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Eric Gales : le feeling en héritage [Interview]

Ayant grandi dans un foyer bercé par le Blues, c’est tout naturellement qu’ERIC GALES s’y est plongé à bras le corps pour devenir aujourd’hui l’une des références mondiales du Blues Rock. Aussi électrique qu’électrisant, le guitariste, chanteur et songwriter a mis cette fois ses propres compositions de côté pour se pencher sur celles de son frère, Emmanuel, alias Little Jimmy King. Avec « Tribute To LJK », le virtuose revisite le répertoire de son aîné, non sans y apporter sa touche personnelle, bien sûr, et soutenu par quelques invités marqués eux aussi par la musique du bluesman de Memphis. Entretien avec un artiste qui porte haut l’héritage familial.   

– Tout d’abord, au-delà de l’héritage familial bien sûr, est-ce que ton frère Emmanuel a aussi eu une influence sur ton jeu, tout du moins au début lors de ton apprentissage de la guitare ? Et qu’en reste-t-il aujourd’hui ? Peut-être d’ailleurs que cela se situe-t-il plus dans l’attitude et dans ton approche du Blues ?

Oui, bien sûr, son empreinte est énorme et je pense aussi que toute ma famille a été une influence pour moi. Tu sais, je suis le plus jeune de la fratrie et j’ai pu puiser dans tous les styles différents qui passaient à la maison. Il y avait toujours de la musique, tout le monde jouait ! Alors, évidemment, j’ai gardé de nombreux éléments de tout ça au fil du temps et cela m’a forgé peu à peu. Et puis, d’autres membres de ma famille étaient aussi musiciens et ont aussi eu un impact, même inconscient.

– Avant de parler de ce nouvel album, j’aimerais qu’on dise aussi un mot au sujet de la B.O. du film « Sinners » de Ryan Coogler, sorti en avril. Tu as participé à la musique avec d’autres comme Buddy Guy et Christone ‘Kingfish’ Ingram, d’ailleurs. C’était une première pour toi. Comment cela s’est-il passé ? Est-ce très différent de composer pour une musique de film, ou pas vraiment ?

En fait, ce n’est pas si différent que ça. La seule chose qui a changé pour moi, c’est que c’était la première fois que je faisais une musique de film. En fait, tu regardes un écran, tout en jouant des notes qui doivent s’accorder à l’ambiance de ce que tu vois. C’est assez spécial, car il faut capter les vibrations. Et puis, tu ne sais pas si ce que tu joues va être gardé, ou pas. Et ce qui m’a étonné, c’est qu’au final, presque tout ce que j’ai joué a été conservé pour le film. Il y a eu une formidable collaboration avec Ludwig (Göransson, qui signe la B.O.- NDR). Quand nous avons travaillé ensemble sur le projet, j’étais très à l’aise, comme si j’étais à la maison. Il m’a juste dit de faire comme je ne le sentais et de rester moi-même… Et cela a fonctionné !

– Revenons à « Tribute To LJK » et la première question qui vient à l’esprit est comment s’est fait le choix des morceaux ? Est-ce que l’idée a été d’être le plus représentatif possible de sa musique avec un certain équilibre, ou au contraire de te faire avant tout plaisir en reprenant des chansons qui te touchent plus que d’autres ?

C’est un peu des deux, en fait. J’ai choisi des chansons que j’aime et que j’ai écoutées pendant des années. Il y en a certaines dont je suis très proche, car j’ai été élevé en les entendant. Et puis, j’ai aussi un peu redécouvert un répertoire de Jimmy King que je ne connaissais pas beaucoup. L’idée a été de respecter le plus fidèlement possible les versions originales, tout en leur donnant mon regard, ainsi que des sonorités inscrites dans notre époque, c’est-à-dire un son moderne.

– Toutes les chansons de l’album font partie du répertoire de Little Jimmy King et une seule n’est pas de lui. Je n’ai d’ailleurs pas réussi à trouver laquelle ! Tu n’as pas pensé à composer un titre original vraiment dédié, afin que cet hommage soit encore plus personnel ?

La chanson dont tu parles est « Somethin Inside of Me » (Sourires) C’est d’ailleurs un morceau qui a été repris par beaucoup de monde. Je pense que mon frère s’est servi de la version d’Elmore James pour réaliser la sienne. Pour ma part, j’ai décidé d’en faire un Blues assez lent, c’est comme ça que je la voyais et que je la sentais.

Et en ce qui concerne l’écriture d’un titre original, l’idée m’a traversé l’esprit, mais je ne l’ai finalement pas fait. C’est aussi quelque chose que j’ai déjà réalisé. Là, je voulais vraiment m’investir dans le répertoire de mon frère et aller encore plus loin dans l’exploration. Je pense que c’était la meilleure façon de lui rendre hommage.

– D’ailleurs, cet album a été réalisé avec des proches et notamment Joe Bonamassa et Josh Smith, qui le produisent et jouent également sur plusieurs morceaux. Tu avais travaillé avec eux sur l’album « Crown » (2022). Est-ce aussi pour cette raison que vous avez renouvelé cette collaboration ?

Pas au départ, car on n’avait rien planifié de côté-là. Mais comme il y a vraiment eu une très bonne relation de travail entre nous trois, ils avaient toute ma confiance. Ils m’ont aussi aidé à amener la vision que j’avais de l’album là où je le voulais. Ils ont parfaitement compris ma relation avec mon frère et ils ont fait un super boulot ! 

– En introduction, ton autre frère Daniel, le jumeau d’Emmanuel, dit quelques mots très touchants. D’entrée de jeu, on sait que l’album aura une saveur très familiale, d’autant qu’il y a aussi des chansons composées par Eugene. Est-ce que, finalement, tu as voulu réaliser un témoignage sur l’empreinte de cette fratrie dans le Blues ?

Oui, c’était intentionnel. C’est l’idée avec laquelle je suis venu dès le départ. J’ai tenu à retranscrire ce sentiment très fort qui existait entre mon frère et moi. Et pour l’introduction et ce court texte, comme ils étaient jumeaux, c’est aussi un peu comme si j’écoutais sa voix. Ils étaient si semblables. Ouvrir l’album de cette manière est comme offrir une validation au projet, c’est pourquoi je tenais à cette participation. C’est vraiment lui qui permet d’avoir  cette présence et cette sensation unique, du fait de leur gémellité. Tu sais, nous sommes tous frères, mais Daniel et Emmanuel avaient une relation très particulière avec un lien beaucoup plus proche que nous autres. Quand notre sœur nous a quittés, cela a été encore différent. Deux frères si identiques, c’est vraiment très spécial. Je tenais à ce que mon autre frère valide littéralement le projet et il n’y avait aucune autre façon que celle de le faire parler en introduction de l’album. Et c’est la première chose que l’on entend en découvrant le disque.

– En reprenant les chansons de ton frère, ton envie première a-t-elle été de respecter le plus possible les versions originales, ou au contraire de leur donner un nouvel éclat avec une production très actuelle, par exemple, et quelques arrangements ?

Oui, oui, oui ! Bien sûr que l’idée était de respecter au maximum ce qu’il avait fait. La question ne s’est même pas posée. En même temps, je tenais absolument à imposer ma touche et ma vision de ses chansons et je crois que mon frère aurait été très fier de moi. Il aurait été fier de l’écouter. Tu sais, il y a déjà eu des rééditions des versions originelles de ces morceaux, mais j’ai souhaité avoir une approche personnelle, qui me ressemble. Mon envie était de leur donner une autre perspective, grâce à mon point de vue sur son œuvre. Et je pense que ça fonctionne bien.

En ce qui concerne les arrangements et la production, Joe et Josh m’ont juste demandé de leur laisser les rênes. Ils savaient parfaitement que j’avais une vision précise de ce que je voulais faire sur cet hommage à mon frère, et ils l’ont bien compris. Pour l’essentiel, ils m’ont juste aidé à m’assurer que ce que j’avais en tête serait très bien retranscrit. Ils ont tout fait pour ça, et ils ont réussi !

– Et puis, tu es très bien entouré sur l’album. On sent une grande complicité et une proximité entre vous tous. Ce sont les musiciens qui t’accompagnent habituellement, ou as-tu réuni une line-up spécial pour l’occasion ?

En fait, j’ai cherché à établir un line-up qui me permettrait de trouver des idées, tout en intégrant les leurs, et tout cela a bien fusionné sur l’album. Je voulais une émulation de tous autour des chansons. En restant eux-mêmes, ils ont apporté un supplément d’âme et je pense que c’est aussi ce qui ressort sur le disque.

– Un mot sur les invités prestigieux qui figurent sur l’album. On a parlé de Joe Bonamassa et Josh Smith. Il y a aussi Christone ‘Kingfish’ Ingram, Roosevelt Collier et le grand Buddy Guy pour un magnifique duo. Ils ont tous un lien plus ou moins fort avec Little Jimmy King et sa musique. Ce sont des choix qui t’ont paru immédiatement évidents ?

Oui, car leur proximité avec lui était très forte, ainsi qu’avec sa musique. Donc, ça n’a pas été très compliqué de faire des choix, même si j’en avais encore d’autres en tête. Mais je me suis  arrêté sur eux et leur évidente connexion. J’avais vraiment envie qu’il participe à l’album. Je me suis aussi posé beaucoup de questions, notamment sur le fait d’avoir des invités sur chaque morceau. J’ai décidé finalement qu’il n’y en aura que quelques uns, mais ils ont des références, des significations et une importance directement liées à mon frère. C’était l’essentiel. Après, on aurait pu faire plus de reprises, bien sûr, mais je pense que réunir dix chansons était suffisant et amplement représentatif de la musique de Little Jimmy King.

– Enfin, l’album a été enregistré à Nashville, pas très loin de Memphis où vous avez grandi. C’était important aussi que l’album se fasse dans le Tennessee pour conserver cette chaleur et ce son qui vous suivent depuis toujours ?

Je pense que cela a aidé, oui. Mais, à mon avis, l’album aurait été tel qu’il est peu importe où on l’aurait enregistré. C’est surtout une question de valeurs communes. C’est vrai qu’il y a  un aspect sentimental à l’avoir réalisé dans le Tennessee. Etant donné le temps dont nous disposions, c’était le meilleur studio disponible à ce moment-là. J’avais perdu l’espoir de l’enregistrer à Memphis, donc nous l’avons fait à Nashville. Il y a de très bons studios à même de nous mettre dans les meilleures conditions pour ce que nous avions à faire. Et ça a vraiment été génial ! Et oui, je suis très heureux que l’album ait été enregistré dans le Tennessee, où mon frère est né et où il a vécu. Ca a été fantastique ! 

L’album hommage à son frère par ERIC GALES, « A Tribute to LJK », est disponible chez Mascot Records.

Photos : Jim Arbogast

Retrouvez également la chronique du dernier album d’ERIC GALES, « Crown » :

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Ally Venable : rich blue notes [Interview]

Qu’il semble loin le temps où la toute jeune ALLY VENABLE faisait ses premiers pas avec « Wise Man » en 2013. Pourtant, c’est déjà avec un sixième album que la Texane de 26 ans seulement affirme aujourd’hui un jeu très mature et une voix qui porte bien plus qu’à ses débuts. Avec « Money & Power », elle franchit un palier supplémentaire, forte d’une assurance et d’une confiance à toute épreuve. En restant attachée à ses racines Blues Rock, la guitariste et chanteuse s’aventure même dans des registres inexplorés jusqu’à présents, et cela lui réussit plutôt bien. Entretien avec une musicienne qui a la tête sur les épaules, affirme des convictions fortes et a une idée très précise de sa musique.

– « Money & Power » est déjà ton sixième album et il dégage beaucoup de maturité. De quelle manière es-tu abordé son écriture, toujours accompagné de ton batteur et producteur Tom Hambridge ? Aviez-vous déjà une idée globale de sa thématique ?

Nous souhaitions explorer ces thèmes sous différents angles, en les canalisant dans notre un Blues Rock brut et plein d’émotion. La production de Tom a été essentielle pour donner vie à cette vision. Je suis très fière du résultat de cet album : c’est notre œuvre la plus ciblée et la plus percutante à ce jour. J’espère que les fans se sentiront concernés par les thèmes et l’énergie que nous y avons mis.

– Alors que tes précédents albums étaient clairement Blues Rock, avec « Money & Power », tu explores des registres plus Soul et cuivrés, funky, avec aussi une petite touche Alt-Country et même légèrement Reggae. Avais-tu besoin d’explorer d’autres sonorités et aussi de varier ton jeu ?

Tu as raison, avec « Money & Power », j’ai clairement élargi ma palette sonore au-delà du Blues Rock pur et dur de mes précédents albums. C’était une décision consciente d’explorer de nouveaux territoires musicaux et d’y incorporer des éléments de Soul, de Funk, de Country alternative et même d’un peu de Reggae. Mais le son blues de ma guitare et l’émotion qui le sous-tend resteront toujours au premier plan.

– Ce nouvel album est aussi une déclaration féministe, au moment où les femmes n’ont jamais été aussi présentes sur la scène Blues mondiale. Si cela va mieux en termes d’exposition et que les talents émergent enfin, que manque-t-il encore pour que la reconnaissance soit totale, selon toi ?

« Money & Power » a une forte connotation féministe, ce qui est important compte tenu de la présence croissante des femmes sur la scène Blues mondiale. Si des progrès sont réalisés en termes de visibilité et de reconnaissance du talent féminin, je pense qu’il reste encore du travail à faire. C’est pour cela que je pense qu’il est crucial pour les femmes du Blues et du Rock de se rassembler, de créer leurs propres espaces et de s’encourager mutuellement. L’unité et le refus de se laisser monter les unes contre les autres sont une force. Lorsque nous sommes solidaires, il devient beaucoup plus difficile de nous rejeter.

– Tu as toujours beaucoup aimé les duos. Après Devon Allman et Kenny Wayne Shepherd sur « Heart Of Fire », puis Joe Bonamassa et Buddy Guy sur « Real Gone », tu accueilles cette fois Christone ‘Kingfish’ Ingram et la chanteuse new-yorkaise Shemekia Copeland. Qu’est-ce qui te plait dans cet exercice ? Le partage ? La communion ?

Echanger des riffs avec Kingfish a été un vrai plaisir. On perçoit vraiment les personnalités distinctes de chaque artiste, qui transparaissent dans ces collaborations. Que ce soit le jeu de Kingfish ou la maîtrise vocale inébranlable de Shemekia, ils ont chacun laissé leur empreinte sur l’album et une présence qui l’a propulsé au niveau supérieur ! Et c’est génial pour ça de travailler avec ses amis ! J’ai été honoré qu’ils acceptent !

– J’aimerais qu’on dise un mot de la pochette de ce nouvel album, car elle sort littéralement des standards que l’on peut voir dans le Blues en général. L’idée était-elle de provoquer avec un visuel fort ? De marquer les esprits ?

Je voulais créer un visuel fort et provocateur qui capterait immédiatement l’attention de l’auditeur et donnerait le ton aux thèmes abordés sur l’album. L’image de moi assise au bureau d’un grand patron, la guitare à mes côtés, comptant de l’argent et savourant un cigare et un whisky, fait assurément forte impression.

– Par rapport à tes précédents albums, je te trouve un peu moins démonstrative et plus au service des chansons. Ton intention était-elle de plus te concentrer sur la composition, les textes et les mélodies ? 

Il était également important pour moi d’éviter de tomber dans le piège du culte du guitar-heros, qui peut parfois survenir dans le monde du Blues Rock. Si je suis fière de mes compétences techniques, je ne veux pas que cela occulte les intentions artistiques et émotionnelles profondes qui se cachent derrière ma musique.

– Il y a six ans déjà, tu avais participé à la fameuse « Blues Caravan » de Ruf Records, aux côtés de Katarina Pejak et Ina Forsman. Un casting entièrement féminin, qui renvoie forcément à la thématique de ton album. Quels souvenirs en gardes-tu et y as-tu pensé en composant « Money & Power » ?

Ina et Katarina sont toutes deux des artistes dynamiques et j’étais émerveillée de les voir dominer la scène soir après soir. Mais au-delà de ça, elles étaient aussi des partenaires de groupe formidables et d’un grand soutien. Nous avions une véritable camaraderie et un sens de la communauté qui, je pense, ont vraiment trouvé un écho auprès du public devant lequel nous avons joué. Cette tournée a été une expérience formatrice pour moi, en tant que musicienne et en tant que femme dans ce milieu. Ainsi, même si la tournée « Blues Caravan » remonte à des années, son influence est toujours très présente dans mon processus créatif. C’est une pierre angulaire qui me rappelle la force et la complicité que nous pouvons trouver lorsque nous nous unissons en tant que femmes dans ce milieu.

– Enfin, la scène Blues féminine au sens large compte aujourd’hui de grandes musiciennes qui sont unanimement reconnues. Parmi elles, de qui sens-tu la plus proche ? Je pense à Ana Popovic, Samantha Fish, Joanne Shaw Taylor, Sue Foley, Grace Bowers, Ghalia Volt, Erja Lyytinen, Gráinne Duffy, la Française Laura Cox, Dana Fuchs, Susan Tedeschi et j’en oublie beaucoup…

Bien que j’éprouve une profonde affinité et une profonde admiration pour toutes les femmes que tu as mentionnées. Je dois dire que je suis particulièrement attirée par le talent artistique de Samantha Fish, Susan Tedeschi et Joanne Shaw Taylor. Il y a quelque chose dans leur jeu de guitare qui est brut et sans complexe, et leur voix pleine d’âme résonne vraiment en moi. Voir d’autres femmes s’éclater sur scène est une source constante de motivation pour moi. C’est un puissant rappel que nous pouvons absolument nous affirmer, que nos voix et notre talent artistique méritent d’être entendus.

Le nouvel album d’ALLY VENABLE, « Money & Power » est disponible chez Ruf Records.

Photos : Jeremiah Shepherd (1, 3, 4)

Retrouvez aussi les chroniques de ses albums précédents :

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Ally Venable : déjà grande

En quelques années, ALLY VENABLE est passée d’un statut de star montante à celui d’artiste confirmée. Sans donner dans le démonstratif, la Texane, qui ne renie pas l’influence du grand Stevie Ray Vaughan, fait preuve de beaucoup de feeling dans un esprit délicieusement Southern. Avec « Real Gone », la jeune musicienne fait des étincelles et s’affirme avec classe.

ALLY VENABLE

« Real Gone »

(Ruf Records)

A quelques jours de son 24ème anniversaire, ALLY VENABLE sort déjà son septième album, si l’on inclue le sept-titres « Wise Man » paru alors qu’elle n’avait que 14 ans ! Et cet enfant prodige du Blues Rock ne s’arrête plus depuis et peaufine son jeu au fil du temps. Rien d’étonnant pour cette dernière considération, si ce n’est que son registre devient également de plus en plus personnel.

Guitariste et chanteuse de grand talent, ALLY VENABLE est aussi une songwriter accomplie et réalise même l’ensemble de « Real Gone ». Une maturité qui ne surprend pas plus que ça d’ailleurs lorsque l’on connait la portante courte carrière de la jeune femme. Et pour ce nouvel opus, elle s’est même offerte la collaboration du producteur Tom Hambridge (Susan Tedeschi, Kingfish, …).

Outre les deux moments que constitue la participation de Joe Bonamassa (« Broken And Blue ») et du géant Buddy Guy (« Texas Louisiana »), « Real Gone » regorge de pépites et la musicienne mène l’ensemble avec une élégance rare. Punchy sur le morceau-titre, « Justifyin’ », « Kick Your Ass » et « Two Wrongs », ALLY VENABLE se montre aussi très délicate sur « Gone So Long » et « Blues Is My Best Friend ». Une désormais grande dame !

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Buddy Guy : la vérité au bout des doigts

Certes, on ne présente plus BUDDY GUY. Pourtant les décennies défilent et le guitariste et chanteur continue de surprendre et d’émerveiller son auditoire à chaque album. Sur « The Blues Don’t Lie », l’Américain rassemble pas moins de 16 nouveaux morceaux, dont l’authenticité, la sincérité et le groove restent la marque de fabrique de ce géant du Blues.

BUDDY GUY

« The Blues Don’t Lie »

(Silvertone/RCA/Sony Music)

En arrivant à Chicago en train en provenance de Baton Rouge, Louisiane, il y a précisément 65 ans, BUDDY GUY avait la ferme intention de se faire un nom dans le monde du Blues. Et c’est un doux euphémisme de dire qu’il y soit parvenu mais qu’en plus, il demeure l’une des dernières légendes encore en vie. Mieux encore, l’énergie et la créativité qui le guident sont un modèle du genre et toujours une inspiration pour de très nombreux bluesmen.

Du haut de ses 86 printemps, BUDDY GUY conserve un jeu et un enthousiasme de jeune homme. L’artiste aux huit Grammy Awards livre son 34ème album, quatre ans après « The Blues Is Alive And Well », lui aussi récompensé. Composé de 16 morceaux pour une belle heure de musique, « The Blues Don’t Lie » célèbre sa passion pour ce style unique auquel il a tant apporté. Et loin de se reposer sur de légitimes lauriers, son feeling reste incroyable.

Si le guitariste y clame son indéfectible amour pour le Blues, c’est aussi l’occasion de mettre en lumière de longues amitiés, qui viennent irradier « The Blues Don’t Lie ». Excellemment produit pat le batteur et compositeur Tom Hambridge, l’album accueille Mavis Staples, James Taylor, Elvis Costello, Jason Isbell, Bobby Rush et les claviers de Reese Wynans sur l’ensemble des 16 titres. BUDDY GUY est rayonnant et offre une véritable masterclass.

Photo : Paul Natkin