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Alternative Rock post-Rock

[Going Faster] : First Draft / The Harts Industry

Parce qu’il y a beaucoup, beaucoup de disques qui sortent et qu’il serait dommage de passer à côté de certains d’entre eux : [Going Faster] se propose d’en mettre plusieurs en lumière… d’un seul coup ! C’est bref et rapide, juste le temps qu’il faut pour se pencher sur ces albums, s’en faire une idée, tout en restant toujours curieux. C’est parti !

FIRST DRAFT – « Declines Are Long Gone » – Lylo Prod

Incroyablement créatifs, les Tourangeaux refont surface avec ce deuxième EP, « Declines Are Long Gone », et cinq morceaux où se multiplient les émotions à travers des pulsions musicales étonnantes. Fondé en 2016 par Marine Arnoult (batterie, chant) et Clément Douamdonne (basse chimérique), FIRST DRAFT emprunte bien des chemins, afin d’élaborer un style bien à lui. Particulièrement pointu, on peut sentir toute l’exigence technique et mélodique du duo. Pleines de relief, les compositions traversent et s’approprient des nuances à la fois Stoner, Shoegaze et parfois aux frontières de la Pop pour obtenir un post-Rock original. Entre une puissance affichée et une délicatesse toute en harmonie, FIRST DRAFT fait le lien avec un talent qui crève les yeux.

THE HARTS INDUSTRY – « All Covered In Gold » – Independant

Il émane un parfum très 90’s de l’univers musical de THE HARTS INDUSTRY et, personnellement, je ne m’en plaindrai pas. Après « Cherokee Hell », son premier EP en 2017, le quatuor français récidive avec un autre format court où se mêlent des ambiances à la fois intimistes et fougueuses. Avec « All Covered In Gold », le groupe se rappelle au souvenir d’une époque après laquelle il semble courir. De fait, le Soft Rock teinté d’Alternative fait planer une certaine mélancolie, qui a son charme. Les cinq morceaux ne lésinent pas sur les refrains entêtants et quelques riffs bien appuyés, tout en se laissant aller à s’évader dans des passages plus planants et vaporeux. THE HARTS INDUSTRY pose de belles mélodies bien mises en valeur par une production très soignée.  

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Experimental Metal Progressif Post-Metal

Seven Nines And Tens : l’avant-garde d’un Metal expansif

Plus expérimental et avant-gardiste que jamais, le post-Metal de SEVEN NINES AND TENS s’enveloppe de Math Metal et de Rock progressif pour mieux faire jaillir les textes, une première chez les Canadiens. Aguerri et virtuose, le trio livre un troisième album complexe et déconcertant, tout en restant abordable. Un monument de créativité et de technicité.

SEVEN NINES AND TENS

« Over Opiated in a Forest of Whispering Speakers »

(Willowtip Records)

Depuis une dizaine d’années maintenant,  le trio de Vancouver peaufine et affine son style, qui se fait de plus en plus précis et complexe au fil de ses réalisations. Après deux albums, un EP, quelques singles et un split, SEVEN NINES AND TENS se présente avec « Over Opiated in a Forest of Whispering Speakers » et une récente signature sur l’excellent label de Pennsylvanie Willowtip Records.

Ce troisième album des Canadiens rompt également avec un registre jusqu’à présent instrumental. David Cotton (guitare, chant) s’est attelé à la composition de ce nouvel opus et le fondateur de SEVEN NINES AND TENS interprète lui-même ses textes, apportant une dimension supplémentaire à la musique du groupe. Toujours plus progressif, le post-Metal du combo se fait dorénavant très avant-gardiste.

La sauvage et très expérimentée rythmique menée par Maximilian Madrus (basse) et Alexander Glassford (batterie) apporte un relief et une profondeur phénoménale à ce nouvel album (« Throwing Rocks At Mediocrity », « Midnight Marauders », « Edutainment », « Sunshine »). De plus en plus empirique, SEVEN NINES AND TENS se balade entre Shoegaze, Rock Progressif, Classic Rock et Math Metal avec une aisance déconcertante.

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Extrême

Opprobre : une puissance onirique décomplexée

Pour son deuxième album, OPPROBRE vient confirmer les grandes qualités déjà aperçues sur « Le Naufrage ». Avec « Fragments De Destinées », les Français posent avec force un post-Black Metal aux contours post-Rock et Progressif. La puissance du jeu des Montpelliérains n’éclipsent pas pour autant la finesse des morceaux et la grande qualité d’interprétation du combo. Une belle confirmation. 

OPPROBRE

« Fragments De Destinées »

(Klonosphere/Season Of Mist)

Commençons par l’essentiel. Non, OPPROBRE ne va rien vous jeter dessus et non, le groupe n’a pas sombré en 2017 malgré « Le Naufrage » annoncé en titre de son premier album. Voilà, on a fait le tour des vannes pourries, alors entrons dans le vif de « Fragments De Destinées », petit bijou ancré dans un post-Black Metal tirant de belles manière vers des sonorités post-Rock et progressives. 

Très mélodique tout en restant Shoegaze, le quintet offre un digne successeur à son premier opus et il brille d’entrée de jeu par un bon mix et une très belle production signée par le combo lui-même. OPPROBRE sait où il va et cela s’entend dès la première partie de « Vertige », l’intro qui ouvre l’album. Aériens tout en restant massifs, les Montpelliérains jouent surtout sur les atmosphères de morceaux qui s’étirent habillement dans la durée.

Dans une ambiance d’un romantisme mélancolique et agité, le quintet alterne avec la même finesse un chant growl et clair, le tout en français (même si ça ne saute pas de suite aux oreilles). S’inspirant de littérature et de philosophie, l’univers d’OPPROBRE est captivant et l’attention portée aux arrangements notamment le rend vraiment saisissant (« Renouveau », « Absence », « Steppes », « L’Epreuve », « Indifférence »). Costaud et créatif.

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Extrême Metal

Nature Morte : un rituel expressif

Depuis 2015, NATURE MORTE pose avec application chaque pierre de son édifice musical avec force. Après un premier album et un split vinyle, le trio poursuit sa route avec « Messe Basse », un concentré Shoegaze tout en contraste où l’ombre et la lumière se télescopent. Très bien produit et d’une puissance incroyable, ce nouvel opus joue surtout sur les atmosphères et le ressenti.

NATURE MORTE

« Messe Basse »

(Source Atone Records)

Si chez NATURE MORTE, beaucoup de choses se passent après (post-Black, post-Rock), il se pourrait pourtant bien que le trio vienne de livrer un album laissant présager et même envisager de l’avenir d’un registre ici remanié. Le Shoegaze des Parisiens s’étend sur sept titres très aboutis à travers ce « Messe Basse » inspiré, ravageur et musicalement aussi structuré qu’envoûtant.

Chris Richard (basse, chant), Steven Vasiljevic (guitare) et Vincent Berner (batterie) offrent à leur nouveau et flambant neuf label Source Atone Records un deuxième effort qui, souhaitons-le, fasse grandir les deux entités. Avec un titre en contraste parfait avec son contenu, NATURE MORTE lance fermement une invitation à se plonger dans les méandres obscurs et puissants de « Messe Basse ».  

Captivant et immersif, ce nouvel album diffuse des atmosphères aussi étouffantes que libératrices dans un mouvement sonore balayant tout sur son passage (« Only Shallowers » et son clin d’œil à « 1984 » d’Orwell, « Knife », « Beautiful Loss » et le somptueux « Night’s Silence »). Les tessitures épaisses viennent ici renforcer le style affirmé et convaincant de NATURE MORTE. Percutant !

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Extrême International Progressif

Tassi : entre deux mondes [Interview]

Le chanteur et compositeur Dryad, leader du groupe post-Black Metal chinois Bliss-Illusion, revient cette fois en solo dans un univers onirique entre réalité, poésie et divinités à l’œuvre dans un « Northland I & II » saisissant. A travers ce double-album concept, le musicien explore des contrées musicales assez inédites. L’occasion de poser quelques questions au chanteur aussi habité que la trame de l’histoire qu’il nous conte.

– On te connait comme leader du groupe post-Black Metal/Blackgaze Bliss-Illusion avec qui tu as sorti le très bon « Shinrabansho ». Tu sors cet album solo à la faveur d’une pause avec ton groupe, où c’est quelque chose sur laquelle tu travailles depuis longtemps ?

En  fait,  mon album personnel n’était pas planifié de longue date. C’est arrivé soudainement, et je me suis senti à la fois surpris et satisfait.

– J’aimerais tout d’abord qu’on revienne sur ce double-album, « Northland I & II », qui sort actuellement dans une version différente de la première, qui est sorti en deux temps. Quelles sont les principales différences entre les deux éditions ? Et y as-tu effectué des modifications, notamment musicales en ajoutant ou en retirant certains passages ?

C’est vrai que l’album est sorti de deux façons différentes dans sa forme, mais les morceaux et les paroles sont identiques. C’est vrai que la version européenne du design de la pochette est vraiment géniale ! Je tiens d’ailleurs à remercier Alcide, Abel et mon ami William pour tout ce qu’ils ont fait pour mon album.

– Pour sa conception, tu t’es appuyé sur un recueil de nouvelles et de poésie que tu as toi-même écrit. Tu avais déjà en tête le fait de le mettre un jour en musique ?

Je n’avais pas vraiment de plan à ce moment-là, mais j’ai senti que l’année dernière a été vraiment difficile pour tout le monde. Alors j’ai voulu faire quelque chose pour moi, et pas seulement, en cette période spéciale. J’ai donc sorti ces deux albums et j’espère qu’ils pourront apporter joie et paix aux gens.

– « Northland I & II » est aussi un concept-album, avec une trame et une histoire très construites. Peux-tu nous en tracer les grandes lignes et l’histoire qui sert de fil rouge à l’album ?

TASSI, le héro, se situe dans un monde entre l’homme et Dieu. Je crois que c’est aussi l’endroit où je résidais. Car bien sûr, je connais aussi des choses de ma vie antérieure. En fait, le rôle d’Uni (l’amant de Tassi) est devenu une croyance pour Tassi. Elle n’est pas seulement une personne, elle représente son voyage accompagné de nombreuses divinités.

J’étais (Tassi) très fatigué du monde. Plus tard, j’ai rencontré mon amante et ma foi. Puis, j’ai compris ce que je voulais dire dans ce monde. Et je suis très reconnaissant pour tout cela. J’espère que ces gens tristes pourront mener une belle vie, que nos ennuis et nos inquiétudes disparaitront.

– L’album est emprunt de poésie bien sûr, mais aussi d’ésotérisme et même de Bouddhisme, dans une atmosphère très onirique et assez mystique. On y retrouve aussi des sonorités issues de la tradition chinoise et japonaise. Ces différents aspects étaient indissociables dans la conception et pour la cohérence de l’album ? 

Bien que ces deux albums soient des visions du monde bouddhistes, ils ne comportent aucun élément bouddhiste. J’ai voulu me débarrasser du thème musical de Bliss-Illusion C’est un album plein de romance et de divinité. Je dois aussi dire que ces deux albums sont profondément influencés par Sigur Ró s et Dante Alighieri.

– Si « Northland I & II » garde des sonorités Black Metal, l’ensemble est très atmosphérique et progressif avec des passages acoustiques et Folk, ainsi que des bruits de nature. C’est un album très organique et narratif et il est même assez cinématographique dans son ensemble. C’est une touche et une ambiance que tu souhaitais apporter à l’album ?

J’ai utilisé des dialogues de mes films préférés. Mon troisième album est toujours en cours d’enregistrement, et j’ai l’intention d’ajouter des sons ambiants et d’autres éléments musicaux. Je ne suis pas seulement un blackgazer. Je suis très fan de Rock indépendant et de Dream Pop. Je veux essayer de les intégrer dans de futurs albums. Parce que « Caelum Deva » est un monde coloré.

Le chant est lui aussi assez différent d’avec Bliss-Illusion puisque s’il y a toujours du growl, tu chantes beaucoup en clair et les passages parlés sont eux aussi très nombreux. Vocalement, rester dans un registre exclusivement Metal était impossible pour un tel album ?

Les chansons de Bliss-Illusion sont toutes chantées par Dryad, tandis que les chansons de Northland sont chantées par TASSI. Parce que mon signe astral est celui des gémeaux ! (Rires)

– Maintenant que tu as exploré d’autres registres avec TASSI, cela a-t-il donné des envies et des idées pour la suite et mener en parallèle de ton groupe ce projet solo encore un peu plus loin ? Ou au contraire, était-ce un one-shot au concept unique qui n’aura pas de suite ?

Sérieusement, j’y ai réfléchi. Je ne sais pas pour l’avenir, mais je ferai de mon mieux. Je continuerai à faire l’histoire et la musique de « Northland », car c’est l’endroit où ma femme et moi vivions. Ça me manque beaucoup. Bien sûr, nous chérirons chaque jour dans ce monde. Enfin, j’espère que vous pourrez tous être en bonne santé et en sécurité, merci à toi.

« Northland I & II », l’album de TASSI, est disponible chez Anesthetize Productions

https://anesthetize.fr/produit/tassi-northland

Bandcamp : https://tassi.bandcamp.com/music

Retrouvez également la chronique de l’album : https://rocknforce.com/tassi-epopee-orientale/

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Stoner/Desert

Yawning Sons : l’attraction solaire du désert

On y croyait plus et pourtant, malgré les emplois du temps chargés de ses membres (et de ses guests !), YAWNING SONS nous fait la joie et le bonheur d’un retour plus d’une décennie après son premier et unique opus. Avec « Sky Island », la légende du Desert Rock nous prend par la main : direction le désert de Joshua Tree pour un album renversant et radieux.

YAWNING SONS

« Sky Island »

(Ripple Music)

Quand en 2009 sort l’album « Ceremony To The Sunset », les fans de Desert Rock crient à juste titre au génie. Ce premier opus né de la collaboration entre les pionniers américains du genre, Yawning Man, et le combo post-Rock Sons Of Alpha Century devient vite une référence ultime en plus d’un disque culte. 12 ans plus tard, les visages s’illuminent de nouveau pour le retour de YAWNING SONS et son incroyable line-up. Les membres originels sont toujours là et la superbe brochette de guests aussi.

Placés entre les mains du magicien John McBain (Desert Sessions, Monster Magnet), les huit morceaux de « Sky Island » nous propulsent dans la chaleur et sous le soleil radieux du désert de Joshua Tree, où a été enregistrée cette nouvelle production de YAWNING SONS. Immergé dans une réverb qui fait écho à des riffs planants et des atmosphères envoûtantes, ce deuxième album regorge de diamants progressifs où post-Rock, Fuzz et Shoegaze s’entremêlent naturellement (« Adrenaline Rush », « Cigarette Footsteps »).

Submergé par la communion incroyable avec son environnement, la musique de YAWNING SONS éblouie autant par la chaleur qu’elle dégage que par l’éclat des compositions (« Low In The Valley », « Shadows And Echoes »). Bercé par les chants hypnotiques de Mario Lalli (Fatso Jetson), Scott Reeder (Kyuss, The Obsessed), Wendy Rae Fowler (Earthlings?) et Danny Brown (Hermano), « Sky Island » resplendie par son côté apaisant et les vibrations fusionnelles des musiciens (« Passport Beyond The Tides », « Gravity Underwater »). Un must !

Bandcamp : https://yawningsons.bandcamp.com