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Southern Rock

The commoners : well-rounded

Des guitares brillantes, des choeurs ensorceleurs, un groove costaud, un orgue magistral et un chant puissant et envoûtant, THE COMMONERS a vu les choses en grand pour ce troisième effort qui apparait comme son meilleur à ce jour. Avec « Restless », la formation  Southern de Toronto se montre techniquement imparable et ses nouvelles compositions sont plus créatives que jamais. La variété des tempos et la qualité des solos et de la slide confirment l’élan du combo depuis le précédent « Find A Better Way ». Rayonnant.

THE COMMONERS

« Restless »

(Gypsy Soul Records)

Doucement mais sûrement, THE COMMONERS œuvre au renouveau de la scène Southern nord-américaine et est en train de se faire une belle place. Faisant suite au très bon « Find A Better Way » sorti il y a deux ans, « Restless » reste dans la même veine et conforte les premières intentions. Les Canadiens ont gagné en assurance et les multiples concerts donnés ces derniers mois y sont certainement pour beaucoup. Si les références restent évidentes, ils ont renforcé leur identité artistique, tout comme élevé leur niveau de jeu.

Toujours aussi bien produit, chaleureux et organique, ce troisième album fait la part belle aux harmonies et aux refrains, ainsi qu’aux parties de guitares et d’orgue, qui enveloppent littéralement « Restless ». Evoluant désormais en quintet, THE COMMONERS semble avoir trouvé la formule idoine pour rendre son Southern Rock le plus percutant et surtout le plus complet possible. Soutenu par trois choristes, les morceaux prennent l’ampleur qui manquait peut-être sur « Find A Better Way » pour avancer.

Pour ce qui est du son, Ross Hayes Citrullo a encore fait des merveilles et sa complicité à la guitare avec Chris Medhurst apporte beaucoup de dynamisme à l’ensemble. D’ailleurs, ce dernier livre à nouveau une prestation vocale époustouflante. Moins Soul et légèrement plus acoustique, « Restless » combine un Rock très roots avec des saveurs sudistes du plus bel effet. THE COMMONERS passe au niveau supérieur en distillant quelques pépites (« Devil Teasin’ Me », « Shake You Off », « Body And Soul », « Restless », « Gone Without Warning »).

Photo : Paul Wright

Retrouvez la chronique de « Find A Better Way » :

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Southern Rock

Robert Jon & The Wreck : inspiring moon

Avec « Red Moon Rising », Robert Jon Burrison (chant, guitare), Andrew Espantman (batterie), Henry James Schneekluth (guitare), Warren Murrel (basse) et, depuis peu, Jake Abernathie (claviers) atteignent la plénitude de leur art à travers un Southern Rock frais et ressourcé. Basé autour du mythe de la lune rouge qui apporte son lot d’espoir et de renaissance, ce nouvel opus de ROBERT JON & THE WRECK s’affiche déjà comme un indispensable de sa belle discographie.

ROBERT JON & THE WRECK

« Red Moon Rising »

(Journeyman Records)

Il y a quatre ans déjà, la sortie de « Last Night On The Highway » m’avait parcouru de frissons et, alors que le groupe évoluait encore en indépendant, il paraissait assez évident que le renouveau du Rock Sudiste passerait par lui. Etonnamment, c’est donc de Californie qu’est venu ce souffle chaud et novateur redonnant ses lettres de noblesse à ce style si expressif et rassembleur. Depuis, ROBERT JON & THE WRECK a arpenté sans relâche les scènes des Etats-Unis en long et en large, avant de faire également l’unanimité en Europe, où a même été enregistré le génial « Live At The Ancienne Belgique ». Et après neuf albums studio en moins de 15 ans, il se montre aussi infatigable que prolifique. 

Et cette féconde créativité, on la doit aussi et surtout à la volonté des Américains de pouvoir, depuis leur signature sur le label de Joe Bonamassa, sortir à l’envie des singles au gré de leur inspiration. Avant la sortie de cet excellent « Red Moon Rising », on avait ainsi pu découvrir les morceaux « Ballad Of A Broken Hearted Man », « Help Yourself », « Hold On », « Stone Cold Killer » et plus récemment « Trouble ». Certes, ROBERT JON & THE WRECK y dévoile près de la moitié de ce nouvel opus (12 titres avec les bonus), mais cela permet aussi de tenir en haleine son public avant la découverte finale de l’ensemble du disque. Une manière très actuelle, et plus libre selon le combo, de diffuser sa musique entre ses concerts.

« Red Moon Rising » peut facilement être perçu comme l’apogée du style et de la personnalité artistique de la formation de la côté ouest, tant certains titres ont déjà des allures de classiques. La production de Kevin Shirley offre également ce petit plus en termes de lustre, avec beaucoup de clarté et une belle dynamique, ce qui manquait peut-être un peu auparavant. Dorénavant, ROBERT JON & THE WRECK brille comme jamais et la qualité du songwriting est irréprochable, tout comme les harmonies du chant et des guitares (« Dragging Me Down », « Give Love », « Hate To See You Go » et le fabuleux morceau-titre). Le quintet en impose et s’impose de la plus belle des manières.

Photo : Allison Morgan

Suivez le périple de ROBERT JON & THE WRECK à travers les chroniques et les interviews parues sur Rock’n Force (et avant même la création du site) :

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Blues Blues Rock

Joe Bonamassa : symphonic pleasures

Si depuis le début de ce nouveau millénaire, la scène Blues mondiale a vu quelques cartes rebattues avec l’émergence, dans la durée, de grandes blueswomen et bluesmen, il en est un qui surclasse tout le monde et c’est bel et bien JOE BONAMASSA. Sa créativité, en studio comme sur scène, est littéralement le souffle qui manquait à ce style si emblématique. Avec ce « Live At The Hollywood Bowl With Orchestra », il monte encore les curseurs et livre de manière sublime son lot de frissons.

JOE BONAMASSA

« Live At The Hollywood Bowl With Orchestra »

(J&R Adventures)

Alors qu’il vient tout juste de sortir le cinquième album de son supergroupe Black Country Communion, JOE BONAMASSA s’attaque déjà à nos platines et dans son style de prédilection. Et cette fois, c’est dans une configuration époustouflante qu’il interprète une partie de son répertoire. Rarement aussi bon qu’en live, il a investi le magnifique écrin qu’est le Hollywood Bowl de Los Angeles, cultissime amphithéâtre où se produisent depuis 1992 les plus grands noms de l’Histoire de la musique.

Alors que l’homme au costume a sorti presqu’autant de témoignages live que de réalisations studio, c’est de nouveau sur les planches qu’on le retrouve et entouré d’un line-up exceptionnel. Accompagné d’un orchestre de 40 musiciens dirigé par de grands chefs tels que David Campbell et Trevor Rabin, les morceaux de JOE BONAMASSA prennent une ampleur incroyable grâce à des arrangements millimétrés, inédits et audacieux. Et le résultat célèbre littéralement le talent de l’Américain.

Sublimées par l’orchestre symphonique, les compositions du guitariste et chanteur s’élèvent encore un peu plus et la qualité du songwriting original prend une nouvelle dimension. Sur une tracklist parfaitement équilibrée, alternant les titres dynamiques et d’autres purement Blues, JOE BONAMASSA dévoile l’étendu de son répertoire en se faisant virtuose, mais en laissant surtout parler les notes. Enveloppé de cordes, de cuivres, de choristes au diapason, d’une flûte et de son groupe, ce nouveau live est une petite merveille.

Photo : Jenise Jensen

Retrouvez les chroniques de ses précédents albums :

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Classic Hard Rock Hard Blues

Black Country Communion : back to business

Vétérans fatigués pour certains, dieux vivants pour d’autres, une chose est sûre : les membres de BLACK COUNTRY COMMUNION ne laissent personne indifférent depuis maintenant 2010. Très attendu, cette cinquième réalisation se distingue à nouveau par sa fraîcheur et sa classe, et le combo anglo-américain en a encore sous le pied. Et l’écoute de « V » dévoile un très bon concentré de Hard Rock bluesy intemporel, comme seuls des musiciens de ce calibre savent encore le faire.

BLACK COUNTRY COMMUNION

« V »

(J&R Adventures)

Depuis 15 ans, et même s’il en aura fallu attendre sept entre leurs deux derniers efforts ensemble, Glenn Hughes (basse, chant), Joe Bonamassa (guitare), Derek Sherinian (claviers) et Jason Bonham (batterie) se font plaisir aux commandes de BLACK COUNTRY COMMUNION, supergroupe transatlantique comme on n’en fait plus depuis des lustres. Et si l’attente fut aussi longue, c’est aussi que nos quatre cadors ont un emploi du temps chargé et que, même à ce niveau-là, composer et entrer en studio nécessite déjà de se rencontrer…

Comme depuis les débuts de la formation, on retrouve le compagnon de route de longue date Kevin Shirley aux manettes de la production et, un peu aussi comme d’habitude, personne ne s’est vraiment foulé pour choisir le titre de ce cinquième album. Cependant, ce n’est pas non plus ce que l’on attend en priorité de BLACK COUNTRY COMMUNION, mais plutôt et surtout des morceaux de qualité. Et comme toujours, le quatuor est à la hauteur de son pédigrée avec Classic Hard Rock bluesy et virtuose à souhait.

Les deux premières choses qui frappent à l’écoute de « » sont d’une part la cohésion qui libère ce groove commun et ensuite la performance vocale de Glenn Hugues qui, du haut de ses 73 printemps, tient la dragée haute à la jeune génération. Sa complicité avec Jason Bonham fait aussi des merveilles. Quant à Joe Bonamassa et Derek Sherinian, on ne leur connait pas de prestations moyennes. Parmi les incontournables du nouveau BLACK COUNTRY COMMUNION, on retiendra « Enligthen », « Stay Free », « Red Sun », « Restless » et « Love And Faith ».

Photo : Rob Bondurant
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Alternative Rock Rock Hard

Collateral : melody maker

Après un premier album éponyme en 2020 très remarqué en Angleterre et qui a bénéficié d’une version remixée il y a deux ans (« Re-Wired ») avec des guests comme Jeff Scott Soto, Phil X et Joel Hoekstra, COLLETERAL apporte beaucoup de fraîcheur au Rock anglais. Très américain dans l’approche et dans le son, le combo réunit avec une touche très moderne tous les ingrédients à même de réunir les fans de Rock au sens très large du terme. Avec son côté très ’stadium’, il devrait rassembler les fans d’une époque estampillée FM comme ceux de l’actuel Alternative Rock.

COLLATERAL

« Should’ve Known Better »

(Big Shot Records)

A en croire la presse spécialisée d’outre-Manche, ce nouvel album de COLLATERAL retranscrit parfaitement toute l’énergie déployée en live par le groupe. On est donc en droit d’attendre un disque costaud et déterminé. Et il faut reconnaître que la formation du Kent est séduisante à bien des égards. Dans un Alternative Rock à la Nickelback et un Hard Rock soft façon Def Leppard ou Bon Jovi, les mélodies sont mises à l’honneur, ce qui n’empêchent nullement son guitariste, très en verve, et son frontman notamment d’apporter un souffle très véloce à un « Should’ve Known Better », séduisant et accessible.

Et si la rythmique basse/batterie (Jack Bentley-Smith et Ben Atkinson) n’est bien sûr pas en reste, COLLATERAL doit beaucoup à son chanteur, Angelo Tristan, au timbre très personnel et à la puissance vocale remarquable. Mais le frontman n’est pas le seul garant de l’identité musical du quatuor. Son guitariste, Louis Malagodi, imprime littéralement de son jeu les compositions de ce « Should’ve Know Better » très varié et entraînant. Et enfin, le relief de ce deuxième opus prend toute sa dimension grâce à la production de Dan Weller (Enter Shikari, Kris Barras, Bury Tomorrow). Un  travail d’orfèvre.

Visiblement, les nombreuses tournées des deux dernières années ont fait beaucoup de bien à COLLATERAL, dont les nouveaux morceaux sont très fédérateurs. Les Britanniques imposent leur marque sur des refrains entêtants et une redoutable efficacité dans le songwriting. On peut déjà imaginer l’impact sur scène de chansons comme « Glass Sky », « Original Criminal », Teenage Dream », « No Place For Love » et « Final Stand ». Parfois un peu convenu et attendu sur certains passages, « Should’ve Known Better » s’adresse à un vaste public sans se perdre dans le côté émotionnel du genre.

Photo : Blackham
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Blues Rock Contemporary Blues Hard Blues Southern Blues

Troy Redfern : inner fire

Délicieusement rugueux et joliment âpre, le jeu de TROY REDFERN s’aventure avec une facilité déconcertante dans les moindres recoins du Rock sur un Blues éternel et enflammé. Il y a quelque chose d’hypnotisant chez le guitariste, qui est à même de s’engouffrer dans des ambiances presque voodoo, puis retrouver un Hard Blues très roots toujours précis et instinctif. « Invocation » reflète tous les éléments qu’il détient dans sa vaste créativité.

TROY REDFERN

« Invocation »

(RED7 Records)

L’explosif et très prolifique TROY REDFERN est toujours aussi incandescent et c’est peu de le dire ! Troisième album en trois ans pour le maître de la slide anglaise et « Invocation » s’inscrit non seulement dans les pas de « The Fire Cosmic ! » et  (2021) et « Wings Of Salvation » (2022), mais il confirme aussi que le spectre musical du musicien va bien au-delà des frontières du Blues Rock. Son style se précise encore un peu plus et il dévoile ici des sonorités qui nous ramènent à la scène californienne des années 90.

Beaucoup de gourmandise donc au menu de ce huitième opus qui sent la poudre. Comme à son habitude, TROY REDFERN a conçu et livré l’intégralité en six petites semaines après s’être isolé au Pays de Galles pour poser les fondations de ces nouveaux titres. Et le résultat, toujours aussi organique et direct, dévoile une performance où la diversité rivalise avec la virtuosité du Britannique. Ayant fait appel à la même équipe de production, il laisse échapper « Invocation » avec beaucoup de liberté dans l’interprétation.

Sur un rythme effréné, TROY REDFERN nous balade du Sud des Etats-Unis à L.A. en passant par son île natale avec une fougue et un grain de folie que l’on n’a plus entendu depuis quelques années… Et là encore, il faut chercher du côté du Texas. Rock, Glam, Hard Rock et bien sûr Blues rocailleux, le guitariste va où bon lui semble, guidé par une énergie sans limite et aucun territoire ne lui résiste (« Van Helsing », « Getaway », « The Native », « The Strange »). « Invocation » s’approprie le Rock’n’Roll avec une classe débridée.

Photo : Jason Bridges

Retrouvez les chroniques des deux derniers albums :

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AOR Hard FM Melodic Rock

FM : rockin’ birthday

Malgré une récente et bien triste série d’événements, les Anglais ont décidé de célébrer leurs 40 ans de carrière de belle manière. Et plutôt que de sortir un énième et banal Best Of, FM s’est attelé à la composition d’un tout nouvel opus, « Old Habits Die Hard ». Doté d’une énergie contagieuse et d’un sens aigu de la mélodie, cette quatorzième réalisation s’inscrit au sommet de la discographie des vétérans du Hard FM.  

FM

« Old Habits Die Hard »

(Frontiers Music)

Le temps semble n’avoir aucune emprise sur FM, si ce n’est qu’il le bonifie. Pourtant depuis la sortie de « Thirteen » en 2022, les choses n’ont pas été de tout repos. En effet, le claviériste Jem Davis a été diagnostiqué d’un cancer, dont il s’est heureusement remis, et le guitariste et fondateur Chris Overland, frère du chanteur Steve, est quant à lui décédé. Autant de coups durs qui n’ont pourtant pas ébranlé la foi des Britanniques, dont « Old Habits Die Hard » montre encore une fois toute la classe.

Et cette année est aussi spéciale pour le groupe, puisqu’elle marque ses 40 ans de carrière. Il fallait donc aussi fêter cet anniversaire et FM s’est lancé dans l’écriture et l’enregistrement d’un nouvel album. Et c’est durant leur longue tournée que les cinq musiciens ont investi leurs studios Dave View et Electric Pepperland. Le résultat est franchement bluffant. Leur objectif était de rassembler sur « Old Habits Die Hard » le meilleur de leur jeu, de leur style et de leur personnalité artistique, et c’est très réussi.

On retrouve en effet tous les ingrédients qui ont fait de FM une référence mondiale en matière d’AOR et de Hard Rock mélodique : des refrains entêtants, des riffs accrocheurs et des twin-guitares scintillantes, le tout posé sur la voix claire et puissante de son frontman. Classique sur « Whatever It takes » et « No Easy Way Out », plus fédérateur sur « California » et « Blue Sky Mind », puis percutant sur « Lost », « Another Day In My World » et « Leap Of Faith », le quintet se fait même bluesy sur « Black Water ». Une belle célébration !

Photo : Tony Ayiotou

Retrouvez la chronique du dernier album live :

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Blues Blues Rock International Southern Blues

Susan Santos : sunny vibes [Interview]

La guitariste, chanteuse, compositrice et productrice SUSAN SANTOS a livré il y a quelques semaines son nouvel et sixième album, « Sonora ». Elle nous transporte au coeur du desert à travers huit titres à l’atmosphère plutôt Blues Rock, mais pas seulement. Mâtiné de divers courants allant de sonorités hispaniques et Southern, comme Country ou même Western, l’Espagnole fait preuve d’un éclectisme bluffant et d’une maîtrise totale avec une identité marquée. L’occasion de lui poser quelques questions au sujet de ce brûlant nouvel opus…   

Photo : Juan Pérez-Fajardo

– Le moins que l’on puisse dire est que « Sonora » est un album très solaire à de nombreux points de vue. Même s’il ne dénote pas de tes précédentes réalisations, est-ce que faire du désert le point central du disque est une envie que tu as eue avant même le processus de composition ?

C’est quelque chose qui s’est fait petit à petit, en fait. J’ai commencé à écrire des chansons sans intention précise, et au fur et à mesure du choix des morceaux, l’idée a émergé pour devenir finalement le fil rouge de l’album.

– D’ailleurs, tu l’as entièrement composé, paroles et musique, et tu l’as aussi coproduit avec Jose Nortes. Tout a été réalisé aux studios Black Betty à Madrid. C’était important d’être presque seule à chaque étape de « Sonora » pour en quelque sorte ‘centraliser’ les choses ?

Dès le départ, il était clair pour moi que je voulais faire les choses à ma manière, tout décider et participer à tout le processus, y compris le mixage et le mastering. L’enregistrer à Madrid était le plus pratique, puisque j’habite là. L’enregistrement s’est fait en quelques jours, mais avec les concerts, les voyages et les tournées, j’ai du attendre mon retour pour repartir en studio pour le mixage.

Photo : Juan Pérez-Fajardo

– Les morceaux de « Sonora » sont efficaces sans pour autant être épurés, loin de là. On t’entend jouer de la guitare électrique, baryton et acoustique, ainsi que du banjo et du thérémine. L’album est vraiment très riche, ainsi qu’au niveau des arrangements. Est-ce une chose sur laquelle tu t’es longuement penchée ?

Pas vraiment, la vérité est que tout s’est fait un peu à la volée. En fait, j’ai même écrit  des chansons et de nombreux arrangements en studio pendant que nous enregistrions. J’avais une totale liberté de décision et c’était vraiment très amusant ! C’est vrai que tout ça a aussi fait bouger beaucoup de choses pendant les journées d’enregistrement.

– Je disais que « Sonora » était musicalement très solaire dans son ensemble, à travers le thème du désert bien sûr, mais aussi musicalement. C’est la première fois que tu réalises ce qu’on pourra apparenter à un album-concept ?

Oui, c’est la première fois que je fais quelque chose comme ça. Comme je te le disais, je n’y ai pas pensé au début, lorsque je me suis décidée à enregistrer un album. J’ai commencé l’écriture des chansons et dès que j’en ai eu deux ou trois, c’est à ce moment-là que l’idée m’est venue et s’est imposée.

Photo : Juan Pérez-Fajardo

– Evidemment, la thématique et certaines sonorités hispaniques, et parfois Southern aussi, font penser à une bande originale de western. Est-ce un peu de cette manière que tu as conçu « Sonora » ?

Absolument ! J’aime beaucoup être au croisement de tous ces sons entre Rock, Blues, Country, Southern Rock et Western. Et l’environnement du désert est parfait pour encadrer et englober toutes ces ambiances.

– Un petit mot aussi sur le clip de « Hot Rod Lady », qui a été tourné à Joshua Tree. Pourquoi spécialement là-bas, même si on en a une petite idée ? On aurait aussi pu l’imaginer dans les Bardenas Reales… 

En fait, j’étais en tournée en Californie, lorsque je mixais l’album et on était très proche de Joshua Tree. Ca m’a semblé être l’endroit parfait pour le tournage du clip de la chanson.

– Depuis tes débuts, tu multiplies les styles de Blues et aucun ne te résiste. Y a-t-il cependant un registre qui a ta préférence et qui te ressemble le plus ?

Je suis très curieuse de tous les styles musicaux et beaucoup d’entre eux se marient facilement car, au final, ils ont tous la même source et les mêmes racines. J’aime toujours me renseigner en amont pour ensuite orienter les chansons vers d’autres ambiances. C’est à chaque fois un défi que j’aime beaucoup.

Photo : Juan Pérez-Fajardo

– Depuis quelques années, on voit de plus en plus de blueswomen mises enfin en lumière. Certains découvrent de grands talents, alors que la majorité d’entre-vous êtes là depuis un bon moment. Est-ce que tu penses aussi que cette reconnaissance est souvent un peu tardive ?

Oui, il nous faut se battre et progresser petit à petit. Pour le moment, je continue à faire ce que j’aime le plus, c’est-à-dire composer des chansons et les jouer en concert partout où c’est possible. Et oui, bien sûr que j’aimerais avoir bien plus de reconnaissance, évidemment.

– On l’a dit, tu navigues entre plusieurs styles, tous plus ou moins Rock d’ailleurs. Cela dit, ton propre son est très européen, malgré quelques touches américaines, notamment Southern. Est-ce qu’après toutes ces années et avec six albums à ton actif, il y a un désir en toi de t’imposer au pays du Blues, ou est-ce que les frontières ont déjà été franchies ?

J’ai beaucoup voyagé, mais pour le moment je me sens très bien ici en Espagne. J’y ai de bonnes relations avec beaucoup de monde et de bonnes collaborations également. Mais je n’exclus pas de vivre ailleurs à l’avenir. La vérité est que je joue déjà beaucoup en dehors de l’Espagne, car ici le circuit est assez restreint pour ce style de musique.

Le nouvel album de SUSAN SANTOS, « Sonora », est sorti et est disponible sur le site de l’artiste : https://www.susansantos.info/shop

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Blues Contemporary Blues

Bex Marshall : le sourire de l’audace

Originaire de Plymouth dans le Devon, la compositrice, guitariste et chanteuse nous a fait languir plus d’une décennie avant de se présenter avec une toute nouvelle production. Exaltée et scintillante, l’Anglaise interprète un Blues frais et enjoué, entourée d’un groupe à en faire pâlir plus d’un… et d’une ! Mais ce sont bel et bien sa voix rocailleuse et son approche guitaristique qui font d’elle une artiste hors-norme. Avec « Fortuna », on quitte un temps les rives de la Tamise pour celles du Delta du Mississippi avec un détour par la Nouvelle-Orleans.

BEX MARSHALL

« Fortuna »

(Dixiefrog)

Avec seulement quatre albums à son actif depuis 2002, dont celui-ci, BEX MARSHALL se fait bien trop discrète. Sa carrière, elle la mène surtout sur scène où elle a peaufiné et rodé son style en développant son exceptionnelle technique de slide back-porch, notamment, qui libère tant d’émotion sur ses morceaux. Lauréate d’un British Blues Award en 2013 en tant que chanteuse, la Britannique nous aura fait patienter douze ans depuis « The House Of Mercy » pour enfin livrer ce « Fortuna », qui se distingue du paysage musical actuel.  

Par sa voix éraillée, BEX MARSHALL nous captive avec un British Blues dans le son, teinté de Rock, de Gospel, de Funk et de Soul, et s’en va même titiller le Country Blues (« Jungle »). Pour « Fortuna », elle se fait brillamment accompagné par ce que Londres fait de mieux en qualité de musiciens, et dont le feeling et le groove sont le moteur principal. Pourtant enregistrée en une intense semaine dans la capitale anglaise, cette nouvelle réalisation respire et offre un chaleureux moment d’optimisme dans lequel la frontwoman rayonne.

Bien sûr, il y est toujours question d’amour brisé, d’alcool et de regrets (c’est du Blues !), mais le regard plein de malice et d’humour de BEX MARSHALL montre surtout une ténacité et une résilience à toute épreuve. Et si sa voix nous emporte, que dire de son jeu de guitare ? Torride sur l’instrumental morceau-titre, ou plus délicat sur la splendide ballade « 5AM », elle navigue au gré de ses envies dans des atmosphères enchanteresses (« Preaching To The Choir », « Lay Down n’ Die », « Table For One », « Scrapyard Dog »). On en redemande !

Photo : Blackham Images
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Blues Blues Rock

Philip Sayce : la puissance de l’élégance

Né au pays de Galles, c’est au Canada, puis aux Etats-Unis, que PHILIP SAYCE a passé le plus clair de sa vie et surtout qu’il s’est construit artistiquement en tant que musicien et chanteur. Accompagné par le gratin de la scène californienne devant comme derrière la console, il livre « The Wolves Are Coming », un nouvel opus qui surfe sur une dynamique Blues Rock explosive, souvent saturée et terriblement accrocheuse. Et la finesse du panel de son jeu balaie l’horizon avec un feeling solaire.

PHILIP SAYCE

« The Wolves Are Coming »

(Atomic Gemini/Forty Below Records)

Le parcours de PHILIP SAYCE a quelque chose qui teint du conte de fée, ce qui ne signifie d’ailleurs pas que le Gallois n’ait pas eu à travailler dur, mais il faut avouer que les planètes se sont particulièrement bien alignées. Ayant grandi à Toronto, il a été initié au Blues par ses parents. Adolescent, il brille déjà et le grand Jeff Healey le prend sous son aile, le fait participer à ses enregistrements et à ses tournées. Au début des années 2000, c’est à Los Angeles qu’il pose ses valises, rencontre Melissa Etheridge et joue sur ses disques. Puis, c’est en 2005 qu’il se lance en solo et sort « Peace Machine » et les fans commencent alors à le suivre et à écouter ce Blues si vivant.

Presque 20 ans plus tard, PHILIP SAYCE revient avec un septième album studio, auquel il faut ajouter un EP et un live, et il faut reconnaître que « The Wolves Are Coming » est sa réalisation la plus aboutie à ce jour. Songwriter inspiré et aguerri, le guitariste et chanteur montre une incroyable fraîcheur, qui est due à une technique, un feeling et une énergie présents sur chaque morceau. Entouré d’un groupe de musiciens chevronnés et reconnus, la production est somptueuse, aussi naturelle en apparence que travaillée dans le moindre détail. Quant au Canadien d’adoption, il s’occupe des guitares, du chant, de la basse et du piano.

Pourtant composé en pleine pandémie, « The Wolves Are Coming » révèle l’ambiance ludique et très libre qu’a précisément ressenti PHILIP SAYCE en studio à ce moment-là.  Très bruts dans le son, certains titres font l’effet d’un ouragan (« Oh ! That Bitches Brew », « Backstabber »), d’autres sont presqu’apaisants (« It’s Over Now ») et il sait aussi se faire rayonnant (« Lady Love Divine », « Black Moon »). A noter également la délicate reprise de John Lee Hooker, « This Is Hip », et « Blackbirds Fly Alone », qui aurait eu sa place sur le « Mama Said » de Lenny Kravitz. Le Bluesman excelle autant dans la douceur que dans une exaltation frénétique. Génial !

Photo : Matt Barnes