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Heavy metal

Joe Lynn Turner : face aux démons

On n’est pas prêt d’enterrer le fringant septuagénaire qu’est aujourd’hui JOE LYNN TURNER. Avec un CV long comme plusieurs bras et un parcours artistique qui force le respect, le natif du New Jersey est plus combatif et robuste que jamais sur ce très bon « Belly Of The Beast », où il présente une sérénité incroyable doublée d’une puissance vocale phénoménale. Et le frontman ne se montre toujours pas rassasié.

JOE LYNN TURNER

« Belly Of The Beast »

(Music Theories Recordings/Mascot Label Group)

En s’associant avec le multi-instrumentiste et producteur Peter Tägtgren (Hypocrisy, Pain, Lindemann), le grand JOE LYNN TURNER livre sûrement l’un de ses meilleurs albums solos. L’Américain et le Suédois font des étincelles et le frontman affiche son incroyable registre vocal qu’il déploie avec force et qui semble même se bonifier avec le temps. Et l’addition de ces deux talents est d’une créativité qui crève les yeux.

Celui a officié avec Deep Purple, Rainbow, Yngwie J. Malmsteen, Sunstorm et sur un grand nombre de projets retrouve une seconde jeunesse avec « Belly Of The Beast », un album musclé, mélodique et très inspiré. Par ailleurs, en faisant état de sa maladie (une alopécie dont il souffre depuis ses trois ans), JOE LYNN TURNER paraît totalement libéré et, même s’il n’a plus rien à prouver depuis très longtemps, on le sent tout de même plus entreprenant.

Pour ce qui est du contenu de cette douzième réalisation personnelle, le chanteur œuvre sur des morceaux taillés sur mesure où il expose pleinement ses capacités vocales… et elles sont vastes ! Passé le morceau-titre qui ouvre les débats, JOE LYNN TURNER continue avec une aisance naturelle à porter littéralement l’album, grâce aussi à des guitares de grande classe (« Tortured Soul », « Rise Up », « Tears Of Blood »). Une belle réussite en tout point !

Photo : Agata Nigrovskaya
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Rock Soft Rock

Mike Tramp : native songs

MIKE TRAMP est un personnage à part. Devenu star dans les années 80 avec le groupe White Lion, il a continué l’aventure avec Freak Of Nature avant de se lancer en solo en 1997 dans un registre plus Rock et souvent acoustique, dans lequel il excelle. Contre toutes attentes, il revient aujourd’hui avec un album, « For Første Gang », constitué de chansons douces et lumineuses, chantées en danois. Une première très réussie pour le frontman du nord…

MIKE TRAMP

« For Første Gang »

(Target Group)

Malgré une imposante discographie, « For Første Gang » (‘Pour La Première Fois’ en danois) est le tout premier album de l’ancien chanteur de White Lion et de Freak Of Nature dans sa langue maternelle. Un peu poussé par des amis qui lui ont écrit des textes et qui le connaissent parfaitement, MIKE TRAMP s’est laissé prendre au jeu en écrivant les musiques de ces morceaux dont les paroles, souvent intimes, sont l’exact reflet de sa personnalité.

Le songwriter l’assure lui-même : si on est loin de l’univers Rock et Hard Rock qu’il parcourt depuis plus des décennies, c’est bel et bien un disque très personnel dévoilant une autre facette musicale de l’artiste dont il est question. Au-delà des genres, MIKE TRAMP est avant tout reconnaissable par sa voix unique, son timbre aussi sauvage que rassurant et un art de la mélodie incontestable. Et le Danois a mis tout cela en œuvre sur cet étonnant « For Første Gang ».

Entièrement composées au piano, les chansons présentent en premier lieu un aspect surprenant, mais passé l’écueil de la langue, le talent et la présence vocale de MIKE TRAMP nous transportent dans un monde envoûtant aux harmonies sublimes (« Vejkort », « Porte Jeg Rapide », « Drømme », « Flamme Og Benzine »). Sensible et délicat, « For Første Gang » laisse apparaître un chanteur à fleur de peau et cela lui va à merveille.

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Blues Rock Classic Rock Hard Rock

Simon McBride : instinctif

Après avoir évolué auprès des plus grands et récemment au sein de Deep Purple, SIMON MCBRIDE s’offre un nouvel album solo, le quatrième en studio, où il peut enfin s’exprimer pleinement. « The Fighter » est un concentré de haut vol de Rock et de Blues, qui se fond dans un Classic Rock parfois Hard aux saveurs très actuelles et aux guitares acérées.

SIMON MCBRIDE

« The Fighter »

(earMUSIC)

Originaire de Belfast, SIMON MCBRIDE est un musicien plus qu’aguerri qui a fait les beaux jours sur scène d’artistes comme Don Airey et Ian Gillian pour ne citer qu’eux. D’ailleurs, le guitariste remplacera ponctuellement Steve Morse au sein de Deep Purple aux côtés de ses deux complices cette année. Mais aujourd’hui, c’est avec un nouvel album solo, sur lequel il assure aussi le chant, qu’il se présente.

Souvent remplaçant de luxe dans des formations comme Sweet Savage et Snakecharmer, SIMON MCBRIDE a sorti une poignée d’albums solos et « The Fighter » s’avère d’ailleurs le plus personnel d’entre eux. Le six-cordiste y fait notamment la démonstration qu’en plus d’être un très bon chanteur, il est également un songwriter de grand talent. Ses nouveaux titres sont très narratifs dans la forme, tout en restant très Rock.

Redoutable créateur de riffs et distillant des solos millimétrés avec un feeling incroyable, l’Irlandais livre une copie très Rock, voire Hard Rock, et souvent aux frontières du Blues sur ce très bon « The Fighter ». Ancré dans un registre traditionnel, mais jamais passéiste, SIMON MCBRIDE respire un Classic Rock hors d’âge et régale de son toucher si précis (« High Stakes », « Don’t Dare », « The Fighter », « Trouble »).  

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AOR Hard Rock Melodic Metal

Jeff Scott Soto : la force de la mélodie

Entouré d’un groupe qui lui est entièrement dévoué, JEFF SCOTT SOTO sort déjà un nouvel album, en solo cette fois, et cette huitième réalisation est probablement l’une des plus personnelles qu’ait chanté le frontman de Sons Of Apollo. Avec « Complicated », le chanteur se livre dans un univers Hard Rock mélodique souvent FM qui lui correspond complètement et à travers lequel sa voix prend toute son ampleur.     

JEFF SCOTT SOTO

« Complicated »

(Frontiers Music)

JEFF SCOTT SOTO n’est pas un chanteur très prolifique, mais un véritable boulimique du micro. Arborant l’un des plus longs CV du Hard Rock et du Heavy Metal, l’Américain d’origine portoricaine n’aura attendu que six petits mois après son album de duos (« The Duets Collection Volume 1 ») pour présenter son huitième effort en solo. Et toujours entouré du même groupe, « Complicated » est un très bon cru.

Très bien accompagné par Alessandro Del Vecchio (basse, claviers) qui a co-écrit et produit l’album, d’Edu Cominato (batterie) et sa frappe de feu et de Fabrizio Sgattoni (guitare) qui se fait réellement plaisir sur des riffs bien sentis et des solos de furieux, JEFF SCOTT SOTO semble avoir trouvé un groupe à la hauteur de son énorme talent de chanteur. Ainsi, après « Wide Awake (In My Dreamland) », le line-up reste inchangé.

La voix solide, le frontman se balade dans des registres qu’il maîtrise si bien qu’il en est souvent déconcertant de facilité. Bien sûr, son Hard Rock flirte avec le FM et l’AOR à un point qu’on l’imagine toujours avec W.E.T., mais JEFF SCOTT SOTO sait aussi se montrer plus mordant tout en restant très mélodique (« Last To Know », « Home Again », « New Horizon »). Avec une palette vocale aussi large, l’Américain régale dans un style bien à lui.   

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Rock Progressif

Bjørn Riis : tellement humain

Avec trois EP et cinq albums sortis avec son groupe Airbag, le Norvégien est une valeur sûre et un artiste plus que reconnu dans son pays et bien au-delà. Son Rock Progressif continue de séduire au fil des réalisations, et c’est cette fois avec un quatrième opus solo, « Everything To Everyone », que BJØRN RIIS fait son retour après deux années bien ternes.

BJØRN RIIS

« Everything to Everyone »

(Karisma Records)

Très prolifique, le co-fondateur, guitariste et principal compositeur d’Airbag, BJØRN RIIS a mis à profit ces deux dernières années de vaches maigres pour écrire. En plus du dernier album de son groupe, « A Day At The Beach » et de son pendant acoustique, c’est en solo qu’il surgit cette fois avec « Everything To Everyone », où il se montre toujours aussi pertinent et inspiré.  

Touché par les deux ans de pandémie où Airbag n’a pas pu défendre son excellent dernier album, le Norvégien semble avoir marqué le coup. Même si cela ne semble pas avoir troublé son inépuisable esprit créatif, BJØRN RIIS présente avec « Everything To Everyone » un aspect plus sombre et mélancolique qu’à l’habitude. Pourtant entouré de guests de grand talent, l’émotion est palpable.

Les six compositions s’étalant sur 50 minutes, le musicien commence son album par l’instrumental « Run », qui annonce de longues parties musicales (« Lay Me Down », « Every Second Every Hour » et le génial morceau-titre). Accompagné de la même équipe de production, BJØRN RIIS livre son disque le plus intimiste et, même si l’on ne retrouve pas la luminosité qui le caractérise, on frôle encore l’excellence.

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Americana

Mindi Abair : un souffle Americana

Tout en accompagnant régulièrement depuis des années les plus grands artistes de la planète, la saxophoniste MINDI ABAIR mène aussi une carrière solo où elle laisse parler son feeling dans des registres qu’elle affectionne. Avec toujours autant d’émotion et de justesse, l’Américaine livre « Forever », un album où elle explore un style plus Americana avec le talent qu’on lui connait.

MINDI ABAIR

« Forever »

(Pretty Good For A Girl Records)

Chaque nouvel album de MINDI ABAIR est un petit évènement en soi, d’autant que la saxophoniste, entre autre, n’a rien sorti en solo depuis 2014. Et après toutes ces années, l’Américaine nous fait la surprise et le plaisir de livrer un album d’Americana, même si le smooth jazz dans lequel elle est une référence, n’est jamais bien loin. C’est donc dans un style assez dépouillé et bluesy qu’elle nous revient.

Comme le talent de la musicienne en appelle d’autres, MINDI ABAIR dispose pour « Forever » d’un line-up de choix. On retrouve à la batterie Abe Laboriel JR (Paul McCartney), Sean Hurley à la basse (John Mayer), Tim Pierce à la guitare (trop long CV !) et Rodney Lee aux claviers (la même chose). Autant dire que ça joue et que le feeling est présent d’un bout à l’autre de l’album.

On apprécie toujours autant son joli brin de voix, d’autant qu’elle délaisse même parfois son instrument de prédilection (« Fine Wine And Vinyl »). Et comme pour embellir encore un peu plus ce onzième album solo, MINDI ABAIR a convié Raul Malo (The Mavericks) aux claviers sur « Say It With Love » et le grand Kenny Wayne Shepherd à la guitare sur « What About Love ». La grande classe !

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Doom

Eric Wagner : le chant du cygne

Achevé quelques semaines avant sa mort, ce premier album solo d’ERIC WAGNER, fondateur de Trouble, risque de l’inscrire encore un peu plus au panthéon du Doom Metal. Voix incontournable du registre, le chanteur de Chicago laisse une ultime prestation de grande classe avec « In The Lonely Light Of Mourning ».

ERIC WAGNER

« In The Lonely Light Of Mourning »

(Cruz Del Sur Music)

Figure emblématique et légende du Doom Metal, auquel il a activement contribué à écrire de très belles heures, ERIC WAGNER laisse un héritage conséquent. Fondateur du groupe Trouble, puis de Blackfinger et The Skull, le frontman est décédé à Las Vegas le 22 août dernier d’une pneumonie due au Covid. Il avait eu le temps de mettre la touche finale à son premier album solo.

Si aujourd’hui, « In The Lonely light Of Mourning » apparaît comme le chant du cygne du chanteur, ERIC WAGNER y travaillait depuis un bon moment entouré de ses fidèles collaborateurs et amis musiciens. On retrouve donc sur l’album Dave Snyder, Chuck Robinson, Ron Holzner, Doug Hakes, Victor Griffin et quelques autres qui l’ont suivi tout au long de sa carrière. Et finalement posthume, cet album est brillant.

Les huit morceaux qui composent « In The Lonely Light Of Mourning » laissent transparaître l’imposant héritage laissé par ERIC WAGNER. Musicalement, l’album retrace les différentes époques de son parcours avec cette même profondeur qui a toujours émané de ce Doom sincère, puissant et tellement identifiable, dont il avait fait sa marque de fabrique. Il nous reste donc cette voix inimitable…

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Hard Rock Heavy metal

Tony Martin : éternelle légende du Heavy Metal

Classique et terriblement efficace, ce troisième album solo du frontman TONY MARTIN se meut dans un Heavy Metal teinté de Hard Rock sombre et massif et dont le songwriting est tout aussi précis que féroce. Le Britannique fait parler sa longue expérience sans pour autant sombrer dans la facilité. « Thorns » est enthousiasmant et percutant.

TONY MARTIN

« Thorns »

(Battlegod Productions)

TONY MARTIN est probablement le chanteur, et multi-instrumentiste, anglais le plus méconnu et sous-estimé de la scène Heavy Metal et Hard Rock. Pourtant, le musicien a un CV long comme le bras et surtout un fait d’arme qui reste impressionnant. En effet, le frontman compte la plus longue présence, après celle d’Ozzy, au sein de Black Sabbath avec qui il a sorti cinq albums et un live.

En marge, TONY MARTIN a également tenu le micro chez Aldo Giuntini, Dario Mollo, Empire et Bobby Rondinelli et s’est même fendu de deux opus en solo dont le dernier, « Scream », est sorti en 2005. Et c’est avec un casting de haute volée que le Britannique livre aujourd’hui son troisième effort, « Thorns », dans une veine Heavy Metal et Hard Rock puissante et mélodique.

Avec le batteur Danny Needham (Venom), le bassiste Magnus Rosen (Hammerfall), le guitariste Scott McClellan (Army Of Soul) qui a co-écrit l’album et le légendaire bassiste Greg Smith (Alice Cooper, Blue Öyster Cult, Rainbow, …) TONY MARTIN s’est constitué un groupe de choc pour sortir ce très bon « Thorns », bardé de morceaux imparables (« As The World », « Book Of Shadow », « Crying Wolf », « Passion Killer », « Run Like The Devil », « Thorns »). Un régal !

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Hard Rock

Robin McAuley : sans réel éclat

Malgré un très bon retour avec Black Swan et son line-up de stars l’an dernier, c’est surtout avec Michael Schenker que le chanteur irlandais a acquis ses lettres de noblesse. Après avoir évolué dans de nombreux groupes, c’est en solo qu’il fait son retour avec un projet quasi-imposé par son label et qui peine donc à rendre à ROBIN MCAULEY sa superbe.

ROBIN MCAULEY

« Standing On The Edge »

(Frontiers Music)

Avec un CV long comme le bras, ROBIN MCAULEY a fait les beaux jours du Hard Rock des années 80/90 avec Grand Prix, Far Corporation, GMT et surtout MSG aux côtés du grand guitariste Michael Schenker, ainsi qu’avec M.S. Fest et plus récemment Black Swan. Le chanteur irlandais a su conquérir les fans du monde entier et continue l’aventure en solo avec un deuxième album.

Depuis son arrivée chez Frontiers Music, ROBIN MCAULEY travaille avec des musiciens italiens, et c’est encore le cas pour ce « Standing On The Edge ». Si le Dublinois est bien entouré, il parait presque méconnaissable dans ce registre moins percutant, moins musclé et presque qu’AOR, que sur le reste de sa discographie. Sans être totalement dénué d’intérêt, cette nouvelle production est trop prévisible. 

Dégageant toujours une belle puissance, ROBIN MCAULEY aurait sûrement été maintenu à son niveau grâce à des compos plus mordantes et plus Heavy. Malgré de bons riffs et quelques envolées vocales bien senties, « Standing On The Edge » se noie trop souvent dans des nappes de synthés omniprésentes et superficielles. Dommage pour un chanteur de ce calibre et de cette trempe.

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Hard Rock Rock

Tommy’s Rocktrip : la route du Rock

Excellent batteur ayant joué avec les plus grands, l’Américain retrouve cette fois les baguettes pour un projet solo, qui nous plonge dans un Hard Rock musclé, simple et très rentre-dedans. TOMMY’S ROCKTRIP respire le Rock’n’Roll et cela s’entend sur chaque note. Un bon et joyeux moment, qui combat aussi toute nostalgie !

TOMMY’S ROCKTRIP

« Beat Up By Rock’N Roll »

(Frontiers Music)

Qu’est-ce qui a poussé un batteur comme Tommy Clufetos à se lancer dans une aventure solo en marge de ses prestigieuses collaborations ? Le plaisir, pardi ! Et c’est sous le nom de TOMMY’S ROCKTRIP que le cogneur vient nous présenter « Beat Up By Rock’N Roll », véritable concentré de tout ce qui l’a influencé depuis les débuts de sa déjà longue carrière. Et à travers onze titres, le musicien de Detroit se régale et nous régale par la même.

Avec un CV comme le sien, on peu aisément comprendre que des envies d’ailleurs et d’une certaine liberté se fassent sentir. Batteur pour Ted Nugent, Rob Zombie, John 5 et surtout Alice Cooper, Ozzy Osbourne et Black Sabbath, TOMMY’S ROCKTRIP peut être perçu comme un retour aux sources pour cet éclectique et très talentueux rockeur du Michigan. Et les soupçons se dissipent rapidement au fil des titres.

L’Américain s’est offert un casting efficace en confiant le chant à Eric Dover (Slash’s Snakepit, Alice Cooper), même s’il pousse lui-même la chansonnette sur « Make Me Smile », le morceau-titre et « The Power Of Three ». Aux guitares, Hank Schneekluth et Nao Nakashima se partagent la tache bien aidés par Eliot Lorengo à la basse et Doug Orguan à l’Hammond. Impulsif, dynamique et enjoué, ce premier album de TOMMY’S ROCKTRIP libère de belles ondes.