De plus en plus personnel, le Melodic Metal d’AUTUMN’S GRIEF devient vraiment convaincant et la prestation, chaque fois plus poussée de sa chanteuse, n’y est sûrement pas pour rien. Cependant, pour ce dernier volet de leur trilogie, les Finlandais se montrent surprenants en n’hésitant pas à alterner des morceaux pêchus et solides avec des ballades suspendues dans le temps. Très bien arrangé et produit, « Dead Among The Living » ne manque ni d’impact, ni de finesse et l’on se laisse porter par un chant envoûtant, aussi délicat que puissant.
AUTUMN’S GRIEF
« Dead Among The Living »
(Inverse Records)
Dès ses débuts, AUTUMN’S GRIEF s’est montré audacieux en se lançant immédiatement dans une trilogie, dont voici le chapitre final. En trois ans seulement sont sortis « The Dead Don’t Smile » (2021), « The Dead By The Dawn » (2022) et voici « Dead Among The Living ». Le concept semble assez évident et la musique du trio (quatuor sur le disque) va bien sûr dans ce sens. Son Metal mélodique est sombre et mélancolique, robuste aussi, et ce malgré la forte présence des claviers consistant surtout à développer des nappes.
Composé de Noora Virtanen (chant), Santtu Rosén (guitare, basse) également membre du combo de Death Metal Melodic ‘Dead End Finland’ et de Ville Skön (claviers) avec la participation du batteur de session Jarno Petterinen, AUTUMN’S GRIEF aborde ce troisième album avec beaucoup de maîtrise et d’expérience. « Dead Among The Living » s’inscrit dans la continuité de ses deux prédécesseurs et on retrouve l’atmosphère et un jeu varié, notamment dans les tempos… Et le groupe a gagné également en précision.
Le voyage des Scandinaves a des allures très cinématographiques et la construction narrative des albums-concepts permet de poser ces ambiances, ici très subtilement, avec des moments contemplatifs et des accélérations plutôt bienvenues. Il faut aussi préciser que la voix de mezzo-soprano de sa frontwoman permet à AUTUMN’S GRIEF s’atteindre des sommets, même si celle-ci évolue librement en restant assez sobre (« The Absolution », « Perfectly Flawed », « Pushing Up The Daisies », « The Skyclad Spell », « The Failure »).
Pour son premier opus, le combo finlandais frappe fort et affiche même une belle audace. Loin des clichés habituels, ENDLESS EXAM fait preuve de beaucoup d’aplomb, d’une grande liberté et la pertinence des arrangements de « Voice Of Passion And Agony » conjuguée à une envie plus que palpable, des riffs racés, des solos bien sentis et surtout une chanteuse dont le charisme éclabousse l’album, font de lui une réalisation très réussie.
ENDLESS EXAM
« Voice Of Passion And Agony »
(Inverse Records)
« Voice Of Passion And Agony » est le genre de disque qui fait du bien par les temps qui courent. ENDLESS EXAM, pour son premier album, bouscule les codes du Metal actuel grâce à une modernité et une fougue exacerbée, ainsi qu’un côté théâtral qui ne manque ni d’originalité, ni de fraîcheur. Formé en 2020, le groupe a déjà sorti quatre singles, tous très bien accueillis tant par la presse que par le public et le quatuor ne manque franchement pas d’ambition.
En s’appuyant sur des claviers pour développer les atmosphères et donner du relief à ses morceaux, ENDLESS EXAM s’est créé un univers à la fois décadent et très bien structuré. En frontwoman de choc, Nina Kuronen libère une incroyable énergie et se montre capable de se fondre dans n’importe quel registre, du Heavy à l’Indus. Hyper polyvalente, elle capte l’attention en maniant la douceur et la férocité avec une grande habileté.
Bâtis comme des tableaux, les dix titres de « Voice Of Passion And Agony » sont dotés d’une dynamique qui donne une belle unité à l’ensemble. Sans forcément jouer sur la vélocité, ENDLESS EXAM navigue entre les émotions avec un aspect très fédérateur, notamment dans les refrains qui restent rapidement gravés (« The Voice », « I Ain’t Your Toy », le génial « Wilride », « Consealed Truth », « Mother of Mercy », « Solaced Mind »). Envoûtant !
Sur des structures musicales très élaborées, une production aux petits oignons et grâce à des musiciens en complète maîtrise, les Finlandais de RIOGHAN surprennent avec « Different Kinds Of Losses », qui est pourtant seulement leur première longue réalisation. Mené par une chanteuse dont la voix possède une puissance telle qu’elle peut emprunter une multitude de chemins, le trio rayonne grâce à une technique hors-pair et un souffle artistique impressionnant, savamment distillé dans un Metal Progressif assez dark.
RIOGHAN
« Different Kinds Of Losses »
(Inverse Records)
Après avoir suscité l’intérêt et la curiosité avec un premier EP « Blackened Sky » sorti en mars 2021, RIOGHAN se livre cette fois, et enfin, sur un premier album complet, qui ne manque pas de piquant. Très original, le groupe est le projet initial de la chanteuse et poétesse Rioghan Darcy, aka Jenni Perämäki, dont la voix se fait porte-parole d’une identité musicale très forte et mouvante. Car à travers son Metal Progressif, le trio verse également dans des atmosphères gothiques avec quelques aspects extrêmes déchaînés.
Composé du trio Teemu Liekkala (guitares, basse, claviers et production), Valtteri Revonkorpi (batterie) et de sa frontwoman, RIOGHAN a su parfaitement s’entourer, car on retrouve les collaborations de Jonas Renkse (Katatonia), Einar Solberg (Leprous) et Teemu Koskela (ex-Celesty) sur ce « Different Kinds Of Losses » aussi bien produit que sa conception est riche. Avec une vocaliste à même de se faire aussi délicate que rageuse, le trio avance avec une assurance de musiciens plus que confirmés.
Sur des morceaux qui ne traînent pourtant pas en longueur vu le registre, RIOGHAN parvient à multiplier les ambiances au sein-même des titres pour délivrer une saveur toute particulière à son Metal très protéiforme (« Promises », « Breath », « Home »). S’engouffrant aussi dans des sonorités électroniques (« Bruises », « Innocence »), les Scandinaves montrent une audace d’une grande fraîcheur et imposent déjà une touche très identifiable grâce à un jeu très inspiré (« Lights », « Summer »). Des débuts plus qu’enthousiasmants !
Inventif et véloce, le style de SOMEHOW JO apporte beaucoup de fraîcheur et d’enthousiasme à un Metal Progressif moderne et porté par les mélodiques. Très technique et accrocheur, ce troisième album des Finlandais place la barre très haute et « Scales And Details » se dévoile un peu plus au fil des écoutes.
SOMEHOW JO
« Scales And Details »
(Inverse Records)
Bien trop discrètement, les Finlandais sortent leur troisième album et il devrait ravir les fans de Metal Progressif, que l’on sait curieux et exigeants. Après « Satans Of Swing » (2015) et « Tusk » (2019), SOMEHOW JO confirme son talent et sa créativité sur ce très bon « Scales And Details ». Très original et plein d’humour, ce nouvel opus surprend et étonne grâce à ses multiples variations et un chant polymorphe.
Sur des structures très changeantes, les morceaux de ce nouvel opus prennent des dimensions assez particulières, ce qui n’empêchent pas les Scandinaves d’avoir une ligne directrice constante. Très technique, le duo basse/batterie de SOMEHOW JO enchaîne les prouesses en amplifiant les changements de rythmes, les breaks et les relances avec astuce et beaucoup de dextérité.
Si le groove mène la danse sur les neuf titres, le duo de guitaristes s’en donne à cœur-joie en se livrant un échange et même un dialogue de riffs assez époustouflant. Et en agrémentant son Metal Progressif de quelques touches d’Alternatif Metal, SOMEHOW JO place les mélodies au premier plan avec une maîtrise impressionnante (« Fata Morgana », « Cycle », « Rush », « Getaway »). Une fraîcheur pleine de souplesse !
Avec des instruments essentiellement dédiés à la musique classique, dont la moitié du groupe est issue, CANCEL THE APOCALYPSE a décidé de produire un Post-Metal, mais en version acoustique…! Fort d’un premier album, qui a autant surpris que séduit, le quatuor fait son retour avec « Terminus Stairway », sorte d’OVNI musical rapidement addictif.Arnaud Barat, le guitariste, revient sur la démarche du combo et ses multiples inspirations. Entretien.
– Avant de parler du nouvel album, Audrey et toi, vous avez une formation classique spécialisée en musique baroque, et le groupe est complété par Mathieu et Karol qui viennent quant à eux du Rock et du Metal. A quel moment avez-vous eu le déclic pour fonder CANCEL THE APOCALYPSE ?
Il n’y a pas eu vraiment de moment particulier. L’idée a fait son chemin progressivement avec certaines évolutions du Metal depuis la fin des années 90. On a d’abord adoré des morceaux comme « Kaiowas », « Jasco » et « Itsari » de Sepultura, qui introduisaient la guitare acoustique dans des albums de Metal. Ensuite le « S&M » de Metallica, où c’était tout l’orchestre qui faisait son entrée, et puis il y a eu System of A Down et ses sonorités arméniennes. A partir de là, on a vraiment eu le fantasme de créer un projet, dont le concept reposerait là-dessus : faire du Metal acoustique. La volonté était d’essayer de remplacer la guitare électrique par une guitare sèche, la basse par un violoncelle et d’essayer de faire en sorte que ça tienne la route face à un chant et une batterie Metal. On peut dire que pour nous le déclic a été de voir Matthieu œuvrer dans My Own Private Alaska. On avait trouvé la voix qui correspondrait, la personne adéquate pour tenter le coup. Mais il a fallu encore attendre quelques années pour qu’on ose lui proposer et que les choses se fassent.
– Ce qui est surprenant chez CANCEL THE APOCALYPSE, c’est cette quasi-absence de distorsion dans le son et vous affichez pourtant une puissance étonnante. Là aussi, c’est un parti pris, voire une contrainte, que vous vous imposez ?
Oui, oui, complètement, c’était un parti pris, mais plus vraiment une contrainte à partir du moment où on a eu la sensation que ça fonctionnait. Et en effet sur les deux albums, il n’y a qu’un endroit où il y a de la distorsion, c’est sur le refrain du morceau qui donne son nom au groupe, « Cancel the Apocalypse ». Et encore, c’est un choix de mix qui ne vient pas de nous, mais qu’on a décidé de garder comme un clin d’œil.
– On ne va pas se mentir, sur le papier, on pense à Apocalyptica. Est-ce qu’à l’époque, leur démarche vous a marqué, motivé, influencé ou juste piqué votre curiosité ?
Alors honnêtement, ça a juste piqué notre curiosité lorsqu’ils ont émergé avec leurs reprises de Metallica à quatre violoncelles. Ça confirmait l’idée que l’instrument se prêtait bien au Metal. Mais on n’est pas des gros fans d’Apocalyptica pour autant…
– Parlons de « Terminus Stairway ». Votre premier album, « Your Own Democracy » (2016), ayant reçu un très bel accueil et surpris beaucoup de monde, est-ce que vous aviez un peu plus de pression cette fois, ou c’est quelque chose à laquelle vous êtes imperméables et qui ne vient pas troubler votre travail ?
On a quand même pris beaucoup de temps pour sortir ce deuxième album, et puis pour nous CANCEL THE APOCALYPSE doit rester un truc où on s’amuse avant tout, où on fait les choses à l’envie. Les morceaux de « Terminus Stairway » se sont additionnés progressivement les uns aux autres au cours des dernières années. On en jouait déjà certains lorsqu’on tournait pour « Our Own Democracy » et les derniers-nés ont quelques mois, c’était donc un processus long. On n’a donc pas été troublé par la pression, on s’est juste demandé quelle direction on voulait donner à l’ensemble pour se faire encore plus plaisir. Là, le choix a été de renforcer encore le côté ‘musique de chambre’ par l’ajout de l’alto, que ça donne plus de corps au son. Puis après, on a forcément l’espoir que si ça nous plait à nous, ça plaise à d’autres, mais on ne joue pas notre ego là-dedans. On prend les choses comme elles viennent.
– A l’écoute de vos nouveaux morceaux, on a l’impression que vous vous basez sur un schéma de chanson Rock au sens très large pour composer. L’influence classique se ressent surtout dans les arrangements et le choix des instruments. Est-ce que finalement la musique classique contemporaine n’est pas trop éloignée en termes de structures d’écriture ?
Oui, c’est une très bonne remarque. Lorsque je compose les bases des morceaux, je le fais toujours dans une optique de chanson Rock de 3 minutes 30, avec des modèles très universels comme les Beatles ou Nirvana. Et c’est certain que si les choix de structure de base s’apparentaient à de la musique classique contemporaine, sans cadre de temps ou de répétition de cellules musicales, sans jamais aucune notion de couplet/refrain, ça rendrait le propos complètement opaque, voire prétentieux… On préfère, en effet, nourrir les morceaux par des choix d’harmonie et d’arrangements à l’intérieur d’une structure simple.
– Est-ce que, même inconsciemment, votre ambition avec « Terminus Stairway » est de rapprocher les publics classiques et Rock/Metal, qui se croisent assez peu ? Le guitariste Yngwie Malmsteen était allé dans ce sens dans les années 80 avec des solos et des mélodies inspirés de Paganini, notamment…
Oui, c’est même très conscient, mais on sait aussi très bien aussi qu’on court sans doute derrière des moulins en essayant de faire ça, ce qui n’est pas très grave non plus. (Sourires)
– CANCEL THE APOCALYPSE dégage beaucoup d’émotion musicalement, et il en émane aussi beaucoup à travers les voix. Les deux se complètent très bien et se retrouvent même à un niveau égal. Qu’est-ce qui influence le plus l’autre dans la composition d’un morceau ?
Alors forcément, vu que le travail se fait d’abord au niveau instrumental, Matthieu à la lourde charge d’essayer de composer sa voix sur une base pré-existante. Mais la composition de base se fait toujours avec le fantasme de ce qu’il pourrait faire par-dessus, avec une vision imaginaire de ce que sera le rendu final. Il y a donc une influence dans les deux sens qui fait que, pour l’instant, on ne s’est jamais retrouvés réellement bloqués. Il n’est même pas sûr que Matthieu ait déjà dit : ‘non, celle là je vais rien pouvoir en faire…’ depuis qu’on a commencé à travailler ensemble sur le projet.
– Il y a également une chose qui caractérise CANCEL THE APOCALYPSE, jusque dans votre nom : c’est votre engagement. Il est à la fois humain, social, politique et écologique. On a presque l’impression que c’est le point de départ du groupe. Cela fait partie des motivations premières, de mettre en musique des revendications et surtout des valeurs universelles, qui se perdent aussi d’ailleurs aujourd’hui ?
CANCEL THE APOCALYPSE, c’était avant tout une rencontre humaine. Des gens avec des goûts, des valeurs humaines et des positionnements approchants. On n’a pas vraiment la volonté d’être un groupe militant, mais forcément ça doit se ressentir dans nos textes, dans notre façon de communiquer parfois et c’est super si ça se ressent un peu dans notre musique. Mais en fait, on souhaite que cet aspect ne dépasse pas le cadre musical ‘subjectif’ et on préfère l’assumer dans nos vies personnelles, dans notre boulot et notre vie de tous les jours, par nos actes et ne pas faire du groupe un truc moraliste ou un peu lourd. Le nom CANCEL THE APOCALYPSEen lui-même est d’ailleurs autant une ‘prière’ qu’une blague de départ entre nous.
– Pour conclure, si vous deviez faire évoluer le groupe musicalement pour lui apporter encore plus de profondeur et peut-être de puissance, quel instrument trouverait sa place chez CANCEL THE APOCALYPSE ?
On aurait des tonnes de fantasmes par rapport à ça en fait ! Difficile d’en choisir un ! Alors en vrac : un quatuor à corde, voire un orchestre, des instruments indiens ou africains, des samples electro ! (Sourires)
L’album de CANCEL THE APOCALYPSE, « Terminus Stairway », est disponible depuis le 10 juin chez Inverse Records/Klonosphere.
C’est avec de la dynamite au bout des doigts que MEGASNAKE a composé son premier album. Resserré sur huit morceaux pétillants d’un Hard Rock rafraîchissant, « Charming » n’est pas l’œuvre de jeunes Finlandais en mal de sensations. Aguerri et techniquement imparable, le quatuor libère une énergie très communicative.
MEGASNAKE
« Charming »
(Inverse Records)
Formé par des musiciens plus que chevronnés, MEGASNAKE est la vraie bonne surprise de ce mois de juin et elle nous arrive de Finlande. Composé du chanteur Richard Johnson (Leningrad Cowboys, Gringos Locos, Apocalyptica en live), du batteur Twist Erkinharju (Peer Günt, Leningrad Cowboys), du guitariste Samuel Hjelt (Kings of Modesty, ex-Ancara) et du bassiste Henrik Tuura (Kings of Modesty, Killer Kachina), le quatuor présente de solides arguments sur ce survolté « Charming ».
Dans un Hard Rock teinté de Heavy, MEGASNAKE avance d’un seul homme dans un registre qui sent bon les années 80 et 90. On retrouve donc les ingrédients de l’énorme créativité de ces deux décennies. Musclé et véloce, le quatuor balance des riffs solides et inspirés, rappelant les belles heures de Dokken, Dio, Tesla avec un soupçon de Twisted Sister. De quoi avoir le sourire pendant un bon moment !
Formé il y a un peu plus d’un an et fort d’une récente signature chez Inverse Records, le gang finlandais montre un enthousiasme à toute épreuve. « Charming » évolue dans une atmosphère de liberté totale sur des morceaux entraînants où la qualité et la désinvolture du chant cohabitent à merveille avec des solos fougueux et vigoureux (« Sun Don’t Shine », « Shame On Me », « Stone River », « Don’t », « HeVil »). MEGASNAKE s’impose déjà !
Brian Forth, leader du groupe qui porte son nom, aurait pu trouver ses musiciens au Canada, son pays, mais c’est pourtant en Finlande qu’il est allé compléter son line-up. Racé et mélodique, le Rock US distillé sur ce troisième album éponyme de FORTH devrait séduire les aficionados de Rock Hard alternatif.
FORTH
« Forth »
(Secret Entertainment/Inverse Records)
Fan de Rock US, de Hard Rock et d’Alternative Rock, ce troisième album du quatuor FORTH devrait vous ravir tant il fait du bien. Certes, ce nouvel opus éponyme ne révolutionne pas le genre, et le groupe revendique même jouer un style qu’il qualifie lui-même de ‘Newstalgia’, ce qui est plutôt bien résumé. Traditionnel et moderne, « Frost » ne manque pas de piquant.
Fondé en 2010 par le chanteur et songwriter canadien Brian Forth, avec dans l’idée de mixer Hard Rock et Grunge, le Nord-Américain est allé trouver du renfort en Scandinavie et plus précisément en Finlande. Et FORTH est aujourd’hui composé de Tim Norrgrann (guitare), Kari Storckovius (batterie) et Mikael Söderbäck (basse), qui composent un quatuor de choc.
Après donc deux albums, « Road Stories » (2014) et « Captivity » (2019), qui ont reçu un bel accueil dans les charts finlandais, aux Etats-Unis, au Canada et en Espagne, FORTH a tous les atouts en main pour récidiver et assoir une stature réellement internationale, grâce aux très bons morceaux de cette nouvelle réalisation éponyme, d’ailleurs très bien produite.
Deuxième album pour le quintet finlandais dont le Horror Metal Rock fait des étincelles. « Death Blues » est un album complet et entraînant dans lequel ROCKING CORPSES oublie de se prendre au sérieux, tout en faisant très sérieusement les choses. Dans un univers très personnel, les Scandinaves sortent leur épingle du jeu en multipliant les ambiances et les changements de styles.
ROCKING CORPSES
« Death Blues »
(Inverse Records)
Les Finlandais de ROCKING CORPSES ont une façon très Metal et Rock’n’Roll de manier l’humour noire. Malgré l’univers horrifique dans lequel nous plonge le combo, ce deuxième album est presque joyeux… en tout cas très entraînant. Sur un ton qui n’est pas sans rappeler un certain Alice Cooper, le quintet présente un « Death Blues » décapant et enjoué.
Avec une entrée en matière très musclée aux relents Death Metal dus à de puissants et profonds growls, ROCKING CORPSES sort tout de suite les crocs et donne le tempo (« Body »). Il n’en faut pas plus pour entrer dans le style des Scandinaves, qui réservent bien d’autres surprises, aussi variées qu’inattendues.
Tout en progression, « Death Blues » garde un côté très Heavy dans les solos et très Rock dans les riffs (« Buried », « As High As You Can Get »). Mais les Finlandais surprennent aussi sur des titres acoustiques plein de feeling (« Drinking With The Dead »). ROCKING CORPSES lâche même quelques sonorités bluesy toutes aussi perspicaces (« Necrophilove »).
Avec son intenable batteur, le combo s’ »engouffre même dans des titres aux refrains accrocheurs, tout en se fondant dans un Alternative metal consistant (« Derailed »). Au fil de l’album, le chant s’éclaircit aussi tout en gardant une énergie folle. ROCKING CORPSES maîtrise parfaitement ses compos, tout en sachant lâcher les chevaux quand il le faut. Rafraîchissant.
Avec son Psychedelic Death Metal, HUNDRED HEADLESS HORSEMEN part explorer des contrées musicales aussi profondes que prenantes. A travers « Apokalepsia », le quatuor finlandais propose un concept-album étonnant et riche, qui nous pousse au bord de l’asphyxie, grâce à une interprétation irréprochable et captivante.
HUNDRED HEADLESS HORSEMEN
« Apokalepsia »
(Inverse records)
Préservant son anonymat, on sait seulement de HUNDRED HEADLESS HORSEMEN qu’il s’agit d’un quatuor originaire d’Helsinki en Finlande. Le combo sort son premier opus, un concept-album autour de l’apoplexie, une maladie regroupant de multiples symptômes caractérisés par de nombreuses crises. Au programme, arrêts des fonctions cérébrales, pertes de connaissance, paralysie, suspension de la circulation du sang et de la respiration… Ambiance !
Et l’album des Scandinaves plonge dans les méandres et les ténèbres engendrés pour s’engouffrer dans un Death Metal Psychédélique, empruntant aussi des sonorités Doom et atmosphériques. Dire que la musique de HUNDRED HEADLESS HORSEMEN est très dark est doux euphémisme. Grâce à une production très soignée dont le mastering a été confié au grand Magnus Lindberg, « Apokalepsia » fait ressortir des ambiances étouffantes et oppressantes.
Dès les premières onze minutes de « The Road » qui ouvre l’album, les Finlandais font preuve de beaucoup de finesse. Les guitares pesantes et la lourde rythmique offrent un contraste assez saisissant avec le chant. Contrairement à la plupart des groupes du genre, celui de HUNDRED HEADLESS HORSEMEN est presque chuchoté et vient se fondre dans les morceaux avec un rare souci du détail (« Breath To Death », « Echoes », « Spleen »). Original et très bien ficelé, « Apokalepsia » ouvre de nouvelles voies.
Après un long silence brisé par la sortie d’une compilation il y a six ans déjà, DARK THE SUNS refait surface avec un tout nouvel album dans lequel le duo finlandais semble renaître dans un Death mélodique teinté de Gothic, profond et plus orchestré que les précédentes réalisations des Scandinaves. Avec « Suru Raivosi Sydämeni Pimeydessä », le couple prend des risques et s’en sort très bien.
DARK THE SUNS
« Suru Raivosi Sydämeni Pimeydessä »
(Inverse Records)
Derrière cette très belle pochette se cache le troisième album du duo Gothic/Death mélodique DARK THE SUNS qui, après une grande quantité de singles, sort enfin un nouveau long format. Il faut préciser que « Sleepwalking In A Nightmare » était sorti il y a déjà 11 ans. L’attente en valait la peine, car « Suru Raivosi Sydämeni Pimeydessä » révèle de très bonnes surprises et une belle variété.
Composé depuis ses débuits en 2005 d’Inka Ojala à la basse et aux claviers et de Mikko Ojala au chant, à la guitare et à la batterie, le groupe revient très inspiré avec des aspects symphoniques et Folk, qui apportent une belle lumière à ce nouvel opus, qui se montre pourtant toujours assez brutale et très Death. DARK THE SUNS marche parfois dans les pas de Dark Tranquillity, tout en gardant une touche très personnelle.
Les dix morceaux de l’album présentent un bel équilibre, une production compacte et une interprétation irréprochable de la part des Finlandais. Les compositions très abouties du duo oscillent entre textes en anglais et en finnois, livrant ainsi une belle originalité à l’ensemble (« The Secrets Of Time », « Taivas Itki Tulta », « Seeker », « Enkelsiipi » et le très bon morceau-titre). DARK THE SUNS montre un beau visage et un registre très maîtrisé.