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International Stoner Rock

Dozer : un rock dans le désert [Interview]

Il y a des artistes qu’on n’est pas peu fier d’interviewer, soit par goût, soit parce qu’ils ont marqué leur époque ou carrément créé un style… Et c’est le cas pour les Suédois de DOZER, piliers et fondateurs du Stoner/Desert Rock avec Kyuss et quelques autres. Alors que leurs trois premiers albums ressortent chez Heavy Psych Sounds Records, Tommi Holappa, guitariste du quatuor, a eu la gentillesse de répondre à quelques questions et sans les éluder…  

Vous venez juste de signer chez Heavy Psych Sounds Records. Pourquoi ce choix, et est-ce que la réédition de vos trois premiers albums (« In The Tail Of A Comet », « Madre De Dios » et « Call It Conspiracy ») était la condition ?

En fait, ça faisait un bon moment que nous réfléchissions à ressortir nos trois premiers albums. Ils sont épuisés depuis longtemps, et il y avait aussi une forte demande pour des éditions vinyles. Mais pour être honnête, nous ne sommes pas un groupe très speed quand il s’agit de faire les choses. Maintenant, nous sommes vieux avec une famille et des enfants ! On ne cherchait pas vraiment de label, et c’était trop de travail pour les sortir nous-mêmes.

Nous avons eu plusieurs offres ces dernières années, mais rien de vraiment intéressant. Alors, quand mon vieil ami Rajko de Heavy Psych Sounds Records m’a contacté sur Messenger à propos d’autre chose, nous avons commencé à discuter d’éventuellement sortir quelque chose avec DOZER et, de fil en aiguille, nous avons décidé de commencer par la sortie de nos trois premiers albums. 

Nous sommes ravis d’avoir signé sur Heavy Psych. Ils ont un tas de gars sympas et c’est un label qui sort beaucoup de trucs cool… du très bon Stoner, du Doom, du Rock’n’Roll, quoi !

Depuis le puissant « Beyond Colossal » en 2008, puis « Vultures » en 2013, tout le monde n’a qu’une question en tête, et promis on en restera là : quand est-ce que vous sortez un nouvel album ?

(Rires) Tout le monde nous pose la question ! Bon, nous n’avons pas le projet d’enregistrer un nouvel album ou quoique ce soit pour le moment. Mais je ne vais pas te dire que nous ne le ferons pas, on ne sait jamais. Ce serait sympa d’essayer d’écrire au moins une ou deux chansons et les enregistrer, histoire de voir ce que ça donne.

Ca fait environ 13 ans que nous n’avons rien enregistré ensemble, ce serait donc une bonne expérience. Mais c’est aussi une question de temps, car DOZER est un peu devenu un ‘side-project’ pour nous maintenant. Johan joue avec BESVÄRJELSEN, Fredrik a un nouveau projet qui s’appelle AMBASSADORS OF THE SUN et de mon côté, j’ai GREENLEAF.

En l’espace de cinq albums, DOZER est devenu un pilier et même un fondateur du Stoner Rock en Europe et à travers le monde. Quels souvenirs gardes-tu de vos débuts, des premiers concerts ?

Au début, on s’est bien marré ! Oh oui ! Nous étions des gamins qui s’amusaient à jouer avec des grosses basses, des guitares avec des pédales Fuzz et on adorait des groupes comme Kyuss, Monster Magnet, Fu Manchu et d’autres. Je me rappelle de notre premier concert ! C’était le 25 décembre 1995 dans notre ville à Borlänge. On n’avait pas assez de matos, juste quelque chose comme cinq ou six morceaux et on a fait quelques reprises. Je me souviens qu’on avait joué « Dopes to Infinity » de Monster Magnet et « Supa Scoopa and the Mighty Scoop » de Kyuss !

D’ailleurs, est-ce que tu trouves que la communauté du Rock’n’Roll Underground a changé ces dernières années ?

Je ne pense pas qu’elle ait beaucoup changé, elle est juste plus importante par rapport au début des années 2000. Il y a plus de monde à jouer du Heavy bien Fuzz, et c’est tant mieux ! Je pense aussi que ces dix dernières années beaucoup de festivals comme ‘Desertfest’ ou ‘Stoned From The Underground’ y ont beaucoup contribué, car il y a eu de très bons groupes !

Cette année, vous allez commencer une série de concerts et une tournée en Australie un peu plus tard. Vous devez être impatients de remonter sur scène tous les quatre ensembles ?

Oui, nous avons quelques festivals bookés cet été et en novembre, nous partons en Australie ! Nous avons déjà joué là-bas en 2004 et c’était génial ! Alors, quand on a proposé de venir, on n’a pas pu dire non ! Oui, nous sommes très excités !

Tu peux nous dire un mot de la tracklist que vous jouerez ? Peut-être un ou deux inédits… ?

Ces dernières années, lorsque nous avons joué en concert, on jouait principalement nos trois derniers albums, et quelques anciens titres. Je ne sais pas encore ce que nous jouerons en festival, ni en Australie mais en général, dès que nous commençons à répéter, on se décide rapidement.

Mais je suis certain que nous jouerons « Big Sky Theory », parce que c’est le pied sur scène ! De nouveaux morceaux ? Qu’est-ce que c’est qu’ça ! (Rires) Comment je te l’ai dit, nous n’avons encore rien écrit, mais on ne sait jamais…

Pour conclure, j’espère vraiment que les rééditions de ces trois albums magiques vont marquer une nouvelle ère pour DOZER ! Comment vois-tu le futur du Stoner/Desert Rock ?

L’avenir est prometteur ! Et avec des groupes comme Elder, nous n’avons rien à craindre.

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France Rock Stoner/Desert

Sur la même longueur d’onde

COFFEE AT NINE

Organique et puissant, ce premier EP éponyme de COFFEE AT NINE  montre une maturité étonnante. Le trio montpelliérain fait preuve d’originalité dans un registre Desert Rock aux accents Stoner et Grunge.  

– Commençons par votre rencontre. COFFEE AT NINE est une aventure très récente…

Nous nous connaissons déjà depuis quelques années, on s’est rencontrés à l’école de musique où nous faisions nos études. Chacun de notre côté, nous avions nos vies et nos projets, jusqu’à que nous fassions notre premier concert en mars 2019. En nous jouions ensembles depuis trois semaines. Pour l’histoire, le groupe avait un premier line-up, sous un autre nom, et c’est l’été dernier que nous avons adopté ce nouveau nom, que nous avons choisi ensembles, et qui nous correspond.

– Quelques mois après votre formation, vous enregistrez déjà un premier EP. Votre complicité et votre complémentarité ont fait des étincelles dès le départ ?

Ça a très bien marché entre nous, dès le départ ! Après nos deux premiers concerts, nous nous sommes retrouvés autour de quelques jams et bières… On prend un réel plaisir à jouer ensemble et il faut dire que ça nous a rendu particulièrement productifs. Nous sommes vraiment sur la même longueur d’onde.

– Vous avez décidé de sortir un EP après quelques mois. Vous étiez trop impatients pour attendre un album complet ?

Dans un premier temps, faire un EP, ça nous a permis de dévoiler notre musique assez rapidement, mais aussi de pouvoir se concentrer sur un nombre minimum de morceaux afin de les optimiser pour qu’ils aient vraiment le rendu qu’ils ont aujourd’hui. Avec ça, on a pu aussi cristalliser la spontanéité du moment. On s’était formés quelques mois auparavant, et cet EP est le témoin de trois potes qui se régalent bien jouer ensemble !

– COFFEE AT NINE a un son très personnel nourri de Desert Rock et de Grunge. Ce sont ces influences (et quelles sont-elles ?) qui vous ont rapproché au moment de fonder le groupe ?

Ce sont effectivement ces influences, c’est aussi cette veine musicale des années 90 qui nous correspond musicalement. On recherche toujours quelque chose de simple, plein d’énergie et qui nous parle avec une certaine fougue. On a tous des influences diverses, allant du Metal, au Jazz et au Rock moderne. Mais c’est le son de cette période qui marche pour nous. Je pense que dans cet EP, on peut entendre des choses comme Alice In Chains, Fu Manchu, QOTSA, Soundgarden…

– Vos morceaux sont à la fois massifs et percutants et pourtant vous mettez également l’accent sur les mélodies et les refrains. Comment faites-vous la jonction entre la puissance et les harmonies ?

En gros, l’idée c’est « on veut des riffs bien épais et des refrains accrocheurs pour que tout le monde puisse s’éclater avec sa bière en concert ». On part du principe qu’on a envie de traduire notre intention dans la musique, et le partager sur scène, et de faire la fête avec les gens qui viennent nous voir. Sur cet EP pour le son, c’est Simon Pillard du Buèges Valley Recording Service, qui s’est occupé de la production de A à Z. Il a fait un travail aux petits oignons, et a su rester fidèle à ce que nous voulions.

– L’adage veut qu’il n’y ait pas de meilleure formule pour le Rock que le power trio. C’est aussi votre sentiment et le line-up le plus efficace pour ce type de musique, selon vous ?

C’est vrai qu’à trois ça fonctionne très bien, on se connait assez pour parfois lâcher les rênes en concert, écrire des morceaux et avoir les mêmes idées, et puis il faut le dire, on a fatalement plus de bières quand on est trois que quatre ! On n’a jamais vraiment réfléchi à un membre en plus, qui sait à l’avenir… Quoique non en fait !

– Malheureusement, votre EP est sorti en plein confinement. Comment avez-vous vécu la situation et comment envisagez-vous l’avenir, même si les concerts ne reprendront pas avant un moment ?

Comme tous les artistes, la situation actuelle n’est pas facile. Effectivement, on ne sait pas quand on va pouvoir retourner sur scène. Nous devions défendre notre EP en avril le jour de sa sortie, mais ça été évidemment compromis. Il en a été de même pour le tournage du clip que nous devions démarrer à cette période. Donc, on en a profité pour explorer de nouvelles idées, on va se concentrer sur l’écriture de nouveaux morceaux, et faire en sorte de partir tourner l’an prochain. On ne lâche rien et de toute façon, on est trop borné pour ça !

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International Stoner Rock

Clutch : une année bien remplie [Interview]

Groupe incontournable de la scène Stoner et beaucoup plus largement Rock et Hard, CLUTCH a vécu comme nous tous une année très spéciale. Faute de concert, le quatuor du Maryland n’a pas pour autant rompu le contact avec ses fans. Une compilation, des concerts en streaming, un album de reprises avec des duos et des réenregistrements, les Américains ne sont pas restés les bras croisés. Rapide retour sur cette année très particulière…

– En mars dernier, en plein confinement, vous avez sorti une compilation uniquement en format numérique (« Monsters, Machines, And Mythological Beasts »). Qu’est-ce qui vous a incité à revenir si rapidement avec un nouvel enregistrement, même s’il ne s’agit pas de nouvelles chansons ?

2019 a été une année très chargée en concerts, et 2020 devait être plus ou moins pareille. Nous ne pensions pas avoir beaucoup de temps disponible pour écrire et enregistrer un album entier avec de nouvelles chansons. Du coup à la place, nous sommes allés en studio régulièrement pour enregistrer des reprises et retravailler aussi de vieux morceaux. Au départ, on voulait les mettre un par un sur les plateformes de streaming. Finalement, nous en avons eu assez pour sortir un disque physique que nous avons intitulé « Weathermaker Vault Series Vol. 1 ».

– Ce nouveau disque sort également sur votre propre label WM. Créé en 2008, il vous apporte beaucoup de liberté, non ?

Weathermaker Music nous permet de sortir tout ce qui concerne le groupe depuis 2008. Nous avons également un groupe instrumental appelé ‘The Bakerton Group’, dont deux albums sont sortis sous WM, ainsi que plusieurs albums de formations qui incluent d’ailleurs plusieurs membres de CLUTCH.

– Parmi ces chansons, il y a des réenregistrements, des reprises et des duos. Comment avez-vous effectué le choix de la tracklist ?

Les reprises que nous avons choisies sont juste des morceaux qui ont été une source d’inspiration, ou simplement nos préférés depuis des années. Ces originaux de CLUTCH, qui ont été réenregistrés, ont été sélectionnés parce que nous sentions d’une manière ou d’une autre que nous pouvons mieux les jouer. Et puis, ça nous fait du bien de les écouter dans des versions améliorées !

– Quelques mots à propos de Randy Blythe de Lamb Of God qui partage avec vous « Passive Restraints ». Comment est née l’idée de ce duo ?

Randy est un ami. Nous avons tourné avec Lamb of God à plusieurs reprises ces dernières années. Lors de notre dernière tournée aux États-Unis avec eux, on a voulu que Randy nous rejoigne sur scène. Nous lui avons demandé quelle chanson il voudrait chanter, et il a choisi « Passive Restraints ». Ce n’était pas une chanson qui faisait partie de notre setlist à l’époque. C’était donc excitant de la jouer. L’énergie et l’enthousiasme de Randy nous ont incité à retourner en studio et à la réenregistrer avec lui. Personnellement, c’est l’une de mes préférées parmi ces nouveaux enregistrements.

– Ces nouvelles versions vous ont-elles permis de vous recentrer sur votre son et votre démarche artistique ?

Bien sûr ! Certains des enregistrements originaux avaient plus de dix ans, et nous avons estimé que nous pouvions les jouer beaucoup mieux aujourd’hui. Parfois, il faut des années de tournées pour jouer correctement une chanson !

– J’imagine que ces longs mois sans concert vous ont permis de réfléchir, d’écrire et de composer. Avez-vous déjà des idées, des chansons ou même des prémices de votre prochain album ? Et peut-être même une date de sortie ?

Cette année a vraiment été difficile pour se projeter sur du long terme, et je dirais même que le côté créatif de l’écriture en a été affecté. Nous avons passé la majeure partie de notre temps à nous concentrer sur la diffusion d’une série de concerts en direct sur le Net que nous avons appelé « Live From The Doom Saloon ». On a d’ailleurs fait notre dernier concert le 18 décembre dernier. Le ‘Doom Saloon’ est notre salle de répétition et notre studio ici chez nous, dans le Maryland.

C’est là que nous nous réunissons pour élaborer de nouveaux morceaux et répéter. Avec l’aide de nos amis des productions My Good Eye et LiveFrom, nous diffusons en streaming et en direct régulièrement des concerts complets. En 2021, nous allons passer plus de temps à écrire de nouvelles chansons. Et avec un peu de chance, nous reprendrons la route pour les partager avec vous. Une chose est sûre, nous enregistrerons un nouvel album cette année.