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Extrême Metal

Nature Morte : un rituel expressif

Depuis 2015, NATURE MORTE pose avec application chaque pierre de son édifice musical avec force. Après un premier album et un split vinyle, le trio poursuit sa route avec « Messe Basse », un concentré Shoegaze tout en contraste où l’ombre et la lumière se télescopent. Très bien produit et d’une puissance incroyable, ce nouvel opus joue surtout sur les atmosphères et le ressenti.

NATURE MORTE

« Messe Basse »

(Source Atone Records)

Si chez NATURE MORTE, beaucoup de choses se passent après (post-Black, post-Rock), il se pourrait pourtant bien que le trio vienne de livrer un album laissant présager et même envisager de l’avenir d’un registre ici remanié. Le Shoegaze des Parisiens s’étend sur sept titres très aboutis à travers ce « Messe Basse » inspiré, ravageur et musicalement aussi structuré qu’envoûtant.

Chris Richard (basse, chant), Steven Vasiljevic (guitare) et Vincent Berner (batterie) offrent à leur nouveau et flambant neuf label Source Atone Records un deuxième effort qui, souhaitons-le, fasse grandir les deux entités. Avec un titre en contraste parfait avec son contenu, NATURE MORTE lance fermement une invitation à se plonger dans les méandres obscurs et puissants de « Messe Basse ».  

Captivant et immersif, ce nouvel album diffuse des atmosphères aussi étouffantes que libératrices dans un mouvement sonore balayant tout sur son passage (« Only Shallowers » et son clin d’œil à « 1984 » d’Orwell, « Knife », « Beautiful Loss » et le somptueux « Night’s Silence »). Les tessitures épaisses viennent ici renforcer le style affirmé et convaincant de NATURE MORTE. Percutant !

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Progressif Rock

Bruit ≤ : sans nuisance sonore

Si beaucoup verront dans cet album de BRUIT ≤ une sorte de laboratoire musical, ce premier opus (au nom interminable) va bien au-delà et présente au contraire une unité et une progression musicale saisissante, dans un style qui voit se télescoper de multiples émotions. Les Toulousains font preuve d’une créativité et d’une musicalité incroyable.

BRUIT ≤

« The Machine Is Burning And Now Everyone Knows It Could Happen Again »

(Independant)

J’ai toujours eu un faible pour les groupes qui vont à contre-courant en brisant les codes et les règles établies. Dans le cas de BRUIT ≤, c’est même un sacré coup de cœur. Pour commencer, même si le sens du titre de ce premier album est limpide, il faut s’y prendre à plusieurs fois pour le mémoriser. Ensuite, le quatuor toulousain a décidé de le sortir et de le rendre disponible uniquement sur Bandcamp, sans maison de disques.

Ainsi après un premier EP en 2018, « Monolith », voici le premier album du groupe qui, à travers quatre morceaux s’étalant sur 40 minutes, présente un registre post-Rock (presqu’instrumental) franchement immersif et parfaitement interprété. Grâce à une production et des arrangements très soignés, BRUIT ≤ parvient à nous emporter dans un monde musical aux contours cinématographiques et à la poésie évidente.

Autour d’éléments électroniques discrets et quelques éléments de musique classique, ce premier album s’écoute comme on regarde un film tant les quatre morceaux montrent une progression musicale étonnante. Conçu comme un conte philosophique sur la chute et la renaissance des civilisations, cet opus vient marquer les solides convictions humanistes de BRUIT ≤. Saisissant, le quatuor apaise et invite aussi à la réflexion. Une réussite totale.  

Bandcamp : www.bruitofficial.bandcamp.com/music

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Doom Rock Stoner/Desert

Los Disidentes Del Sucio Motel : dissidence post-Rock

Contourner l’évidence et les codes semble avoir été le leitmotiv de ce quatrième album de LOS DISIDENTES DEL SUCIO MOTEL. Si la touche et l’esprit Stoner Doom sont toujours présents, le quintet français s’est ouvert une nouvelle voie qui conduit « Polaris » dans un post-Rock convaincant et immersif.

LOS DISIDENTES DEL SUCIO MOTEL

« Polaris »

(Klonosphere/Ripple Music)

Après 15 ans d’activité et le très bon « Human Collapse » il y a cinq ans, LOS DISIDENTES DEL SUCIO MOTEL fait son retour avec « Polaris », qui marque encore le franchissement d’un cap pour le quintet. Toujours sur une base Stoner Doom, c’est plutôt dans un esprit post-Rock aérien que se déploie ce quatrième album. Consistant et intense, le registre des français prend encore de l’ampleur.  

Fuzz, Progressif et très Psych, LDDSM n’a pas délaissé son identité sonore construite autour de gros riffs, de mid-tempos hypnotiques et de cet esprit très jam, qui fait sa signature. Et avec son irrésistible polyphonie menée par Nicolas Foucaud, Daniel Scherding et Katia Jacob, les Strasbourgeois sont aussi incisifs que planants et font une belle place aux parties instrumentales (« Earthrise »).

Assez Grungy sur « Blue Giant » et « Horizon », LDDSM joue la carte de la diversité pour nous guider dans un univers musical qu’il maîtrise parfaitement (« The Plague », « Alpha Ursae Minor »). Loin d’être plombant, « Polaris » propose des moments plus légers et très convaincants (« The Great Filter »). En se démarquant d’un Stoner et d’un Doom trop prononcés, le quintet s’ouvre une brèche post-Rock originale.

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Progressif Rock

Autómata : une vague d’émotions

Autoproduit et enregistré à l’ancienne en studio (normal, quoi !), ce premier EP/LP éponyme d’AUTOMATA navigue dans un océan Post-Rock, où les accalmies succèdent aux fulgurances décibéliques. Très organiques, ces cinq morceaux évoluent dans une intensité consciente où l’énergie côtoie la douceur dans une belle harmonie.

AUTOMATA

« Autómata »

(Independant)

Né sur les cendres de Lovely Girls Are Blind, AUTOMATA a vu le jour suite à un changement de personnel, qui a offert une nouvelle impulsion au quatuor parisien. Et contrairement à son patronyme, le groupe n’a rien de mécanique, bien au contraire. Son Post-Rock est aussi langoureux qu’insaisissable et laisse place à un imaginaire tout en contraste dans un univers instrumental où les sentiments s’entrechoquent. Mouvementé mais pas chaotique.

Tout en nuance, AUTOMATA invite à un voyage délectable, où quelques tempêtes viennent ponctuer une atmosphère globalement apaisante et bienfaisante. Dès « Tanger » et ses neuf minutes, on se laisse guider par ce flot de guitares que le côté très progressif mène à des sommets d’émotion. Et pour un premier enregistrement sous cette configuration, le groupe se montre aussi serein que solide.

De cette belle luminosité instrumentale, quelques voix s’échappent comme celles venues de Mongolie sur « Church » ou encore d’autres plus robotiques sur « 3×3+5 ». Ce sont d’ailleurs étonnamment sur ces deux morceaux plus courts qu’AUTOMATA se fait plus sombre avec des riffs plus épais et musclés. Enveloppé dans cette poésie musicale, le quatuor captive et envoûte sur « Verdik » et « Automate » à la fois puissants et planants.

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Rock

God Is An Astronaut : post-Rock spacial irlandais

Chaque nouvel album de GOD IS AN ASTRONAUT est un petit événement en soi. Le post-Rock des Irlandais a de quoi séduire et pour son dixième album, « Ghost Tape #10 », le groupe a délaissé les sons électroniques pour revenir à l’essence même de son style organique et épuré. Une petite merveille.  

GOD IS AN ASTRONAUT

« Ghost tape #10 »

(Napalm Records)

Voilà maintenant près de deux décennies que GOD IS AN ASTRONAUT mène sa barque de façon assez discrète, toute en ayant fédéré un grand nombre de fans de son post-Rock instrumental. Respecté comme étant l’un des groupes référence du registre, le quatuor irlandais se démarque à nouveau avec un dixième album créatif et immersif.

Fondé par les frères jumeaux Niels et Torsten Kinsella, on éprouve toujours autant de plaisir à suivre l’inspiration du guitariste et pianiste Jamie Dean, qui fait autant preuve d’imagination que de dextérité (« Adrift », « Spectres »). Tout en mouvement, GIAA peut aussi compter sur son second guitariste, Jimmy Scanlan, qui apporte une belle férocité à « Ghost Tape #10 ».

Bruts et profonds, des morceaux comme « Burial », « In Flux » ou « Barren Trees » développent des atmosphères saisissantes, captivantes qui sont la patte très personnelle de GIAA. Frôlant la transe, les Irlandais nous promènent dans des contrées musicales presque méditatives (« Luminous Waves ». Et on notera enfin la présence de l’incroyable violoncelliste Jo Quail qui illumine l’album.

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Extrême

Junon : Un nouveau départ très explosif

Quatre ans après la fin annoncée de General Lee, c’est sous l’appellation de JUNON que le groupe du nord de la France revient à la charge. Entre HardCore et Post-Rock très Metal, le combo délivre quatre nouveaux où de multiples variations côtoient des mélodies accrocheuses.

JUNON

« The Shadows Lenghten »

(Independant)

Après plus d’une décennie de bons et loyaux services au sein de General Lee, le groupe renaît sous le nom de JUNON, furieuse entité post-HardCore toute aussi décapante. Après un premier single, « Carcosa », en décembre dernier, le groupe propose quatre titres qui laissent présager de bien belles choses. En tout cas, les Français sont remontés comme jamais.

Tiré du titre de l’une de leurs premières compositions sous l’ère General Lee, JUNON n’a rien perdu de son mordant et l’on retrouve l’explosivité de ses débuts (« Sorcerer »). Le sextet du nord affiche toujours une étonnante force de frappe et les trois guitaristes ont édifié un véritable mur du son, tout en nuance et en puissance (« Flood Preachers »), développant une monumentale énergie.

Loin d’être dans la continuité de leur formation précédente, JUNON explore d’avantage les atmosphères, les changements de climats et présente un relief saisissant dans ce nouveau répertoire. Avec un champ d’action élargi, la formation peut se lasser aller à des expérimentations très bien senties (« The Bleeding »). Racé et tranchant, « The Shadow Lenghten » est en entrée en matière très réussie.  

Bandcamp : https://wearejunon.bandcamp.com/music