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Vive la démocratisation ! (1) [Edito]

Lorsque Rock’n Force a vu le jour en 1989, nous étions à la belle époque des fanzines. Bien sûr, il y avait aussi quelques magazines nationaux, mais les publications underground étaient bien plus importantes en nombre. Les choses sont restées en l’état, tout en devenant plus sérieuses dans le contenu. Puis Internet est arrivé, s’est démocratisé et a changé la donne. Et elle l’a même sérieusement changé… et pas seulement pour le meilleur. Parce que si les moyens de communication se sont multipliés, la source n’a pas changé. Elle s’est juste détériorée, et pas qu’un peu, laissant la place à une sorte de marécage égocentrique.

Les relais ‘d’informations’ sont donc aujourd’hui démultipliés et nous sommes dans le règne du copier-coller. Comme ça, si on en rate un, on ne pourra pas éviter l’autre. A l’origine des fanzines, la démarche consistait surtout à proposé quelque chose conçue par des fans et pour des fans. C’est un peu toujours le cas d’ailleurs. L’intention était la plus noble et elle était impactée pas le travail des autres : les journalistes. Au départ, c’était le cas de Rock’n Force et c’est ce qui a motivé mon adolescence et développé ma passion pour la musique et l’écriture. Au point que j’ai arrêté mon fanzine pour aller apprendre mon métier.

Après avoir fait mes gammes en presse écrite, en radio, en télévision, puis sur le Net et même en communication, je me suis décidé à relancer Rock’n Force pour lui offrir une seconde vie, d’abord sur Facebook, pour renouer avec le milieu et surtout avec les artistes. Ensuite, après quelques essais dans des ‘magazines’ assez rigolos, j’ai intégré Metallian, le plus sérieux et le meilleur. Le petit monde du Metal a bien changé et le constat après cette longue absence est étrange. Pas l’ombre d’un journaliste sur les sites ou en presse écrite (sauf bien sûr…) et pas une onze de professionnalisme. Or, c’est un vrai métier, qui ne s’improvise pas.

Tout le monde possède un clavier et parfois même un stylo, mais pas le savoir-faire. Et alors que quelques fanzines sont passés au numérique, qu’en est-il des médias ? Sont-ils devenus aussi des fanzines, conçus par des fans pour des fans ? C’est un peu l’impression que ça donne tout de même, du point de vue journalistique, bien sûr.  Tout le monde il est beau, tout le monde il est gentil ! C’est l’industrie du loisir, on ne va laisser ça aux professionnels quand même ! La musique, comme le reste, subit un violent nivellement vers le très bas et l’exigence n’a plus lieu de cité. Cela dit, Rock’n Force n’échappe sans doute pas à la règle…

C’est vrai qu’ici tous les albums sont bons, enfin je pense, et les artistes sympathiques (enfin, la plupart !). Le cahier des charges du site n’est pas non plus le même, et perdre mon temps à démolir dans les règles un groupe ou un album ne présente pas beaucoup d’intérêt. Si certains ne sont pas là, cela ne doit rien hasard. Et puis, je n’ai pas assez mauvais fond pour cracher ma bile à tout-va, l’intérêt reste toujours la découverte d’artistes, l’émergence où qu’elle soit, et la mise en avant de ceux qui confirment leur talent. Donc, Rock’n Force ne va pas dévier d’un iota et sa fréquentation ne m’incite pas à faire autrement.

Par ailleurs, depuis le début de l’écriture de cet édito, on m’a soufflé que l’IA faisait aussi son apparition chez nous, propageur de la bonne parole. Alors oui, je ne peux que constater qu’elle est bel et bien là et que beaucoup en use. Certains sondages très sérieux affirment que la grande majorité de la nouvelle génération utilise ChatGPT au quotidien. Et pour avoir testé la ‘chose’, je confirme que beaucoup de webzines en usent et en abusent même. Sauf que ça se voit, dès qu’on est un peu curieux et c’est honteux. Et c’est mauvais, sans âme et sans conviction. C’est encore pire que les plus mauvais ! Je comprends que les nouvelles générations veulent faire des sites, donner leur avis, faire des ‘live reports’, raconter leurs vacances, donner un avis sur ce qu’ils sont manger à midi, mais bon… On s’en branle, non ? Bonne lecture, les ami(e)s, et testez curieuses et curieux ! Rock on !

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Groove Metal

Savage Lands : Make The Planet Great Again

La cause environnementale gagne aussi le monde du Metal, pourtant peu avare de gigantesques rassemblements et c’est une très bonne chose. Si sauver la planète est un projet plus qu’ambitieux, y apporter sa contribution pour fédérer le plus possible afin de mener à bien des actions très concrètes est largement de l’ordre du possible. Et c’est l’engagement pris par SAVAGE LANDS, regroupement international d’artistes issus du Metal au sens large du terme. Avec « Army Of Trees », c’est une nouvelle pierre qui vient renforcer l’édifice et qui devrait caresser les oreilles les amateurs de décibels engagées… et enragées !

SAVAGE LANDS

« Army of Trees »

(Season Of Mist)

Né il y a déjà trois ans sous l’impulsion de Sylvain Demercastel et Dirk Verbeuren, qui ont œuvré ensemble au sein du groupe de Thrash français Artsonic, et rapidement rejoints par Poun et Etienne Treton de Black Bomb A, ainsi que Florian Pons pour former le noyau dur du projet, SAVAGE LANDS se veut avant tout un collectif Metal en forme d’association à but non-lucratif, sorte d’ONG musicale. L’objectif, après avoir constaté les dégâts de la déforestation sur la forêt tropicale du Costa Rica, est simple : préserver les zones à hauts risques et leur écosystème. Une entreprise qui n’a d’ailleurs pas mis très longtemps à rassembler de nombreux artistes internationaux du monde du Metal.

Leur action se développe dorénavant dans d’autres pays et SAVAGE LANDS est aujourd’hui associé à des scientifiques et des ingénieurs forestiers, et d’autres acteurs venus d’horizons très différents. Et cette ‘Alianza Verde’ est déjà parvenue à planter de plus de 11.000 arbres au Costa Rica, avec l’aide de nombreux bénévoles. Touché par cet élan écologiste, le Hellfest s’est même engagé à faire don d’un million d’euros aux organisations au cours des cinq prochaines années… Imaginez un peu le même type d’aide à la presse spécialisée française qui travaille à mettre en lumière au quotidien les groupes dont le festival fait son affiche ! Bref, je m’égare sûrement un peu, quoique…

Musicalement, « Army Of Trees » évolue pour l’essentiel dans un Groove Metal assez l’éclectique, mais qui donne tout de même une ligne directrice très identifiable à ce premier album. Vous laissant le soin de vous y plonger, car tous les bénéfices vont à l’association, vous y croiserez le chemin de musiciens militants et talentueux comme Kai Uwe Faust, Chloe Trujillo, Alissa White-Gluz, Kenneth Andrews, Andreas Kisser, John Tardy, Maria Franz ou encore Lord Of The Lost et quelques autres venus se joindre au projet. A noter que « Army Of Trees » a été enregistré, mixé et masterisé par Adair Daufembach à Los Angeles. Donc, si la cause est belle, le son l’est tout autant !

Photo 2 : Kevin Merriaux

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Blues Extrême International Metal Rock Stoner/Desert

Top 24 : Reste du monde (2024)

Si l’hexagone n’a pas été timoré en termes de productions cette année, le reste de la planète n’est pas en reste… très loin de là ! C’est même un peu la saturation pour tout dire. Car, si la plupart des gens ne voit que la partie émergée, l’iceberg musical mondial est assez colossal !

En 2024, certaines valeurs sûres ont sorti de très bons albums et confirmé leur statut, tandis que d’autres s’installent doucement ou créent la surprise, voire la sensation. Ce Top 24 du reste du monde revient sur quelques beaux moments qui ont émaillé ces derniers mois.

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Metal Progressif Symphonic Metal

Chasing Zeniths : de belles aspirations

Carl Kernie a vu les choses en grand pour son premier véritable album complet et « Epochs Changing » n’a sûrement pas à rougir d’un manque d’expérience et encore moins d’approximation. Avec un casting trois étoiles et transatlantique, le trio formant le socle de CHASING ZENITHS guide les très nombreux guests avec talent et assurance et on se laisse facilement embarquer dans l’univers très variable de ce projet, où rien n’est laissé au hasard. Une entrée en matière, qui en dit long aussi sur l’ambition à l’œuvre ici.

CHASING ZENITHS

« Epochs Changing »

(Independant)

C’est du côté de Seattle, dans l’Etat de Washington, que le compositeur, chanteur et guitariste Carl Kernie a élaboré ce premier album de CHASING ZENITHS. Aboutissement de plusieurs années de travail et de recherches autant musicales que techniques, « Epochs Changing » est un disque audacieux, qui renvoie autant à un Metal Progressif façon Dream Theater, qu’à des aspects plus symphoniques rappelant Delain ou Nightwish et aussi des passages plus Folk et d’autres aux contours plus cinématographiques ou Fantasy à la Avantasia. L’expérience est très aboutie et solide, d’autant que l’Américain a également fait appel à une pléiade d’artistes venus du monde entier, qui viennent multiplier les couleurs.

Entouré d’une garde rapprochée composée du guitariste Timo Somers passé chez Delain et du bassiste Roman Engen, le groupe a donc posé les bases d’un style assez éclectique et une dizaine de musiciennes et de musiciens de renommée mondiale se succède derrière le micro, ainsi qu’avec divers instruments. CHASING ZENITHS dévoile les performances soignées et pleines d’élan au chant de Charlotte Wessels (ex-Delain, aussi à la flûte), Anna Murphy (Eluveitie, Cellar Darling), Vicky Psarakis (The Agonist), Marco Pastorino, Lauren Hart et Otto Schimmelpenninck van der Oije, qui vient poser quelques growls malheureusement devenus la norme dans le Metal et donc pas franchement essentiels.

Produit par Carl Kernie, le mix et le mastering ont été confiés à Tom Müller en Allemagne et c’est vrai que « Epochs Changing » prend une dimension internationale également dans le son proposé, qui a plutôt des consonances européennes. S’il n’est pas conceptuel, ce nouvel opus s’ouvre avec le morceau-titre entièrement instrumental, avant de prendre son envol. CHASING ZENITHS hausse immédiatement le ton sur « Last Apsis » et « None And The Same ». Si la technicité est irréprochable, les mélodies sont mises en avant sur des atmosphères changeantes (« Slipstream », les longs « Midnight Roses » et « Unmourned Amnesia » et le plus délicat « Ever Shall We Roam »). Une première très réussie et complète.

Photo : Zak Chowdhury