Ces deux-là se connaissent bien pour avoir partagé de nombreuses scènes à de multiples reprises en Europe et aux Etats-Unis. Compagnons de route, on retrouve cette fois -(16)- et GRIME sur un même disque : le volume 3 des désormais fameuses « Doom Sessions » d’Heavy Psych Sounds Records. Un rendez-vous de plus en plus incontournable pour les amateurs de sensations fortes.
DOOM SESSIONS VOL.3
-(16)- / GRIME
(Heavy Psych Sounds Records)
En juillet 2000, le label italien Heavy Psych Sounds Records a lancé ses « Doom Sessions », composées de split-albums ou EP où deux groupes se partagent la galette. Après Conan et Deadsmoke, puis 1782 et Acid Mammoth, c’est au tour des Américains de –(16)- et aux Transalpins de GRIME de prendre chacun une face de cette troisième production.
Et c’est le quatuor californien qui ouvre les festivités avec trois morceaux peut-être plus Sludge que Doom, mais d’une redoutable efficacité. La production met en avant le registre très massif du combo, dont on note d’ailleurs quelques changements. Nettement plus mélodique, mais toujours aussi sombre et menaçant, -(16)- évolue tout en maîtrise.
La déferlante de décibels survient peu après avec GRIME, qui se rapproche quant à lui plus qu’un Doom Death profond et agressif. Sur leurs deux morceaux, les Italiens montrent une belle variation au niveau de leur son, qui se veut moins ramassé et plus percutant. Et le trio reste dévastateur et martèle ses titres avec une vigueur rageuse.
On attendait DOZER avec de nouvelles compositions, enfin actuelles, mais il faudra encore attendre un peu. Les Suédois proposent des titres datant du début des années 2000… ce qui ne gâche rien au plaisir. Et avec une pochette signée du chanteur de Lowrider, « Vultures » fait plus que ravir.
DOZER
« Vultures »
(Heavy Psych Sounds Records)
En mars dernier, lors d’une interview à l’occasion de la réédition de trois de leurs albums, Tommi Holappa, guitariste de DOZER, m’avait confié qu’aucun nouveau morceau n’était en cours d’écriture. Et malgré l’insistance des fans (et la mienne !), il semblerait que le Suédois ait tenu parole. Certes, « Vultures » est constitué d’inédits, mais…
Se distinguant par un Stoner Rock hors-norme élevé par la voix incroyable de Fredrik Nordin, DOZER a su rendre son style aussi singulier que référent pour toute une génération de groupes. C’est à l’occasion de leur quatrième album, « Through The Eye Of Heavens », que les Scandinaves avaient alors mis en boîte ces six morceaux (et un bonus).
Enregistrés en 2004-2005 aux Rockhouse Studios de Borlänge en Suède, les morceaux de « Vultures » étaient au départ des démos de pré-production. Cela dit, il y a de quoi se ravir de les voir sortis du placard, tant certains rappellent la grande époque de DOZER (« The Blood Is Cold », « The Impostor », « Head Ghost » et le morceau-titre). On attend maintenant un vrai retour.
Retrouvez l’interview de Tommi Holappa (mars 2020) :
Le moins que l’on puise dire, c’est que les neufs nouveaux morceaux qui composent « Rose Of Jericho », le quatrième album de KOMATSU va faire trembler quelques murs. Le Stoner teinté de Metal et d’ambiances bluesy est probablement le meilleur proposé par les Néerlandais depuis dix ans.
KOMATSU
« Rose Of Jericho »
(Heavy Psych Sounds Records)
Avec les musiciens de KOMATSU, tout commence et se poursuit dans leur ville natale d’Eindhoven aux Pays-Bas. C’est là que tout démarre en 2010 avec un premier EP l’année suivante avant « Manu Armata » deux ans plus tard. Encensé par la presse, le nom du quatuor arrive aux oreilles du grand Nick Oliveri (ex-Kyuss, QOTSA) qui posera sa voix sur deux morceaux de leur deuxième album « Recipe For Murder One » en 2016.
Après « A New Horizon », son troisième opus, KOMATSU entre en studio à Eindhoven pour y concocter « Rose Of Jericho », enregistré et mixé dans sa ville. Est-ce la raison pour laquelle le quatuor est si inspiré ? Une chose est sûre, ce quatrième sonne et résonne de manière massive et profonde. Son Stoner Rock a pris une réelle envergure et le combo se présente aujourd’hui comme l’une des valeurs sûres européennes.
Depuis sa propre capitale du Rock néerlandais, le groupe s’est même auto-qualifié ‘supermassive mothersludgers’, c’est dire l’ambition de ses membres. Et force est de constater que ça leur va plutôt bien. Entre Stoner et Metal, KOMATSU alterne avec des titres épais et costauds et d’autres plus bluesy et mid-tempos. « Rose Of Jericho » est un album qu’on saisit pour ne plus le lâcher. Une bombe !
Le moins que l’on puisse dire, c’est que les Anglais de PINK CIGS ont parfaitement digéré l’héritage laissé par Black Sabbath, Deep Purple voire Led Zep. Ce premier album éponyme est un superbe mix vintage de ces pionniers du Hard et du Metal, auquel le quatuor a ajouté une épaisseur Stoner et Fuzz très fraîche.
PINK CIGS
« Pink Cigs »
(Heavy Psych Sounds Records)
Le label italien a tellement aimé ce premier album de PINK CIGS qu’il lui offert une seconde vie en le rééditant en ce début d’année. Il faut aussi rappeler que sa sortie avait eu lieu au début du confinement, lui refusant toute visibilité acceptable. Et c’est vrai qu’à son écoute, c’eût été dommage de passer à côté de cette petite bombe aux saveurs vintage. Addictif dès les premières notes, « Pink Cigs » ne vous lâche plus !
Après un premier EP (« Vol.1 ») fin 2018, le quatuor de Sheffield a donc livré son premier album éponyme, un opus explosif et Rock’n’Roll à l’image des membres de ce combo brut de décoffrage. Très Stoner dans son ensemble et notamment dans le traitement du son des guitares et de la voix, PINK CIGS nous renvoie avec plaisir au Hard Rock et au Heavy Metal des 70’s.
De « Noose » à « Black Widow » en passant par les tonitruants « Leecher » ou « Whiskey Woman », le combo enchaine les riffs, se reposant sur un Heavy Blues très Fuzz, où le groove de la batterie et de la basse joue un rôle essentiel. Enregistré en 16 heures seulement à Bradford, ce premier album de PINK CIGS laisse des traces et colle de grosses baffes à chaque titre (« Devil’s Grip »). On respire !
Formé à Berlin en 2014, WEDGE a rapidement acquis ses lettres de noblesse grâce à des concerts enflammés et à un style suintant le Rock’n’Roll à chaque note. Réduire le registre du power trio à du Stoner Rock serait simpliste, tant le groupe offre une large palette de sonorités et d’ambiances aussi captivantes que nombreuses.
WEDGE
« Like No Tomorrow »
(Heavy Psych Sounds Records)
Imaginez la rencontre (pas si improbable que ça !) entre Led Zeppelin, Lynyrd Skynyrd, Kyuss et les Ramones, le tout saupoudré d’une touche psychédélique et vous avez une idée de l’ambiance qui règne sur ce troisième album du trio allemand WEDGE. Ca plane autant que ça cogne et surtout il se dégage de « Like No Tomorrow » de belles ondes positives et des vibrations intensément Rock’n’Roll.
Passé à la moulinette Stoner, le Rock Garage, le Hard Rock très 70’s, le Psyché et le Rock Progressif de WEDGE prend une ampleur incroyable menée de main de maître par le power trio berlinois. Dès « Computer », les riffs gras et soyeux du guitariste-chanteur Kirik Drewinski se fondent dans le groove du bassiste et organiste Dave Götz pour atteindre des sommets sur « Playing A Role », bien aidé par le cogneur Holger Grosser.
En pleine immersion dans les années 70, WEDGE sait se faire langoureux (« Blood Red Wine ») et ne manque pas de hardiesse, ni d’humour (« Queen Of The Night »). La sensation de liberté et l’optimisme qui flottent sur « Like No Tomorrow » sont une bouffée d’oxygène et une ode à la vie (« At The Speed Of Life »). Les Allemands concluent ce superbe album avec « Soldier » qui, du haut de ses neuf minutes, résume de belle manière la musique du groupe.
Il y a des artistes qu’on n’est pas peu fier d’interviewer, soit par goût, soit parce qu’ils ont marqué leur époque ou carrément créé un style… Et c’est le cas pour les Suédois de DOZER, piliers et fondateurs du Stoner/Desert Rock avec Kyuss et quelques autres. Alors que leurs trois premiers albums ressortent chez Heavy Psych Sounds Records, Tommi Holappa, guitariste du quatuor, a eu la gentillesse de répondre à quelques questions et sans les éluder…
Vous venez juste de signer chez Heavy Psych Sounds Records. Pourquoi ce choix, et est-ce que la réédition de vos trois premiers albums (« In The Tail Of A Comet », « Madre De Dios » et « Call It Conspiracy ») était la condition ?
En fait, ça faisait un bon moment que nous réfléchissions à ressortir nos trois premiers albums. Ils sont épuisés depuis longtemps, et il y avait aussi une forte demande pour des éditions vinyles. Mais pour être honnête, nous ne sommes pas un groupe très speed quand il s’agit de faire les choses. Maintenant, nous sommes vieux avec une famille et des enfants ! On ne cherchait pas vraiment de label, et c’était trop de travail pour les sortir nous-mêmes.
Nous avons eu plusieurs offres ces dernières années, mais rien de vraiment intéressant. Alors, quand mon vieil ami Rajko de Heavy Psych Sounds Records m’a contacté sur Messenger à propos d’autre chose, nous avons commencé à discuter d’éventuellement sortir quelque chose avec DOZER et, de fil en aiguille, nous avons décidé de commencer par la sortie de nos trois premiers albums.
Nous sommes ravis d’avoir signé sur Heavy Psych. Ils ont un tas de gars sympas et c’est un label qui sort beaucoup de trucs cool… du très bon Stoner, du Doom, du Rock’n’Roll, quoi !
Depuis le puissant « Beyond Colossal » en 2008, puis « Vultures » en 2013, tout le monde n’a qu’une question en tête, et promis on en restera là : quand est-ce que vous sortez un nouvel album ?
(Rires) Tout le monde nous pose la question ! Bon, nous n’avons pas le projet d’enregistrer un nouvel album ou quoique ce soit pour le moment. Mais je ne vais pas te dire que nous ne le ferons pas, on ne sait jamais. Ce serait sympa d’essayer d’écrire au moins une ou deux chansons et les enregistrer, histoire de voir ce que ça donne.
Ca fait environ 13 ans que nous n’avons rien enregistré ensemble, ce serait donc une bonne expérience. Mais c’est aussi une question de temps, car DOZER est un peu devenu un ‘side-project’ pour nous maintenant. Johan joue avec BESVÄRJELSEN, Fredrik a un nouveau projet qui s’appelle AMBASSADORS OF THE SUN et de mon côté, j’ai GREENLEAF.
En l’espace de cinq albums, DOZER est devenu un pilier et même un fondateur du Stoner Rock en Europe et à travers le monde. Quels souvenirs gardes-tu de vos débuts, des premiers concerts ?
Au début, on s’est bien marré ! Oh oui ! Nous étions des gamins qui s’amusaient à jouer avec des grosses basses, des guitares avec des pédales Fuzz et on adorait des groupes comme Kyuss, Monster Magnet, Fu Manchu et d’autres. Je me rappelle de notre premier concert ! C’était le 25 décembre 1995 dans notre ville à Borlänge. On n’avait pas assez de matos, juste quelque chose comme cinq ou six morceaux et on a fait quelques reprises. Je me souviens qu’on avait joué « Dopes to Infinity » de Monster Magnet et « Supa Scoopa and the Mighty Scoop » de Kyuss !
D’ailleurs, est-ce que tu trouves que la communauté du Rock’n’Roll Underground a changé ces dernières années ?
Je ne pense pas qu’elle ait beaucoup changé, elle est juste plus importante par rapport au début des années 2000. Il y a plus de monde à jouer du Heavy bien Fuzz, et c’est tant mieux ! Je pense aussi que ces dix dernières années beaucoup de festivals comme ‘Desertfest’ ou ‘Stoned From The Underground’ y ont beaucoup contribué, car il y a eu de très bons groupes !
Cette année, vous allez commencer une série de concerts et une tournée en Australie un peu plus tard. Vous devez être impatients de remonter sur scène tous les quatre ensembles ?
Oui, nous avons quelques festivals bookés cet été et en novembre, nous partons en Australie ! Nous avons déjà joué là-bas en 2004 et c’était génial ! Alors, quand on a proposé de venir, on n’a pas pu dire non ! Oui, nous sommes très excités !
Tu peux nous dire un mot de la tracklist que vous jouerez ? Peut-être un ou deux inédits… ?
Ces dernières années, lorsque nous avons joué en concert, on jouait principalement nos trois derniers albums, et quelques anciens titres. Je ne sais pas encore ce que nous jouerons en festival, ni en Australie mais en général, dès que nous commençons à répéter, on se décide rapidement.
Mais je suis certain que nous jouerons « Big Sky Theory », parce que c’est le pied sur scène ! De nouveaux morceaux ? Qu’est-ce que c’est qu’ça ! (Rires) Comment je te l’ai dit, nous n’avons encore rien écrit, mais on ne sait jamais…
Pour conclure, j’espère vraiment que les rééditions de ces trois albums magiques vont marquer une nouvelle ère pour DOZER ! Comment vois-tu le futur du Stoner/Desert Rock ?
L’avenir est prometteur ! Et avec des groupes comme Elder, nous n’avons rien à craindre.