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Doom Post-HardCore Post-Metal Sludge

Ahasver : Golgotha road

Mélodique et surpuissant, ce premier album des Occitans d’AHASVER est l’aboutissement d’un long travail et d’une créativité colossale. Composé de cadors du Metal extrême, le quintet élève son post-Metal aux reliefs saisissants et captivants pour en faire une matière musicale hypnotique et magnétique. Servi par une très bonne production, « Causa Sui » ouvre une multitude d’horizons musicaux.

AHASVER

« Causa Sui »

(Lifeforce Records)

Ce premier album d’AHASVER fait l’effet d’une gigantesque vague. Elle arrive, elle est très haute, le choc est violent et ensuite c’est la lessiveuse. Bâti autour de membres de Gorod, Eryn Non Dae, Psykup, Zubrowska, Dimitree et Drawers, le quintet ne donne évidemment pas dans l’easy listening. Poussant le post-Metal dans ses derniers retranchements, les français frappent un grand coup et sans retenue.

Mais au-delà de son impact sonore conséquent, « Causa Sui » est un album-concept très bien ficelé et surtout d’une grande finesse musicale. Le groupe tire son nom du personnage mythique ayant refusé de venir en aide à Jesus sur le chemin de Golgotha. Cela lui valut une errance éternelle sur terre. AHASVER en a imaginé la suite en inscrivant ses morceaux dans l’Histoire et en faisant un parallèle avec notre société.

Pour en saisir toutes les subtilités, plusieurs écoutes de « Causa Sui » s’imposent. Dans un climat extrême, tendu et nerveux, le combo enchaîne les phases Doom, Sludge et post-HardCore à grand renfort de blast monumentaux et réguliers (« Dust », « Tales, « Path »). Pourtant, AHASVER sait aussi nous emporter dans des atmosphères progressives et accrocheuses avec la même facilité (« Fierce », « Wrath », « Kings »).

Pas moins de quatre ans auront été nécessaires à l’écriture et à l’enregistrement de l’album et on comprend très bien vu le résultat obtenu. S’il a sans doute fallu faire converger les emplois du temps de chacun, c’est surtout la complexité des morceaux qui interpellent, tout comme le travail minutieux effectué sur les arrangements. AHASVER signe l’un des meilleurs albums du genre de cette rentrée, et c’est indiscutable !

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Heavy Psych Rock Sludge Stoner Blues

Lord Elephant : un colossal mastodonte

Bardé de Stoner, de Heavy Blues, de Sludge Metal et d’une pointe d’Acid Rock, c’est à un incroyable voyage dense et intense que nous convie le power trio italien avec « Cosmic Awakening ». Avec un tel premier album, le groupe risque de fortement marquer les esprits, tant le style instrumental de LORD ELEPHANT est franchement démentiel.

LORD ELEPHANT

« Cosmic Awakening »

(Heavy Psych Sounds)

Oser s’appeler LORD ELEPHANT et sortir un premier album de cette trempe fait plus que susciter la curiosité. Le trio italien, qui évolue dans un registre instrumental, n’y va pas par quatre chemins et affiche un Stoner Blues où une multitude d’éléments vient de greffer à la foudre du combo. Et l’incroyable fluidité avec laquelle se livrent les Transalpins est même surprenante.

Vu le style LORD ELEPHANT, on aurait pu s’attendre à des morceaux s’étendant sur la longueur, mais hormis le musclé « Hunters Of The Moon » et ses huit minutes trente, « Cosmic Awakening » se concentre sur des titres efficaces, solides et concis. Et avec des touches de Sludge, de Fuzz très Doom et d’un soupçon d’Acid Rock, le pari est remporté haut la main.

Malgré l’absence de chant, on est littéralement saisi par l’impact des compositions de « Cosmic Awakening ». Dès les deux parties qui ouvrent l’album (« Forsaken Slumber » et « First Radition »), LORD ELEPHANT va à l’essentiel et les riffs puissants, la monumentale basse et la fracassante batterie offrent une combinaison fulgurante (« Desert Collision », « Raktabija », « Stellar Cloud »). Massif et mélodique à la fois.

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Doom Sludge

SunStare : mythes et légendes

Troisième album en moins de dix ans pour le quatuor du Nord, qui se surpasse sur ce « Ziusudra » avec un style plus incisif et percutant que jamais. Avec un formidable aplomb et un contrôle total de son jeu, SUNSTARE pose un Doom massif et lourd au sein duquel des tranchantes et racées semonces Sludge frappent à tout rompre. Fulgurant.

SUNSTARE

« Ziusudra »

(Source Atone Records)

Les Lillois nous la font à l’envers. A l’envers de 4.800 ans pour être précis avec ce « Ziusudra » qui nous renvoie aux épopées des sumériens et de la légende de Gilgamesh, cruel, roi d’Uruk. SUNSTARE pose ainsi le décor de son troisième album, où le Sludge du quatuor vient frapper un Doom massif, déjà très appuyé et parfaitement mis en valeur par une production très soignée.

Granitique, ce nouvel opus a de quoi en laisser plus d’un sur le carreau. Mené par le chant féroce de son frontman Peb, les sept morceaux de « Ziusudra » s’inscrivent avec modernité dans une atmosphère ancestrale brute. Tout en contraste, SUNSTARE évolue sur une solide base Doom écrasante que des fulgurances Sludge viennent perturber habillement sur une cadence effréné.

D’entrée de jeu, le morceau-titre plante le décor sur une plage instrumentale assez progressive, juste avant un déferlement compact dans les règles (« Abgal/The Very Wise », « Uru/The Wrath, The Flood »). SUNSTARE déploie un véritable mur de guitare à travers lequel la rythmique implacable trouve son équilibre sur des déflagrations très maîtrisées (« Ganzer/The Abyss », « Awîlum/L’Homme Libre »). Pleine face.

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Doom Sludge

Seum : une soufflante Doom’n Bass

SEUM est un concentré d’énergie brute et cela ne date pas d’hier. Avec un album et maintenant trois EP à son actif, le trio ne cesse de peaufiner son Sludge Doom, qui ne manque ni de profondeur, ni de relief. Avec « Blueberry Cash », le trio d’expats français mange la neige du Québec goulument et nous invite à transpirer avec lui, après un p’tit passage par sa belle box personnalisée…

SEUM

« Blueberry Cash »

(Independant/Meumeu Music)

Les plus fidèles d’entre vous savent que chez SEUM, les guitares sont bannies. Seuls une batterie, une basse chimérique et le chant ont lieu d’être. Et le trio bastonne, tabasse et prend son ampleur dans un maelstrom de grave à n’en plus finir. Le Doom’n Bass du groupe se révèle donc très créatif et surprenant à chacune de ses nouvelles réalisations, dont « Blueberry Cash » est la troisième. Tout juste le temps de se remettre des deux premières claques, en somme.

Malgré la pandémie, nos trois furieux Français (dont je vous laisse (re)-découvrir le parcours à travers l’interview et les chroniques ci-dessous) ne sont pas restés inactifs. Tout en prenant leurs marques au Québec, SEUM a composé, noué des liens et proposé de bien belles choses. Et avec « Blueberry Cash », le combo a fait appel à Greg Dawson pour le mix, tout en s’acopinant avec l’artiste Grind Malaysian Fadzee Tussock pour le visuel, ce qui compte aussi beaucoup pour le groupe.

Ce nouvel EP contient deux compos qui avaient été mises de côtés car elles n’entraient, à l’époque, pas tout à fait dans l’esprit de « Winterized », premier excellent album du trio. Jointes, elles se complètent à merveille et le Sludge qui s’en dégage n’en est que plus prenant (« Blueberry Cash », « John Flag). Et enfin, SEUM fait un superbe clin d’œil à l’ancien groupe de Gaspard (chant), Lord Humungus, avec « Hairy Muff ». Le combo s’affirme donc de plus en plus entre Doom et Sludge et avec une touche très personnelle. Encore !!!

La fameuse (et fumante) Blueberry Box est disponible dans le Bandcamp du groupe.

Bandcamp :

https://seumtheband.bandcamp.com/album/blueberry-cash

Les chroniques précédentes :

L’interview sur FB :

https://www.facebook.com/171183156770793/photos/a.171191596769949/789102611645508/

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Sludge Stoner Metal

Witchpit : southern detonation

Particulièrement attentif au son et amoureux de matériel vintage, WITCHPIT parvient dès son premier album à se saisir de sonorités classiques pour offrir un Stoner Metal très Sludge décapant et sauvage. « The Weight Of Death » transpire l’authenticité et la démarche du quatuor de Caroline du Sud n’en est que plus légitime. Basé sur des textes engagés chantés par la voix roque et robuste de Denny Stone, le combo frappe fort d’entrée de jeu.  

WITCHPIT

« The Weight Of Death »

(Heavy Psych Sounds Records)

C’est avec une rage non-dissimulée que WITCHPIT sort son premier album, et force est de constater que le combo américain n’a jamais entendu parler des Bisounours…. à moins qu’il ne les ait avalé. Après un premier single en 2018 (« Infernal »), le groupe n’a eu de cesse de travailler à la rugueuse élaboration (mais pas seulement) de son Southern Sludge, qui s’inscrit dans un Stoner Metal revendicatif et surpuissant.

Grâce à la production profonde et pleine de relief de Phillip Cope (Kylesa), qui a entièrement réalisé l’album, on plonge sans retenue aucune dans le monde terriblement organique et forcené du quatuor. « The Weight Of Death » réunit à la fois toutes les composantes d’un Stoner Metal massif, d’un Sludge engagé, le tout sur un groove très Southern aux fulgurances Heavy Punk tranchantes. WITCHPIT affiche une force incroyable.

Dès les premières notes de « OTTR », on sent tout le poids de la guitare de Thomas White, par ailleurs, fondateur du groupe, qui transperce radicalement la rythmique pourtant épaisse de Zach Hanley (basse) et de Harold Smith (batterie). Résolument politique, ce premier album de WITCHPIT dénonce le fossé grandissant entre les élites et le peuple américain avec une perspective peu reluisante (« The Blackened Dee », « Autonomous Deprivation », « Mr Miserum »). Enragé !

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Doom Sludge

Crowbar : une puissance titanesque

Les maîtres du Sludge Metal sont enfin de retour avec un nouvel album, « Zero And Below », féroce et massif. Après une escapade en solo en 2020 (« Dream In Motion »), Kirk Windstein a rassemblé ses troupes pour une grand-messe imposante et fracassante. CROWBAR n’est pas prêt de lâcher le morceau… C’est même tout le contraire !   

CROWBAR

« Zero and Below »

(MNRK Heavy)

Prêt depuis presque deux ans, CROWBAR a rongé son frein et pris son mal en patience avant de livrer enfin « Zero And Below », son douzième album. Et il faut reconnaître qu’après plus de 30 ans de carrière, Kirk Windstein et ses hommes en ont encore sous le pied. Le Sludge du combo de la Nouvelle Orleans reste massif et rutilant. Les Américains n’ont pas leur pareil pour vous sauter à la gorge pour ne plus vous lâcher.    

Brutalement emmené par les riffs épais de Matthew Brunson et de Windstein, dont la voix est plus rocailleuse que jamais, la lourdeur de la basse du nouvel arrivé, Shane Wesky, et la férocité des coups portés sur ses fûts par Tommy Buckley, CROWBAR en appelle aux profondeurs abyssales d’un registre qu’il a tant contribué à forger et le porte aux nues. Cela ne fait aucun doute, le combo a mûrement pensé ce nouvel effort.

Entre un Doom menaçant et des fulgurances HardCore frénétiques (« Bleeding From Every Hole », « Reanimating A lie »), le quatuor fait parler la poudre sans pour autant être plombant. Grâce à la très organique production signée Duane Simoneaux, CROWBAR prend du volume tout en usant d’une finesse chirurgicale (« Chemical Godz », « Zero And Below », « Crush Negativity »). Ebouriffant et déjà classique !   

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Post-Metal Sludge

Kyoty : post-apocalyptique

Surprenant et captivant, ce deuxième album de KYOTY, duo atypique du New Hampshire, dépasse à peu près tout ce qui a pu être réalisé en termes de Sludge atmosphérique aux sonorités Indus. Le groupe arrive avec facilité à ensorceler son auditoire en parcourant des ambiances vacillant entre désespoir et coups de tonnerre. « Isolation » n’aura jamais aussi bien porté son nom.

KYOTY

« Isolation »

(Deafening Assembly)

KYOTY est un OVNI musical comme on en rencontre assez peu. Composé de Nick Filth (guitares) et de Nathaniel Parker Raymond (basse), le duo américain parvient à offrir des tessitures étonnantes à sa musique. Ayant testé plusieurs batteurs, c’est cette formation qu’a adopté le groupe, qui signe ici son deuxième album, « Isolation ».

Un album qui porte bien son nom, puisqu’il a été entièrement enregistré à distance durant les phases de confinements que le duo a aussi essuyé en 2020. Et le résultat est étonnant autant que bouleversant. Entièrement instrumental, « Isolation » s’étend sur 1h10 à travers dix titres puissants, témoins de l’état de la solitude vécu par KYOTY.

Le post-Metal enrobé de Sludge atmosphérique et d’ambiances et de sonorités obscures fait d’ailleurs assez froid dans le dos. Conçus par le groupe, la pochette est toute aussi éloquente et dépeint une lourdeur démonstrative et pesante. KYOTY possède un univers rare, évocateur et singulier et qui prend ici toute son ampleur. Une vraie réussite.

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Black Metal Post-Metal Sludge

Alta Rossa : quand le ciel s’assombrit

La scène Metal extrême française a depuis bien longtemps perdu de sa timidité et aussi peut-être d’un léger manque de savoir-faire, elle est aujourd’hui l’une des plus créatives, techniques et prolifiques. Certes, les membres d’ALTA ROSSA ont déjà fait leurs preuves, il n’en demeure pas moins qu’avec « Void Of An Era », le quintet signe un premier album massif et très abouti.

ALTA ROSSA

« Void Of An Era »

(Source Atone Records)

Né du rapprochement il y a deux ans entre des membres des groupes Horskh et Asidefromaday, ALTA ROSSA se présente avec un premier album brutal et saisissant. « Void Of An Era » dépeint de manière sombre l’état de notre monde et de notre époque avec une vision peu optimiste, c’est vrai, mais à travers laquelle le quintet affiche une vraie force emplie d’une belle résistance.

Dans une atmosphère lourde, à l’image de notre société, ALTA ROSSA se veut aussi fracassant que captivant. Dans un post-Metal où de nombreux registres extrêmes trouvent leur place, le combo ne laisse presqu’aucun répit, malgré quelques sonorités Noise à peine plus légères. Constitué de Sludge, de fulgurances Black Metal et parfois Hard-Core, le groupe exulte.

Gorgé d’une colère et d’une rage resserrées sur une demi-heure dense et bien tassée, ce premier opus rassemble tous les ingrédients propres à une explosion post-Metal en bonne et due forme faite d’urgence, de violence et une puissance envahissante (« Binary Cell », « Cycle », « Orbiting », « The Fall »). Et même si la batterie me paraît légèrement sous-mixée, ALTA ROSSA explore et brutalise à tout-va.

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Doom Metal Sludge

Daemonelix : éclats de Metal

Malgré son format court, ce premier EP des Américains de DAEMONELIX se veut pourtant imposant et remarquablement réalisé. Le Metal teinté de Doom, de Psych et de Death du quintet présente un univers aussi néolithique qu’apocalyptique. « Devil’s Corkscrew » ravive la légende et entretient le mythe.  

DAEMONELIX

« Devil’s Corkscrew »

(Metal Assault Records)

Bouillonnant et assommant, DAEMONELIX sort son premier EP de quatre titres sur le label Metal Assault Records. Basé du côté de Los Angeles, le quintet nous plonge dans un univers douloureux dans lequel les styles les plus obscurs, violents et même psychédéliques se côtoient et s’entrechoquent avec fracas et détermination. Les Américains ont craqué l’allumette…

Façon rouleau-compresseur, DAEMONELIX combine Doom, Sludge et Death Metal pour créer un registre assez singulier et ce premier effort dévoile déjà de belles choses. Démoniaque, le combo n’en oublie pas d’être mélodique et groove pour autant. Les riffs costauds et appuyés de Derek Philipps (Albatross Overdrive) se font entêtants grâce à une solide base Heavy Metal (« Raise Crows »).

Percutante et massive, la lourde rythmique entraine sans complexe des growls puissants sur lesquels s’envole la voix envoûtante d’Ana Garcia Lopez, la touche féminine de DAEMONELIX, qui n’en demeure pas moins féroce (« Sing For The Moon »). Décidemment, les Californiens sont plein de surprises et alternent les passages agressifs avec des ambiances pesantes parfaitement dosées.  

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Doom Sludge Stoner Metal

Ocultum : la clameur des abîmes

Entre occultisme, hallucinations sonores et une épaisse fumée de circonstance, OCULTUM se fraye un chemin à coup de machette dans un Stoner Doom massif et pesant. Le trio chilien n’a pas son pareil pour s’engouffrer dans un style d’une lourdeur incroyable, où le Sludge se fait même une place de choix.

OCULTUM

« Residue »

(Interstellar Smoke Records)

Pour ce nouvel album, les Chiliens d’OCULTUM n’y sont pas allés de main morte. 50 minutes en seulement quatre morceaux, autant dire que le Stoner Doom du trio prend son temps pour tout écraser sur son passage. Malgré tout, ce deuxième opus, qui fait suite à « Ceremonia Oculta Primitiva » en 2015, se veut très compact et particulièrement assommant.

Pénétrer dans l’univers d’OCULTUM n’est pas non plus une mince affaire. Ricardo Robles (batterie), Pablo Kataldo (basse) et Sebastian Bruna (guitare, chant) y invoquent les forces occultes pour élaborer un style lourd et incisif où les riffs enveloppent les morceaux comme pour mieux les étouffer. « Residue », s’il reste très sabbathien, pousse l’expérience encore un peu plus loin.

Sur « The Acid Road » et « Residue » qui ouvrent l’album, OCULTUM envoie deux missiles de près de dix minutes à glacer le sang. Rythmiques massives, guitares imposantes et une voix sortie des ténèbres, ce n’est pourtant que le début. Le Sludge prend même le dessus sur « Ascending With The Fumes Of Death » et « Reflections On Repulsiveness » pour un final dantesque.