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Blues Country R&B Soul

Marcus King Band : the great South

Détaché de l’atmosphère très intimiste et assez sombre de son précédent effort solo, « Moon Swings », le natif de Caroline du Sud retrouve la lumière et remet surtout sur les rails le génial MARCUS KING BAND. Si certains tourments demeurent, « Darling Blue » présente une nouvelle dynamique, toujours très sudiste, mais plus festive où sa guitare côtoie les violons, les banjos et les cuivres dans une belle harmonie. Directes et organiques, ces nouvelles chansons sont d’une authenticité absolue et guidées par une voix touchante et sincère. Il n’en finit plus de surprendre et aussi de faire des choix artistiques audacieux.      

MARCUS KING BAND

« Darling Blue »

(American Recordings/Republic Records/Universal)

Il semblerait que l’empreinte de Nashville, où il est installé depuis un moment maintenant, ait une emprise grandissante sur le jeu et surtout les envies musicales de MARCUS KING. On n’en voudra pourtant pas au bluesman de s’imprégner de son environnement direct, puisque cela le mène dans des contrées où il excelle également. Preuve en est que le jeune homme, qui approche la trentaine, est d’une rare polyvalence et a aussi une faculté d’adaptation hors-norme, car « Darling Blue », s’il reste très bluesy, avance dans une lignée Honky Tonk marquée par la Country. D’ailleurs, les guest présents ici sont directement issus du sérail, ou très proches. 

Il faut aussi souligner que « Darling Blue » marque le grand retour du MARCUS KING BAND, que le guitariste avait mis en sommeil depuis 2016 après un excellent album éponyme. Après presque dix ans passés an solo, et qui lui ont tout de même valu ses plus grandes récompenses, il retrouve des musiciens qu’il n’a jamais vraiment quittés et qui restent un socle inamovible de sa musique, quand bien même elle a pu prendre des chemins de traverse souvent surprenants. Pour ce quatrième opus en groupe, la tonalité est donc plus Country-Rock et Blues avec aussi quelques douceurs R&B très touchantes qui surgissent toujours (« Carolina Honey », « No Room For Blue »).

L’entame de « Darling Blue » est très marquée de Country et de Honky Tong, avant de revenir à des chansons plus imprégnées de Blues et de Soul. Il faut dire que les présences de Jamey Johnson et Kaitlin Butts (« Here Today »), puis Jesse Welles (« Somebody Else ») y sont pour beaucoup. On retrouve d’ailleurs aussi Billy Strings plus tard sur une version ‘Nashville’ de « Dirt ». Sur « The Shadows », Noah Cyrus, fille de et sœur de, qui vient poser un beau duo très aérien entouré d’un MARCUS KING BAND rayonnant. Décidemment plein de surprises, ce nouvel opus montre à quel point l’univers du musicien est d’une grande richesse et qu’il ne cesse de se renouveler brillamment.

Retrouvez les chroniques de ces derniers albums précédents :

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R&B Soul

Ina Forsman : northern diva

Parvenir à réaliser un disque aussi prégnant et impressionnant de justesse et de feeling est quelque chose d’assez unique. Déchirante, entraînante ou d’une douceur envoûtante, INA FORSMAN déploie un artifice de sensualité et de pulsations émotionnelles. C’est cette sincérité qui émane avec évidence sur tout au long de « After Dark Hour », dans une effervescence Gospel, funky et Soul. Libres et intimes, les morceaux s’enchaînent avec une même puissance immersive et une tendresse, qui réinventent le style dans un élan positif et très personnel.

INA FORSMAN

« After Dark Hour »

(Jazzhaus Records)

Pour son quatrième album, INA FORSMAN, chanteuse finlandaise installée à Berlin, remet au niveau une Soul contemporaine, actuellement portée par une tripotée d’artistes aussi transparents que leur culture musicale frôle le néant. A la fois très roots dans son approche et d’une douceur enveloppante, c’est pourtant dans un studio souterrain qu’elle s’est enfermée avec son groupe pour élaborer ce « After Dark Hour », né d’une période de doute artistique liée au Covid. D’ailleurs, la chanteuse parle même d’un ‘Blues post-pandémique’. Pourtant, si sa Soul joue sur les émotions, bien sûr, aucune mélancolie ne s’en échappe.  

Sous la houlette de son producteur et ami de longue date Michael Bleu, qui réalise ici un véritable travail d’orfèvre, INA FORSMAN continue son introspection à travers une Soul très 50’s/60’s aux saveurs R&B et aux sonorités qui rappellent avec délectation les belles heures de la Motown. Délicieusement rétro dans l’écriture, elle s’inscrit pourtant dans son temps grâce à un univers musical contemporain aux évocations vintage. Un écrin de douceur pour cette voix si intense, dont l’énergie se propage à travers les douze chansons de ce vibrant et passionné « After Dark Hour », qui vous saisit pour ne plus vous lâcher. 

Entouré par des musiciens et des choristes chez qui le groove est une seconde nature, INA FORSMAN s’envole dans des sphères où la légèreté côtoie la résilience. Sa puissance vocale est électrisante et les arrangements très subtils, l’équilibre entre cuivres feutrés, tempos sobres et envoûtants, cordes et une guitare discrète, tout comme l’indispensable orgue, rendent ce nouvel opus d’une incroyable authenticité. Sensible, habitée et jouant avec beaucoup de finesse de son timbre rauque, la Scandinave semble suspendue dans un espace-temps chaleureux et délicat. Un disque qui s’écoute en boucle !   

Photo : Michael Bleu