Depuis sa signature sur Journeyman Records, label de Joe Bonamassa, ROBERT JON & THE WRECK semble enfin bénéficier d’une structure à sa taille avec la possibilité de diffuser son somptueux Southern Rock au plus grand nombre. Chaleureux et rassembleur, c’est bien sûr en concert que le style des Américains prend toute sa mesure. Et c’est en Europe, dans la capitale belge, que « Live At The Ancienne Belgique » a été immortalisé en audio et en vidéo.
ROBERT JON & THE WRECK
« Live At The AncienneBelgique »
(Journeyman Records)
Il y a longtemps que ROBERT JON & THE WRECK avait dans un coin de la tête l’idée de réaliser un album live, qui sort également en DVD, et c’est durant sa tournée marathon européenne de 2022 que les choses se sont mises en place et réalisées. Un véritable marathon musical en effet, puisque le groupe avait alors enchainé 67 concerts en l’espace de 75 jours et ce dans neuf pays différents, dont la Belgique. On avait d’ailleurs eu un petit aperçu de ce concert sur « Wreckage Vol.2 », sorti en septembre dernier avec « She’s A Fighter » et « Waiting For Your Man ».
Etonnamment, c’est depuis le coeur de Bruxelles que les Californiens ont laissé exploser le Southern Rock qu’ils affinent et peaufinent depuis une décennie maintenant. Lors de ce concert sold-out, on retrouve dans une version live toute la fougue, l’énergie et le plaisir que les Américain ont à se retrouver sur les planches, rendant visible toute l’alchimie, la complicité et la joie de jouer ensemble. Car, comme en témoigne son jeu et ce très bon « Live At The Ancienne Belgique », ROBERT JON & THE WRECK est littéralement fait pour la scène, où sa musique prend toute sa dimension.
Regroupée sur 14 titres, dont deux solos (loin d’être indispensables) du guitariste Henry James Schneekluth et du claviériste Steve Maggiora remplacé depuis par Jake Abernathie, la setlist du quintet fait la part belle aux morceaux les plus emblématiques de la courte carrière des Américains (« The Devil Is Your Only Friend », « Hey Hey Mama », « Blame It On The Whiskey », « Shine A Light On Me Brother », « Cold Night », « Old Friend » et les géniaux « Oh Miss Carolina » et « Shine A Light On Me Brother »). ROBERT JON & THE WRECK s’impose avec classe !
NB : les interviews du groupe sont à retrouver sur le site.
Il n’est plus besoin de présenter le musicien et songwriter de génie JOE BONAMASSA, tant sa discographie et ses productions annexes sont systématiquement une réussite. Comptant un nombre impressionnant d’albums live à son actif, dont on retiendra notamment « Live from the Royal Albert Hall », « Live at Carnegie Hall » et le plus récent « Live at the Sydney Opera House », c’est véritablement en public qu’il prend son envol.
JOE BONAMASSA
« Tales Of Time »
(J&R Adventures)
On n’arrête plus JOE BONAMASSA. Chanteur, guitariste, producteur, promoteur et devenu un redoutable et incontournable homme d’affaire de la scène Blues Rock, il multiplie ses activités tout en restant très prolifique musicalement et en livrant des albums de plus en plus inspirés. Virtuose de la six-codes et squattant les sommets des charts à chacune de ses réalisations, la scène reste son jardin et son terrain de jeu et d’expression favori.
Sorti en octobre 2021, le dernier effort studio de JOE BONAMASSA, « Time Clocks », se range tout en haut de la pile de ses meilleurs disques. Brut et très Rock, l’Américain explore de nouvelles facettes du Blues avec sa dextérité naturelle et surtout une approche moins shred qu’à son habitude. Et « Tales Of Time » parcourt cette dernière réalisation et, avec le soutien d’un groupe hors-norme, la musique du bluesman rayonne littéralement.
Ce nouveau Live a été capté et enregistré en août de l’an dernier dans le somptueux amphithéâtre de Red Rocks dans le Colorado, où tant d’albums mythiques ont reçu la même lumière. Sur une splendide production signée par son complice Kevin Shirley, JOE BONAMASSA joue avec force et sensibilité ses morceaux avec une facilité et une application constante. Avec « Tales Of Time », il s’inscrit encore un peu plus dans la légende du Blues.
En quelques années, ALLY VENABLE est passée d’un statut de star montante à celui d’artiste confirmée. Sans donner dans le démonstratif, la Texane, qui ne renie pas l’influence du grand Stevie Ray Vaughan, fait preuve de beaucoup de feeling dans un esprit délicieusement Southern. Avec « Real Gone », la jeune musicienne fait des étincelles et s’affirme avec classe.
ALLY VENABLE
« Real Gone »
(Ruf Records)
A quelques jours de son 24ème anniversaire, ALLY VENABLE sort déjà son septième album, si l’on inclue le sept-titres « Wise Man » paru alors qu’elle n’avait que 14 ans ! Et cet enfant prodige du Blues Rock ne s’arrête plus depuis et peaufine son jeu au fil du temps. Rien d’étonnant pour cette dernière considération, si ce n’est que son registre devient également de plus en plus personnel.
Guitariste et chanteuse de grand talent, ALLY VENABLE est aussi une songwriter accomplie et réalise même l’ensemble de « Real Gone ». Une maturité qui ne surprend pas plus que ça d’ailleurs lorsque l’on connait la portante courte carrière de la jeune femme. Et pour ce nouvel opus, elle s’est même offerte la collaboration du producteur Tom Hambridge (Susan Tedeschi, Kingfish, …).
Outre les deux moments que constitue la participation de Joe Bonamassa (« Broken And Blue ») et du géant Buddy Guy (« Texas Louisiana »), « Real Gone » regorge de pépites et la musicienne mène l’ensemble avec une élégance rare. Punchy sur le morceau-titre, « Justifyin’ », « Kick Your Ass » et « Two Wrongs », ALLY VENABLE se montre aussi très délicate sur « Gone So Long » et « Blues Is My Best Friend ». Une désormais grande dame !
Finalement, l’ascension du groupe de Southern Rock n’aura pas été tellement longue. Cela dit, avec de telles productions, il était difficile de les imaginer se morfondre bien longtemps dans leur fief d’Orange County en Californie. Il y a si longtemps que l’on attend que ce style si familier et chaleureux, que d’aucun pense d’ailleurs à tord éteint, ne reprenne des couleurs et affiche de nouvelles ambitions. C’est dorénavant chose faite : ROBERT JON & THE WRECK est dans la place !
ROBERT JON & THE WRECK
« One Of A Kind »
(Journeyman Records)
Robert Jon Burrison, guitariste et chanteur, me confiait dans une interview récente (lire ci-dessous), son groupe allait livrer de nouveaux morceaux par différents biais dans les semaines qui suivaient notre entretien. Promesse tenue avec « One Of A Kind », un EP de quatre morceaux où ROBERT JON & THE WRECK se fait plaisir comme pour fêter sa signature avec l’une des entités du label de Mr Joe Bonamassa, Journeyman Records. Ca aussi, vous l’aviez appris ici même…
Alors que ROBERT JON & THE WRECK enflamme son pays, comme toute l’Europe, depuis de longs mois, c’est une petite gourmandise bien sudiste que nous livre le quintet. Et il serait dommage de ne pas s’en délecter d’autant que les Américains du sud de la Californie ont enregistré ces quatre titres aux côtés de grands noms. Jugez plutôt, « One Of A Kind » est produit par le duo Don Was (Bonnie Raitt, John Mayer) à Los Angeles et par David Cobb (Blackberry Smoke, Rival Sons) à Nashville.
Très prolifiques, les musiciens entament donc un nouveau chapitre de leur carrière sans pour autant cesser de tourner… bien au contraire ! Fougueux sur « Come At Me », plus roots sur « Pain No More », presqu’Americana sur « Who Can You Love » et hyper-Rock sur le morceau-titre, ROBERT JON & THE WRECK passe en revue un Southern Rock qu’il maîtrise totalement, mais qu’il se permet aussi de renouveler là où d’autres, et non des moindres, se cassent un peu les dents. On ne parle plus de relève, c’est le nouvel establishment !
Enfin, et en clin d’œil à mes amis de la Salle Cap Caval qui ont du avoir le même nez et surtout le même coup de coeur que votre serviteur, sachez que l’ardant combo se produira le 29 septembre prochain dans mon beau Pays Bigouden en Bretagne qui prendra, le temps d’une soirée qu’on imagine déjà magique, des allures de western… ce qu’il est déjà un peu d’ailleurs… Un concert à ne surtout pas manquer ! (les billets sont déjà en vente : www.seetickets.com/fr/d/event/robert-jon-the-wreck/salle-cap-caval/9478321).
Retrouvez les deux interviews accordées à Rock’n Force en 2021 et en 2022 :
Et si ce troisième album de la chanteuse, guitariste et compositrice LAURA COX n’était finalement pas celui de la maturité ? Après un nombre incalculable de concerts, celle qui a toujours livré un Hard Blues teinté de Southern propose avec « Head Above Water » un disque authentique, à l’équilibre parfait et solide et montre une grande confiance, notamment vocalement. La Française a franchi un cap, c’est une évidence, en réalisant un disque plus posé et plus roots aussi. Entretien avec la virtuose.
– Notre dernière interview date d’octobre 2020 lors d’un concert en Bretagne (salle Cap Caval à Penmarc’h – 29) et c’était le dernier avant l’interdiction. Et tu me disais que le Covid avait tué ton deuxième album. Depuis, tu as repris le chemin des concerts. Quel bilan tires-tu finalement de « Burning Bright » ?
Oui, on a été beaucoup freiné dans la promotion. L’album est sorti en novembre 2019 et ensuite, on a tourné jusqu’en mars seulement alors qu’on était en pleine lancée. C’est vrai que la vie du deuxième album a été un peu étrange. Mais on a beaucoup joué depuis l’année dernière et on a pu continuer à le faire vivre, mais tout a été un peu décalé. Le cycle des concerts a été très étrange aussi et c’est donc assez difficile d’en tirer un bilan. On l’a joué comme on a pu, mais je sens, comme les gens, qu’on a besoin d’un peu de fraîcheur, de nouvelles chansons… Et cet album va faire du bien à tout le monde !
– J’ai eu le plaisir de te voir au dernier ‘Hellfest’, pour bien commencer la journée, et tu nous as servi un set époustouflant. Toi qui es vraiment une artiste de scène, quel souvenir en gardes-tu, surtout après des mois très compliqués pour tout le monde ?
En fait, le ‘Hellfest’, on a eu le temps de s’y préparer, car on avait été programmé fin 2019 et ensuite cela a été reporté, reporté… Donc, j’ai eu le temps de le voir venir ! Mais c’était comme un rêve. Cela faisait des années que j’en rêvais ! C’était aussi un peu étrange, car j’y vais en tant que festivalière depuis 2010 et j’avais un peu l’impression d’être chez moi, à la maison, mais cette fois, c’était de l’autre côté : du côté artiste. Et l’accueil a été bon et on s’est éclaté malgré la chaleur. C’est un super souvenir, même si tout est passé très vite, puisqu’on a joué une trentaine de minutes. Et j’espère que ce ne sera pas notre dernier !
– Juste pour conclure sur ta prestation à Clisson, comment est-ce qu’on prépare un set dans des conditions comme celles-ci, à savoir une grande exposition et un passage assez court finalement ?
C’est vrai que c’est un show qu’on a vraiment préparé différemment. On a sélectionné les chansons les plus pêchues, parce qu’on sait très bien que les gens ne s’attendent pas à avoir 30 minutes de ballades. D’habitude, le set n’est pas construit comme ça, mais on joue très rarement aussi peu de temps. On y a mis toute notre énergie, même si on n’a pas trop nuancé en envoyant principalement des titres très Rock. On voulait quelque chose de dynamique, qui arrive à maintenir le public en haleine. Il y avait aussi quelques titres du nouvel album qu’on avait joué en avant-première. Rapide et efficace, au final !
– Parlons maintenant de ce très bon « Head Above Water » que tu es allée enregistrer à nouveau au mythique Studio ICP de Bruxelles en Belgique avec Erwin Autrique et Ted Jensen. L’ambiance devait être explosive pour ce troisième album après une telle attente, non ? Ou est-ce qu’au contraire tu étais plus sereine et détendue ? Ou les trois !?
J’étais assez sereine au final. L’enregistrement du premier album (« Hard Blues Shot » – NDR) avait été un peu compliqué, car je manquais de confiance en moi et l’ambiance n’était pas non plus super, car on avait eu des soucis techniques. Maintenant, plus ça va et plus tout se passe bien. On a travaillé dans la bonne humeur en étant studieux et productif, même si on s’est aussi beaucoup amusé. Je savais que j’étais bien entourée, que l’ambiance était bonne et puis, on n’avait pas rodé les chansons sur scène comme d’habitude, non plus. Elles étaient plus fraîches, plus spontanées, moins préparées et je pense que ce n’est vraiment pas un mal pour du Rock. Parfois, on a tendance à passer trop de temps sur une chanson et on se perd. J’ai abordé tout ça très sereinement en sachant aussi que ce ne serait pas de tout repos, parce qu’on avait deux semaines bookées et il fallait enregistrer tous les instruments additionnels que j’avais mis, les différentes pistes de guitares : il y avait quand même un peu de monde sur l’enregistrement. J’avais fait un petit planning et on était bien organisé.
– D’ailleurs pour rester sur l’enregistrement, beaucoup d’artistes de Blues rêvent d’aller enregistrer aux Etats-Unis ou même en Angleterre. Tu n’as pas été tenté par une aventure outre-Atlantique pour « Head Above Water » ?
En fait, mon label (Verycords- NDR) m’a proposé de repartir à l’ICP et comme cela s’était très bien passé pour le deuxième album (« Burning Bright » – NDR), il y avait un côté rassurant aussi, car je connais bien l’ingé-son, je connais bien le matos et l’accueil est très bon. C’est un super studio ! Je me sentais bien de revenir, car je savais qu’ils nous attendaient et où on allait enregistrer aussi. A un moment, je voudrais sûrement chercher d’autres sonorités, d’autres expériences. En tout cas, pour celui-là, on le sentait bien de le faire là-bas.
– Le titre de l’album en dit long sur ton état d’esprit à travers ces onze nouveaux titres, et pourtant c’est peut-être ton album le moins rageur, ce qui ne veut pas dire le moins fougueux ! Comment tu l’expliques ? Son écriture pendant le Covid peut-être ?
C’est ça ! Pour cet album, je voulais quelque chose de moins Hard, j’en avais un peu marre de crier tout le temps ! (Rires) Pendant le Covid, je suis partie au Portugal où j’ai composé la majorité des chansons près de l’océan. Je pense que ça a joué sur l’ambiance. Je voulais un album Rock et assez énergique, mais un peu moins dans le côté sombre et Hard. C’est ce que j’ai essayé de faire et je pense aussi qu’il me ressemble un peu plus. Le travail de compos était assez différent puisque, géographiquement, je n’étais pas au même endroit donc on a beaucoup moins travaillé ensemble. Quand je suis revenue, on a tout réarrangé en répétition et Mathieu (Albiac- NDR) a aussi apporté beaucoup de riffs et d’instrumentaux sur les morceaux les plus Hard, mais pour le reste, j’ai beaucoup plus travaillé en solo.
– Justement, je le trouve beaucoup plus Blues dans son ensemble et légèrement moins Rock dans l’approche. Il y a des aspects très roots avec notamment un banjo plus présent et de la slide aussi. Ca vient d’un désir d’explorer plus en profondeur toutes ces façons de faire sonner les cordes pour offrir un rendu peut-être moins massif ?
Oui, c’’est quelque chose que j’avais déjà un peu commencé à explorer avec le banjo, qui était beaucoup plus discret, sur les autres albums. J’ai eu envie de pousser ça un peu plus, car j’adore les instruments un peu Bluegrass. J’ai ajouté un peu de banjo, de la lap-steel et c’est quelque chose qui me plait vraiment de mixer toutes ses influences. C’est quelque chose que je pense garder comme ligne directrice pour les prochains disques. Je vais continuer à creuser dans cette direction.
– Pour avoir beaucoup écouté « Head Above Water », il a une sensation de road-trip qui règne sur l’album avec une dynamique qui ralentit un peu parfois, mais sans jamais s’arrêter. On fait un bon bout de route sous des cieux assez cléments et enjoués. C’était l’intention de départ ?
Oui, un peu à la façon d’un voyage. J’avais envie qu’on se plonge un peu là-dedans avec un trame directrice. Comme tu dis, il y a des plans un peu plus doux, mais j’avais envie de l’imaginer comme on le faisait à l’époque, qu’on l’écoute en entier et pas en choisissant les chansons à l’unité. Je l’ai pensé comme ça, effectivement. En tant qu’auditrice, c’est aussi comme ça que j’écoute la musique. J’aime bien écouter les albums dans leur intégralité, plutôt que de sélectionner des chansons.
– On est complètement d’accord ! Le streaming, je ne sais même pas ce que c’est…
(Rires) C’est pratique, mais ça a beaucoup moins de charme, c’est vrai. Je préfère acheter un album pour avoir le contenu physique entre les mains. Un disque, tu le regardes, tu le découvres… C’est aussi un voyage visuel et pas seulement musical.
– Vocalement aussi, on te sent plus apaisée et plus féminine aussi, dans le bon sens du terme. Si la guitare reste ton terrain de jeu favori, est-ce que tu as plus travaillé ta voix sur cet album pour qu’elle soit autant mise en avant et avec autant de variété ?
Justement, j’ai arrêté de me dire que je voulais chanter comme telle ou telle chanteuse et j’y suis allée naturellement en me disant comment est-ce que je sentais les choses. Je n’ai pris aucune référence sur les chansons et tout ça est sorti très naturellement. Je pense aussi que j’ai gagné en expérience et en confiance en moi. Et vocalement, tout a été plus simple que sur les précédents. Je pense aussi que c’est parce que je m’affirme de plus en plus.
– Un petit mot aussi sur cette pochette, presqu’iconique, sur laquelle tu arbores une belle Les Paul Junior. Il y a un petit côté ‘figurine’ légèrement en contraste avec l’album. Comment s’est effectué ce choix ? Car on connait l’importance d’une pochette d’album…
En fait, je ne pensais pas partir dans cette direction, j’avais d’autres idées en tête. On a fait un shooting et quand le photographe a regardé ses photos et regardé tout ce qui avait été fait, il s’est arrêté sur celle-ci. Il m’a dit qu’elle était simple, que la posture était bonne, qu’elle en imposait tout en restant sobre et il est parti là-dessus. Moi, je n’étais pas sûre. On en a parlé avec le label et tout le monde a été unanime. Et finalement, j’en suis contente, car cela reste simple et ça laisse aussi un peu de mystère, car les gens qui ne me connaissent pas ne savent pas forcément à quoi s’attendre. Il y a la guitare qui donne une indication, mais ça donne aussi envie d’écouter, car tu te demandes un peu quel style de musique tu vas avoir ! (Rires)
– Enfin, j’aimerais te poser une question au sujet de Joe Bonamassa qui vient de créer son label, KTBA Records, et qui enchaine les signatures. Déjà, est-ce que vous vous connaissez et est-ce qu’ensuite une telle aventure avec un grand monsieur du Blues comme lui te tenterait ? Ne serait-ce que pour bénéficier d’une exposition internationale…
On ne s’est jamais côtoyé, mais je sais qu’il a vu mon nom passer et qu’il m’a cité sur des forums par rapport à des vidéos que je postais. Je l’adore, c’est l’un de mes guitaristes préférés et techniquement peut-être même le meilleur. Mais je ne te cache pas que je suis chez Verycords depuis mes débuts, et earMusic pour l’international maintenant, et ça se passe vraiment bien. J’espère continuer avec eux, mais on pourrait collaborer avec Joe Bonamassa sous d’autres formes comme des premières parties, par exemple, se voir plus en live et en tournée. Et c’est vrai que cette visibilité côté américain serait très bienvenue.
Depuis, LAURA COX est annoncée sur la croisière « Keeping The Blues Alive At Sea Mediterranean III » du 17 au 22 août prochains entre la Grèce et la Croatie à bord du Norwegian Jade et sera entourée de grands noms du Blues… comme quoi !
« Head Above Water » est disponible chez Verycords/earMusic.
JOANNE SHAW TAYLOR possède plus d’une corde à son arc. L’Anglaise se livre à un exercice de style très réussi sur ce « Nobody’s Fool », qui réserve bien des surprises dans la tonalité des morceaux et dans les registres explorés. Sur une base bien évidemment Blues, la guitariste et chanteuse s’essaie à des morceaux assez Pop, Soul, Rock et Country-Folk. Un large éventail dans lequel la musicienne se montre épanouie et d’une grande sensibilité.
JOANNE SHAW TAYLOR
« Nobody’s Fool »
(KTBA Records)
Après un album de reprises Blues en 2021 (« The Blues Album ») suivi de « Blues From The Heart Live » en juin dernier, JOANNE SHAW TAYLOR revient avec un disque composé de morceaux originaux qu’elle a cette fois entièrement écrit. Toujours pour KTBA Records, le label de Joe Bonamassa, la guitariste et chanteuse anglaise fait quelques petites infidélités au Blues pour s’aventurer dans d’autres contrées musicales.
La voix chargée d’émotion, la musicienne livre son opus le plus personnel à travers notamment des écrits plus intimes et un registre plus léger et peut-être aussi plus épuré. En s’offrant la paire Josh Smith et Joe Bonamassa aux guitares rythmiques (et également à la production), JOANNE SHAW TAYLOR semble même plus libre et ses interventions en lead gagnent ainsi en profondeur (« Nobody’s Fool », « Bad Blood »).
L’album présente aussi des sonorités Pop et légèrement Country sur « Won’t Be Fooled Again », « Runaway » et « Fade Away » accompagné du violon de Tina Guo. La Britannique s’autorise aussi une reprise d’Eurythmics avec Dave Stewart (« Missionary Man »). Et JOANNE SHAW TAYLOR reste brillante sur des morceaux plus Blues Rock comme « Then There’s You » et « Figure It Out » avec Carmen Vandenberg. Très convaincante !
Il y a des groupes qu’on ne se lasse jamais d’interviewer. C’est le cas avec ROBERT JON & THE WRECK, qui est présent sur le site depuis sa création. Véritable révélation du Southern Rock depuis quelques années, les Californiens sont littéralement en train de s’imposer et de très belle manière, preuve en est avec sa récente tournée en Europe très réussie. Et l’heure est aussi au changement pour les Américains, qui viennent de signer sur le label de Joe Bonamassa, KTBA Records, avec déjà un premier album attendu l’an prochain. L’occasion de la sortie de « Wreckage Vol.2 » était donc trop belle pour faire un petit point avec le chanteur et guitariste du quatuor, Robert Jon Burrison, sur l’avenir… et pas seulement.
– L’an dernier en chroniquant votre album « Shine A Light On Me Brother », je m’interrogeais sur le fait que vous n’étiez pas encore signés. Et comme je le pressentais un peu, c’est Joe Bonamassa et son label KTBA Records, qui vous ont accueilli. Comment la connexion s’est-elle établie ? Vous aviez déjà des contacts ?
Nous avons rencontré Joe et l’équipe de KTBA lors de la première croisière méditerranéenne ‘Keeping The Blues Alive’ en 2019. Depuis, nous sommes restés en contact et nous avons établi une très bonne relation avec toutes les personnes impliquées dans le label. Nous sommes aujourd’hui ravis pour l’avenir du groupe.
– « Wreckage Vol.2 » ouvre cette nouvelle collaboration et pourtant il ne s’agit pas tout à fait d’un véritable nouvel album. C’est une sorte de cadeau de bienvenu à KTBA Records, une manière de dire : « voilà, nous sommes là ! » ?
« Wreckage Vol.2 » est une collection d’enregistrements, qui comprend cinq nouvelles chansons, quatre autres réenregistrées et une reprise. C’était quelque chose qui était déjà en préparation. Alors maintenant que nous travaillons avec KTBA, nous avons décidé de donner la primeur de la sortie au label.
– A travers les diverses ambiances qui traversent l’album, on a le sentiment, quand on vous connait un peu, qu’il s’agit d’une sorte de carte de visite musicale. Est-ce que c’est comme ça que vous l’avez imaginé et conçu ?
Ce n’était pas notre idée initiale, mais j’aime bien cette façon de voir les choses. « Wreckage Vol. 2 » est une compilation de chansons enregistrées en studio et en concert, que nous avons rassemblées pour faire suite à notre précédent album « Wreckage Vol. 1 ». On avait un vrai désir de partager toutes ces morceaux, car ils n’avaient pas encore trouvé leur place sur disque.
– Avant d’entrer dans le détail de l’album, le fil conducteur de « Wreckage Vol.2 » réside aussi dans le fait que tous les morceaux sont enregistrés en prises live ou en concert. Ça aussi, c’était important pour vous ? Restituer et montrer toute la spontanéité et le naturel du groupe ?
L’aspect live, que ce soit en studio ou en concert, est venu au fur et à mesure que les choses ont commencé à se faire et prendre forme et que notre musique a évolué aussi. Et nous avons pensé qu’il fallait garder cette idée sur tout le disque. Ça montre vraiment tous les aspects du groupe !
– D’ailleurs, l’album ouvre avec deux chansons enregistrées en juin dernier en Belgique. Pourquoi ce choix avec des enregistrements si récents ?
Ces deux chansons ont été enregistrées au début de l’année dernière. Et elles sont sorties juste avant notre tournée européenne, et nous avons juste décidé de mettre ces versions-là sur l’album pour rester dans cette thématique live.
– « Wreckage Vol.2 » se compose de plusieurs chapitres avec des enregistrements live en Belgique, puis des sessions au Shuffle Brother Studios, au Sunset Sound et enfin durant les DJE sessions en streaming lors de la pandémie. Le choix s’est-il basé sur ces différents moments de l’histoire du groupe ? Et est-ce que la chronologie a été importante pour l’ordre des morceaux ?
En fait, il n’y avait pas véritablement d’ordre chronologique, ni de plan pour faire vivre et alimenter une histoire de quelque manière que ce soit. Il s’agit simplement de chansons que nous avions enregistrées au cours de ces dernières années, que ce soit en studio ou en concert, et que nous voulions juste sortir sur disque.
– L’album est constitué de morceaux récents et d’autres plus anciens, et pourtant il y a beaucoup d’homogénéité et de complémentarité dans la set-list. On peut sentir l’évolution de vos compositions, malgré ces nouvelles versions et de nouveaux arrangements. Vous avez voulu faire une sorte de ‘lifting’ à vos chansons ?
En ce qui concerne certaines chansons plus anciennes, nous les avons réenregistrées en studio, mais en les jouant comme si nous étions sur scène. Forcément, c’est vrai qu’elles ont un peu bougé. Et nous espérons que ce soit dans le bon sens.
– On découvre aussi « Old Hotel Room » et « Dark Roses » dans des styles d’ailleurs assez différents. C’était important aussi d’inclure deux chansons inédites sur « Wreckage Vol.2 », et pas seulement de nouvelles versions de titres déjà connus ?
Oui, ces deux chansons ont été enregistrées et n’ont pourtant jamais trouvé leur place sur un disque ou un autre support. Je pense que c’était le bon moment de les inclure sur l’album, car je pense vraiment que ce sont de très bons morceaux.
– J’aimerais que vous nous disiez aussi un mot sur la reprise « The Weight » du groupe The Band, dont l’original date de 1968 et que vous livrez à travers un filtre très Southern, qui vous ressemble beaucoup. Pourquoi ce titre ? On aurait pu imaginer la reprise d’un classique de Southern Rock…
Nous l’avons enregistré comme ça, à la volée, de manière instantanée. C’est une vieille chanson qui était un incontournable à l’époque où l’on jouait dans les bars pendant trois heures. Alors, quand nous en avons eu l’occasion, nous avons décidé d’enregistrer notre version de cette chanson très populaire et incontournable pour de nombreux groupes. C’est d’ailleurs l’une des seules reprises que nous n’ayons jamais enregistrées.
– Il y a aussi deux très bonnes versions de « Cannonball » et « Witchcraft » avec des enchaînements de solos incroyables. Inévitablement, on pense au légendaire « Freebird » de Lynyrd Skynyrd. Est-ce qu’on peut dire que l’un ou l’autre représente le ‘morceaux signature’ de ROBERT JON & THE WRECK ?
Merci beaucoup. Ces deux morceaux ne sont jamais joués deux fois de la même manière, donc c’était aussi amusant de les capturer sous une nouvelle forme. Les deux titres sont des morceaux instrumentaux originaux que nous ne jouons plus beaucoup en live, mais que nous espérons très bientôt réintégrer à notre setlist.
– Vous avez passé beaucoup de temps en tournée, est-ce que le moment est venu pour vous de vous atteler à l’écriture de votre prochain album ? Vous avez d’ailleurs peut-être déjà commencé ?
Tu sais, nous écrivons tout le temps et nous avons même fait quelques allers-retours en studio très récemment. Nous avons beaucoup de nouveaux morceaux, oui, et ils vont sortir très bientôt ! Alors, soyez prêts !
– Pour rapidement revenir sur « Wreckage Vol.2 », puisque tout est enregistré en live et sur scène, est-ce qu’il représente, ou pourrait représenter, la setlist d’un de vos concerts ?
Je pense qu’il va falloir attendre encore un peu pour voir. Mais la plupart de ces chansons ont déjà fait leur chemin en concert, et il y a donc de fortes chances qu’elles y soient à nouveau.
– Enfin, ce prochain album sera aussi le premier totalement original pour KTBA Records. Comment se passe son enregistrement et sa production, car on sait que Joe Bonamassa et Josh Smith sont toujours très présents aux côtés des artistes du label ?
Nous sommes vraiment ravis de notre prochain album studio. Tout ce que je peux te dire à ce sujet pour le moment, c’est qu’il sortira l’année prochaine, si tout se passe comme prévu.
L’album de ROBERT JON & THE WRECK, « Wreckage Vol. 2 », sorti chez KTBA Records est disponible sur le site du label :https://shop.ktbarecords.com
Et retrouvez toutes les dates du groupe sur son site :
Menant déjà une remarquable carrière avec son groupe Wet Willie, ainsi qu’en solo depuis 1980, JIMMY HALL vient poser une splendide pierre à son bel édifice. Avec « Ready Now » et une signature récente chez KTBA Records, le chanteur et harmoniciste américain semble presque prendre un nouveau départ, et ça lui va franchement bien.
JIMMY HALL
« Ready Now »
(KTBA Records)
Après un peu plus de deux ans d’existence, le label de Joe Bonamassa est déjà en phase de devenir incontournable dans le monde du Blues. Avec un tel catalogue, KTBA Records fait un démarrage en trombe et l’arrivée du légendaire JIMMY HALL vient conforter les ambitions de l’homme au costume, et surtout la qualité des artistes semble chaque fois élever un peu plus le niveau.
Pour son nouvel album depuis 2007 (« Build Your Own Fire »), le chanteur et harmoniciste du célèbre groupe de Southern Rock d’Alabama Wet Willie s’est entouré d’autres cadors du genre. Reese Wynans (claviers), Michael Rhodes (basse) et Greg Morrow (batterie) forment le noyau dur du groupe autour d’un JIMMY HALL radieux tant vocalement qu’avec son harmonica, dont il reste un joueur hors-norme.
En co-signant cinq titres, Joe Bonamassa s’est mis au service du musicien et livre aussi quelques solos où sa virtuosité sert un feeling intarissable. D’autres grands guitaristes ne sont pas en reste, puisqu’on retrouve Warren Hayes sur « Ready Now » et Jared James Nichols sur le sublime « Without Your Love ». JIMMY HALL est aussi à son aise sur du Blues classique, du Boogie que du Southern. Etincelant !
Sans tirer la couverture à lui, le guitariste Lionel Wernert illumine ce nouvel album de LEE O’NELL BLUES GANG de ses riffs acérés et accrocheurs et de ses solos tout en finesse, avec son toucher délicat sur l’ensemble de « This Is Us ». Toujours à ses côtés, Gipsy Bacuet allie puissance et sensualité sur des textes sensibles qu’elle incarne parfaitement. Et dans une tradition Blues et très Rock aussi, le quintet impose son style entre nostalgie et modernité.
LEE O’NELL BLUES GANG
« This Is Us… »
(Independant)
Quel plaisir de voir la scène Blues et Blues Rock hexagonale se porter aussi bien ! Depuis quelques années maintenant, les artistes français semblent avoir enfin trouvé leur voie et surtout affirment sans retenue leur style en s’affranchissant de l’emprise américaine ou anglaise. Et LEE O’NELL BLUES GANG fait partie de ces groupes qui confirment, avec ce très bon « This Is Us… », cette bonne santé avec une énergie créative, originale et palpable avec un ton très personnel.
Après un premier opus, « Different Shades Of Love » sorti en septembre 2020, et donc bousculé et malmené par la pandémie, la chanteuse Gipsy Bacuet et le guitariste Lionel Wernert se sont aussitôt remis à l’ouvrage et ont composé pas moins de 14 morceaux qui constituent ce très inspiré « This Is Us… ». Rompu à l’expérience, LEE O’NELL BLUES GANG fait preuve d’audace et de feeling dans un registre bien à lui où le Blues et le Rock font cause commune en faisant bien plus que cohabiter.
Très fourni et tout en contraste, ce deuxième album regorge de vibrations positives perceptibles à travers un plaisir partagé. LEE O’NELL BLUES GANG affiche une maturité et une force envoûtante (« As If It Was Enough », « Kiss Me Again »). Au chant, Gipsy accueille même la choriste de Joe Bonamassa, Jade MacRae, sur « Just Need A Prayer », après un duo aux saveurs vintage avec Leadfoot Rivet sur « Let The Good Times Roll » sur lequel Fred Chapellier livre aussi un solo bien senti. Brillant.
Guitariste, chanteuse et compositrice de grand talent, la Britannique JOANNE SHAW TAYLOR mène une carrière bien trop discrète si l’on tient compte de son exceptionnel parcours. Ayant rejoint KTBA Records, le label de Joe Bonamassa, la musicienne se livre sur scène à travers 16 morceaux de Blues et de Blues Rock époustouflants, et avec une présence et un jeu de haut vol.
JOANNE SHAW TAYLOR
« Blues From The Heart Live »
(KTBA Records)
Repérée à l’âge de 16 ans par Dave Stewart de Eurythmics, JOANNE SHAW TAYLOR est sur la route depuis un bon moment maintenant. Rapidement devenue une guitariste incontournable, l’Anglaise a sorti son premier album solo en 2009 (« White Sugar ») et après en avoir parcouru du chemin dans le milieu du Blues Rock, elle présente aujourd’hui un album live éblouissant et une prestation énorme.
Partageant sa vie entre Detroit, Michigan, et Birmingham dans son pays, la musicienne avait rejoint l’écurie de Joe Bonamassa pour son septième album studio sorti l’an dernier (« The Blues Album »). Produit par l’homme au costume et le fidèle Josh Smith à Nashville, puis mixé par le grand Kevin Shirley (Led Zeppelin) en Australie, « Blues From The Heart Live » fait véritablement briller JOANNE SHAW TAYLOR.
Enregistré et filmé au fameux Theatre de Franklin dans la ville du Tennessee et après deux ans de disette scénique, c’est entourée d’un sextet incroyable que la compositrice livre 16 titres Blues et Blues Rock, qui rassemblent plusieurs époques du genre. Et la fête est complète, puisque JOANNE SHAW TAYLOR a invité Kenny Wayne Shepherd, Mike Farris et Joe Bonamassa pour ce show d’anthologie. Essentiel, déjà !