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Melodic Metal Power metal

Amaranthe : le grand écart

Sauf à être d’un éclectisme absolu, ce nouvel opus des Scandinaves risque de laisser assez perplexe les fans de Metal, même au sens très large du terme. Si l’énergie déployée donne beaucoup de volume à « The Catalyst » et lui confère un côté racé salutaire, il est compliqué de se contenter de petits morceaux de bravoure éparpillés de-ci de-là. Car pour l’essentiel, ce nouvel opus d’AMARANTHE est très synthétique, assez froid dans sa production et littéralement enseveli de synthés Pop difficile à digérer. Et pourtant, le groupe ne manque pas de potentiel.

AMARANTHE

« The Catalyst »

(Nuclear Blast)

Avec un tel titre, on peut légitimement s’attendre à du changement de la part des Suédois. Septième album en 15 ans d’existence pour AMARANTHE, qui a tout d’abord changé de ‘growler’ avec l’arrivée de Mikael Sehlin en lieu et place d’Henrik ‘GG6’ Wilhelmsson ce qui, pour le spécialiste que je ne suis pas, ne change pas grand-chose à la donne. Alors, que donne le successeur de « Manifest » (2021) musicalement ? Très produit et super-compact, « The Catalyst » navigue dans des eaux troubles et c’est même un doux euphémisme. Pile-poil dans l’air du temps, donc.

D’un côté, le trio vocal mené par Elize Ryd, Nils Molin et donc Mikael Sehlin se montre soudé et propose de multiples variantes, presque symphoniques ou même parfois aux frontières du Metal extrême. Et de l’autre, il y a Olof Mörck que l’on pourrait penser un peu seul au monde avec sa guitare… sauf qu’il s’attèle aussi aux claviers. Et le fossé, pour ne pas dire le ravin, qui sépare sa pratique des deux instruments est assez vertigineux. Dès qu’AMARANTHE pousse un peu sur des riffs musclés, le côté Pop reprend vite le dessus avec insistance.

Alors, entre un Power Metal solide et massif et des sonorités Electro/Dance dignes d’un championnat du monde d’auto-tamponneuses gavées d’autotune, on s’y perd un peu. Le mélange des genres est aussi mal venu que mal maîtrisé, même si le six-cordiste maison s’en sort bien avec quelques solos salvateurs. AMARANTHE s’adresse probablement à une jeunesse qui écoute autant Meshuggah que Beyoncé, mais existe-t-elle seulement ? Si on appréciera l’aspect brutal et rentre-dedans du sextet, il sera en revanche très difficile de faire abstraction du reste.    

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AOR France Hard FM Melodic Metal

Heart Line : conquérant [Interview]

Deux ans après le début de l’aventure, HEART LINE n’a plus rien à prouver comme en témoigne la qualité artistique et technique des albums du quintet. Avec « Back In The Game » et plus récemment « Rock’n’Roll Queen », le groupe apporte beaucoup de fraîcheur et de modernité à un style qui peine pourtant à se faire une place en France. Cependant, les efforts des Bretons portent leurs fruits, puisque l’accueil de leurs deux réalisations est unanime et les projets ne manquent pas. Etat des lieux et plongée dans l’avenir de HEART LINE avec Yvan Guillevic, son guitariste, producteur et compositeur.  

Photo : Cédric Andreolli

– Lors de notre dernière interview à la sortie de « Back In The Game » il y a deux ans maintenant, on avait beaucoup parlé de la création du groupe et de vos objectifs. Quel bilan dresses-tu aujourd’hui de l’aventure HEART LINE ?

Le bilan est super positif, car on a fait deux albums en un an et demi et on a quand même réussi à tourner. D’ailleurs, nous sommes actuellement toujours sur la route. On a fait quelques festivals et d’autres arrivent bientôt. L’objectif premier, qui était de faire un vrai disque avec un vrai groupe et pas quelque chose de collaboratif, est rempli. On fait de la scène et des albums et nous allons également sortir, en accord avec le label (Pride & Joy – NDR), un EP en décembre. Nous sommes très contents, car l’accueil du deuxième album est encore meilleur que pour le premier et tout ça est vraiment très positif !

– Dès le début, vous avez signé chez Pride & Joy, label sur lequel vous êtes toujours bien sûr. Finalement avec le recul et les très bonnes retombées des deux albums, est-ce que tu penses qu’un label français aurait été aussi efficace ?

Non, car il n’y en a pas dans le genre de toute façon. Et puis, je n’avais pas du tout visé la France pour le premier album. On a juste contacté un gros label, et sur recommandation, qui nous a répondu des mois et des mois plus tard. Alors que sur 10/12 envois ciblés, j’ai eu des réponses positives et il n’a fallu que six jours pour signer avec Pride & Joy ! Le constat est là et je crois que la France n’est toujours pas concerné par le Rock/Hard mélodique et c’est toujours aussi compliqué. Donc, je pense que nous avons eu raison de signer là-bas.

Photo : Steph Pictures

– Justement pour rester sur la France, on sait que le style n’a jamais eu de représentants ayant percé ou marqué les esprits, même à la grande époque. Je pense que HEART LINE possède très largement tous les atouts pour tenir cette place. Quelles seraient les choses à améliorer ici, selon toi ?

C’est compliqué, en fait. Par exemple, on a le ‘Hellfest’, qui est un festival énorme et il y a un gros réservoir de personnes qui écoutent du Metal en France. Ce n’est pas comme si on n’en écoutait pas. En gros, ce sont les médias, qui ne s’intéressent absolument pas à ce genre de musique. De temps en temps, pour faire un petit sujet, ils vont te parler de Metallica ou de Gojira, puisque c’est le seul groupe français vraiment costaud dans le monde. On a de très bons groupes, de très bons musiciens, ce n’est pas le souci. Mais pour les gros médias, ça reste quelque chose de bizarre, d’un peu rigolo et il n’y a donc aucun support. La France n’est pas un pilier Rock. Dès qu’on se promène ailleurs, on le voit bien. Quand on entre dans un bar ou un hôtel, on entend du Rock et du Hard Rock, mais pas chez nous. On est vraiment sous-représenté, et notamment en termes de Hard Rock.

– Malgré deux très bons albums, c’est dommage que HEART LINE ne tourne pas plus dans l’hexagone. Ne serait-ce pas le bon moment pour vous d’aller voir à l’étranger, dans des pays plus demandeurs ?

On a eu quelques opportunités qui ne se sont concrétisées, mais qui étaient vraiment réelles. Aujourd’hui, on en a d’autres. Je ne veux pas en parler tant que ce n’était pas fait, mais il ya des choses très intéressantes, qui sont en route en Europe. On travaille actuellement beaucoup là-dessus. Pour ce qui est de la France, le réseau est compliqué. La musique ici a toujours été un peu mise de côté. Pourtant, il y a du public. Il suffit de voir le ‘Hellfest’ une fois encore. Dernièrement, je suis allé voir Ghost à Rennes et c’était rempli ! Il y a des gens pour aller aux concerts, il faut juste les mobiliser.

Et puis, sans tirer dessus puisque j’ai eu un ‘Tribute Band’ pendant un moment, les organisateurs ne prennent plus aucun risque et ils ne programment plus que ça. Donc, pour ceux qui font qui font de la musique composée, ça devient très difficile. C’est une vraie épidémie ! C’est un peu dommage, parce qu’ils feront quoi dans 10/15 ans ? Ils vont reprendre qui ? Il n’y aura plus personne ! (Sourire) C’est un peu ce qu’on vit en France, car les organisateurs vont au plus simple. Il n’y a plus de recherche d’artistes, comme il pouvait y en avoir avant. Il reste bien sûr des festivals et des programmateurs qui jouent le jeu. Mais c’est vrai pour tout le monde, et pas uniquement pour nous, à ce niveau-là.

Photo : Mat Nina Studio

– Revenons à « Rock’n’Roll Queen » qui, musicalement et au niveau de la production aussi, élève encore le niveau d’un cran. Est-ce que sa conception et sa réalisation ont suivi le même processus que pour « Back in The Game » ?

Oui, c’est exactement le même processus et la même façon de réaliser. Cette fois, on a eu plus de temps, on a été plus attentif aussi pour ne pas refaire les mêmes petites erreurs que sur le premier. « Back In The Game » est très frais, rapide, composé en trois semaines et enregistré assez vite. Il y avait un côté très intéressant qu’on ne regrette absolument pas. Pour « Rock’n’Roll Queen », on voulait quelque chose de plus construit, de plus travaillé et surtout prendre notre temps. On a fait des concerts, des résidences et on se connait beaucoup mieux aujourd’hui. Cela nous a permis de nous focaliser aussi sur certains titres et travailler plus en profondeur nos morceaux.

– Et on te découvre aussi comme producteur, dorénavant confirmé. C’est un domaine dans lequel tu t’épanouies également ?

J’ai toujours produit mes disques et ça en fait beaucoup. C’est vrai que personne ne s’en est vraiment aperçu. Et on est aussi dans un métier où il faut commencer à savoir tout faire soi-même, car être dépendant des autres devient très compliqué. Et puis, j’ai toujours fait de la prod’ pour pas mal d’artistes. Cette fois et avec l’aide de Jorris Gilbaud, qui a une oreille en or, cela nous a permis d’affiner tout ça. La production est quelque chose que j’aime énormément et que je tiens à continuer de faire. Parfois, c’est un peu pénible de tenir les deux rôles, à savoir guitariste et producteur, mais au final, cela te permet aussi de contrôler l’ensemble. Car cela peut aussi arriver que, lorsque tu vas en studio et que tu laisses quelqu’un d’autre produire, tu perdes des choses. Mais pour HEART LINE, comme je sais que je veux entendre, je pense que c’est plus sage de rester le producteur du groupe.

Yvan et Patrick Rondat à l’Océanis de Ploemeur le 23 septembre dernier
Photo : YD – Photographies

– Patrick Rondat, grand guitariste et rare ‘guitar-hero’ français fait également une apparition sur l’album. Comment s’est faite votre rencontre ?

On se connait depuis très longtemps sur les réseaux, mais finalement sans bien se connaître. Et puis, je suis fan de sa musique et de son jeu. Je l’avais fait venir il y a plus de 20 ans dans un masterclass ici en Bretagne. D’ailleurs, je ne suis même pas sûr qu’il s’en rappelle ! En fait, c’est lui qui me l’a proposé. Il m’a dit qu’il avait beaucoup aimé le premier album et qu’il adorait ce genre de musique. Il voulait faire quelque chose sur le prochain disque et je n’ai pas été long à lui répondre que j’en serai ravi ! Pour être honnête, je ne suis pas trop fan des guests sur les albums. Quand il y en a trop, tu perds aussi de l’identité du groupe. Mais quand Patrick te propose de jouer sur ton album, tu te débrouilles ! (Sourire) On avait un morceau dans les tiroirs, qui pouvait parfaitement coller avec ce désir de Patrick de faire de l’AOR. Je lui ai envoyé le titre et il m’a très vite rendu sa partie. Tout s’est fait vraiment très simplement.

– Pour conclure, parlons un peu de cet EP prévu pour décembre. Quand penses-tu mettre tout ça en boîte, à moins que ce soit déjà fait, et quel en sera le contenu ?

Je ne peux pas en dire trop pour le moment, si ce n’est que ce sera un cinq-titre et que sa sortie est prévue pour le 8 décembre. Il n’est pas encore enregistré, nous allons le faire courant octobre et toujours chez Pride & Joy. Pour le reste, je tiens à garder un peu de suspense… (Sourire)

L’album « Rock’n’Roll Queen » de HEART LINE est toujours disponible chez Pride & Joy.

Retrouvez la première interview du groupe…

… et la chronique du nouvel album :

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Hard FM Melodic Metal

Eclipse : so catchy !

Fer de lance du Metal mélodique suédois aux côtés de H.E.A.T notamment, ECLIPSE ne cesse de compter un public de plus en plus nombreux tout acquis à sa cause. Avec « Megalomanium », le combo offre certainement son opus le plus mainstream de sa carrière, ce qui ne signifie pas non plus qu’il soit mauvais, bien au contraire. Les Scandinaves restent combatifs et véloces.

ECLIPSE

« Megalomanium »

(Frontiers Music)

Dixième album studio pour la formation scandinave, auquel il faut ajouter le très bon double-album, « Viva la VicTOURia », sorti il y a trois ans. Toujours emmené par Erik Mårtensson (chant) et Magnus Henrikson (guitare), ECLIPSE se montre de plus en plus rassembleur et accessible au fil de ses productions, et il faut reconnaitre que « Megalomanium » flirte clairement avec l’AOR, une première pour le groupe.

Bien sûr, ECLIPSE délivre toujours ce Hard Rock mélodique, qui l’a envoyé sur les scènes du monde entier, mais le virage entrepris il y a quelques albums est manifestement beaucoup plus FM et grand public qu’auparavant. Cela ne veut pas pour autant dire que le quatuor a perdu de son énergie et de son mordant : ils sont juste dilués dans des morceaux aux refrains hyper-fédérateurs et aussi très formatés.

Succédant à « Wired » (2021), « Megalomanium » se veut donc très accrocheur, un peu dans la lignée de White Lion et Bon Jovi dans leurs meilleures années, ce qui est loin d’être péjoratif. L’entrée en matière se fait avec « The Hardest Part Is Losing You », qui se vient se nicher dans un coin de la tête et n’en sort plus. Et ECLIPSE continue sur sa lancée avec la même dynamique (« Got It ! », « Anthem », « The Broken », « High Road », « Forgiven »).

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Hard Rock Melodic Metal Rock/Hard

Joel Hoekstra’s 13 : un élixir de mélodie

On connait assez mal les talents de songwriter de JOEL HOEKSTRA, même s’il marque de son empreinte le monde du Hard Rock et du Heavy Metal depuis plusieurs décennies au sein de plusieurs institutions du genre. Soliste hors-pair et incomparable faiseur de riffs racés, il présente aujourd’hui le nouvel opus de son projet solo, « Crash Of Life ».

JOEL HOEKSTRA’S 13

« Crash Of Life »

(Frontiers Music)

Guitariste de Whitesnake, Trans-Siberian Orchestra et Revolution Saints, le virtuose américain trouve tout de même le temps de se consacrer à son projet solo. Et « Crash Of Life » est déjà le troisième album du JOEL HOEKSTRA’S 13, composé d’une petite troupe d’élite. Les riffs tombent en cascade, les mélodies sont plus accrocheuses les unes que les autres et lorsqu’on peut s’offrir Jeff Scott Soto pour les chœurs, c’est que tout va bien.

Toujours entouré du bassiste Tony Franklin (ex-The Firm, Blue Murder), du batteur Vinny Appice (Ex-Black Sabbath, Dio), du claviériste Derek Sherinian (Sons Of Apollo, Dream Theater) et pour la première fois de Girish Pradhan (Girish And The Chronicles) au chant, la formation de JOEL HOEKSTRA a fière allure et la machine est bien huilée. Et entre Melodic Metal ou Heavy AOR, le groupe rayonne et s’impose avec clarté.

Musicalement, JOEL HOEKSTRA’S 13 évolue en terrain connu et pourtant le quintet ne manque pas de fraîcheur et d’envie et il ne se contentant pas de s’assoir sur une technicité et une expérience de longue date. Tout en puissance sur « Everybody Knows Everything », le groupe se met en ordre de marche et bouscule tout (« Damaged Goods », « Far Too Deep », « You’re Right For Me », « No Tonight »). Très bluesy dans la voix, le nouveau frontman fait des étincelles et l’on sort de « Crash Of Life » le sourire aux lèvres.

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Melodic Metal Metal Indus Modern Metal

Endless Exam : une énergie submergeante

Pour son premier opus, le combo finlandais frappe fort et affiche même une belle audace. Loin des clichés habituels, ENDLESS EXAM fait preuve de beaucoup d’aplomb, d’une grande liberté et la pertinence des arrangements de « Voice Of Passion And Agony » conjuguée à une envie plus que palpable, des riffs racés, des solos bien sentis et surtout une chanteuse dont le charisme éclabousse l’album, font de lui une réalisation très réussie.

ENDLESS EXAM

« Voice Of Passion And Agony »

(Inverse Records)

« Voice Of Passion And Agony » est le genre de disque qui fait du bien par les temps qui courent. ENDLESS EXAM, pour son premier album, bouscule les codes du Metal actuel grâce à une modernité et une fougue exacerbée, ainsi qu’un côté théâtral qui ne manque ni d’originalité, ni de fraîcheur. Formé en 2020, le groupe a déjà sorti quatre singles, tous très bien accueillis tant par la presse que par le public et le quatuor ne manque franchement pas d’ambition.

En s’appuyant sur des claviers pour développer les atmosphères et donner du relief à ses morceaux, ENDLESS EXAM s’est créé un univers à la fois décadent et très bien structuré. En frontwoman de choc, Nina Kuronen libère une incroyable énergie et se montre capable de se fondre dans n’importe quel registre, du Heavy à l’Indus. Hyper polyvalente, elle capte l’attention en maniant la douceur et la férocité avec une grande habileté.

Bâtis comme des tableaux, les dix titres de « Voice Of Passion And Agony » sont dotés d’une dynamique qui donne une belle unité à l’ensemble. Sans forcément jouer sur la vélocité, ENDLESS EXAM navigue entre les émotions avec un aspect très fédérateur, notamment dans les refrains qui restent rapidement gravés («  The Voice », « I Ain’t Your Toy », le génial « Wilride », « Consealed Truth », « Mother of Mercy », « Solaced Mind »). Envoûtant !

© 2021 Nina Mönkkönen +358504633473, all rights reserved
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Melodic Metal Metal Progressif Modern Metal

Disillusive Play : à la croisée des chemins

Techniquement imparable, l’effort de DISILLUSIVE PLAY se porte pourtant sur les mélodies et le côté très fédérateur d’un style qui navigue entre Rock et Metal, Heavy et Hard Rock avec des touches progressives aériennes. Beaucoup de registres et de couleurs musicales se croisent donc et se fondent sur « Songs Of The Non-Existent », un opus très bien réalisé et doté d’un équilibre et d’une structure très travaillée. Les grecs n’ont rien laissé au hasard.

DISILLUSIVE PLAY

« Songs For The Non-Existent »

(Wormholedeath Records)

Fondé en 2014 à Athènes, DISILLUSIVE PLAY possède toutes les marques d’un groupe moderne et particulièrement bien ancré dans son temps, pour peu d’avoir l’esprit ouvert et d’apprécier différents courants du Metal et du Rock. Cinq ans après « Open Arms », son premier album, le quintet livre « Songs For The Non-Existent », un disque à dominante mélodique et progressive guidé par une chanteuse au timbre puissant.

Si sa frontwoman, Antigoni Kalamara, imprime un ton résolument Rock, DISILLUSIVE PLAY évolue dans des sphères Melodic Metal qui viennent justement apporter ce contraste original et dynamique. Grâce à des claviers bien distillés et des riffs acérés et accrocheurs, les Grecs dégagent une belle énergie et les nuances progressives de « Songs For The Non-Existent » donnent du relief et une profondeur musicale efficiente.

Très variée, cette deuxième réalisation offre une production soignée, qui met en valeur les solos rapides et virtuoses de Jim Kuikos (« Sisyphus », « Make Them All Feel Good ») et les refrains entêtants à l’œuvre ici (« Queen Of The Night », « Demons Glove »). DISILLUSIVE PLAY a également convié quelques guests et on retrouve donc Bob Katsionis (ex-Firewind) aux claviers, Iliana (Enemy Of Reality) aux chœurs et le bassiste Panagiotis Bourazanis. Un bel album.

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Melodic Metal Post-Black Metal Symphonic Metal

Euphrosyne : Au-delà des ténèbres

En alternant colère et douceur, les Grecs d’EUPHROSYNE ont trouvé un beau compromis et font avant tout parler leur créativité à travers un style où la technicité du quatuor est au service de compositions complexes parfois, mais très bien ciselées. « Keres » est un court voyage dans un post-Black Metal musclé avec des couleurs progressives et symphoniques, parfaitement mises en valeur par sa frontwoman à la palette vocale étonnante.

EUPHROSYNE

« Keres »

(Independant)

Après des débuts prometteurs avec deux singles très bien accueillis (« Thorns Above the Skies » et « Rattus »), Efi Eva (chant) et Alex Despotidis (guitare) se sont renforcés avec l’arrivée de George Gazis (basse) et de Kostas Mamalis (batterie) pour faire d’EUPHROSYNE une machine redoutable et très organique où s’entremêlent un post-Black rugueux et un Metal mélodique épuré plein de nuances et de clarté.

Très atmosphérique, « Keres » présente beaucoup d’originalité, grâce notamment à sa chanteuse, aussi à son aise dans un growl surpuissant que dans des parties chantées claires et limpides ou des chuchotements très pertinents. EUPHROSYNE ne se reste pas figer dans un registre, mais construit sa force sur un amalgame intelligent de sonorités mises en lumière sur des morceaux très bien structurés et accessibles.

Très captivants, les sept titres de « Keres » montrent une évolution progressive au fur et à mesure que l’on avance dans l’album. Les claviers jouent un rôle essentiel dans la mise en lumière des compositions avec même quelques incursions symphoniques (« Pale Days », « When My Fears Conquered All »). Entre violents coups de blast et envolées progressives, EUPHROSYNE livre une très belle partition (« Within The Age »).

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Classic Hard Rock Classic Rock Hard US Melodic Metal

Mike Campese : la guitare en abondance

Si son jeu est très shred comme beaucoup de guitaristes de son rang, le New-yorkais MIKE CAMPESE n’en oublie pas de livrer de belles émotions dans divers styles majoritairement Rock et Hard, entre Heavy et Néo-Classic. Une fois encore, « Reset » présente toutes les qualités d’interprétation du musicien et ses facultés à proposer autant de feeling que de groove.

MIKE CAMPESE

« Reset »

(Independant)

Virtuose s’il en est, MIKE CAMPESE est un grand technicien de la guitare, mais pas seulement. Après un passage éclair au sein du Trans-Siberian Orchestra, le guitariste vole de ses propres ailes depuis quelques années. Très polyvalent, il a reçu les louanges des plus grandes publications spécialisées aux Etats-Unis et en Italie, où il écrit d’ailleurs pour Axe Magazine. Mais c’est de son onzième album, dont il est question ici.

Alors qu’il avait déjà entamé la composition de « Reset » avant la pandémie, c’est durant celle-ci qu’il a mis la touche finale aux douze morceaux qui le composent. Comme beaucoup de six-cordistes solistes, la tentation de l’instrumental est grande et MIKE CAMPESE ne s’en est pas privé. Pour autant, la moitié de ce nouvel opus est chanté, ce qui lui apporte beaucoup de respiration.

Soutenu par le batteur Patrick Johansson qui livre une belle prestation, l’Américain se fait plaisir, faisant étalage de son savoir-faire sans pour autant tomber dans un registre démonstratif tentant, mais ennuyeux au final. Au contraire, MIKE CAMPESE fait preuve d’audace et l’on retrouve un peu de Vinnie Moore et de Richie Kotzen dans son approche (« Fire », « Bee Eater », « Reset », « Wasted Time », « Space Dragon »). Très réussi !

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Melodic Metal Symphonic Metal

Allen/Olzon : d’une seule voix

Le triumvirat métallique composé de Magnus Karlsson, Anette Olzon et Russell Allen récidive avec « Army Of Dreamers », qui succède au pourtant peu convaincant « Worlds Apart ». Avec ce deuxième album, le Melodic Metal aux saveurs symphoniques du duo formé par la frontwoman suédoise et le chanteur américain prend enfin sens à travers une complicité plus évidente.

ALLEN/OLZON

« Army Of Dreamers »

(Frontiers Music)

Un peu plus de deux ans après « Worlds Apart », le multi-instrumentiste et producteur Magnus Karlsson (Primal Fear, Free Fall) s’est à nouveau mis à la tâche pour composer et même enregistrer un deuxième album à la doublette ALLEN/OLZON. La chanteuse de The Dark Element et ex-Nightwish s’associe au frontman de Symphony X et d’Adrenaline Mob pour un « Army Of Dreamers » d’un tout autre niveau.

Si le premier opus du binôme était assez conventionnel et convenu, celui-ci montre un autre visage avec, surtout, une plus grande place laissée à Anette OLZON que l’on entend enfin à son vrai niveau. Russell ALLEN, quant à lui, reste le grand chanteur que l’on connait et sa complémentarité avec la frontwoman scandinave est enfin perceptible et donne corps à ces nouveaux titres.

Toujours irréprochable derrière les fûts, Anders Köllerfors offre une lourdeur bienvenue à « Army Of Dreamers », dont le Melodic Metal bénéficie d’une belle qualité d’écriture. Cependant, et même si le contraste vocal entre la puissance de l’Américain et la finesse de la suédoise fait les étincelles, on doit surtout au mix de Jacob Hansen d’apport de beaucoup de relief à ce nouvel opus d’ALLEN/OLZON.

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Hard Rock Melodic Metal Progressif

Black Nazareth : la marque des grands

Il se pourrait bien qu’avec ce premier mini-album éponyme, BLACK NAZARETH soit la nouvelle attraction venue de Hollande. Fondé par des musiciens d’expérience au CV conséquent, le quatuor présente un répertoire très actuel entre Hard Rock, Progressif et AOR. Très bien produite et soigneusement arrangée, cette première réalisation est aussi musclée que captivante.

BLACK NAZARETH

« Black Nazareth »

(Wormholedeath Records)

Tirant son nom d’une distillerie de gin, BLACK NAZARETH ne donne pourtant pas dans la chanson à boire ou le Metal clownesque. C’est même tout le contraire. Fort de l’expérience de ses membres, le groupe affiche un niveau de jeu plus que convaincant qu’il met au service des explosives compositions de ce premier opus. Ancré dans leur temps, les Hollandais livrent un Hard Rock moderne et mélodique.

Et si BLACK NAZARETH est aussi créatif que performant, on le doit à un line-up composé de musiciens plus que chevronnés. Ainsi, Daniel De Jongh (Crown Compass, Textures) au chant, Martijn Spierenburg (Within Temptation) aux claviers, Menno Gootjes (Focus) à la guitare et Henry McIlveen (Threnody) à la basse font véritablement des étincelles une fois réunis autour de ce style racé et accrocheur.

Exigeant et ambitieux, le quatuor présente un mini-album de huit morceaux, et il faut bien avouer qu’on reste un peu sur notre faim. BLACK NAZARETH réussit le tour de force de parcourir ses influences tout en développant un registre très personnel où se côtoient des ambiances progressives, des riffs tranchants, des chorus entraînants et une performance vocale magistrale (« Heroes », « Rivers Run Deep », « Drops Of Sorrow », « Ride »).

Photo : Mark Engelen