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Desert Rock Drone International post-Rock

SoftSun : l’art de la patience [Interview]

Est-ce par désir de quitter une certaine zone de confort musicale, ou alors pour en découvrir vraiment une toute nouvelle qui leur permettrait de pouvoir pleinement s’exprimer que Pia Isa (chant, basse) et Gary Arce (guitares) se sont retrouvés dans un registre bien à eux ?  Accompagné par Dan Joeright (batterie), le trio mêle post-Rock et Dronegaze dans des atmosphères très Desert Rock. Avec SOFTSUN, ils explorent et expérimentent, tout en affichant sur « Daylight In The Dark » des sensations très libres et aériennes, portées par la voix éthérée de sa frontwoman et avec une incroyable fluidité. Rencontre avec deux musiciens, dont l’osmose et la complicité artistique ne font aucun doute.

– Avant de parler de ce premier album de SOFTSUN, j’aimerais que l’on revienne en 2020, lors de notre rencontre virtuelle pour le premier projet solo de Pia. Avec le recul, quel souvenir en gardez-vous tous les deux et à quel point votre vision commune de la musique vous a paru si évidente ?

Pia : Nous nous souvenons tous les deux très bien de nos premières discussions sur le sujet pendant le Covid en 2020. Gary a été l’une des toutes premières personnes à qui j’ai joué un de mes propres morceaux. Et je me souviens avoir pensé lui demander de jouer dessus, mais je me suis dégonflée. (Sourires) Et quelques jours plus tard, il m’a demandé s’il pouvait essayer de jouer quelque chose et j’étais super excitée, bien sûr.

Gary : Je suppose que nous sommes tous les deux attirés par la musique douce, ouverte et spatiale et où la patience est nécessaire pour laisser les notes vraiment respirer. Et même si nous avons des approches parfois différentes sur le sujet, cela semble être une très bonne combinaison.

– Après une collaboration sur les deux albums solo de Pia, vous vous rencontrez enfin pour la première fois en personne l’an dernier. J’imagine que cela facilite les échanges artistiques et personnels aussi. A quel moment avez-vous commencé à parler du projet SOFTSUN ?

C’est tout à fait vrai. En fait, nous avons commencé à parler de faire de la musique ensemble pas mal de temps avant de nous rencontrer en personne. Mais quand nous nous sommes enfin rencontrés, tout est arrivé naturellement et s’est passé assez vite.

– Vous venez d’horizons musicaux assez différents, mais qui se rejoignent finalement assez souvent. De quelle manière avez-vous décidé et mis au point la direction musicale du groupe ?

Tu sais, la musique se fait de manière très organique entre nous. Nous jouons simplement avec notre cœur et nous aimons tester toutes les idées qui nous viennent à l’esprit.

– Tout est donc allé très vite. Mais il faut une incroyable complicité pour enregistrer un album en deux jours et demi et seulement trois répétitions. Comment expliquez-vous cette maturité artistique qui émane de « Daylight In The Dark » ?

Pia : C’est vrai. Nous avions déjà écrit quelques chansons avant que je ne parte en Californie pour la première fois. Mais nous avons écrit très vite ensemble, et après quelques séances de composition, tout s’est mis en place très naturellement lors des répétitions, puis ensuite en studio. Pour nous, il s’agissait simplement de vraiment nous connecter et de nous entendre parfaitement.

– Pia, avais-tu déjà enregistré les voix chez toi en Norvège avant d’arriver en Californie ? Est-ce que ce sont des éléments peut-être fournis par Gary en amont qui t’ont guidé dans l’écriture, ou au contraire, la musique a-t-elle été composée en fonction des paroles ?

Pia : En fait, j’ai enregistré les voix en Norvège après avoir enregistré l’album en Californie. Puis, nous avons enregistré quelques nouvelles chansons pour une autre sortie lors de mon nouveau voyage de retour. Certaines étaient donc complètes avec les paroles et les voix avant que nous nous rencontrions. Et pour les autres, tout cela s’est assemblé pendant nos séances d’écriture et les répétitions. J’ai fait quelques scratchs vocaux en studio, mais je voulais prendre mon temps pour les enregistrer. Je n’avais pas envie de me précipiter, car nous avions peu de temps de studio après l’enregistrement de tous les autres instruments.

– Outre votre rencontre, il y a aussi celle avec Dan Joeright, musicien chevronné, votre batteur sur l’album et également propriétaire du Gatos Trail Recording Studio où a été enregistré « Daylight In The Dark ». Et c’est d’ailleurs aussi lui qui mixe l’album. Comment se sont passés vos premiers échanges et a-t-il été immédiatement séduit par la direction musicale du groupe ? Car, décidemment, les planètes semblent être vraiment alignées…

Nous ne pouvons pas parler pour lui, mais nous avons vraiment eu l’impression qu’il était le batteur idéal pour notre groupe. Il s’est tout de suite intégré et cela a été très facile de jouer avec lui. Et c’est vrai que c’est aussi ce que nous avons ressenti, que tout semblait vraiment aligné pour que ce projet se réalise.

– Parlons de l’album en lui-même. Ce qui peut surprendre en l’écoutant et lorsque l’on connait l’environnement dans lequel vous vivez tous les deux, c’est que l’esprit du désert de Mojave et le froid norvégien donnent vie à un univers assez singulier. Sur quelles atmosphères et ambiances vous êtes-vous tout de suite retrouvés ?

Oui, nos environnements sont très différents, mais nous avons un rapport similaire à la nature et elle nous inspire tous les deux. Peut-être que cela a quelque chose à voir avec le sentiment de nous connecter à elle et d’apprécier le fait d’être de petites parties de quelque chose de bien plus grand que nous. Et puis, nous aimons aussi tous les deux faire de la randonnée et des promenades dans la nature pour nous échapper du monde, que ce soit dans le désert ou le long de la côte.

– Vous êtes tous les deux très prolifiques. Pia joue avec Superlynx et en solo, dont le deuxième album « Dissolve » est d’ailleurs sorti il y a quelques mois. Et Gary, on te connait au sein de Yawning Man et ses multiples ramifications, Fatso Jetson et Zun notamment. SOFTSUN développe un style encore différent en associant post-Rock et Shoegaze avec une touche Drone. L’ensemble est assez pourtant souvent contemplatif aussi. C’est cet équilibre que vous recherchiez pour cet album ?

Nous n’avons jamais pensé en termes de genre musicaux et nous ne le faisons jamais. Nous voulions simplement que notre musique soit honnête, rêveuse et douce avec de belles mélodies et un socle de base lourd et l’expression claire d’un sentiment de patience.

– Si on retrouve un côté Doom sur certains morceaux, l’aspect Stoner/Desert Rock est aussi omniprésent. Est-ce que c’est, selon vous, le style qui vous rassemble tous les deux et qui domine dans SOFTSUN, car il y a aussi cet esprit jam qui ressort énormément de vos compositions ?

Tu sais, nous ne nous identifions pas du tout à ces genres ou catégories. Nous jouons simplement la musique que nous avons envie de jouer. Ce sont toujours les autres qui étiquettent notre musique comme ça. Pour nous, nous jouons une musique douce, patiente et rêveuse, qui vient de notre cœur et avec des sentiments honnêtes. Mais oui, nous improvisons beaucoup et c’est ainsi que naissent la plupart des mélodies que l’on entend dans nos morceaux.

– L’album est vraiment plein de contrastes et les couleurs sont multiples. Et grâce à des voix assez aériennes, une basse puissante, une batterie très libre et des guitares presqu’obsédantes, SOFTSUN est unique en son genre et à vous écouter, on a l’impression que ce n’est qu’un début. Est-ce que la suite de l’aventure est déjà dans vos têtes ?

Nous avons déjà enregistré quelques chansons supplémentaires pour un split-album que nous faisons avec Yawning Man, et qui sortira l’année prochaine. Et nous commençons à planifier aussi un deuxième album. Nous envisageons également de jouer en live en 2025. Notre groupe a certainement encore beaucoup à offrir.

–  Enfin, j’aimerais que vous me disiez un mot sur le morceau-titre qui clôt l’album du haut de ses 12 minutes. Il donne vraiment le sentiment d’être la parfaite synthèse de SOFTSUN. Est-ce aussi votre avis et surtout votre intention de départ ?

Chaque chanson a été développée de manière organique et nous avons simplement joué ce que nous avions envie sans trop planifier, ni faire de calcul. Nous n’avons pas réellement une intention précise, mais cela montre clairement notre côté improvisateur et la patience que nous apprécions dans la musique.

L’album de SOFTSUN, « Daylight In The Dark », est disponible chez Ripple Music.

Photos : Aaron Farinelli et Zoe Joeright (4).

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Dark Folk Heavy Stoner Doom Stoner Doom

Moon Womb : transcendental

L’une des premières choses qui surprend chez MOON WOMB, c’est cette production à la fois rugueuse et sauvage, et pourtant très lumineuse, qui se caractérise par une volonté d’authenticité et d’une certaine pureté. La délicatesse presque vulnérable de la voix fait face à des distorsions guitaristiques où l’étrangeté musicale reste étonnamment familière et transcendante. Les Américains donnent le sentiment d’avoir totalement électrifié un registre acoustique pour lui donner du corps et le résultat est plus qu’ingénieux.   

MOON WOMB

« Moon Womb »

(Firelight Records)

Rangé derrière une étiquette Heavy Rock un peu étriquée, MOON WOMB fait partie de ses groupes complètement atypiques, qui semblent avoir un don inné pour désarçonner leur auditoire. Car sur ce premier album éponyme, les frontières stylistiques sont abattues pour laisser libre-court à l’inspiration du duo, qui nous embarque dans un périple musical contemplatif, globalement assez sombre, mais toujours pertinent et original. Ici s’entrechoquent Folk et psychédélisme sur fond d’ésotérisme et de magie.

Originaire de Woodland en Caroline Du Nord, Brandy (chant, batterie et cymbales) et Richard Flickinger (guitare et amplification) se sont créé un univers très personnel, composé de paysages sonores aux reliefs saisissants. Très organique dans le son, « Moon Womb » est guidé par la voix de sa chanteuse, qui n’a pas son pareil pour donner aux morceaux des aspects presqu’incantatoires avec une douceur enchanteresse. MOON WOMB se montre très intimiste dans l’approche et même assez minimaliste dans la composition.

Le tandem est en symbiose totale et si la voix semble ouvrir le chemin, la guitare baryton aux sonorités brutes et singulières donne le ton aux ambiances qui s’engouffrent dans des passages très sombres et atmosphériques. On est proches d’une Dark Folk où se mêlent contes de fées et folklore dans une ode à la nature. La lenteur des compositions de MOON WOMB libère d’étonnantes impressions de liberté et d’espace et des éléments empruntés au Drone, voire au Doom, se joignent à ce mélange artistique créatif et inattendu.         

Photo : Agatha Donkar Lund
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Desert Rock Drone

Droneroom : face à l’horizon

Pour un peu, on l’entendrait marcher dans le désert. DRONEROOM, one-man-band hors du commun, joue avec les atmosphères comme personne et il nous promène à l’envie dans un décor quasi-naturaliste fait d’un mur d’effets sorti de sa Telecaster. Entre bourdonnements et ondulations, le Desert Drone instrumental de l’Américain grince et captive.

DRONEROOM

« Whatever Truthful Understanding »

(Desert Records)

Blake Edward Conley, alias DRONEROOM, est un drôle d’oiseau. Ce one-man-band, qui s’est autoproclamé ‘Cowboy Of Drone’, évolue dans un registre dont il est sans nul doute l’un des seuls représentants. Originaire de Nashville, le musicien a fait escale à Louisville pour se poser à Las Vegas plus récemment. Et avec ses déplacements, autant d’albums ont jalonné sa route.

Très aventurier, il ne cesse de multiplier les expérimentations musicales, laissant libre-court à une créativité et une ingéniosité sans faille. Mais DRONEROOM n’est pas l’œuvre d’un farfelu, loin de là. Poussant à l’extrême son Desert Drone, Conley donne vie à un style minimaliste basé sur des rythmes Country dans lesquels des boucles d’effets en tous genres se meuvent harmonieusement.

Pour « Whatever Truthful Understanding », DRONEROOM se présente sous une forme très acoustique et organique d’où s’échappent même des sons de la nature. Sur des morceaux  dépassant les dix minutes, le musicien nous transporte dans un univers lancinant et émotionnellement très fort. Dans des tableaux où le désert côtoie le bruit de la pluie, la technique unique de l’Américain fait mouche. Une autre vision du monde !

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Doom Drone

Wyatt E. : fresque instrumentale [Interview]

Architecte d’un Drone Doom Oriental original et envoûtant, le trio belge WYATT E. vient de livrer une nouvelle réalisation créative et atypique, où il nous renvoie quelques siècles dans le passé. « Āl Bēlūti Dārû » (« La ville éternelle » en langue akkadienne) donne du sens à une musique pourtant instrumentale en la structurant de manière très narrative. Sebastien (guitare/synthé) nous en dit un peu plus sur la démarche et la façon de travailler du groupe.

Photo : Gil Chevigné

– Avant de parler de ce nouvel album, j’aimerais que tu reviennes sur votre parcours débuté en 2015. En l’espace d’un EP et d’un album, WYATT E. s’est taillé une belle réputation. Vous vous y attendiez ?

Absolument pas. Nous n’avions aucune velléité live pour ce groupe. Nous souhaitions faire de bonnes chansons, certes, mais nous ne souhaitions pas forcément en faire un objet live.

– Vous évoluez dans un registre qui combine le Drone Oriental et le Doom avec un sens du storytelling assez stupéfiant pour un groupe instrumental. Sur quoi vous basez-vous pour composer vos morceaux, car on peut penser à une grande jam ?

On construit nos chansons en fonction de ce dont on a envie de parler. Donc, en ce sens, il s’agit d’un processus très réfléchi. Mais pour cela, nous avons besoin de matière première. Celle-ci nous la devons essentiellement à de longues jams.

– WYATT E. est un trio et pourtant votre musique est particulièrement riche. S’il y a beaucoup de programmation et de synthé, votre son est très organique, à un point qu’on peut imaginer un ensemble de musiciens plus conséquent. Comment procédez-vous ? Vous enregistrez de manière acoustique certaines parties vous-mêmes avant de les sampler ?

Hors de toutes ces jams, on sort pas mal de pistes qu’on superpose sans vouloir faire de choix drastiques de coupes. Donc, on les conserve et on fait le choix des séquences que nous enregistrons, soit pour l’album, soit pour le live et sur lesquelles nous jouons. Le but étant d’interpréter un maximum de choses dans les limites du possible.

Photo : Gil Chevigné

– Tout en étant instrumentale, votre musique repose sur des bases historiques ou légendaires. « Āl Bēlūti Dārû » relate un pèlerinage dans l’empire néo-babylonien. Est-ce qu’avant de composer vos titres, vous effectuez des recherches spécifiques sur ces époques pour vous inspirer des atmosphères qu’elles pourraient vous évoquer ?

Bien sûr, que ce soit au niveau de l’imagerie et des costumes aussi. L’idée n’est pas de faire de nous des historiens. Je nous vois plutôt comme des interprètes d’un film ou d’un opéra ‘basé sur des faits historiques’. Cette période, et cet épisode en particulier, relève d’un choix personnel lié à l’un de nos membres.

– Justement, cette nouvelle réalisation est composée de deux morceaux de 19 minutes chacun. C’est un format peu courant et très audacieux. C’est l’aspect expérimental qui vous intéresse le plus et qui vous guide ?

Nous aimerions que nos pistes puissent être plus longues. Le dernier album va encore plus loin dans cette direction, je pense. Elles s’enchaînent de manière très organique. Mais 19 minutes, c’est aussi la limite d’un disque 12” en vitesse 33rpm pour conserver la qualité de notre musique sans en altérer la définition. C’est plus une contrainte qu’une liberté pour nous, en fait.

– Il y a aussi beaucoup d’instruments traditionnels dans votre musique. Comment faites-vous le choix de les utiliser et en jouez-vous vous-mêmes, afin de mieux maîtriser l’ensemble ?

Il n’y en a pas tellement, je pense que c’est aussi notre son qui est particulier. Mais lorsque cela se présente, soit nous invitons des musiciens, soit nous expérimentons, soit il s’agit d’instruments que nous maîtrisons d’une certaine manière.

Photo : Gil Chevigné

– Un mot sur la production qui est signée Billy Anderson et le master par Justin Weis, deux spécialistes du genre. Un style comme le vôtre nécessite des choix judicieux. Ces collaborations étaient une évidence pour vous ? Et comment cela s’est-il passé ? Vous leur avez laissé carte blanche, ou avez-vous au contraire suivi de près leur travail ?

Une évidence, oui. Aller chercher la bonne personne permet aussi de sublimer ton travail.  Billy a effectué des choix très tranchés auxquels nous n’aurions pu nous résoudre seuls. Le mix s’est éclairci avec son travail. Et nous lui avons clairement laissé les mains libres.

– Aviez-vous des exigences particulières, comme notamment pouvoir réinterpréter l’ensemble à l’identique sur scène, par exemple ? Car, en studio, il est facile de réaliser des choses difficilement jouable en concert par la suite…

Cela revient un peu au début de notre conversation avec les choix que nous effectuons sur ce qui reste sur les bandes, ce qui en disparaît et ce que nous jouons. Une fois que le mix est terminé, nous réapprenons à jouer nos morceaux. Nous nous les réapproprions parfois en retirant des éléments, mais souvent en y ajoutant de nouveaux aussi. Je dirais que les morceaux sont sensiblement différents en live. Pas par la difficulté de les jouer, mais dans la gestion des instruments le plus souvent. Il s’agit surtout d’une organisation efficace de nos ressources.

– Enfin, pour avoir lu beaucoup de choses sur WYATT E., j’ai noté que l’on parlait presque systématiquement de performances plutôt que de concerts vous concernant. C’est aussi la vision que vous avez de vos prestations scéniques ?

Nous souhaitons, en effet, le temps d’un concert, emmener le public en immersion, les inviter à écouter l’histoire que nous avons à raconter. De la même manière qu’un film ou un opéra, comme nous l’évoquions plus haut.

L’album de WYATT E. « Āl Bēlūti Dārû » est disponible depuis le 18 mars chez Stolen Body Records.

Retrouvez la chronique de l’album :

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Metal Progressif post-Rock Rock Progressif

[Going Faster] : Xavier Boscher / Day Of Departure

Parce qu’il y a beaucoup, beaucoup de disques qui sortent et qu’il serait dommage de passer à côté de certains d’entre eux : [Going Faster] se propose d’en mettre plusieurs en lumière… d’un seul coup ! C’est bref et rapide, juste le temps qu’il faut pour se pencher sur ces albums, s’en faire une idée, tout en restant toujours curieux. C’est parti !

XAVIER BOSCHER – « Cosmic Variations » – Orfeo’Lab

Loin d’être un inconnu sur la scène Rock et Metal française, XAVIER BOSCHER a travaillé pour et avec de nombreux groupes, dont Nebuleyes et Misanthrope, avant de se consacrer à sa propre musique au sein de sa structure, où il produit aussi d’autres artistes. Aujourd’hui, c’est avec un album instrumental, « Cosmic Variations », sur lequel il joue tous les instruments qu’il se présente pour un voyage lumineux. Entre Rock et Metal Progressif, XAVIER BOSCHER livre un opus conceptuel où les mélodies se fondent dans une technique exemplaire, sans être exubérante, à travers sept morceaux séparés par des « Echo », intermèdes Drone joués à la guitare et très immersifs. Avec « Cosmic Variations », le multi-instrumentiste se fait aussi subtil que puisant dans un registre très maîtrisé et captivant.

DAY OF DEPARTURE – « Day of Departure » – Bravemusic

Originaire de Washington DC, DAY OF DEPARTURE sort enfin son premier album éponyme, fruit de deux ans de travail à distance pour ses cinq membres. Dans un registre Progressif et Ambient, les Américains proposent un style entre Rock et Metal avec quelques embardées post-Rock qui confèrent à cet opus une originalité et une touche toutes particulières. Enveloppé par la voix de sa chanteuse Michelle Schrotz, DAY OF DEPARTURE nous invite à le suivre dans un périple basé sur le thème de la science fiction. Le pari est osé, l’album très bien réalisé et couronné d’une belle production assurée par le groupe lui-même, et qui traverse les atmosphères spatiales avec talent. Un bel opus pour un départ qui se présente sous les meilleurs auspices. 

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Experimental Metal Progressif Rock Progressif

XCIII : avant-garde conceptuelle

Loin des conventions et des idées reçues inhérentes à chaque style et qui permettent à chacun de mettre les albums dans une case bien précise, XCIII fait fi des étiquettes, à moins que ce soit pour mieux les coller où bon lui semble. Sur « Void », c’est un télescopage savamment dosé entre des sonorités Metal, Trip-Hop, Prog-Rock, Coldwave et toujours avant-gardistes et expérimentales que nous propose le musicien français.

XCIII

« Void »

(My Kingdom Music)

Avec XCIII, on ne sait jamais vraiment à quoi d’attendre et c’est une très bonne chose ! Toujours seul aux commandes, Guillaume Beringer, qui interprète tous les instruments et le chant, semble pourtant sur « Void » désirer partager son univers, qui reste progressif et avant-gardiste, avec la chanteuse Maélise Vallez. Présente sur quatre morceaux, elle apporte une nuance, une lumière et une chaleur assez inattendues à ce cinquième album, toujours aussi minutieusement élaboré avec des arrangements bénéficiant d’une attention toute particulière.

Des styles et des ambiances différentes, XCIII en a parcouru depuis son tout premier EP « Majestic Grief » en 2010. Traversant tout à tour et au gré de son inspiration des registres comme le Black Metal, la Coldwave, le Trip-Hop, le Prog expérimental, l’Ambient avec parfois même des clins d’œil au Drone, le musicien livre « Void », un album peut-être plus personnel, presque conceptuel et en tout cas plus organique qu’à l’habitude. Une touche plus acoustique que l’on doit à l’évidence à l’intervention de deux pianistes et d’une violoncelliste (« Vs »).

Très bien produit et masterisé par Steve Kitch, gage de qualité s’il en est, « Void » donne aussi l’impression de moins jouer sur les boucles et se détourne des morceaux parfois répétitifs dans la forme, l’empreinte de l’univers dans lequel XCIII se meut depuis des années. Plus abordables aussi, des titres comme « Red Lights » ou « Hannah » conservent cet aspect expérimental et très Electro, mais ils font aussi émerger une facette estampillée ‘chanson’, rare jusqu’ici. Et « Rosemary » et « Tapeworm » viennent confirmer cette évolution permanente dans l’anticonformisme, qui reste la marque de fabrique de l’artiste.