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Alternative Metal Alternative Rock

Scott Stapp : combatif

Frontman iconique de Creed, puis d’Art Of Anarchy deux petites années, SCOTT STAPP mène également une carrière sous son nom depuis 2005 et cinq ans après « The Space Between The Shadows », son dernier fait d’armes, il signe « Higher Power » au moment-même où toutes les planètes sont alignées. Le Floridien démontre qu’il demeure un chanteur hors-norme, déterminé et toujours capable de livrer des lignes vocales imparables. Percutant, il combat ses tourments dans un disque très personnel et toujours fédérateur.

SCOTT STAPP

« Higher Power »

(Napalm Records)

Alors que Creed va enchaîner les concerts avec 3 Doors Down, Daughtry et quelques autres, puis avec Mammoth WVH en remplacement de ce dernier, son leader revient avec un nouvel album solo, son quatrième, comme pour mieux sonner la charge. Et ce cumul de bonnes nouvelles nous replonge à l’aube des années 2000, où l’Alternative Metal/Rock submergeait les Etats-Unis et un tout petit peu l’Europe aux côtés des inévitables Nickelback. Et l’autre bonne nouvelle est que SCOTT STAPP est en pleine forme.

Toujours marqué par les séquelles de son accident à Miami en 2006, le chanteur semble avoir mené à terme son combat contre la dépression et la dépendance. D’ailleurs, « Higher Power » vient clore en quelque sorte ce chapitre, même si les textes sont, pour l’essentiel, assez sombres et ténébreux. Mais SCOTT STAPP affiche beaucoup de détermination et celle-ci se traduit par une performance vocale puissante et toujours très mélodique. Certes, le virtuose Mark Tremonti n’est pas de la partie, mais d’autres ressources sont à l’œuvre.

Entouré d’une belle équipe de production, dont il fait partie, l’Américain surfe sur une sorte de Hard Rock moderne et accrocheur, pêchu et assez mid-tempo aussi sur la seconde partie de « Higher Power ». La présence du guitariste grec Yiannis Papadopoulos sur trois titres et le duo avec Dorothy Martin (« If These Walls Could Talk »), ainsi que la collaboration de Steve McEwan, faiseur de hits, à l’écriture donnent un souffle de fraîcheur à cette réalisation solo d’un SCOTT STAPP revigoré, entreprenant et qui se bonifie avec l’âge.

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Heavy Psych Rock International Progressif Space Rock Stoner Prog

Monkey3 : no code [Interview]

Originale, percutante, hors-norme : les adjectifs ne manquent pas pour qualifier la musique du quatuor de Lausanne. Avec « Welcome To The Machine », on replonge dans cet univers singulier, fait de Stoner et de Metal, de Rock et de Psych, le tout dans une dynamique progressive aux redoutables crescendos. Toujours instrumentaux, les morceaux de MONKEY3 interpellent et les riffs, comme les solos, valent souvent mieux qu’un trop long discours. C’est justement Boris, guitariste (virtuose) du groupe, qui revient sur ce nouvel album aux teintes Space-Rock et inspiré de classiques SF du grand écran. Entretien.    

Photo : Giuseppe Aufiero

– A l’écoute de « Welcome To The Machine », l’atmosphère rétro-futuriste, façon « Blade Runner », est omniprésente et devient rapidement hypnotique. Pourtant, vous restez très Rock, c’est-à-dire direct et avec des guitares très incisives notamment. Celles-ci donnent presque l’impression d’être le narrateur. C’était l’objectif en composant l’album ?

L’objectif était de raconter une histoire autour de la thématique homme-machine. Pour ce faire, nous avons tenté d’opposer et/ou de juxtaposer les sonorités électroniques aux sonorités purement analogiques, afin de développer un son particulier et de créer une atmosphère un peu futuriste. Je dirais que le narrateur est l’auditeur. Chacun peu imaginer sa propre histoire, son propre monde, sa propre aventure. Cet album pose des questions plus qu’il ne donne de réponses.

– Même si la composition de l’album est très précise, tout comme les arrangements d’ailleurs, il reste une touche que l’on peut interpréter comme étant l’esprit jam dans ces nouvelles compositions. Est-ce que c’est ce qui leur donne cet aspect de liberté, selon toi, et auquel vous tenez peut-être aussi ?

Dans notre cas, la jam est très souvent un point de départ pour la composition, mais ensuite nous passons beaucoup de temps à élaborer les morceaux afin de trouver un équilibre satisfaisant à notre goût. Au moment de l’enregistrement, peu de choses sont laissées au hasard. En situation de live, c’est par contre différent, les morceaux continuent d’évoluer à chaque concert.

– Avec ce septième album, vous avez dit vous être inspirés du 7ème Art, et notamment de films mythiques comme « 2001 : l’Odyssée de l’Espace », « Matrix » ou « Solaris ». Est-ce que, et spécialement lorsque l’on fait de la musique instrumentale, une certaine approche visuelle est aussi importante dans le processus de création ?

La chose la plus importante, lorsque nous écrivons de la musique, est que nous puissions ressentir l’histoire que nous voulons raconter et nous imaginer voyageant dans une sorte de paysage fait de sons et de textures.

– Comme « Welcome To The Machine » vous a été inspiré par un certain cinéma, celui de la SF, est-ce que vous avez déjà été tenté par la musique de film, sachant aussi que cela n’offre pas forcément de partage direct avec le public comme un concert ?

Composer une BO de film est un rêve absolu que nous aimerions réaliser un jour. Ce serait pour nous une sorte d’aboutissement complet.

– Ce nouvel album est une réflexion sur l’avenir de l’humanité à travers la dualité entre l’homme et la machine. C’est justement un sujet qui est au cœur des préoccupations actuelles autour de l’Intelligence Artificielle notamment. Cela vous a-t-il aussi inspiré et d’ailleurs, vous basez-vous sur une sorte de synopsis écrit pour composer ?

Au début de l’écriture de ce nouvel album, nous avons privilégié la spontanéité en laissant l’esprit libre d’orientations musicales et stylistiques. Nous avons composés la plupart du temps de manière collective. Au fur et à mesure de l’avancée des morceaux, le concept de l’album a commencé à apparaître. C’est à ce moment-là que nous nous sommes inspirés de certains films qui abordent ces thèmes, comme « Matrix » ou « 2001 : l’Odyssée de l’Espace » et des livres tels que « 1984 » ou « Le Meilleur Des Mondes ». La thématique du disque portant, entre autre, sur la dualité homme-machine, nous avons volontairement poussé en avant l’aspect électronique de notre son, afin que l’histoire racontée se ressente et s’exprime au travers de la texture sonore, des mélodies et de l’impact rythmique.

Photo : Giuseppe Aufiero

– Puisqu’on évoque l’IA, est-ce que c’est quelque chose que vous envisageriez pour composer, alors que votre son est si organique ? Il y aurait une sorte d’antagonisme, non ?

Jamais, nous n’utiliserons l’IA pour composer de la musique. La beauté, l’intérêt et le charme de la création et de la composition musicale réside, selon moi, dans l’émotion  et l’intention que chacun y met et dans l’imperfection propre à l’humain, ce qui rend chaque œuvre totalement unique.

– « Welcome To The Machine » s’inscrit clairement dans un registre progressif et psychédélique. Vous vous imprégnez autant de Stoner que de post-Metal, ce qui confère un aspect très futuriste à l’album. C’est une connexion très fluide. Comment travaillez-vous sur cet équilibre, à moins que cela se fasse naturellement, sans calcul ?

Cela se fait assez naturellement. En général, nous ne faisons pas très attention à l’orientation stylistique. Nous nous concentrons plutôt sur les atmosphères et les sonorités que nous cherchons à développer, afin de raconter une histoire de la manière la plus cohérente possible.

– J’aimerais aussi que l’on dise un mot de la production. Elle est à la fois aérée et âpre et mélange des passages parfois contemplatifs et d’autres souvent très fulgurants et sombres. Comment avez-vous travaillé sur cette profondeur sonore à l’œuvre sur l’album ?

Le travail des sonorités synthétiques et électroniques fourni par dB (claviers) a permis de développé un son beaucoup plus large et profond. Je pense que cela a été la clef du son de ce disque. Il y a eu aussi beaucoup de travail effectué sur les textures sonores des guitares, afin qu’elles fonctionnent bien avec les murs de claviers, et que le mélange amène de la dynamique à l’ensemble. Mais tout commence par une fondation solide, autant sonore que du groove basse-batterie.

– Vous avez aussi la particularité, comme d’autres dans ce registre, de composer des morceaux assez longs et sur « Welcome In The Machine », ils sont cinq à osciller entre 6 et 12 minutes. Est-ce qu’être plus concis et directs vous paraît inapproprié au regard de votre style, ou au contraire l’idée est toujours de poser un climat sur la longueur ?

La longueur d’un morceau est toujours dépendante de l’atmosphère et de l’impact que nous cherchons à créer, donc cela peut varier. Nous ne suivons pas de canevas particulier. Tout format est approprié du moment que l’histoire est racontée dans le bon sens.

– Etant donné que « Welcome To The Machine » est un album conceptuel, et c’est vrai qu’il s’écoute dans son entier et dans l’ordre, la mise en place de vos prochaines setlists risque de virer un peu au casse-tête, non ? A moins que vous ne pensiez, au contraire, que les liens entre les morceaux ne soient pas un obstacle…

Nous sommes en pleine phase de préparation des concerts et, effectivement, l’intégration des nouveaux morceaux est pour le moment un peu un casse-tête. Nous avons le désir de proposer un panachage entre anciens et nouveaux titres et nous devons trouver la bonne formule, afin de pouvoir raconter l’histoire de manière cohérente et fluide pour que le live show soit agréable à suivre.

Le nouvel album de MONKEY3, « Welcome To The Machine », est disponible chez Napalm Records.

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Alternative Rock Pop Rock

tAKiDA : radio frequency

Derrière son aspect très accessible et fédérateur au possible, tAKIDA compte parmi les formations incontournables dans son pays, la Suède. A mi-chemin entre un Rock parfois débridé et une Pop musclée, ce nouvel opus regorge de refrains entêtants et la recette a visiblement encore de beaux jours devant elle. Très formaté pour les radios et peut-être aussi trop produit, « The Agony Flame » n’est peut-être pas aussi facile et mielleux qu’il n’y paraît, puisqu’il a réussi à émouvoir son nouveau label, Napalm Records.

tAKiDA

« The Agony Flame »

(Napalm Records)

Peu connu, voire carrément inconnu dans l’hexagone, tAKIDA affiche pourtant 25 ans de carrière et un neuvième album studio à son actif. C’est vrai aussi qu’en dehors de quelques grosses locomotives américaines (auxquelles on ne peut d’ailleurs s’empêcher de penser ici !), l’Alternative Rock n’est pas forcément très répandu dans nos contrées, et a fortiori lorsqu’il est autant teinté de Pop. Cela dit, les Suédois ne connaîtraient pas un tel succès, certes surtout en Scandinavie et en Allemagne, s’il n’y avait un petit quelque chose.  

Alors, bien sûr, tAKiDA s’adresse essentiellement à un jeune public, mais si cela pouvait lui permettre de s’éloigner un temps de toute la soupe qui vient dévorer ses derniers neurones avec si peu de créativité et de talent, le pari serait en partie gagné. Car derrière des mélodies souvent sirupeuses, et tellement accrocheuses, le quintet est capable de hausser le ton, façon Nickelback, avec de grosses guitares qui viennent ainsi renforcer ce petit côté ‘hit’ omniprésent (« Third Strike », « The Other Side », « On The Line »).

Très mainstream dans l’esprit et le son, le quintet peut également compter sur son chanteur, Robert Petterson, dont la voix, le plus souvent délicate, dégage beaucoup d’émotion dans une mélancolie savamment dosée. Très mid-tempo dans l’ensemble, « The Agony Flame » fait aussi une belle place à un piano plein de douceur (« Your Blood Awaits You », « Second Fiddle »). On aurait pu s’attendre, avec cette arrivée chez Napalm Records, à une montée en puissance du groupe, mais tAKIDA reste fidèle à lui-même… et à ses fans.

Photo : Jonathan Perlmann
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Hard Rock

The Gems : on the Rock again

Il y a des albums qui font vraiment plaisir et celui-ci l’est même doublement, puisque la qualité est au rendez-vous. THE GEMS, trio formé à l’issue de quelques malheureuses péripéties passées, livre « Phoenix » qui scelle la renaissance du combo sous des intentions ardentes. Toutes trois ayant auparavant œuvré dans Thundermother (cf. interview ci-dessous), elles arborent aujourd’hui un nouveau blason taillé dans un Hard Rock fougueux et convaincant. Enflammées et débordantes d’enthousiasme, les Suédoises sont prêtes à (re)mettre le feu.

THE GEMS

« Phoenix »

(Napalm Records)

En mai dernier, j’avais eu le plaisir d’échanger avec la chanteuse Guernica Mancini sur son éviction de Thundermother, et aussitôt rejointe par ses deux complices Mona ‘Demona’ Lindgren (basse, guitare) et Emlee Johanson (batterie), laissant ainsi Filippa Nässil seule aux commandes de leur ancien groupe… momentanément. D’ailleurs, cette interview intervenait le lendemain de la signature de THE GEMS chez Napalm Records. Autant dire que le flou artistique n’avait pas duré bien longtemps pour nos musiciennes survitaminées.

Le trio a ainsi trouvé un second souffle et « Phoenix » est un titre très approprié pour ce premier album vif, dynamique et aux inspirations variées. Si l’ancienne bassiste n’a pas pour autant lâché son instrument sur le disque, elle retrouve en revanche sa six-corde de prédilection. Et à l’évidence, à l’écoute de ce nouvel opus, on y gagne carrément au regard du jeu nettement moins fluide et créatif de son ancienne collègue. Derrière les fûts, ça bastonne comme il faut, tandis que la frontwoman de THE GEMS rayonne littéralement.

Certes, il y a un petit côté revanchard, mais après tout, c’est de bonne guerre et puis c’est réalisé avec tellement de spontanéité et de positivité qu’on leur pardonne aisément (« Queens », « Send Me To The Wolves », « Silver Tongue », « Undiscovered Paths », « PSYCHO », « Fruits Of My Labor »). Et si le Hard Rock de THE GEMS paraît assez conventionnel, l’interprétation est remarquable, tout comme l’idée de ces interludes et de la très bonne version acoustique de « Like A Phoenix ». Premier essai plus que transformé !

Photo : Gustaf Sandholm Andersson

Retrouvez la première interview française du groupe :