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France Post-Metal

Cancel The Apocalypse : unplugged Metal [Interview]

Avec des instruments essentiellement dédiés à la musique classique, dont la moitié du groupe est issue, CANCEL THE APOCALYPSE a décidé de produire un Post-Metal, mais en version acoustique…! Fort d’un premier album, qui a autant surpris que séduit, le quatuor fait son retour avec « Terminus Stairway », sorte d’OVNI musical rapidement addictif. Arnaud Barat, le guitariste, revient sur la démarche du combo et ses multiples inspirations. Entretien.

– Avant de parler du nouvel album, Audrey et toi, vous avez une formation classique spécialisée en musique baroque, et le groupe est complété par Mathieu et Karol qui viennent quant à eux du Rock et du Metal. A quel moment avez-vous eu le déclic pour fonder CANCEL THE APOCALYPSE ?

Il n’y a pas eu vraiment de moment particulier. L’idée a fait son chemin progressivement avec certaines évolutions du Metal depuis la fin des années 90. On a d’abord adoré des morceaux comme « Kaiowas », « Jasco » et « Itsari » de Sepultura, qui introduisaient la guitare acoustique dans des albums de Metal. Ensuite le « S&M » de Metallica, où c’était tout l’orchestre qui faisait son entrée, et puis il y a eu System of A Down et ses sonorités arméniennes. A partir de là, on a vraiment eu le fantasme de créer un projet, dont le concept reposerait là-dessus : faire du Metal acoustique. La volonté était d’essayer de remplacer la guitare électrique par une guitare sèche, la basse par un violoncelle et d’essayer de faire en sorte que ça tienne la route face à un chant et une batterie Metal. On peut dire que pour nous le déclic a été de voir Matthieu œuvrer dans My Own Private Alaska. On avait trouvé la voix qui correspondrait, la personne adéquate pour tenter le coup. Mais il a fallu encore attendre quelques années pour qu’on ose lui proposer et que les choses se fassent.

– Ce qui est surprenant chez CANCEL THE APOCALYPSE, c’est cette quasi-absence de distorsion dans le son et vous affichez pourtant une puissance étonnante. Là aussi, c’est un parti pris, voire une contrainte, que vous vous imposez ?

Oui, oui, complètement, c’était un parti pris, mais plus vraiment une contrainte à partir du moment où on a eu la sensation que ça fonctionnait. Et en effet sur les deux albums, il n’y a qu’un endroit où il y a de la distorsion, c’est sur le refrain du morceau qui donne son nom au groupe, « Cancel the Apocalypse ». Et encore, c’est un choix de mix qui ne vient pas de nous, mais qu’on a décidé de garder comme un clin d’œil.

– On ne va pas se mentir, sur le papier, on pense à Apocalyptica. Est-ce qu’à l’époque, leur démarche vous a marqué, motivé, influencé ou juste piqué votre curiosité ?

Alors honnêtement, ça a juste piqué notre curiosité lorsqu’ils ont émergé avec leurs reprises de Metallica à quatre violoncelles. Ça confirmait l’idée que l’instrument se prêtait bien au Metal. Mais on n’est pas des gros fans d’Apocalyptica pour autant…

– Parlons de « Terminus Stairway ». Votre premier album, « Your Own Democracy » (2016), ayant reçu un très bel accueil et surpris beaucoup de monde, est-ce que vous aviez un peu plus de pression cette fois, ou c’est quelque chose à laquelle vous êtes imperméables et qui ne vient pas troubler votre travail ?

On a quand même pris beaucoup de temps pour sortir ce deuxième album, et puis pour nous CANCEL THE APOCALYPSE doit rester un truc où on s’amuse avant tout, où on fait les choses à l’envie. Les morceaux de « Terminus Stairway » se sont additionnés progressivement les uns aux autres au cours des dernières années. On en jouait déjà certains lorsqu’on tournait pour « Our Own Democracy » et les derniers-nés ont quelques mois, c’était donc un processus long. On n’a donc pas été troublé par la pression, on s’est juste demandé quelle direction on voulait donner à l’ensemble pour se faire encore plus plaisir. Là, le choix a été de renforcer encore le côté ‘musique de chambre’ par l’ajout de l’alto, que ça donne plus de corps au son. Puis après, on a forcément l’espoir que si ça nous plait à nous, ça plaise à d’autres, mais on ne joue pas notre ego là-dedans. On prend les choses comme elles viennent.

– A l’écoute de vos nouveaux morceaux, on a l’impression que vous vous basez sur un schéma de chanson Rock au sens très large pour composer. L’influence classique se ressent surtout dans les arrangements et le choix des instruments. Est-ce que finalement la musique classique contemporaine n’est pas trop éloignée en termes de structures d’écriture ?

Oui, c’est une très bonne remarque. Lorsque je compose les bases des morceaux, je le fais toujours dans une optique de chanson Rock de 3 minutes 30, avec des modèles très universels comme les Beatles ou Nirvana. Et c’est certain que si les choix de structure de base s’apparentaient à de la musique classique contemporaine, sans cadre de temps ou de répétition de cellules musicales, sans jamais aucune notion de couplet/refrain, ça rendrait le propos complètement opaque, voire prétentieux… On préfère, en effet, nourrir les morceaux par des choix d’harmonie et d’arrangements à l’intérieur d’une structure simple.

– Est-ce que, même inconsciemment, votre ambition avec « Terminus Stairway » est de rapprocher les publics classiques et Rock/Metal, qui se croisent assez peu ? Le guitariste Yngwie Malmsteen était allé dans ce sens dans les années 80 avec des solos et des mélodies inspirés de Paganini, notamment…

Oui, c’est même très conscient, mais on sait aussi très bien aussi qu’on court sans doute derrière des moulins en essayant de faire ça, ce qui n’est pas très grave non plus. (Sourires)

– CANCEL THE APOCALYPSE dégage beaucoup d’émotion musicalement, et il en émane aussi beaucoup à travers les voix. Les deux se complètent très bien et se retrouvent même à un niveau égal. Qu’est-ce qui influence le plus l’autre dans la composition d’un morceau ?

Alors forcément, vu que le travail se fait d’abord au niveau instrumental, Matthieu à la lourde charge d’essayer de composer sa voix sur une base pré-existante. Mais la composition de base se fait toujours avec le fantasme de ce qu’il pourrait faire par-dessus, avec une vision imaginaire de ce que sera le rendu final. Il y a donc une influence dans les deux sens qui fait que, pour l’instant, on ne s’est jamais retrouvés réellement bloqués. Il n’est même pas sûr que Matthieu ait déjà dit : ‘non, celle là je vais rien pouvoir en faire…’ depuis qu’on a commencé à travailler ensemble sur le projet.

– Il y a également une chose qui caractérise CANCEL THE APOCALYPSE, jusque dans votre nom : c’est votre engagement. Il est à la fois humain, social, politique et écologique. On a presque l’impression que c’est le point de départ du groupe. Cela fait partie des motivations premières, de mettre en musique des revendications et surtout des valeurs universelles, qui se perdent aussi d’ailleurs aujourd’hui ?

CANCEL THE APOCALYPSE, c’était avant tout une rencontre humaine. Des gens avec des goûts, des valeurs humaines et des positionnements approchants. On n’a pas vraiment la volonté d’être un groupe militant, mais forcément ça doit se ressentir dans nos textes, dans notre façon de communiquer parfois et c’est super si ça se ressent un peu dans notre musique. Mais en fait, on souhaite que cet aspect ne dépasse pas le cadre musical ‘subjectif’ et on préfère l’assumer dans nos vies personnelles, dans notre boulot et notre vie de tous les jours, par nos actes et ne pas faire du groupe un truc moraliste ou un peu lourd. Le nom CANCEL THE APOCALYPSEen lui-même est d’ailleurs autant une ‘prière’ qu’une blague de départ entre nous.

– Pour conclure, si vous deviez faire évoluer le groupe musicalement pour lui apporter encore plus de profondeur et peut-être de puissance, quel instrument trouverait sa place chez CANCEL THE APOCALYPSE ?

On aurait des tonnes de fantasmes par rapport à ça en fait ! Difficile d’en choisir un ! Alors en vrac : un quatuor à corde, voire un orchestre, des instruments indiens ou africains, des samples electro ! (Sourires)

L’album de CANCEL THE APOCALYPSE,  « Terminus Stairway », est disponible depuis le 10 juin chez Inverse Records/Klonosphere.

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Hard Rock

MegaSnake : high voltage

C’est avec de la dynamite au bout des doigts que MEGASNAKE a composé son premier album. Resserré sur huit morceaux pétillants d’un Hard Rock rafraîchissant, « Charming » n’est pas l’œuvre de jeunes Finlandais en mal de sensations. Aguerri et techniquement imparable, le quatuor libère une énergie très communicative.

MEGASNAKE

« Charming »

(Inverse Records)

Formé par des musiciens plus que chevronnés, MEGASNAKE est la vraie bonne surprise de ce mois de juin et elle nous arrive de Finlande. Composé du chanteur Richard Johnson (Leningrad Cowboys, Gringos Locos, Apocalyptica en live), du batteur Twist Erkinharju (Peer Günt, Leningrad Cowboys), du guitariste Samuel Hjelt (Kings of Modesty, ex-Ancara) et du bassiste Henrik Tuura (Kings of Modesty, Killer Kachina), le quatuor présente de solides arguments sur ce survolté « Charming ».

Dans un Hard Rock teinté de Heavy, MEGASNAKE avance d’un seul homme dans un registre qui sent bon les années 80 et 90. On retrouve donc les ingrédients de l’énorme créativité de ces deux décennies. Musclé et véloce, le quatuor balance des riffs solides et inspirés, rappelant les belles heures de Dokken, Dio, Tesla avec un soupçon de Twisted Sister. De quoi avoir le sourire pendant un bon moment !

Formé il y a un peu plus d’un an et fort d’une récente signature chez Inverse Records, le gang finlandais montre un enthousiasme à toute épreuve. « Charming » évolue dans une atmosphère de liberté totale sur des morceaux entraînants où la qualité et la désinvolture du chant cohabitent à merveille avec des solos fougueux et vigoureux (« Sun Don’t Shine », « Shame On Me », « Stone River », « Don’t », « HeVil »). MEGASNAKE s’impose déjà !

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Progressif Rock

Solace Supplice : dystopie poétique

Acteurs reconnus dans le monde Rock Progressif, Anne-Claire Rallo et Eric Bouillette mènent désormais de front SOLACE SUPPLICE et leur groupe Nine Skies. Cependant, sur « Liturgies Contemporaines », c’est à travers un Rock plus direct, assez épuré et sur des arrangements subtils et soignés, qu’ils évoluent en quatuor. Porté par des textes délicats, touchants et forts, ce premier album rayonne par ses atmosphères parfois sombres, mais toujours scintillantes.

SOLACE SUPPLICE

« Liturgies Contemporaines »

(FTF Music)

Alors qu’ils viennent tout juste d’annoncer avoir commencé à travailler sur le prochain album de Nine Skies, Anne-Claire Rallo et Eric Bouillette sont déjà sur le pont avec le premier album de SOLACE SUPPLICE, side-projet en français et clairement orienté Rock. Egalement soutenu par Willow Beggs (basse) et Jimmy Pallagrosi (batterie), « Liturgies Contemporaines » est une évasion poétique et envoûtante guidée par un quatuor solide et inspiré.

Deux ans après un très bon EP éponyme, le duo revient dans un format où il peut aller au bout de ses idées dans un registre très personnel et finalement assez peu répandu. Très Rock tout en lorgnant à l’occasion sur le Prog, SOLACE SUPPLICE présente les compositions d’Eric (également au chant, guitare, claviers, violon et aux arrangements) mises en lumière par les textes étincelants d’Anne-Claire, dont on connait toute la finesse de la plume.

Forcement, parler d’osmose entre les paroles et la musique est un doux euphémisme, tant elles forment une combinaison évidente (« Le Tartufe Exemplaire », « En Guidant Les Hussards »). Sur des guitares souvent gilmouriennes, le chant vient déclamer librement et avec un grand soin une réflexion poétique toute en émotion (« Sunset Street », « A Demi-Maux », « Cosmos Adultérin » et le morceau-titre). SOLACE SUPPLICE impose sa patte avec une classe naturelle et un feeling communicatif.  

Pour vous procurer l’album, rendez-vous sur le bandcamp du groupe : https://solacesupplice.bandcamp.com/album/liturgies-contemporaines

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Thrash Metal

Kreator : peace & love

Très attendu, et notamment en France puisqu’il s’agit du premier album de Frédéric Leclercq à la basse avec la légende allemande, « Hate Über Alles » montre toute l’étendue du savoir-faire des Thrashers germaniques. Le quatuor reste très acéré tout en proposant de belles lignes mélodiques portées par une technique sans faille et des ambiances Heavy Metal plus classiques bienvenues. Brillant, tout simplement.

KREATOR

« Hate Über Alles »

(Nuclear Blast Records)

Cinq ans après « Gods Of Violence », KREATOR vient remettre quelques pendules à l’heure, et c’est une très bonne chose. Toujours aussi affûté, le quatuor allemand, qui accueille dans ses rangs notre Frédéric Leclercq national à la basse, fait preuve d’une férocité incroyable et « Hate Über Alles » s’inscrit dans le haut de sa discographie. La légende du Thrash Metal européen n’est toujours pas à court d’arguments, très loin de là.

Produit par l’excellent Arthur Rizk, ce quinzième album studio déploie une force et une rage phénoménales. Mené par le monumental Mille Petrozza, dont le songwriting est d’une redoutable efficacité, KREATOR défie le temps et demeure l’incarnation incontestable du Thrash du vieux continent. Et les trois singles déjà présentés ne sont pas l’entame d’un grand disque (« Strongest Of The Strong », « Midnight Sun » et le morceau-titre).

Si les Allemands (et le Français !) savent où ils vont, ils n’en oublient pas pour autant d’où ils viennent. KREATOR fait une synthèse parfaite entre un Heavy Metal Old School et un Thrash racé et explosif (« Become Immortal », « Conquer And Destroy »). Les guitares sont cinglantes, la rythmique effrénée, le chant hargneux et les arrangements éclatants (« Killer Of Jesus », « Crush The Tyrants », « Dying Planet »). Magistral !

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Doom

[Going Faster] : Fátima / Monasterium

Parce qu’il y a beaucoup, beaucoup de disques qui sortent et qu’il serait dommage de passer à côté de certains d’entre eux : [Going Faster] se propose d’en mettre plusieurs en lumière… d’un seul coup ! C’est bref et rapide, juste le temps qu’il faut pour se pencher sur ces albums, s’en faire une idée, tout en restant toujours curieux. C’est parti !

FATIMA – «  Fossil » – MusikÖ Eye

Depuis sa première démo en 2015, le trio parisien a fait du chemin et se présente aujourd’hui avec « Fossil », un nouvel album où son style se précise de plus en plus. Grâce à une production claire et solide, ce troisième opus réalise une très bonne synthèse entre le Doom pour le genre, le Grunge pour la voix et des sonorités orientales pour les atmosphères. Fort de cette triangulation très réussie, FATIMA est difficile à saisir, mais très facile à adopter. A la fois mélodique, épuré et pourtant très riche en arrangements, « Fossil » invite à l’évasion avec son rythme lancinant, ses voix écorchées et ses riffs terriblement fuzz. Après « Turkish Delights » et le très bon split avec Seum et son Doom’n Bass percutant, les Parisiens s’affirment avec beaucoup de personnalité. A suivre de très près…

MONASTERIUM – « Cold Are The Graves » – Nine Records

Cela fait huit ans maintenant que MONASTERIUM marche dans les pas de ses glorieux aînés Candlemass et Manilla Road pour bâtir un Heavy Doom consistant et compact. En l’espace de trois albums, « Cold Are The Graves » compris, le quatuor polonais a réussi à développer un style très personnel. Une atmosphère très 80’s se dégage de ce nouvel opus à travers lequel on sent une réelle communion. Sur une production assez classique, MONASTERIUM dévoile un son clair variant entre envolées épiques sur un Metal traditionnel, ponctué par des passages plus calmes. Le combo montre une écriture intéressante et soignée en évitant bien de tomber dans des clichés Doom trop prévisibles. Les Polonais se montrent habiles et inspirés, et « Cold Are The Graves » un très bon album.  

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Blues Rock Classic Rock

The Bateleurs : saltimbanques du Blues Rock

Sur un songwriting efficace et une très belle production, « The Sun In The Tenth House » libère tout le talent et le groove de THE BATELEURS avec une énergie incroyable. Originaire de Lisbonne, le quatuor se fond dans un Blues Rock racé et un Classic Rock éprouvé, mariant très habillement la douceur et la puissance des deux styles.

THE BATELEURS

« The Sun In The Tenth House »

(Milanamúsica Records)

Si le Portugal n’a pas la réputation d’être une place forte du Blues Rock, il se pourrait qu’on commence à s’y pencher sérieusement. Depuis son premier EP, « The Immanent Fire » en 2018, THE BATELEURS se forge petit à petit une solide réputation scénique et ce premier album devrait sans mal contribuer à convaincre de nouveaux adeptes. La forte présence de sa chanteuse et la complicité des musiciens font mouche sur chaque morceau.

Entre un Blues Rock bouillonnant et un Classic Rock éternel, « The Sun In The Tenth House » se présente comme la réalisation d’un groupe déjà confirmé et rompu à l’exercice. Masterisé à Nashville par David Gardner dans le studio où ont été façonnés ceux de Rival Sons et de Chris Stapleton notamment, ce premier effort affiche une belle puissance déversée par un quatuor électrique, qui démontre THE BATELEURS sait où il va.

Les Portugais, menés par une Sandrine Orsini impériale au chant, font état d’une inspiration très dynamique et d’une force technique imparable, qui offre une vélocité constante à l’album (« Nine Lives To Waste », « Rise Above The Storm », « Revolution Blues », « Battle Horse » et « Back In The Bayou »). THE BATELEURS envoûte autant qu’il percute avec beaucoup de feeling comme le montre la variété de ses compositions.

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Heavy Psych Rock Stoner Rock

Ecstatic Vision : vibrations sauvages

Façon bêtes de somme sous acid, les Américains d’ECSTATIC VISION déversent sans ménage leur Stoner Heavy Psych sur un quatrième album, où le quatuor de Philadelphie vient se placer au-dessus de la mêlée. « Elusive Mojo » associe une vitesse d’exécution et une imposante puissance pour tout écraser sur son passage.

ECSTATIC VISION

« Elusive Mojo »

(Heavy Psych Sounds Records)

S’ils n’étaient pas musiciens, ces quatre-là pourraient être bûcherons sans aucun problème. Plus musclé et féroce que jamais, le combo de Philadelphie élève d’un cran la folie qui l’habite avec ce « Elusive Mojo », où son Stoner très Heavy et Psych atteint une dimension quasi-cosmique. ECSTATIC VISION plane très haut, joue très fort et ne fait pas dans le détail.

Enregistré en condition live sur une bande 2 pouces probablement pour mieux saisir toute l’épaisseur de son jeu, ce quatrième album dégage une lourdeur et une saveur Rock’n’Roll authentique, brute et même brutale. Noyant même la wah-wah dans des distorsions inouïes, ECSTATIC VISION développe un groove sauvage et une débauche de décibels hors-norme.

Solidifié par le mastering de Tim green (Melvins), ce nouvel opus défie les lois du Stoner Rock grâce à des vibrations presque déstabilisantes, tant l’énergie déployée est d’une puissance phénoménale (« Times Up », « Venom », « The Countdown »). Les parties de saxophone et de basse font d’ECSTATIC VISION un combo à part dans le paysage Rock Heavy Psych.  

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Alternative Metal

Three Days Grace : déflagrations contenues

Arborant la même énergie qu’à ses débuts en 1997, le quatuor d’Ontario signe un septième album après quatre ans d’existence et « Explosions » tient plutôt ses promesses. Sur une production toujours aussi massive, les Canadiens de THREE DAYS GRACE offrent des variations intéressantes à leur Alternative Metal.

THREE DAYS GRACE

« Explosions »

(Music For Nations/Sony Music)

Après des débuts tonitruants et une carrière menée avec une infaillible régularité, THREE DAYS GRACE livre son septième album, faisant suite à « Outsider » sorti en 2018. Au chant depuis 1993, le frontman Matt Watst a pris le quatuor canadien à bras le corps, et « Explosions » vient confirmer qui s’y sent plutôt bien et qu’il a pris le chant à son compte et avec une touche personnelle indéniable.

Cependant, on n’observe que peu de changements ou de surprises sur ce nouvel opus qui vient s’inscrire dans une déjà belle discographie. Toujours aussi tonique et mélodique, l’Alternative Metal de THREE DAYS GRACE est cependant plus sombre que ses prédécesseurs, ce qui est certainement dû aux temps difficiles auxquels chacun d’entre-nous est confronté depuis quelques années.

De fait, « Explosions » porte bien son nom, tant il souffle chaud et le froid entre des morceaux musclés (« So Called Life », « Scar Is Born », « No Tomorow », « I Am The Weapon ») et des titres plus doux et mid-tempos (« Heart Of A Champion », « Someone To Talk Top »). THREE DAYS GRACE avance donc toujours avec cette même assurance qui fait de lui un groupe phare de la scène Alternative Metal mondiale.

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Alternative Metal

Halestorm : l’artillerie lourde

Il y a une chose immuable chez HALESTORM qui, peu importe les goûts, impose le respect : une authenticité et une volonté farouche d’aller de l’avant. Très attendu, ce nouvel opus du quatuor de Pennsylvanie ne déçoit pas. On mesure au fil des morceaux la force et la conviction des Américains et de leur chanteuse Lzzy Hale. Le groupe montre une volonté de présenter un « Back From The Dead » puissant, racé et toujours très fédérateur, et c’est le cas.

HALESTORM

« Back From the Dead »

(Warner Music France)

Il faut croire que les mois de confinement n’ont pas été perdus pour tout le monde. La frontwoman du groupe explique même s’être « retrouvée dans un état d’esprit sombre (et avoir été) confrontée à une sorte de crise d’identité. Cet album est l’histoire de ma sortie de cet abîme. C’est un voyage qui traite de la santé mentale, de la débauche, de la survie, de la rédemption, de la redécouverte, tout en gardant foi en l’humanité ». Peu habitué à relayer les dossiers de presse, une telle détresse mentale de la part de HALESTORM m’a tout de même interpellé… On n’est pas insensible, non plus, alors !

Et quid de « Back From The Dead » dans lequel Lzzy Hale et ses hommes reviennent de la mort ? Après un an passé en studio, les fans du groupe mourraient (Oups !) d’impatience de découvrir le cinquième album de leur groupe préféré. Et il faut reconnaître que celui-ci se pointe un peu façon ‘blockbuster’ dans une multitude d’albums, eux aussi très attendus. Très bien produit par Nick Raskulinecz (Deftones, Alice In Chains), l’année passée en studio par HALESTORM en valait tout de même la peine. Le quatuor avance sur un mur du son imparable avec des titres fédérateurs… un peu de noirceur en plus, c’est vrai.   

Très aiguisés, les Américains enchaînent les titres très compacts (formatés ?) dans un Heavy Rock aux saveurs Metal très bien vu (le morceau-titre bien sûr, « My Redemption », « Wicked Ways », « The Steeple », « Bombshell »). HALESTORM reste dans un registre qu’il maîtrise totalement et la voix de sa chanteuse fait le reste, tant elle sait se faire accrocheuse, furieuse et même douce (« Terrible Things »). Très attendu, « Back From The Dead » devrait convaincre les fans, mais aussi plus largement les amateurs de Metal Alternatif. Une belle et bonne claque, sans concession, fraîche et puissante… A l’américaine, quoi !

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Hard 70's Psych Space Rock

The Strange Seeds : l’acidité du groove

Si des groupes comme Greta Van Fleet ou The Vintage Caravan ont montré la voie d’un certain revival du Rock estampillé 70’s, THE STRANGE SEEDS cultive aussi ses racines en y ajoutant une bonne dose de folie sur un style explosif et un son très live. Avec ce premier album, « Plant », le quatuor allemand évolue déjà sur un groove addictif.

THE STRANGE SEEDS

« Plant »

(Independant)

Fondé en Allemagne lors de longues jams, THE STRANGE SEEDS en a extrait huit morceaux, qui constituent un premier album plus que convaincant. Trempé dans des atmosphères Acid, psychédéliques et Hard Rock, le style du groupe s’imprègne de saveurs rappelant sans équivoque les années 60 et 70. Pourtant, le quatuor est loin de faire dans le réchauffé, loin de là.

La voix est rocailleuse, les riffs sont épais, la rythmique martèle et les claviers enveloppent l’ensemble dans une frénésie colorée quasi-hypnotique. Si on pouvait s’attendre à des morceaux assez longs vu l’ambiance, THE STRANGE SEEDS va au contraire à l’essentiel. Dès « Have You Ever », le ton est donné et quelques effluves Stoner viennent même se greffer sur l’album.

Capables d’être planants et fulgurants à la fois, les Allemands ont déjà les choses bien en main et l’énergie qui émane de « Plant » montre de bien belles choses (« Tales Of Blind Coffee Bread Joe », « Valley Of My Mind », « Blackcountry Exile », « Gardens Of Marrakesh »). Dans un beau revival, THE STRANGE SEEDS fait preuve d’originalité et ce premier album enregistré en conditions live est rayonnant.