Catégories
Blues Rock France Southern Blues

Laura Cox : lumineuse et naturelle [Interview]

Et si ce troisième album de la chanteuse, guitariste et compositrice LAURA COX n’était finalement pas celui de la maturité ? Après un nombre incalculable de concerts, celle qui a toujours livré un Hard Blues teinté de Southern propose avec « Head Above Water » un disque authentique, à l’équilibre parfait et solide et montre une grande confiance, notamment vocalement. La Française a franchi un cap, c’est une évidence, en réalisant un disque plus posé et plus roots aussi. Entretien avec la virtuose.

Photo : Ugo

– Notre dernière interview date d’octobre 2020 lors d’un concert en Bretagne (salle Cap Caval à Penmarc’h – 29) et c’était le dernier avant l’interdiction. Et tu me disais que le Covid avait tué ton deuxième album. Depuis, tu as repris le chemin des concerts. Quel bilan tires-tu finalement de « Burning Bright » ?

Oui, on a été beaucoup freiné dans la promotion. L’album est sorti en novembre 2019 et ensuite, on a tourné jusqu’en mars seulement alors qu’on était en pleine lancée. C’est vrai que la vie du deuxième album a été un peu étrange. Mais on a beaucoup joué depuis l’année dernière et on a pu continuer à le faire vivre, mais tout a été un peu décalé. Le cycle des concerts a été très étrange aussi et c’est donc assez difficile d’en tirer un bilan. On l’a joué comme on a pu, mais je sens, comme les gens, qu’on a besoin d’un peu de fraîcheur, de nouvelles chansons… Et cet album va faire du bien à tout le monde !  

– J’ai eu le plaisir de te voir au dernier ‘Hellfest’, pour bien commencer la journée, et tu nous as servi un set époustouflant. Toi qui es vraiment une artiste de scène, quel souvenir en gardes-tu, surtout après des mois très compliqués pour tout le monde ?

En fait, le ‘Hellfest’, on a eu le temps de s’y préparer, car on avait été programmé fin 2019 et ensuite cela a été reporté, reporté… Donc, j’ai eu le temps de le voir venir ! Mais c’était comme un rêve. Cela faisait des années que j’en rêvais ! C’était aussi un peu étrange, car j’y vais en tant que festivalière depuis 2010 et j’avais un peu l’impression d’être chez moi, à la maison, mais cette fois, c’était de l’autre côté : du côté artiste. Et l’accueil a été bon et on s’est éclaté malgré la chaleur. C’est un super souvenir, même si tout est passé très vite, puisqu’on a joué une trentaine de minutes. Et j’espère que ce ne sera pas notre dernier !

– Juste pour conclure sur ta prestation à Clisson, comment est-ce qu’on prépare un set dans des conditions comme celles-ci, à savoir une grande exposition et un passage assez court finalement ?

C’est vrai que c’est un show qu’on a vraiment préparé différemment. On a sélectionné les chansons les plus pêchues, parce qu’on sait très bien que les gens ne s’attendent pas à avoir 30 minutes de ballades. D’habitude, le set n’est pas construit comme ça, mais on joue très rarement aussi peu de temps. On y a mis toute notre énergie, même si on n’a pas trop nuancé en envoyant principalement des titres très Rock. On voulait quelque chose de dynamique, qui arrive à maintenir le public en haleine. Il y avait aussi quelques titres du nouvel album qu’on avait joué en avant-première. Rapide et efficace, au final !

– Parlons maintenant de ce très bon « Head Above Water » que tu es allée enregistrer à nouveau au mythique Studio ICP de Bruxelles en Belgique avec Erwin Autrique et Ted Jensen. L’ambiance devait être explosive pour ce troisième album après une telle attente, non ? Ou est-ce qu’au contraire tu étais plus sereine et détendue ? Ou les trois !?

J’étais assez sereine au final. L’enregistrement du premier album (« Hard Blues Shot » – NDR) avait été un peu compliqué, car je manquais de confiance en moi et l’ambiance n’était pas non plus super, car on avait eu des soucis techniques. Maintenant, plus ça va et plus tout se passe bien. On a travaillé dans la bonne humeur en étant studieux et productif, même si on s’est aussi beaucoup amusé. Je savais que j’étais bien entourée, que l’ambiance était bonne  et puis, on n’avait pas rodé les chansons sur scène comme d’habitude, non plus. Elles étaient plus fraîches, plus spontanées, moins préparées et je pense que ce n’est vraiment pas un mal pour du Rock. Parfois, on a tendance à passer trop de temps sur une chanson et on se perd. J’ai abordé tout ça très sereinement en sachant aussi que ce ne serait pas de tout repos, parce qu’on avait deux semaines bookées et il fallait enregistrer tous les instruments additionnels que j’avais mis, les différentes pistes de guitares : il y avait quand même un peu de monde sur l’enregistrement. J’avais fait un petit planning et on était bien organisé.     

– D’ailleurs pour rester sur l’enregistrement, beaucoup d’artistes de Blues rêvent d’aller enregistrer aux Etats-Unis ou même en Angleterre. Tu n’as pas été tenté par une aventure outre-Atlantique pour « Head Above Water » ? 

En fait, mon label (Verycords- NDR) m’a proposé de repartir à l’ICP et comme cela s’était très bien passé pour le deuxième album (« Burning Bright » – NDR), il y avait un côté rassurant aussi, car je connais bien l’ingé-son, je connais bien le matos et l’accueil est très bon. C’est un super studio ! Je me sentais bien de revenir, car je savais qu’ils nous attendaient et où on allait enregistrer aussi. A un moment, je voudrais sûrement chercher d’autres sonorités, d’autres expériences. En tout cas, pour celui-là, on le sentait bien de le faire là-bas.

– Le titre de l’album en dit long sur ton état d’esprit à travers ces onze nouveaux titres, et pourtant c’est peut-être ton album le moins rageur, ce qui ne veut pas dire le moins fougueux ! Comment tu l’expliques ? Son écriture pendant le Covid peut-être ?

C’est ça ! Pour cet album, je voulais quelque chose de moins Hard, j’en avais un peu marre de crier tout le temps ! (Rires) Pendant le Covid, je suis partie au Portugal où j’ai composé la majorité des chansons près de l’océan. Je pense que ça a joué sur l’ambiance. Je voulais un album Rock et assez énergique, mais un peu moins dans le côté sombre et Hard. C’est ce que j’ai essayé de faire et je pense aussi qu’il me ressemble un peu plus. Le travail de compos était assez différent puisque, géographiquement, je n’étais pas au même endroit donc on a beaucoup moins travaillé ensemble. Quand je suis revenue, on a tout réarrangé en répétition et Mathieu (Albiac- NDR) a aussi apporté beaucoup de riffs et d’instrumentaux sur les morceaux les plus Hard, mais pour le reste, j’ai beaucoup plus travaillé en solo.  

– Justement, je le trouve beaucoup plus Blues dans son ensemble et légèrement moins Rock dans l’approche. Il y a des aspects très roots avec notamment un banjo plus présent et de la slide aussi. Ca vient d’un désir d’explorer plus en profondeur toutes ces façons de faire sonner les cordes pour offrir un rendu peut-être moins massif ?

Oui, c’’est quelque chose que j’avais déjà un peu commencé à explorer avec le banjo, qui était beaucoup plus discret, sur les autres albums. J’ai eu envie de pousser ça un peu plus, car j’adore les instruments un peu Bluegrass. J’ai ajouté un peu de banjo, de la lap-steel et c’est quelque chose qui me plait vraiment de mixer toutes ses influences. C’est quelque chose que je pense garder comme ligne directrice pour les prochains disques. Je vais continuer à creuser dans cette direction.

Photo : Le Turk

– Pour avoir beaucoup écouté « Head Above Water », il a une sensation de road-trip qui règne sur l’album avec une dynamique qui ralentit un peu parfois, mais sans jamais s’arrêter. On fait un bon bout de route sous des cieux assez cléments et enjoués. C’était l’intention de départ ?

Oui, un peu à la façon d’un voyage. J’avais envie qu’on se plonge un peu là-dedans avec un trame directrice. Comme tu dis, il y a des plans un peu plus doux, mais j’avais envie de l’imaginer comme on le faisait à l’époque, qu’on l’écoute en entier et pas en choisissant les chansons à l’unité. Je l’ai pensé comme ça, effectivement. En tant qu’auditrice, c’est aussi comme ça que j’écoute la musique. J’aime bien écouter les albums dans leur intégralité, plutôt que de sélectionner des chansons.

– On est complètement d’accord ! Le streaming, je ne sais même pas ce que c’est…

(Rires) C’est pratique, mais ça a beaucoup moins de charme, c’est vrai. Je préfère acheter un album pour avoir le contenu physique entre les mains. Un disque, tu le regardes, tu le découvres… C’est aussi un voyage visuel et pas seulement musical.

– Vocalement aussi, on te sent plus apaisée et plus féminine aussi, dans le bon sens du terme. Si la guitare reste ton terrain de jeu favori, est-ce que tu as plus travaillé ta voix sur cet album pour qu’elle soit autant mise en avant et avec autant de variété ?

Justement, j’ai arrêté de me dire que je voulais chanter comme telle ou telle chanteuse et j’y suis allée naturellement en me disant comment est-ce que je sentais les choses. Je n’ai pris aucune référence sur les chansons et tout ça est sorti très naturellement. Je pense aussi que j’ai gagné en expérience et en confiance en moi. Et vocalement, tout a été plus simple que sur les précédents. Je pense aussi que c’est parce que je m’affirme de plus en plus.

– Un petit mot aussi sur cette pochette, presqu’iconique, sur laquelle tu arbores une belle Les Paul Junior. Il y a un petit côté ‘figurine’ légèrement en contraste avec l’album. Comment s’est effectué ce choix ? Car on connait l’importance d’une pochette d’album…

En fait, je ne pensais pas partir dans cette direction, j’avais d’autres idées en tête. On a fait un shooting et quand le photographe a regardé ses photos et regardé tout ce qui avait été fait, il s’est arrêté sur celle-ci. Il m’a dit qu’elle était simple, que la posture était bonne, qu’elle en imposait tout en restant sobre et il est parti là-dessus. Moi, je n’étais pas sûre. On en a parlé avec le label et tout le monde a été unanime. Et finalement, j’en suis contente, car cela reste simple et ça laisse aussi un peu de mystère, car les gens qui ne me connaissent pas ne savent pas forcément à quoi s’attendre. Il y a la guitare qui donne une indication, mais ça donne aussi envie d’écouter, car tu te demandes un peu quel style de musique tu vas avoir ! (Rires)

– Enfin, j’aimerais te poser une question au sujet de Joe Bonamassa qui vient de créer son label, KTBA Records, et qui enchaine les signatures. Déjà, est-ce que vous vous connaissez et est-ce qu’ensuite une telle aventure avec un grand monsieur du Blues comme lui te tenterait ? Ne serait-ce que pour bénéficier d’une exposition internationale…

On ne s’est jamais côtoyé, mais je sais qu’il a vu mon nom passer et qu’il m’a cité sur des forums par rapport à des vidéos que je postais. Je l’adore, c’est l’un de mes guitaristes préférés et techniquement peut-être même le meilleur. Mais je ne te cache pas que je suis chez Verycords depuis mes débuts, et earMusic pour l’international maintenant, et ça se passe vraiment bien. J’espère continuer avec eux, mais on pourrait collaborer avec Joe Bonamassa sous d’autres formes comme des premières parties, par exemple, se voir plus en live et en tournée. Et c’est vrai que cette visibilité côté américain serait très bienvenue.

Depuis, LAURA COX est annoncée sur la croisière « Keeping The Blues Alive At Sea Mediterranean III » du 17 au 22 août prochains entre la Grèce et la Croatie à bord du Norwegian Jade et sera entourée de grands noms du Blues… comme quoi ! 

« Head Above Water » est disponible chez Verycords/earMusic.

Catégories
Americana Blues Rock International Southern Blues

Larkin Poe : étincelante sororité [Interview]

Présentes récemment à Paris pour présenter leur nouvel album, « Blood Harmony », Rebecca et Megan Lovell en ont profité pour annoncer quelques dates en France l’an prochain et surtout répondre à quelques questions. Avec ce brillant sixième opus, LARKIN POE se révèle d’une grande créativité et d’une interprétation remarquable. De quoi patienter tranquillement en attendant le retour du Southern Blues Rock des deux sœurs dans quelques mois. Entretien.

– Même si « Self Made Man » était très réussi, je trouve que ce sixième album vous fait vraiment franchir un nouveau cap. « Blood Harmony » montre l’affirmation de votre style. On parle souvent d’album de la maturité. Est-ce que celui-ci est le vôtre ?

Megan : Merci beaucoup, je pense que nous sommes allées encore plus loin sur cet album. On voulait vraiment marier un son très live avec celui du studio, qui est plus précis et travaillé. Sur nos albums précédents, nous avions presque tout fait toutes seules : la programmation de la batterie, les claviers, la basse et tout ce que nous jouons bien sûr sur scène. On a voulu ouvrir le processus et avoir tous ces instruments en live avec nous. Ca apporte beaucoup de fraîcheur et d’énergie au projet. Et puis, nous nous sommes beaucoup amusées !  

– Dites-moi si je me trompe, mais j’ai l’impression que toutes ces vidéos que vous avez faites durant la pandémie vous ont apporté beaucoup de certitudes musicalement. Est-ce que le fait d’avoir joué toutes ces reprises et d’en avoir fait aussi l’album « Kindred Spirits » à recentrer votre jeu et votre manière de composer ?

Rebecca : Oui, bien sûr. Nous avons passé beaucoup de temps à jouer de la musique toutes les deux à ce moment-là. Je pense que nous avons appris beaucoup sur nous-mêmes et surtout sur notre façon de jouer ensemble. Nous avions vraiment fait ça dans un esprit d’équipe et c’est ce que nous avons voulu transposer sur « Blood Harmony ». Megan et moi avons passé beaucoup de temps à jouer ces nouveaux morceaux en acoustique avant d’entrer en studio. Après, il avait juste à faire les arrangements, les perfectionner et leur donner un son plus complet avec du volume

– Vous avez aussi quitté la Georgie pour Nashville. J’ai l’impression que cela a eu un impact sur votre musique. Avez-vous aussi le sentiment de vous être peut-être encore enrichi musicalement ?

Rebecca : En effet, nous sommes nées dans le Tennessee et nous avions grandi en Georgie. On écoutait beaucoup d’Americana et de Bluegrass, lorsqu’on jouait tous en famille. Je pense qu’aller Nashville nous a fait grandir musicalement et embrasser encore plus tous ces éléments que nous adorons.

– D’ailleurs, « Blood Harmony » a des sonorités beaucoup plus Southern qui se ressentent même dans ta façon de chanter, Rebecca. Est-ce qu’il présente le vrai LARKIN POE avec son côté plus roots ?

Rebecca : Oui, nous adorons le Sud et c’est vraiment là où nous sommes bien. Nous en prenons bien sûr les bons côtés. L’authenticité de cette musique nous touche vraiment au cœur. Beaucoup de chansons de « Blood Harmony » parlent de notre enfance, de la façon dont nous avons grandi et de l’impact que cela a eu sur nous. Le Tennessee et la Georgie représentent vraiment la musique que nous aimons et que nous avons en nous. C’est vraiment la musique du Sud. Mais nous aimons aussi beaucoup la Floride, la Louisiane, Le Mississippi et le Texas où il y a beaucoup de créativité. Nous essayons de mixer un peu toutes ces influences, qui sont finalement les fondations de la musique américaine. Sur cet album, nous avons voulu célébrer tous ces héritages musicaux qui sont en nous. 

– Un petit mot aussi sur la participation de Tyler (Bryant, mari de Rebecca – NDR) sur la production de l’album qui a d’ailleurs été réalisé dans votre home-studio. Sans parler de l’aspect familial, est-ce que cela a facilité certaines choses ?

Megan : A partir du moment où l’on a décidé d’avoir un vrai batteur sur l’album, il nous fallait pouvoir apporter un meilleur son. Durant la pandémie, Tyler a beaucoup travaillé sur le home-studio et aussi sur l’ingénierie et la production. Nous avons beaucoup travaillé ensemble sur le projet et nous nous sommes aussi beaucoup amusés. Et c’est vrai que cela a été beaucoup plus confortable aussi. Il a vraiment compris le style de musique que nous voulions créer. Etant lui-même un bluesman du Texas, il a saisi là d’où nous venions et où nous voulions aller musicalement. Et je le considère vraiment comme un frère, et nous avons passé de très, très moments ensemble.

– Et puis, les sorties de vos albums respectifs sont aussi très rapprochées. Ces derniers mois ont du être très intenses pour tout le monde. Chacun va partir en tournée de son côté, comment allez-vous gérer ça ?

Rebecca : Oui, cela va être un grand bouleversement ! Tout le monde est bien sûr super content de repartir sur la route et faire des concerts ! Pour nous, cette année va être un test grandeur nature, car nous serons parties en Europe, notamment, pour sept semaines. Il y aura les festivals européens cet été aussi, et ensuite ce sera au tour des Etats-Unis. Mais maintenant que nos albums sont sortis, nous avons un peu de temps pour préparer des shows fantastiques. Et en 2023, nous reprendrons la route.

– Revenons à l’album, car il y a une chose qui est de plus en plus prononcé, c’est votre complicité au niveau des guitares. En plus des voix, c’est une autre belle harmonie. C’est une partie que vous avez plus travaillé cette fois-ci ?

Megan : Merci beaucoup ! Les pièces du puzzle s’articulent autour des voix, de la guitare et de ma lap-steel. C’est notre façon de travailler depuis maintenant de longues années. Avec un instrument aussi particulier que la lap-steel, il faut vraiment que les voix soient au niveau. Nous prenons un soin tout particulier pour les placer, car il faut trouver l’équilibre parfait. La lap-steel prend beaucoup de place musicalement, car elle est très dense. C’est un processus très organique finalement et très naturel aussi. Nous travaillons en duo, donc nous devons être aussi proches que possible, et pas seulement à travers nos deux instruments.

– Bien sûr, maintenant, la lap-steel est devenue la signature de LARKIN POE et donne une chaleur très forte à votre Blues. Megan, as-tu parfois le sentiment d’être un peu l’ambassadrice de cet instrument que l’on connait assez peu, ici en Europe en tout cas ?

Megan : C’est vrai que j’aimerais beaucoup faire connaître encore plus la lap-steel à travers le monde, si je le peux, car c’est vraiment un instrument hors du commun. Je pense qu’on devrait en trouver beaucoup plus dans le Rock’n’Roll, car il fait partie intégrante du style. La plupart des guitaristes iconiques américains ont joué de la lap-steel, mais peu de gens s’en rendent compte finalement. Même sur les albums de Pink Floyd, il y en a ! La plupart des gens pensent que c’est un instrument qu’on entend uniquement dans la musique Country, alors qu’elle est présente dans beaucoup de musiques différentes, mais pas forcément dans le lead, c’est vrai. C’est très agréable d’en jouer, alors si je peux essayer de faire en sorte que cela se propage encore un peu plus, je n’hésiterai pas.

– Un petit mot aussi à propos de vos chansons, qui s’adaptent autant à l’acoustique qu’en version électrique. Dans quel registre êtes-vous les plus à l’aise et lequel vous définie le mieux, selon vous ?

Rebecca : Oh, je ne sais pas vraiment dans quel registre nous sommes meilleures. En fait, l’acoustique et l’électrique font partie de ce que nous sommes, elles font partie de nous. Nous avons joué beaucoup de Bluegrass, et c’est vrai que c’était uniquement en acoustique et nous adorons ça. Mais en marge, nous aimons aussi vraiment brancher nos instruments et joué beaucoup plus fort. Ce sont les deux faces d’une même pièce finalement.     

– Il y a  cinq ans, vous avez créé votre propre label, Tricki-Woo Records. Qu’est-ce que cette liberté vous apporte-t-elle aujourd’hui ? Les contraintes des maisons de disques sont trop lourdes, ou est-ce que c’est l’industrie musicale qui a beaucoup changé ?

Megan : Créer notre propre label a été une grande décision pour nous, une autre manière de nous ouvrir au monde. Nous l’avons fait en 2017 et, dans un premier temps, l’objectif était d’être totalement libres de faire ce que nous voulions et quand nous le voulions. Nous pouvons aussi prendre toutes les décisions à tous les niveaux. Et nous sommes aussi en direct avec le public, la connexion est totale. Ce que les gens entendent vient vraiment de nous. C’est plus facile et c’est l’une des principales raisons qui nous a poussées à le faire. Il n’y a pas de barrage entre nous, le public et notre musique. C’est essentiellement une question de connexion directe. 

– Enfin, est-ce que vous avez dans l’idée de développer le label en signant d’autres artistes, ou est-ce qu’il est uniquement destiné à LARKIN POE pour le moment ?

Rebecca : (Rires) Seul le ciel est notre limite ! Nous adorerions enregistrer et signer d’autres artistes et même dans des styles différents. Actuellement, nous avons suffisamment à faire avec LARKIN POE, mais rien n’est exclu ! (Rires) Signer de potentiels artistes n’est pas notre vrai travail, car cela demande d’autres compétences, mais les portes sont grandes ouvertes !

L’album de LARKIN POE, « Blood Harmony », est disponible chez Tricki-Woo Records.

Retrouvez les chroniques de leurs deux derniers albums :

Catégories
Blues Rock Southern Blues

Larkin Poe : southern touch

Ayant quitté leur Georgie natale pour Nashville, Tennessee, Megan et Rebecca Lovell se sont aussi imprégnées d’une couleur Country, qui colle à merveille à leur Blues Rock de plus en plus Southern. Et avec « Blood Harmony », les Américaines réussissent un tour de force remarquable en combinant des riffs costauds et de belles harmonies vocales avec une lap-steel aérienne et brûlante.

LARKIN POE

« Blood Harmony »

(Tricki-Woo Records)

2020 avait été une année chargée pour les sœurs Lovell avec la sortie du très bon « Self Made Man » et de leur album de reprises « Kindred Spirits ». Non contentes d’avoir retrouvé le chemin des concerts, Rebecca et Megan en profitent pour livrer un nouvel album où leur talent éclate plus que jamais au grand jour. LARKIN POE a pris en effet du volume, affiche beaucoup d’assurance et conforte une réelle identité musicale.

Chez certains groupes, le fameux ‘album de la maturité’ arrive plus ou moins rapidement. Ainsi,  « Blood Harmony » surgit un peu tardivement, puisqu’il est le sixième opus du duo et il est de loin le plus abouti et le plus inspiré. Kevin McGowan (batterie) et Tarka Layman (basse) offrent un groove constant aux compositions très féminines, sans être mielleuses, et surtout très Southern de LARKIN POE.

Enregistré dans le home-studio de Rebecca et Tyler Bryant (son mari et guitariste-chanteur de son groupe The Shakedown) et co-produit ensemble, « Blood Harmony » montre les sœurs au sommet de leur art avec un chant clair et puissant et la lap-steel de Megan plus chaleureuse et charmeuse que jamais. Entre Blues, Pop, Rock et des résonnances Country, LARKIN POE affiche enfin son appartenance sudiste (quel accent !).

Afin d’attiser l’engouement et de rassasier ses fans, le groupe a laissé s’échapper quatre singles ces dernières semaines et on peut dire que le choix a été plutôt judicieux et annonciateur de très bonnes choses (« Bad Spell, « Blood Harmony », « Georgia Off My Mind » et « Strike Gold »). Fiévreux, sensuel, touchant ou pied au plancher, LARKIN POE sait tout faire et le montre de la plus belle des manières. Addictif et exaltant !  

Photo : Jason Stoltz