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Hard Rock Heavy metal International

Sweet Savage : legends never die [Interview]

Vif, puissant et mélodique, le power trio de Belfast fait un retour fracassant avec « Bang », son quatrième album depuis… 1979 ! Malgré une histoire compliquée, le groupe a marqué de son empreinte l’Histoire du Heavy Metal et son appartenance à la fameuse et mythique NWOBHM n’a donc rien d’anodin. Avec ce nouvel opus, c’est une formation littéralement revigorée et plus combative que jamais qui vient remettre quelques pendules à l’heure. Dans un style qui n’a pas pris une ride et qui au contraire se tourne vers un avenir qui s’annonce plus que prometteur, SWEET SAVAGE peut toujours compter sur son frontman originel, dont la voix n’a pas bougié d’un iota. Entretien avec Ray Haller, un chanteur et bassiste passionné, qui regarde le passé avec sérénité et le futur avec appétit.

– Sans revenir sur l’histoire très, très mouvementée du groupe à travers 46 ans d’une  carrière hachée, si vous deviez décrire cette sorte de ‘légende’ que représente aujourd’hui SWEET SAVAGE, que retiendriez-vous de ce parcours unique ?

Je pense que SWEET SAVAGE a conservé ce statut au fil des ans pour de nombreuses raisons. La principale est que nous avons persévéré. Même si nous n’avons pas beaucoup joué, nous avons toujours été présents. Je crois que les gens nous connaissent et se souviennent de nous simplement parce que nous n’avons jamais arrêté. Nous avons composé des chansons solides, mais surtout, nous avons accueilli des musiciens incroyables, notamment Vivian Campbell et Simon McBride, qui ont tous deux accompli de grandes choses. Ce dont je me souviens vraiment de toute cette aventure avec SWEET SAVAGE, ce sont les rencontres que j’ai faites : des fans de Heavy Metal du monde entier, dont certains sont devenus de grands amis. J’ai aussi rencontré des musiciens fantastiques, dont certains sont mes idoles musicales.

– Vous faites un retour fracassant avec « Bang » et à tes côtés, Ray, on retrouve le solide Marty McCloskey à la batterie depuis « Regeneration » (2011) et le fougueux guitariste Phil Edgar. Au regard de votre discographie, j’ai le sentiment que SWEET SAVAGE n’a jamais été aussi uni et inspiré. Est-ce qu’une nouvelle ère débute véritablement pour vous ?

L’album « Bang » marque un nouveau départ, c’est vrai. C’est un son frais, génial et moderne. La production est incroyable et je suis convaincu qu’il marque un nouveau chapitre pour le groupe. Il poursuit ce que nous avons commencé avec « Regeneration » dans la bonne direction. C’est fantastique d’avoir Marty à la batterie dans SWEET SAVAGE, cela témoigne vraiment de sa loyauté au sein du groupe. Marty est avec nous depuis l’album « Regeneration ». Phil est également avec nous depuis à peu près la même époque. Nous sommes tous impliqués dans d’autres projets musicaux, mais dès que nous nous appelons, nous répondons présent. C’est formidable d’avoir ce noyau dur. Nous avons deux talents fantastiques au sein du groupe. Au fil des ans, nous avons eu la chance d’avoir Vivian Campbell, l’un des meilleurs guitaristes de Rock au monde, et Simon McBride, qui est sans doute le plus grand guitariste de Rock aujourd’hui. Nous avons toujours eu une chance incroyable de pouvoir compter sur la qualité des musiciens qui ont fait partie de SWEET SAVAGE. « Bang » ouvre clairement la porte à un public bien plus large qu’auparavant. Il y a tellement de morceaux qui plaisent au-delà des seuls fans de Metal. La diversité des chansons est incroyable. C’est un album de Hard Rock traditionnel avec un son très moderne.

– L’une des choses qui ressort de « Bang » est sa très belle production. Elle donne même l’impression qu’un voile a été levé sur la musique du groupe. Dans quelles conditions et avec quel entourage avez-vous enregistré cet album, qui est de loin le plus explosif jusqu’à aujourd’hui ?

Je suis ravi que la production de cet album te plaise, je la trouve incroyable aussi. L’album a été coproduit par Simon McBride et moi-même. Nous avons tout enregistré dans le studio personnel de Simon, ce qui nous a laissé tout le temps nécessaire pour expérimenter. Beaucoup pensent que nous avons utilisé des claviers, mais c’est en fait le travail de guitare de Simon, qui a utilisé une large gamme de pédales d’effets et a poussé la guitare vers de nouveaux sommets. Je pense que tu as raison, un voile a été levé. Nous n’avions aucune contrainte et nous avons décidé de faire l’album que nous voulions et à notre rythme. Nous avons pris les riffs Hard Rock qui sont au cœur de notre son, y avons ajouté des touches nouvelles et modernes et nous avons fini par créer « Bang ». Simon et moi sommes extrêmement fiers de ce que nous avons produit. L’absence d’influence extérieure nous a permis de créer un album qui nous ressemble. « Bang » est un album très explosif, et nous aimons à penser que le titre signifie que SWEET SAVAGE est bel et bien de retour en force.

– Ce qui surprend aussi chez SWEET SAVAGE, c’est que malgré des sorties d’album très espacées, aucune réalisation ne se ressemble et pourtant une forte personnalité s’en dégage. Comment entretient-on une telle identité à travers le temps et si peu de productions finalement ?

C’est une excellente question et je suis ravi que tu la soulèves. C’est formidable que tu l’aies remarqué, vraiment. SWEET SAVAGE a un son unique. Bien que nos albums aient été espacés au fil du temps, nous pensons que cela témoigne d’une progression naturelle et cela souligne aussi la capacité d’évolution du groupe. Nous avons un son fondamental qui reste cohérent. Ma voix n’a jamais changé, elle a toujours conservé ce même style brut et audacieux. Notre conviction est que nous composons toujours des riffs de Hard Rock et de Heavy Metal, et nos chansons sont toujours axées sur la guitare. Nous sommes, au fond, un groupe de guitare. Même si les albums sont étalés sur une longue période, les fondations de SWEET SAVAGE restent les mêmes. Nous sommes toujours le groupe que nous étions il y a 40 ans.

– Sur « Bang », on retrouve donc Simon McBride de Deep Purple et ancien membre du groupe, qui livre plusieurs parties de guitares. A Priori, ses sessions ont été enregistrées avant qui ne se lance en solo. On a presque l’impression que SWEET SAVAGE est une sorte de famille, en tous cas à Belfast. C’est le cas ?

Simon est un membre de longue date du groupe et a participé à chacun de nos albums. Il reste l’un de nos amis les plus proches et il nous aide dès qu’il le peut. Il joue de toutes les guitares sur l’album « Bang ». Tous les solos et les parties de guitare sont de lui. Simon et moi avons écrit toutes les chansons ensemble. Il est impliqué depuis le tout début et il a joué un rôle clef tout au long du processus. Le groupe est comme une grande famille. L’Irlande du Nord est un petit pays et il est difficile de trouver de très bons musiciens de Heavy Metal et de Hard Rock. On se connaît tous ici, avec seulement 1,9 million d’habitants, c’est une scène très soudée. Comme tu peux l’imaginer, trouver les bonnes personnes à proximité a toujours été un défi. Au fil des ans, d’autres membres ont évolué vers d’autres projets, mais pour l’essentiel, nous sommes tous restés amis jusqu’à aujourd’hui. Le projet SWEET SAVAGE a toujours été très familial et c’est en grande partie, parce que l’Irlande du Nord est une petite communauté.

– L’album est toujours très Heavy Metal bien sûr et les textes ne manquent ni de pertinence, ni de verve. Est-ce que, finalement, les thématiques restent les mêmes à travers les époques et aussi lorsqu’on évolue dans un registre comme le vôtre ?

C’est un album très Heavy Metal, comme tu le dis, et nous avons essayé de rendre les paroles aussi convaincantes et entraînantes que possible. Sur les premiers albums, comme beaucoup de nos pairs, nous parlions de démons et de dragons, de châteaux, du feu, etc… Mais aujourd’hui, sur « Bang » et 40 ans plus tard, les thèmes sont beaucoup plus modernes. Nous écrivons sur la vraie vie, le quotidien. L’une des chansons de l’album s’intitule « Bad F Robot ». Elle parle essentiellement de l’IA, et plus précisément de la peur des musiciens, des acteurs, des journalistes et d’autres acteurs des industries créatives de voir l’IA prendre le dessus et rendre ces carrières et ces débouchés créatifs obsolètes. « Bang », le morceau éponyme, est en fait une chanson sur la vie. Elle invite l’auditeur à garder les yeux grands ouverts, à regarder par-dessus son épaule, car on ne sait jamais ce qui nous attend. On ne sait pas si on va perdre son travail, sa maison. L’album parle d’incertitude et de vigilance dans un monde en constante évolution. Les paroles sont bien plus pertinentes aujourd’hui, c’est vrai. Je ne prétends pas être poète, ni être le Bono nord-irlandais, mais je pense que les textes parlent à tout le monde. Si vous les lisez, vous vous reconnaîtrez probablement dans l’histoire, car elle parle de notre quotidien. On se lève le matin, on va au travail, on rentre à la maison, on coupe la pelouse et on va au supermarché : toutes ces choses banales que nous faisons tous. Alors, si vous écoutez bien les paroles, vous pourrez vous imprégner des chansons et donner votre propre sens à chaque morceau, en fonction de son application à votre vie.

– Peut-être malgré vous d’ailleurs, SWEET SAVAGE a toujours eu un côté underground sans doute du à l’instabilité du line-up. Est-ce que c’est tout de même un aspect que vous cultivez de votre approche musicale ?

Oui, nous sommes restés underground, non pas volontairement, mais surtout par manque de financement et, par le passé, par l’absence de soutien d’une grande maison de disques. Nous avons eu du mal à percer hors d’Irlande et du Royaume-Uni, surtout à nos débuts. Nous nous sommes toujours sentis géographiquement désavantagés. Du coup, nous sommes restés quelque peu underground. Je pense que ce statut est dû au fait que ceux qui ont entendu le groupe l’ont trouvé vraiment bon, ont aimé sa musique et ont reconnu son talent. Il suffit de regarder les musiciens qui ont fait leur apparition chez SWEET SAVAGE : Vivian Campbell, qui a ensuite joué avec Dio, Whitesnake et maintenant Def Leppard, et bien sûr, Simon McBride, actuel guitariste de Deep Purple. Cela vous donne une idée du calibre des musiciens de SWEET SAVAGE. Malheureusement, nous avons conservé l’étiquette ‘underground’ simplement parce que nous n’avons jamais eu l’argent, ni le soutien nécessaires pour percer et nous faire connaître auprès d’un public plus large sur une plus grande scène. L’Irlande du Nord est à l’extrême limite de l’Europe. En fait, nous ne faisons même plus partie de l’Union Européenne, ce qui est incroyablement triste, même si c’est un tout autre sujet. Mais cela a clairement rendu plus difficile notre intégration dans le monde du Rock et du Metal grand public. Des fans m’ont déjà posé des questions à ce sujet et la vérité est simple : au début, nous n’avions tout simplement pas les moyens de faire des tournées. Nous ne pouvions pas louer de bus, ni payer les frais de transport pour quitter l’île et jouer devant un public plus large. Nous venions tous de milieux populaires, ce qui représentait des obstacles financiers majeurs pour nous et nos familles au début des années 80. J’aimerais bien que le groupe devienne plus grand public, bien sûr. Mais en même temps, je suis vraiment fier que nous soyons toujours reconnus tout en étant étiquetés comme ‘underground’.

– J’aimerais que tu me dises un mot sur la fameuse NWOBHM à laquelle vous êtes assimilés. Quel regard portais-tu à vos débuts sur ce mouvement, dont vous étiez aussi l’un des pionniers ? Et qu’en reste-il aujourd’hui, selon toi ?

Le mouvement NWOBHM était brillant à l’époque. Il s’inscrivait dans la lignée du mouvement Punk. Le Punk est arrivé et a ébranlé l’establishment. Les grands dieux du Rock de l’époque, des groupes comme Yes, Pink Floyd et d’autres, se sentaient intouchables. Ils donnaient l’impression que faire de la musique était une chose impossible pour les gens ordinaires, surtout issus d’un milieu ouvrier. Puis, le Punk est arrivé. Les punks ont montré au monde que c’était possible. Avec une guitare et le pire ampli possible, il suffisait de connaître trois accords pour monter un groupe et réussir. Pour moi, le NWOBHM était la version Heavy Metal du Punk. Ce n’est que mon avis, mais ce mouvement m’a permis, ainsi qu’à des groupes comme Def Leppard et Iron Maiden, de croire que nous pouvions écrire nos propres morceaux, les jouer et attirer les foules. Avant ça, l’idée semblait ridicule, du genre : « Ne sois pas stupide, tu ne seras jamais assez bon pour écrire une chanson ou enregistrer un album. » Mais la NWOBHM a permis à des jeunes comme moi de croire que nous pouvions y arriver. C’était incroyable à l’époque et c’est toujours formidable d’y être associé. Aujourd’hui, je pense que la NWOBHM est un mouvement musical légendaire. Je sais que beaucoup de jeunes fans de Metal à travers le monde en ont entendu parler. Ils ne comprennent peut-être pas vraiment ce que c’était véritablement, ni ce qu’elle représentait. La publication de ton interview contribuera, je pense, à expliquer aux jeunes lecteurs et aux auditeurs de Heavy Metal ce qu’était vraiment la NWOBHM. Son existence a ouvert la voie à des groupes comme Metallica, Slayer et Pantera. La NWOBHM nous a donné la conviction que nous pouvions faire partie de quelque chose de plus grand. Je serai toujours reconnaissant pour cette période de l’histoire de la musique, et je suis honoré d’être mentionné dans le mouvement que représente la NWOBHM.

– Avec un tel album et le soutien d’un label comme earMUSIC, SWEET SAVAGE est aujourd’hui sur une belle dynamique et possède tous les atouts pour bien défendre « Bang », notamment sur scène. Qu’en est-il de ce côté-là ?

C’est formidable d’avoir un label comme earMUSIC derrière nous. Je suis heureux qu’ils aient accepté de collaborer avec nous et sortir ce disque. Et ils l’adorent sincèrement. Tout le monde dans la maison de disques semble être un véritable mélomane. C’est vraiment un groupe de personnes incroyable, car elles se soucient de la musique elle-même. Max, le directeur du label, nous a confié à quel point il avait personnellement adoré ce disque et qu’il avait formé une équipe formidable autour de nous. Et elle a été géniale : tout le monde travaille dur, nous traite avec beaucoup d’attention et a tout donné pour créer le meilleur package possible. Je trouve que « Bang » est un excellent disque. Tout y est professionnel et cohérent. La production est fantastique, aucun détail n’a été négligé. La pochette est magnifique, les thèmes abordés tout au long des visuels et du packaging sont cohérents et reflètent parfaitement l’image et l’identité du disque, du début à la fin. Je suis vraiment fier de tout ce qui a trait à « Bang ». A chaque fois que je consulte les réseaux sociaux, je suis toujours impressionné par l’harmonie et la perfection de l’ensemble, et tout cela est dû à earMUSIC et à notre management. La prochaine étape est de le jouer en live. Avec sa sortie, nous prévoyons de jouer partout au Royaume-Uni, en Irlande, en Europe et, espérons-le, dans des endroits où nous ne sommes jamais allés auparavant. Ce serait formidable de toucher de nouveaux publics, notamment en Amérique latine, où les fans n’ont jamais eu la chance de nous voir en concert. J’imagine que nous allons d’abord nous produire en concert dans les principaux pays européens, avec l’intention de nous étendre à de nouveaux pays et de nouvelles villes sur le continent. Ce sera formidable de jouer cet album en live ! Les chansons prennent déjà une nouvelle énergie, même en répétition, et je suis impatient de pouvoir les faire découvrir au public.

– Enfin, et parce que la nouvelle génération ne le sait peut-être pas, SWEET SAVAGE a donc été le premier groupe de Vivian Campbell qui a  fait la carrière que l’on sait. Par la suite, Metallica a aussi repris votre morceau « Killing Time » et beaucoup de fans vous ont alors découvert. Quels sont vos liens aujourd’hui avec eux deux ? Et de manière plus anecdotique, ce sont des arguments marketing qui doivent faire pâlir de nombreux groupes actuels… Cela entretient-il aussi une certaine légende également, selon toi ?

Oui, SWEET SAVAGE était le premier groupe de Vivian Campbell. Vivian et moi l’avons formé il y a longtemps. Dès le début, j’ai su que Vivian était spécial. C’était un guitariste incroyable, dans la lignée des grands guitaristes irlandais comme Gary Moore et Rory Gallagher. Et maintenant, Simon McBride fait partie de ce top 4. C’est fou de penser que ces quatre-là, Gary Moore, Rory Gallagher, Vivian Campbell et Simon McBride, sont tous reconnus comme des guitaristes de renommée mondiale. Ils sont irlandais et deux d’entre eux ont joué dans SWEET SAVAGE. Cela en dit long sur le groupe et sur la qualité de la musique que nous avons créée au fil des ans. Puis, lorsque Vivian a rejoint Dio, Metallica a repris « Killing Time ». Honnêtement, il n’y a pas de meilleure reconnaissance que le plus grand groupe de Heavy Metal du monde choisisse de reprendre une de vos chansons. Quand les choses ont commencé à se calmer, quand le Grunge a pris le dessus, la reprise de « Killing Time » par Metallica nous a ramenés à la vie. Je ne les remercierai jamais assez, aujourd’hui encore. Chaque fois qu’ils nous mentionnent, ou nous font une publicité même infime, cela maintient le groupe en vie. Si Metallica parle de vous, vous recevrez l’appel d’un promoteur, ou d’un agent, pour demander si on peut faire un concert. Metallica nous a vraiment aidés à décrocher énormément d’opportunités. Honnêtement, je ne les remercierai jamais assez. Par ailleurs, je parle à Vivian au moins une fois par semaine depuis 40 ans. C’est l’un de mes meilleurs amis et j’ai des liens très étroits avec lui et sa famille. On fait cette interview un samedi, j’ai parlé à Vivian hier et je le vois lundi, car il arrive en avion pour un concert à Londres et il vient ensuite en Irlande. J’ai aussi de temps en temps des conversations avec les gars de Metallica, surtout quand ils jouent dans le coin. Je suis toujours à leur concert et on se retrouve à chaque fois. On boit généralement une bière et on parle de la vie de tous les jours. Je ne leur parle pas régulièrement, mais dès qu’ils sont en ville et si je suis là, on se voit. Et c’est toujours un plaisir. Ce sont des types comme toi et moi et ils jouent dans le plus grand groupe de Heavy Metal du monde. Mais sans leurs instruments, ce sont des types ordinaires, très terre-à-terre. Ils aiment parler de sport, de voitures, de météo, … C’est vraiment génial quand un groupe comme Metallica mentionne votre nom. Sans aucun doute, ça nous aide à rester sur le devant de la scène et à travailler.

Le nouvel album de SWEET SAVAGE, « Bang », est disponible chez earMUSIC.

Photos : Mark Hylands

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Heavy metal Old School

Blitzkrieg : indomptable

44 ans d’existence, cinq reformations et une dizaine de disques, le bilan peut paraître chaotique. Et pourtant, BLITZKRIEG n’a pas rendu les armes, bien au contraire. Souvent dans l’ombre d’une scène anglaise effervescente, le combo de Leicester a régulièrement été précurseur et a même inspiré une grande partie de la mouvance Speed/Thrash/Power, qui a suivi. Avec ce nouvel opus éponyme à la production irréprochable, il revient à l’assaut et il serait vraiment dommage de manquer ce renouveau spectaculaire et tellement actuel.

BLITZKRIEG

« Blitzkrieg »

(Mighty Music)

Certains se souviennent peut-être qu’en 1984, un jeune groupe californien nommé Metallica reprenait sur son single « Creeping Death », puis sur « Garage Inc. », le morceau éponyme de BLITZKRIEG, le faisant ainsi et un peu plus tard entrer définitivement dans la légende. C’est vrai qu’en reprenant un titre de ce groupe anglais pas plus âgé que lui, l’impact des Américains allait le faire entrer dans la légende et surtout le propulser au rang d’influence majeure pour beaucoup d’autres. Par la suite, les deux formations n’ont bien sûr pas connu le même destin… Loin de là !

BLITZKRIEG est donc une espèce de mythe que tout le monde semble connaitre sans s’être vraiment plongé dans sa discographie pour autant. Membre (trop) discret de la fameuse NWOBHM, le combo mené par le frontman Brian Ross, dernier rescapé de l’aventure originelle, a pourtant laissé quelques albums, qui ont posé d’épaisses fondations au style (« Court Of The Act », « A Time Of Changes », « Absolute Power », « Theatre Of The Damned » ou encore « Back From Hell » et « Judge Not »). Une petite dizaine de réalisations, qui a pourtant remué les scènes des plus grands festivals.

Composé aujourd’hui du fils de Brian, Alan Ross, de Nick Jennison avec qui il forme un duo explosif et essentiel à la guitare, de Liam Ferguson (basse) et de Matthew Graham (batterie), BLITZKRIEG ne fait franchement pas son âge. Moderne et solidement ancré dans son époque, le Heavy Metal des Britanniques avance avec force et puissance. C’est simple, pour un peu, on a presque l’impression de découvrir un nouveau groupe. Racé et féroce, l’aspect traditionnel du genre n’a pas disparu, mais a subi un époustouflant lifting. Acéré et mélodique, le quintet frappe fort et on souhaite vraiment que ce ne soit qu’un début.

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Stoner Metal Stoner Punk

Bokassa : une joyeuse apocalypse

Déjà remis de « Molotov Rocktail » (2021), BOKASSA revient à la charge avec son cocktail de Metal HxC, de Stoner et de Punk. Entièrement confectionné par Tue Madsen, dont on connait le travail pour Meshuggah, The Haunted ou Halford, « All Out Of Dreams » dresse avec véhémence et pas mal de légèreté malgré tout, une sorte de possibilité très réelle du paysage sociopolitique actuel. Eprouvante et lourde, mais aussi dynamique et percutante, cette nouvelle réalisation montre un engagement poing levé très déterminé.

BOKASSA

« All Out Of Dreams »

(Indie Recordings)

Quatrième album en huit ans pour le power trio norvégien, qui avait tapé dans l’œil de Metallica il y a quelques années avant les suivre en tournée à l’invitation des Four Horsemen. Nous étions alors en 2019 et BOKASSA en avait bien sûr profité pour accroitre sa notoriété et faire connaître son Heavy Stoner Metal aux multiples facettes au monde entier et avait même signé chez Napalm dans la foulée. 2024 : retour aux fondamentaux et sur un label qui semble mieux respecter la nature et la démarche de nos furieux Scandinaves, difficiles à faire entrer dans le moule d’un système qu’ils ne cautionnent pas forcément.

Car il y a un côté Punk qui prend de la place chez BOKASSA et peut-être même encore un peu plus sur « All Out Of Dreams », qui est assez pessimiste dans le fond, malgré un humour noir constant. S’il se veut dystopique (c’est très en vogue actuellement), ce nouvel opus semble pourtant dépeindre une société dans laquelle nous vivons déjà. Fataliste mais vigoureux et la tête haute, le combo sort la sulfateuse à grand coup de riffs épais, avec un batteur au jeu musclé et un bassiste aux lignes véloces (« The Ending Starts Today », « Everyone Fails in The End », « Let’s Storm The Capitol »).

Jouant sur des ambiances très Metal ou carrément Hard-Core, des passages clairement Stoner et des aspects Punk californien estampillé 90’s, et un brin pénible, au niveau du chant et des chœurs, « All Out Of Dreams » a de quoi perturber par ses grands écarts. Mais peu importe finalement, car BOKASSA est avant tout une débauche d’énergie brute, une sorte de défouloir, mais bien joué ! A noter le chant de Lou Koller des légendaires Sick Of It All sur « Garden Of Heathen » et le soutien d’Aaron Beam de Red Fang sur « Bradford Death Squad ». Un disque qui va en faire transpirer plus d’un(e), à n’en pas douter !

Photo : Troll Toftenes
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Heavy metal Thrash Metal

Metallica : hors-saison

Pourquoi hors-saison ? Parce qu’intemporel, tout simplement ! Mais pas hors-jeu, ni hors-sujet ou hors-concours, non plus. Si en plus de 40 ans de carrière, METALLICA a alterné le bon, le très bon et le carrément mauvais, il faut bien reconnaître qu’avec « 72 Seasons », le quatuor renoue avec une certaine fraîcheur, une envie aussi et, avec un tel acquis, la maîtrise et le savoir-faire font encore une fois la différence. Les Américains ne font pas le grand écart, ne révolutionnent pas grand-chose mais, au fond, est-ce que c’est encore ça qu’on leur demande et qu’on attend d’eux ? Un disque de ce calibre est déjà une très belle chose.

METALLICA

« 72 Seasons »

(Blackened Recordings)

C’est toujours rigolo de s’atteler à la chronique d’un album que tout le monde déteste déjà avant même de l’avoir écouté ! Cela dit, les Californiens sont coutumiers du fait, rompus à l’exercice et surtout archi-blindés… à tous les niveaux ! Pas de quoi perdre le sourire donc pour nos amis de METALLICA. Bien plus qu’Ozzy, Megadeth ou Iron Maiden, James Hetfield et ses camarades sont sûrement les plus attendus au tournant de la scène Metal et même au-delà, si l’on en croit la palette sociale de leur public. Chaque nouvel album est par conséquent un évènement mondial et les attentes sont à la hauteur de cette démesure. 

Ayant déjà lâché quatre singles, « Lux Æterna », « Screaming Suicide », « If Darkness Had A Son » et le morceau-titre, on sait donc à quoi s’attendre de la production signée Greg Fidelman, assisté tout de même de Lars Ulrich et de James Hetfield… On ne sait jamais ! C’est massif, costaud, pas trop resserré et malgré une évidente modernité, le petit côté Old School fait du bien avec sa chaleur toujours très rassurante. METALLICA utilise ses propres recettes et on ne saurait trop lui en vouloir. Alors du haut de ses 77 minutes, de quoi est fait « 72 Seasons » et plus largement qu’est-on en droit d’attendre des Four Horsemen ?

Fidèle à lui-même, le cogneur en chef martèle tant que faire se peut ses fûts avec la métronomie qu’on lui connait. Lars Ulrich n’est sans doute pas le meilleur batteur du monde mais, quoi qu’on en dise, il est l’une des composantes majeures du style de METALLICA par son empreinte inimitable. Et que dire de Robert Trujillo, qui reste impérial de bout en bout ? Moins créatif qu’avec Suicidal Tendencies et Infectious Groove, certes, mais toujours indispensable. Aux guitares, Kirk Hammett et James Hetfield se font plaisir entre échanges bien sentis de riffs carrés et tranchants et  solos assez sobres et acérés.

Je ne vous ferai pas l’offense du ‘track by track’ que beaucoup affectionnent, d’une part parce que le tiers de « 72 Seasons » a déjà beaucoup tourner et d’autre part, car je pense que vous n’avez pas besoin de moi pour vous faire votre opinion. Mais un mot tout de même sur les moments forts, selon moi, de cette onzième réalisation studio. Sur des titres assez longs, donc peu formatés, METALLICA prend le temps de poser les atmosphères, preuve d’une grande liberté. Coup de projecteur donc sur « Sleepwalk My Life Away », « You must burn! », « Chasing Light », « Room Of Mirrors » et le génial « Inamorata ». Great job, dudes !

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Alternative Metal Alternative Rock Metal Fusion

[Going Faster] : Matrass / Corey Taylor

Parce qu’il y a beaucoup, beaucoup de disques qui sortent et qu’il serait dommage de passer à côté de certains d’entre eux : [Going Faster] se propose d’en mettre plusieurs en lumière… d’un seul coup ! C’est bref et rapide, juste le temps qu’il faut pour se pencher sur ces albums, s’en faire une idée, tout en restant toujours curieux. C’est parti !

MATRASS – « Inner Wars » – La Tangente

C’est de manière intelligente et créative que MATRASS se présente avec une deuxième réalisation particulièrement bien produite. Avec « Inner Wars », le quintet bordelais remet habillement la Fusion à l’honneur mélangeant une vision musicale très moderne pourtant héritée de groupes comme RATM, Faith No More et d’un soupçon de Living Coloür. Mariant la puissance du Metal et des ambiances post-Rock où se mêlent growl et chant clair, MATRASS est techniquement imparable et met beaucoup de relief à des compositions, qui prennent aussi le temps de respirer et pour être ensuite très incisives (« The Tide », « Y », « Soldier »). La fougue et la polyvalence de sa chanteuse, Clémentine Browne, apporte une singularité très colorée à ce « Inner Wars », dont les arrangements sont, par ailleurs, très soignés. Une formation à ne surtout pas manquer !

COREY TAYLOR – « CMFB… Sides » – Roadrunner

On a beau être habitué aux grands écarts de COREY TAYLOR, ça ne l’empêche pourtant pas de jouer à nouveau aux montagnes russes avec « CMFB… Sides ». Le chanteur de Slipknot et de Stone Sour navigue ici entre reprises, unplugged et versions live de ses compositions. Côté covers, le frontman s’essaie à Metallica (« Holier Than You ») et à Kiss comme on peut le voir sur la pochette (« Got To Choose »), et c’est franchement réussi.  Avec un respect des institutions et sa touche personnelle, COREY TAYLOR joue l’équilibriste. Pour le reste, on retrouve ses versions de titres de John Cafferty, Eddie Money et des Dead Boys très énergiques, puis beaucoup de délicatesse sur « Kansas » et « Halfway Down ». Eclectique et soigné, « CMFB… Sides » mérite bien plus qu’une simple écoute.

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Alternative Rock

Volbeat : en bon soldat

Ce nouvel album de VOLBEAT est, à en croire la presse spécialisée, très bon et est surtout l’événement de ce mois de décembre et même de cette fin d’année. Très consensuel, « Servant Of The Mind » manque pourtant de ce mordant et de cette énergie qui ont toujours défini et caractérisé le groupe danois. Et si le quatuor rentrait finalement lui-aussi dans le rang ?

VOLBEAT

« Servant Of The Mind »

(Republic Records)

Faute de pouvoir tourner, VOLBEAT enchaine les albums même si le dernier en date était justement un Live. Michael Poulsen, leader, guitariste et chanteur du quatuor s’est occupé de tout et a composé l’ensemble de ce huitième album en trois mois seulement. Sans surprise, les Danois restent dans leur registre en ayant même légèrement arrondi les angles. Une étape supplémentaire vers une accessibilité totale que le groupe semble assumer au fil des disques.

VOLBEAT présente donc 13 nouveaux titres et ça tombe plutôt bien, parce qu’il faut attendre le troisième, « The Sacred Stones », pour entrer franchement dans le vif du sujet, même si le morceau d’ouverture, « Temple Of Ektur », ne manque pas d’intérêt. Les Scandinaves prennent vraiment de l’ampleur sur scène et se sont assurés que « Servant Of The Mind » aurait lui-aussi l’impact habituel (« Shotgun Blues », « The Devil Rages On »).

Sans forcément tomber dans la facilité, VOLBEAT livre de bons morceaux aux riffs acérés et très Metal (« Step Into Light », « Lasse’s Brigitta »). Souvent plus sombres que par le passé, les Danois insistent moins sur l’aspect Pop-Punk et Rockabilly de leurs débuts pour gagner en maturité. La version Deluxe de « Servant Of The Mind » est, pour une fois, très intéressante avec cinq bons morceaux, malgré une version en demi-teinte de « Don’t Treat On Me » de Metallica.