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Susan Santos : sunny vibes [Interview]

La guitariste, chanteuse, compositrice et productrice SUSAN SANTOS a livré il y a quelques semaines son nouvel et sixième album, « Sonora ». Elle nous transporte au coeur du desert à travers huit titres à l’atmosphère plutôt Blues Rock, mais pas seulement. Mâtiné de divers courants allant de sonorités hispaniques et Southern, comme Country ou même Western, l’Espagnole fait preuve d’un éclectisme bluffant et d’une maîtrise totale avec une identité marquée. L’occasion de lui poser quelques questions au sujet de ce brûlant nouvel opus…   

Photo : Juan Pérez-Fajardo

– Le moins que l’on puisse dire est que « Sonora » est un album très solaire à de nombreux points de vue. Même s’il ne dénote pas de tes précédentes réalisations, est-ce que faire du désert le point central du disque est une envie que tu as eue avant même le processus de composition ?

C’est quelque chose qui s’est fait petit à petit, en fait. J’ai commencé à écrire des chansons sans intention précise, et au fur et à mesure du choix des morceaux, l’idée a émergé pour devenir finalement le fil rouge de l’album.

– D’ailleurs, tu l’as entièrement composé, paroles et musique, et tu l’as aussi coproduit avec Jose Nortes. Tout a été réalisé aux studios Black Betty à Madrid. C’était important d’être presque seule à chaque étape de « Sonora » pour en quelque sorte ‘centraliser’ les choses ?

Dès le départ, il était clair pour moi que je voulais faire les choses à ma manière, tout décider et participer à tout le processus, y compris le mixage et le mastering. L’enregistrer à Madrid était le plus pratique, puisque j’habite là. L’enregistrement s’est fait en quelques jours, mais avec les concerts, les voyages et les tournées, j’ai du attendre mon retour pour repartir en studio pour le mixage.

Photo : Juan Pérez-Fajardo

– Les morceaux de « Sonora » sont efficaces sans pour autant être épurés, loin de là. On t’entend jouer de la guitare électrique, baryton et acoustique, ainsi que du banjo et du thérémine. L’album est vraiment très riche, ainsi qu’au niveau des arrangements. Est-ce une chose sur laquelle tu t’es longuement penchée ?

Pas vraiment, la vérité est que tout s’est fait un peu à la volée. En fait, j’ai même écrit  des chansons et de nombreux arrangements en studio pendant que nous enregistrions. J’avais une totale liberté de décision et c’était vraiment très amusant ! C’est vrai que tout ça a aussi fait bouger beaucoup de choses pendant les journées d’enregistrement.

– Je disais que « Sonora » était musicalement très solaire dans son ensemble, à travers le thème du désert bien sûr, mais aussi musicalement. C’est la première fois que tu réalises ce qu’on pourra apparenter à un album-concept ?

Oui, c’est la première fois que je fais quelque chose comme ça. Comme je te le disais, je n’y ai pas pensé au début, lorsque je me suis décidée à enregistrer un album. J’ai commencé l’écriture des chansons et dès que j’en ai eu deux ou trois, c’est à ce moment-là que l’idée m’est venue et s’est imposée.

Photo : Juan Pérez-Fajardo

– Evidemment, la thématique et certaines sonorités hispaniques, et parfois Southern aussi, font penser à une bande originale de western. Est-ce un peu de cette manière que tu as conçu « Sonora » ?

Absolument ! J’aime beaucoup être au croisement de tous ces sons entre Rock, Blues, Country, Southern Rock et Western. Et l’environnement du désert est parfait pour encadrer et englober toutes ces ambiances.

– Un petit mot aussi sur le clip de « Hot Rod Lady », qui a été tourné à Joshua Tree. Pourquoi spécialement là-bas, même si on en a une petite idée ? On aurait aussi pu l’imaginer dans les Bardenas Reales… 

En fait, j’étais en tournée en Californie, lorsque je mixais l’album et on était très proche de Joshua Tree. Ca m’a semblé être l’endroit parfait pour le tournage du clip de la chanson.

– Depuis tes débuts, tu multiplies les styles de Blues et aucun ne te résiste. Y a-t-il cependant un registre qui a ta préférence et qui te ressemble le plus ?

Je suis très curieuse de tous les styles musicaux et beaucoup d’entre eux se marient facilement car, au final, ils ont tous la même source et les mêmes racines. J’aime toujours me renseigner en amont pour ensuite orienter les chansons vers d’autres ambiances. C’est à chaque fois un défi que j’aime beaucoup.

Photo : Juan Pérez-Fajardo

– Depuis quelques années, on voit de plus en plus de blueswomen mises enfin en lumière. Certains découvrent de grands talents, alors que la majorité d’entre-vous êtes là depuis un bon moment. Est-ce que tu penses aussi que cette reconnaissance est souvent un peu tardive ?

Oui, il nous faut se battre et progresser petit à petit. Pour le moment, je continue à faire ce que j’aime le plus, c’est-à-dire composer des chansons et les jouer en concert partout où c’est possible. Et oui, bien sûr que j’aimerais avoir bien plus de reconnaissance, évidemment.

– On l’a dit, tu navigues entre plusieurs styles, tous plus ou moins Rock d’ailleurs. Cela dit, ton propre son est très européen, malgré quelques touches américaines, notamment Southern. Est-ce qu’après toutes ces années et avec six albums à ton actif, il y a un désir en toi de t’imposer au pays du Blues, ou est-ce que les frontières ont déjà été franchies ?

J’ai beaucoup voyagé, mais pour le moment je me sens très bien ici en Espagne. J’y ai de bonnes relations avec beaucoup de monde et de bonnes collaborations également. Mais je n’exclus pas de vivre ailleurs à l’avenir. La vérité est que je joue déjà beaucoup en dehors de l’Espagne, car ici le circuit est assez restreint pour ce style de musique.

Le nouvel album de SUSAN SANTOS, « Sonora », est sorti et est disponible sur le site de l’artiste : https://www.susansantos.info/shop

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Vargas Blues Band : Latin Blues [Interview]

Né à Madrid de parents argentins, Javier Vargas a monté le VARGAS BLUES BAND en 1991 et a multiplié les distinctions et les disques de platine. Homme de scène, ses albums sont d’une authenticité qui rend un hommage constant aux racines du Blues, tout y incluant des sonorités très Rock, Classic Rock et parfois même Hard Rock. Egalement très prolifique, l’Espagnol vient de sortir « Stoner Night » dans une version classique, en même temps qu’une ‘Edition Deluxe’. Entretien avec un guitariste inspiré.

– Si j’ai bien compté, « Stoner Night » et son Edition Deluxe, sont tes 26 et 27ème albums depuis « Del Sur », sorti il y a trois ans. Depuis plus de trois décennies, tu tiens un rythme très soutenu et pourtant, on sent toujours cette même décontraction dans ton jeu. Comment l’expliques-tu ? C’est juste le plaisir de jouer ?

Avec ma guitare, j’aime me laisser emporter par le ressenti et aussi respirer chaque note que je joue. J’ai toujours fui les artifices. Je cherche avant tout à servir le morceau et je créé les ambiances grâce aux riffs et aux accords. C’est vrai que j’aime jouer détendu, mais en restant concentré et sans oublier la mélodie. Pour transmettre une émotion, il suffit parfois d’une seule note.

– Sur tes précédents albums, tu faisais beaucoup de morceaux instrumentaux et il y en a d’ailleurs toujours sur ceux-ci. Cette fois, tu as ressenti le besoin que l’on pose plus de textes sur ta musique ?

J’aime toujours la musique instrumentale et beaucoup de mes plus grands succès ont été des morceaux instrumentaux. Mais pour ce nouveau projet, j’ai eu besoin de jouer avec du texte et dans une formule en power trio avec un chanteur très old school et Merrick (Wells, chanteur – NDR) m’a aussi aidé sur les paroles. Cela a vraiment été comme un processus de guérison dans lequel nous avons exprimé ce que nous ressentons après ces années sombres, qui sont aujourd’hui derrière nous.  

– L’album sort donc dans une version simple et classique, mais aussi en Edition Deluxe. Comment est née l’idée de sortir deux disques distincts et non pas directement l’édition augmentée ?

Vingt chansons avaient été enregistrées et j’ai pensé alors offrir aux fans autre chose qu’un simple album à écouter en conduisant, ou en se relaxant chez soi. Il y a un bon mélange de Blues, de Rock, d’instrumentaux et certains morceaux, qui sortiront dans un futur ‘Volume 2’ en streaming, sont vraiment expérimentaux. J’y ai joué tous les instruments, y compris la basse et les claviers.

– Par ailleurs, « Stoner Night » se présente aussi avec deux pochettes différentes avec une identité que l’on retrouve sur les deux disques. Qui a travaillé sur le graphisme et avais-tu déjà une idée précise de ce que tu voulais ?

Le logo a été créé par le légendaire Bob Masse, qui a créé les affiches de ‘Fillmore West’ (légendaire salle de concert de San Francisco – NDR). Je l’avais rencontré à Calgary. Il m’avait donné une affiche avec ce logo lors d’un concert et je l’utilise depuis. Récemment quand nous avons commencé à concevoir les pochettes et les illustrations de « Stoner Night », j’ai rencontré une illustratrice et dessinatrice de bande dessinée, qui s’appelle Sonja Brocal. Elle a fait un travail extraordinaire sur les deux albums avec des illustrations inspirées des 70’s pour chaque chanson.

– Il y a aussi des tracklists différentes sur les deux albums. Et puis, tu reprends aussi Muddy Waters, Chester Burnett et Chuck Berry. Comment s’est porté ton choix sur ces morceaux ? Tu les joues peut-être déjà régulièrement sur scène ?

J’ai toujours aimé jouer les classiques du Blues et mes préférés sont sur cet album. Mais je n’exclue pas un jour de rendre hommage à tous ces merveilleux bluesmen et d’en faire une compilation. En décembre prochain, j’enregistrerai d’ailleurs un album live, où je jouerai plus de classiques, avec ma signature bien sûr, et également avec un invité spécial de Chicago.

– L’énergie et l’intensité sont toujours très présentes sur tes albums. Tu produis d’ailleurs « Stoner Night » qui sonne très live. Dans quelles conditions as-tu procédé pour ses nouveaux enregistrements ? J’imagine que tu as suivi chaque étape de la production…

Hormis les morceaux plus expérimentaux du ‘Volume 2’, nous avons enregistré tous ensemble en studio dans une grande salle en nous laissant porter par la musicalité du lieu. J’aime ne pas perdre de temps en studio, car les premières prises sont souvent les meilleures.

– On le sait, les bluesmen en particulier sont très attachés à leur instrument et notamment les guitaristes. Tu jours sur une emblématique Stratocaster. Est-ce que tu as toujours préféré les Fender, ou est-ce que tu t’es déjà essayé à d’autres marques et types de guitares auparavant ?

J’ai toujours joué sur des Stratocaster et des Telecaster. Mais dans le passé, j’ai aussi utilisé des Les Paul et des Les Paul Junior. Et l’une de mes préférées est la Yamaha Mike Stern, qui a un son incroyable.

– Enfin, on sait que tu tournes beaucoup. Quels sont les prochains grands rendez-vous que tu attends avec le plus d’impatience et est-ce que tu feras un passage par la France aussi ?

Ces deux prochaines années, nous allons jouer en Europe et en Amérique. Nous serions ravis de revenir en France où nous savons que nous avons beaucoup de fans. D’ailleurs, je garde de très bons souvenirs des concerts que nous avons donnés dans votre pays. Alors, à bientôt sur la route !

Retrouvez tout l’univers du VARGAS BLUES BAND sur le site de l’artiste : https://www.vargasbluesband.com/