlines » créatif et racé, livré par Robb Weir et les siens. Un Heavy accrocheur qui se réinvente.

TYGERS OF PAN TANG

« Bloodlines »

(Mighty Music)

S’il y a un groupe qui est passé à côté d’une très belle carrière, c’est bien TYGERS OF TAN PANG. Grand espoir et même un temps fleuron de la NWOBHM au début des années 80, les Britanniques ont surtout joué de malchance et après six albums réussis, ils se sont mis en veille pendant 12 ans avant un retour en 1999 avec un line-up dont il ne reste que l’inoxydable Robb Weir, détenteur de l’âme des tigres.

Depuis, la formation s’est stabilisé et l’on retrouve les très bons Jack Meille au chant, Craig Ellis à la batterie, Francesco Marras à la guitare et Huw Holding à la basse. Et dire que TYGERS OF PAN TANG est désormais sur de bons rails est un doux euphémisme ! Entre Hard Rock et Heavy Metal, les Anglais ont trouvé un nouveau souffle et la belle production de ce nouvel opus par Tue Madsen est au coeur de cette réussite.

Et puis, « Bloodlines », quatorzième album du quintet, réserve de très bonnes surprises. Heavy et mélodique, il s’inscrit parfaitement dans la deuxième vague de la discographie de TYGERS OF PAN TANG, qui vient rappeler qu’il en a encore pas mal sous le pied (« Edge Of The World », « Kiss The Sky », « Believe »). Le combo fait parler l’expérience et parvient également à se renouveler sans perdre de son identité. Bien joué !

Photo : Steve Christie
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Heavy metal Modern Metal

Liv Sin : brutale méditation

Quatre ans après son dernier opus, la Suédoise LIV SIN ressurgit avec son groupe pour un troisième effort, « Kali Yuga », qui n’a rien de méditatif, mais qui sillonne plutôt des sentiers explosifs et chaotiques. Intenses et compacts, ses nouveaux morceaux ne laissent aucun répit et libèrent une éclatante férocité.

LIV SIN

« Kali Yuga »

(Mighty Music/Target Group)

Après 13 ans et cinq albums avec Sister Sin, Liv Jagrell, alias LIV SIN, mène une carrière en solo dans laquelle elle semble épanouie. Depuis « Follow Me » (2017) et « Burning Sermons » (2019), la frontwoman monte en puissance et gagne aussi en assurance. Sur « Kali Yuga », il règne un air de folie où le Heavy Metal de la Scandinaves se fait d’une modernité très musclée.

Evoluant en quintet, la Suédoise a mis au point un style costaud basé sur des riffs massifs, une rythmique très percutante et un chant agressif et polymorphe. La chanteuse multiplie les expériences vocales en étant très pertinente et en évoluant dans des sphères qui empruntent autant à l’Alternative Metal qu’au Heavy le plus classique, façon King Diamond. LIVE SIN s’éclate !

Magistralement produit par Simon Johansson (Wolf) et Mike Wead (Mercyful Fate) sur un mix et un master signés Tue Madsen (At The Gate), « Kali Yuga » regorge de pépites comme « The Process », « King Of Fools », « I Am The Storm » ou « D.E.R. », sur laquelle apparaissent en guests Zak Tell (Clawfinger), Madeleine Liljestam (Eleine) et Wenderson D’Paula (Army Of Souls). LIV SIN sort l’artillerie lourde !

Photo : Post-Mortem Photography
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Groove Metal Hard Rock Southern

I’ll Be Damned : incendaire

Ils seront damnés et ça ne fait aucun doute ! Peu importe, les Danois prennent le taureau par les cornes pour asséner un album très nerveux, où la fièvre du propos s’étend sur des morceaux d’une totale liberté et d’une explosivité de chaque instant. Sur un Hard Rock massif, percutant et aux éclats de Metal, I’LL BE DAMNED livre l’un des meilleurs albums dans ce registre depuis bien longtemps ! La machine est lancée…

I’LL BE DAMNED

« Culture »

(Mighty Music/Target Group)

Présenté comme un groupe de Groove Metal, c’est pourtant bel et bien dans un registre très Hard Rock bien gras et surpuissant, d’où s’échappent des solos bien Heavy, qu’évolue I’LL BE DAMNED. Alors pour ce qui est des références, allez plutôt chercher du coté de Clutch que de Down. Résolument Rock’n’Roll dans l’attitude, mais pas seulement, les Danois livrent un troisième album survolté, hargneux et vindicatif.

Que ce soit la politique, la religion, les médias et plus largement la société dans son ensemble, tout le monde en prend pour son grade. Et pas à moitié ! Avec l’arrivée d’Anders Gyldenøhr derrière les fûts et surtout de Mark Damgaard au chant, le quintet se montre incisif dans les riffs, massif dans la rythmique et très rugueux, tout en restant mélodique dans la voix. I’LL BE DAMNED n’est pas de retour pour trier les lentilles.

Les neuf morceaux de « Culture » sont autant de grosses claques en pleine face. Avec un côté Southern marqué, les Scandinaves avancent sur un groove épais et rageur entre colère et désespoir avec un cynisme et une ironie de chaque instant. Parfaitement structurés et remarquablement bien produits, les morceaux de I’LL BE DAMNED sont autant d’uppercuts (« FuckYourMoney », « Hell Come », « Through The Walls », « Forever, Right »). Jouissif !