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Thrash Metal

DeadlySins : retour fracassant

L’an dernier, les thrashers rhodaniens avaient mis fin au suspense en actant la venue d’un nouveau cogneur derrière les fûts, même si c’est l’ancien qui officie ici, et surtout la sortie imminente d’une troisième réalisation qui se sera faite attendre… dix longues années précisément. Avec « Age Of Revelation », le quintet vient remettre les pendules à l’heure et confirme qu’il n’a pas grand-chose à envier au reste de la scène européenne. Loin de là ! Très contemporain dans l’approche, DEADLYSINS surfe sur un groove hérité des pionniers du genre et cette touche vintage leur confère une solide posture.

DEADLYSINS

« Age Of Revelation »

(Adipocere Records)

Avec trois albums en 24 ans, on peut dire que DEADLYSINS avance à un train de sénateur. Sauf que lorsque le sénateur se met en marche, le coup d’accélérateur est assez fulgurant. « Age Of Revelation » reprend les choses là où elles en étaient il y a dix ans sur « Anticlockwise » en y ajoutant beaucoup de percussion, ce qui devrait se faire d’ailleurs sentir bientôt sur scène avec le nouveau batteur. Moderne tout en respectant les codes d’un Thrash Metal originel, le combo lyonnais prend ici une nouvelle dimension.

Et cela commence par la production nettement plus massive et puissante. Cela dit, si DEADLYSINS s’est offert un son très actuel, du côté des compositions, c’est plutôt vers le registre Old School qu’il faut lorgner. Comme depuis ses débuts, il fait la jonction entre la scène allemande pour son côté rigoureux et des structures en béton armé, et l’aspect plus fun et débridé américain de la Bay Area avec un zeste de Municipal Waste. On a donc tous les ingrédients d’un Thrash authentique et fédérateur.

Dès l’entame, sur « Reckoning Of The Unholy (Ecclesiasdick) », les deux Laurent aux guitares enchaînent les riffs acérés et promettent une suite qu’on devine savoureuse. Emmené par une rythmique galopante et martelant comme un seul homme, DEADLYSINS montre un visage qui ne trompe pas : les Français sont là pour en découdre et les assauts de leur frontman ne faiblissent pas (« Personal Disaster », « Ashes To Ashes », « Heart Drowned In Sulfur », « Covid 666 »). Une décennie de patience qui vole en éclat avec la manière et la rage ! 

Photo : Virginie Bechet

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Thrash Metal

Arcania : une machinerie redoutable

Efficace et déterminée, la formation basée (en partie) à Angers nous aura fait languir une décennie avant de nous offrir sa troisième réalisation. Faisant abstraction des modes et en évitant soigneusement l’uniformité bien réelle du registre, ARCANIA s’appuie sur des morceaux bien ciselés, un frontman imperturbable, un duo basse/batterie fusionnel et deux guitaristes dont la complicité est magnifiée par des solos virtuoses. Sur « Lost Generation », le groupe oscille entre hargne et des parties mélodiques très fédératrices : une maturité qui rend son Thrash Metal implacable et féroce.

ARCANIA

« Lost Generation »

(Independant)

Les aléas de la vie, les projets de chacun et d’autres avortés, puis la pandémie ont émaillé les dix dernières années d’ARCANIA et ont retardé la sortie de son troisième album. Mais « Lost Generation » est bel et bien là et le quatuor frappe très fort. Enregistré et mixé au Dome Studio près d’Angers par David Potvin, on y retrouve le Thrash Metal auquel il nous avait déjà habitués sur « Sweet Angel Dust » et « Dreams Are Dead ». A mi-chemin entre des fondations Old School estampillées Bay Area et une approche très moderne, le compromis est parfaitement à l’équilibre.

Elaborées entre 2016 et 2019, les compositions de « Lost Generation » ne souffrent d’aucun jet lag. Bien au contraire, elles sonnent très actuelles et la puissance de la production les rend intemporelles et modernes. ARCANIA ne triche pas et cela décuple sa force. Avec des musiciens de ce calibre, il est même surprenant, et dommage surtout, que le combo ne soit pas plus reconnu au regard notamment de l’actuelle scène hexagonale. Très travaillés et d’une fluidité inflexible, les dix titres varient dans les ambiances comme dans les tempos avec beaucoup de finesse.

Sur des riffs acérés, les deux guitaristes ouvrent les hostilités avec le morceau-titre, soutenus par une rythmique massive et groovy. Très véloce, ARCANIA assène un Thrash Metal dense, tout en soignant également ses accroches vocales (« Hope Won’t Last », dont on retrouve un écho intelligemment placé sur « What Will Remain »). Et si la seconde partie du disque est légèrement moins musclée, mais tout aussi technique, elle est peut-être la plus intéressante (« The Void », « Social Suicide », « Harder You Fall »  et le magistral « Now The Sun Won’t Shine »). Une leçon avec les formes.  

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Death Metal Thrash Metal

Loudblast : à la croisée des chemins

Pilier essentiel de la scène Metal extrême hexagonale depuis bientôt quatre décennies, le combo nordique avance à l’envie et sans compromis. Suite au ténébreux « Manifesto » sorti en pleine pandémie et qui l’avait laissé quelque peu sur sa faim faute de concert, LOUDBLAST ressurgit avec un opus complet et varié, sombre aussi. Avec 13 titres qui se présentent comme autant de tableaux, le Thrash/Death de « Altering Fates And Destinies » fait toujours frissonner grâce à un mur de guitare exceptionnel, une rythmique massive et une profondeur vocale incroyable.

LOUDBLAST

« Altering Fates And Destinies »

(Listenable Records)

A l’aube de son quarantième anniversaire, la formation originaire de Lille se réinvente encore et « Altering Fates And Destinies » peut se percevoir comme une sorte d’introspection de la part de son leader historique, Stéphane Buriez. Le chanteur, guitariste et principal compositeur semble avoir livré ce qui fait l’essence-même de LOUDBLAST depuis toutes années : un Death Metal toujours teinté de Thrash avec, au-delà d’une avalanche de riffs, quelques mélodies qui viennent se nicher au creux de l’oreille presque discrètement.

S’il ne bénéficiait pas de l’imposante production d’aujourd’hui, on pourrait se croire au croisement de « Disincarnate », « Sublime Dementia » et surtout de l’emblématique « Cross The Threshold ». LOUDBLAST ne joue pas pour autant un revival 90’s prévisible mais, au contraire, affirme son style à travers un jeu beaucoup plus précis et frappant. Aux côtés de son frontman, Frédéric Leclercq tient la basse et offre même quelques solos de guitare bien sentis, tout comme Niklaus Bergen, tandis que Nicolas Muller martèle ses fûts avec force.

Cela dit, on retrouvera Hervé Coquerel à la batterie lors de la tournée, puisqu’il se consacre désormais au live. Organique et puissant, « Altering Fates And Destinies » se déploie donc sur près d’une heure dans une même atmosphère, faite de forts contrastes. Et surtout LOUDBLAST ne se contente pas de bastonner, il distille aussi des morceaux mid-tempos au fil de l’album, offrant de la respiration et de l’impact. Enfin, le quatuor n’a rien oublié, ni effacé de son parcours et conserve une rageuse saveur Old School chevillée au corps.

(Photo : Anthony Dubois)

Retrouvez la chronique de « Manifesto » :

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Heavy metal Thrash Metal

Flotsam And Jetsam : une continuité assumée

Les albums se suivent et se ressemblent du côté de Phoenix et on n’en voudra pas à la légende FLOTSAM AND JETSAM de conserver l’élan d’un virage amorcé il y a quelques années déjà. Le Thrash Metal de ses débuts se teinte de plus de plus de Heavy, tout en gardant beaucoup de vélocité et d’agressivité. Plus mélodique, le quintet garde cependant toujours cette touche si particulière et, l’âge aidant, se concentre sur des morceaux compacts, peut-être moins percutants, mais toujours aussi énergiques. « I Am The Weapon » est le reflet d’un style qui s’est modernisé, notamment au niveau de la production, mais qui a perdu aussi de son aspect brut et spontané.

FLOTSAM AND JETSAM

« I Am The Weapon »

(AFM Records)

Malgré près de 40 ans de carrière, c’est toujours assez étonnant de voir un groupe tel que FLOTSAM AND JETSAM se référer à ses deux dernières réalisations, en l’occurrence « The End Of Chaos » (2019) et « Blood In The Water » (2021), comme si rien n’avait survécu ou était arrivé dans leur belle et longue discographie. Cela dit, c’est indéniable que « I Am The Weapon » et son titre volontairement provocateur tiennent de leurs prédécesseurs et s’inscrivent même directement dans leurs pas… Et c’est peut-être aussi ce qu’on pourrait leur reprocher. Il en est coulé de l’eau sous les ponts depuis les « Doomsday for the Deceiver », « When the Storm Comes Down », « Cuatro » et même « High ».

C’est vrai qu’on peut compter sur le frontman Eric AK Knutson et son compositeur en chef et guitariste Michael Gilbert, colonne vertébrale de la formation originelle, pour entretenir et raviver la flamme des piliers du Thrash Metal américain. Pourtant, FLOTSAM AND JETSAM s’est éloigné de ses ambitions premières, qui allaient creuser au fond d’une inspiration qui semblait inépuisable. Les nombreuses expérimentations ont disparu pour laisser place à un Heavy Thrash de bonne facture, certes, mais qui n’a plus l’insolence et la pertinence d’antan. Le combo de Phoenix ne s’est pas forcément assagi, mais il prend le pli… sans tout de même nous faire l’affront de tomber dans le Power Metal !

Bien sûr, l’attaque vocale est toujours aussi vivace, même si on l’en pense souvent à Bruce Dickinson, mais le temps a sans doute fait son œuvre et on ne saurait que saluer une longévité et une persévérance qui forcent le respect. Côté guitare, le duo Michael Gilbert-Steve Conley apporte beaucoup de tranchant, que ce soit sur les riffs, les solos et plus largement les mélodies, tandis que Ken Mary à la batterie impose un rythme effréné bien soutenu par Bill Bodily à la basse. FLOTSAM AND JETSAM livre donc un opus très correct, très au-dessus de la moyenne actuelle, et il alimente le mythe avec une belle rage (« A New Kind Of Hero », « I Am The Weapon », « Beneath The Shadows », « Black Wings »).

(Photo : Shane Eckart)

Retrouvez la chronique de l’album précédent :

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Thrash Metal

Solitary : time to submerge

Vétéran de la scène Thrash Metal britannique, SOLITARY ne bénéficie pourtant pas de la notoriété et de la mise en lumière auxquelles il serait pourtant légitime à prétendre. Cela dit, avec « Embrace The Darkness », la donne pourrait bien changer, tant celui-ci présente une vélocité très moderne tout en respectant les codes des origines du style. Racé et ne laissant pas le temps de souffler, cette nouvelle réalisation possède de nombreux atouts et presqu’aucun défaut.

SOLITARY

« Embrace The Darkness »

(Twisted Into Form)

Après sa prestation impériale enregistrée en août 2019 au festival Bloodstock (« XXV Live At Bloodstock »), où il avait férocement célébrer ses 25 ans d’existence, SOLITARY fête aujourd’hui ses trois décennies dédiées à un Thrash Metal puissant et implacable. Fondé en 1994 dans le Lancashire par Richard Sherrington, dernier membre du line-up originel, le combo a surtout sorti des démos, des EPs et deux Live, puisque ce dévastateur « Embrace The Darkness » est seulement le cinquième album complet des Anglais en 30 ans.

La base du registre de SOLITARY est essentiellement Old School et s’ancre dans le sillage de formations comme Forbidden, Testament, Sacred Reich avec quelques touches rappelant les premiers Slayer. Pour autant, on n’est pas ici dans un Thrash Metal californien, ni vintage. Le son, la production signée Simon Efemey (Napalm Death, Paradise Lost, Obituary) et l’approche musicale sont purement et clairement européens et très actuels. Le quatuor est frondeur et agressif et surtout son niveau de jeu s’est considérablement amélioré.

Depuis le début, SOLITARY cultive le tumulte et le chaos et « Embrace The Darkness » représente un sommet de son répertoire. Il dépeint sans détour notre sombre époque où les guerres, les pandémies et les divisions liées aux politiques secouent notre quotidien. Dès l’excellente intro qui se fond dans le morceau-titre, on entre dans le vif du sujet. Menaçant et percutant, ce nouvel opus regorge de titres d’où jaillissent colère et brutalité (« Virtues », « Bury It Now », « Beneath The Surface », « Section 21 », « Filtering Hindsight »). Massif !

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Heavy metal Old School Thrash Metal

Category 7 : apocalyptique

La côte ouest des Etats-Unis et sa fameuse Bay Area continuent de faire trembler le monde du Metal grâce à un son unique et surtout une créativité et une technique incontestables. En termes de formations, on ne compte plus celles qui ont influencé, et le font encore, une grande partie de la scène actuelle une quarantaine d’année après son éclosion, voire son explosion. CATEGORY 7 regroupe en son sein des musiciens parmi les plus aguerris et chevronnés du genre, et surtout dont l’envie de repousser les limites est intacte.

CATEGORY 7

« Category 7 »

(Metal Blade Records)

La catégorie 7 est le niveau le plus élevé en termes de catastrophe, notamment nucléaire. Alors, autant dire que lorsqu’un groupe, un temps soit peu sérieux, prend ce nom, ce n’est pas vraiment un hasard même s’il faut l’assumer. Et CATEGORTY 7 n’a rien non plus de très ordinaire. Ses musiciens se connaissent tous de longue date, figurent parmi les plus grands noms du Metal et leur réunion est somme toute presque naturelle. Un tel line-up étant quasi-inespéré, on peut donc ici sans se tromper parler de ‘supergroupe’.

Ce genre de formation est souvent un assemblage de talents et de grands techniciens, dont l’objectif est habituellement d’en mettre plein la vue en jouant les virtuoses. Certes, les membres de CATEGORY 7 affichent des CV hors-normes, mais ils sont surtout unis par la même passion pour un Metal musclé qui tabasse. A la manœuvre, à la composition, et à la production, on retrouve Mike Orlando (Adrenaline Mob, Sonic Universe) et sa guitare, aux côtés de celle de Phil Demmel (Machine Head, Vio-Lence, Kerry King).

Au chant, c’est John Bush (Armored Saint, ex-Anthrax) qui s’y colle, tandis que Jack Gibson (Exodus) à la basse et le foudroyant de Jason Bittner (Overkill) derrière les fûts offrent une prestation ultra-rugueuse. CATEGORY 7 n’est pas là pour trier les lentilles et son Thrash très Heavy, teinté de NWOBHM, bastonne dans un ensemble convaincant (« In Stitches », « Land I Used To Love », « Exhausted », « Through Pink Eyes », « Etter Stormen »). Ce premier album est la quintessence d’un Metal qui a fait ses preuves et qui est joué ici par des cadors.

(Photo : Rob Shotwell)

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Groove Metal Hard-Core Thrash Metal

Swarm : un groove exponentiel

La scène Metal française ne s’est jamais aussi bien portée et SWARM en est le parfait exemple. Malgré une exposition bien trop discrète, la formation d’Antibes enchaîne les concerts et les albums depuis une bonne décennie maintenant. Le groove brutal et mélodique à l’œuvre sur « Omerta » devrait sans mal conquérir les fans de Thrash Hard-Core aux riffs tranchants et aux solos survoltés. Cette belle offrande décibélique ne doit rien au hasard, tant le groupe monte en puissance à chaque disque.  

SWARM

« Omerta »

(Independant)

Il y a cinq ans déjà, SWARM m’avait déjà fait forte impression avec « Anathema », son deuxième album. Le successeur de « Division & Disharmony » (2017) sortait d’ailleurs en indépendant ce qui, vu sa qualité, tenait de l’hérésie en comparaison d’autres productions supportées par un label. Ensuite, le combo nous a fait patienter avec « Mad In France », un EP paru l’an dernier, doté de six titres explosifs, où il a encore peaufiné un style basé sur un Groove Metal teinté de Thrash et de Hard-Core à la redoutable efficacité. Son registre semble être cette fois arrivé à maturité, car la force déployée est monumentale.  

D’ailleurs à l’époque de la parution du format court, beaucoup se sont interrogés, car le troisième opus était a priori déjà en boîte. Cela dit, ça valait vraiment la peine d’attendre, car « Omerta » montre et démontre que SWARM fait bel et bien partie du haut du panier de la scène hexagonale. Toujours enregistré et mixé au studio Artmusic dans le Var par Sebastien Camhi, le mastering a été confié au grand Jacob Hansen et le moins que l’on puisse dire est que ce nouvel effort a du coffre, du relief et dégage une folle et dévastatrice énergie. Tous les ingrédients sont réunis et les feux sont au vert.

« Omerta » ouvre avec « Alsamt », une belle intro instrumentale, acoustique et solaire. Mais SWARM, c’est d’abord deux guitares qui claquent, une rythmique qui bastonne et un chant accrocheur et varié. Musclée et massive, cette nouvelle réalisation présente un bel équilibre et balance bombe sur bombe (« Step By Step », « Suicidal Dreams », « Make Your Move », « My Inner »). Le quintet s’offre aussi une brève accalmie (« DeAD Inside »), quelques phrasés en français (« Clink And Come End ») avant de clore magistralement les débats avec l’excellent « First Class », l’ultime et brillant joyau d’« Omerta ». Bien joué !

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Power metal Speed Metal Thrash Metal

Rage : un Metal généreux

Depuis quatre décennies, Peavy Wagner est l’indétrônable fondateur, bassiste et frontman de RAGE, véritable institution outre-Rhin et bien au-delà. Avec près de 25 albums au compteur, sa passion et sa vigueur le guident et donnent ce même élan dévastateur qui constitue son ADN. Fort d’un Power Metal traditionnel très varié, ils sont maintenant trois à nous mener dans cette nouvelle réalisation, « Afterlifelines », très ambitieuse, surprenante et où ils ont vu double !

RAGE

« Afterlifelines »

(Steamhammer/SPV)

Pour fêter dignement ses 40 ans d’existence, RAGE a fait les choses en grand et offre en cadeau à ses fans, « Afterlifelines », un double-album de plus de 90 minutes. Une belle somme de travail que l’on doit à l’inoxydable Peter ‘Peavy’ Wagner aux manettes depuis 1984, à Jean Bormann (guitare) et à Vassilios ‘Lucky’ Maniatopoulos (batterie). Le quatuor est donc désormais trio depuis le départ du guitariste Stefan Weber après la sortie de « Resurrection Day » il y a trois ans. En tout cas, l’envie et la férocité sont intactes.

Produit par ses soins et enregistré dans son propre studio de Leverkusen, « Afterlifelines » combine de multiples courants, sans autant que RAGE ne perde le fil malgré une petite vingtaine de nouveaux morceaux. Les Allemands promettent l’apocalypse et ils s’y tiennent. Sur le premier CD intitulé « Afterlife », on retrouve le combo dans sa formule ‘classique’, basée sur un Power Metal à l’ancienne entre Speed et Thrash. Toujours garant de cette touche très teutonne, Peavy et ses hommes martèlent leur Metal avec conviction.

Le second CD, « Lifelines », est quant à lui très différent musicalement, même si l’identité du groupe est toujours aussi identifiable. La raison principale est la présence du claviériste Marco Grasshoff (AngelInc, PowerWorld), qui est venu orchestrer cette deuxième partie. Sans véritablement tomber dans le Symphonique pur jus, RAGE se déploie sur des arrangements de cordes, de piano et de synthés propres à un Heavy plus souple et mélodique. « Afterlifelines » montre un visage nouveau et très moderne, sans oublier de bien cogner !

Photo : Oliver Bob

Retrouvez la chronique de « Resurrection Day » :

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Thrash Metal

Anthares : d’attaque !

Au terme ‘Old School’, je préfère nettement celui d’originel car, à l’écoute de la nouvelle réalisation d’ANTHARES, la production soignée et moderne vient fracasser cette image ‘vintage’ qu’on trouvait, c’est vrai, sur celles des années 80 et 90. Et si le Thrash Metal des Français va chercher sa source chez les pères fondateurs du style, nous sommes bel et bien au XXIème siècle et cela s’entend sur cet « After The War » à la fois technique, sauvage et qui alterne habillement les moments percutants et les titres mid-tempos. Un disque qui fait du bien à la scène hexagonale ! 

ANTHARES

« After The War »

(M&O Music)

Le temps s’écoule paisiblement sous le viaduc de la cite finistérienne de Morlaix et même au rythme de trois albums en près de 30 ans pour ANTHARES. Pour autant, la virulence et la puissance affichées sur « After The War » ne laissent pas vraiment penser que la vie soit un long fleuve tranquille pour lui. Loin de là ! Cela dit, le temps a aussi fait son œuvre, puisque la formation reste ancrée dans un Thrash Metal des origines du registre, celles qui forgèrent un style finalement hors-mode et intemporel… et c’est tant mieux ! On y retrouve autant de sonorités propres à Slayer, Exodus, Kreator et même Annihilator. L’éventail est donc large ! 

Si le troisième opus des Bretons ne sort qu’aujourd’hui, n’allez pas croire qu’ils se la coulent douce. Non, comme quelques autres, ANTHARES a connu des départs, un split et a sorti une démo et « Pro Memoria » dans sa première vie, entre 1996 et 2001. C’est depuis 2013 que le quintet a entamé sa marche en avant avec un EP, « 2 My Last Breath », puis « Addicted To Chaos », un second effort qui est venu confirmer sa vitalité. Des débuts, seul son emblématique frontman François ‘Fanfan’ Voisin reste solidement accroché à l’entité et la bonne dynamique de son groupe. Et le résultat est plus que palpable sur « After The War ».

Bien aidé par une expérience acquise au fil des années, nos thrashers affichent un son massif et tranchant, parfaitement mis en valeur par une production compacte, musclée et pleine de relief. Ici, les riffs sont racés et aiguisés au mieux pour servir des compos véloces et rageuses (« Invaders From The Outer Space », « Burning Light », « Lost », Trance Thrash », « Pain »). Jamais ANTHRARES ne donne dans la demi-mesure, le combo est sûr de sa force et est parvenu à moderniser son jeu en offrant des compos variées, alternant aussi les tempos au gré du chant de son fondateur, véritable pierre angulaire du groupe. Bien joué !   

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Speed Metal Thrash Metal

Artillery : sans sommation

Fondé au début des années 80 par Michael Stützer, seul rescapé de la formation originelle, ARTILLERY a laissé une trace sur la scène Thrash Metal européenne et si sa route avait été moins sinueuse, elle serait même aujourd’hui bien plus importante. Qu’importe, en 2022 et après deux ans de pandémie, le combo est remontée sur scène, chez lui dans la capitale danoise, pour ce qui restera pour lui un concert d’anthologie. « Raw Live (In Copenhell) » est autant un hommage qu’il ouvre une nouvelle ère pour le groupe.

ARTILLERY

« Raw Live (In Copenhell) »

(Mighty Music)

Après 40 ans de carrière et un parcours assez chaotique avec une mise en pause assez conséquente au début des années 2000, ARTILLERY n’a pourtant jamais lâché l’affaire. Surmontant également de nombreux changements de line-up, le quintet est toujours d’attaque et ce « Raw Live (In Copenhell) » vient démontrer à quel point les Danois ont laissé une solide empreinte dans le monde du Thrash Metal. Enregistré à domicile il y a deux ans, ce live est aussi un beau témoignage.

Car malheureusement, « Raw Live (In Copenhell) » est aussi le dernier enregistrement avec le batteur Josua Madsen, disparu l’année suivante dans un accident de voiture. Depuis, les thrashers ont aussi remercié Michael Bastholm Dahl, leur frontman au chant très Heavy, et le guitariste Kraen Meier. C’est d’ailleurs Martin Steene (Iron Fire, Force Of Evil) qui se tiendra dorénavant derrière le micro. ARTILLERY se renouvelle en permanence, ce qui doit être un signe de vitalité chez lui.

Porté par un public entièrement acquis à leur cause et aussi sûrement par le fait de partager l’affiche avec le gratin du Metal mondial, les Scandinaves se donnent corps et âme dans une prestation qui frôle le sans-faute, notamment celle du batteur, exalté et rugueux comme jamais. Et ARTILLERY a également peaufiné sa setlist. Onze titres musclés et rageurs qui ne laisseront personne de marbre (« Devil’s Symphony », « The Face Of Fear », « Bomb Food », « In Thrash We Trust », « Legions », « Terror Squad »).

Retrouvez la chronique de leur album précédent :