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Nothing But Real : refreshed dimension [Interview]

Si les Parisiens se réinventent, ou plutôt précisent leurs intentions, cela ne doit rien au hasard. En faisant un retour aussi surprenant que réussi avec une belle refonte de leur deuxième album, « Lost In The World Rebirth  », le quatuor explore son précédent effort dans une formule clairement cinématique, avec un nouveau chanteur également et surtout un concept visuel et musical plus profond et très travaillé. Hybride ou Alternatif, le Rock/Metal de NOTHING BUT REAL est plus captivant que jamais, porté par une production ample et solide, qui offre à ses morceaux la brillance qui leur manquait peut-être un peu précédemment. Histoire d’en savoir un peu plus, retour auprès de Tom l’un des principaux architectes de ce projet, dont les racines se sont considérablement étendues…  

– Trois ans après « Lost In The World », il y a du changement chez NOTHING BUT REAL, puisque vous faites votre retour avec… le même album, ou presque ! Blague à part, et nous y reviendrons, c’est d’abord le line-up qui a bougé avec l’arrivée d’un nouveau chanteur. De qui est constitué le groupe aujourd’hui ?

Le groupe est constitué de quatre membres sur scène, même si je considère que c’est bien plus que cela avec l’équipe derrière. Il y a ‘Infini’ à la guitare, ‘Eveil’ à la basse, ‘Vérité Absolue’ à la batterie et l’’Oracle’ au chant et à la guitare, par moment. En coulisses, et c’est tout aussi important, il y a notre ingénieur du son Clément, notre chargée de production Néa, notre webmaster Quentin, Christine qui gère l’association ‘Coire Ernmae’ pour porter nos évènements, Flow pour les créations et illustrations qu’on travaille en collaboration, Bertrand au mix, mastering et post-production, moi-même sur la partie administrative, la direction artistique, la gestion de notre nouveau label Soundload Production et tous les trucs relous à faire pour le groupe. (Sourires)

– Justement, dans cette refonte de votre album précédent, le passage du chant féminin au masculin a-t-il nécessité une nouvelle approche et présenté quelques difficultés d’adaptation, ou d’ajustements plus précisément ?

Oui, il a fallu passer du temps pour se détacher de l’existant qui, pour moi, était au final plus une démo. Il y avait cette petite voix intérieure qui me répétait par moment que ce n’était pas abouti, qu’on aurait pu mieux faire, comme ce que j’avais imaginé en rêve. Donc, il a fallu réécrire, réarranger, réimaginer et enregistrer ce qui manquait. L’approche était claire, car NOTHING BUT REAL a toujours eu vocation à avoir un son pour de la performance live. Fusionner les genres avec une approche orchestrale comme les bandes sonores de films, d’animés, … c’est ça l’ADN du groupe. Donc, il a fallu passer beaucoup de temps, autant sur le côté technique pour reprendre les bandes et corriger, que d’enregistrer de nouvelles choses pour ramener la couleur souhaitée et coller avec le nouveau chant et l’esthétique. J’espère qu’on a réussi cet exercice, qui a pris du temps, et que cet album plaira aux créatures qui vont l’écouter en entier pour voyager.

– « Rebirth » est donc une sorte de version 2.0 de « Lost In The World ». Tout d’abord, un mot sur la production que vous avez confié à Bertrand Poncet (Landmvrks, Storm Orchestra), car c’est une vraie métamorphose. Où se situaient vos priorités et surtout avez-vous réenregistré l’ensemble de l’album ? Ou un gros lifting en dehors des voix, a-t-il été suffisant ?

Un très gros lifting pour parler mode ! (Rires) Je considère que la version 2022 est une version bêta, et que « Lost in the World Rebirth » est le véritable album. Il correspond à la vision que j’en avais et que j’ai toujours eue de NOTHING BUT REAL. Pour l’anecdote j’ai rencontré Bertrand et Clément en même temps au studio de l’Orangerie au début de l’année 2024. C’était pour la suite et avec l’ancien line-up. Un gros projet… Je voulais faire un enregistrement, qui allie la force de vrais instruments avec celle du numérique. C’est aussi ça l’hybride pour moi quand je dis qu’on fait du ’Rock Hybride Cinématographique’. Et on venait de finir d’enregistrer tous les instruments en studio. Malheureusement, le processus d’écriture des voix et des paroles n’a pas été au bout. Quelque chose ne fonctionnait plus. Donc, avec Hanta l’ancienne chanteuse, on a préféré stopper l’aventure. A partir de là, comme la version de 2022 ne correspondait pas à ce que j’avais en tête initialement, j’ai annoncé à l’été 2024 qu’on referait l’album, ainsi que le chant pour enclencher cette renaissance.  

– On redécouvre les morceaux sous un angle nouveau et certaines choses émergent aussi. Ainsi, « Rebirth » semble plus cinématographique et atmosphérique que dans sa première mouture. Un voile semble levé. Vous a-t-il fallu aérer certains titres pour laisser éclore une substance plus profonde ?

Alors déjà, ça fait plaisir que tu en parles en ces termes, car c’est exactement la sensation que j’avais. Dès le travail en studio sur le premier titre avec Bertrand, je savais que c’était la bonne personne avec qui j’aurai dû bosser depuis les débuts du groupe. Ma vision et sa compréhension étaient parfaitement alignées. Les choses se sont faites naturellement. On a calé nos agendas et on a déroulé. Tout n’était pas si simple, car il y a des passages harmoniques un peu façon Tricky sur nos titres. Il a fallu décortiquer quelques passages de morceaux comme « Behind the Door » ou « Strike », par exemple, justement pour que ce soit orchestral, un peu Electro et profond. Bref, créer un voyage sonore pour cet album avec des touches de multiples influences, qui ont maturé dans notre inconscient.

– Pour celles et ceux qui vous découvrent avec ce nouvel album, j’aimerais que vous nous parliez de l’univers musical de NOTHING BUT REAL, fait de contrastes assez saisissants. D’ailleurs, est-ce que cette nouvelle production vous a aussi permis d’apporter plus de liant entre les morceaux ?

Pour te donner un peu de perspective et repartir un peu en arrière, dans l’univers narratif de NOTHING BUT REAL, il y a une recherche d’équilibre entre ombre et lumière, bien et mal… que j’ai appelé le ‘Nothing’, assimilable au rêve, au côté irréel.  Et il y a le ‘Real’, qui est le côté terre à terre, les musiciens, un son, quelque chose de palpable, nos vies quotidiennes, … Dans le ‘Nothing’, Sakar (l’avatar) tire en partie sa force de trois symboles, qui sont les Sentinelles, trois entités ayant la possibilité de s’incarner physiquement. Les trois symboles forment un tout, qui est le logo du groupe. Ces trois sentinelles, que j’aime appeler ‘Sentries’, car c’est plus cool, sont ‘Eveil’, ‘Vérité Absolue’ et ‘Infini’, et elles forment le Triumvirat.  Elles confèrent à Sakar une puissance énorme, bien plus que tous les personnages des univers que l’on connait. Je suis un gamin, donc je me suis fait un kiffe en créant mon personnage, qui défonce tous les autres ! (Rires) Les sentinelles l’accompagnent dans sa quête pour nous comprendre pauvres humains que nous sommes, avec nos démons et nos vices. Tout cela est incarné par des Vilains, qui sont en chacun de nous. Du liant ? Je pense que maintenant, c’est surtout vraiment assumé.

– Et il y a le côté visuel que vous avez toujours beaucoup travaillé et qui est encore très présent cette fois-ci. Plus que jamais, aujourd’hui, l’image et le son vous paraissent-ils vraiment indissociables ?

Complètement. Si tu devais retenir trois mots de NOTHING BUT REAL, au-delà du Rock aux influences multiples, ce serait : cinéma, dualité et énergie.

– Par ailleurs, on retrouve votre personnage principal, Sakar. En avez-vous profité pour lui offrir plus de place à travers quelques petites modifications dans les textes, par exemple ?

Oui, il a une place prépondérante et il aura un rôle sur scène, ou dans les events pour rencontrer le public. Nous l’avons déjà fait dans un festival et les enfants l’adorent. Dans les textes forcément aussi, car j’ai repris naturellement toute l’écriture, ce qui fait sens pour créer des histoires et tout connecter. Le tout étant de ne pas se perdre ! (Rires)

– Sur « Scars And Burdens », il y a également ce passage en français, qui se fond parfaitement dans le morceau. Avez-vous songé un instant avec votre nouveau chanteur, jouer un peu plus sur ce bilinguisme ?

Ce n’était vraiment pas prévu et pour l’anecdote, je bloquais sur ce passage en termes d’écriture. Et je me suis dit qu’en fait ce serait vraiment cool en français. Je ne fais pas de Slam ou de Rap, donc j’ai essayé de faire quelque chose, qui s’imbrique sur ce passage narratif intense. Les autres l’ont trouvé efficace et touchant, alors nous l’avons gardé. C’est un titre qui plait beaucoup au groupe et qui nous parle, je pense.

– D’ailleurs, comment considérez-vous « Lost In The Wolrd Rebirth » ? Est-ce votre véritable troisième album ? Ou un deux et demi ?  Ou encore un interlude ou une mise au point ?

Tu sais, c’est la mode du Multiverse… C’est peut-être l’un des rares retours en arrière possible, quand tu y penses. Je ne regrette pas le passé, mais la version de l’album de 2022 ne reflète pas ce que j’avais en tête. Au sens propre, on pourrait parler de réédition, mais pour moi, c’est la concrétisation d’une vision. C’est bien plus que cela, car il nous a fallu près d’un an à tout reprendre avec un fil conducteur plus clair dans la narration, pour la suite… Et une sorte de mise au point aussi, pourquoi pas… (Sourires)

– Enfin, comme cet album est une espèce de renaissance pour NOTHING BUT REAL, pourquoi n’êtes-vous pas repartis d’une page blanche, d’autant qu’un nouveau chanteur aurait peut-être eu des choses à dire ? Et puis, à l’instar d’un tableau, on peut  réarranger à l’infini… C’est sans fin, non ?

Ce n’est pas une ‘espère’, c’en est une, crois-moi. Il n’y aura pas d’autre retour, même si je t’avoue que dans l’album de 2020, il y a deux ou trois titres qui me titillent. Mais il faut avancer et c’est déjà le cas, car nous avons enregistré un nouvel EP dans le cadre du prochain projet que je dévoilerai en 2026. Le nouveau chanteur a des choses à dire, oui… (Sourires) Alors, rendez vous l’année prochaine et sur scène.

Le nouvel album de NOTHING BUT REAL est disponible sur le site du groupe, via son label  Soundload Production : https://www.nothingbutreal-theband.com/

Retrouvez la première interview :

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Kill The Princess : forcer le destin

C’est grâce à une fan-base aussi impliquée qu’elles que les Franciliennes ont pu financer ce nouvel effort, leur garantissant une totale indépendance et la liberté de présenter ce crépitant « A Fire Within », particulièrement réussi. De grosses guitares, une rythmique qui bastonne et groove sur un chant très polymorphe, KILL THE PRINCESS s’invite dans la cour des meilleures formations françaises actuelles. Son Alternative Metal/Rock prend autant aux tripes qu’il en devient vite addictif. Avec une identité claire, un propos tenace et se tenant loin des clichés, les quatre musiciennes s’affirment avec authenticité dans un registre dense  et animé d’une rage saine.

KILL THE PRINCESS

« A Fire Within »

(Music Maze)

Après « Bitter Smile » sorti il y a deux ans et plutôt bien accueilli, KILL THE PRINCESS signe un deuxième album fracassant et d’une grande maturité artistique. Porté par un nom qui ne doit rien au hasard et un désir farouche de voir plus de femmes sur le devant de la scène, le quatuor ne cache bien sûr pas son engagement et affiche un fort caractère à travers des titres bien ciselés et accrocheurs. Frais et véloce, « A Fire Within » vient confirmer les intentions du combo féminin dans cet Alternative Rock, tirant sur le Metal tout en restant très mélodique. Le brûlot joue autant sur les émotions que sur la puissance, et c’est là toute sa force.

Mené par sa fondatrice Ornella Roccia (guitare, chant), KILL THE PRINCESS trouve son équilibre grâce à la complicité et l’osmose créées avec Céline Vannier (basse), Emilie Poncheele (guitare) et Eva Heinrich (batterie). Sans compromis et à grand renfort de riffs massifs, elles se font les porte-paroles d’une génération déterminée à changer le cours des choses et cela passe aussi et surtout par des textes aussi militants que sensibles, volontaires, lucides et vulnérables. Un parti-pris qui refuse les œillères pour mieux avancer et qui rend ce nouvel opus tellement attachant et percutant à la fois. Une hybridation très réfléchie.

Si le magnétisme de sa chanteuse est évident, c’est qu’il impressionne par sa maîtrise, notamment dans les graves. Certes, on pense parfois à Deborah Dyer, alias Skin, de Skunk Anansie (« Pieces »), mais lorsqu’elle hausse le ton comme sur « Grim Survival », c’est pour mieux asséner haut et fort un message d’une grande justesse. KILL THE PRINCESS fédère autant qu’il fait frissonner et brille par son habilité à transmettre une énergie positive et combative (« Bury The Castle », « Your Denial », « Glass Ceiling », « Dice Doll » et « Under The Water » qui clot ce nouveau chapitre avec classe). D’une flamboyante sincérité !   

Photo : Elise Thénard

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Finger Eleven : back on top

L’avantage d’évoluer dans un registre comme l’Alternative Metal/Rock qui n’a pas pris une ride depuis sa création et d’en être l’un des principaux artisans, c’est que l’on peut s’éclipser une décennie durant et revenir au sommet de son art. Fort d’une carrière qui parle pour lui, FINGER ELEVEN fait partie de ces combos jamais en mal d’inspiration. Machine à tubes pour certains, modèle d’authenticité pour d’autres, une chose est sûre : il ne laisse pas grand monde insensible. Ainsi, « Last Night On Earth » et ses accents très Heavy comme acoustiques vient nous rappeler au bon souvenir des incontournables Canadiens.

FINGER ELEVEN

« Last Night On Earth »

(Better Noise Music)

Dix longues années après « Five Crooked Lines » et malgré un Best Of en 2023 suivi de quelques singles, FINGER ELEVEN aura fait patienter ses fans, au point que certains ont peut-être même décroché. Pourtant, le groupe s’est offert une tournée avec Creed cet été, mais « Last Night On Earth » tombe au bon moment pour remettre la machine en route et surtout repartir à la reconquête d’une réputation et d’une présence incontournable, qui auraient pu lui échapper. Mais, ce serait mal connaître le quintet qui, tout en restant fidèle à ses racines musicales, n’a pas encore tout dit, loin de là.

Référence incontestée de la scène canadienne depuis 25 ans et couronné d’un prix Juno, FINGER ELEVEN possède cet ADN Rock propre à son vaste pays, c’est-à-dire une prédisposition à marier puissance et mélodie. Energique, stimulant et entraînant, « Last Night On Earth » est donc très précisément le disque qu’on attend de lui. Le combo a déjà dévoilé le survitaminé « Adrenaline » qui ouvre les festivités, puis le tonitruant « Blue Sky Mystery » où Richard Patrick de Filter livre un featuring relevé dans un duo musclé avec Scott Anderson. Et la suite n’est pas en reste (« The Mountain », « Perfect Effigy »).

Côté production, FINGER ELEVEN a frappé fort avec un gros son signé de son batteur Steve Molella, déjà là depuis une dizaine d’années. Aussi à l’aise des deux côtés de la console, celui-ci offre une brillance particulière et massive à « Last Night On Earth ». Ca cogne, mais sans se noyer dans une surproduction devenue un peu la norme chez certains pour cacher une misère ambiante ! Toujours très précis dans les arrangements, les deux guitaristes, James Black (lead guitare), Rick Jackett (rythmique), soutenus par le groove Sean Anderson (basse), donnent des couleurs scintillantes, tout en diversité. Un retour fracassant !    

Photo : Jesse Milns

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Bukowski : éruption spontanée

Volcaniques malgré une certaine mélancolie qui plane sur de ce nouvel opus, les Parisiens renouent avec l’efficacité du live. Percutant, « Cold Lava » frappe sans détour avec conviction, tout en conservant un sens de la mélodie intense. Car c’est bel et bien d’intensité dont il s’agit ici, et le quatuor en affichant un son dense et épais a fait le choix de présenter des compositions presque épurées de prime abord. BUKOWSKI cultive une énergie communicative amplifiée par la proximité du chant et un mur de guitare infranchissable.

BUKOWSKI

« Cold Lava »

(At(h)ome)

Après l’album éponyme sorti il y a trois ans, qui marquait le premier effort du combo après la tragique disparition de son bassiste et principal parolier Julien Bottel, « Cold Lava »  s’impose avec force dans un concentré de puissance brute. Une septième réalisation qui voit aussi BUKOWSKI revenir à l’essence-même de son registre à travers des fondations Metal et Rock, naviguant entre l’Alternative et le Stoner. Une recette parfaitement maîtrisée, originale et identifiable aussi, qui libère avec vigueur de belles sensations sismiques.

Très organique dans sa production, « Cold Lava » entérine donc un nouveau cycle et pour leur quatrième collaboration, Francis Castre a encore fait un beau travail derrière la console. Durant deux mois, BUKOWSKI s’est attelé à l’enregistrement de onze titres aux riffs racés, au groove enivrant et avec la fraîcheur qu’on lui connait. Un bloc uni, massif et renversant, qui avance sans faillir sur des textes sans concession entre colère et émotion. Très accrocheurs, les refrains emportent l’ensemble et viennent facilement se graver en tête.

En pleine confiance, BUKOWSKI ouvre les hostilités avec « Headlight », un premier titre qui en dit déjà long sur ses intentions, autant que sur l’atmosphère qui règne sur « Cold Lava ». Très fluides, les titres s’enchaînent avec beaucoup de nuances et de relief (« Criminals », « Isolation », « Neverending Fall », « Over The Vines »). Sur le morceau-titre, le break a lieu, mais ce n’est que pour mieux repartir jusqu’à atteindre « Communication In Silence » avec la participation de Reuno de Lofofora. Compact et sauvage, le magma se diffuse.

Photo : François Duffour

Retrouvez l’interview du groupe à l’occasion de la sortie du précédent album :

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Faith In Agony : so alive

C’est dans un bel élan que FAITH IN AGONY donne une suite à « Drowned & Exalted », sorti en 2021. Très bien produit, « Insight » traduit avec efficacité une intensité introspective entre Rock et Metal. Très solide et tout en contraste, le combo n’élude pas une certaine vulnérabilité, qui se fond dans des morceaux d’une grande sincérité, souvent à fleur de peau. Sous l’impulsion de sa chanteuse, dont la performance surclasse beaucoup d’autres, la fraîcheur de la formation s’exprime dans une mixité très inspirée.

FAITH IN AGONY

« Insight »

(Independant)

Quelle audace ! Loin des productions hexagonales stéréotypées, convenues ou tellement prévisibles, le groupe signe un album intelligent et d’une grande variété. Même si l’on pourrait les ranger dans un style Alternative Metal/Rock, les Grenoblois œuvrent pourtant dans un registre bien plus large, dont les divers courants se conjuguent dans une belle harmonie. Autant que dire qu’avec « Insight », FAITH IN AGONY offre un grand bol d’air frais, et le paritaire combo fait preuve d’un éclectisme de plus en plus rare et très bienvenu.

Côté son, c’est Sébastien Camhi (Acod, Akiavel, Heart Attack, …) qui a enregistré et mixé ce deuxième opus au Studio Artmusic, lui assurant une belle puissance, du relief, ainsi qu’une mise en valeur des nombreux détails qui se nichent dans des arrangements très soignés. FAITH IN AGONY est donc sûr de son jeu et ses nouvelles compositions témoignent d’une maturité acquise et surtout d’une créativité qui ne s’interdit rien. Guidé par sa frontwoman Madie, passée un temps chez Nightmare, il avance avec force, délicatesse et assurance.   

Avec treize titres, « Insight » permet aussi au quatuor de multiplier les ambiances, les tempos et de dévoiler l’étendue de son univers. Doté d’une saveur très 90’s, ce deuxième effort complet reste très actuel. Tandis qu’Eva Riché (basse) et son frère Quentin (batterie) assurent un groove accrocheur, Guillaume Poupon distille des parties de guitares massives, percutantes et pleines d’émotion. Sur des sonorités Grunge, Fuzz et même bluesy, FAITH IN AGONY déploie une énergie phénoménale et montre une identité très personnelle. Complet et costaud !

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Kalamity Kills : an explosive momentum [Interview]

Après avoir laissé une belle empreinte sur la scène Hard Rock américaine dans les années 90 avec son groupe Guardian, affilié à la scène chrétienne du genre, Jamie Rowe a disparu des radars un moment, avant de revenir avec un disque Country-Rock il y a quelques années. Mais sa passion pour le Hard Rock ne l’a jamais quitté et c’est en compagnie de Jamey Perrenot et d’un groupe complet qu’il fait aujourd’hui un retour explosif avec le premier album éponyme de KALAMITY KILLS. Cette fois, le frontman porte sa foi dans un Alternative Metal/Rock décapant entouré d’un groupe chevronné et de guests de renom. Entretien avec un artiste au regard lucide et déterminé.

– En préparant l’interview, je me suis replongé dans la discographie de Guardian et l’une des choses qui m’a étonné est que ta voix n’a pas bougé, s’est même consolidé et à gagner aussi en variations. Comment l’expliques-tu et cela te demande-t-il aussi un entretien particulier ?

Merci beaucoup ! Je ne peux vraiment pas expliquer pourquoi, mais j’ai fait de mon mieux pour préserver ce don que Dieu m’a fait. Je suis un peu plus âgé maintenant, donc ça peut être difficile de chanter les morceaux les plus aigus que j’ai enregistrés à 20 ans, mais j’y arrive bien. J’ai aussi récemment découvert l’impact de l’alimentation sur ma voix. Quand j’enregistre ou que je joue, j’essaie de jeûner avant, car ça semble réduire l’inflammation de mes cordes vocales.

– Pour rester un instant sur Guardian qui n’aura duré que le temps d’une belle décennie, ne nourris-tu pas quelques regrets, car c’est un groupe qui avait un potentiel énorme à l’époque ?

Non, je n’ai vraiment aucun regret. On a eu une belle carrière et on a encore aujourd’hui une base de fans fidèles. On était un groupe chrétien, mais on a toujours voulu être un groupe de Rock’n’Roll authentique. La musique était importante pour nous, tout comme le message. J’aurais parfois aimé qu’on ait plus de succès auprès du grand public, notamment avec les deux sorties chez  Sony, « Fire and Love » et « Miracle Mile », mais je ne peux pas me plaindre. On a parlé de se reformer pour enregistrer quelques nouveaux morceaux pour nos fans. Juste pour leur rendre la pareille. Mais je suis satisfait aujourd’hui créativement de KALAMITY KILLS.

– Ensuite, tu as participé à plusieurs projets jusqu’à sortir « This Is Home » en solo en 2019. Et il s’agit d’un album de Country Music. Certains ont du être surpris, non ? Pourquoi avoir pris ce virage surprenant par rapport à ton passé musical ?

Ah ! (Sourires) Oui, je me suis penché sur la Country pendant environ quatre ans. La Country moderne reprend beaucoup d’éléments du Hard Rock des années 80 que j’aimais. J’ai décidé de les intégrer aux chansons que j’écrivais et j’ai fait un album de Rock influencé par la Country. Je tiens également à préciser que j’avais pratiquement arrêté de faire de la musique, hormis l’écriture de quelques chansons à la maison, avant d’avoir l’occasion de faire cet album. C’était un bon départ pour moi, mais ma passion ultime, c’est le Hard Rock. Alors je suis revenu dans cette direction. Je dois aussi dire que c’est le fait d’avoir vu un clip de Rammstein au festival ‘Wacken Open Air’, qui m’a remis sur la voie. Je trouve que ce groupe fait une musique incroyable. Cela dit, je suis fier de « This Is Home », mais il est sorti en pleine pandémie mondiale, donc il n’a jamais vraiment eu l’occasion d’être entendu. Les gens avaient des préoccupations bien plus importantes.

– KALAMITY KILLS est aussi un nouveau virage, mais dans le sens inverse, puisqu’on te retrouve dans un registre plus familier. Tu avais besoin de renouer avec le Hard Rock et un Alternative Metal plus actuel ?

Comme je te le disais, c’est le fait de redécouvrir des groupes comme Rammstein, Rob Zombie, Disturbed et d’autres qui m’a redonné envie de faire du Hard Rock. J’ai tendance à écrire ce que je ressens et les chansons sont venues plus naturellement dans cette direction. Je pense que je maîtrise bien ce style et c’est aussi ce que j’aime écouter. J’ai une voix rauque qui ne demande qu’à se diffuser dans des chansons Rock.

– Depuis East Nashville, tu as donc fondé KALAMITY KILLS avec le guitariste et producteur Jamey Perrenot, qui a travaillé avec de grands noms de la Country Music surtout. Le groupe a beaucoup de caractère et montre beaucoup de force et d’authenticité. Quel était le projet initial entre vous deux ?

Jamey et moi nous sommes rencontrés lors d’un concert de Guardian en Argentine en 2007. On s’est bien entendus et on est devenu de bons amis. Il a même rejoint le groupe pour notre dernier album, « Almost Home ». On a également une belle alchimie musicale. Nous avions lancé un projet intitulé « The Lost Days Of Summer », mais on l’a laissé tomber, car je venais de me marier et ma vie était belle sans musique. J’étais aussi un peu découragé par le monde de la musique à l’époque. Mais comme tu peux le constater, je n’arrive pas à m’en défaire. Jamey a joué avec des pointures de la Country, mais c’est un disciple de Van Halen dans l’âme. L’authenticité est importante pour nous. Faire autre chose que ce qu’on a envie de faire à ce stade de notre vie n’a vraiment aucun sens. Qu’on nous aime ou qu’on nous déteste, c’est toujours ‘nous’.

– D’ailleurs c’est très surprenant, compte tenu de ta carrière, que tu aies effectué une campagne de financement participatif, via Kickstarter. Est-ce une question de méfiance vis-à-vis de l’industrie musicale actuelle à laquelle tu n’accordes peut-être plus ta confiance ? Et peut-être aussi un désir de totale liberté sur ta musique…

Je déteste l’industrie musicale à bien des égards, notamment ces derniers temps. Tant de supercheries, des faux streams aux faux abonnés… Au lieu de chercher et de développer des talents, elle a tendance à dénicher ceux qui font déjà un gros chiffre d’affaires sur TikTok et à les soutenir. C’est pourquoi on voit peu d’artistes plus anciens être signés. Kickstarter a été formidable : les gens disaient en gros : « On n’a pas entendu votre musique, mais on croit suffisamment en vous pour tenter notre chance ». Ces gens étaient notre maison de disques ! Jamey et moi avons créé PERO Recordings, notre propre label. Notre objectif est de trouver un bon partenaire de distribution et de marketing. Mais nous avons réussi à aller directement vers les gens… comme en témoigne d’ailleurs notre conversation ! (Sourires)

– Avant d’établir le line-up actuel, des musiciens de renom issus de Korn, 3 Doors Down, LA Guns, Conquer Divine et Underoath t’ont prêté main forte pour l’enregistrement. C’est un beau casting et un soutien incroyable. C’est aussi ce qui a permis à l’album de voir le jour plus facilement ?

C’était génial d’avoir des amis, nouveaux et anciens, qui participent à l’album et apportent leur talent. C’était aussi une façon de se démarquer dans un monde musical saturé. Nous avons fait appel à Ray Luzier sur de nombreux morceaux et il est devenu un proche du groupe. J’adore voir ses stories sur Instagram, où il voyage à travers le monde avec Korn en portant d’ailleurs souvent des t-shirts de KALAMITY KILLS sur ses photos. Aaron d’Underoath est quelqu’un que j’ai toujours admiré et le faire participer à une chanson touchante comme « Starry Skies (988) » était spécial, car son implication a permis à davantage de gens de comprendre le message de prévention du suicide. C’est quelque chose d’important pour nous tous. La musique de KALAMITY KILLS sera toujours celle de Perrenot et moi, mais si nous pouvons faire appel à des talents extérieurs au groupe pour la renforcer, nous sommes tous partants !

– Si l’album est brut et puissant, il contient aussi de nombreux éléments électroniques. Ils prennent d’ailleurs parfois beaucoup de place, mais les guitares viennent toujours empêcher la bascule. Ces arrangements assez synthétiques font-ils aussi partie intégrante de KALAMITY KILLS, même si le Rock reste la dominante ?

Personnellement, j’adore la programmation dans le Hard Rock… Les accents électroniques et indus seront toujours présents dans notre musique. Nous sommes avant tout un groupe de guitare, mais nous apprécions la dynamique que ces éléments apportent à nos chansons.

– Ce nouvel album est massif, incisif et surtout il s’inscrit dans un registre résolument moderne dans sa production comme dans l’écriture. Et au regard de tes dernières années musicales, on peut même le percevoir comme un nouveau départ. Est-ce aussi comme cela que tu le vois et l’envisages ?

Oui, c’est vraiment un nouveau départ. C’est un groupe vraiment libre et authentique, qui n’a pas beaucoup de règles à respecter, voire aucune. On veut juste sortir notre musique et trouver les gens qui l’apprécieront. C’est vraiment frais et très excitant. C’est pour cette raison que je n’ai pas utilisé Guardian comme élément d’accroche pour les médias, par exemple. J’ai laissé le groupe vivre sa propre vie. Et jusqu’ici, tout va bien ! (Sourires)

– Enfin, depuis Guardian, tu es affilié à la scène Metal/Rock chrétienne. As-tu toujours le sentiment d’en faire partie, car des chansons comme « Hellfire Honey » et « Sinners Welcome » pourraient être perçues avec un peu d’ambiguïté par certains ?

Je crois inconditionnellement en Christ. Mais d’autres personnes impliquées dans le groupe ont aussi leurs propres croyances. Même si j’ai passé une grande partie de ma vie dans ce milieu, je n’aime pas l’idée de ‘musique chrétienne’ de nos jours… Soyez juste honnête dans vos propos et appelez ça tout simplement de la musique. Comme j’ai la foi, cela se verra probablement d’une manière ou d’une autre, car cela fait partie de moi et de ma personnalité. Mais encore une fois, je veux juste faire de la musique et pas aller prêcher auprès de qui que ce soit.

L’album éponyme de KALAMITY KILLS est disponible sur le label du groupe, PERO Recordings, et toutes les plateformes.

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Three Days Grace : original flavor

Moins percutant qu’à ses débuts depuis quelques années maintenant, THREE DAYS GRACE avait fait une annonce forte en fin d’année dernière avec l’arrivée derrière le micro de son chanteur originel, également songwriter affûté. On attendait donc beaucoup de ce huitième opus. Force est de constater que les Canadiens, qui restent une institution mondiale de l’Alternative Metal, ont retrouvé cette inspiration instinctive et l’aspect massif de leur jeu avec cet « Alienation » ravageur et volontaire.

THREE DAYS GRACE

« Alienation »

(RCA Records)

Onze ans après son départ, Adam Gontier a réintégré en octobre dernier la formation qu’il avait lui-même fondé en 1997 après l’expérience Groundswell. Parti ensuite créer Saint Asonia, supergroupe qui a surtout connu un succès d’estime, et ayant aussi fait quelques featurings chez Apocalyptica et Art Of Dying, le chanteur, guitariste et compositeur marque un retour explosif. Car si Matt Walst (frère du bassiste Brad) a bien assuré l’intérim, et reste d’ailleurs au chant, la réapparition du leader de THREE DAYS GRACE fait du bien et atteste d’une vigueur reconquise.

Ayant donc laissé filer trois albums, le frontman apporte la fraîcheur et l’enthousiasme qui ont fait la marque de fabrique du quintet dans les années 2000. Et « Alienation », sa huitième réalisation, renoue avec cet Alternative Metal pêchu et mélodique, capable d’alterner les morceaux les plus agressifs avec des ballades poignantes ou des hits ultra-formatés. THREE DAYS GRACE souffle le chaud et le froid avec beaucoup d’habileté et d’assurance, quitte à distiller de-ci, de-là quelques couplets et refrains dégoulinant de guimauve. On ne se refait pas.

Le rapide échange parlé en intro du très bon « Dominate » confirme la joie des retrouvailles et l’énergie propulsée sur cette entame est plutôt de bon augure. Riffs puissants, chant au diapason et une rythmique qui bastonne, « Alienation » s’articule sur des thèmes sombres et introspectifs, mais laissent pourtant se propager un sentiment global très positif (« Mayday », « Cold Blood », « Another Relapse », « The Power » et le morceau-titre). La grosse production, toujours présente, fait elle aussi partie de l’ADN de ce THREE DAYS GRACE qui se montre conquérant.

Retrouvez la chronique de leur album précédent « Explosions » :

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Alternative Metal Post-Grunge

Deftones : loin des normes et des modes

C’est un souffle vivifiant que l’on attendait depuis un petit moment et aussi sans doute l’une des sorties la plus scrutée de l’année. Puissant et terriblement bien peaufiné, « Private Music » devrait ravir les fans de Rock comme de Metal et ce malgré cette terne époque. Entre Alternative Metal et post-Grunge, la formation de Sacramento a rarement dégagé autant de force, via de déchirantes mélodies et une identité artistique unique. Incomparable et inégalé, DEFTONES reste indéboulonnable de ce panthéon qu’il s’est lui-même bâti.

DEFTONES

« Private Music »

(Reprise/Warner)

Cinq ans après « Ohms », DEFTONES a cette fois pris son temps pour livrer son dixième effort, un chiffre de ceux qui marque une carrière. Et en la matière, les Américains n’ont pas raté le coche. « Private Music » est probablement leur meilleur album et même si c’est le premier sans leur bassiste Sergio Vega depuis 15 ans, Fred Sablan endosse le rôle avec une maîtrise totale. Et pour retrouver et restituer le son qui a fait leur force et forgé en partie leur singularité, le producteur Nick Raskulinecz est de retour derrière la console.

Et c’est vrai que sur « Diamond Eyes » (2010) et « Koi No Yokan » (2012), le très habile metteur-en-son avait parfaitement su capturer l’esprit libre et cette fougue insaisissable pour la canaliser de la meilleure façon qui soit. Si DEFTONES s’est toujours bien entouré en studio, c’est un plaisir de retrouver ce travail d’orfèvre sur les tessitures et les nuances qui expriment si bien cette férocité si instinctive et cette énergie bouillonnante. En ce sens, « Private Music » est époustouflant de démesure musicale et criant d’authenticité.

Sobre et sombre, Chino Moreno livre une prestation hors-norme que l’on peut sans l’offenser attribuer à une expérience acquise sur une belle carrière de trois décennies. Dès « My Mind Is A Mountain », on comprend que DEFTONES est à son apogée et sera phénoménal. « Private Music » est presque cyclonique et présente le groupe dans ce qu’il a de meilleur, le tout enrobé d’une production très actuelle et organique, qui nous laisse sur le carreau (« Ecdysis », « Souvenir », « Milk Of Madonna », « Metal Dream »). Massif !

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Alternative Metal

Chevelle : l’expression d’une brisure

Incisif, sombre et précis, ce dixième effort de la fratrie de l’Illinois vient encore renverser l’ordre établi d’un Alternative Metal souvent convenu et prévisible. Massif et explosif, « Bright As Blasphemy » témoigne d’une époque en souffrance, mais combative et assez philosophe. Ce nouvel opus n’est pas seulement l’expression d’une détonation musicale très équilibrée, elle reflète aussi une maîtrise totale acquise au fil de ces 30 dernières années et qui mène CHEVELLE au sommet de son art. Entre émotion et arrangements presque minimalistes, il ouvre une autre voie.

CHEVELLE

« Bright As Blasphemy »

(Alchemy Recordings/Rise Records)

Le stratosphérique « Niratias, sorti il y a quatre ans, avait placé les Américains sur orbite et lui offrir un successeur digne de ce nom n’était pas une mince affaire. Jamais à court d’idées, CHEVELLE relève pourtant le défi avec panache et haut la main. Les influences progressives se sont dissipées et les frères Loeffler (Peter au chant et à la guitare et Sam à la batterie) reviennent aux fondations musicales de leur groupe, c’est-à-dire un Alternative Metal surpuissant et livrent « Bright As Blasphemy », qui se révèle être l’une de leurs meilleures réalisations.

Produit par ses soins avec l’aide de Kemble Walters à l’enregistrement et à la basse sur l’essentiel des morceaux, le duo se montre d’une incroyable créativité que met parfaitement en valeur le mix de Beau Burchell. CHEVELLE est probablement le combo le plus torturé de son registre, et la noirceur dont il fait preuve sur « Bright as Blasphemy » le rend énigmatique et lui ouvre une multitude de possibilités. Très Metal et à l’environnement Indus, ce dixième album est tout simplement renversant et surprend au fil de son écoute. Une prouesse plutôt rare.

Autour du thème de la psyché fracturée de l’humanité dont il est aux premières loges, CHEVELLE dispose d’une matière considérable qui lui permet d’œuvrer dans une sorte de tempête mélodique. Parfois étranges, mais réellement implacables, les neuf nouvelles compositions de la formation de Chicago sont brillantes et sa performance est d’une percussion chirurgicale (« Pale Horse », « Cowards, Pt 1 & 2 », « Wolves (Love & Light) », « Karma Goddess », « Blood Out In The Fields »). Tout dans ce disque est à sa place et c’est bien là la marque des grands.

Photo : Christian Lantry

Retrouvez la chronique de « Niratias » :

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Alternative Metal Hard'n Heavy

Halestorm : monumental

Sur une charge émotionnelle rare et parfaitement canalisée, la formation de Pennsylvanie vient affirmer avec force qu’elle est au sommet de son art. Un titre comme « Everest » s’imposait donc avec beaucoup d’évidence. Robuste et massive, mais aussi douce et assez éthérée, cette nouvelle réalisation dame le pion aux actuelles sorties formatées, grâce à une sincérité souvent poignante et surtout un jeu radieux et précis. Les guitares sont scintillantes, la rythmique profonde et solide et la voix déchirante et dominatrice. HALESTORM est dans une maîtrise totale et son sens de la mélodie est exacerbé.

HALESTORM

« Everest »

(Universal Music)

Adolescents, Lzzy hale et son batteur de frère Arejay n’avaient sûrement pas imaginé où les mènerait leur aventure musicale familiale. Fort d’un line-up stable, HALESTORM a gravi peut à peu les échelons au point de devenir une référence grâce à une explosivité et une sensibilité indissociables. Les nombreux featurings de sa frontwoman n’ont fait que confirmer l’assise des Américains, qui surgissent aujourd’hui avec un sixième album qui pourrait bien être leur meilleur. Sans faire dans l’esbroufe et le surfait, « Everest » est redoutablement efficace.

En confiant la production au brillant Dave Cobb, HALESTORM se démarque intelligemment de la scène Alternative Metal actuelle en misant sur un son organique, tout en relief et qui laisse respirer les morceaux. Et en évitant de surcharger le spectre sonore, le quatuor gagne en puissance, en vélocité et surtout en authenticité. Avec des structures Hard Rock et des attaques clairement Heavy, « Everest » surfe sur des recettes qui ont fait leurs preuves et qui, finalement, offrent plus de liberté aux musiciens et surtout à leur chanteuse dont la prestation est hors-norme.

S’il n’y a plus vraiment de doute sur les capacités vocales exceptionnelles de Lzzy Hale, il faut avouer qu’elle s’est taillé ce nouvel opus sur mesure. Féroce et délicate, elle y dévoile toute sa large palette sur des titres dominés par une certaine mélancolie, très personnels aussi et avec des fulgurances brutes et directes. Enfin HALESTORM joue également sur la corde sensible avec des parties de piano bien senties et un fond Rock très accrocheur (« Fallen Star », « Watch Out ! », « Shiver », « Everest », « Like A Woman Can », « Rain Your Blood On Me »). Magistral de finesse !

Retrouvez aussi la chronique de « Back From The Dead » :