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Classic Hard Rock Hard 70's

Blackbird Angels : d’un battement d’aile

Accompagné d’amis ayant collaboré de près, de loin et même encore à son groupe LA Guns, Tracii Guns réalise enfin le disque de Rock, à forte teneur Hard Rock, qu’il semble avoir toujours souhaité. Avec un tel line-up, BLACKBIRD ANGELS se montre authentique, inspiré et très solide sur ce « Solsorte », qui fleure bon les 70’s dans sa démarche pourtant très actuelle et pêchue.

BLACKBIRD ANGELS

« Solsorte »

(Frontiers Music)

Cela fait une dizaine d’années que le guitariste Tracii Guns (LA Guns) et le chanteur et bassiste Todd Kerns (Slash, Heroes And Monsters) avaient dans un coin de la tête l’idée, et surtout l’envie, de faire un album ensemble. C’est chose faite avec la mise en orbite de BLACKBIRD ANGELS avec son très bon premier opus, « Solsorte ». Dans un Hard Rock très 70’s, les Américains se déploient dans des atmosphères légèrement vintage, où l’on retrouve aussi des ambiances Blues Rock et Rock US.

Et le duo a très bien su s’entourer avec Johnny Martin (LA Guns), Sam Bam Koltun (Dorothy, Faster Pussycat) et le multi-instrumentiste et producteur Adam Hamilton (George Lynch) à la batterie. Solidement armé, BLACKBIRD ANGELS s’est donc fait plaisir en composant un disque directement inspiré des premiers amours de ses membres à savoir Led Zeppelin, Bad Company ou Peter Frampton, le tout interprété et produit avec une touche véloce et très musclée. 

Le quintet ouvre les hostilités avec le très Rock’n’Roll « Shut Up (You Know I Love You) », qui vient tout de suite mettre les pendules à l’heure. Les riffs sont aiguisés, la rythmique puissante et le chant de Too Kerns est toujours aussi passionné. Tous aussi créatifs les uns que les autres, les membres de BLACKBIRD ANGELS font parler l’expérience et on peine même à trouver des défauts à « Solsorte », tant les Californiens déroulent (« Mine (All Mine) », « On And On, Over And Over », « Unbroken », « Worth The Wait », « Scream Bloody Murder »).

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Hard 70's Stoner Rock

Masheena : sunny crossover

Intense et dévastateur, ce premier opus de MASHEENA est une réussite totale. Le savant mélange d’un Stoner solaire et d’un Hard Rock Old School donne à « West Coast Hard Rock » une couleur singulière. Dynamique et efficace, cette entrée en matière de ces quatre musiciens chevronnés se veut aussi accessible que précise et pointue. D’une grande fraîcheur, le style du combo est rassembleur et réjouissant.

MASHEENA

« West Coast Hard Rock »

(Majestic Mountain Records/Electric Talon Records)

La ville de Bergen en Norvège vient encore d’accoucher d’un groupe hors-norme, qui prend racine dans des influences en provenance directe de l’héritage laissé par Black Sabbath et Kiss sur qui on aurait greffé Clutch, Monster Magnet et Kadavar. Né dans l’esprit de membres d’Abbath, Immortal et Lost In Last et supervisé par le producteur et batteur d’Enslaved, Iver Sandøy, MASHEENA est un concentré de force et de mélodie, où le Stoner Rock télescope brillamment le Hard Rock.

L’objectif premier du quatuor était de se faire plaisir et d’écrire des morceaux célébrant le Hard Rock des 70’s avec toute la lumière possible, tout en y ajoutant une épaisseur Stoner musclée légèrement vintage. Et en sollicitant la légende Gene Freeman pour la production de « West Coast Hard Rock », MASHEENA a mis tous les atouts de son côté pour livrer un album qui fera date. Addictif dès le premier titre, « 1979 », les Scandinaves ne lèvent pas le pied et captivent jusqu’à « Where Are You Now ».

Il émane beaucoup de joie et de plaisir de « West Coast Hard Rock », comme si les musiciens proposaient une sorte de grande fête en forme de récréation, mais savamment orchestrée. Car si MASHEENA semble réellement s’amuser, les quatre Norvégiens n’en présentent pas moins un disque très abouti que leur talent respectif rend tellement fédérateur (« Under The Same Sun », « Looks Like A Man », « 5 Seconds », « Brings Me Down »). Une belle et grosse claque pleine de bonne humeur !

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Hard 70's Proto-Metal

Bang : born again

BANG fait partie de ces groupes cultes qui peuplent l’imaginaire qui entoure les pionniers du Hard Rock et du Heavy Metal. Avec une poignée d’albums entre 1971 et 1973, les Américains ont gravé leur nom dans le marbre, grâce à des débuts aussi audacieux que prometteurs. Après tout ce temps et poussés par leurs fans, ils sont de retour avec un disque original et toujours aussi fougueux, « Another Me ».

BANG

« Another Me »

(Cleopatra Records)

Il n’aura fallu que trois albums à BANG pour entrer dans la légende, ou plutôt pour créer un mythe, car sa carrière n’a pas pris l’envol qu’elle aurait dû. Après « Death Of A Country » (1971), « Bang » (1972), « Mother/Bow To The King » (1972) et « Music » (1973) sortis chez Capitol à l’époque, le groupe s’est mis en veille jusqu’à l’aube des années 2000 avec un bref retour passé presqu’inaperçu. La sauce n’avait pas pris, mais il est aujourd’hui de retour.

Comme à ses débuts il y a cinq décennies, BANG s’est réuni autour du même line-up pour composer un tout nouvel opus, « Another Me ». On retrouve donc les incontournables Frank Ferrara (basse, chant), Frankie Gilcken (guitare) et Tony Diorio (batterie, parolier) et il faut bien avouer que la magie opère toujours. Le trio de Philadelphie reprend les choses là où elles étaient des années auparavant et de bien belle manière.

La petite histoire raconte que BANG était au départ la réponse américaine à Black Sabbath. Ça, c’est probablement pour l’anecdote, car on est plutôt dans un Hard Rock originel, aujourd’hui décrit comme vintage avec des sonorités proto-Metal bien musclées. Et c’est le même son, la même envie et la même créativité que l’on retrouve sur « Another me », un album qui devrait ravir les fans de la première heure.

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Hard Rock Proto-Metal

Trip The Wire : sonic revival

Direction le Nord de la côte ouest américaine, dans l’état de Washington, avec TRIP THE WIRE, une jeune formation qui livre sa première production. Pourtant, on n’a pas vraiment affaire à des lapins de trois semaines. A la fois Hard, Heavy et résolument Metal et un brin Old School, « Trip The Wire » tient parfaitement la route et surtout ne s’encombre pas de fioritures.

TRIP THE WIRE

« Trip The Wire »

(Independant)

Originaire du Bronx à New-York où elle a grandi, Eve Clarke a pourtant traversé les Etats-Unis direction Seattle où elle a trouvé ses camarades de jeu. La guitariste et chanteuse est entourée de Dave Farell (guitare), Johnny Massey (basse) et de Rico Ybara (batterie) sur ce premier album éponyme et l’ensemble a plutôt fière allure. Entre Hard Rock et proto-Metal, TRIP THE WIRE est aussi Heavy que délicatement mélodique.

Le fait d’arborer sans détour des influences très 70’s et 80’s n’empêche pas le quatuor de se présenter avec dix morceaux très actuels et bien produits. Accrocheur et dynamique, « Trip The Wire » diffuse un bon groove sur une belle assurance. Quelque part entre Ann Wilson et The Runaways, le frontwoman ne manque pas de puissance et son côté un peu classique offre beaucoup de force à TRIP THE WIRE.

Car ce qui ressort des compositions des Américains, c’est une volonté et un plaisir de jouer, qui transpirent sur chaque note. Sans révolutionner le genre, le combo montre une belle variété dans ses titres (« In The Crossfire », « Anti Love », « Hurricane », « Step Nine »). Techniquement efficace et volontaire, TRIP THE WIRE joue sur la sincérité et ce premier opus devrait lui ouvrir bien des portes, car il est très fédérateur.

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Americana Country

Neal Smith : so far… West !

Après le Shock Rock ou le Swing en passant par la musique de film, NEAL SMITH s’essaie cette fois à l’Americana fortement teintée de Country et ça lui va comme un gant. Ancien cogneur d’un certain Vincent Furnier au début de sa carrière, le multi-instrumentiste est un touche-à-tout et on le retrouve ainsi à la guitare, aux claviers, au chant et bien sûr à la batterie sur ce rayonnant « KillSmith ».

NEAL SMITH

« KillSmith Goes West »

(Independant)

Il y a une vie après Alice Cooper et NEAL SMITH le sait bien. Ancien batteur de la légende de Detroit de 1968 à 1974, le musicien a enchainé les groupes bien sûr, ainsi que d’une multitude de styles. Chez lui, passer d’un registre à un autre et relever de nouveaux défis artistiques est même une façon d’être. Et pour le quatrième volume de sa série « KillSmith », c’est de l’Americana/Country qu’il propose.

Originaire d’Akron dans l’Ohio, voir et entendre NEAL SMITH si à son aise dans ce nouvel habit n’est pas vraiment surprenant. Egalement compositeur, guitariste et chanteur, celui qui œuvra derrière les fûts sur les classiques « Love It To Death », « School’s Out », « Billion Dollar Babies » ou « Muscle Of Love » avec le grand Alice incarne cette fois le parfait Country songwriter avec toute la gouaille qui va avec.

Clairement ancré dans la veine Outlaw Country initiée par Johnny Cash, Kris Kristofferson, Willie Nelson et Hank Williams, NEAL SMITH et ses six compagnons de jeu enchainent les titres dans un paysage musical de western (« Tequila, Tamales & A Woman », « Sunset Of Gold », « Jukebox Rose », « Tattoed Cowgirl »). Cependant, l’Américain s’autorise un petit écart avec « Pull It Out Smokin’ » très Hard 70’s. Authentique !

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Hard 70's Proto-Metal

Red Cloud : rockin’ cumulus

Fortement ancré dans les seventies, RED CLOUD semble procéder, dès son premier effort, à un retour aux sources du Rock et même du Hard à travers leur registre originel, qu’il a pourtant réussi à renouveler. Car il règne un souffle vivifiant et très actuel sur ce « Red Cloud », qui se fond parfois même dans des sonorités Psych vraiment bienvenues. Le combo a de la suite dans les idées et cet opus ne manque pas d’originalité.    

RED CLOUD

« Red Cloud »

(Independant)

Tout semble être allé très vite pour le quintet parisien, même si Roxane Sigre (chant) et Rémi Bottriaux (guitare) sont déjà à l’œuvre en duo depuis 2018. Avec les arrivées de Maxime Mestres (basse), Laura Luiz (orgue) et Mano Cornet Maltet (batterie), RED CLOUD prend forme trois ans plus tard et le groupe entame les concerts pour y roder son répertoire. Les choses dans l’ordre en somme…

Enregistré, mixé et masterisé par son guitariste, ce premier album éponyme tient toutes ses promesses. Sur des ambiances vintage revendiquées, RED CLOUD livre un Rock Hard 70’s aux contours proto-Metal frais et dynamique. Mais si les influences se nichent quelques décennies en arrière, il n’en est rien des morceaux et surtout de la production qui les habille et qui affiche une belle modernité.

Sur une énergie très live et un son organique, RED CLOUD enchaine les morceaux en multipliant les atmosphères. La chanteuse apporte beaucoup de variations, tout comme les parties d’orgue qui rivalisent de créativité avec la guiatre. Mené par une rythmique hors-pair, « Red Cloud » se révèle très accrocheur (« The Battlefield », « Bad Reputation », « The Night », « Hey Sugar »). Un baptême du feu réussi haut la main !

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Blues Hard 70's Rock 70's Soul / Funk

DeWolff : délicatement affiné

Par bonheur, il existe toujours des groupes pour qui l’analogique signifie encore quelque chose et qui parviennent encore à en extraire des petites merveilles. C’est le cas de DEWOLFF qui poursuit son aventure vintage entre Rock, Blues et Hard 70’s avec une touche de Soul et de Funk et basée sur un groove permanent. Avec « Love, Death & In Between », le trio néerlandais atteint encore des sommets.

DEWOLFF

« Love, Death & In Between »

(Mascot Label Group)

Cela fait maintenant 15 ans que DEWOLFF est resté bloqué dans les années 70, une époque qu’aucun de ses membres n’a connu et pourtant qu’aucun d’entre-eux ne souhaite quitter. Les Hollandais, nourris de Blues, de Rock Psychédélique, de Soul, de Gospel, et même de Southern Rock et de Hard vintage livrent un huitième album studio dantesque et plus élaboré que jamais. Le trio a vu les choses en grand et cela s’entend.

Les frères Van de Poel, Pablo au chant et à la guitare et Luka derrière les fûts, accompagnés du fidèle Robin Piso à l’orgue Hammond, offrent une synthèse incroyable d’une période musicale qui a forgé leurs influences pour obtenir ce style à la fois unique et intemporel. Et pourtant, DEWOLFF ne se répète, ne tourne pas en rond et se concentre sur un jeu incroyablement fluide délivrant des mélodies enivrantes d’un autre temps.

Superbement produit, « Love, Death & Between » est chaleureux et organique bénéficiant d’un soin tout particulier apporté aux cuivres, qui libère une superbe luminosité. Groovy et entraînant, DEWOLFF enchaine les morceaux sur une allure stellaire (« Night Train », « Message From My Baby », « Counterfeit Love », « Gilded »). Avec une mention spéciale à « Rosita » et ses 16 fabuleuses minutes, magnifique point d’orgue de l’album.

A noter que DEWOLFF se produira en Bretagne au festival ‘God Save The Kouign’ le 23 juin prochain à Penmarc’h, Finistère (29).

Lien billetterie sur la bannière de la page d’accueil.

Photo : Satellite June
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Blues Rock Hard 70's International Proto-Metal

Buffalo Revisited : reloaded [Interview]

Resté dans l’ombre des groupes Rock, Blues Rock et Hard Rock ayant réussi à percer au-delà de leur Australie natale, Buffalo, devenu BUFFALO REVISITED, est pourtant à l’origine de l’élaboration d’un style qui a depuis fait ses preuves. Entre Metal, Blues et Rock et bardé de grosses guitares et d’une lourde rythmique, le groupe a ressurgit il y a quelques mois à l’occasion de la sortie de « Volcanic Rock Live », la version en public de son album le plus vendu. Dave Tice, leader et chanteur de la formation originelle, revient pour nous sur quatre décennies de musique et l’histoire peu commune d’un combo pas banal.  

– Dave, avant de parler de cet album, j’aimerais savoir pourquoi tu as ajouté ’Revisited’, alors que le groupe s’appelle à l’origine BUFFALO ?

Pour deux raisons et je tiens vraiment à dire la vérité. Ce n’est pas le groupe original et je voulais m’assurer que tout le monde le comprenne. Ca m’ennuie toujours quand des groupes font des concerts en prétendant être quelque chose qu’ils ne sont pas. Pour moi, c’est contraire à l’éthique. Et ce n’est pas parce qu’il y a un membre originel que c’est le véritable groupe. Ce serait un mensonge… et pas très cool.

Ensuite, certains membres originels du groupe n’étaient pas très contents que je décide de faire tout ça. Ils ont tout essayé pour m’arrêter, même s’ils n’avaient pas joué depuis plus de 40 ans et qu’ils ne le faisaient pas non plus de leur côté. Ils m’ont menacé par des injonctions et ont même appelé les promoteurs en les menaçant également. Je n’aime pas qu’on me dise ce que je peux, ou ne peux pas, faire et je ne voulais pas passer ma vie dans les salles d’audience. Un ex-membre a même essayé de déposer le nom ‘Revisited’ juste pour m’arrêter.

– Tu es le chanteur et leader du groupe depuis ses débuts, ainsi que le dernier membre de la formation de départ. Alors que tu menais une carrière solo depuis de nombreuses années, qu’est-ce qui t’a poussé à faire revivre et ressusciter BUFFALO ?

Comme tu le dis, j’ai eu beaucoup d’autres projets depuis l’époque de BUFFALO, dont trois albums au Royaume-Uni avec The Count Bishops, suivis de trois ans à la tête du groupe britannique The Cobras. Je suis retourné en Australie en 1984 et j’ai tourné avec un certain nombre de groupes aussi. J’en ai formé quelques-uns moi-même et j’ai enregistré plusieurs albums. Actuellement, je chante, je joue de la guitare et de l’harmonica dans mon trio, The Dave Tice Trio. En fait, je n’ai jamais eu l’intention d’interpréter à nouveau les chansons de BUFFALO. J’aime aller de l’avant, mais pendant des années, on m’a demandé de faire des spectacles ‘revisitant’ ces chansons et on m’a finalement proposé quelque chose que je ne pouvais pas refuser. Ce que je pensais être un simple spectacle en 2013 s’est transformé en un succès les années suivantes. Ca a été une surprise pour moi que tant de gens conservent une grande affection pour les chansons du groupe. Je suis un musicien qui ne regarde derrière lui, car je sens qu’il est de mon devoir d’évoluer et d’explorer de nouveaux territoires. Après avoir fait le premier concert en co-tête d’affiche d’un festival de Sydney, j’ai découvert un amour renouvelé pour ces vieilles chansons et j’en suis très heureux.

– Aujourd’hui, qui compose BUFFALO REVISITED et comment as-tu choisi les musiciens qui t’accompagnent ?

Choisir des musiciens pour recréer le son de BUFFALO n’a pas été facile et, en fait, il y a eu trois line-up différents pour finalement arriver au groupe sur l’album live. Ils ont tous été bons mais, comme tu t’en doutes, ce sont de grands musiciens qui sont eux-mêmes impliqués dans d’autres projets et qui ne peuvent pas s’engager dans quelque chose qui ne se produit qu’occasionnellement. Je dois dire que l’ensemble de l’album live possède le meilleur line-up avec Troy Vod à la guitare, Steve Lorkin à la basse et Marcus Fraser à la batterie. Ils ont parfaitement su capter les sensations et la puissance de BUFFALO comme on peut l’entendre sur le disque.

– « Volcanic Rock » est l’album le plus emblématique du groupe et mis à part le fait qu’il s’est bien vendu à l’époque et qu’il a fêté ses 45 ans, qu’est-ce qui t’a donné envie de l’interpréter en entier pour sortir ce tout premier album live de BUFFALO REVISITED ?

Le spectacle où cela a été enregistré était une célébration du 45ème anniversaire de la sortie de « Volcanic Rock ». Ca semblait approprié de le faire et de satisfaire la demande constante des fans. Je n’ai jamais eu l’intention de faire un album live, mais j’avais demandé à l’ingénieur du son sur place de l’enregistrer comme souvenir pour les membres du groupe. Je ne m’attendais pas à ce que cela débouche sur une sortie commerciale. Ce n’est même pas du multipiste, juste un sous-mixage quatre pistes directement sorti de la console, ce qui prouve d’ailleurs la force du groupe et le talent du preneur de son. Ensuite, j’ai été contacté par Todd Severin de Ripple Music, qui est fan de BUFFALO, et il voulait savoir s’il y avait des trucs qu’il pourrait sortir aux Etats-Unis via son label. Je lui ai envoyé une copie approximative des chansons en direct et à ma grande surprise, il était très désireux de le sortir. Je dois remercier Todd et son équipe de m’avoir fait réaliser que notre musique est toujours appréciée bien au-delà des côtes australiennes.

– En écoutant « Volcanic Rock Live », on se rend compte que les morceaux restent intemporels et surtout que, 45 ans après, la puissance de ton chant est intacte. As-tu des regrets que l’aventure n’ait pas duré plus longtemps à l’époque ?

En fait, mon aventure a toujours continué, mais sur des routes nouvelles et différentes. Bien sûr, cela aurait été bien d’avoir plus de reconnaissance avec BUFFALO et de l’emmener partout dans le monde, mais ce n’était pas possible à l’époque. Mais je n’ai aucun regret. En fait, je pense que c’est même mieux. Trop de groupes ont du mal à se dépasser pour finalement dévaloriser ce qu’ils ont créé à l’origine. Toutes les choses ont une fin et rien ne dure éternellement. Si nous restons immobiles, nous stagnons et nous devenons des caricatures. Ce que nous avons fait à l’époque semble avoir résisté à l’épreuve de temps et nous ne devrions jamais gâcher cela en faisant quelque chose de nul. Et je te remercie pour le compliment sur mon chant et ce qu’il en reste. C’est simplement parce que je reste enthousiaste et que j’aime ce que je fais. Je ne suis ni lassé, blasé ou cynique.

– BUFFALO a montré la voie à de nombreux groupes australiens, et pas seulement, et on l’oublie un peu. Es-tu conscient de l’énorme héritage laissé par le groupe ?

Je suppose que j’en ai conscience, mais ce n’est pas quelque chose sur laquelle je m’attarde. A l’époque, on croyait en ce que nous faisions malgré le fait d’être ignoré par la radio et le ‘business’. Et maintenant nous voyons la reconnaissance, l’estime et l’amour des fans près de 50 ans plus tard et c’est pour moi plus précieux que de rester quelques semaines dans les charts. Je ne me soucie pas vraiment de la célébrité et de la taille des comptes bancaires, j’adore faire de la musique et j’ai eu la chance de pouvoir passer ma vie à le faire à ma manière, et sans l’interférence ou les manipulations de comptables et de managers. Il ne nous est jamais venu à l’esprit que nous allions influencer d’autres groupes, nous avons juste continué notre truc. Si nous l’avons fait, c’est un bonus supplémentaire.

– Le Rock très proto-Metal de BUFFALO a influencé de nombreux courants musicaux comme le Hard Rock, le Heavy Metal, le Stoner ou le Doom tout en gardant une touche très Blues Rock et Pub Rock. Actuellement, de quels styles et groupes te sens-tu le plus proche artistiquement ?

 Je dois avouer que je ne fais pas beaucoup attention à ce que font les autres groupes, je me concentre sur mon propre travail. Cela dit, je ne vois personne que je décrirais comme proche de BUFFALO sur le plan artistique. D’après ce que j’ai entendu des groupes de Heavy Rock les plus récents, ils semblent tous avoir le même son avec des guitares saturées et floues, un million de notes dans chaque mesure et des voix grondantes que je ne peux pas distinguer. Cela semble être devenu une formule très restreinte.

– « Volcanic Rock Live » est donc votre seul album live. Il a été enregistré à Sydney devant quelques chanceux. Dans quelles conditions s’est déroulé le concert et comment est née cette collaboration avec Kent Stump de Wo Fat ?

Comme tu le dis, c’est notre seul album live et je suis heureux que cela se soit réellement produit. Le concert a eu lieu au ‘Crow Bar’ à Sydney devant un public limité, autour de 250 personnes. Et c’est quelque chose dont je suis fier. Quant à la ‘collaboration’ avec Kent, elle est née parce que Ripple lui a demandé de concevoir la pochette de l’album et je dois dire qu’il a fait un travail remarquable. En dehors d’échanges d’e-mails pour finaliser le design, je ne connais pas vraiment Kent, mais j’admire son travail.

– Enfin, ces quelques concerts et surtout la sortie de cet album t’ont-ils donné envie de continuer l’aventure, et pourquoi pas de composer de nouveaux morceaux pour donner une seconde vie à BUFFALO ?

Je ne dis jamais non, mais ce n’est pas dans mes plans de continuer les concerts avec BUFFALO REVISITED. Ripple Music a de quoi sortir un autre album de ce dernier concert et il peut choisir de le sortir dans le futur. Nous n’avons pas encore finalisé d’accord à ce sujet. Quant à écrire de nouvelles chansons, qui sait de quoi demain sera fait? Je ne m’attendais pas à sortir un album live via Ripple, mais c’est arrivé ! Le monde est un endroit étrange et merveilleux.

« Volcanic Rock Live » est disponible chez Ripple Music.

Retrouvez la chronique de l’album :

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Proto-Metal Stoner Doom Stoner Rock

Godwatt : électrisant

Grand artisan de la scène Stoner italienne, GODWATT n’en finit pas de surprendre en se renouvelant au fil des albums. Bien qu’ancré dans un registre qui a fait ses preuves, le trio parvient avec une facilité déconcertante à modeler son Doom dans un Metal mélodique et accrocheur. « Vol. III » a clôt 2022 avec brio !

GODWATT

« Vol. III »

(Time To Kill Records)

Jusqu’en 2012, soit six ans après sa création, il fallait encore ajouter ‘Redemption’ au patronyme de GODWATT. « Vol. III » n’est donc pas la troisième production des Italiens, mais leur septième… et elle est de taille. Dynamique et puissant, le groupe offre un mix généreux et savamment dosé entre un Stoner Metal vivifiant et un Doom qui va puiser dans les origines-mêmes du style.

Composé de Moris Fosco (guitare, chant), Mauro Passeri (basse) et Jacopo Granieri (batterie), GODWATT montre sa faculté, sur ce nouvel opus, à pouvoir réunir les fans de Hard et de Heavy 70’s, de Doom et de Stoner Rock exalté. Grâce à un travail remarquable sur la variété des riffs, la folie des solos, une voix et des chœurs fédérateurs et une rythmique implacable, le groupe régale. 

Cela dit, les Transalpins ne donnent pas dans le revival et s’inscrivent au contraire dans une modernité bien réelle, musclée et servie par une production impeccable. Chantés dans sa langue maternelle, les morceaux de GODWATT prennent un relief original et une couleur mélodique très spéciale (« Signora Morte », « Croce », « Delirio », « Oscura », « Lamenti »). Fin et bien charpenté.

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Hard 70's

The Riven : une joyeuse nostalgie

Depuis quelques années maintenant, on assiste à l’émergence d’une vague Rock et Hard Rock très 70’s interprétée par de jeunes groupes qui, pourtant, n’ont pas connu cette époque de grande liberté artistique qui propageait une sorte d’insouciance bienfaitrice. Et c’est donc le cas avec THE RIVEN, quintet suédois, qui revient avec « Peace And Conflict », un nouvel opus léger dans le ton et musclé dans la forme.

THE RIVEN

« Peace and Conflict »

(The Sign Records)

Six ans d’existence et deuxième album pour les Suédois de THE RIVEN qui se perdent de belle manière dans les années 70 et 80 et un Hard Rock légèrement Heavy et un brin psychédélique. Si de jeunes groupes se retrouvent dans ce revival, ce n’est pas vraiment un hasard, mais plutôt l’envie de délivrer une certaine vérité artistique à la fois roots et authentique.

Sous l’impulsion de sa frontwoman, Totta Ekebergh, THE RIVEN fait preuve d’une douce folie musicale, à l’instar d’ailleurs des Canadiens de The Damn Truth dont le registre est assez proche. Mais les Scandinaves ont d’autres atouts en main, notamment deux bons guitaristes, Arnan Diaz et Joakim Sandgård, formés façon NWOBHM à faire briller les twin-guitars et les solos partagés.

Organique et robuste, ce nouvel opus libère des vibrations tout en nuances avec de belles mélodies, sans négliger la puissance de riffs bien appuyés (« On Time », « The Taker », « On Top Of Evil »). THE RIVEN s’autorise aussi une petite escapade hispanique avec « La Puerta Del Tiempo », une ambiance planante sur l’excellent « Sorceress Of The Sky » et finit en beauté avec le très bluesy « Death ». Complet et solide.