Depuis quelques albums déjà, les Suédois resserrent leur jeu, gagnant ainsi en efficacité, et misent aussi sur des riffs racés et des refrains accrocheurs. Fortement marqué par les années 80/90 et avec un son typiquement, et forcément, nordique, ECLIPSE lorgne sur le Hard FM sans complexe, tout en distillant des titres puissants et fédérateurs. Dans la continuité du premier volume, « Megalomanium II » est Heavy, Rock et entraînant. Un opus costaud et dynamique, qui devait faire son effet en concert.
ECLIPSE
« Megalomanium II »
(Frontiers Music)
Un an tout juste après « Megalomanium », le quatuor de Stockhölm livre le second volet et celui-ci confirme avec brio sa bonne marche à travers un style pleinement affiché et assumé. Car si ECLIPSE œuvre sur des fondations Hard Rock et Heavy Metal, il tend de plus en plus vers un registre plus mélodique qui s’adresse à un très large public. Très moderne dans l’approche comme dans la production assurée de bout en bout par le frontman, guitariste et claviériste Erik Mårtensson, ce onzième album garde un côté musclé.
Du côté du line-up, c’est aussi du solide avec les mêmes musiciens que sur le très bon « Wired » (2021). Magnus Henricksson fait des prouesses à la guitare, tandis que la fratrie Crusner (Victor à la basse et Philip à la batterie) guide sans trembler une rythmique implacable. ECLIPSE montre beaucoup d’assurance et l’ambition à peine voilée du titre se retrouve sur les morceaux. Le son massif et très actuel donne aussi un sérieux coup de boost au Hard’n Heavy proposé sur leurs premières réalisations.
Renforcé par quelques claviers, « Megalomanium II » met surtout en lumière le travail des deux six-cordistes, qui rivalisent de riffs acérés et de solos millimétrés. Taillées pour la scène, ces nouvelles compos n’évitent pas certaines références évidentes, mais ECLIPSE impose, par son chanteur aussi, sans mal sa patte (« Apocalypse Blues », « The Spark », « Falling To My Knees », « Still My Hero », « Until The War is Over », « One In A Million »). Les Scandinaves rendent une belle copie et ces deux récents albums consécutifs sont plus que convaincants.
(Photo : Martin DarkSoul)
Retrouvez la chronique du premier volume, « Megalomanium » :
Malgré une récente et bien triste série d’événements, les Anglais ont décidé de célébrer leurs 40 ans de carrière de belle manière. Et plutôt que de sortir un énième et banal Best Of, FM s’est attelé à la composition d’un tout nouvel opus, « Old Habits Die Hard ». Doté d’une énergie contagieuse et d’un sens aigu de la mélodie, cette quatorzième réalisation s’inscrit au sommet de la discographie des vétérans du Hard FM.
FM
« Old Habits Die Hard »
(Frontiers Music)
Le temps semble n’avoir aucune emprise sur FM, si ce n’est qu’il le bonifie. Pourtant depuis la sortie de « Thirteen » en 2022, les choses n’ont pas été de tout repos. En effet, le claviériste Jem Davis a été diagnostiqué d’un cancer, dont il s’est heureusement remis, et le guitariste et fondateur Chris Overland, frère du chanteur Steve, est quant à lui décédé. Autant de coups durs qui n’ont pourtant pas ébranlé la foi des Britanniques, dont « Old Habits Die Hard » montre encore une fois toute la classe.
Et cette année est aussi spéciale pour le groupe, puisqu’elle marque ses 40 ans de carrière. Il fallait donc aussi fêter cet anniversaire et FM s’est lancé dans l’écriture et l’enregistrement d’un nouvel album. Et c’est durant leur longue tournée que les cinq musiciens ont investi leurs studios Dave View et Electric Pepperland. Le résultat est franchement bluffant. Leur objectif était de rassembler sur « Old Habits Die Hard » le meilleur de leur jeu, de leur style et de leur personnalité artistique, et c’est très réussi.
On retrouve en effet tous les ingrédients qui ont fait de FM une référence mondiale en matière d’AOR et de Hard Rock mélodique : des refrains entêtants, des riffs accrocheurs et des twin-guitares scintillantes, le tout posé sur la voix claire et puissante de son frontman. Classique sur « Whatever It takes » et « No Easy Way Out », plus fédérateur sur « California » et « Blue Sky Mind », puis percutant sur « Lost », « Another Day In My World » et « Leap Of Faith », le quintet se fait même bluesy sur « Black Water ». Une belle célébration !
Fondé autour de musiciens ayant fait leurs preuves chez Plantens, Violent Sun, Perfect View, Steel Tyrant, Verdemela et Evil Eyes, NIGHTBLAZE fait son entrée en piste avec un premier opus bien ficelé, efficace et renouant avec la fibre 80’s du Hard FM et de l’AOR. Entre titres bien pêchus et belles ballades, les Italiens font parler l’expérience autant qu’ils semblent véritablement se faire plaisir. « Nightblaze » s’inscrit cependant dans les meilleures productions actuelles, grâce à une approche vivifiante et moderne.
NIGHTBLAZE
« Nighblaze »
(Art Of Melody/Burning Minds Music Group)
C’est sous l’impulsion de Dario Grillo que NIGHTBLAZE a vu le jour en 2021. Compositeur, producteur et multi-instrumentiste, il n’a pas mis bien longtemps à réunir un line-up à la hauteur de ses attentes. Expérimenté et inspiré, le quatuor a fière allure et présente un solide Melodic Hard Rock, sur une base AOR, finement interprété et ancré dans une tradition forcément très 80’s. Sans y retrouver d’influences particulières, c’est surtout le style qui est mis à l’honneur ici, et de bien belle manière grâce à des musiciens très convaincants.
Et si le genre recommence à faire parler de lui, y compris dans l’hexagone avec les excellents Heart Line, il faut bien avouer que NIGHTBLAZE a placé la barre très haut. Très bien produit par son guitariste, ce premier album éponyme brille par la qualité du son et aussi de ses arrangements, particulièrement soignés. Les Transalpins n’ont pas fait les choses à moitié et, pour une entrée en piste, elle est plus que réussie, d’autant que le combo fait corps et laisse parler sa déjà longue expérience dans une dynamique originale.
Aux côtés de Dario Grillo à la guitare et aux claviers, on retrouve son frère Alex derrière les fûts, la bassiste Federica Raschellà et le très en vue dans le Rock italien, Damiano Libianchi, au chant. Accrocheur, NIGHTBLAZE joue sur des mélodies entêtantes et des morceaux racés. Entre solos virtuoses et une performance vocale puissante, la musicalité des compositions est parfaitement mise en avant sur des refrains fédérateurs (« Sudden Blast », « Take On Me », « Tell Me », « Hold On To Me », « Carry On »). Très réussi !
Si l’esprit est ouvertement 80’s/90’s, les compos et l’interprétation ne dévoilent pas la moindre ride. Chevronnés et très inspirés, les musiciens de LIONHEART surfent toujours sur une belle vague de Hard Rock mélodique, entre Hard FM et AOR (oui, il y a une différence !). Solide et fédératrice, leur dernière production navigue entre des émotions dues au thème à l’œuvre ici et des envolées dignes des plus belles heures du genre. « The Grace Of A Dragonfly » allie puissance et intemporalité.
LIONHEART
« The Grace Of A Dragonfly »
(Metalville)
Malgré une histoire qui a commence à la fin des années 80 et un line-up qui a tout du ‘All-Stars Band’, LIONHEART ne compte que quatre opus à son actif, en incluant « The Grace Of A Dragonfly ». Mais depuis « Second Nature » en 2017, les Anglais sont sur une belle dynamique et cette nouvelle réalisation vient confirmer les belles choses entrevues sur « The Reality Of Miracles » (2020). Avec une base Hard Rock, la cuvée 2024 nous embarque sur des refrains accrocheurs dans un Hard FM très soigné.
Forts une réputation qui les précède, Dennis Stratton (guitare, ex-Maiden), Steven Mann (guitare, MSG), Rocky Newton (basse, Wildfire, Schenker), Clive Edwards (batterie, Uli Jon Roth)v et Lee Small (chant, Shy) livrent leur premier concept-album. Centré sur la Seconde Guerre Mondiale, celui-ci se veut un hommage anti-guerre basé sur un travail mélodique exceptionnel. LIONHEART s’est focalisé sur les voix et tout le monde fait d’ailleurs les chœurs, mais c’est guitaristiquement que les Britanniques se montrent brillants.
Réaliser un disque aussi positif sur un thème guerrier n’était pas la chose la plus évidente et pourtant le quintet y est parvenu, grâce à des morceaux harmonieux et finement composés. Les chorus, les twin-guitares, les solos et les riffs du duo Stratton/Mann rayonnent enveloppé de claviers à la fois discrets et efficaces (« Declaration », « V Is For Victory », « The Longuest Night », « Just A Man », « UXB » et le morceau-titre). Tout en maîtrise, LIONHEART se montre sous son meilleur jour et fait parler l’expérience.
Sur le modèle d’un ‘All-Star Band’, mais avec beaucoup plus d’humilité, LAST IN TIME se présente avec « Too Late », une première réalisation aussi variée que convaincante. Entièrement composée par Massimo Marchetti, elle révèle le talent de ses neuf participants et surtout une capacité à se fondre dans de multiples registres, en affichant beaucoup de cohérence et de maîtrise. Le groupe montre beaucoup d’intensité et de passion.
LAST IN TIME
« Too Late »
(Rockshots Records)
C’est une belle entreprise dans laquelle s’est lancé l’Italien Massimo Marchetti avec LAST IN TIME, il y a un peu moins de trois ans. Compositeur, guitariste, producteur et arrangeur, son objectif était de former un groupe hors-norme de musiciens chevronnés pour réaliser, avec « Too Late », un album où il pourrait combiner les mélodies de l’AOR, la puissance du Hard Rock et du Metal avec même quelques touches progressives et l’ensemble dans un esprit 90’s. Et le pari est réussi !
Entouré d’une rythmique composée de Luca Nicolasi (basse) et Giacomo Calabria (batterie) sur tous les morceaux, ainsi que d’autres invités aux claviers notamment, le leader transalpin fait confiance à plusieurs vocalistes principaux, à savoir Igor Piattesi sur l’essentiel de « Too Late », la très bonne chanteuse Caterina Minguzzi et Mirko Marchetti sur « Winter In May », qui clôt ce bel opus. LAST IN TIME fait plus que tenir la route et malgré sa grande diversité montre aussi une belle unité.
En ouvrant avec le brûlant « The Way To Rock », le ton est donné et il laisse envisager que la production va réserver quelques surprises. Le mélodique « How Long » et son superbe solo de guitare précède « Believer In Love », seul duo du disque, qui annonce « Moonlight Dreamers » que la frontwoman interprète seule avec brio. Puis, LAST IN TIME déroule avec des titres de choix (« The Animal », « Too Late », « Mr Fantastic »). Le projet de Massimo Marchetti tient donc toutes ses promesses et est enthousiasmant de bout en bout.
Loin des fadasses Tribute bands, « Original Seeds » est le nouvel EP de HEART LINE et il ne se présente pas dans une optique nostalgique, mais avec plutôt dans l’idée de reprendre avec respect, tout en se les appropriant clairement, des morceaux très représentatifs des glorieuses années de l’AOR. Exaltés et techniquement monstrueux, les solos retrouvent une seconde jeunesse, les claviers brillent comme jamais et le frontman montre toute l’étendue de son talent. Quelques covers en guise de récréation, finalement bien trop courte…
HEART LINE
« Original Seeds »
(Pride & Joy Music)
Non seulement en l’espace de seulement deux albums, « Back In The Game » et « Rock’n’Roll Queen », HEART LINE s’est imposé comme le représentant français du Hard FM/AOR/Melodic Rock qu’on attendait tant, mais au-delà de ça, il vient confirmer avec « Original Seeds » qu’il n’a plus rien à prouver aux piliers du genre. Un peu plus de deux ans après sa formation, le quintet incarne littéralement le renouveau d’un style propre aux années 80, certes, mais dont l’univers n’a pas fini d’être exploré.
Derrière la légendaire DeLorean de ‘Retour Vers Le Futur’, qui trône sur la pochette toujours réalisée par l’excellent Stan W. Decker, se cache une petite surprise que nous réservent les Bretons. Regroupant cinq morceaux qui ne sont pas issus de son répertoire, HEART LINE nous gratifie de reprises aussi piquantes que les originales et nous replongent forcément au cœur des 80’s. Et plutôt que de se contenter des hits, le groupe s’est penché sur des titres moins connus, ce qui vient ajouter une petite dose d’inconnu à l’ouvrage.
Du Royaume-Uni avec Tobruk, Aviator et Virginia Wolf, à la Suède avec Alien et aux Etats-Unis avec Dakota, HEART LINE a véritablement repris ces chansons à son compte. Sorties entre 1984 et 1988, le premier lifting tient bien sûr dans la dynamique et la production, mais pas uniquement. Au chant, Emmanuel Creis montre une superbe polyvalence, tandis qu’Yvan Guillevic et Jorris Guilbaud forment l’essentiel et explosif duo guitare/claviers tellement incontournable dans l’AOR. Une vraie gourmandise !
Retrouvez les interviews accordées à Rock’n Force par HEART LINE et la chronique du dernier album :
C’est du côté de l’Espagne que la guitariste, compositrice et productrice, Sonia Anubis est allée reconstruire le line-up de son groupe COBRA SPELL. Après avoir œuvré dans le Heavy Metal de Burning Witches et le Death Metal de Crypta, c’est dans un registre très 80’s que l’autodidacte hollandaise s’épanouit aujourd’hui. Après deux EP, c’est sous la bannière de Napalm Records que le quintet livre « 666 », un premier album très varié, Heavy et solide, où les femmes dictent leurs règles. Entretien avec une musicienne très enthousiaste.
– Avant de parler de votre premier album, j’aimerais que l’on parle du line-up de COBRA SPELL, qui a changé depuis « Anthems Of The Night ». En dehors de toi bien sûr, Sonia, la formation est entièrement espagnole. Comment vous êtes réunies et est-ce que tout le groupe est dorénavant installé en Espagne… ou ailleurs ?
J’ai fondé le groupe avec le rêve de créer un groupe de Heavy Rock inspiré des années 80. COBRA SPELL a démarré comme un projet parallèle avec des musiciennes vivant à l’international. Les deux EP, « Love Venom » et « Anthems of the Night », ont été extrêmement bien reçus, au-delà même de nos attentes. Depuis, le groupe a grandi et a eu de belles et multiples opportunités, ce qui a conduit à des changements. Il faut être prêt à tout. Maintenant que nous avons signé avec Napalm Records et que nous sortons un premier album, le groupe avait besoin d’un line-up solide comme le roc et le moyen le plus simple d’y parvenir était de ne pas vivre trop loin les unes des autres. Nous sommes donc majoritairement installées en Espagne.
– Tu as fondé le groupe il y a quatre ans maintenant après tes expériences au sein de Crypta et Burning Witches, qui étaient également des groupes entièrement féminins. Que tu sois entourée de femmes était aussi ta priorité pour COBRA SPELL ?
En fait, COBRA SPELL a été fondé avant Crypta et non pas suite mon départ de ces groupes. Et faire partie d’une formation entièrement féminine est quelque chose de très valorisant. Lorsque je faisais partie de Crypta, j’ai vu beaucoup de jeunes femmes venir me voir et me dire que ce que je fais en tant que musicienne les inspirait. Le sentiment d’avoir cet effet sur d’autres femmes est incroyable. A l’époque où nous vivons, il existe toujours un déséquilibre entre les sexes et il est donc important d’avoir des modèles féminins et également de se serrer les coudes en tant que femmes et se soutenir mutuellement. J’ai donc décidé de faire de COBRA SPELL une formation entièrement féminine pour diffuser cette énergie dans le monde de la musique.
– D’ailleurs, tes deux anciens groupes évoluent dans des styles très différents de COBRA SPELL. Est-ce que, maintenant, tu fais enfin ce que tu as toujours voulu musicalement et est-ce que c’est aussi ce qui t’avait déjà justement poussé à monter ton propre projet ?
Oui, c’est vrai ! COBRA SPELL est le groupe où je peux exprimer ma créativité et ma vision musicale sans contraintes. Après avoir été musicienne ‘live’ pendant dix ans auparavant, il était temps de me lancer dans quelque chose de plus personnel ! Et c’est la meilleure décision que je n’ai jamais prise de m’engager pleinement dans COBRA SPELL.
– Après « Venom Love » (2020) et « Anthems Of The Night » (2022), le premier album sort enfin. C’était important pour toi de passer avant par deux formats courts, ou c’est juste une question de circonstances ?
Il était important pour COBRA SPELL de sortir d’abord ces deux EP pour trouver la bonne identité au niveau du son, mais aussi au niveau du line-up. Je voulais aussi sortir un album uniquement avec le soutien d’un label. La signature avec Napalm Records et la solidification du line-up font que nous sommes prêtes à 100% pour ce premier album ! Hell yeah !
– Avec COBRA SPELL, vous explorez un Heavy Metal très Sleaze, aux multiples influences et surtout très marqué par les années 80. Est-ce que, comme beaucoup de fans, tu considères cette époque, qu’aucune d’entre-vous n’a d’ailleurs connu, comme l’âge d’or du Metal ?
Absolument ! Je ne l’ai pas vécu, mais la meilleure musique, les meilleurs films, les voitures, le design, tout ce que vous voulez… viennent des années 80 !
– « 666 » présente donc un Heavy très Sleaze et 80’s comme on l’a dit, où beaucoup de courants du Metal se croisent. C’était important pour toi qu’il soit le plus varié possible, d’autant que Kristina Vega, la frontwoman du groupe, possède une large palette vocale ?
Damn ! C’est un réel plaisir de travailler avec une telle professionnelle ! Kristina est une chanteuse incroyablement talentueuse avec de très grandes possibilités vocales. Quant à la composition et à l’écriture de la musique de COBRA SPELL, je ne me limite pas à un seul sous-genre des années 80. J’aime explorer de nombreux sons et des ambiances issues de courants comme l’AOR, le Speed Metal, le Power Metal, le Glam, le Rock’n’Roll et plus encore. Le mélange de toutes ces influences est ce qui devient finalement l’identité du son de COBRA SPELL.
– Au-delà du line-up, « 666 » est également très féminin dans le propos à travers des chansons et des textes souvent explicites. C’est aussi pour vous une façon de livrer un message à l’intention des femmes dans une période où leur parole se fait justement beaucoup mieux entendre ?
Les paroles ont été écrites sans filtre et avec le cœur ! Je n’aime pas faire de compromis sur les attentes du public, ou sur ce que les gens aimeraient entendre. Je suis assez intrépide à cet égard. C’est quelque chose de spontané et de naturel, car les paroles ont été écrites par une femme et les thèmes, s’ils proviennent souvent d’expériences personnelles, le sont toujours à travers le regard d’une femme.
– Entre Glam Rock, Heavy Metal, Sleaze et même Rock’n’Roll, COBRA SPELL montre beaucoup de diversité et il y a aussi ce langoureux solo de saxo sur « Love = Love ». Il fallait un instant plus ‘glamour’ aussi sur cet explosif « 666 » ?
« Love = Love » est l’exemple parfait d’une chanson typiquement inspirée de l’AOR dans le style. Je compose d’ailleurs les morceaux les plus mélodiques sur un synthé, plutôt qu’à la guitare. Le solo de saxophone est une décision de dernière minute que j’ai proposée quand nous étions au studio d’enregistrement et le producteur a vraiment aimé l’idée ! Il devait y avoir un solo de guitare, mais non, c’est ça que je voulais… Il fallait qu’il y ait un solo de sax ! Alejandro, notre producteur, a donc cherché un saxophoniste parmi ses contacts et a contacté la bonne personne. La saxophoniste, Nata Estevez, a interprété un solo entièrement improvisé et qui figure désormais à jamais sur le disque. La chanson ressemble maintenant beaucoup plus à la bande originale d’un film des années 80 et j’adore ça !
– Enfin, j’aimerais qu’on dise un mot des parties de guitares. On sent beaucoup de complicité entre toi et Noelle. Comment vous êtes-vous réparties les rôles et est-ce que vous avez composé ensemble les rythmiques et les solos ? A moins que tu aies conservé le lead sur tout l’album ?
J’ai composé toutes les chansons et les mélodies de « 666 », mais il y en a une sur laquelle Noelle m’a aidé, c’est « Love Crime ». Concernant les solos, c’est quelque chose que nous nous sommes partagées toutes les deux sur l’ensemble de l’album.
L’album de COBRA SPELL, « 666 », est disponible chez Napalm Records
Dans la lignée des grosses locomotives américaines, et même californiennes, des années 90, le Hard Rock musclé et un brin FM de MICHAEL CATTON vient donner beaucoup de fraîcheur à une scène en plein renouveau. Grâce à un line-up expérimenté et des compositions entêtantes, le chanteur présente une copie exemplaire sur laquelle sa voix fait corps avec des rythmiques solides et des solos millimétrés. « Point Of No Return » est un modèle du genre plus que vivifiant.
MICHAEL CATTON
« Point Of No Return »
(Mighty Music)
C’est au moment du split de son groupe Tainted Lady avec qui il a sorti deux albums (« How The Mighty Have Fallen » – 2017 et « Sounds Like Freedom//Feels Like War » – 2019) et qui a connu une belle reconnaissance au Danemark que MICHAEL CATTON a décidé de prendre son envol avec beaucoup de détermination et surtout une idée bien précise du style dans lequel il souhaitait dorénavant évoluer. Après quelques singles à succès, le chanteur anglo-danois sort son premier album solo et il est très réussi.
Et pour réaliser et composer « Point Of No Return », il s’est entouré d’une équipe redoutable. Rapidement approché par le guitariste, compositeur et producteur Soren Andersen, la connexion n’a pas tardé à s’établir. Avec les membres du trio de ce dernier, Guilty Pleasures, à savoir Allan Tschicaja à la batterie (Pretty Maids) et le bassiste Michael Gersdorff (Superfuzz), le quintet est complété par son frère Chris Catton (claviers). MICHAEL CATTON dispose ainsi d’un combo à la hauteur de ses espérances et cela s’entend.
Produit par Andersen dans le temple du Rock danois, les Medley Studios à Copenhague, « Point Of No Return » s’inscrit dans une veine Hard Rock mélodique 90’s avec un son actuel et puissant sur des morceaux très accrocheurs (« Faith », « Livin’ Lovin’ », « Hearts In Danger », « Ready For The Takin’ », « Gas Of The Fire »). La prestation de son six-cordiste n’a d’égale que l’incroyable performance de MICHAEL CATTON et, à eux deux, ils donnent une âme à ce premier opus, qui en appelle déjà d’autres. Du Hard Rock efficace et pêchu !
Malgré de graves problèmes de santé, le chanteur emblématique de Pretty Maids enchaine les sorties en solo et a même donné de nombreux concerts avec Avantasia, preuve qu’il est loin de renoncer et que la musique semble être le meilleur des remèdes pour lui. Vocalement irréprochable, RONNIE ATKINS montre un état d’esprit très positif. Convaincant sur ses deux premiers opus, « Trinity » est loin d’être du même niveau, tant il est sans surprise et mal réalisé.
RONNIE ATKINS
« Trinity »
(Frontiers Music)
Diagnostiqué d’un cancer du poumon en 2019, et contre lequel il se bat toujours, RONNIE ATKINS mène son combat à coup d’album et à raison d’un nouveau par an depuis 2021. Après « One Shot », puis « Make It Count » l’année dernière, le frontman de Pretty Maids revient avec « Trinity » et dans un registre qui prend de plus en plus ses distances avec le Heavy Metal qui a forgé sa réputation. Ici, le Hard Rock proposé est très, très mélodique et a même quelques saveurs AOR, qui ne correspondent pas forcément au Scandinave.
Ecrit avec son guitariste Chris Laney, également aux claviers et qui signe la production, RONNIE ATKINS est toujours bien entouré. Pontus Egberg (Treat) tient la basse, Marcus Sunesson (Cyhra) la seconde guitare et Allan Sörensen (Pretty Maids) derrière les fûts donnent un bel élan aux compositions. Mais là où le bât blesse, c’est justement au niveau de la production souvent mangée par les nappes de synthés insipides, dont l’effet sirupeux aplati sans relâche l’ensemble, malgré les efforts du grand Jacob Hansen au mix.
Cependant, et même si on peine à distinguer le travail des deux six-cordistes sur les riffs et les rythmiques, on a le droit à quelques bons solos derrière lesquels RONNIE ATKINS se fait plaisir en jouant de toute sa puissance vocale. Le Danois tient l’album à bout de bras avec une force incroyable, mais même avec toute la volonté du monde, les moments où il sauve les morceaux sont trop rares (« Ode To A Madman », « Godless », « Shine », « Raining Fire »). Sans nier la belle détermination du frontman, « Trinity » n’a pas le panache attendu.
Deux ans après le début de l’aventure, HEART LINE n’a plus rien à prouver comme en témoigne la qualité artistique et technique des albums du quintet. Avec « Back In The Game » et plus récemment « Rock’n’Roll Queen », le groupe apporte beaucoup de fraîcheur et de modernité à un style qui peine pourtant à se faire une place en France. Cependant, les efforts des Bretons portent leurs fruits, puisque l’accueil de leurs deux réalisations est unanime et les projets ne manquent pas. Etat des lieux et plongée dans l’avenir de HEART LINE avec Yvan Guillevic, son guitariste, producteur et compositeur.
– Lors de notre dernière interview à la sortie de « Back In The Game » il y a deux ans maintenant, on avait beaucoup parlé de la création du groupe et de vos objectifs. Quel bilan dresses-tu aujourd’hui de l’aventure HEART LINE ?
Le bilan est super positif, car on a fait deux albums en un an et demi et on a quand même réussi à tourner. D’ailleurs, nous sommes actuellement toujours sur la route. On a fait quelques festivals et d’autres arrivent bientôt. L’objectif premier, qui était de faire un vrai disque avec un vrai groupe et pas quelque chose de collaboratif, est rempli. On fait de la scène et des albums et nous allons également sortir, en accord avec le label (Pride & Joy – NDR), un EP en décembre. Nous sommes très contents, car l’accueil du deuxième album est encore meilleur que pour le premier et tout ça est vraiment très positif !
– Dès le début, vous avez signé chez Pride & Joy, label sur lequel vous êtes toujours bien sûr. Finalement avec le recul et les très bonnes retombées des deux albums, est-ce que tu penses qu’un label français aurait été aussi efficace ?
Non, car il n’y en a pas dans le genre de toute façon. Et puis, je n’avais pas du tout visé la France pour le premier album. On a juste contacté un gros label, et sur recommandation, qui nous a répondu des mois et des mois plus tard. Alors que sur 10/12 envois ciblés, j’ai eu des réponses positives et il n’a fallu que six jours pour signer avec Pride & Joy ! Le constat est là et je crois que la France n’est toujours pas concerné par le Rock/Hard mélodique et c’est toujours aussi compliqué. Donc, je pense que nous avons eu raison de signer là-bas.
– Justement pour rester sur la France, on sait que le style n’a jamais eu de représentants ayant percé ou marqué les esprits, même à la grande époque. Je pense que HEART LINE possède très largement tous les atouts pour tenir cette place. Quelles seraient les choses à améliorer ici, selon toi ?
C’est compliqué, en fait. Par exemple, on a le ‘Hellfest’, qui est un festival énorme et il y a un gros réservoir de personnes qui écoutent du Metal en France. Ce n’est pas comme si on n’en écoutait pas. En gros, ce sont les médias, qui ne s’intéressent absolument pas à ce genre de musique. De temps en temps, pour faire un petit sujet, ils vont te parler de Metallica ou de Gojira, puisque c’est le seul groupe français vraiment costaud dans le monde. On a de très bons groupes, de très bons musiciens, ce n’est pas le souci. Mais pour les gros médias, ça reste quelque chose de bizarre, d’un peu rigolo et il n’y a donc aucun support. La France n’est pas un pilier Rock. Dès qu’on se promène ailleurs, on le voit bien. Quand on entre dans un bar ou un hôtel, on entend du Rock et du Hard Rock, mais pas chez nous. On est vraiment sous-représenté, et notamment en termes de Hard Rock.
– Malgré deux très bons albums, c’est dommage que HEART LINE ne tourne pas plus dans l’hexagone. Ne serait-ce pas le bon moment pour vous d’aller voir à l’étranger, dans des pays plus demandeurs ?
On a eu quelques opportunités qui ne se sont concrétisées, mais qui étaient vraiment réelles. Aujourd’hui, on en a d’autres. Je ne veux pas en parler tant que ce n’était pas fait, mais il ya des choses très intéressantes, qui sont en route en Europe. On travaille actuellement beaucoup là-dessus. Pour ce qui est de la France, le réseau est compliqué. La musique ici a toujours été un peu mise de côté. Pourtant, il y a du public. Il suffit de voir le ‘Hellfest’ une fois encore. Dernièrement, je suis allé voir Ghost à Rennes et c’était rempli ! Il y a des gens pour aller aux concerts, il faut juste les mobiliser.
Et puis, sans tirer dessus puisque j’ai eu un ‘Tribute Band’ pendant un moment, les organisateurs ne prennent plus aucun risque et ils ne programment plus que ça. Donc, pour ceux qui font qui font de la musique composée, ça devient très difficile. C’est une vraie épidémie ! C’est un peu dommage, parce qu’ils feront quoi dans 10/15 ans ? Ils vont reprendre qui ? Il n’y aura plus personne ! (Sourire) C’est un peu ce qu’on vit en France, car les organisateurs vont au plus simple. Il n’y a plus de recherche d’artistes, comme il pouvait y en avoir avant. Il reste bien sûr des festivals et des programmateurs qui jouent le jeu. Mais c’est vrai pour tout le monde, et pas uniquement pour nous, à ce niveau-là.
– Revenons à « Rock’n’Roll Queen » qui, musicalement et au niveau de la production aussi, élève encore le niveau d’un cran. Est-ce que sa conception et sa réalisation ont suivi le même processus que pour « Back in The Game » ?
Oui, c’est exactement le même processus et la même façon de réaliser. Cette fois, on a eu plus de temps, on a été plus attentif aussi pour ne pas refaire les mêmes petites erreurs que sur le premier. « Back In The Game » est très frais, rapide, composé en trois semaines et enregistré assez vite. Il y avait un côté très intéressant qu’on ne regrette absolument pas. Pour « Rock’n’Roll Queen », on voulait quelque chose de plus construit, de plus travaillé et surtout prendre notre temps. On a fait des concerts, des résidences et on se connait beaucoup mieux aujourd’hui. Cela nous a permis de nous focaliser aussi sur certains titres et travailler plus en profondeur nos morceaux.
– Et on te découvre aussi comme producteur, dorénavant confirmé. C’est un domaine dans lequel tu t’épanouies également ?
J’ai toujours produit mes disques et ça en fait beaucoup. C’est vrai que personne ne s’en est vraiment aperçu. Et on est aussi dans un métier où il faut commencer à savoir tout faire soi-même, car être dépendant des autres devient très compliqué. Et puis, j’ai toujours fait de la prod’ pour pas mal d’artistes. Cette fois et avec l’aide de Jorris Gilbaud, qui a une oreille en or, cela nous a permis d’affiner tout ça. La production est quelque chose que j’aime énormément et que je tiens à continuer de faire. Parfois, c’est un peu pénible de tenir les deux rôles, à savoir guitariste et producteur, mais au final, cela te permet aussi de contrôler l’ensemble. Car cela peut aussi arriver que, lorsque tu vas en studio et que tu laisses quelqu’un d’autre produire, tu perdes des choses. Mais pour HEART LINE, comme je sais que je veux entendre, je pense que c’est plus sage de rester le producteur du groupe.
– Patrick Rondat, grand guitariste et rare ‘guitar-hero’ français fait également une apparition sur l’album. Comment s’est faite votre rencontre ?
On se connait depuis très longtemps sur les réseaux, mais finalement sans bien se connaître. Et puis, je suis fan de sa musique et de son jeu. Je l’avais fait venir il y a plus de 20 ans dans un masterclass ici en Bretagne. D’ailleurs, je ne suis même pas sûr qu’il s’en rappelle ! En fait, c’est lui qui me l’a proposé. Il m’a dit qu’il avait beaucoup aimé le premier album et qu’il adorait ce genre de musique. Il voulait faire quelque chose sur le prochain disque et je n’ai pas été long à lui répondre que j’en serai ravi ! Pour être honnête, je ne suis pas trop fan des guests sur les albums. Quand il y en a trop, tu perds aussi de l’identité du groupe. Mais quand Patrick te propose de jouer sur ton album, tu te débrouilles ! (Sourire) On avait un morceau dans les tiroirs, qui pouvait parfaitement coller avec ce désir de Patrick de faire de l’AOR. Je lui ai envoyé le titre et il m’a très vite rendu sa partie. Tout s’est fait vraiment très simplement.
– Pour conclure, parlons un peu de cet EP prévu pour décembre. Quand penses-tu mettre tout ça en boîte, à moins que ce soit déjà fait, et quel en sera le contenu ?
Je ne peux pas en dire trop pour le moment, si ce n’est que ce sera un cinq-titre et que sa sortie est prévue pour le 8 décembre. Il n’est pas encore enregistré, nous allons le faire courant octobre et toujours chez Pride & Joy. Pour le reste, je tiens à garder un peu de suspense… (Sourire)
L’album « Rock’n’Roll Queen » de HEART LINE est toujours disponible chez Pride & Joy.