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ZZ Ward : all the Blues

Artiste accomplie au parcourt assez étonnant, ZZ WARD sort un quatrième opus plein de surprises en suivant ses choix et ses envies. Sur « Liberation », chaque titre est concis et direct et traverse les courants du Blues avec passion et beaucoup de facilité.  A la fois Roots, Blues Rock, Southern, aux sonorités du Delta comme sur un groove Honky-Tonk, la frontwoman se fait brûlante, poignante, délicate et forte. Vibrante et intense, l’Américaine est exaltante et conquérante. Une belle démonstration de feeling et de maîtrise.

ZZ WARD

« Liberation »

(Dirty Shine/Sun Records)

Chaque nouvelle sortie de ZZ WARD est dorénavant scrutée de très près et quelques mois après son arrivée sur le mythique label Sun Records qui avait été marqué par l’EP « Mother », elle nous livre « Liberation ». Et la songwriter de Roseburg, Oregon, se présente avec un quatrième opus étonnant à bien des égards. En effet, le successeur de « Dirty Shine », sorti il y a deux ans, est composé de quatre des six morceaux de son récent format court paru en octobre dernier, ainsi que de quelques classiques revisités et, bien sûr, de chansons originales.

Celles et ceux qui auraient manqué « Mother » ont donc le droit à une petite séance de rattrapage. La multi-instrumentiste a renouvelé sa confiance au producteur Ryan Spraker, ayant lui-même plusieurs cordes à son arc, et « Liberation » est un album qui n’aura jamais aussi bien porté son nom. Au fil des morceaux, on découvre ZZ WARD déclamant son amour du Blues, sans filtre et sans fard, que ce soit sur ses propres titres ou sur les reprises qu’elle a savamment choisi et qu’elle s’est approprié avec brio…. Une expression de la liberté plus flamboyante que jamais.

Libre et libérée, la chanteuse fait ce qu’elle veut et elle sait tout faire. A travers les 14 chansons de « Liberation », elle démontre sa polyvalence tout comme sa connaissance d’un répertoire Blues très large. Parmi les covers de Big John Hamilton, Son House, Robert Johnson ou Fats Domino, ZZ WARD fait plus qu’explorer l’Histoire du genre, elle la réinvente et lui offre une toute nouvelle couleur. Et en marge, on se délecte de ses compositions très personnelles et intimes (« Love Alive », « Liberation », « Lioness », « Clairvoyant », « Next To You »). Brillante ! 

Retrouvez les chroniques précédentes :

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Blues Rock Classic Rock

Ellis Mano Band : polymorphe

Un pied dans un Blues très actuel et l’autre dans un Classic Rock intemporel, ELLIS MANO BAND continue sa belle aventure en se dévoilant un peu plus sur ce quatrième opus, où il semble avoir digéré les nombreuses références qui rassemblent les cinq musiciens. Et le style n’en est pas plus resserré pour autant. Au contraire, « Morph » montre un visage aux multiples facettes, tout en se faisant très rassembleur et sans perdre le sens très affiné et raffiné de son jeu. Les disques de ce calibre se font rares et lorsqu’ils montrent autant de facilité et d’évidence dans le jeu, cela devient une réelle gourmandise, dont on dévore chaque miette.

ELLIS MANO BAND

« Morph »

(SPV Recordings)

Après un somptueux album live en mars de l’année dernière (« Access All Areas »), ELLIS MANO BAND est cette fois retourné en studio pour y enregistrer son quatrième album. Et la formation internationale y a encore fait des merveilles. Très inspirés, les cinq musiciens font parler l’expérience et se présentent avec dix nouveaux titres, plus un morceau enregistré en public, « The Fight For Peace », petit chef d’œuvre de sept minutes. Et les surprises se succèdent, tant le groupe du chanteur Chris Ellis et du guitariste Edis Mano sort de son habituel Blues Rock. Une façon aussi de franchir certaines frontières musicales et de se faire plaisir sans rien se refuser. Et avec autant de talent, tout paraît si simple et spontané.  

Car si ELLIS MANO BAND œuvre pour l’essentiel dans un Blues très contemporain sur « Morph », il n’hésite pas très longtemps à prendre le parti d’un Classic Rock solide et enlevé, histoire aussi d’appuyer son propos comme sur le génial « For All I Care » ou « Countdown To Nothing ». Les Suisses montrent une incroyable variété dans les ambiances, et ce n’est pas pour déplaire à leur frontman, qui livre une prestation entre émotion et pleine puissance (« Scars », « Virtually Love »). Le jeu d’Edis Mano est, quant à lui, toujours aussi virtuose. Le six-cordiste reste d’une dextérité et d’une fluidité absolue et se garde bien de ne pas tomber dans le démonstratif, malgré une technique souvent très impressionnante.

Toujours justes et jamais superflus, les claviers portent les mélodies, tandis que la rythmique élève un peu plus ces nouvelles compositions, comme sur « Madness And Tears » qui n’est pas sans rappeler un certain David Bowie, preuve s’il en est qu’ELLIS MANO BAND est à son aise dans des registres où on ne l’attend pas forcément.  Il est question de délicatesse aussi, bien sûr, quand le quintet se fait plus Blues (« Count Me In », « 20 Years », « Stray »). Un mot aussi de la très belle production de « Morph » qui, parfaitement équilibrée, dévoile au fil des écoutes des arrangements d’une grande finesse et des variations sonores assez stupéfiantes. Les Helvètes placent la barre toujours plus haut avec beaucoup de naturel.

Photo : Tabea Hüberli

Retrouvez la chronique de leur précédent album live :

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Classic Rock Hard Blues

Lions In the Street : on the hunt

On n’en voudra pas à LIONS IN THE STREET d’être allé puiser dans de vieux morceaux pour constituer ce « Moving Along », bien au contraire. Sur une production tonique et vive, le quatuor américano-canadiens annonce la couleur et donne le ton. Rock’n’Roll jusqu’au bout des doigts, parfois bluesy, toujours groovy et avec un petit côté sudiste qui leur confère une saveur légèrement vintage, les lions entrent dans l’arène et ne font pas dans le détail. Réjouissants, imperturbables et honnêtes, les quatre musiciens se révèlent comme les prétendants à une relève très attendue. Un magnifique pavé dans la marre ! 

LIONS IN THE STREET

« Moving Along »

(Interior Castle Music)

Fondé en 2006, l’histoire de LIONS IN THE STREET a de quoi laisser songeur. Alors que le groupe avait toutes les cartes en main pour mener à bien une belle carrière, il n’en fut rien, même s’il n’est jamais trop tard, bien sûr. Managé par Allen Novac (Mötley Crüe, Blondie), signé chez TVT Records (Nine Inch Nails), puis 604 Records (Nickelback), le quatuor a tout envoyé balader et s’est retrouvé blacklisté par une industrie musicale rancunière. Mais après une longue traversée du désert, le retour est enthousiasmant et sonne comme une belle revanche.

Après deux Eps (« Cat Got Your Tongue » en 2006 et « On The Lam » en 2013), le combo, composé pour moitié de Canadiens de Vancouver et d’Américains de San Diego, a également sorti un premier album, « The Years » en 2016. Mais tout ceci s’est passé relativement dans l’ombre, sous les radars, ne parvenant pas à capter la chaleur des projecteurs pourtant bien méritée. Cette fois, Sean Casey (guitare), Enzo Figliuzzi (basse) et les frères Kinnon (Chris au chant et à la guitare et Jeff à la batterie) font rugir LIONS IN THE STREET pour de bon !

Et le bouleversement à l’œuvre avec l’avènement des plateformes et des réseaux sociaux a aussi bien aidé et ragaillardi la formation, qui fait son retour le couteau entre les dents. Armé d’un Classic Rock musclé et un brin arrogant, elle déroule ce « Moving Along » frais et fougueux avec une volonté exacerbée. Situé quelque part entre les Rolling Stones (même tout près !) et les Black Crows, LIONS IN THE STREET s’affirme à travers des titres entêtants (« Already Gone », « Gold Pour Down », « Shangri La », « Moving Along », « Truer Now ») Intègre !

(Photo : Gregory Crowe)

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Blues Rock Contemporary Blues

Ellis Mano Band : un moment de grâce

Les albums live sont souvent des instants hors du temps et en matière de Blues, cela se vérifie quasi-systématiquement tant ils se vivent intensément… et ils n’ont d’ailleurs pas vraiment le choix, sinon c’est la chute. ELLIS MANO BAND est un groupe de scène et il ne faut pas bien longtemps pour s’en rendre compte. Sur un groove constant, une délicatesse et une finesse qui font dans la dentelle et un chanteur totalement investi, la formation helvète fait plus que jouer du Blues, elle le respire à travers chaque note. « Live : All Access Areas » n’est pas une démonstration, mais une parfaite partition.

ELLIS MANO BAND

« Live : Access All Areas »

(SPV Recordings/SPV)

Pour celles et ceux qui l’ignorent, ELLIS MANO BAND est la rencontre explosive et placée sous le signe du feeling et de la complicité entre le chanteur Chris Ellis et le guitariste Edis Mano. Musiciens chevronnés, c’est assez naturellement qu’ils sont rejoints par le bassiste Séverin Graf, le batteur Nico Looser et Luc Bosshardt aux claviers. Basé en Suisse, comme l’équipe de France de tennis (pardon…!), le quintet s’est vite retrouvé autour d’un Contemporary Blues, comme on dit aujourd’hui, c’est-à-dire un style très actuel, mais qui fait aussi beaucoup de place à des teintes Soul, R&B et à quelques jams bien senties sur scène. 

Et c’est précisément en concert que le ELLIS MANO BAND nous embarque cette fois et la balade sur les 15 morceaux est majestueuse, n’ayons pas peur des superlatifs, car ils sont plus que justifiés. Le groupe, qui présente d’ailleurs un line-up multinational, passe en revue ses trois albums studio, histoire de nous faire patienter jusqu’à la sortie du quatrième, qui devrait intervenir à la fin de l’année ou au tout début de 2025. Et ce « Live : Access All Areas » se perçoit comme une visite guidée d’un parcours sans faute et ouvre les portes de son répertoire avec classe et une fluidité dans le jeu exemplaire de leur part à tous.

Et quoi de plus normal que d’entamer l’album avec « Whiskey », leur tout premier single, suivi quelques mois plus tard par un premier opus, « Here & Now », déjà prometteur ? Le ton est donné et le public chaleureux n’en perd pas une miette. Enregistré en Allemagne et en Suisse, « Live : Access All Areas » livre quelques pépites et autres moments suspendus particulièrement immersifs. ELLIS MANO BAND se faufile dans toutes les ambiances avec une facilité déconcertante, qui donnent lieu à des versions de haut vol (« Bad News Blues », « Forsaken », l’enivrant « Bad Water », « Only With You », « Johnny & Suzy »). Magique !   

Photo : Isaak LiveArt
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Funk Rock

FFF : FFFou FFFurieux !

Pierre angulaire de la scène Rock dont il a marqué les années 90 au fer rouge, FFF fait un furieux et gourmand come-back. Aussi inattendu qu’inespéré, « I Scream » renoue avec l’essence-même de cette Fédération Française de Fonck survitaminée et finalement inoxydable. Ce nouvel opus promet de prochaines prestations scéniques enflammées, et pour en avoir vécu quelques unes dans une autre vie, surveillez bien les dates qui arrivent dès le printemps … Ça va être chaud et explosif !

FFF

« I Scream »

(Verycords)

Est-ce qu’après deux décennies d’absence, un groupe qui a laissé une telle empreinte à travers un style, dont il a été le principal artisan en France, peut encore renouer avec un enthousiasme qui l’a tellement caractérisé ? 23 ans après un album, « Vierge », qui n’a pas franchement marqué les esprits, Marco Prince, Yarol Poupaud, Nicolas Baby et Krishoo Monthieux ont-ils retrouvé la fougue de leurs premiers émois discographiques ? Comme l’ont laissé entrevoir les premiers singles, le doute n’est plus de mise : FFF a retrouvé la foi et déborde d’énergie.

S’ils ont juré par tous leurs dieux ne s’être jamais séparés, les Parisiens font un retour qui ressemble presque à une résurrection. A priori, ils attendaient le bon moment pour se mettre à l’ouvrage d’un cinquième album, dont ils savaient mieux que personne qu’il serait très attendu par une communauté de fans impatiente et pas encore rassasiée, mais également scruté et décortiqué par la presse, ce qui est importe finalement assez peu. Ce qui compte, et qui entretient aussi un peu le mystère, c’est ce qu’il a bien pu se passer dans cette campagne niortaise, où FFF a refait parler la poudre.

« I Scream » contient tout l’ADN du fulgurant quatuor. L’instinct, la fraîcheur et le groove sont intacts. Le flow de Marco fait des merveilles (« Les Magazines »), tout comme son trombone, les riffs de Yarol sont incandescents (« Won’t You ») et la bouillonnante rythmique gouvernée par Nicolas et Krishoo oxygène l’ensemble (« On Devient FFFou », « Death On The Dance FFFloor », « Smile »). Moderne dans le son comme dans le propos, FFF livre avec classe l’album qu’on attendait et avec cette luminosité qui a fait sa réputation. « I Scream » est positif et concentre décidemment tous les parfums. Bravo, FFFallait le FFFaire !

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Rock Hard

The Electric Alley : courant continu

Sur des mid-tempos bercés de chaleur ou sur des rythmes endiablés, le nouvel album de THE ELECTRIC ALLEY multiplie les plaisirs. Si les influences sont évidentes et multiples, le quatuor espagnol n’a aucune peine à nous entraîner dans une atmosphère très enjouée et d’une sincérité absolue. « Apache » est un voyage qui ne lasse pas.

THE ELECTRIC ALLEY

« Apache »

(Independant)

Quatre ans après le très bon « Turning Wheels », les Espagnols de THE ELECTRIC ALLEY refont parler la poudre grâce à un quatrième album aussi explosif que mélodique. Et à l’écoute de cet « Apache », on peut déjà s’interroger sur le fait qu’il sorte en autoproduction, et non sur un label digne de ce nom, où il aurait plus que sa place. Cela dit, nous ne sommes plus à une aberration près.

Mené par la voix unique de Jaime Moreno, qui livre une prestation musclée et toute en émotion, le quatuor de Cadix évolue toujours dans un Power Rock qui trouve ses racines dans un Hard Rock classique et intemporel. THE ELECTRIC ALLEY ne renouvelle pas le genre, mais lui apporte beaucoup de brillance et de fraîcheur grâce à une machine parfaitement huilée qui dégage un groove énorme.

Electrisant dès l’entame (« Apache », « Hurricane »), les Ibériques surfent sur des sonorités très américaines et ensoleillées émaillées de touches 80’s et 90’s. THE ELECTRIC ALLEY fait la part belle aux guitares entre riffs aériens et solos enchanteurs (« Fireworks », « Make It Through The Night », « Son Of A Gun »). Les Andalous livrent un album Rock’n’Roll, joyeux et enivrant comme on n’en fait plus beaucoup… Alors, merci et vivement le prochain !