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Extrême

As A New Revolt : hasta la victoria siempre

L’énergie est Metal/Punk, le flow est résolument Rap et ce nouvel EP de AS A NEW REVOLT, « Fares », est sauvage et engagé. Sur cinq titres solides et fluides, le duo français revisite le genre en y insufflant une énergie positive en forme de coup de poing.

AS A NEW REVOLT

« Fares »

(KNT Label/National Palms)

Si vocalement, on pense immédiatement à Zack de la Rocha et Asian Dub Foundation, limiter AS A NEW REVOLT a ces deux belles influences serait un peu rapide et réducteur. Aiguisée et affûtée, la musique du duo grenoblois est aussi percutante que revendicatrice, et la virulence du flow de Manu Barrero (également aux samples et sound system) est aussi solide que le jeu du batteur Julien Lhuillier.

Sur de gros riffs de guitare plus vrais que nature, l’explosivité de « Fares » doit aussi beaucoup à son authentique batterie, qui donne une touche organique aux morceaux très électroniques du EP (« Kanuni »). Revendicatif et déployant une belle énergie, AS A NEW REVOLT nous replonge par moment au cœur des 90’s dans la veine des Beastie Boys, Public Enemy et bien sûr RATM.

Mais au-delà de ça, le duo tire vraiment bien son épingle du jeu avec des morceaux incisifs et très actuels (« Juan », « New Traditional ») sans renier d’où il vient. Assez Punk dans l’esprit et la démarche, AS A NEW REVOLT tente à réveiller les consciences et c’est une très bonne chose (« Peplum »). Le renouveau du Metal/Rap est en marche et il pourrait bien venir de chez nous.

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Extrême

Pedigree : immersion au cœur de l’abîme

PEDIGREE n’a pas du voir le soleil depuis un petit moment. Faisant presque passer les actuels groupes Indus pour des Bisounours, le quatuor estonien propose un Metal où se greffent Doom, Sludge et post-Metal avec une habileté saisissante… à tous les niveaux. « Funeral Child » va faire trembler dans les chaumières.  

PEDIGREE

« Funeral Child »

(PedigreeSonicUnderworld)

Depuis 1993, le quatuor estonien n’est pas resté chômer et il se présente aujourd’hui avec sa douzième réalisation, entre albums complets et remixes. Comme son nom l’indique, « Funeral Child » est d’une noirceur qui fait presque froid dans le dos. Poussant le Metal Indus dans ses retranchements en y intégrant des sonorités obscures, PEDIGREE n’est pas là pour vous mettre du baume au cœur (« One of Us Is Next », « Zen Agony »).

Sur presqu’une heure, le groupe nous plonge dans un univers sombre et pesant, métallique aux paysages industrielles tant musicales qu’atmosphériques (« Possible Child », « Nothingness of the Stars »). Samples obsédants, grosses guitares, rythmiques massives et chant aussi déchirant que déchiré, PEDIGREE présente une fresque effrayante d’un monde en souffrance (« Defenestrated Child »).    

Musicalement, l’évolution conceptuelle de « Funeral Child » mute au fil des morceaux à travers des tableaux très aboutis, riches et particulièrement bien produits (« Night Existence », « Lazarus Circle »). Très expérimental, on passe d’un Doom assommant à un post-Metal transcendant où même le Sludge trouve sa place. Très moderne dans sa conception, « Funeral Child » montre PERDIGREE au sommet de son art.  

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Extrême

Scarred : une ouverture musicale très pertinente

Ces trois ans d’absence semblent avoir été plus que bénéfiques à SCARRED qui revient avec un album éponyme brillant. Reflétant sa nouvelle identité musicale, on observe avec joie la métamorphose du quintet luxembourgeois qui élargit son champ d’action passant du Death Metal à des atmosphères très post-Metal et techniques.

SCARRED

« Scarred »

(Klonosphere/Season Of Mist)

SCARRED fait trembler le Grand-duché du Luxembourg depuis 2003 maintenant, et ce n’est pas ce très bon troisième album éponyme qui va rétablir le calme dans le pays. Toujours rattaché au Death Metal de ses débuts, le quintet semble prendre un virage nettement plus mélodique et atmosphérique, tout en restant très technique. « Scarred » penche très franchement vers un post-Metal qui ne dit pas son nom, et un chant qui présente aussi des surprises, tout en conservant une énergie et une force très présentes.  

La première vue d’ensemble montre un album très structuré avec un intro, une outro et deux interludes, qui posent une ambiance particulière, presque psychédélique et moins brutale qu’un simple album de Death Metal. Artistiquement, SCARRED semble avoir mûri. Les mélodies, tant vocales que dans les guitares et le samples, ont pris le dessus sur l’ensemble des 13 plages de l’album. Naviguant entre growl et scream, le chant a lui aussi évolué pour se faire même carrément clair sur « Petrichor ».

Dès « Mirage », les Luxembourgeois affichent une belle puissance, qui ne faiblit pas par la suite (« Chupacabra »). SCARRED créé la surprise sur le très accessible et mélodique « Merry-Go-Round », où le quintet s’exprime sur un refrain entêtant et des riffs très accrocheurs. Tout en maîtrise, « In Silent Darkness » confirme l’aspect post-Metal et chamanique sur « A.H.A.I.A. », tandis que « Dance Of The Giants » évolue dans un registre proche du Technical Thrash. La belle variété de « Scarred » le rend déjà indispensable.

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Extrême Stoner/Desert

Kabbalah : Les femmes de la crypte

Entre Hard Rock 70’s et Doom, le trio féminin KABBALAH s’est frayé un chemin et bâti une solide identité. Occulte, captivant et incantatoire, « The Omen » révèle une créativité limpide et tortueuse. Les trois Espagnoles traversent les âmes en perdition dans un rituel obsédant basé sur des riffs lancinants et pêchus.

KABBALAH

« The Omen »

(Rebel Waves Records)

C’est depuis Pampelune au pays Basque que KABBALAH forge son Rock Occult depuis 2013 avec tout d’abord une série de trios EP et « Spectral Ascent », un premier album sorti il y a un peu plus de trois ans. Plus affûté et inspiré que jamais, le trio féminin vient confirmer un potentiel évident avec « The Omen », qui dégage des émotions très particulières.

Carmen, Alba et Marga mènent de main de maître cette procession Rock que l’on croirait tout droit sorti des 70’s. Si les ombres de Black Sabbath et du Blue Öyster Cult planent sur l’album, le chant clair et envoûtant guide KABBALAH dans des atmosphères rituelles et captivantes, tout en jouant habillement sur la symbolique du genre.

De « Stigmatized » à « Liturgy » en passant par le génial « The Ritual », le trio ibérique sait se faire aussi percutant que sensuel avec une délicatesse loin d’être macabre ou morose. Non, KABBALAH parvient à déchirer les ténèbres de son Rock Occult grâce à un Doom harmonieux qui le rend presqu’incandescent (« Night Comes Near », « Labyrinth », « Duna »).

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Extrême

Horskh : une énergie synthétique

Dans un univers très électronique arborant un chant brutal et des sonorités dans la veine des premiers Junkie XL ou de Prodigy, HORSKH présente un deuxième album peut-être plus adapté aux dance-floors qu’aux fosses des concerts (qui nous manquent tant !). Entre Metal Indus et Electro-Rock, le trio brouille un peu les pistes.

HORSKH

« Wire »

(Independant/Blood Blast Distribution)

Après deux EP et un premier album (« Gate » en 2017), le trio français fait son retour avec un deuxième opus en forme de coup de poing. Les 12 morceaux de « Wire » qui s’étalent sur une grosse demi-heure sont autant de beignes en pleine face. Fort d’une énergie omniprésente et directe, HORSKH assène ses titres dans une urgence presque épileptique rassemblant un grand nombre d’influences dans un maelstrom très compact.

Présenté comme un album de Metal Indus, j’avoue être un peu perplexe. En effet, il faut attendre « Trying More » pour distinguer les premiers sons de guitares, alors que le groupe compte deux six-cordistes. Certes, au niveau de la puissance affichée par HORSKH, ainsi que sur le chant, on est bel est bien dans le Metal et le côté Indus est lui aussi incontestable. Cependant, la mainmise des machines sur l’ensemble de « Wire » domine largement.

Du coup, on pense beaucoup à KMFDM, Treponem Pal, Ministry et d’autres, mais manque ce côté organique qui enflamme et libère. Très Electro de bout en bout, l’album pèche sans doute par un son très froid et synthétique… assez loin du Metal donc. Très produit, « Wire » révèle cependant des moments forts (« Mud In My Wheels », « Common Crimes », « Pull The Wire »). Alors, HORSKH : Metal Indus ou Electro-Rock ?    

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Extrême

Asphyx : Au-delà du précipice

Particulièrement dense et consistant, ce nouvel album d’ASPHYX est aussi massif que violent et présente dix morceaux très volumineux. Entre Death et Doom, les Néerlandais reviennent avec un dixième opus efficace, pertinent et colérique. « Necroceros » est une bête à dompter.

ASPHYX

« Necroceros »

(Century Media Records)

En 30 ans de carrière et ce dixième album dévastateur, ASPHYX ne s’est jamais relâché et malgré des soubresauts qui auraient pu avoir sa peau, le groupe est toujours debout et revient avec le digne successeur de « Incoming Death » : « Necroceros ». Le quatuor néerlandais a toujours les crocs et montre les dents sur les dix titres de ce très bon opus.

Entièrement composé et réalisé pendant la pandémie, il n’en fallait pas plus pour démultiplier la déjà très présente rage du gang de Martin Van Drunen, dont le growl oscille entre puissance et agonie. Entre Death et Doom, ASPHYX ravage tout sur son passage bien aidé par des cascades de riffs tranchants et une rythmique aussi caverneuse que brutale.

Dès « The Sole Cure is Death », le combo fait parler la poudre (« Botox Implosion », « In Blazing Oceans » et « Knights Templar Stand »). Mais ASPHYX se laisse aussi aller à des titres plus mélodiques (« Mount Skull ») avant de se servir un Doom lugubre (« Molten Black Earth », « Three Years of Famine » et l’excellent morceau-titre). Dévastateur !

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Wardruna : l’envol du corbeau blanc

Malgré ses collaborations à la série Vikings et au jeu vidéo Assassin’s Creed Valhalla, c’est bel et bien WARDRUNA qui occupe l’esprit et la créativité du Norvégien Einar Selvik. Servant la tradition nordique avec ferveur, le musicien livre un album de Néofolk Pagan profond et organique.

WARDRUNA

« Kvitravn »

(Columbia/Sony Music)

Depuis 2009 et la trilogie « Runaljod » suivi de « Skald » en 2018, le multi-instrumentiste Einar Selvik perpétue la tradition ancestrale norvégienne à travers des compositions Néofolk Pagan. Toujours guidé par les anciennes croyances nordiques, WARDRUNA a pour objectif premier de recréer des versions modernisées des sons et de la musique ayant pu exister il y a des siècles.

Une fois encore, « Kvitravn » nous plonge dans un univers mystique et captivant grâce, notamment, à une production très actuelle, authentique et franchement saisissante. Allant jusqu’à utiliser des sonorités captées en pleine nature, WARDRUNA parvient à transporter l’auditeur dans un monde de légendes particulièrement immersif et souvent apaisant (« Synkverv », « Skugge »).  

Accompagné depuis le début par la chanteuse Lindy-Fay Hella et sa voix éthérée qui magnifie encore ce nouvel album, Einar Selvik avance dans des contrées musicales envoûtantes en y insufflant une énergie incroyable (« Kvitravn », « Kvit Hjort »). Profond et chamanique, WARDRUNA ensorcèle par son jeu précis et épuré et livre un album exceptionnel (« Ni », « Andvevarljod »). Un beau voyage initiatique !

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Crowling : Thrash made in France

Tout en puissance et en mélodie, CROWLING marque son retour avec un EP qui ne manque pas de jus… bien au contraire. Cinq titres Thrash Metal solides, une bonne production et une envie que l’on perçoit dès les premières notes, le quatuor montre de bien belles dispositions et confirme un travail de longue haleine enfin récompensé.

CROWLING

« When Domination Leads To Submission »

(Independant)

Qu’est-ce que ça fait du bien de voir la scène Thrash française aussi fraîche que ça ! Pour les grincheux qui pensent que la messe est dite, CROWLING ne fait pas dans la redite ! Bien qu’influencé par Sepultura et Metallica (de la première heure !), le combo aligne un registre personnel sur ces cinq titres. Et « When Domination Leads To Submission » est plus que convaincant.

Il faut aussi préciser que le quatuor d’Avignon écume les scènes depuis de nombreuses années et cela s’en ressent tant dans sa technique que dans ce registre qu’il maîtrise complètement. Entre titres très Thrash (« Human Madness », « Alan Hal »), CROWLING injecte quelques sonorités bien Heavy, notamment dans les guitares, ce qui rend ce nouvel EP très fédérateur.

Agressifs et racés, ces nouveaux morceaux du combo montrent aussi un groupe très mature et qui emporte tout sur son passage grâce à des rythmiques imparables  (« Crowling », « Apotheosis »). Le chant rageur martèle à tout-va et CROWLING ne baisse jamais la garde, semblant trouver un malin plaisir à accélérer la cadence au fil des compos (« The Collector »). Très bon EP autoproduit.

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Dread Sovereign : Un air de fin du monde

DREAD SOVEREIGN n’a jamais fait dans la dentelle, et ce n’est pas le pourtant très addictif « Alchemical Warfare » qui dérogera à la règle. Le power trio irlandais a encore épaissi son Doom occulte avec une certaine délectation.

DREAD SOVEREIGN

« Alchemical Warfare »

(Metal Blade Records)

Depuis sa création en 2013, DREAD SOVEREIGN ne cesse de clamer à travers sa musique que le monde est condamné. Et pour son chanteur et bassiste Nemtheanga, désolé de sa prophétie, ce nouvel album vient annoncer en cette sombre période la fin du monde. Rien que ça ! Et les Irlandais semblent s’y être préparés.

Toujours aussi brut et rude, DREAD SOREREIGN loue le diable en l’homme en faisant l’éloge des cultes anciens dans un Doom crasseux, lourd et très Metal. La rencontre entre Venom et Motörhead se lit dans les titres de ce troisième album ténébreux aux odeurs d’abandon. « Alchemical Warfare » se traîne autant qu’il frappe.

Occultes et incisifs, les morceaux révèlent littéralement le fort potentiel et l’originalité du power trio de Dublin (« A Curse on Men », « The Great Beast We Serve », « Viral Tomb »). Ecorchés et virulents, les trois protagonistes se jouent du Doom comme du Heavy en toute inconscience et avec talent (« Nature Is the Devil’s Church », « You Don’t Move Me (I Don’t Give a Fuck) »). Les majeurs de DREAD SOVEREIGN sont levés !

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Heavy & Doom !

Oser se plonger dans un album aussi audacieux en cette période compliquée est tout à l’honneur des Français de STRUGGLEHEAD. Bénéficiant d’un bon mix et d’une production à la hauteur, le trio Thrash Metal s’est donné les moyens d’offrir un premier album abouti, varié et costaud. Une bien belle surprise !

STRUGGLEHEAD

« When Silence Fades »

(Independant)

L’aventure de ce jeune trio venu du sud-est de l’hexagone a démarré en 2015 avec la ferme intention de proposer un Thrash teinté de Heavy sans concession. Quelques années plus tard, le combo pose la dernière touche à ce premier album, « When Silence Fades ». Entièrement (et plutôt bien !) autoproduit, STRUGGLEHEAD semble voir trouvé ses marques dans un registre loin d’être figé.

Si les influences, dans le son comme dans les compos, vous viennent de la Bay Area, c’est avec un premier opus bien ficelé et original que le groupe se présente. « Jack, Oh Jack » donne le ton de manière très concluante. Et en marge de quelques fulgurances inhérentes au style, STRUGGLEHEAD profite d’un son massif pour côtoyer des sphères très Doom franchement bien vues (« Silicosis », « Invidualial Mind »).

Nerveux (« Iron Will »), le trio nous embraque dans un périple dans lequel l’efficacité rencontre des côtés plus expérimentaux aux rythmiques lourdes et aux atmosphères très travaillées, et où l’on retrouve quelques sons bien disséminés (« Under A Mask », « Bathophobia »). Ce premier album semble avoir été mûrement réfléchi et la maturité des morceaux vient confirmer le fort potentiel de STRUGGLEHEAD.