Groupe de Black Metal moderne, ECR.LINF sort un premier album fracassant : « Belluaires ». Quatuor parisien actif sur la scène extrême depuis plusieurs années, ce nouveau projet promet d’en surprendre plus grâce à un son dense et une dynamique plutôt rare dans le genre. Issu de longues discussions et de réflexions sur la nature humaine, cet opus très voltairien ne va pas laisser pas grand-monde indifférent et risque même d’en bousculer plus d’un… et pourquoi pas de conquérir de nouveaux adeptes !
ECR.LINF
« Belluaires »
(My Kingdom Music/Source Atone Records)
Concevoir un disque n’a jamais été aussi simple, parvenir à se démarquer et à sortir du lot n’a jamais été aussi difficile. Si « Belluaires » est la première réalisation d’ECR.LINF (‘Ecrasons l’Infâme’ – NDR), ce n’est pas une première pour la sauvage équipe à l’œuvre. En effet, Krys (chant), Dorian (guitare), Rémi (batterie) et Jiu (basse) jouent, ou ont joué, dans différents groupes qui ont marqué les esprits ces dernières années : Demande A La Poussière, Hyrgal, Igorrr, Svart Crown, Jarell… Il s’agit donc d’une nouvelle étape dans leur histoire musicale. Les musiciens ont une belle maîtrise des codes du genre, ici le Black Metal, et savent jouer avec pour proposer une production moderne, à laquelle on ne s’attendait pas. Et la surprise n’en est que plus belle !
Dans un format classique de huit titres d’une durée presque égale (sauf les deux derniers), il ne s’agit pas là d’un blast-beat sans âme et de tremolo picking baveux sur un cri mal maîtrisé. Les morceaux d’ECR.LINF sont bien équilibrés, avec des passages plus posés et apaisés, mettant en lumière la violence et l’acharnement des moments extrêmes. De même, l’accordéon, les chœurs, les moments parlés ou chuchotés, les guitares sèches s’invitent intelligemment et apportent une belle nuance à un ensemble célébrant la crasse humaine. Saluons aussi la qualité du chant qui reste compréhensible. La progression est cohérente et ce n’est pas une surprise si le dernier titre, « Valetaille », résonne longuement entre les tympans, grâce à un refrain particulièrement efficace. « Feu Pâle » est l’outro, et la porte de sortie qui permet de relancer le CD.
C’est vraiment rafraîchissant de voir ECR.LINF marcher dans les pas de références qui ont réussi à casser les codes et moderniser cette musique. Regarde les Hommes Tomber, Blut Aus Nord, Great Old Ones viennent à l’esprit assez rapidement, et pour un premier effort, ça en jette ! Il n’est pas nécessaire d’être un inconditionnel du genre pour l’apprécier. Passé le mur du son, c’est vraiment un ensemble solide et subtil qui se laisse facilement écouter. Bref, il sera difficile de se lasser. Quant à savoir si on pourra les voir bientôt sur scène, la réponse de Dorian est sans appel : « nous préparons doucement le live, nous ne voulons pas nous précipiter afin de rendre hommage à cet album et proposer des performances mémorables ».
Activiste de longue date dans le monde du Metal underground, avec une grosse préférence pour les styles extrêmes, Denis Halleux a décidé d’unir ses forces à celles de Serge Manzato et Jean-François Galler pour créer un webstore unique en son genre : M9Music. Le (power) trio belge s’est spécialisé dans le Doom Metal, mais d’autres courants comme le Black et le Death y sont aussi représentés. Egalement à l’œuvre chez Metallian, Meuse Music Records et dans l’organisation de divers festivals, ce propagateur de l’extrême nous en dit un peu plus sur cette nouvelle entreprise. Entretien.
– Tout d’abord, quand et comment est née l’idée de la création du webstore M9Music ? Il y avait un manque de ce côté-là concernant le Metal extrême ?
L’idée est venue autant d’un constat que d’une envie personnelle. Comme tu le sais, je suis aussi fan de Doom… Et bien qu’il existe une multitude de mailorders et de labels spécialisés en Metal extrême, ils sont très souvent orientés Black ou Death, et ils ne proposent conséquemment que quelques disques de Doom ‘accessoires’. Par ailleurs, la guerre a privé les labels Doom russes de leur clientèle européenne (dont je faisais partie), et l’augmentation des frais de douane a rendu très onéreuses les commandes auprès de labels hors-UE comme Aesthetic Death, Weird Truth… J’ai eu envie d’y remédier, tout en croisant les effluves avec Meuse Music Records.
– Dans un certain sens, M9Music est le prolongement de Meuse Music Records. Le label ne pouvait pas gérer cette partie au sein de sa propre structure ?
Cela aurait été possible, bien entendu, mais des structures distinctes ont aussi des avantages, ne fut-ce que dans la gestion quotidienne. M9Music est le webshop officiel de Meuse Music Records, mais pas que. Et ce ‘pas que’ est important à l’heure actuelle. Travailler en parallèle favorise l’autonomie et permet à chacun de se concentrer sur sa partie, en prenant des risques financiers différemment.
– Le webstore met en avant la collaboration entre Meuse Music Records et Tragedy Productions. C’est une manière de peser un peu plus sur le secteur du Metal extrême, et/ou de proposer un catalogue plus conséquent également ?
En réalité, il n’y a pas d’ambition particulière derrière ces partenariats. On a beaucoup parlé de l’augmentation des coûts Bandcamp ou Discogs récemment, mais pour les petits labels, un problème assez similaire se pose avec la distribution. Pour avoir ses produits disponibles en disquaires (même si ceux-ci se raréfient également), cela signifie presser plus de copies, accepter les conditions tarifaires imposées par le distributeur, attendre parfois longtemps les relevés de vente et devoir investir dans des campagnes de promotion de plus en plus coûteuses. Tout cela réduit la marge évidemment, ampute les revenus des artistes et génère le risque de récupérer un stock important d’invendus, parfois abîmés… M9Music n’a pas la prétention de remplacer les distributeurs, mais plutôt de proposer une rémunération correcte pour les labels partenaires, avec un contrôle absolu des quantités, etc. Ce qui permet aussi aux artistes d’avoir une vision claire sur les ventes et une rémunération juste.
– Et il y a aussi ce partenariat avec le magazine Metallian, dont tu es aussi le rédacteur en chef. Au-delà de ce conflit d’intérêt flagrant, en quoi consiste cette belle collaboration ?
Il n’y a pas vraiment de conflit d’intérêt… (Sourire) Je travaille bénévolement pour Metallian depuis 2008. Je n’ai jamais perçu un centime du magazine pour des milliers d’heures de travail… A l’inverse, M9Music me permet de trouver des solutions de financement complémentaires pour le magazine, à une époque où il en a grand besoin, en proposant aux petites structures de trader leurs pubs, comme on le faisait dans les années 90 avec AblaZine. Et je te promets que je ne soudoie pas l’équipe quand je leur soumets des sorties Meuse Music Records à critiquer ou à travailler ! (Rires)
– Concrètement, qu’est-ce que l’on trouve chez M9 Music qu’on ne trouve pas ailleurs, car vous n’êtes pas les seuls dans la place ?
Comme évoqué plus tôt, j’essaie de construire un catalogue principalement Doom, et de rassembler/importer les sorties Doom de labels hors-UE ou de labels pour qui le style n’est pas une réelle priorité. Bien sûr, il y a aussi du Black, du Death, de la Dungeon Synth… Mais l’axe principal reste Doom. Mon but n’est pas l’utopie de tout avoir en stock, mais au moins de proposer aux doomers du choix et des prix justes.
– D’ailleurs, M9Music ne distribue que du Metal extrême. Il existait un vrai manque, ou alors c’est peut-être aussi l’envie de pratiquer une politique tarifaire différente des autres sites ?
La politique tarifaire, c’est certain ! A quelques rares exceptions, les albums en digipacks sont à 13€ et à 12€ en jewel cases, au maximum ! Pour l’orientation musicale, c’est une question de goût, mais aussi de logique : quel serait l’intérêt de vendre du Sabaton ou du Powerwolf que tu trouves facilement chez Napalm, Nuclear Blast, Amazon ou même Carrefour ? Sérieusement, qui aurait envie de tenter de concurrencer ces géants sur leur propre terrain ? Cela n’aurait aucun sens. Et puis, je crois qu’on ne peut vendre que ce qu’on aime et ce en quoi on croit. La scène underground a toujours été ma motivation, et j’ai toujours fait de mon mieux pour la soutenir, que ce soit en écrivant (AblaZine, Metallian), en organisant (AZ Live ASBL) ou en produisant et distribuant.
– Le webstore propose un large choix de CD, vinyles, tapes, merchandising, ainsi que de l’occasion et pour mon plus grand plaisir, rien en numérique. Alors que c’est le support qui domine le marché, pourquoi vous en priver ? A moins que le public de Metal extrême ne préfère surtout le physique dans sa majorité ?
On pourrait disserter des pages sur l’importance de l’objet, de l’album physique, de l’appréhension complète de tout un travail artistique, jusqu’à sa compréhension et son appréciation. Je pense que les fans de Metal restent attachés à tout cela et ils ont envie de soutenir les artistes, de savoir que leur travail n’est pas vain. C’est dans cette logique-là que je vais en tout cas, on verra si j’ai raison.
– Un petit mot aussi que les nombreuses promos du site. De quel type d’albums s’agit-il ? Des pièces devenues rares ou en fin de stock, car l’idée est vraiment bonne et le choix important ?
Il y a de tout… il y a des fins de stock, des surplus de stocks, des doublons de ma propre collection… Essentiellement des disques qui ne rentreront plus en stock une fois écoulés, parce qu’épuisés définitivement, ou un peu hors scope.
– Enfin, comment envisagez-vous le développement du webstore ? Peut-être dans la production de groupes ou de concerts, voire peut-être même une ouverture vers d’autres styles ?
La production restera aux mains de Meuse Music Records, c’est sa raison d’être, et avec Jean-François et Serge, on essaie de le faire bien. Pour les concerts et festivals, AZ Live ASBL reste pour l’instant le vecteur avec une cinquième édition du ‘Haunting The Castle’ (festival Doom) prévue le 17 février 2024, et une seconde édition du ‘Dark Dungeon Festival’ (festival de Dungeon Synth) prévue les 12 et 13 avril 2024. A chacun son métier dit l’adage… Le développement se fera naturellement, en étoffant le catalogue et en proposant toujours plus de choix aux amateurs de musique sombre…
Pour en découvrir d’avantage, une petite visite du site s’impose : www.m9music.eu
Avec 7.000 livres vendus en l’espace de quatre ans, Emilien Nohaïc est parvenu à installer LES EDITIONS DES FLAMMES NOIRES parmi les maisons incontournables de la scène Metal et plus particulièrement extrême en France. Entre traductions de livres biographiques d’artistes incontournables et récits consacrés aux scènes nationales comme celles du Black Metal finlandais, d’Arménie et de France, le Breton a également édité des romans et de beaux livres plus graphiques comme ceux de Jeff Grimal. Si le domaine est réservé, la palette n’en est pas moins large ! Moments choisis d’une longue et passionnante conversation avec un vrai passionné, qui nous en dit plus sur son travail au sein de cette entreprise en plein essor.
– Parce que tout le monde ne connait pas encore LES EDITIONS DES FLAMMES NOIRES, j’aimerais que tu nous dises quand est-ce que tu as créé la société, pour quelles raisons et combien de livres ont été publiés à ce jour ?
L’entreprise a été crée fin 2019 et le premier livre consacré à Rotting Christ est sorti en mars 2020. On vient de sortir notre quinzième livre autour de la scène Black Metal finlandaise. Nous faisons essentiellement des ouvrages autour du Metal et du Metal extrême. Cela peut être de la biographie, comme pour Behemoth très récemment, ou alors plus documentaire sur des scènes françaises et étrangères et également des beaux livres comme avec Jeff Grimal. D’ailleurs, on va en faire d’autres à l’avenir.
– Pourquoi as-tu jeté ton dévolu sur le Metal extrême, qui est plutôt un style de niche ? C’est un registre que tu affectionnes tout particulièrement, un univers qui te fascine ou c’est plus simplement pour combler un manque ?
Un peu tout ça finalement. J’écoute essentiellement et uniquement du Metal extrême comme le Black Metal et le Death Old School. Ce sont vraiment des styles que j’affectionne depuis de nombreuses années. Par ailleurs, je faisais déjà des traductions en 2015-2016 pour ‘Camion Blanc’, une autre maison d’édition, car j’avais beaucoup de temps libre à l’époque en étant prof de français à la FAC aux Etats-Unis. Et c’était aussi un désir personnel de développer des acquis dans le domaine de la traduction. En 2019, j’ai proposé le projet sur Rotting Christ, mais il y avait d’autres livres en cours et il aurait fallu attendre plusieurs années. Comme il y avait d’autres ouvrages dans le même style sur d’autres groupes du genre, je me suis dit que ce serait dommage qu’il ne sorte pas. Ça a été un déclic pour me pencher sur le travail d’entrepreneur, puisque l’Education Nationale ne me proposait rien d’intéressant. Et je me suis lancé très rapidement fin 2019. Je voulais aussi aller voir ce qui se faisait ailleurs, en dehors des groupes et des musiques plus grand public.
– Au départ, ton intention était d’abord de faire découvrir une musique très peu médiatisée, ou plutôt de faire découvrir de nouveaux auteurs, de belles plumes ?
Ni l’un, ni l’autre, figure-toi ! Je voulais tout d’abord faire des bouquins en français sur des groupes, dont on est tous fans dans le Metal extrême : Paradise Lost, Moonspell, Morbid Angel, etc… Ils ont tous une grosse communauté de fans dont beaucoup ne parlent pas anglais, ou n’ont pas envie de lire en anglais. Je voulais leur proposer ces livres-là et à des prix tout à fait corrects. Et le fait que cette musique ne soit pas très médiatisée n’est pas forcément un souci. Dans le Metal extrême, il y a des moyens de communication très efficaces à travers les réseaux sociaux, les webzines et les magazines, dont ‘Metallian’ qui m’a toujours soutenu. Donc, on n’a pas forcément besoin des gros médias nationaux.
– Quels sont tes critères pour décider d’éditer un livre et comment cela se passe-t-il ? Tu reçois un manuscrit ou une idée que tu peux éventuellement développer avec l’auteur ?
Ça, c’est valable uniquement pour les auteurs francophones. Pour les traductions, il faut que le bouquin me plaise, le groupe est assez secondaire finalement. Mais pour le français, il faut d’abord que la relation se passe bien avec l’auteur, puisque je suis seul à gérer tout ça. Il faut aussi qu’il y ait un bon accompagnement, c’est-à-dire que je puisse les aider et les guider et surtout que le projet m’intéresse. Par exemple, si on prend Pierre Avril qui travaille sur une série sur le Black Metal, son projet était très intéressant, notamment sur sa dimension. En revanche, quand il est arrivé, il m’a proposé 800 pages illisibles, qui partaient dans tous les sens. Je lui ai donc dit que je ne pouvais pas faire ce genre de livre, parce que c’était tout simplement imbuvable. Il a bien compris les choses. Je lui ai proposé de faire cinq chapitres répartis sur cinq livres différents. Et plutôt que d’avoir les pochettes d’albums, les mêmes logos, les mêmes photos présentes partout sur Internet, je lui ai proposé que ce soit un même artiste qui illustre chaque livre en intégralité. Et Maxime Taccardi a eu la gentillesse de travailler avec nous pour le premier et il a réalisé une quarantaine d’illustrations. Pour le deuxième, Von Kowen a interprété à sa manière les classiques gothiques de Gustave Doré. Et ça donne des livres qui sont concentrés sur des sujets très précis du Black Metal. L’idée est d’avoir un seul artiste qui va illustrer l’un des livres, ce qui apporte une cohérence et une âme à chaque fois. C’est très intéressant, car on a un travail différent sur les livres. Finalement, pour tous les livres, le travail est particulier et se distingue des autres.
– Récemment, tu as sorti la biographie de Behemoth, qui est donc une traduction. Dans ce cas-là, il y a des droits d’auteurs et j’imagine qu’il faut les obtenir ou peut-être même les acheter ? Comment cela se négoce-t-il ?
Effectivement, c’est un milieu très mercantile. Tout est monnayable. Donc à partir du moment où tu as les budgets, tu peux avoir globalement qui tu veux. Sans entrer dans les détails, pour Behemoth, c’était un véritable plaisir et un honneur de pouvoir avoir un groupe comme ça. Ils ont commencé très, très bas et aujourd’hui, ils sont au sommet de leur art et en tête d’affiche de tous les gros festivals. Ils seront d’ailleurs à la Philharmonie à Paris le 4 avril 2024. C’est un groupe qui est véritablement impressionnant. Qu’on n’aime pas leur musique, on peut le comprendre, mais leur parcours est exceptionnel. Pour la traduction, il a donc fallu acheter les droits, et c’est un budget ! Je n’ai pas le droit justement de donner les montants, car les négociations ont été compliquées. Et ce n’est pas Behemoth en tant que tel, ce sont les détenteurs des droits sur les livres. Dans certains cas, les groupes ne touchent pas forcément d’argent sur les ventes des livres, car le texte ne leur appartient pas. Et puis, ce n’est même pas non plus forcément l’auteur qui détient les droits. Ça peut être une maison d’édition, des agents… il y a des cas qui peuvent être assez complexes. Je n’ai pas traité avec Behemoth en tant que personne morale en direct, mais avec leur label américain ‘Metal Blade Records’, qui les produit depuis très longtemps.
– LES EDITIONS DES FLAMMES NOIRES publient les livres d’un ou de plusieurs auteurs, comme pour « Furie Arménienne », par exemple. Est-ce qu’il t’est déjà arrivé d’être à l’origine d’un projet, d’être le commanditaire en quelque sorte d’un ouvrage ?
Non, sauf quand je fais les démarches pour avoir les droits sur un livre dans une autre langue. Je fais part de mon intérêt et je fais une proposition avec aussi un pourcentage sur les ventes derrière. Ensuite, on négocie. Mais je ne fais pas d’appel à projet à proprement parler. J’ai déjà beaucoup de travail et de publications à sortir, et je n’ai pas encore le besoin d’en arriver là. De temps en temps, j’ai aussi des propositions intéressantes sur lesquelles je m’appuie.
– En plus de l’édition, il t’arrive aussi d’être le distributeur d’un livre que tu n’as pas publié, comme c’est le cas pour « The Stoner Freaks Anthology ». On fait appel à toi pour ton réseau, ou c’est surtout pour développer ton activité ?
C’est un peu des deux. C’est vrai aussi qu’entre « The Stoner Freaks Anthology » et le Black Metal, plusieurs mondes les séparent ! En fait, les auteurs avaient lancé le projet avec un crowdfunding, qui avait cartonné et qui leur a permis de lancer l’impression de 750 exemplaires sur le premier volume. Quelques mois plus tard et parce qu’il y avait une grosse demande, ils m’ont proposé de reprendre le projet, de le publier sous le nom des FLAMMES NOIRES, mais sans toucher au texte et au prix. On a donc dû trouver des compromis avec l’imprimeur pour que ce soit viable avec un volume de livres assez conséquent pour que ce soit rentable aussi. On en a fait 1.000 exemplaires, qui sont partis sur un an et demi/deux ans. Il s’est donc vendu au total à plus de 1.700 exemplaires très rapidement. Sur le deuxième volume, ils ne voulaient pas gérer la logistique des envois et la réception, ce que je comprends bien. Pour l’anecdote, quand le premier volume est arrivé chez moi, cela représentait trois tonnes de livres ! C’est conséquent quand tu vis en appartement ! Et quand tu vois que tout est parti, c’est quelque chose qui fait vraiment très plaisir d’autant qu’il s’est passé la même chose sur le deuxième !
– L’été vient de s’achever avec de nombreux festivals Metal sur lesquels tu étais régulièrement en tant qu’exposant. C’est important d’aller au contact des fans de Metal et de pouvoir directement leur parler des livres des EDITIONS DES FLAMMES NOIRES ?
Complètement, parce qu’aujourd’hui sur les réseaux sociaux et même sur Internet plus largement, c’est difficile d’émerger et de se faire une petite place. On est noyé dans la masse et rien de concret ne se produit derrière. Et surtout, je ne vends que des objets physiques et c’est donc important d’avoir une relation physique avec les gens. Il faut qu’ils puissent le prendre dans les mains, le regarder, le feuilleter et toujours sans obligation d’achat. Les festivals sont nécessaires pour aller vers les gens, car ils ne viendront pas forcément vers toi. Il y a un choix devenu très important et très différent, et qui va bien au-delà des livres avec notamment du merchandising en tout genre, les vinyles et même les cassettes, par exemple.
– Tu travailles essentiellement en faisant de la VPC et tu es donc présent sur les festivals, ainsi que dans quelques librairies. Quels sont les principaux obstacles que tu rencontres au niveau de la distribution ?
Une fois encore, c’est un peu plus compliqué que ça en a l’air. Au début, tout passait par moi et le site internet (lien en bas d’interview – NDR), où il y a l’ensemble du catalogue avec une grande variété d’ouvrages comme des romans également. Les principaux obstacles viennent du fait que l’auteur soit connu, ou pas, et que les ventes aient un volume suffisant, parce que cela coûte très cher. Pour le moment, je n’ai pas encore atteint le niveau de vente nécessaire ou de catalogue pour que ce soit intéressant pour les distribuer un peu partout. En 2024, il va y avoir du changement, car j’ai signé les contrats de distribution des livres avec la société Geodif, qui appartient à Gallimard (groupe Eyrolles – NDR). Et ça fait vraiment plaisir ! Ce sont donc eux qui vont gérer les stocks, assurer de la promotion des livres et de leur mise à disposition dans les librairies indépendantes, ainsi que les FNAC, Cultura, les points Leclerc, etc… C’est une super évolution et qui s’est faite en très peu de temps.
– Aujourd’hui, LES EDITIONS DES FLAMMES NOIRES sont focalisées sur les musiques extrêmes. Est-ce que tu envisages à l’avenir de t’ouvrir à d’autres registres, voire d’éditer des ouvrages d’un tout autre genre littéraire ?
Oui, non et pas du tout, en fait ! (Rires) Ma ligne éditoriale est très simple : il faut que ça parle de Metal et de Metal extrême. Si tu me proposes un bouquin sur Led Zeppelin, je te dirai d’emblée que je ne suis pas intéressé, car ça ne rentre pas dans ma ligne éditoriale justement. Ce n’est pas que je n’aime pas le groupe, c’est tout simplement que ce n’est pas ce que je veux. Et il y a d’autres maisons qui font ça très bien et qui le feront mieux que moi. Si quelqu’un vient avec un projet sur Nightwish, par exemple, qui est un groupe un peu plus grand public, et que c’est bien fait, que c’est intéressant, que ça se lit bien et qu’il y a plein de belles photos : je serai partant, alors que Nightwish n’est pas un groupe que j’apprécie. Il faut que ça reste dans cette optique-là. Le plus important est la pertinence par rapport à la ligne que je me suis fixée.
– Il y a une chose de remarquable avec les livres que tu édites, c’est l’importance et le soin apportés à la mise en page et surtout à l’iconographie. Tu les places au même niveau que l’écriture dans le sens où un bon texte se doit d’être accompagné de visuels de qualité ?
Il faut que je prenne du plaisir avec mes bouquins et si je n’en prends pas, ça ne sert à rien. C’est aussi simple que ça. Les images et les photos permettent d’illustrer un texte et de prendre des respirations aussi. Si tu prends le livre sur Behemoth, l’image et le texte sont placés au même niveau, car ils sont complémentaires. L’image raconte aussi beaucoup de choses, qui ne sont pas forcément perceptibles dans le texte. C’est super de pouvoir visualiser ce que tu lis. Mes livres sont loin d’être parfaits, car il y a toujours des petites coquilles qui traînent, une mise en page qui peut être un peu trop tassée parfois ou des choix qui ne sont pas toujours judicieux. On apprend et on s’améliore au fur et à mesure. On apprend aussi de ses erreurs, tout simplement pour grandir. Je n’avais aucune expérience en commençant et j’ai appris en faisant les choses, en étant attentif aux détails. Pour les visuels, il faut toujours trouver le juste milieu, car il faut que ça respire. Et puis, étant aussi amateur de livre et de cette musique, j’ai envie de m’y retrouver et d’avoir envie de le lire. Cela nécessite également une prise de distance avec le temps, pour regarder les choses dans leur globalité. Et puis, chaque livre a sa propre identité et c’est exactement ce qui me plait. La recherche d’équilibre est toujours centrale finalement. Et cela n’empêche d’ailleurs absolument pas d’aborder un groupe sous des angles très différents, car il y a tout un monde derrière et autour des musiciens.
– Depuis la création de la maison d’édition, t’est-il déjà arrivé de refuser un manuscrit ou un projet et pour quelles raisons ?
Oui, j’en refuse régulièrement, car cela ne correspond, une fois encore, pas à la ligne éditoriale. On me propose du polar, de la science-fiction ou autre et je refuse, car cela ne m’intéresse pas. Et puis, il y a aussi le côté affectif. Il faut que je me sente en confiance avec l’auteur. C’est un bon point de départ, parce qu’on va s’engager sur plusieurs années et si le courant ne passe pas, ça peut vite devenir compliqué. Après, il y a forcément des moments de crispation, d’incompréhension et de malentendu. C’est normal, puisque qu’on parle de relations humaines. Il faut ensuite que ce soit bien pensé, viable et pertinent. Le parcours de l’auteur est aussi très important, car il apporte un témoignage sur quelque chose qu’il a vécu et/ou qu’il connait très bien. Ecrire un livre demande énormément de travail sur la longueur et beaucoup jettent aussi l’éponge. Des idées, on en a tous, mais les concrétiser est plus compliqué, car ça demande de la pugnacité, de l’engagement et de l’acharnement. Et puis, il faut aussi être en capacité de se voir dire non à de nombreuses reprises pour des raisons qui ne sont d’ailleurs pas toujours légitimes. Il faut savoir faire des choix et ensuite les assumer. Ce que j’ai vraiment appris, c’est que rien n’est jamais simple…. Et comme j’aime bien me faire chier, je suis plutôt heureux ! (Rires)
– Enfin, est-ce que lorsqu’on est éditeur, on a des désirs d’écriture ?
Au début, peut-être un petit peu, mais aujourd’hui pas du tout. Et puis, je n’ai pas le temps. Plus tard sans doute, j’aurais envie de me faire plaisir avec des groupes dont on ne parle peut-être pas assez. Pour le moment, je suis débordé et je n’ai pas la tête pour ça. J’ai déjà fait beaucoup de chroniques de livres, car j’ai tenu un blog pendant un moment, mais très éloigné du Metal. D’ailleurs, je préfère parler de présentation plutôt que de chroniques, et il s’agissait essentiellement de littérature américaine.
En jouant sur le contraste des émotions avec une telle dextérité et beaucoup d’imagination, APOTHEUS passé le cap des 15 ans d’existence avec panache. Avec un Metal Progressif balayant un spectre très large, les Lusitaniens évoluent dans un cadre Sci-Fi, où ils multiplient les expérimentations entre climats cinématiques et fulgurances intenses et furieuses, offrant à « Ergo Atlas » un relief étonnant.
APOTHEUS
« Ergo Atlas »
(Black Lion Records)
Depuis le début de l’année, APOTHEUS distille au compte-goutte les morceaux de son nouvel album et les plus curieux ont déjà pu découvrir « Shape And Geometry », « The Unification Project », « Firewall » et « Cogito ». Si ces quatre singles donnent une bonne idée et un avant-goût copieux d’« Ergo Atlas », ce troisième opus des Portugais mérite d’être écouté dans son intégralité. Et puisqu’il s’agit de la suite de « The Far Star », un petit détour par son prédécesseur s’impose donc.
Inspiré par l’œuvre de l’écrivain de science-fiction Isaac Asimov, APOTHEUS propose un Metal Progressif où il joue sur les atmosphères, tout en assénant de violents passages souvent growlés. Cependant, le quatuor met aussi en exergue des titres aux mélodies subtiles et accrocheuses. C’est donc dans un univers très futuriste que nous propulse le combo et sa musique est parfaitement au diapason des ambiances explorées. « Ergo Atlas » devient rapidement immersif.
Sur une production moderne et massive, APOTHEUS se montre très aérien et développe des thèmes techniques et exigeants, avant de s’engouffrer l’instant suivant dans des envolées fracassantes et très Groove Metal. Entre un registre accessible et harmonieux et des crescendos flirtant avec un style extrême, « Ergo Atlas » est un disque plein de surprises et très maîtrisé par des musiciens créatifs et dynamiques (« March Of Redemption », « Re-Union », « Re-Genesis »). Transcendant.
Après 34 ans au service du Metal extrême hexagonal, MISANTHROPE n’en finit pas de choyer ses fans. En allant piocher dans ses premiers pas musicaux et dans les albums s’étalant sur la période allant de « Hater Of Mankind » à « Visionnaire », le combo nous plonge dans une certaine nostalgie, pourtant vite oubliée grâce à un travail de réécriture, de réarrangement et de production remarquable.
MISANTHROPE
« Les Déclinistes »
(Holy Records)
Offrir un simple Best Of à des fans fidèles depuis 34 ans maintenant ? Pas vraiment le genre de MISANTHROPE ! Non, le groupe a vu les choses en grand et s’est attelé à un long travail durant sept années avec un objectif bien précis en tête et surtout très attendu par ses admirateurs. S.A.S. de l’Argilière et ses compagnons ont décidé de jeter un œil dans le rétroviseur et les bâtisseurs se sont donc mis à l’ouvrage.
Avec Frédéric Gervais aux manettes pour le mix et le master, le quatuor a décidé de réarranger et de réenregistrer une grande partie de son répertoire devenue des classiques. Entièrement chantés en français pour la première fois pour certains titres, MISANTHROPE revisite avec une production très actuelle ses premières démos et parcourt ses albums parus entre 1990 et 1997 avec un regard neuf.
Comprenant 12 morceaux (et cinq inédits instrumentaux en bonus), les vétérans du Metal français ont enregistré « Les Déclinistes » de 2015 à 2021 entre tournées et sorties de disques pour un résultat vraiment bluffant. Avant-gardiste et Doom, l’esprit des débuts est intact et dégage la puissance qu’il manquait peut-être sur les versions originales. MISANTHROPE y a remédié avec toute l’expérience acquise depuis et la mission est accomplie.
Raconter une histoire sur fond de Metal Progressif instrumental est le pari un peu fou et surtout la démarche entreprise avec talent par ETRANGE. Le duo français met toute son inspiration et sa technicité sur un deuxième album, « Enigme », dont les contrastes sont saisissants et le relief étonnant. Le voyage dans l’espace suit son cours.
ETRANGE
« Enigme »
(Independant)
Alors que le site n’existait pas encore, je me souviens très bien avoir écrit quelques lignes sur la page Rock’n Force du réseau social bleu en 2019 lors de la sortie du premier album éponyme d’ETRANGE. L’occasion était donc trop belle pour m’y replonger avant d’écouter le petit dernier, « Enigme », qui se présente comme une belle suite.
Fondé en 2017, le duo instrumental français est le fruit du travail en commun de Velhon (claviers, programmations, mix/master) et de Deadale (guitares, basse, illustrations), qui sont parvenus à créer un univers très personnel à travers une musique qui l’est tout autant. ETRANGE évolue dans un Metal progressif Cinématique très immersif et vigoureux.
Sur des morceaux assez longs allant de sept à près de dix minutes, « Enigme » propose un voyage spatial tout en mouvement en parcourant un large spectre Metal. ETRANGE pose un décor de science-fiction sur fond de Heavy et de Progressif avec des fulgurances extrêmes, qui offrent des atmosphères aux aspects originaux et très travaillés. Une belle réalisation.
Le magazine METALLIAN, référence du Metal dans l’hexagone, fête cette année ses 30 ans ! Et pour célébrer dignement son engagement sans faille et sa longévité, une belle Birthday Party s’imposait. Programmée sur trois jours les 19, 20 et 21 novembre prochain (avec une rallonge le 22 !), l’équipe a mis les petits plats dans les grands pour vous concocter une affiche plus que réjouissante !
Pour commencer, un petit trailer des 30 ans du magazine avant de vous dévoiler la superbe programmation de l’événement qui se déroulera au Centre Culturel L’Ilyade à Seyssinet, près de Grenoble, siège de METALLIAN :
Et maintenant, le menu :
Vendredi 19/11
All Star Jam avec Christian ‘Zouille’ Augustin de Sortilège avec Nightmare, Burning Witches et Secret Sphere.
Samedi 20/11
Candlemass, Arkona, Loudblast, Benighted, Nightfall, Seth, Deathcode Society, Daemonium (concert unique !), Seide et That Old Black Magic (reformation pour ce concert !).
Dimanche 21/11
Coroner, Grave Digger, Holy Moses, Artillery, Misanthrope, Ellipsis, Deathless Legacy (premier concert en France !) et Sacral Night.
+ DATE SUPPLÉMENTAIRE à LYON le lundi 22/11 : Lyon au Transbordeur
Meshuggah et Zeal & Ardor.
Parce qu’on ne peut envisager que la METALLIAN BIRTHDAY PARTY ne puisse se dérouler dans la joie, la bonne humeur, les décibels et la sueur, n’hésitez pas à réserver dès à présent votre place !
S’affranchir de tous les registres, se les approprier pour en extraire l’essentiel à travers une substantielle tessiture Metal Extreme, c’est le credo de MISANTHROPE depuis trois décennies maintenant. Le mois dernier, le quatuor a sorti « Bâtisseur de Cathédrales : Les Fissures de l’Edifice », savoureux intermède musical, inédit et en tirage très limité. Entretien avec Philippe Courtois (chanteur), aka S.A.S de l’Argilière.
– Philippe, on s’est quitté il y a trois décennies quand MISANTHROPE sortait ses premières démos, et on se retrouve ! En quelques mots, que s’est-il passé tout ce temps (en dehors du fait que j’ai dormi !) ?
Heureux d’enfin te relire 30 ans plus tard, c’est magique quand même toutes ces retrouvailles. Ces 30 dernières années, il semblerait que nous ayons été hyperactifs… Hé, hé, hé ! Fin 1988, j’ai fondé MISANTHROPE avec mes copains du quartier “Chanzy” de Livry Gargan (93). Après deux démos fin 1990, nous avons été repérés par Infest Records pour qui nous avons enregistré notre Split CD « Hater of Mankind » en mars 1991…
Une quatrième démo a été enregistrée dans un très gros studio, le Delta Studio Vilster en Allemagne, en juin 1992. En janvier 1993, tout s’est stabilisé et j’ai rencontré le bassiste-compositeur-arrangeur Jean-Jacques Moréac. Nous avons enregistré notre premier album « Variation on Inductive Theories » en avril 1993 pour Holy Records, avec qui nous travaillons encore aujourd’hui. En avril 2000, nous sommes arrivés au firmament de notre carrière avec notre cinquième album « Misanthrope Immortel ». Face à ce succès ingérable, le groupe a explosé. Il a été rapidement été rééquilibré par l’arrivée du fantastique Gaël Féret en 2001 à la batterie, et de l’extraordinaire Anthony Scemama en 2002 aux guitares. Et nous venons de réaliser la 15ème sortie du groupe : « Bâtisseur de Cathédrales : Les Fissures de l’Edifice » le mois dernier. Pour notre part, nous n’avons pas beaucoup dormi.
– « Bâtisseur de Cathédrales » vient de sortir. Peux-tu nous en dire plus, car l’édition est assez particulière et inédite…
C’est une édition ultra limitée avec 666 CDs et 300 LPs + une version digitale disponible uniquement auprès du groupe et qui contient de nombreux bonus. Nous voulions vous faire plaisir, et nous faire plaisir par la même occasion. Cet intermède éphémère de MISANTHROPE comporte aussi quatre compositions du groupe et a une durée de 37 minutes. C’est plus qu’un EP et moins qu’un album… c’est un très séduisant intervalle entre deux œuvres.
– Vous avez radicalement élargi votre registre en quelques années. Aujourd’hui, MISANTHROPE s’aventure dans tous les registres du Metal Extrême (du Doom au Death). Une belle évolution…
Oui c’est vrai. Je déteste les chapelles, c’est tellement stérile de se priver d’excellentes musiques sous prétexte que tu es Death Metal, Black, Doom ou Thrasheurs… Nous voulons être tout cela en même temps en y rajoutant même un côté Orchestral, avant-gardiste et Heavy. Nous aimons la musique pour la musique, les querelles de style ne m’intéressent absolument pas. J’enchaine The Cure, Basil Poledouris, Def Leppard, Bérurier Noir et Darkthrone sans problème. Les médias parlent beaucoup de Prog Extreme Metal ces dernières années pour définir notre musique, je suis plus sur la terminologie avant-garde, mais tout cela n’est que du verbiage inutile. Il n’y a que la musique qui compte. Notre Metal est Extreme, non conventionnel, non commercial, très musicale avec des textes fournis et libres de ton. A vous de vous faire votre propre opinion.
– Sur « Bâtisseur de Cathédrales », vous rendez hommage à ADX, Motörhead et même à Mylène Farmer ! Tout va bien ?
Oui tout va bien, ce n’était pas une erreur. Personnellement j’adore Mylène, ce qui n’est pas vraiment le cas de mes trois camarades ! 😉 Son coté Gothic, sexy, éthérée, morbide, sa sensibilité et la justesse de ses textes m’ont toujours touché. Mylène Farmer et son équipe éditrice ont écouté et validé cette reprise. Je suis aux anges.
Pour Motörhead, nous avons choisi trois morceaux que personne ne pouvait attendre. Nous avons voulu éviter les incontournables « Ace of Spades », « Overkill » ou « Killed by Death » pour proposer des reprises personnelles de morceaux plus rares. Nous avons évidemment gardé la structure et les paroles de ces chansons (sauf pour « Sacrifice » de Motörhead qui est adaptée en Français), tout en y insufflant la pâte et notre style, que forme l’union de ses quatre musiciens. Car MISANTHROPE c’est bien ça, l’union de nous quatre et rien d’autre.
– Si mes souvenirs sont bons, tu chantais en anglais au départ. Comment s’est faite cette transition au français ? Ça sonne carrément bien…
Merci, merci ! Oui, j’adore chanter en Français et effectivement pour beaucoup de personnes, ce chant donne de l’intensité et encore plus de personnalité à MISANTHROPE. Le chant en langue autre que ‘Anglaise’ m’a toujours agréablement surpris : le Black Metal en Norvégien, Sólstafir en Islandais, Opeth en Suédois, Rammstein en Allemand, Barón Rojo en Espagnol, Anthem en Japonais… Pour les non francophones, cela laisse un champ de liberté et d’imagination plus intense. Le succès à l’international du groupe Alcest en est une preuve vivante.
Oui de 1988 à 1992, je chantais exclusivement en Anglais mais il y avait déjà une ligne en Français sur le Split CD, et quelques lignes en latin sur notre 4ème démo de juin 1992, « Deus Puerilis ». Dès 1993, il y a deux titres complets en Français sur notre premier album « Variation on Inductive Theories ». J’aime jouer avec les langages et les mots. Aujourd’hui encore, j’approfondis ce sujet avec intensité.
Attention, je ne suis pas contre le chant Anglais dans MISANTHROPE et il y a de très nombreux titres en deux versions. Notre second groupe, ARGILE, est quant à lui uniquement en Anglais.
– Vous êtes en autoproduction avec plus de 30 ans de carrière. J’imagine que le choix n’est pas anodin…
Nous sommes sur Holy Records depuis 27 ans et nous lui sommes fidèles. Holy Records et MISANTHROPE sont complémentaires. Nous avons juste changé la façon de communiquer et de présenter la musique du groupe. C’est du ‘DIY’ avec une structure éditrice. Mais oui, il est temps pour nous de rendre la musique de MISANTHROPE aux fans car eux seuls, ces formidables mélomanes, peuvent comprendre les besoins et la réalité de la situation ‘économique’ d’un groupe aussi confidentiel que le nôtre dans le paysage musical mondial.
– Pour conclure, on a fêté les trente ans de MISANTHROPE. Quel sera le prochain anniversaire ?
Nous voulons réaliser encore quelques projets musicaux avec MISANTHROPE et ARGILE. Comme le dit Jean-Jacques Moréac, il faut s’avoir s’arrêter à un moment. Ce qui est certain, c’est que nous n’enregistrerons pas l’album de trop. Nous avons une vision relativement claire de la destinée de MISANTHROPE. Nous ne décevrons personne…