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Blues Southern Blues

Robert Finley : une reconnaissance bien trop tardive

Reconnu pour ses productions brutes, roots et chaleureuses, Dan Auerbach applique depuis trois albums maintenant ses recettes d’enregistrement avec ROBERT FINLEY, ce qui a pour effet de faire ressortir ce qu’il y a de plus beau, de fluide et d’expressif chez le sexagénaire. Profonde, sensible et d’une verve narrative saisissante, le chanteur et guitariste nous embarque dans son « Black Bayou », duquel il est difficile de s’extraire… et alors ? Quand le plaisir est là !  

ROBERT FINLEY

« Black Bayou »

(Easy Eye Sound)

Non seulement le parcours de ROBERT FINLEY impose le respect, mais il a aussi quelque chose de réjouissant et d’inspirant. Patient, tenace et a priori faisant confiance à son destin, c’est à l’âge de 62 ans qu’il sort « Age Don’t Mean A Thing » le bien nommé, son premier album. Et depuis 2016, il jouit enfin de cette reconnaissance tardive, puisqu’il a ensuite tapé dans l’œil de Dan Auerbach, l’hyperactif producteur, co-leader des Black Keys et patron du label Easy Eye Sound, qui n’a pas hésité une seule seconde à le signer.

Après « Goin’ Platinum » (2017) et « Sharecropper’s Son » (2021), « Black Bayou » est le troisième opus que les deux hommes réalisent ensemble et ROBERT FINLEY semble s’épanouir un peu plus à chaque disque. Gorgé de feeling et souriant, il distille de bons mots plein d’humour à travers des chansons authentiques et touchantes. Entre Soul, R&B, Gospel et Blues, le musicien originaire de Bernice en Louisiane n’a pas choisi et c’est dans cette ambiance très Southern qu’il se livre en toute simplicité.

Auerbach a parfaitement saisi l’univers plein de tendresse de ROBERT FINLEY. Dès les premières notes de « Livin’ Out A Suitcase », on plonge dans le bayou à travers un savoureux mélange d’harmonica et de suaves guitares, porté par une voix exceptionnelle et profonde. Intense, l’Américain multiplie les atmosphères passant du Hill Country Blues au Swamp et au funk avec une souplesse inouïe (« Sneakin’ Around », « Waste Of Time », « Nobody Wants To Be Lonely », « You Got It (And I Need It) », « Alligator Bait »). Délicieusement addictif ! 

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Americana Blues folk Southern Rock

Early James : Alabama dream

Dans une ambiance mêlant Psych Rock et Blues nerveux, EARLY JAMES se présente avec un deuxième album encore plus envoûtant et élaboré que le précédent. D’une grande finesse d’écriture, « Strange Time To Be Alive » est une sorte de parenthèse poétique suave, Folk et roots livrée par un songwriter plein de grâce.

EARLY JAMES

« Strange Time To Be Alive »

(Easy Eye sound)

Décidemment, Dan Auerbach (The Black Keys) est de tous les bons coups et son label, Easy Eye Sound, commence à présenter un catalogue fourni et surtout de grande qualité. Le chanteur, guitariste et songwriter EARLY JAMES ne s’y est pas trompé en signant à Nashville et « Strange Time To Be Alive » est son deuxième album après le convaincant « Singing For My Supper » très différent de celui-ci.

L’univers atypique du musicien originaire d’Alabama jaillit avec une incroyable luminosité, malgré un son très brut sur ce nouvel opus, à travers laquelle on découvre un artiste ancré dans une musique roots américaine aux multiples facettes. Blues, Country, Bluegrass, Folk ou Southern Rock, EARLY JAMES ne passe pas d’un registre à l’autre : il les incarne et avec énormément de personnalité.

Intemporel et intense, le style du compositeur se nourrit autant des poètes du sud que des crooners et des bluesmen. Enregistré en seulement trois petits jours au studio d’Easy Eye Sound, « Strange Time To Be Alive » est d’une authenticité rare pour un si jeune artiste, qui joue autant sur l’humour que sur une élégante tristesse. EARLY JAMES étourdit et séduit très naturellement.

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Country

A Tribute To John Anderson : living legacy

Style majeur aux Etats-Unis, la Country Music fait presque partie intégrante de la vie de bon nombre d’Américains, qui vouent un grand respect pour ces songwriters. Parmi les légendes du genre, JOHN ANDERSON fait partie des incontournables, qui a influencé une grande partie de la nouvelle génération. Celle-ci lui rend aujourd’hui hommage avec « Something Borrowed Something New » avec 15 artistes triés sur le volet.

A TRIBUTE TO JOHN ANDERSON

« Something Borrowed Something New »

(Easy Eye Sound)

Figure emblématique et véritable légende de la musique Country, l’Américain JOHN  ANDERSON se voit gratifier d’un très bel album où la nouvelle génération rend un hommage appuyé à ses chansons et à une incroyable carrière longue de plus de cinq décennies. Ce ne sont pas moins d’une quinzaine d’artistes qui reprennent sur « Something Borrowed Something New » les classiques du songwriter avec une grande liberté, ainsi qu’un immense respect et un attachement évident à ce beau répertoire presque patrimonial aux Etats-Unis.

S’il a grandi en Floride, le chanteur et guitariste est rapidement allé s’installer à Nashville, capitale de la Country, pour y faire ses premières armes dans les années 70. Dès lors, c’est un peu l’autoroute du succès pour JOHN ANDERSON avec le morceau « I m Just An Old Chunk of Coal (But I m Gonna Be a Diamond Some Day) » en 1981, ici repris par Jamey Johnson avec classe. Bien sûr, difficile de rendre compte d’un tel parcours en 13 titres, mais l’album comprend les standards et quelque part l’essentiel.

Produit par le grand David Ferguson de Nashville et Dan Auerbach des The Black Keys, qui ont déjà produit son dernier album en date « Years » en 2020, titre chanté ici par Sierra Ferrell, les talents de la scène Country actuelle se succèdent et offrent à leur façon une belle fraîcheur aux classiques de JOHN ANDERSON comme « Wild and Blue » par Brent Cobb ou « Straight Tequila Night » par Ashley McBryde. On retiendra également les versions endiablées d’Eric Church, Luke Combs, Sturgill Simpson, John Prine et des Brothers Osborne.

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Blues

The Black Keys : back to the roots

THE BLACK KEYS fait partie de ces groupes qui se bonifient avec le temps, on en a maintenant la certitude. Le duo de l’Ohio est parti à Nashville enregistrer son dixième album… et il est très bon, d’autant que les musiciens présents sont parmi les meilleurs du genre. « Delta Kream » contient onze reprises de standards de Blues et c’est sur le Mississippi que les Américains ont jeté leur dévolu.

THE BLACK KEYS

« Delta Kream »

(Easy Eye Sound/Nonesuch Records)

Autant ne pas tourner autour du pot : THE BLACK KEYS vient de livrer son meilleur album en 20 ans de carrière. Et il se trouve qu’il est constitué de reprises… comme quoi ! Avec « Delta Kream », le duo américain rend hommage aux héros de sa jeunesse et plus précisément au Mississippi Hill Country Blues, un style caractéristique porté par de grands noms dont les morceaux sont aujourd’hui des classiques.

Ancêtre du Blues, le Hill Country vient du Mississippi et date du début du XXème siècle. Douze mesures et ça dure depuis plus de 100 ans ! Parmi les pionniers et illustres représentants, on retrouve bien sûr John Lee Hooker, R.L. Burnside, Jr Kimbrough et Fred McDowell que THE BLACK KEYS a décidé de tous honorer. Très bien produits, les onze morceaux de « Delta Kream » apportent un beau coup de frais à ce Blues originel, et sans le dénaturer.

Dan Auerbach (guitare, chant) et Patrick Carney (batterie) sont sublimement accompagnés par le bassiste Eric Deaton et Kenny Brown à la slide. Majoritairement enregistré en une prise, l’album est d’un groove incroyable et montre le plaisir évident qu’ils ont pris à jouer ensemble. Le seul bémol vient de la voix d’Auerbach car, même quand on aime ça, on ne s’improvise pas bluesman. Cependant, THE BLACK KEYS signe un très bel album.