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Hard-Core International Post-Metal

She Said Destroy : retour aux affaires [Interview]

Après deux albums et un dernier EP en 2012, les très prometteurs et novateurs norvégiens décident, selon les termes-mêmes du groupe, d’hiberner. Près d’une décennie plus tard, fidèle à son style si particulier et également à son label, SHE SAID DESTROY revient à la charge (c’est peu de le dire !) avec un nouvel album, « Succession », construit autour de morceaux composés en l’espace de 13 ans. Le post-Metal Hard-Core très Blackened des Scandinaves a conservé tout son volume et sa créativité. Anders Bakke, chanteur de la formation, nous en dit un peu plus.

Anders Bakke, chanteur du groupe

– On était sans nouvelle de SHE SAID DESTROY depuis « Bleeding Fiction » en 2012. J’imagine que chacun de son côté, tout le monde a continué la musique. Comment avez-vous passé ces dernières années ?

Ouais, on a mis du temps à se remettre sur les rails ! Nous n’avons jamais eu l’intention de faire une pause de huit ans, mais nous étions tous très occupés chacun avec nos propres projets, à la fois musicaux ou non. Le temps a juste passé. Pendant cette période, nous avons écrit de la musique lentement et régulièrement que nous avons mise de côté pour une utilisation future.

– Avant de parler de « Succession », je me suis rendu compte que le groupe avait presqu’autant d’années d’activité que d’inactivité. Ce n’est pas banal ! Vous vous considérez aujourd’hui comme un jeune groupe ou plutôt des vétérans au final ?

(Rires) Ouais, c’est vrai. Je suppose que nous nous considérons comme des vétérans, car nous avons été impliqués dans la musique depuis le début, même si SHE SAID DESTROY, en tant que groupe, a eu des temps d’arrêt. Cela dit, lorsque vous prenez presque 10 ans de congés dans le climat musical actuel, où les gens vous oublient dès qu’ils tournent la tête et que quelque chose d’autre apparaît dans leur fil d’actualité, vous êtes probablement considérés comme un nouveau groupe lorsque vous revenez. Surtout quand on vient de l’underground. Ce n’est pas comme si nous pouvions compter sur nos efforts passés pour que ce nouvel album fasse son chemin. Plus personne ne sait vraiment qui nous sommes ! (Rires)

– Votre nouvel album vient tout juste de sortir après huit ans de silence. Est-ce que SHE SAID DESTROY a conservé le même line-up, ou y a-t-il eu des changements de personnel ?

Les principaux membres et compositeurs, qui faisaient partie de la dernière moitié de notre période active (2006-2012) sont toujours là. C’est toujours moi, Snorre (guitare, basse, claviers – NDR) et Bjørn (Holmesland, composition et arrangements – NDR) qui formons le socle principal. Notre batteur, Sindre, fait son apparition pour la première fois sur un album de SHE SAID DESTROY, mais il a travaillé en étroite collaboration avec Snorre et Bjørn pendant plusieurs années sur d’autres projets.

L’album « Succession » de SHE SAID DESTROY est disponible depuis le 15 octobre chez Mas-Kina Recordings.

– « Succession » a été enregistré à Vilnius en Lituanie dans le studio de votre guitariste. Comment se sont passées les retrouvailles ? Il devait y avoir une grande motivation chez chacun d’entre vous, non ?

Oui, l’album a été enregistré au Ymir Audio entre janvier et février 2020. Je ne pense pas que cela ressemblait vraiment à une réunion, car nous ne jouions à aucun moment ensemble et les sessions d’enregistrement ne nous incluaient pas tous. Cet album est purement un projet de studio, où nous sommes restés en contact et avons discuté de l’avancement des sessions par mail et par téléphone. Je suis le seul à vivre encore en Norvège, donc je n’étais pas là pour les sessions d’enregistrement des instruments principaux. Mais j’avais fait la pré-production vocale moi-même avant de les rejoindre à la mi-février 2020.

Nous étions absolument motivés pour que tout soit opérationnel. Snorre et moi parlions de faire un autre album depuis plusieurs années, et en 2018/19, nous avons décidé qu’il était enfin temps. Heureusement pour nous que nous l’avons fait à ce moment-là, puisque le monde entier s’est arrêté quelques semaines seulement après les dernières sessions d’enregistrement. Je me souviens avoir vu beaucoup de masques dans les aéroports lors de mon retour en Norvège depuis la Lituanie, sans vraiment comprendre les implications de ce qui se passait.

– L’album est composé de morceaux écrits entre 2007 et 2019, et pourtant on sent une belle unité et une continuité. Vous avez retravaillé certains titres pour rendre l’ensemble plus homogène ou plus actuel, ou pas du tout ?

Les chansons sont toutes des pistes plus ou moins autonomes. Quelques unes ont été écrites dans le même intervalle et pourraient avoir une sensation similaire. Quelques autres consistent en des riffs plus anciens, qui ont été arrangées et  achevées en studio, mais il n’y a jamais eu de plan global, de corpus cohérent de travail. Nous avons même eu recours à différentes configurations de guitare et de batterie, afin de nous assurer qu’elles servent la chanson plutôt qu’elles aient un son défini, qui ne correspondrait pas à leur style.

La continuité à laquelle tu fais référence vient probablement du style d’écriture et de notre jeu. Nos personnalités transparaissent même si la musique représentée sur l’album se situe dans un éventail très large. Et en fin de compte, le mix de l’album aide également à lier le tout.

– « Succession » bénéficie également d’une très bonne production, très organique. Je crois que l’enregistrement s’est fait un peu à l’ancienne en privilégiant vraiment un son plus analogique. C’est ça ?

L’album a été enregistré numériquement, mais nous avons essayé de mettre des limites pour le rendre plus chaleureux, plus dynamique et plus analogique aussi. Par exemple, les sons de guitare sont tous basés sur des pédales d’effets et différentes combinaisons d’instruments et d’amplis au lieu d’utiliser simplement des plug-ins informatiques. Les batteries ont été enregistrées en prise directe, puis reconstituées à partir de trois prises maximum. Snorre est très doué pour travailler avec les micros et pour exploiter l’ambiance du studio. Ce sont des choses qui semblent probablement évidentes pour de nombreux anciens, mais je pense que c’est devenu moins courant de travailler comme ça. Cela prend du temps et peut vite devenir trop cher pour un groupe underground. C’est l’un des nombreux avantages d’avoir son propre studio.

– Il me semble que vous avez été très attentifs aux parties de batterie, qui sont d’ailleurs incroyables…

Merci ! Oui je suis d’accord. Il y a beaucoup de parties de batterie impressionnantes sur le disque. Nous prenons grand soin de choisir la bonne configuration pour chaque chanson et bien sûr, cela aide d’avoir un batteur extrêmement talentueux comme Sindre, qui comprend immédiatement où nous voulons aller. SHE SAID DESTROY a de la chance à ce niveau-là. Thor Henrik, qui a joué sur tous nos albums précédents, est également un batteur extrêmement talentueux. Ils sont l’épine dorsale du groupe. Lorsque vous jouez de la musique comme la nôtre, tout s’effondre si le batteur ne fait pas son travail.

– Ce troisième album s’inscrit parfaitement dans son époque et d’ailleurs beaucoup de groupes se sont engouffrés dans ce style post-Metal Blackened. Est-ce que vous vous sentez un peu précurseurs à ce niveau-là ?

Je ne veux pas prétendre que nous étions avant-gardistes à l’époque, mais incorporer ces parties atmosphériques influencées par le Black Metal dans notre musique fait partie de notre ADN depuis notre premier album. Je suis certain que de nombreux groupes l’ont fait en même temps que nous, mais ce n’est qu’au cours de la dernière décennie que c’est devenu beaucoup plus courant.

– Enfin, j’imagine qu’après huit ans, vous devez avoir une terrible envie de remonter sur scène ! Une tournée est-elle déjà prévue, ou au moins quelques dates ?

Nous ne savons pas encore s’il y aura des concerts. Après tout, nous avions décidé d’arrêter de jouer en live en 2009 et de nous concentrer sur le travail en studio. Garder une unité de groupe et caler des dates avait commencé à devenir un casse-tête à l’époque. Mais après dix ans, je dois admettre que j’ai envie de revenir sur scène avec SHE SAID DESTROY. Ces nouvelles chansons passeraient vraiment très bien en live. Cependant, il y a quelques défis à relever pour que ça tienne la route. Nous dépendons aussi de musiciens de studio pour pouvoir jouer en live, car seuls quelques-uns d’entre nous sont intéressés par les concerts. Et nous vivons également dans différents pays, ce qui rend la préparation assez pénible. Je suppose que tout se résumera à des problèmes d’argent si des demandes commencent à arriver.

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Hard-Core Post-Metal

Parlor : like or die !

Incisif et frontal, le HardCore de PARLOR semble avoir franchi un palier grâce à des nouveaux titres acérés et imposants, magnifiquement servis par une production aux petits oignons où rien n’est laissé au hasard. « Comments » montre un quatuor parisien très combatif et l’ensemble mérite bien un gros Like… ou un rapide commentaire !

PARLOR

« Comments »

(Source Atone Records)

Que la récente panne géante et mondiale de Facebook et de ses réseaux annexes a dû bien faire rigoler les membres de PARLOR ! Car sur « Comments », le quatuor passe au vitriol les addictions aux commentaires et autres Likes que beaucoup déversent au quotidien. Satirique et plein d’humour, ce nouvel EP pose un regard brutal, HardCore et décalé sur ce phénomène ambiant.

Après une démo (2017) et un album (« Softly » en 2019), c’est donc avec un EP six-titres de 20 minutes intenses que PARLOR refait surface. Si le combo revendique un Chaotic HardCore, ce sont surtout des morceaux bien ficelés, massifs et très structurés qui composent « Comments » (« Dive In Motion », « Fighting The Blue »). Le songwriting s’avère ici redoutable.

En se frottant au Punk HardCore et au post-Metal, PARLOR élargit encore un peu plus son spectre et s’ouvre bien des horizons (« Pervitine »). Grâce à un chant hargneux et volontaire, les morceaux du quatuor prennent un volume conséquent et la massive rythmique, ainsi que les riffs tranchants développent parfaitement l’ensemble (« Instacat », « Comments », « Q & A »). Moins chaotique, certes, mais plus mordant !

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France Metal Rock

No One Is Innocent : un combat politiquement Rock [Interview]

C’est avec un dixième album et une sérieuse envie d’en découdre que se présente NO ONE IS INNOCENT avec « Ennemis ». Près de 30 ans après leur formation, les Parisiens n’ont pas levé le pied et continuent leur ‘Combat Rock’, imperturbables aux modes et plus que jamais attentifs à notre société. Kemar, emblématique chanteur du groupe, revient sur l’élaboration de ce nouvel opus et livre aussi sur sa vision d’une époque en perdition. Le frontman a une fois encore trempé une plume acide, afin de livrer des textes engagés et directs. Entretien.

– Commençons par le titre de ce nouvel album, « Ennemis ». D’autres groupes s’y sont déjà essayés, mais il était toujours question de fiction ou d’histoires. Or là, vous les pointez du doigt certaines choses, laissant place à la réalité. Certes, vous êtes un groupe engagé depuis vos débuts, mais on vous sent beaucoup plus virulents. Et « Ennemis » est un titre très violent quand on y pense, non ?

C’est finalement un titre qui est en rapport avec l’évolution de la société médiatique, politique et économique… Il y a dans tous les titres cette notion d’ennemis qui transpire un peu à chaque fois, comme dans « Force du Désordre », « Humiliation », « Bulldozer »… En fait, ça revenait dans les discussions qu’on avait entre nous, et j’ai un peu synthétisé tout ça. Et puis, on a aussi senti qu’en ce moment il y avait des gens qui avaient une espèce de désir d’exister absolue avec cette tentation permanente de désigner un ennemi. Aujourd’hui, on existe constamment en désignant un ennemi ! Je pourrais t’en citer plusieurs qui sont justement dans cette position. On ne désigne plus les amis et c’est hyper-dérangeant.  

– En parlant de cet engagement que vous nourrissez depuis votre premier album, j’ai l’impression que c’est votre disque le plus politique, au sens noble du terme, jusqu’à ce jour. L’état de la société et le comportement de certains sont au cœur d’ « Ennemis ». Et vous dressez un constat, que je partage, très sombre et aussi très colérique pour ne pas dire plus. Il est grand temps de se réveiller ?

Oui, par rapport à des choses qu’on a banalisé. Aujourd’hui, on laisse une Marine Le Pen dire tout et n’importe quoi, on laisse un Zemmour aux télés, aux radios et à la candidature présidentielle, alors qu’il a été condamné pour incitation à la haine raciale et on laisse un Sarkozy faire la promo de son bouquin, alors qu’il a pris un an de prison ferme ! Il y a des choses dans la fonction politique qui déconnent et on banalise tout ça. On aurait pu donner à cet album un titre autour de la banalisation de plein de choses. C’est vrai qu’avec notre musique, on essaie de pointer du doigt tout ça pour alerter un peu.

– Depuis la sortie de « Frankenstein » il y a maintenant trois ans, notre société a subi beaucoup de choses, qui vont de la pandémie bien sûr jusqu’aux actions gouvernementales en France, mais aussi partout dans le monde (George Floyd, Black Live Matters, …). On ne vous a rarement senti si vindicatifs et rageurs. Et pourtant, on a encore le sentiment que vous en avez encore sous le pied. « Ennemis » aurait presque pu être beaucoup plus long, non ?

Oui, mais nous ne sommes pas le supermarché de l’engagement ! Ce qui nous importe avant tout, c’est d’écrire de la bonne musique ! C’est notre métier à la base. Sans bonne musique, a cappella, je ne ressemble à rien, tu vois ? (Rires)

– Sur « Ennemis », on retrouve Charles de Schutter à la production avec Shanka. C’est lui qui avait réalisé « Drugstore » (que je considère d’ailleurs comme votre meilleur album) et on retrouve ce son direct, brut et très massif. Là encore, il n’y a aucune fioriture et des arrangements très efficaces. On sent une certaine urgence dans vos morceaux. C’est ce que vous aviez en tête dès le début de la composition, puis de l’enregistrement ?

C’est très bizarre, car nous avons beaucoup composé pendant la période de confinement. Dans notre rythme, il n’y avait pas de notion d’urgence. Nous nous sommes focalisés sur le son en nous demandant ce que nous pouvions écrire et ce qui pourrait nous surprendre. Shanka est allé chercher un peu du côté des musiques orientales et indiennes notamment. Peut-être que les gens ne vont pas capter toute de suite ces influences-là, mais en tout cas, elles ont été déterminantes sur « Force du Désordre », « Armistice » ou certains mouvements dans « Les Hyènes de L’info », par exemple. On voulait aller chercher un peu ailleurs pour les intégrer aux compos et pas forcément seulement au son.      

– Cela n’empêche nullement le gros travail que vous avez effectué sur la production, qui est très soignée. Et puis, il y a cette irrésistible impression d’énergie live et toujours très fédératrice et communicative. Vous pensez à la scène en composant vos morceaux, car certains refrains vont faire très mal…

On a un mode de fonctionnement bien à nous. Il faut aussi savoir que nous sommes toujours de l’école du riff. On cherche encore le riff ultime, c’est toujours notre démarche. Il faut que la compo, à un moment donné, fasse bouger le chanteur physiquement. C’est un mot d’ordre chez nous. Tout le monde le sait et tout le monde le sent. Quand je commence à ressentir quelque chose, c’est que c’est bon.

– Il y a aussi « Armistice », qui se place au milieu de l’album et qui est une sorte d’interlude. Pourtant, et malgré son titre, on ne sent pas beaucoup de sérénité…  

Il l’est dans le sens où, tout autour, c’est la guerre. Au départ, j’avais proposé à Shanka de chanter un morceau avec moi, car j’aimais bien l’idée. Il n’était pas très chaud, alors je lui ai proposé de regarder parmi tous ses instruments quelque chose qui pourrait sortir de l’ordinaire. On avait comme référence « Planet Caravan » de Black Sabbath. Et comme depuis quelques temps, il s’est mis à la viole de gambe, et qu’il est extrêmement doué, on lui a laissé toute liberté, car ça nous plaisait beaucoup et nous avions aussi besoin d’un morceau comme ça.  

– A propos de scène, vous qui donnez l’impression de ne jamais vous arrêter, le confinement, puis la privation de concerts, ont dû avoir un énorme impact sur le groupe. Comment avez-vous vécu cette (trop) longue période de repos forcé ?

On a eu de la chance, parce que nous avons terminé la tournée fin 2019 et quand le confinement est arrivé, on avait déjà commencé à composer un peu le nouvel album. On n’a pas du tout ressenti de frustration live, parce qu’on était pleinement dans l’élaboration d’ « Ennemis ». Finalement, ça a été un moment de réflexion. Personnellement, ça m’a fait beaucoup de bien, car j’ai besoin que mon corps et mon cerveau soient hyper-posés pour être bien et composer. Paradoxalement, ce confinement nous a fait du bien.

– D’ailleurs, je me posais la question récemment. Je vous suis depuis vos tout débuts et c’est toujours assez difficile de nous définir. Rock, Hard-Core ou Metal, votre leitmotiv reste le combat, la revendication et surtout la prise de conscience, non ? C’est quelque chose qui ne vous quitte pas…

Oui, c’est vrai. Dans une démarche de compo, je dis souvent aux gars qu’il faut que notre musique raconte une histoire. Même si j’ai des thèmes dans mes tiroirs, j’ai besoin que l’instrumental raconte déjà une histoire. C’est ça qui fait qu’on arrive à donner un vrai liant entre ce qui est raconté et ce qui est joué.

– « Ennemis » est aussi votre dixième album studio. C’est toujours un cap particulier dans la carrière d’un groupe, car il marque une étape importante. Vous y avez pensé, ou pas du tout ? Vous aviez la volonté de marquer encore plus les esprits avec « Ennemis » ?

Non, on n’est pas dans le comptage ou la nostalgie. L’album n’est pas plus important qu’un autre. Il marque l’histoire d’un groupe qui est ensemble depuis des années, qui construit ensemble et qui se connait bien. Nous avons une façon de composer apaisante. Il n’y a pas d’histoire égo entre nous, car on cherche le meilleur de nous-mêmes. C’est juste la bonne évolution d’un groupe qui aime faire de la musique ensemble.

– En 2021, la scène musicale française n’est plus aussi contestataire ou engagée comme elle a pu l’être par le passé, alors que nous vivons dans une société de plus en plus inégalitaire. Comment l’expliques-tu, alors que les intérêts ont changé pour devenir essentiellement individuel au détriment du bien-être collectif ?

Il y a une grosse influence des réseaux sociaux. La consommation de la musique n’est plus la même, on est plutôt dans la quantité que dans la qualité. Aujourd’hui, il faut produire, produire, produire… On est peut-être moins dans l’exigence au niveau de la qualité de la musique. Après, l’engagement fait partie de l’ADN d’un groupe, ou pas…

– Oui, mais pourtant dans les années 80 et 90, c’était quand même autre chose…

Oui, c’est vrai. On était aussi poussé par des groupes comme Rage Against The Machine, Nirvana et d’autres qui ont été moteurs à leur façon d’un certain engagement propre à chacun d’eux. Et malheureusement, il y a aussi eu l’avènement d’un Hip-Hop, d’une Trap Music qui ne veut plus rien dire, qui n’explique plus rien, qui se noie dans de la prod’ minimaliste et des textes qui n’ont plus de sens. Alors, tout d’un coup, tu as une nouvelle génération très influencée par tout ça et qui se perd dans une espèce de truc mielleux et mièvre. Finalement, c’est très contradictoire car, aujourd’hui, il devrait y avoir de la colère partout. Cela dit, l’exposition médiatique de musiques comme la nôtre ou d’un Hip-Hop un peu rageur n’existe pas, parce qu’il faut que ce soit lisse, il ne faut pas que ça déborde et il ne faut pas trop d’engagement. En fait, ça ne donne peut-être pas envie à une nouvelle génération d’aller vers cette forme-là de musique, parce qu’ils savent pertinemment qu’ils vont rester dans une niche et dans l’ombre. Nous, ça fait 30 ans qu’on est là. On s’est construit autour de ça et c’est peut-être plus facile d’être écouté par rapport à un groupe qui commence aujourd’hui, ou même il y a cinq ans.

« Ennemis » de NO ONE IS INNOCENT est disponible depuis le 1er octobre chez Verycords.

Retrouvez la chronique de l’album :

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Hard-Core Metal Rock

No One Is Innocent : le poing levé

Une fois de plus, NO ONE IS INNOCENT monte à l’assaut avec une colère à peine contenue, livrée sur un dixième album, « Ennemis », qui sent la poudre. Militant et féroce, le quintet enrobe de riffs appuyés et assassins des textes cinglants et un discours responsable. Très live dans le son et la production, le groupe scande des vérités et rappelle que « Nous sommes des centaines et des milliers ».

NO ONE IS INNOCENT

« Ennemis »

(Verycords)

Dès la première écoute, ça saute aux oreilles : Kemar et sa bande se sont encore surpassés. Même si j’ai tendance à le dire à chaque nouvel album de NO ONE IS INNOCENT, il faut bien avouer qu’ « Ennemis » percute, fédère et donne des envies de grands changements, si ce n’est même un peu plus… Après 30 ans d’existence, ce dixième album confirme la rage intacte du groupe face à une oppression grandissante et un système qui se dérègle totalement (« Force Du Désordre »).

Ce qui tient toujours aux tripes du quintet, c’est ce combat Rock très Metal, incisif et engagé. Co-produit par son guitariste Shanka et Charles de Schutter, qui avait déjà officié sur l’excellent « Drugstore » en 2011, ce nouvel opus désigne sur dix morceaux (et un interlude « Armistice ») les « Ennemis » d’une société, d’une époque aussi, en montrant du doigt des responsables qui ne se cachent pas. Mais pas de leçon de morale ici, NO ONE s’implique juste généreusement (« J’ai fait De Toi Mon Collabo »).

Comme à l’habitude, les Parisiens cognent et giflent sur des textes précis et convaincants, où les phrases fortes sont légions et résonnent comme des slogans (« Dobermann », « Humiliation », « La Caste », « Bulldozer »). Dans une période très incertaine, NO ONE livre son album le plus politique, dénonce et appelle clairement au réveil et au sursaut (« We Are Big Brother », « Polit Blitzkrieg », « Les Hyènes De L’Info »). Puissant et très organique, « Ennemis » est la claque qu’on attendait et les concerts s’annoncent torrides (« Aux Armes, Aux Décibels »).

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Hard-Core Thrash Metal

Fishing With Guns : feu à volonté

Frontal et musclé, ce nouvel EP de FISHING WITH GUNS tient toutes ses promesses avec un concerté de Thrash-Core livré sur cinq nouveaux titres. Certes, « Under The Silver Lake » nous laisse un peu sur notre faim, mais son contenu tranchant et survolté montre le gros potentiel du combo parisien. De la dynamite !

FISHING WITH GUNS

« Under The Silver Lake »

(M&O Music)

Faisant suite à « Blood On The Ropes » (2017), « Under The Silver Lake » est donc le deuxième EP d’affilée de FISHING WITH GUNS. Après deux albums, c’est avec des formats courts que le quintet parisien affine et peaufine son jeu. Ces cinq nouveaux titres libèrent un style très compact et agressif, mais très bien structuré et redoutablement efficace.

Entre Thrash et Hard-Core, growl et chant plus clair, le registre de FISHING WITH GUNS est aussi original qu’il semble évident. L’univers qui se dégage de « Under The Silver Lake » reste sombre, mais développe une énergie très positive et particulièrement dense. Très bien produit, ce nouvel EP emporte tout sur son passage et montre une belle diversité.

L’intensité est déjà manifeste sur « Beware The Dog Killer » et ses grosses guitares, qui monte encore en tension sur « Owl’s Kiss » aux riffs acérés. Plus lourd, « Homeless Ghost » montre un côté massif plus conséquent. FISHING WITH GUNS ne s’arrête pas en si bon chemin et libère une approche presque Punk sur le morceau-titre avant de conclure avec un  « I Am Your Rebellion » explosif. Radical !

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Hard-Core Metal

Nobody’s Straight : HxC reality

Solide et massif, ce troisième album de NOBODY’S STRAIGHT laisse à peine respirer tant ces nouveaux titres sont denses et compacts. Chanté en français, le Hard-Core teinté de Metal du quatuor est aussi enragé que communicatif et engagé. « Transition » recadre notre époque et nos comportements avec conviction et ardeur. Une bonne grosse claque !

NOBODY’S STRAIGHT

« Transition »

(M&O Music)

NOBODY’S STRAIGHT ne décolère pas, c’est le moins que l’on puisse dire. Incisif et rageur, le Hard-Core très Metal du combo (pas de méprise, ce n’est pas du Metalcore… c’est beaucoup plus sérieux !) prend de l’épaisseur au fil des albums et « Transition » vient mettre les points sur les ‘i’ avec exemplarité. De plus, le quatuor d’Alençon s’est une fois encore bien entouré pour faire sonner ce nouvel opus comme il se doit.

Après « Bicéphale » (2012) et « Utopique » (2014), « Transition » vient confirmer le fort potentiel du groupe toujours composé de Tom (chant), Lea (basse), Chris (batterie) et Antoine (guitare). Les nouveaux morceaux ne manquent pas d’impact et le mix confié à Jake Skog (Clawfinger), ainsi que le mastering signé Logan Mader (Machine Head, Gojira) viennent mettre en évidence la force grandissante de NOBODY’S STRAIGHT.

Sur un chant enragé et presque déclamé, le frontman harangue littéralement l’auditoire à travers des textes où une fiction très réaliste côtoie un regard lucide et acide sur la société (« Tu Succomberas », « Conviction », « Garde Le Contrôle »). Emmené par une grosse rythmique percutante et des riffs acérés, NOBODY’S STRAIGHT fait preuve d’une efficacité et d’un tranchant redoutable (« La Violence Des Mots », « Jamais »).

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Extrême France Hard-Core Metal

Primal Age : l’essence du Metal HxC [Interview]

Dernier représentant de la scène Metal HxC française, PRIMAL AGE est toujours debout, et semble même plus virulent et motivé que jamais. Avec « Masked Enemy », le quintet s’inscrit dans son temps avec des compos très rentre-dedans aux textes acidifiés. Dimitri, bassiste et fondateur du groupe, revient sur le parcours du combo, ses convictions et ce très bon nouvel album.

– Pour vous suivre depuis le début des 90’s, la première chose que j’ai notée en écoutant « Masked Enemy », c’est que votre jeu semble beaucoup plus complexe, tout en restant très direct. C’était votre intention première ?

La seule intention a été de faire un album brutal, genre uppercut au foie. La complexité vient si elle doit venir, mais sans calcul. Ce qui ressort quand on lit les chroniques, c’est ce côté rouleau compresseur. 

– PRIMAL AGE a toujours évolué dans un registre Punk HardCore teinté de Metal, et vous n’avez pas changé. Pourtant votre son et vos compos ont une résonnance et une production très actuelles. Finalement, votre évolution a été permanente toutes ces années ?

En 28 ans, bien sûr et heureusement que le dernier disque ne sonne pas comme le premier. (Rires) La prod’ est forcément plus grosse, car ça a beaucoup évolué dans ce domaine. Quand tu écoutes certaines productions de HardCore il y a 25 ans, il y avait franchement peu de moyen et la qualité pouvait être très limite. En revanche, on a trouvé dès les débuts notre identité musicale et on s’y tient, car c’est exactement le son qu’on veut faire. On a réussi à évoluer dans la continuité et faire notre meilleur album au bout de 28 ans, comme quoi…

– « Masked Enemy » est un album très varié et il aborde plusieurs styles musicaux, mais sans porter dans la Fusion pour autant. Il est aussi très homogène et montre un registre assez peu répandu et toujours underground. PRIMAL AGE semble se jouer des modes et des courants. C’est le cas ?

Clairement, les modes on s’en cogne. Quand tu t’inscris dans la durée et que tu veux suivre le dernier truc qui marche, ça fait du n’importe quoi, t’imagines la discographie qu’on aurait ? Cela dit, Flo et moi, qui avons composé les morceaux sur cet album, écoutons des styles variés et ça ressort. En même temps il est impératif que le tout reste cohérant et je pense qu’on a bien réussi à se compléter et à apporter un max de relief et de richesse.

– Vous faites partie des vétérans, ou précurseurs, de la scène Metal HardCore française, et pourtant vous êtes sûrement les plus discrets et les moins exposés. C’est un choix de votre part ou un concours de circonstance ?

C’est un choix dans le sens où on a toujours voulu rester amateurs et que, par conséquent, nous ne sommes pas appuyés par de grosses structures. La différence se fait là et il faut l’assumer, même si on sent bien qu’on aurait pu faire de plus belles choses encore si on était plus soutenus et donc mis en évidence. On souffre clairement d’un déficit d’image, mais ça ce n’est pas de notre ressort. C’est comme ça que fonctionne le milieu de la musique. Cela dit, dans ce style et de cette époque, il n’y a plus que nous en France.

– Pionniers, vous l’êtes aussi en ayant adopté une philosophie straight edge dès vos débuts, alors que personne n’en parlait. Quel regard portez-vous aujourd’hui sur ce mouvement, dont on ne parle qu’épisodiquement, et êtes vous toujours dans cette démarche ?

Il n’y a plus que Didier au chant et moi comme membres d’origine. Nous sommes toujours straight edge. Par la suite, si on voulait continuer à jouer, on a dû s’ouvrir, car on n’aurait pas pu faire une formation complète. Ce n’est pas très répandu dans la scène Metal, mais tant pis, ça nous permet de rester en forme à nos âges, ce choix est le nôtre et chacun fait comme il le sent. 

– Au niveau des textes de ce nouvel album, on vous sent toujours engagés et revendicatifs. Contrairement à beaucoup d’autres, vous ne faites pas que dresser des constats, votre propos est plus incisif et protestataire. Votre démarche est toujours très politique finalement ?

Beaucoup de sujets sont politiques finalement, mais on n’a jamais eu de carte pour autant. Ca ne veut pas dire qu’on est indifférent. Il n’est pas question de laisser la politique à ceux dont c’est le métier et l’écologie être représentée par des guignols avec lesquels on n’a rien à voir. Ces sujets m’inspirent et reviennent dans chaque album quand je me mets à écrire. Mais comme pour la musique, l’idée est d’avoir de la variété dans les sujets traités.

– Vous qui êtes issus de la mouvance Metal HardCore, quel est votre sentiment sur le phénomène MetalCore, très Pop, que l’on subit depuis quelques années ? Vous êtes plutôt amusés, intéressés, tentés par l’expérience ou carrément indifférents ?

Je crois qu’on s’en fout un peu. Encore fois, quand on compose, on sort la musique qu’on a envie de faire sans se préoccuper de ce qui marche. On fait ça par passion et avec authenticité, le reste importe peu. 

– Pour conclure, le line-up de PRIMAL AGE semble stabilisé avec l’arrivée de Miguel derrière les fûts. Les batteurs et vous, c’est une longue histoire. Cette fois, c’est le bon ?

Oui, on espère et il nous donne de bonnes garanties pour le peu qu’on a eu d’occasions de jouer ensemble. C’est un vrai musicien. La batterie est un élément très important pour la musique qu’on fait. Hormis le tout premier « MCD » sorti en 1999 avec Stéphane, et ce dernier pour lequel on a eu l’aide providentielle de Rudy d’Explicit Silence, il a toujours fallu expliquer aux batteurs comment jouer de leur instrument. Les phases de compo ont toujours été compliquées à ce niveau. Quand on écoute le résultat final, on est sûr d’avoir fait les bons choix. Avec Rudy, nous n’avons rien eu à lui dire, il comprend notre musique et est un excellent musicien. Miguel semble avoir cette fibre. 

« Masked Enemy » de PRIMAL AGE est disponible depuis le 11 juin chez WTF Records.

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Extrême International

Hands of Attrition : une exigence et une motivation sans faille [Interview]

Avec un album de ce niveau, le quintet britannique HANDS OF ATTRITION a fait l’effet d’une bombe à sa sortie en fin d’année dernière. Armé d’un post-Metal HardCore, le combo est d’une efficacité redoutable et d’une énergie débordante. Et « Colder places » n’est qu’un coup de semonce, les Anglais pensent déjà à l’avenir.

– J’aimerais que l’on parle de votre parcours car arriver avec un premier album aussi mature et puissant est une chose inhabituelle et assez rare…

Merci pour cet excellent retour sur notre album, nous sommes vraiment ravis. Pour commencer, tous les membres de HANDS OF ATTRITION ont déjà joué dans des groupes, donc rien de tout cela n’est vraiment nouveau pour nous. Toutefois, la direction sonore et musicale dans laquelle nous nous trouvons est une combinaison des pensées et des sentiments collectifs avec une connaissance musicale solide pour faire exactement comme nous l’entendions. En écrivant les morceaux, les riffs et même les mélodies vocales, chaque membre s’est impliqué pour s’assurer que nous en tirions le meilleur. Si cela signifie réécrire le riff plusieurs fois, alors on le fait. Nous avons tous nos propres préférences, donc être conscients des goûts de chacun facilite l’écriture et nous permet de choisir les meilleures parties pour faire progresser les chansons. C’est une combinaison de groove, de mélodies et de Heavy. Tout le reste est un bonus. Être ensemble depuis maintenant trois ans permet aussi de comprendre plus facilement ce que nous voulions et comment l’album devait sonner.

– Vous présentez sur « Colder Places » un registre novateur et d’une maîtrise totale. C’est le fruit de nombreux mois de travail ?

La plupart des chansons de « Colder Places » sont assez anciennes. Le line-up est complet depuis 2018, et nous avons donc eu le temps de nous assurer que ce que nous faisons est vraiment personnel. Les chansons ont été travaillées, enregistrées, réécrites et finalisées au cours des trois dernières années. « Leap of Faith » est un morceau qui a trois ans et les couplets de « I’m Gone » sont encore plus anciens. Heureusement, nous pouvons enregistrer chez nous et envoyer nos idées à chacun avant de décider qu’une chanson soit complète. Cela donne le contrôle total que tu mentionnes. Les principaux mois de travail ont eu lieu pendant l’été 2020. Nous avons décidé d’enregistrer chaque partie, chaque session et chaque chanson nous-mêmes. Nous avons la chance d’avoir un endroit où nous pouvons enregistrer aussi longtemps que nécessaire. Donc, prendre le temps de planifier un programme nous a aidé à garder une certaine routine et nous assurer que nous étions bien reposés entre chaque session.

– Un mot sur cette production massive. Comment un jeune groupe se retrouve à travailler avec des personnes qui ont parfaitement su mettre en valeur son travail ?

En ce qui concerne l’enregistrement, nous avons pris notre temps et nous avons beaucoup appris en enregistrant de la batterie en direct, en construisant une cabine vocale mobile et en apprenant les techniques d’enregistrement. Nous avons finalement obtenu le son que nous voulions et enregistré chaque partie de l’album nous-mêmes. Un total de quatre mois a été nécessaire les soirs et les week-ends pour obtenir les meilleurs enregistrements et performances possibles. Si quelque chose ne sonnait pas bien, nous la refaisions en voulant tirer tout ce que nous pouvions l’un de l’autre. Nous avons pu nous pousser mutuellement pour nous sentir vraiment au point pour l’enregistrement. Et puis, nous avons pu approcher un fantastique, sinon l’un des meilleurs producteurs de Metal et ingénieurs du son, Justin Paul Hill. Nous lui avons envoyé une démo et notre mix de « They Come at Night ». Sa réaction a été très positive. Il a mixé et masterisé chacun de nos morceaux : « They Come at Night » est sorti en juillet 2019, « I’m Gone » en janvier 2020 et « Threadbare » en octobre 2020. Ce sont nos premiers singles. L’album a été travaillé pendant plus d’un an, donc perfectionner tout ce que nous pouvions était la clef pour que nous puissions construire une relation avec Justin et obtenir cet album, dont nous sommes si fiers aujourd’hui.

– Comment se sont passés la composition et l’enregistrement de « Colder Places » ? J’imagine que tout a été réalisé durant cette année de pandémie ? Cela n’a pas trop contrarié votre démarche ?

En fait, la plupart des chansons était déjà presque prête à l’exception de « Nightingale », « From the Void », « The Only One » et « Subjugation ». Elles ont été écrites lors du premier confinement et finalement retravaillées en juillet, lorsque les restrictions se sont un peu assouplies. Les autres chansons étaient déjà composées, et nous savions exactement comment elles devaient être enregistrées. Quelques paroles et des sessions de batterie ont été modifiées sur quelques chansons, mais à part cela, nous sommes un groupe qui planifie les choses. Nous avons tous convenu que si nous ne sortions pas d’album en 2020, nous attendrions la prochaine opportunité. Mais nous avions le temps et l’énergie. La seule chose que nous savions, c’est que nous avions jusqu’en octobre pour terminer l’album en entier, car c’était le seul créneau dont disposait Justin dans son emploi du temps. Il travaille avec de nombreux groupes, c’était soit en octobre, soit en 2021 …

– Justement, l’année 2021 démarre. Avez-vous réussi à planifier aussi votre promotion et vos concerts normalement en suivant à peu près ce que vous aviez prévu ?

On a beaucoup parlé de la promotion de l’album tout au long du processus d’enregistrement. Le Covid nous a beaucoup perturbé… Travailler avec Purple Sage PR pour mener à bien une campagne de relations publiques entièrement numérique était la voie à suivre et une excellente façon de lancer les choses. D’ailleurs, travailler avec Purple Sage nous a permis de profiter de leur travail acharné et de leurs connaissances. Ils nous ont jusqu’à présent menés vers de nouveaux sommets que nous n’aurions pas atteints seuls. Pour les concerts … Eh bien, nous n’avons jamais pensé que nous n’en aurions joué qu’un seul, c’était le 29 février 2020. Cela nous manque énormément. Nous n’avons pu caler que deux concerts jusqu’à présent pour l’ensemble de 2021. La planification et le lancement de l’album comme nous l’aurions souhaité ont été manqués. Cependant, lorsque le moment sera venu, nous jouerons cet album en live dans son intégralité à tous ceux qui voudront nous rejoindre. HANDS OF ATTRITION ne fait que commencer et nous sommes bien décidés à rester. Qui sait ? Notre deuxième album sera peut être plus proche que nous ne le pensons tous, si les concerts restent annulés pendant un moment…

Bandcamp : https://handsofattrition.bandcamp.com

Retrouvez la chronique de « Colder Places » :

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Psykup : groovissime HxC

Plus brut que du Rock, plus groove et mélodique que du Hard-Core, PSYKUP revient avec un cinquième album tout en distorsion, alambiqué et très fédérateur. « Hello Karma ! » vrombit autant qu’il bouscule. Les Toulousains ont toujours la rage… et le sourire qui va avec.

PSYKUP

« Hello Karma ! »

(Les Amis de l’Autruche/Regarts)

Vouloir réduire PSYKUP à un registre Hard-Core alternatif devient de plus en plus réducteur. Si les Toulousains gardent leur ADN intact, ils ont su élargir leur champ d’action. Même si le groupe reste profondément agressif et sauvage, le groove domine agréablement ce « Hello Karma ! », qui ne manque pas d’ardeur et dévoile une rage très optimiste.

Est-ce le mix de Fred Duquesne (Mass Hysteria, No One, …) ou le mastering de Thibault Chaumont (Trepalium, Klone, …) qui donnent cette belle rondeur à ce cinquième album ? Une chose est sûre, PSYKUP a fluidifié son jeu tout en cultivant l’originalité et la désinvolture qui ont bonifié son statut. Et non sans humour, le quintet déboule pleine balle. 

S’il faut bien une seconde écoute avant de réellement entrer dans « Hello Karma ! », véritable complexe métallique, on apprécie d’autant plus la diversité dont a fait preuve le combo. Enragé sur « Nice To The Bone » (feat. Julien Truchan de Benighted) ou « Lucifer Is Sleeping », très groove sur « Nothing To Sell » ou « Catch Me If You Can » ou décalé sur « Chaos Why Not ? » et « Sun Is The Limit », PSYKUP expérimente et ça lui va bien.  

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Affect : le groove chevillé au core

Dans une belle agitation, AFFECT refait parler de lui avec quatre nouveaux titres aussi costauds que fédérateurs. Le troisième EP des Nantais vient confirmer toute la maîtrise et la créativité du combo GrooveCore. Le quatuor tabasse tout en restant mélodique et montre une fraîcheur dont on espère maintenant se délecter sur un album complet.

AFFECT

« Panem Extended »

(Independant)

Troisième EP donc pour les bouillonnants Nantais d’AFFECT qui, avec « Panem Extended », semblent jouer les prolongations de « Panem Et Circenses » sorti en mars 2019. Et si l’intention est louable, elle est aussi très bonne car ces quatre nouveaux titres (et un interlude) montrent que le quatuor n’a pas baissé en régime, loin de là, et maintient brillamment la cadence.

Mélange de Metal moderne et d’un HardCore nouvelle génération, le combo propose un GrooveCore qui porte bien son nom et qui lui colle parfaitement. La fougue et l’énergie sont là, et les gros riffs entêtants sont aussi racés que mélodiques (« Free And Disobediant »). Si le flow rappelle RATM, AFFECT est solidement ancré dans la tradition HardCore.

Revendicatifs et percutants, les Nantais ne manquent pas d’explosivité, bien aidé par une rythmique basse/batterie pied au plancher (« Burn »). Bien produit et bénéficiant d’un bon mix, « Panem Extended » aurait bien mérité une petite rallonge. Le choix de ce genre de format est en l’occurrence assez frustrant, tant AFFECT mène sa barque avec brio (« Boogie Woogie »).

Bandcamp : https://affect1.bandcamp.com/

Soutenez le groupe dans sa campagne de crowdfunding :

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