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Hard 70's Proto-Metal Psych

Siena Root : vintage steam

Avec ce nouveau double-album live, la formation de Stockhölm propose un voyage dont il a le secret à travers 12 morceaux soigneusement choisis et sur plus d’une heure et quart. SIENA ROOT y parcourt l’essentiel de sa discographie avec cette liberté qu’on lui connaît, c’est-à-dire une proportion à réarranger ses compostions pour les laisser atteindre des sommets d’improvisation. Capté sur bandes, « Made In KuBa » offre une chaleur et une proximité qui font le sel de ses productions depuis la fin des années 90.

SIENA ROOT

« Made In KuBa (Live) »

(Perception)

Après son dernier album studio, le très bon « Revelation » (2022), SIENA ROOT revient à ce qui fait l’essence-même de sa musique : la scène. Si le quatuor a déjà sorti huit opus, il faut revenir en 2011 et à « Root Jam » pour trouver une trace discographique du groupe en live. « Made In KuBa » est donc très attendu par les fans, et pas seulement. C’est en mars 2024 que les Suédois ont donné une série de concerts à Iéna en Allemagne et précisément au ‘Kulturbahnhof’, plus communément appelé le ‘KuBa’. 

Entièrement enregistré en analogique par l’ingénieur du son du combo, Ove Noring, qui travaille avec lui depuis « Kaleidoscope » paru en 2006, « Made In KuBa » relate à la perfection l’ambiance de ces trois soirées et surtout ce ‘Classic Roots Rock’ que SIENA ROOT élabore depuis une vingtaine d’années maintenant. Cultivant un esprit jam très créatif qui prend régulièrement le dessus, son registre défie le temps et se montre captivant dès les premières notes, où le Psych Rock côtoie le proto-Metal.

Sous l’impulsion de sa frontwoman, Zubaida Solid, également à l’orgue, les quatre musiciens s’engouffrent dans un répertoire savamment sélectionné pour le plus grand plaisir de la chanceuse assemblée présente ces soirs-là. Délicatement rétro, atmosphérique et capable d’éruptions sonores déflagrantes, SIENA ROOT accueille aussi à ses côtés Erik Petersson aux claviers Rhodes et la flûtiste et chanteuse Lisa Isaksson, qui viennent enrichir des morceaux aux riches tessitures. Une saveur vintage qui devient très vite envoûtante.  

Photo : Petter Hilber

Retrouvez la chronique de « Revelation » :

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Hard'n Heavy International

Dirkschneider & The Old Gang : un nouvel assaut [Interview]

Alors que le projet, né en 2020 au moment des confinements et des annulations successives de tournées, était destiné à soutenir son entourage, Udo Dirkschneider et une poignée d’amis avaient sorti «  Arising ». Réuni autour d’une même cause, le groupe composé de musiciens chevronnés n’avaient sûrement pas imaginé l’engouement qui se produirait autour de ce premier EP. Aujourd’hui, et entre plusieurs activités musicales, DIRKSCHNEIDER & THE OLD GANG présente un album complet, « Babylon », sur lequel la formation allemande évolue entre Hard Rock et Heavy Metal, deux registres qu’elle connait bien. Du nouveau aussi vocalement, puisqu’en plus de l’ancien frontman d’Accept, on retrouve au chant Peter Baltes et la chanteuse Manuela Bibert, qui apporte beaucoup de fraîcheur et une belle sensibilité féminine. Entretient avec le tenace leader du sextet…  

– Tout d’abord, j’aimerais que l’on revienne sur la genèse du groupe, qui était au départ un projet caritatif destiné à aider les artistes durant la pandémie. Comment s’est-il formé à l’époque et à l’initiative de qui ?

Oui, tout a démarré pendant la pandémie où nous avions écrit quatre morceaux. En fait, l’idée était de reverser l’argent à notre équipe, aux membres du groupe et aussi à notre entourage pour les soutenir pendant cette période. Il n’y avait pas de travail et c’était donc l’idée première. Ensuite, quand nous avons sorti ces quatre chansons, beaucoup de gens nous ont dit qu’on devrait faire un album. Or, ce n’était pas prévu à ce moment-là. On a donc commencé tout doucement en regardant un peu comment cela se passait jusqu’à ce que l’on arrive à un album complet. Pour ce qui est de la création du groupe, c’est parti d’une idée commune. On voulait vraiment aider les gens autour de nous et un EP nous a paru être une bonne idée. Et puis, pour le nom, en rassemblant Peter (Baltes, basse, chant – NDR), Stefan (Kaufmann, guitares – NDR), Mathias (Dieth, guitares – NDR) et moi-même, THE OLD GANG nous a semblé évident ! (Sourires)

– Dès 2020, puis l’année suivante avec la sortie de l’EP « Arising », le succès a été au rendez-vous. Vous attendiez-vous à un tel engouement aussi rapidement ?

C’est vrai qu’à la sortie de « Arising », les retours ont été très, très bons et les gens nous ont demandé plus. Mais tout ça n’était pas prévu ! Alors, nous nous sommes posés, on a discuté et nous nous sommes dits qu’en fonction du temps qu’on avait, on se mettrait à la composition d’un album. On se doutait que cela irait lentement. Je suis très occupé avec mes projets parallèles, et cela demande aussi du temps. Il nous a donc fallu attendre d’en avoir pour se retrouver tous ensemble et commencer à composer.

– Ce qui se voulait être un projet caritatif s’est donc transformé en véritable groupe. Cinq ans après sa création, votre premier album « Babylon » voit le jour. Qu’est-ce qui a changé pour vous depuis le début ? DATOG est-il devenu votre activité principale aujourd’hui ?

En fait, je pense que c’est avant tout un projet dans la mesure où rien n’a été prémédité. Nous n’avions rien planifié. C’est comme ça que nous le voyons et c’est surtout pour le fun que nous le faisons.

– Vous vous connaissez tous les six très bien, sur scène comme en studio. Comment se passe la composition des morceaux ? Est-ce que tout le monde y participe dans un même élan collectif ?

Oui, nous faisons tout ensemble. Personne ne compose seul les morceaux. Chacun apporte ses idées que ce soit Manuela (Bibert, chant, chœurs, claviers – NDR), Stephan, Peter, mon fils Sven (Dirkschneider, batterie – NDR) ou moi-même. C’est quelque chose que nous faisons vraiment tous ensemble, à partir des idées de chacun.

– D’ailleurs, l’une des particularités du groupe est que vous êtes trois au chant. Cela offre beaucoup de possibilités. Comment vous répartissez-vous les rôles et est-ce que chacun écrit ses propres parties ?

Là aussi, on travaille sur les voix ensemble. Il n’y a pas de leader de ce côté-là, non plus. Bien sûr, on retrouve certains d’entre-nous plus impliqués sur certaines chansons dont ils sont à l’origine. Mais au final, l’ensemble du travail est collectif sur tous les titres. Au début, j’ai enregistré quelques démos sur lesquelles on a ensuite travaillé. Mais pour les mélodies, c’est un travail de groupe et c’est le même processus sur tout l’album.

– Vous auriez aussi pu inclure les morceaux de « Arising » dans « Babylon », en les réenregistrant, par exemple. Mais vous avez préféré livrer un album entièrement inédit. Est-ce que dès vos premiers titres il y a cinq ans, vous avez été immédiatement convaincu que l’histoire ne faisait que commencer ?

En fait, une fois l’EP réalisé, il fallait passer à autre chose. « Arising » n’était que le début, c’est vrai, et c’est à ce moment-là que tout a commencé. Pour « Babylon », tous les morceaux sont inédits, en dehors de « Blindfold » qui est une chanson de Manuela et dont nous avons fait une nouvelle version.

– Globalement Hard Rock et aussi très Heavy, on retrouve des ambiances variées comme la très orientale « Babylon », la ballade « Strangers In Paradise » ou encore « Beyond The End Of Time », qui conclue l’album sur presque huit minutes…

« Strangers In Paradise » est bien sûr une idée de Manuela, qui en a trouvé le thème et sur lequel nous avons ensuite tous travaillé. Et c’est vrai que « Beyond The End Of Time » est une chanson très longue qui vient conclure l’album. Au départ, elle était même encore plus longue ! (Sourires) C’est d’ailleurs l’une de mes préférées de « Babylon ».

– Bien sûr, cinq ans se sont écoulés entre « Arising » et « Babylon » et DATOG a aussi changé de label entretemps. Est-ce que cela a aussi pu changer la trajectoire et l’élan du groupe ?

En fait, j’ai changé de label avec U.D.O. et Reigning Phoenix Music a pris le relais. Ils m’ont dit qu’ils aimeraient aussi avoir ce nouvel album de DATOG, et cela s’est fait tout seul finalement, car on se connait depuis très longtemps. Etant donné qu’ils travaillaient auparavant chez AFM Records, il n’y a donc eu aucun souci.

– Enfin, avec trois chanteurs, l’accent est aussi forcément mis sur les chœurs et des refrains très fédérateurs, taillés pour la scène et pour emporter le public. Est-ce quelque chose que vous aviez en tête dès le début, connaissant l’objectif premier du projet ? Et vous verra-t-on bientôt en concert ?

Oui, c’est vrai que nous avons trois très bons chanteurs que ce soit Peter ou Manuela et moi au milieu. Et celui qui a harmonisé l’ensemble en équilibrant les chœurs et les voix de tête sur les morceaux est Stephen, notre guitariste. Il connaît ma voix depuis très longtemps, il connaît aussi très bien celle de Peter et de Manuela bien sûr. Son implication a été totale et il a très bien su constituer les associations. Il a travaillé sur toutes les parties, ligne vocale par ligne vocale et a parfaitement défini qui devait chanter avec qui sur chaque morceau. C’est vraiment lui le grand organisateur du travail sur le placement de nos voix.

En ce qui concerne les concerts, rien n’est prévu pour le moment, ce n’est pas l’un de nos objectifs. En fait, j’ai beaucoup de travail avec U.D.O. et avec Dirkschneider et il y a aussi les 40 ans de l’album « Balls To the Wall ». Jusqu’à la fin de l’année, je dois aller jouer en Australie, au Japon, aux Etats-Unis, au Canada, … Je vais être très occupé. (Sourires) Et puis, je suis également en train de travailler sur le prochain album d’U.D.O. ! Donc, nous verrons si nous trouvons le temps plus tard. Je dis toujours qu’il ne faut jamais dire jamais, alors qui sait ? Peut-être une petite tournée ? En tout cas, à l’heure actuelle, il n’y a aucun projet de côté-là.

« Babylon », par DIRKSCHNEIDER & THE OLD GANG, sort chez Reigning Phoenix Music.

Photos : Eddi Bachmann Photography

Retrouvez aussi la chronique du dernier album de Dirkschneider et celles d’U.D.O. :

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Hard FM Hard'n Heavy

Lordi : unlimited game

La voix est toujours savoureusement rauque, les guitares affûtées, les claviers ravageurs et le propos emprunt d’une terreur toute amicale. LORDI est un combo de grands enfants, qui n’essaie même plus d’effrayer, mais plutôt de rallier à sa cause, celle d’un Hard’n Heavy mélodique, un brin moqueur, nostalgique et terriblement efficace. « Limited Deadition » fait une fois encore une place de choix à des refrains entêtants et fédérateurs, le tout sur une belle et solide dynamique. Toujours aussi espiègles dans le propos, les Scandinaves n’ont pas leur pareil pour asséner avec vigueur un registre hyper-maîtrisé.

LORDI

« Limited Deadition »

(Reigning Phoenix Music)

Il faut remonter à 1992 pour entendre LORDI faire parler de lui pour la première fois. Trois décennies donc au service du Hard Rock, du Heavy Metal et du Metal en général, et rien ne lui résiste. Pour preuve, « Lordiversity », un coffret de sept albums sorti en 2021 et qui souligne à quel point sa tête pensante, Mr Lordi, aka Tomi Petteri Putaansuu, est une encyclopédie débordante de références forcément, mais aussi et surtout d’une créativité assez unique. Alors pour ce 19ème album, la première attente était de savoir dans quel style il allait cette fois évoluer sur ce « Limited Deadition », son univers étant si vaste et sans limite.    

Et comme il y a toujours un thème sur chaque production de LORDI, un sorte de concept à lui tout seul, c’est dans le monde des jouets des 80’s qu’on le retrouve cette fois. Dans une espèce de magasin, dont on aurait sciemment fermé les portes pour laisser place au jeu… façon horrifique, bien entendu ! Et la bande-son de ce nouveau divertissement nous propulse il y a quarante ans, entre Hard Rock, Heavy Metal et Hard FM avec des refrains addictifs. Finalement, ne serait-ce pas là le véritable terrain de jeu des Finlandais ? D’une manière ou d’une autre, ils y reviennent toujours et s’y sentent tellement à leur aise.

Toujours très cinématographique, LORDI ne déroge pas à sa propre règle en parsemant ce nouvel opus de quelques interludes, qui viennent narrer ponctuellement ce nouveau scénario. Musicalement, on le retrouve dans un registre qu’il affectionne tellement et qui est même devenu sa marque de fabrique. L’ombre d’Alice Cooper plane toujours, même si petit à petit elle s’estompe un peu. De « Legends Are Made Of Clichés » à « Skelephant In The Room » en passant par « Killharmonic Orchestra », « Fangoria », « Retropolis » et le morceau-titre, les mélodies dominent entre riffs tranchants et solos voltigeurs.  

Retrouvez l’interview de LORDI à l’occasion de la sortie du coffret « Lordiversity » :

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Hard Rock

Gotthard : eternal crush

Alors qu’ils n’ont pas joué aux Etats-Unis depuis le début des années 90, les Suisses de GOTTHARD sont pourtant les plus Américains des représentants européens du Hard Rock. Un son unique inscrit entre Rock US et Hard mélodique, qui fait mouche à chaque album. Avec « Stereo Crush », pas de réel bouleversement, mais justement une belle continuité et une grande fidélité à un style où le groupe livre ce qu’il a de meilleur. Une sorte d’intemporalité entretenue avec talent et respect. Le genre de disque qui fait du bien.

GOTTHARD

« Stereo Crush »

(Reigning Phoenix Music)

L’emblématique formation helvète nous revient cinq ans après « #13 » avec la ferme intention de perpétuer ce Hard Rock mélodique qui fait sa réputation depuis plus de trois décennies maintenant. Même si les fans de son phénoménale guitariste ont pu se rassasier un temps avec les trois albums de CoreLeoni, c’est encore avec GOTTHARD qu’il s’exprime le mieux, où le tandem Freddy Scherer/Leo Leoni fait toujours des étincelles. Et avec un Nic Maeder en grande forme, « Stereo Crush » présente de bien belles choses.

Toujours produit par l’ami de longue date Charlie Bauerfeind (Helloween, Blind Guardian), le quintet ne dévie pas franchement de sa trajectoire habituelle, et on ne saurait s’en plaindre. Si la rythmique est toujours aussi solide, GOTTHARD fait aussi de la place pour des morceaux plus calmes, entre ballades et mid-tempos, un registre qu’il maîtrise parfaitement. Et puis, il y a ces (gros) clins d’œil à un certain Richie Sambora que les amateurs ne mettront pas longtemps à repérer sur « Rusty Rose » et « Boom Boom ».

Ce quatorzième opus confirme encore toute la polyvalence dont il est capable et si l’on met de côté la fadasse reprise de « Drive My Car » aussi insipide que l’originale, il faut bien avouer que GOTTHARD tient son rang et assène avec le même dynamisme quelques compositions bien rentre-dedans (« AI & I », « Shake Shake », « Devil In The Moonlight »). Classique et efficace, « Stereo Crush » compte parmi les très bons albums du combo et c’est toujours un plaisir de constater qu’il reste inspiré et plus que fringuant.

Photo : Manuel Schütz

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Metal Progressif

Sacrosanct : back to fight

Dans un Progressive Metal oscillant entre Thrash et Heavy, SACROSANCT effectue un retour musclé et accrocheur. Même si la création et la finalisation de « Kidron » n’ont pas été des plus simples pour la multinationale métallique, le résultat est là et l’ensemble fait plus que tenir la route. Au côté de l’ancien six-cordiste de Pestilence, un nouveau frontman (et bassiste) vient assoir un peu plus les velléités du combo à s’imposer sur la scène actuelle, grâce aussi à des musiciens percutants et expérimentés.

SACROSANCT

« Kidron »

(Reigning Phoenix Music/ROAR)

Parcours assez atypique que celui de SACROSANCT. Alors que ses débuts étaient franchement prometteurs avec trois albums sortis coup sur coup au début des années 90 (« Truth Is – What Is », « Recesses For The Depraved » et « Tragic Intense »), le break a lieu en 1994 jusqu’à la résurrection en 2017, toujours sous l’impulsion de son guitariste Randy Meinhard (ex-Pestilence). Des influences Thrash du départ, il ne reste que quelques brides dans les riffs, le groupe ayant opté pour un Metal Progressif tirant surtout sur le Heavy.

Et avant de parvenir à « Kidron » dans sa forme actuelle, d’autres péripéties ont secoué le quatuor. En 2021 et en plein Covid, le chanteur Ron Brouwer quitte le navire et Max Morton, tout d’abord pressenti dans le rôle de bassiste, qu’il assume par ailleurs, s’empare finalement du micro. Et la nature fait plutôt bien les choses, car l’Ukrainien se trouve être l’homme de la situation. A l’écoute de sa prestation sur ce cinquième opus, SACROSANCT y gagne au change, puisque le frontman a même réenregistré tous les morceaux.

Entre l’Allemagne, la Hollande et l’Ukraine, la formation européenne prend donc un nouvel élan et « Kidron » s’affiche peut-être comme le plus convaincant, si ce n’est le meilleur, enregistrement du groupe. A noter aussi que le parolier Per Albinsson (Therion, Jaded Heart, Lord Belial) a réécrit tous les textes chantés par Morton. Un travail d’orfèvre réalisé également très rapidement. SACROSANCT est donc sur de très bons rails et la vélocité, l’impact et les mélodies de ce nouvel effort montrent beaucoup de force et de sérénité.

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Heavy metal

Dirkschneider : refreshed

Afin de mieux retrouver les sensations que procurait il y a quelques décennies « Balls To The Walls », mieux vaut peut-être écouter d’abord ce « Reloaded » proposé par DIRKSCHNEIDER. Non pas que l’œuvre soit dénaturée, bien au contraire, mais le son actuel n’a plus grand-chose à voir avec celui très organique et brut de l’époque. Le retour ensuite en 1983 ne sera que plus prégnant. Et la pléiade d’invités de choix donne aussi une nouvelle lecture au légendaire et incontournable disque d’Accept. Une nouvelle version qui garde malgré tout l’authenticité originelle avec brio.

DIRKSCHNEIDER

« Balls To The Wall Reloaded »

(Reigning Phoenix Music)

Sorti en 1983, « Balls To The Walls » est probablement l’un des meilleurs, si ce n’est le meilleur, album d’Accept qui affichait aussi alors très certainement son meilleur line-up. Rappelons également que ce cinquième opus des Allemands est de ceux qui comptent dans l’Histoire du Heavy Metal mondial, lorgnant même à l’occasion sur ce qui allait devenir le Speed Metal. A la tête du combo, Udo DIRKSCHNEIDER a rapidement marqué le style de son empreint vocale, au point de ne laisser qu’un triste fantôme d’Accept suite à son départ du groupe en 1996.

Et s’il a marqué tant de fans, « Balls To The Walls » a aussi influencé plusieurs générations d’artistes, y compris ceux à l’œuvre aujourd’hui dans la vague revival à laquelle on assiste depuis quelques temps maintenant. Alors, 42 ans plus tard, il est finalement assez légitime pour le frontman et fondateur d’Accept de vouloir lui offrir un peu de lustre. DIRKSCHNEIDER s’est donc replongé dans sa jeunesse, exhumant la nôtre, pour réinterpréter ce classique de son ancienne formation. Une sorte d’hommage qui ne dit pas son nom, en quelque sorte.

Très fidèle à l’original, ce « Reloaded » n’a rien perdu de sa verve et de son éclat. Bien sûr, la production a bien changé, mais cette modernité n’altère pas le propos initial. Et pour que la fête soit totale, DIRKSCHNEIDER a invité quelques amis, dont Ylva Eriksson (Brothers Of metal) et Doro pour une belle touche féminine. Joakim Brodén (Sabaton), Biff Byford (Saxon), Mille Petrozza (Kreator), Nils Molin (Amaranthe), Michael Kiske (Helloween), Danko Jones, Dee Snider (Twisted Sister) et Tom Owens (KK’S Priest) viennent compléter un bien beau tableau. Respect !

Retrouvez les chroniques des dernières réalisations d’U.D.O. :

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Alternative Metal

Days Of Jupiter : l’alignement des planètes

C’est en montrant beaucoup de caractère que les Scandinaves font un retour fracassant six ans après « Panoptical », qui leur avait valu une  belle reconnaissance. Un changement de label et une direction musicale qui sonne plus européenne plus tard, et revoici DAYS OF JUPITER renforcé dans ses certitudes et affichant avec « The World Was Nerver Enough » une belle force de frappe. Sans négliger une identité artistique basée sur les émotions, le combo nordique se montre vif et solide sur un disque dense et très soigné.

DAYS OF JUPITER

« The World Was Never Enough »

(Reigning Phoenix Music)

En 15 ans d’existence, DAYS OF JUPITER peut se targuer de mener un parcours sans faute et qui mériterait même une reconnaissance à l’international plus conséquente. Depuis « Secrets Brought To Life », son premier opus sorti en 2012, le groupe a fait évoluer son Hard Rock moderne vers un Alternative Metal très actuel et pêchu. Pour son cinquième album, il a confié la production à Peo Hedin, lequel a réalisé un travail précis pour mettre en valeur des compositions abouties qui naviguent dans des ambiances variées.

Comme souvent, les Suédois soufflent le chaud et le froid entre titres puissants et massifs et ballades plus mélancoliques. DAYS OF JUPITER parvient à maintenir l’équilibre et donne surtout une forte impression de vélocité. Très en verve, les deux guitaristes donnent le ton sur des riffs racés et tranchants et apportent beaucoup d’explosivité aux morceaux (« Original Sin », « Machine »). L’énergie brute qui se dégage de « The World Was Never Enough » doit énormément à leur complicité et leur talent.  

Egalement irréprochable, la rythmique prend littéralement d’assaut des nouveaux morceaux et donne encore un peu plus d’envergure à l’ensemble. De son côté, Jan Hilli offre une prestation vocale implacable. Accrocheur et fédérateur, DAYS OF JUPITER ne fait pas dans la demi-mesure, ce qui devrait se sentir prochainement sur scène. Intense, ce cinquième effort est aussi technique qu’entêtant et aussi Metal que Rock (« The Fix », « Parazite », « My Heaven My Hell », « Ignite » et le morceau-titre). Enthousiasmant !

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Hard'n Heavy

Sebastian Bach : really back !

C’est en s’isolant tous les quatre dans la même maison en Floride et en bénéficiant à l’envie du studio de leur producteur que SEBASTIAN BACH et ses musiciens ont élaboré ce très bon « Child Within The Man ». Une très bonne idée pour un résultat vraiment à la hauteur. Frais, dynamique et solide, ce nouvel opus du légendaire frontman est exactement ce qu’on attendait de lui depuis des années. Enthousiasmant, vif et plein d’émotion, il se surpasse et s’épanouit vraiment.

SEBASTIAN BACH

« Child Within The Man »

(Reigning Phoenix Music)

Après le récent départ du Suédois Erik Grönwall de Skid Row, on aurait pu penser que les planètes étaient enfin alignées pour que SEBASTIAN BACH retrouve ‘son’ groupe. C’est finalement la chanteuse Lzzy Hale de Halestorm qui prend pour le moment le relais. Mais à l’écoute de « Child Within The Man », c’est franchement une joie de constater que le chanteur est au meilleur de sa forme et qu’en solo, il surclasse sans peine ses anciens camarades de jeu sur ce superbe album. Aucun regret, donc, bien au contraire.

C’est vrai qu’il aura fallu attendre dix ans depuis « Give ‘Em Hell » pour qu’il nous livre de nouvelles compos. Espérons aussi qu’il tourne enfin la page, même s’il est le principal artisan du succès de son ancienne formation, devenue un cover-band. Aujourd’hui, SEBASTIAN BACH offre un opus Hard’n Heavy moderne et addictif que la production de Michael ‘Elvis’ Baskette (Alter Bridge, Mammoth WVH) rend brillant à plus d’un titre. La puissance vocale et le plaisir sont intacts sur ce très bon « Child Within The Man ».

Superbement accompagné par Devin Bronson (guitare), Todd Kerns (basse) et Jeremy Colson (batterie), SEBASTIAN BACH est aussi inspiré qu’irréprochable au chant. Le combo enchaîne les morceaux avec une fluidité incroyable. Et il accueille aussi quelques amis qui dynamisent l’ensemble : John 5 (« Freedom »), Steve Stevens (« F.U. »), Orianthi (« Future Of Youth ») et Myles Kennedy qui a co-écrit « What Do I Do To Lose ». Entre chansons musclées et power ballades, la prestation est robuste et plus que conforme aux attentes. Un retour en force !

Photo : Jim Louvau
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Death Metal International

Deicide : la bénédiction du bannissement [Interview]

Pierre angulaire du groupe au côté du frontman Glenn Benton, Steve Asheim est le co-fondateur, le batteur et le principal compositeur de DEICIDE. Quelques décennies après la formation de l’emblématique combo Death Metal de Floride, le quatuor s’apprête à sortir « Banished By Sin », un nouvel album qui s’inscrit dans la lignée tracée par les Américains. Un brin Old School, une imagerie toujours sataniste, les ingrédients n’ont pas changé, mais la recette est efficace et semble plaire au légendaire cogneur américain. Entretien avec un musicien au regard très lucide.

Photo : Gene Smirnov

– Avant de parler de ce nouvel album, j’aimerais que tu nous dises un mot sur l’évolution de la scène Death Metal, puisque DEICIDE fait partie des précurseurs du genre depuis plus de 35 ans maintenant ? Vous sentez quelque part un peu garant et responsable de cet héritage ?

A l’époque où le groupe a débuté, le Thrash était à son apogée. Metallica, Slayer, Dark Angel et Destruction faisaient partie de mes groupes préférés. Le Death Metal n’en était qu’à ses balbutiements. Il y avait un, peut-être deux groupes, Death et Possessed, ce qui est d’ailleurs discutable, parce qu’ils étaient considérés comme du Thrash par la plupart. Et les groupes locaux étaient les seuls que je connaissais. Ils n’étaient pas tous signés à l’époque, donc personne en dehors de la scène locale n’en avait vraiment entendu parler. En ce sens, je suppose que nous étions tous des précurseurs de cette scène, comme tu dis. Et c’est bien de faire partie des fondations de quelque chose, comme on dit, cela cimente vraiment votre position dans une certaine lignée au fil des années, et quoi qu’on en dise.

– DEICIDE vient de ce que l’on appelait autre fois la ‘Mecque du Death Metal’ ou le ‘Temple du Death Metal’, un joyeux paradoxe d’ailleurs, à savoir Tampa en Floride. Est-ce que ce son si spécifique existe toujours, selon toi, en dehors de vous bien sûr ? Qu’en reste-t-il aujourd’hui, elle qui fut si prédominante dans les années 80/90 ?

Juste à cette époque ? Pour autant que je sache, c’est toujours le cas. D’ailleurs, pourquoi cela ne le serait-il plus ? (rires) Je pense que ce son peut être attribué aux studios Morrisound et aux techniques et aux équipements qu’ils ont utilisés. Il y avait des groupes aux sonorités très différentes, stylistiquement parlant, mais le véritable son, la qualité de la production, ainsi que la cohérence, ouais… On peut l’attribuer aux studios Morrisound et aux gens qui y travaillaient, à savoir les frères Morris, Jim et Tom, et bien sûr Scott Burns.

Photo : Gene Smirnov

– « Banished by Sin » est votre treizième album et ce qu’il y a de fascinant chez DEICIDE, c’est que vous n’avez jamais renié votre musique, votre approche et votre son. C’est un cap que vous tenez absolument à maintenir, ou situez-vous justement le groupe au-dessus des modes et des courants ?

Eh bien, une fois que nous avons atteint notre marque de production, notre style était assez unique et c’était vraiment le nôtre. Et c’est quelque chose à laquelle nous voulions nous accrocher. Cela a bien fonctionné pour nous et c’est toujours le cas. Je ne pense pas que nous ayons jamais suivi d’autres tendances que la nôtre, et ça marche très bien. Donc, si ce n’est pas cassé, ne le réparez pas, comme on dit ! (Sourires)

– D’ailleurs, « Banished By Sin » conserve ce petit côté Old School rageur et ravageur. On se retrouve presque plonger dans le temps quelque part entre « Legion » et The Stench Of Redemption », deux périodes pourtant très distinctes. Vous aviez une volonté de faire le lien entre ces deux époques majeures pour vous ?

Ce n’est pas quelque chose que nous avons essayé de réaliser intentionnellement, c’est plutôt arrivé très naturellement.  Mais je vois ce que tu veux dire par là. C’est notre style, tu sais. La manière dont il a évolué est en quelque sorte une progression naturelle. Ce n’est pas quelque chose sur laquelle nous avons dû travailler. Tout a simplement suivi un chemin, qui est devenu son propre truc.

– Un mot tout de même sur un chiffre pas si anodin pour vous. « Banished By Sin » est votre treizième album, ce qui doit aussi vous réjouir. Y voyez-vous un signe ? Et y avez-vous porté plus de travail en amont pour faire en sorte qu’il reste dans les annales du Death Metal ?

Oui, 13 est un grand nombre, tu sais. Comme le 13 malchanceux, ou 1313, l’allée des oiseaux moqueurs où vivent les monstres (Rires)… Sa signification ne nous échappe pas, c’est donc plutôt une étape amusante à franchir. Et puis, 13 représente beaucoup d’albums pour un groupe, donc c’est un sacré exploit en soi. Mais j’espère que 13 sera un chiffre porte-bonheur pour nous et que ce disque pourra perdurer et réaliser de grandes choses pour nous. Comme tu dis, rester dans les annales du Death Metal, ce serait bien.

Steve Asheim

– Il y a une chose qui est inamovible chez DEICIDE depuis vos débuts, c’est la brutalité de votre style. Certains groupes le sont peut-être encore plus, mais chez vous, c’est méthodique. Est-ce la première chose sur laquelle vous vous penchez avant même le contenu ? La façon de faire ?

Le style n’est que la progression naturelle des musiciens qui le jouent. C’est donc ce qui le rend unique. C’est si personnel pour nous, tout comme le son de notre Death Metal. DEICIDE est un groupe vraiment unique, parce que notre son l’est. Et c’est une bonne chose. Cela aide aussi à se démarquer des autres, ça confirme notre propre identité et la rend reconnaissable.

– Sur « Banished By Sin », on sent aussi un certain enthousiasme dans cette frénésie sonore et musicale. On a le sentiment que vous avez retrouvé une énergie, qui s’était peut-être un peu atténuée sur les derniers albums. C’est le cas ?

J’ai trouvé les derniers disques plutôt bons, mais « Banished By Sin » semble bénéficier d’une progression assez naturelle par rapport aux autres. Et ils ont une énergie similaire dans ce sens. Mais oui, je suis d’accord avec toi, cet album a quelque chose de spécial.

– On ne va pas revenir sur les polémiques, les provocations et les multiples controverses qui ont jalonné l’histoire de DEICIDE, mais sortir « Banished By Sin » le ‘mercredi des Cendres’, jour d’observance religieuse chrétienne, s’il en est, n’est pas anodin. Les vieux combats sont toujours d’actualité ?

Ouais, tu connais les maisons de disques. Elles adorent ce genre de coups marketing et celui-là est leur idée. Et ça conserve et entretient aussi un petit côté malsain, je suppose. Et quitte à le sortir un jour précis, autant rendre la chose intéressante, mémorable et amusante !

Photo : Gene Smirnov

– Restons un moment sur la religion. DEICIDE a toujours affirmé être un groupe sataniste opposé au christianisme. Quel regard portes-tu sur la situation géopolitique mondiale avec la montée de l’intégrisme religieux un peu partout et le brutal conflit au Proche-Orient en Palestine ? Est-ce que ce sont aussi des sujets qui pourraient vous parler et vous inspirer ?

Les conflits mondiaux, je m’en fous complètement. Le monde a toujours été en conflit pour une raison ou une autre et le sera toujours. C’est une chose sur laquelle tu peux être sûr. Et si ce n’est pas pour la religion, ce sera pour une question de territoire, d’économie ou pour toute autre raison. S’il y a une chose sur laquelle vous pouvez compter par rapport aux gens et aux nations, c’est bien le conflit.

– Par ailleurs, en raison du style de votre Death Metal, ainsi que votre démarche, on ne peut s’empêcher de penser au Black Metal auquel vous avez toujours été opposés. Il n’y a toujours, selon toi, aucune relation directe entre votre musique et certaines revendications ou convictions ?

Je ne sais pas pourquoi tu dis que nous sommes opposés au Black Metal. Nous connaissons énormément de groupes depuis des années et nous avons tourné avec beaucoup d’entre eux. C’est pratiquement la même musique dans un sens, en tout cas pour un observateur occasionnel. Peut-être que le Death Metal a un côté plus écrasant dans l’élaboration des riffs. Mais en général, ils sont assez similaires, en particulier dans les paroles. Ils sont certainement à la fois lourds comme l’enfer, malades et brutaux, et ce sont tous de grands dénominateurs communs.

Photo : Gene Smirnov

– En tant que vétéran et fondateur d’un registre auquel DEICIDE est indissociable, que penses-tu de l’actuelle scène Death Metal ? Y a-t-il quelques groupes que tu pourrais considérer comme le renouveau du genre, ou du moins la continuité de ce que vous avez amorcé en 1990 avec votre premier album éponyme ?

Pas vraiment. Encore une fois, certains sous-genres existent juste à travers une certaine définition de ce qu’ils font et qu’ils se sont eux-mêmes donnés. Mais encore une fois, pour un observateur extérieur, tout est assez similaire. Cela dit, avec les jeunes groupes surtout, c’est agréable de les entendre garder cet esprit vivant et le faire avancer et évoluer dans la forme.

– DEICIDE conserve ce son très Old School, et on a d’ailleurs du mal à imaginer les choses autrement. Mais est-ce que vous avez déjà été tenté par des expériences musicales, qui vous en feraient peut-être dévier ?

Bien sûr, de nouvelles influences s’insinuent de temps en temps dans notre son et cela peut aider le groupe à évoluer, je pense. Mais nous sommes ce que nous sommes et il est difficile de s’en écarter de trop.

– Enfin pour bien faire les choses, il fallait bien une treizième question ! Vous allez reprendre le chemin des concerts très bientôt avec même un détour par la France cet été. Vous comptez mettre l’accent sur ce nouvel album, ou avec une discographie désormais conséquente, vous jouerez également vos classiques ?

Nous jouerons toujours les classiques que les gens veulent entendre, ça c’est une certitude. Quant aux nouveaux morceaux, nous verrons quelles chansons résonnent le plus auprès du public et nous jouerons sûrement certaines d’entre elles pour tout le monde. Nous voulons essayer de garder nos fans heureux, car cela nous rend heureux !

Le nouvel et treizième album de DEICIDE, « Banished By Sin » sortira le 26 avril chez Reigning Phoenix Music (RPM)