Catégories
International Metal Fusion Rap Metal

Senser : perpetual rebellion [Interview]

Plus de 30 ans après le phénoménal « Stacked Up », qui les a révélé et aussi marqué toute une génération de fans curieux, SENSER n’a pas pris la moindre ride et, surtout, n’a pas dévié de son registre si atypique dans lequel certains ont pourtant tenté de s’engouffrer. Une intemporalité dans le son comme dans la forme, qui tient à une faculté d’adaptation hors-norme du sextet à se renouveler sans jamais trahir son ADN Rap et Metal. L’incontournable fondateur et frontman, Heitham Al-Sayed est toujours le garant de l’identité du combo britannique, tout comme tous les musiciens de l’explosive formation, dont le socle a très peu changé depuis le début. Avec « Sonic Dissidence », son septième album, le groupe joue encore et toujours sur les dualités : riffs acérés vs scratchs, voix féminine et masculine, le tout soutenu par un duo basse/batterie sans concession. Ce nouvel opus est à ranger parmi les meilleures productions de l’année, tant elle défie les genres avec talent et un impact qui ne faiblit pas. Entretien avec le rappeur et chanteur, qui fait le point sur la démarche hors-norme de SENSER et le chemin parcouru.

– On en parlait hors interview, et c’est vrai que votre premier album, avec des morceaux comme « Age Of Panic » ou « Eject », représente des moments de vie importants pour une certaine génération. Il y avait beaucoup de liberté dans ce premier effort. Quel est ton regard aujourd’hui sur cette époque et ce qu’elle a apporté ?

Les conditions étaient différentes dans le paysage musical, pas seulement pour les groupes. L’industrie et la technologie étaient telles que si tu avais quelque chose d’intéressant à présenter, il suffisait juste d’acheter un moyen de transport, d’y mettre tes instruments et de partir booker des dates. Et puis sur place, tu pouvais toujours imprimer des t-shirts, faire des cassettes pour créer des moments fun, le tout dans un esprit très DIY, comme à la maison. Tu ne pouvais peut-être pas totalement vivre de la musique, mais tu pouvais au moins créer quelque chose. Ensuite, il y avait plein de petits labels indépendants et c’était plus facile pour obtenir les contacts et avoir une présence dans le monde entier, créer des vidéos, etc… Il y avait tout un réseau qui faisait ça. Aujourd’hui, c’est très différent. Tu me parlais de la liberté de la musique. Elle a toujours été là, en fait. C’est un choix que nous avons fait. Mais on n’est pas toujours obligé de rester dans des choses révolutionnaires. Nous écoutons toujours plein de musiques différentes comme le Hip-Hop ou la Pop-Dance avec la même passion. Et nous avons tout incorporé dans notre musique. Et l’avantage qu’on avait aussi, c’est qu’on pouvait tout jouer en live, juste le guitariste et moi au chant et aux samples. On avait besoin de beaucoup moins de choses finalement. 

– Il y a un peu plus de 30 ans déjà, SENSER faisait irruption sur la scène britannique en brisant les codes, grâce à un Metal Fusion, jusqu’alors assez inédit. Que ce soit au niveau du Metal, du Rap ou de l’Electro, vous étiez au top de tous ces styles. Comment s’était formé le groupe, qui avait d’ailleurs des allures de collectif aussi à l’époque ?

Oui, il y avait cette impression car, comme beaucoup de groupes, on a souvent dû changer de musiciens. On a eu un premier batteur excellent, mais qui a eu des problèmes psychologiques, un DJ qui n’était pas vraiment dans le même univers que nous, etc… Donc, au début, il y a eu plusieurs changements. A partir de l’album « Staked Up », le line-up s’est stabilisé, même si Johnny (Morgan, batterie – NDR) et moi sommes allés sur d’autres projets. Mais, nous sommes toujours revenus. Et si tu prends SENSER aujourd’hui, c’est le même groupe à la seule différence du DJ. Cela fait un an et demi qu’il est avec nous. L’ancien s’était un peu radicalisé à l’extrême droite et nous, c’est quelque chose qu’on ne peut absolument pas revendiquer. C’est même tout le contraire de ce que je chante ! (Rires)

– Après quelques singles à succès et surtout l’album « Stacked Up », SENSER a explosé dans tous les sens du terme, puisque tu es aussi parti fonder Lodestar. Que s’était-il passé ? Un succès trop soudain ? Une pression devenue trop forte ?

Cela n’a pas été soudain, car on tournait depuis des années avec notre petit van. On a fait beaucoup, beaucoup de choses. Puis, on a enregistré l’album, nous avons tourné et tout cela a duré quelques années. Si tu fais le compte, entre le début de la conception de « Stacked Up » jusqu’à la fin du cycle, cela représente environ cinq ans de la vie du groupe. J’étais presque un ado et à la fin j’avais 25 ans et je n’en pouvais plus ! J’avais besoin d’une pause pour explorer quelque chose de différent. On avait pourtant commencé à composer un autre album dans la foulée, mais c’était comme un citron qu’on aurait trop pressé : ça ne venait pas naturellement. On ne voulait pas pour autant quitter le groupe. Et puis, il y a eu quelques pressions du mangement, qui a vu l’opportunité de faire deux projets. Ca voulait dire plus de ventes, des concerts, parfois de l’argent aussi et il nous a poussé à le faire en nous disant qu’on pouvait assurer les deux projets en même temps. Mais, on aurait peut-être dû prendre juste une pause. Ensuite, les autres membres étaient partants aussi. Et deux ans plus tard, nous sommes revenus pour SENSER et là on était prêts. Tout le monde a eu l’impression que ça a explosé mais, en fait, non… (Sourires)

– Malgré les deux albums suivants (« Asylum » et « Parallel Charge »), c’est avec « SHEMAtic » que vous retrouvez la lumière en 2004. Il aura fallu dix ans pour retrouver l’élan de vos débuts et cette inspiration. Y a-t-il eu un déclic ?

Pas vraiment, car nous avons toujours eu ça en nous. On voulait vraiment continuer à faire ce genre de musique ensemble. J’avais juste besoin d’un break, car le fait de tourner pendant cinq ans avec les mêmes personnes dans ces conditions-là est assez difficile. Nous n’étions pas le genre de super-groupe avec son propre bus, où tu vas jouer dans des villes où tu peux rester un peu, etc… C’était assez intense et j’ai eu besoin de lever le pied. Pendant ce temps-là, je me suis marié, j’ai retrouvé une sorte de vie normale et après j’ai déménagé à Paris aussi. Il fallait que je me retrouve un peu, avoir une relation plus saine avec moi-même pour renouer aussi avec l’inspiration qui m’animait sur le premier album. Mes batteries étaient vides à ce moment-là. On n’aurait pas fait tous ces albums et celui qui vient de sortir, si nous n’avions pas pris un peu de recul et procéder aussi à des changements dans notre quotidien. Nos vies n’étaient pas normales !

– L’une des particularités de SENSER est d’avoir toujours garder ce mélange de chant féminin et masculin. Est-ce que, selon toi, c’est aussi ce qui rend le groupe incontournable et unique en son genre ?

Oui, c’est quelque chose de très important. Dans le Hip-Hop, et dans le Metal aussi, tu peux compter sur les doigts d’une main le nombre de femmes au chant depuis les années 80 ! Dans le Rap, leur présence se résumait surtout à des featurings, où la chanteuse venait juste en soutien du chanteur. C’est le masculin qui dominait l’ensemble. Il y avait juste Digable Planets de Brooklyn et un ou deux autres, mais pas les plus connus. Et en ce qui nous concerne dans SENSER, nous sommes arrivés ensemble et ce n’est pas du featuring…. (Sourires)

– D’ailleurs, ce qui est surprenant en se replongeant dans « Staked Up » et en enchaînant directement sur « Sonic Dissidence », c’est que la fougue, la volonté et l’envie n’ont pas changé. Seuls le son et la production sont plus actuels. Aviez-vous, dès le début, le sentiment de créer une musique aussi intemporelle ?

Non, pas vraiment, dans le sens où je n’arrivais pas à me projeter. Franchement, j’ai toujours pensé que j’allais mourir à 27 ans ! Quant tu as cet âge-là, je ne pense que tu puisses imaginer concrètement ton avenir. Je suis vraiment très reconnaissant, car on a beaucoup de chance de pouvoir mener un projet aussi personnel et sans compromis pendant 30 ans ! Je me rends bien compte à quel point c’est rare et c’est génial. Il y a des gens qui sont toujours là, qui achètent nos disques et qui viennent aux concerts. Je trouve ça ultra-touchant, oui… (Sourires)

– D’ailleurs, depuis combien de temps êtes-vous sur la composition de ce sixième album, et est-ce que chacun apporte sa contribution, car votre style est très riche ?

Avant, quand on vivait dans tous dans le même pays, la même ville et presque les mêmes quartiers, il y a avait beaucoup de jams où tout le monde venait. Et ça, c’était épuisant ! On passait nos journées dans les salles de répétition, on faisait tourner des idées en boucle. C’était très difficile de sortir quelque chose à partir de séances, de bœufs improvisés. Alors, bien sûr, il y avait des contraintes et chacun faisait des petites démos chez lui. Je pense que la technologie d’aujourd’hui a libéré tout le monde. J’ai même fait des maquettes cette fois-ci sur mon téléphone ! Donc, il y a des démos qui viennent d’un peu partout et on se les repasse tous entre-nous. A partir de là, tu peux ajouter plein de choses et vraiment te lâcher, ou au contraire les mettre de côté. C’est plus facile aussi pour mettre tout le monde d’accord. On échange beaucoup de cette manière maintenant.

– J’aimerais qu’on parle aussi des textes, qui ont toujours été très engagés chez SENSER. Quelles différences notes-tu depuis vos débuts, et est-ce que les combats ne sont finalement pas un peu les mêmes dans une société, qui manque peu à peu de repères et de valeurs ?

Oui, il y a toujours eu de l’engagement dans SENSER. Mes premières influences viennent des premiers Rap que j’ai écoutés et qui étaient surtout constitués de breaks et d’électronique. Ensuite, ça a été Public Enemy, Run DMC, etc… . Ce n’est pas super engagé, mais il y avait quand même quelque chose de revendicatif. Public Enemy a été très important pour moi, ainsi que Crass (collectif d’artistes britannique d’anarcho-punk, fondé en 1978 – NDR). Là, j’ai compris que je pouvais aborder mes propres sujets. J’adorais ces groupes Punk et ce qu’ils exprimaient. Il y a d’ailleurs beaucoup de similitudes entre Crass et Public Enemy quand on y pense. Chuck D. s’est présenté avec du design sur l’image avec des logos simples et une grande éducation sur l’histoire politique du mouvement des droits civils aux Etats-Unis. Il y avait une pensée derrière, des idées. Très rapidement, je me suis rendu compte que c’était ce que je voulais faire, proposer une sorte de miroir de la société. Tout le monde regarde la télé, son téléphone ou va manifester pour s’exprimer. De mon côté, je voulais le transmettre à travers notre musique. C’est un processus très naturel, en fait, et un choix très conscient.

– J’allais justement y venir, car il y a vraiment le sentiment que ce nouvel album se fait le témoin de notre époque, avec toute sa noirceur et aussi sa luminosité. Est-ce dans ce sens que vous l’avez souhaité et composé ?

Oui, ça a toujours été ça ! En effet, c’est certainement une sorte de miroir au niveau des paroles. Il ne faut pas oublier que cela a toujours existé dans le Rap avec Public Enemy ou KRS-One, par exemple, mais pas à ce point, c’est vrai. C’était ultra-engagé, tout comme les groupes Punk d’ailleurs. Dans le Metal, c’est un peu différent. Il y a des groupes comme Napalm Death et d’autres où tu ne peux pas te tromper sur leurs idées politiques, leurs positions et leurs points de vue sur le monde, comme Sepultura aussi dans un sens. Même Slayer, si tu écoutes bien, fait un peu la même chose avec la religion dans un cadre plus morbide. Il faut voir sous quel angle ils tiennent le miroir sur ce qui est important. Ca a toujours été présent avec différentes manières de l’exprimer.  Et pour moi, le Rap s’y prête également, bien sûr. Après, le style s’est énormément matérialisé avec des gens comme Puff Daddy, et notamment ‘P. Diddy & the Bad Boy Family’ qui ont vraiment fait de la merde ! Mais, parallèlement, ils sortaient des trucs mortels, alors que le reste était conçu pour la grande consommation. Maintenant, je comprends très bien l’idée d’avoir du succès, de l’argent… et de fétichiser tout ça. Je comprends l’impulsion qui est derrière et ce désir de sortir d’une certaine situation socio-économique où l’on n’a pas peur de montrer son argent. Mais artistiquement, c’est vide !

– Enfin, revenons à votre dualité vocale dans SENSER. Avec Kerstin Haigh qui s’est imposée, vous formez un tandem explosif et je trouve aussi qu’elle est plus présente sur « Sonic Dissidence » et que l’équilibre est parfait. De quelle manière travaillez-vous cette complémentarité ? Le faites-vous ensemble sur les lignes de chant, notamment ?

Sur les lignes vocales, oui, un peu plus. Mais sur les paroles : zéro ! (Rires) Sur les textes, on fait chacun notre truc, c’est ça qui est incroyable. On a déjà essayé de travailler ensemble sur des morceaux, une fois ou deux, et ça ne marche pas trop. Parfois, on reprend une ligne de l’autre, comme je peux le faire sur scène, par exemple. Et à d’autres moments, si mes lignes sont plus adaptées à elle, elle reprend certaines de mes paroles. Dans ces cas précis, ça marche, mais on expérimente rarement. En fait, on essaie de se suivre et de créer une continuité dans l’interprétation. Mais on n’écrit jamais ensemble, c’est bizarre, hein ? (Sourires)

Le nouvel album de SENSER, « Sonic Dissidence », est disponible sur le Bandcamp du groupe : https://senser.bandcamp.com/album/sonic-dissidence-2

Catégories
Funk Rock Fusion Livre

Red Hop Chili Peppers : funky California

Avec des débuts fracassants et enthousiasmants, les RED HOT CHILI PEPPERS ont marqué profondément et de manière indélébile le monde du Rock au sens large. Précurseurs d’un registre qui a fait des émules et traversé plusieurs générations, ils sont les plus funky de la côte ouest et ont balisé leur parcours à grands coups de riffs brûlants, de slaps phénoménaux et de hits aussi nombreux qu’incontournables. Fédérateurs et parfois borderlines, les Américains font des étincelles jusque dans cette belle docu-BD.

RED HOT CHILI PEPPERS

B. Figuerola/C. Cordoba/F. Vivaldi/S. Degasne

Editions Petit à Petit

La maison d’édition normande poursuit sa belle série dédiée à la musique et elle s’attaque cette fois à un nouveau monument du Rock mondial. Et c’est du côté de la Californie que l’on suit les aventures des RED HOT CHILI PEPPERS. Fondé sous le soleil de Los Angeles en 1982 par deux amis d’enfance, Anthony Kiedis (chant) et Flea (basse), le groupe prend véritablement forme avec les arrivées en 1988 de Chad Smith (batterie) et Jon Frusciante (guitare), qui stabilisent le combo, malgré deux départs de ce dernier par la suite.

Aujourd’hui, du haut d’une discographie de 13 réalisations studio, les R.H.C.P. approchent les 80 millions d’albums vendus et, pour ceux que ça intéresse, plus de cinq milliards de streams. Autant dire que le quatuor pèse dans l’industrie musicale et ce n’est pas une question de marketing. Non, il est le créateur d’un style et d’un son unique, identifiable entre mille et en quelques secondes. Une touche très personnelle où se mêlent de manière très naturelle Rock, Funk, Metal, Soul, Rap ou Punk dans une harmonie totale.

Cela dit, et avec tout le respect que j’ai pour les R.H.C.P., il faut bien avouer qu’ils se sont éteints à l’aube des années 2000. Si techniquement, ils sont irréprochables, les productions qui ont suivi « Californication », voire même avant, manquent de souffle. D’ailleurs, les puristes affirment que « Mother’s Milk » est même leur dernier joyau. Bref, la bande dessinée, bien documentée, relate l’incroyable succès et les frasques qui ont émaillé la carrière exceptionnelle de quatre musiciens appréciés de tous… d’une manière ou d’une autre.

128 pages/Format 19×26 cm/19,90€

Catégories
Metal Fusion

Slope : funky blast

Le groove est monumental, les riffs aussi funky que tranchants, la rythmique virevolte et claque et le flow du frontman est aussi accrocheur que revendicatif. SLOPE a su s’approprier les codes d’un genre né au siècle dernier : le Metal Fusion. Avec « Freak Dreams », nos amis germaniques manient de multiples ambiances avec une énergie contagieuse et un songwriting dont le processus est redoutable d’efficacité. Ca slape, ça percute, ça harangue de toutes parts pour fédérer avec une malice et une légèreté qui font mouche avec talent.

SLOPE

« Freak Dreams »

(Century Media)

A Duisburg, près de Düsseldorf, se trouvent cinq jeunes gens dont les goûts et les influences sont restés figés dans les 90’s et dans ce qu’elles avaient de plus imaginatif et explosif. Dans cette décennie bénie entre toutes, le Metal se mêlait avec ingéniosité, savoir-faire et beaucoup d’audace à d’autres styles, donnant lieu à une fusion des genres restée depuis inégalée. Si les modèles sont évidents, la créativité de SLOPE nous replonge avec plaisir dans une registre tellement rafraîchissant.

Dix ans après sa formation, le groupe continue sa remontée dans le temps et fait jaillir de belles sensations restées enfouies quelque part dans de nombreuses discothèques et aujourd’hui, malheureusement, submergées par de fades expérimentations dérivées du MetalCore et autres éléments sonores de supermarché. SLOPE se sert très habillement de cette scène un peu vintage et lui redonne du brillant et du lustre à travers une production moderne et irrépressible. Un régal.

Mais revenons à ce très bon album des Allemands, « Freak Dreams », qui fait suite à « Street Heart » (2021), lui-même précédé des EP « Helix » (2014) et « Losin’ Grip » (2017). Si le quintet est fortement imprégné des premiers Red Hot, le combo a également très bien assimilé les œuvres de RATM, Faith No Moire, Bad Brains, Suicidal Tendencies et même celles des Beasties Boys. Réjouissant, donc ! Le Metal Fusion de SLOPE se pare de Funk, de Rap et de Hard-Core avec brio et c’est la belle surprise de ce début d’année !

Catégories
Metal HxC

Honesty : sommation HxC

Nerveux et frontal, le style de HONESTY s’inscrit dans la veine de celui d’un Biohazard ou de Madball avec des guitares aux riffs lourds et tranchants et une rythmique compacte et appuyée. C’est au Danemark que le Metal Hard-Core distillé sur « Wargame As DNA » a été mis en boîte et il jaillit avec énergie et explosivité. D’une remarquable fluidité, le groupe porte son message et ses mots sur les maux d’un monde à la dérive.

HONESTY

« Wargame As DNA »

(Rucktion Records)

Sorti un peu plus tôt dans l’année, il serait dommage de passer à côté du deuxième album de HONESTY, combo Metal Hard-Core, qui fait un retour fracassant six ans après « Can You Feel the Bite Of Life ». Composé des chevronnés Stéphane (91 Allstars) à la guitare, Tadz (Count To React, 91 Allstars) à la basse, Jolo (Tagada Jones) derrière les fûts et Bogdan (Count To React, Onesta) originaire de Belgrade au chant, les Parisiens haussent le ton et livrent un opus engagé et percutant. 

Resserré sur 34 petites minutes, « Wargame Is DNA » se veut très revendicatif et grâce à l’aspect brut et direct de son jeu, l’impact des textes n’en est que plus prégnant. HONESTY dénonce autant qu’il questionne sur des causes sociétales essentielles liées à la consommation, l’écologie, le matérialisme, le rôle de chacun ou encore la maltraitance animale. En plaçant l’humain au cœur de ses morceaux, le quatuor appelle légitimement à une prise de conscience collective et individuelle, l’essence-même de l’esprit HxC.

Sur des guitares très Metal, HONESTY joue la carte de l’authenticité pour mener son combat, et avec des saveurs très 90’s, il présente aussi des références au Rap américain de cette même époque, grâce au flow de son frontman. Mais pourtant, c’est bel et bien un fougueux HxC qui domine les débats avec rage et conviction (« Contender », « Silent Ones », « Final Pulse », « They Don’t Send Teir Own Kids », « The Last Judgement », « Black Angel »). Frais et terriblement sincère, « Wargame As DNA » est un choc… positif et salvateur !

Catégories
Metal Fusion Thrash Metal

Mordred : born again

Les fans de Thrash made in Bay Area se souviennent forcément de MORDRED, qui a fortement marqué les esprits avec « In This Life », album de Metal Fusion  précurseur, dans lequel les Californiens mixaient Thrash, Funk et Rap à grand renfort de scratches dévastateurs. 27 longues années plus tard, le combo est de retour le couteau entre les dents et avec « The Dark Parade », un album affûté comme jamais.

MORDRED

« The Dark Parade »

(M-Theory Audio)

Pionnier et précurseur dans son domaine, MORDRED a été le premier groupe de Thrash, et même de Metal au sens large, à intégrer un Dj. Dès 1989 avec leur premier album (« Fool’s Game »), les Californiens se font remarquer grâce à un style sauvage où leurs riffs assassins mêlés à des scratches bien sentis et percutants leur donne une touche particulière et inédite jusqu’alors.

En seulement trois albums et un EP entre 1989 et 1994, MORDRED a marqué de son empreinte le Thrash de la Bay Area en y incluant des éléments Funk et Rap notamment. Ouvrant la voie au Metal Fusion, qui explosera par la suite, le combo de San Francisco avait sans doute un temps d’avance et n’a malheureusement pas reçu la reconnaissance qu’il méritait amplement.

Loin d’abandonner son côté incisif ancré dans un Thrash Metal aux guitares acérées, le sextet fait aujourd’hui son grand retour avec « The Dark Parade », un album un peu plus sombre et moins fun que ses prédécesseurs, mais toujours aussi créatif. De « Demonic # 7 » à « Malignancy », « Dragging For Bodies » ou le très bon « I Am Charlie », MORDRED nous replonge dans une époque bénie.

Catégories
Extrême

As A New Revolt : hasta la victoria siempre

L’énergie est Metal/Punk, le flow est résolument Rap et ce nouvel EP de AS A NEW REVOLT, « Fares », est sauvage et engagé. Sur cinq titres solides et fluides, le duo français revisite le genre en y insufflant une énergie positive en forme de coup de poing.

AS A NEW REVOLT

« Fares »

(KNT Label/National Palms)

Si vocalement, on pense immédiatement à Zack de la Rocha et Asian Dub Foundation, limiter AS A NEW REVOLT a ces deux belles influences serait un peu rapide et réducteur. Aiguisée et affûtée, la musique du duo grenoblois est aussi percutante que revendicatrice, et la virulence du flow de Manu Barrero (également aux samples et sound system) est aussi solide que le jeu du batteur Julien Lhuillier.

Sur de gros riffs de guitare plus vrais que nature, l’explosivité de « Fares » doit aussi beaucoup à son authentique batterie, qui donne une touche organique aux morceaux très électroniques du EP (« Kanuni »). Revendicatif et déployant une belle énergie, AS A NEW REVOLT nous replonge par moment au cœur des 90’s dans la veine des Beastie Boys, Public Enemy et bien sûr RATM.

Mais au-delà de ça, le duo tire vraiment bien son épingle du jeu avec des morceaux incisifs et très actuels (« Juan », « New Traditional ») sans renier d’où il vient. Assez Punk dans l’esprit et la démarche, AS A NEW REVOLT tente à réveiller les consciences et c’est une très bonne chose (« Peplum »). Le renouveau du Metal/Rap est en marche et il pourrait bien venir de chez nous.