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Slower : slayerized

Reprendre l’un des plus éminents membres du ‘Big Four’ californien avec la crème de la scène Stoner Doom, c’est l’ambition de Bob Balch de Fu Manchu accompagné de musiciens de Kylesa, Kyuss, Monolord et Lowrider. Sur des ambiances sombres et chargées, SLOWER présente sa vision d’un Slayer qui passe presqu’en mid-tempo et surtout qui se pare de voix féminines aériennes et vaporeuses, loin de la rage d’Araya et de sa bande. Le projet est ambitieux et le regard apporté sur ces cinq titres incontournables a de quoi dérouter par son approche, toute en décélération, mais non sans volume.

SLOWER

« Slower »

(Heavy Psych Sounds)

Si les fans de Slayer sont inconsolables depuis cette soirée du 30 novembre 2019, où le groupe donnait son dernier concert au Forum de Los Angeles, il se peut que l’EP de SLOWER leur apporte un peu de baume au cœur. A mi-chemin entre le Tribute et la cover, l’entreprise menée par Bob Balch a de quoi de surprendre, c’est vrai, mais aussi séduire à bien des égards. Le guitariste de Fu Manchu a décidé de réinterpréter cinq morceaux des rois du Thrash Metal dans des versions… très inédites. Loin des riffs acérés de Kerry King et de Jeff Hanneman, du chant rageur de Tom Araya et surtout des rythmiques de Dave Lombardo et de Paul Bostaph, « Slower » ne manque pourtant pas de sel.  

Il est donc question ici de Stoner et de Doom, ce qui est à l’opposé du style racé et véloce du quatuor de la Bay Area, donc pas la moindre trace de Thrash à l’horizon. Pour faire court, l’idée avec SLOWER est d’avancer dans un concept ‘slow and low’, à savoir lent et bas. Et pour mener à bien l’ensemble, Balch s’est entouré d’un super-groupe avec Amy Barrysmith (Year Of The Cobra) et Laura Pleasants (Kylesa) au chant, les bassistes Peder Bergstrand (Lowrider) et Scott Reeder (Kyuss), ainsi que le batteur Esben Willems (Monolord). Leurs reprises prennent une tournure lourde, épaisse et lancinante, tellement les structures ont été repensées et refaçonnées dans un climat Doom pesant.

Et les Américains ont choisi cinq titres parmi les plus emblématiques de Slayer : « War Ensemble », « The Antichrist », « Blood Red », « Dead Skin Mask » et « South Of Heaven ». Difficile de faire plus fédérateur… sur le papier en tout cas. Car dans les faits, les tempos sont très ralentis, même si une double grosse caisse se fait parfois délicatement entendre, et surtout, le chant exclusivement féminin donne une tout autre perspective. SLOWER s’éloigne à un tel point des versions originales qu’on peine même à les reconnaître. L’exercice est cependant très réussi, malgré la distance avec le modèle. Les thrashers de la première heure risquent de s’y perdre rapidement, tandis que les fans de Stoner Doom se régaleront.

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Extrême International

Body Count : une faim de loup

A l’occasion de la sortie début mars de « Carnivore », le nouvel album de BODY COUNT et avant la venue du groupe en France, un p’tit coup de fil à Ernie C. s’imposait, histoire de prendre le pouls du gang de Los Angeles. En grande forme, le lead guitariste et fondateur du mythique groupe de Rap Metal revient sur la carrière du groupe, son évolution et la tournée à venir.

– La première fois que je t’ai vu, c’était à Paris en octobre 1994. Et après une belle carrière, BODY COUNT est plus que jamais là. Ce groupe est une vraie cure de jouvence ?

Si BODY COUNT est une cure de jouvence ? (rire) Je ne sais pas… C’est vrai que le groupe est de nouveau populaire, et je n’ai pas vraiment d’explication à ça. Une chose est sûre, nous sommes bel et bien de retour!

– « Carnivore » va bientôt sortir. Selon toi, quelle est la principale différence d’avec « Bloodlust » ? Peut-être plus Heavy, non ?

« Carnivore » est probablement plus tranchant que « Bloodlust ». Mais je pense que l’écart le plus frappant est entre notre premier album et aujourd’hui. Le groupe est totalement différent. Nous étions beaucoup plus Punk lorsque nous avons commencé, alors que maintenant nous sommes vraiment un groupe de Metal. Cela se ressent dans le son du nouvel album et dans son contenu.

– C’est toujours Will Putney qui produit « Carnivore », il semble avoir parfaitement cerné le son de BODY COUNT. C’est le producteur idéal ?

On adore vraiment Will ! Il est véritablement devenu un membre du groupe. C’est même notre troisième guitariste ! (sourire)

– Sur l’album, vous rendez hommage à votre ami Lemmy de Motörhead en reprenant « Ace Of Spades ». Pourquoi ce choix, vous auriez vous distinguer avec un morceau moins connu ?

Nous avons tout naturellement choisi « Ace Of Spades », car nous pensions vraiment que nous pourrions en faire une bonne version. Tu sais, je respecte énormément Lemmy, et ça me paraissait être un bon choix. Et puis, lorsque nous avons repris des morceaux de nos potes de Slayer et de Suicidal Tendencies, on a aussi repris leurs titres les plus populaires.

– Cette année, BODY COUNT fête ses 30 ans d’existence. Tu imaginais en 1990 que le groupe durerait si longtemps, et surtout en gardant la même intensité qu’à ses débuts ?

Ouais, 30 ans c’est vrai, tu as raison ! (rire) Et nous sommes excités comme au premier jour. Je suis vraiment heureux de cette longévité, car nous éprouvons toujours le même plaisir. Alors venez nous voir dans quelques mois, nous allons vraiment passer un bon moment ! Et puis, nous sommes vraiment heureux de venir jouer en France, on a toujours adoré se produire chez vous : le public est génial !

Un grand merci à Ernie C. pour sa gentillesse et sa disponibilité… et ce très bon album !